une comparaison des gestions de la crise par la BCE et de la FED

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Fed - BCE : qui gère le mieux la crise des marchés ?
Evariste Lefeuvre, économiste chez Natixis

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Le crédit agricole dans son dernier numéro dePerspectives (Trimestriel) adopte un discours beaucoup plus critique à l'ncontre de la BCE :

"Les banques centrales vivent-elles dans le même monde ? Alors que la Fed agit énergiquement
pour éviter l’enclenchement d’une spirale baissière de type déflationniste, où chute de prix d’actifs et réduction de l’effet de levier s’entretiennent mutuellement, la BCE nous parle d’inflation et de boucle prix-salaire. Dans un monde globalisé d’interdépendances économique et financière croissantes, il semble difficile de croire que ces deux banques centrales aient raison en même temps. Si la hausse des prix du pétrole ou celle d’autres matières premières mettent régulièrement sur le devant de la scène le thème de l’inflation, le principal risque qui pèse, selon nous, sur le village global vient des effets dépressifs nés du dégonflement d’une bulle de crédit majeure.
C’est en substance le diagnostic fait par B. Bernanke. Il était déjà venu nous parler de déflation à l’automne 2002, au moment où les tensions financières étaient particulièrement fortes suite à la
faillite de Worldcom. A l’époque, le débouclage du triptyque liant dette-hausse du prix des actions et investissement a fait peser une menace de nature déflationniste, sur fond de krach boursier rampant, d’assainissement des bilans privés et d’apurement des surcapacités. La révélation de malversations comptables visant à masquer des situations de surendettement a engendré un climat de suspicion généralisé à l’égard de la sphère corporate, qui n’est pas sans rappeler celui qui frappe aujourd’hui le monde bancaire. A posteriori, la robustesse du système financier et sa capacité à réorienter son activité vers les ménages, lesquels ont pu continuer de consommer et de s’endetter, ont été les principaux remparts contre la matérialisation d’un tel risque d’enchaînements vicieux, quitte à gonfler une nouvelle bulle !
Ce qui nous amène à la purge actuelle. Cette dernière est porteuse d’un risque systémique plus important dans la mesure où les excès commis sur un tandem immobilier-ménages reviennent en boomerang dans les bilans bancaires via la finance titrisée. La crise s’étend au-delà du subprime, contaminant d’autres segments du crédit et fragilisant les leviers d’endettement gagés
sur des actifs dont la valeur aujourd’hui se déprécie.
Face à ces risques, la réponse de la Fed est nécessairement agressive. Il s’agit d’alléger la contrainte de financement des agents endettés en baissant fortement les taux d’intérêt, méthode qui doit prévenir un élargissement des cercles d’insolvabilité.
Il faut aussi huiler les mécanismes de financement de l’économie en assurant, coûte que coûte, la liquidité via des interventions de dernier ressort exceptionnelles par leur volume, leur maturité et la gamme des collatéraux acceptés. Même si on peut souligner une certaine asymétrie dans le comportement de la Fed – laxisme en phase de montée des déséquilibres financiers puis hyper-activisme lors des phases de retournement –, cette gestion combative de la crise est une protection essentielle contre la matérialisation d’un scénario très noir à la 1929."

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