Dissertation terminale : l'ascenseur social est-il en panne ?

Dissertation de ses en quatre heures

Thème : la mobilité sociale

SUJET : L’ascenseur social est il en panne ?

Dossier documentaire :

Document 1 : cf livre

Table de mobilité sociale : destinée des enfants de la génération nées entre 1920 et 1925 ayant de 45 à 49 ans au moment de l’enquête (en 1970) et de la génération née entre 1950 et 1955 ayant entre 45 et 49 ans au moment de l’enquête (en 2000)


Document 2 :
Louis-André Vallet : On détecte dans la société française sur la seconde moitié du XXe siècle une érosion régulière de l'inégalité des chances. La société s'est un peu assouplie. [...1 En 1977 la chance d'être cadre plutôt qu'ouvrier était 100 fois plus élevée pour les fils de cadres que pour les fils d'ouvriers ; en 1985, 70 fois et en1993, 40 fois. C'est encore une inégalité très forte, mais les jeux sont un peu moins faits d'avance. On pourrait comparer cela aux différences qu'il y avait entre la société française des années 40 ou 50 et la France de Zola : les individus sont moins prisonniers du milieu où ils ont grandi. Mais le changement est bien sûr modeste, puisque aujourd'hui 4 % seulement des individus occupent une position différente de celle qu'ils auraient eue si l'inégalité des chances ne s'était pas réduite. [...]
Louis Chauvel : Au cours de la période de très forte croissance économique des Trente glorieuses, il s'est produit une véritable révolution de la structure sociale. [...] D'où un appel d'air extraordinaire pour les enfants nés dans les années 40. Ils ont bénéficié à leur entrée dans le monde du travail de la très forte ouverture des emplois de cadres ou de professions intermédiaires, dans un contexte de plein emploi. Par rapport aux générations antérieures ils ont pu accéder à des situations sociales valorisées, très supérieures en tout cas à celles qu'occupaient leurs parents. Les enfants des catégories moyennes ont accédé le plus souvent aux emplois de cadres, les enfants d'employés à ceux de « professions intermédiaires », les enfants d'ouvriers non qualifiés ont pu devenir contremaitres instituteurs ou travailleurs sociaux. Et le destin des enfants de ca dres était tout tracé : ils ne risquaient guère de descendre. Pour ces générations, l'escalator social a connu une prodigieuse accélération. Mais pour les suivantes, il s'est arrêté, voire inversé. C'est cette « panne » qu'ont connue, dans les années 80 les jeunes nés entre 1955 et 1965.
Source : L.A. Vallet et L Chauvel, le monde des débats, 2000

Document 3:
Le développement de l'emploi féminin est un des faits de structure qui peuvent jouer sur les formes de la mobilité sociale des hommes. En effet, « si » seuls les hommes étaient actifs. avec une distribution des emplois correspondant à celle des deux sexes réunis, leur mobilité sociale serait moins ascendante (puisqu'il y aurait,notamment, beaucoup moins de positions de cadres qui leur seraient ouvertes). On peut donc considérer qu'en venant occuper massivement les professions d'employés, comme les enfants de paysans et les immigrés les emplois d'ouvriers, les femmes ont contribué à permettre à leurs « frères » (et maris) d'occuper plus souvent une position sociale plus élevée que celle de leurs pères. [...] [On peut donc penser]qu'une plus grande égalité professionnelle des femmes et des hommes pèserait dans le sens d'une moindre mobilité sociale masculine.
Source : Dominique Merllié et Jean Prévot, la mobilité sociale. La Découverte.


Document 4:
L'inégalité dans les destins sociaux peut se mesurer en comparant le rapport entre les chances d'accès à une catégorie plutôt qu'à une autre des enfants de deux catégories différentes. Par exemple, en 1953, ce sont 43 % des fils de « cadre supérieur » qui accèdent à cette même catégorie, pour 1% qui deviennent «ouvriers». Ils sont donc 43 fois plus souvent cadres supérieurs qu'ouvriers. Chez les fils d'ouvriers, ces proportions sont 2 % et 62 .% Ils sont donc 31 fois moins souvent cadres supérieurs qu'ouvriers. Les « chances relatives » de devenir cadre supérieur plutôt qu'ouvrier sont ainsi dans un rapport de 43 à 1/31, soit 43 x 31 = 1 333 fois plus grandes chez les fils de cadre supérieur que chez les fils d'ouvrier. Quarante ans plus tard, les fils de cadre supérieur ont vu augmenter leur probabilité de devenir ouvriers et les fils d'ouvrier celle de devenir cadres supérieurs. Le même calcul opéré sur les proportions constatées (avec des catégories définies de manière aussi proche que possible) dans l'enquête de 1993 donne alors les fils de cadre supérieur 4,5 fois plus souvent cadres supérieurs qu'ouvriers et les fils d'ouvrier 4,6 fois plus souvent ouvriers que cadres supérieurs. Les « chances relatives » de devenir cadre supérieur plutôt qu'ouvrier sont alors de 4,5 à 1/4,6, soit 4,5 x 4,6 = 20,7 fois plus grandes chez les fils de cadre que chez les fils d'ouvrier. L'inégalité des destins sociaux mesurée par cet indicateur reste importante mais fait apparaître une diminution marquée.
Source : D. Merllié, Cahiers français, n° 291

Document 5 :
Le diplôme joue donc un triple rôle : diminution du risque de chômage, facilite d'accès aux emplois les plus qualifiés et les mieux payés. Il paraît logique que ces rôles soient particulièrement décisifs en début de carrière. En effet, le diplôme constitue alors, pour l'essentiel, le seul signal pour les entreprises du potentiel des individus. Par la suite, au fil de leur parcours professionnel, les individus peuvent valoriser en plus leurs expériences professionnelles, leurs formations complémentaires et leurs promotions éventuelles. Chaque année, cependant, la proportion de diplômés au sein des jeunes actifs a eu tendance à s'élever, exacerbant la concurrence pour les emplois qualifiés. Ainsi, parmi les actifs ayant achevé leurs études depuis moins de cinq ans, le pourcentaqe de ceux qui ont au moins le baccalauréat s'est élevé de 44 % en 1990 à 67 en 2001. De même, la part de ceux qui détiennent un diplôme d'études supérieures est passée de 28 % en 1990 à 45 % en 2001. Dans ces conditions, les jeunes travailleurs ont-ils réellement les moyens de valoriser leur formation initiale ou doivent-ils ajuster leurs prétenlions en fonction du risque de chômage.
[ ] La concurrence pour l'emploi implique au niveau macroéconomique l'existence d'une file d'attente en tête de laquelle se trouvent les individus les plus diplômés relativement à l'ensemble des demandeurs d'emploi.
[ ] Au niveau macroéconomique, le déclassement apparaît, parallèlement au chômage, comme une forme de sous-emploi liée à une pénurie d'emplois qualifiés. L'origine d'une telle pénurie peut être conjoncturelle (insuffisance globale de la demande de travail) ou structurelle (insuffisance relative de la demande de travail qualifié au regard de l offre de main-d'œuvre diplômée). Ainsi, selon Chauvel, « la dévalorisation [des diplômes] n'est pas le résultat de la seule diffusion des diplômes, mais le fait d un décalage entre le rythme de progression des diplômes et celui de la croissance des postes qualifiés ». Dans un contexte de chômage élevé, l'acceptation de situations de déclassement peut par ailleurs révéler une préférence croissante pour la stabilité de l’emploi, au détriment de sa qualité ou de sa rémunération.
La multiplication du nombre des diplômes scolaires distribués a accru l'emprise de la qualification scolaire sur la qualification sociale au moment de l'entrée dans l'emploi. Toute une série d'activités auxquelles on pouvait accéder sans qualification sont aujourd'hui fermées aux jeunes sans diplômes. Par contrecoup, l'absence de qualification scolaire équivaut à une déqualification sociale et, en période de chômage, à une quasi-exclusion sociale. La multiplication des diplômes a aussi entraîné un phénomène d'inflation relative par lequel il importe d'obtenir de plus en plus de qualifications scolaires pour accéder à des positions équivalentes. Ainsi, au moment où l'école se massifie et intègre tous les enfants dans des enseignements relativement longs, elle n'est plus seulement une institution de reproduction et de mobilité ascendante ; elle peut aussi provoquer une chute ou une exclusion sociale pour les élèves qui n'y réussissent pas de manière convenable. Les enjeux sociaux des études sont donc devenus beaucoup plus lourds, plus instrumentaux et, du point de vue des élèves, souvent plus dramatiques.
Source : Emmanuelle Nauze-Fichet, Magda Tomasini, « Diplôme et insertion sur le marché du travail : approches socioprofessionnelle et salariale du déclassement », Économie et statistique n 354.

Document 6 :

Source : P Frémaux, faut-il brûler les 80 % ?, in alternatives économiquesn°208, nov 2002.

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