L’ANALYSE DES CLASSES SOCIALES CHEZ MARX
SECTION I - L’INTERET DE L’ANALYSE DE MARX
I - QU’EST-CE QU’UNE CLASSE SOCIALE ?
A - LES PAYSANS FRANCAIS EN 1850 FORMAIENT-ILS UNE CLASSE SOCIALE ?
DOCUMENT 1 :
Les Bourbons avaient été la dynastie de la grande propriété foncière, les d'Orléans la dynastie de l'argent ; les Bonapartes sont la dynastie des paysans. c'esl-à-dira de la masse de la nation française. L'élu des paysans. ce n'est pas le Bonaparte qui sa soumettait au Parlement, c'est celui qui a dissous et chassé le Parlement bourgeois. Trois années durant, les villes avaient réussi à fausser le sens de l'élection du 10 décembre et à frustrer les paysans du rétablissement de l'Empire. L'élection du 10 décembre 1848 n'a eu son plein effet que par le coup d'État du 2 décembre 1851.
Les paysans parcellaires forment une masse énorme, dont tous les membres vivent dans la même situation. mais sans être liés par de nombreux rapports. Leur mode de production les isole les uns des autres, au lieu d'établir entre eux un commerçe réciproque. Cet isolement est encore augmenté par le mauvais état des moyens de communication et la pauvreté des paysans. Leur champ de production, la parcelle, ne permet dans sa culture; aucune division du travail, aucune application de la science, donc pas de diversité de développement. pas de variété dans les talents, pas de richesse dans la situation sociale. Chaque famille de paysans se suffit à peu près à elle seule, produit directement la plus grande partie de sa consommation st gagne ainsi ses moyens d'existence par un échange avec la nature plutôt que par un commerce avec la société. La parcelle, le paysan et sa famille : à côté, une autre parcelle, un autre paysan et une autre famille. Une certaine quantité de familles constituent un village, et une certaine quantité de villages forment un département. La grande masse de la nation française est ainsi constituée par uns simple addition de grandeurs de même nom. à peu près comme un sac de pommes de terre est formé de pommes de terre. Par la fait de vivre dans des conditions économiques d'existence qui distinguent leur mode d'existence, leur intérêt et leur culture de ceux des autres classes et tes posent réciproquement en ennemies, des millions de familles constituent une classe ; et par le fait de n'être unis que par un lien purement local, par le fait que l'identité de leurs intérêts ne créa pas de communauté. ni d'union nationale, ni d'organisation politique, les paysans parcellaires ne constituent pas de classe. Ils sont par suite incapables de se faire prévaloir en leur propre nom, soit par un parlement, soit par une Conventbn. Ils ne peuvent se représenter eux-mémes ; il leur faut des représentants hors de leur milieu.
SOURCE : K Marx, le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte, 1852.
QUESTIONS :
- Pour quelles raisons peut-on a priori considérer que les paysans français constituaient une classe ?
- Quelles sont les raisons que Marx avance pour infirmer l’existence d’une classe paysanne
- Quelles conséquences cela a t’il sur la capacité des paysans à faire entendre leur voix ?
B - L’ORIGINE ECONOMIQUE DES CLASSES.
DOCUMENT 2 :
Ceux qui ne possèdent que leur force de travail, ceux qui possèdent le capital et ceux qui possèdent la terre - leurs sources de revenu étant respectivement le salaire, le profit et la rente foncière — en d'autres termes, les travailleurs salariés, les capitalistes et les propriétaires fonciers, constituent les trois grandes classes de la société moderne fondée sur le mode de production capitaliste. C'est assurément en Angleterre que la société moderne a connu, quant à sa structure économique, le développement le plus riche, le plus classique. Pourtant, même là, cette structure de classes ne se présente pas dans toute sa pureté. Là aussi des couches moyennes et intermédiaires estompent partout les lignes de démarcation (quoique incomparablement moins à la campagne que dans les villes). Toutefois, pour notre analyse, ce fait est secondaire. Nous avons vu que la tendance permanente et la loi du développement du mode de production capitaliste sont de séparer de plus en plus les moyens de production et le travail et de concentrer de plus en plus massivement les moyens de production dispersés, donc de transformer le travail en travail salarié et les moyens de production en capital. Parallèlement à cette tendance se poursuit la séparation de la propriété foncière d'avec le capital et le travail, autrement dit le passage de toute la propriété terrienne à une forme adéquate au mode de production capitaliste. Il nous faut d'abord répondre à la question suivante : qu'est-ce qui constitue une classe ? En fait, cette réponse résulte automatiquement de la réponse à cette autre question : comment les travailleurs salariés, les capitalistes et les propriétaires fonciers en viennent-ils à constituer les trois grandes classes de la société société anglaise comme référence ? A première vue, c'est à cause de l'identité de leurs revenus et des sources de leurs revenus : voici trois grands groupes sociaux dont les membres individuels vivent respectivement du salaire, du profit et de la rente, c'est-à-dire de la mise en valeur de leur force de travail, de leur capital, de leur terre. Toutefois, de ce point de vue, les médecins et les fonctionnaires, par exemple, constitueraient également deux classes, car ils appartiennent à deux groupes sociaux distincts, dont les membres tirent leurs revenus de la même source. Le même raisonnement s'appliquerait à l'infini émiettement des intérêts et des positions que la division du travail social suscite parmi les travailleurs tout comme parmi les capitalistes et les propriétaires fonciers (ceux-ci, par exemple, se divisent en viticulteurs, propriétaires de fermes, de forêts, de mines , de pêcheries).
SOURCE : Marx , Le Capital
QUESTIONS :
- Pourquoi Marx prend-il la société anglaise comme référence ?
- Combien de classes distingue t’il ?
C - LES CONDITIONS DE LA CONSCIENCE DE CLASSE.
DOCUMENT 3 :
Pour qu'il y ait classe sociale, [selon Marx] il ne faut pas seulement qu'un grand nombre d'hommes vivent de manière approximativement semblable, exercent un travail comparable, il faut encore qu'ils soient en relations permanentes les uns avec les autres, constituent une unité en découvrant tout à la fois leur communauté et leur opposition à d'autres groupes. Il y a classe non pas simplement lorsqu'il y a des traits communs à des millions d'individus, mais quand tous ces êtres individuels prennent conscience de leur unité en s'opposant à d'autres millions d'individus, eux aussi groupés. Dans la ligne de cette analyse, les ouvriers d'industrie, s'ils ne prennent pas conscience de leur unité et de leur opposition à d'autres groupes, seront en concurrence les uns avec les autres. Effectivement, parmi eux, des sous-groupes sont en concurrence pour la répartition du revenu national, dès qu'ils n'ont pas ensemble conscience de leur unité et de leur antagonisme à l'égard d'autres groupes. Dans ce cas, la classe sociale n'exigerait pas seulement la communauté de fait dans les façons de vivre, elle exigerait des relations quasi permanentes des individus les uns avec les autres, elle exigerait d'eux surtout une prise de conscience de leur communauté, qui n'est pas concevable sans conscience d'un antagonisme. D'où résulte un point essentiel de la théorie de Marx : la classe sociale n'existerait réellement que dans la mesure où elle aurait conscience d'elle-même, mais il ne peut pas y avoir conscience de classe sans reconnaissance de la lutte de classes. Une classe n'a conscience d'elle-même que si elle découvre qu'elle a une lutte à mener contre d'autres classes.
SOURCE : R Aron, La lutte des classes, Gallimard, 1972.
QUESTIONS :
- Quelles sont d’après Aron les conditions qui doivent être réunies pour que les ouvriers puissent former une classe
- Ces conditions étaient-elles réunies pour la paysannerie française au 19 ème ?
II- LA LUTTE DES CLASSES.
A - HISTOIRE ET LUTTE DES CLASSES.
DOCUMENT 4 : 7 p 473
QUESTIONS :
- Quelle conception de l’histoire a Marx ?
- L’avènement de la société bourgeoise a t’il fait disparaître les antagonismes de classe , quelles conceptions critique Marx ?
- Quelle est la spécificité de la société décrite par Marx par rapport aux sociétés antérieures ?
B - LE ROLE REVOLUTIONNAIRE DE LA BOURGEOISIE.
DOCUMENT 5 :
La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle essentiellement révolutionnaire. Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodaLes, patriarcales et idylliques. Tous les liens multicolores qui unissaient l'homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, que le dur argent comptant. Elle a noyé l'extase religieuse, l'enthousiasme chevaleresque, la sentimentalité du Eetit-bourgeois dans les eaux glacées du calcul égoïste. EIle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange ; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation, voilée par des illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, directe, brutale, éhontée.
La bourgeoisie n'existe qu'à la condition de révolutionner constamment les instruments de travail, ce qui veut dire le mode de production, ce qui veut dire tous les rapports sociaux. La conservation de l'ancien mode de production était, au contraire, la première condition d'existence de toutes les classes industrielles antérieures. Ce bouleversement continuel des modes de production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de croyances et d'idées admises et vénérées se dissolvent ; celles qui les remplacent deviennent surannées avant de se cristalliser. Tout ce qui était solide et stable est ébranlé, tout ce qui était sacré est profané ; et les hommes sont forcés, enfin, d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux dégrisés. Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut pénétrer partout, s'établir partout, créer partout des moyens de communication.
SOURCE : K Marx et F Engels, op cité.
QUESTIONS :
- Expliquez la première phrase du texte , ne vous semble t’elle pas surprenante sous la plume de Marx ?
- Qu’est ce qui oppose le mode de production capitaliste aux modes de production antérieurs ?
C - LA CONTRADICTION DES RAPPORTS DE PRODUCTION ET DES FORCES PRODUCTIVES .
DOCUMENT 6 :
Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent dans des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté. Ces rapports de production correspondent à un stade déterminé du développement de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base réelle, sur quoi s'élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne la vie sociale, politique et intellectuelle en général. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais, au contraire, c'est leur existence sociale qui détermine leur conscience. Ayant atteint un certain niveau de développement, les forces productives de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n'en est que l'expression juridique, avec le régime de la propriété au sein duquel elles ont évolué jusqu'alors. De facteurs de développement des forces productives, ces rapports deviennent des entraves de ces forces. Alors s'ouvre une ère de révolution sociale. [...] Dans leurs grandes lignes, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être désignés comme autant d'époques progressives de l'évolution économique de la société. Le système de production bourgeois est la dernière forme antagonique du procès de production social, non point dans le sens d'un antagonisme individuel, mais d'un antagonisme qui naît des conditions d'existence sociales des individus. Les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions matérielles pour résoudre cet antagonisme. Avec ce type de société s'achève donc la préhistoire de la société humaine.
SOURCE : K Marx , critique de l’économie politique, 1859.
QUESTIONS :
- Explicitez les termes soulignés.
- Construisez un schéma reliant ces 5 termes, montrant que les contradictions débouchent obligatoirement sur une révolution sociale.;
DOCUMENT 7 : 6 p 90
QUESTIONS :
- Pourquoi selon Marx la classe ouvrière est la seule à être véritablement révolutionnaire ?
- Indiquez pour quelles raisons l’ouvrier moderne , contrairement au serf, ne peut que se révolter contre la bourgeoisie.
- Pourquoi la bourgeoisie est-elle obligée d’agir ainsi alors que cela conduira inéluctablement à sa propre disparition ?
D - LA PRISE DE CONSCIENCE DANS LA LUTTE DES CLASSES.
DOCUMENT 8 : 5 p 472
QUESTIONS :
- Rappelez quels sont selon Marx les 3 temps de la prise de conscience .
- Quelles sont selon Marx les conditions requises pour que la lasse ouvrière prenne conscience d’elle même ?
- La prise de conscience de la part des ouvriers est-elle de nature subjective et ou objective , montrez les contradictions de Marx sur ce point .
E - LA DISPARITION DU CONFLIT DE CLASSES AVEC L’AVENEMENT DE LA NOUVELLE SOCIETE ISSUE DE LA REVOLUTION SOCIALE.
DOCUMENT 10 :
A :
Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu la subordination asservissante des individus à
la division du travail et, par là, l'opposition entre le travail intellectuel et le travailmanuel; quand le travail sera devenu, non seulement un moyen de vivre, mais encore sera devenu lui-même le premier besoin de la vie ; quand, avec le développement diversifié des individus, leurs forces productives auront augmenté elles aussi, et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec force - alors seulement l'horizon étroit du droit bourgeois pourra être totalement dépassé, et la société pourra écrire sur son drapeau: De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins !
SOURCE : Karl MARX, Critique du programme de Gotha,Le Livre de Poche, 1973 (1875).
B :
Maintenant, en ce qui me concerne, ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert l'existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu'elles s'y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l'évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l'anatomie économique. Ce que j'ai apporté de nouveau, c'est:
1) de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases historiques déterminées du développement de la production ;
2) que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ;
3) que cette dictature elle-même ne représente qu'une transition vers l'abolition de toutes les classes et vers une société sans classes.
SOURCE : Karl MARX « Lettre à I. Weydemeyer » Lettres sur le Capital, Éditions sociales, 1852.
QUESTIONS :
- Quelle est l’ apport de Marx ?
SECTION I - L’INTERET DE L’ANALYSE DE MARX
I - QU’EST-CE QU’UNE CLASSE SOCIALE ?
A - LES PAYSANS FRANCAIS EN 1850 FORMAIENT-ILS UNE CLASSE SOCIALE ?
DOCUMENT 1 :
Les Bourbons avaient été la dynastie de la grande propriété foncière, les d'Orléans la dynastie de l'argent ; les Bonapartes sont la dynastie des paysans. c'esl-à-dira de la masse de la nation française. L'élu des paysans. ce n'est pas le Bonaparte qui sa soumettait au Parlement, c'est celui qui a dissous et chassé le Parlement bourgeois. Trois années durant, les villes avaient réussi à fausser le sens de l'élection du 10 décembre et à frustrer les paysans du rétablissement de l'Empire. L'élection du 10 décembre 1848 n'a eu son plein effet que par le coup d'État du 2 décembre 1851.
Les paysans parcellaires forment une masse énorme, dont tous les membres vivent dans la même situation. mais sans être liés par de nombreux rapports. Leur mode de production les isole les uns des autres, au lieu d'établir entre eux un commerçe réciproque. Cet isolement est encore augmenté par le mauvais état des moyens de communication et la pauvreté des paysans. Leur champ de production, la parcelle, ne permet dans sa culture; aucune division du travail, aucune application de la science, donc pas de diversité de développement. pas de variété dans les talents, pas de richesse dans la situation sociale. Chaque famille de paysans se suffit à peu près à elle seule, produit directement la plus grande partie de sa consommation st gagne ainsi ses moyens d'existence par un échange avec la nature plutôt que par un commerce avec la société. La parcelle, le paysan et sa famille : à côté, une autre parcelle, un autre paysan et une autre famille. Une certaine quantité de familles constituent un village, et une certaine quantité de villages forment un département. La grande masse de la nation française est ainsi constituée par uns simple addition de grandeurs de même nom. à peu près comme un sac de pommes de terre est formé de pommes de terre. Par la fait de vivre dans des conditions économiques d'existence qui distinguent leur mode d'existence, leur intérêt et leur culture de ceux des autres classes et tes posent réciproquement en ennemies, des millions de familles constituent une classe ; et par le fait de n'être unis que par un lien purement local, par le fait que l'identité de leurs intérêts ne créa pas de communauté. ni d'union nationale, ni d'organisation politique, les paysans parcellaires ne constituent pas de classe. Ils sont par suite incapables de se faire prévaloir en leur propre nom, soit par un parlement, soit par une Conventbn. Ils ne peuvent se représenter eux-mémes ; il leur faut des représentants hors de leur milieu.
SOURCE : K Marx, le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte, 1852.
QUESTIONS :
- Pour quelles raisons peut-on a priori considérer que les paysans français constituaient une classe ?
- Quelles sont les raisons que Marx avance pour infirmer l’existence d’une classe paysanne
- Quelles conséquences cela a t’il sur la capacité des paysans à faire entendre leur voix ?
B - L’ORIGINE ECONOMIQUE DES CLASSES.
DOCUMENT 2 :
Ceux qui ne possèdent que leur force de travail, ceux qui possèdent le capital et ceux qui possèdent la terre - leurs sources de revenu étant respectivement le salaire, le profit et la rente foncière — en d'autres termes, les travailleurs salariés, les capitalistes et les propriétaires fonciers, constituent les trois grandes classes de la société moderne fondée sur le mode de production capitaliste. C'est assurément en Angleterre que la société moderne a connu, quant à sa structure économique, le développement le plus riche, le plus classique. Pourtant, même là, cette structure de classes ne se présente pas dans toute sa pureté. Là aussi des couches moyennes et intermédiaires estompent partout les lignes de démarcation (quoique incomparablement moins à la campagne que dans les villes). Toutefois, pour notre analyse, ce fait est secondaire. Nous avons vu que la tendance permanente et la loi du développement du mode de production capitaliste sont de séparer de plus en plus les moyens de production et le travail et de concentrer de plus en plus massivement les moyens de production dispersés, donc de transformer le travail en travail salarié et les moyens de production en capital. Parallèlement à cette tendance se poursuit la séparation de la propriété foncière d'avec le capital et le travail, autrement dit le passage de toute la propriété terrienne à une forme adéquate au mode de production capitaliste. Il nous faut d'abord répondre à la question suivante : qu'est-ce qui constitue une classe ? En fait, cette réponse résulte automatiquement de la réponse à cette autre question : comment les travailleurs salariés, les capitalistes et les propriétaires fonciers en viennent-ils à constituer les trois grandes classes de la société société anglaise comme référence ? A première vue, c'est à cause de l'identité de leurs revenus et des sources de leurs revenus : voici trois grands groupes sociaux dont les membres individuels vivent respectivement du salaire, du profit et de la rente, c'est-à-dire de la mise en valeur de leur force de travail, de leur capital, de leur terre. Toutefois, de ce point de vue, les médecins et les fonctionnaires, par exemple, constitueraient également deux classes, car ils appartiennent à deux groupes sociaux distincts, dont les membres tirent leurs revenus de la même source. Le même raisonnement s'appliquerait à l'infini émiettement des intérêts et des positions que la division du travail social suscite parmi les travailleurs tout comme parmi les capitalistes et les propriétaires fonciers (ceux-ci, par exemple, se divisent en viticulteurs, propriétaires de fermes, de forêts, de mines , de pêcheries).
SOURCE : Marx , Le Capital
QUESTIONS :
- Pourquoi Marx prend-il la société anglaise comme référence ?
- Combien de classes distingue t’il ?
C - LES CONDITIONS DE LA CONSCIENCE DE CLASSE.
DOCUMENT 3 :
Pour qu'il y ait classe sociale, [selon Marx] il ne faut pas seulement qu'un grand nombre d'hommes vivent de manière approximativement semblable, exercent un travail comparable, il faut encore qu'ils soient en relations permanentes les uns avec les autres, constituent une unité en découvrant tout à la fois leur communauté et leur opposition à d'autres groupes. Il y a classe non pas simplement lorsqu'il y a des traits communs à des millions d'individus, mais quand tous ces êtres individuels prennent conscience de leur unité en s'opposant à d'autres millions d'individus, eux aussi groupés. Dans la ligne de cette analyse, les ouvriers d'industrie, s'ils ne prennent pas conscience de leur unité et de leur opposition à d'autres groupes, seront en concurrence les uns avec les autres. Effectivement, parmi eux, des sous-groupes sont en concurrence pour la répartition du revenu national, dès qu'ils n'ont pas ensemble conscience de leur unité et de leur antagonisme à l'égard d'autres groupes. Dans ce cas, la classe sociale n'exigerait pas seulement la communauté de fait dans les façons de vivre, elle exigerait des relations quasi permanentes des individus les uns avec les autres, elle exigerait d'eux surtout une prise de conscience de leur communauté, qui n'est pas concevable sans conscience d'un antagonisme. D'où résulte un point essentiel de la théorie de Marx : la classe sociale n'existerait réellement que dans la mesure où elle aurait conscience d'elle-même, mais il ne peut pas y avoir conscience de classe sans reconnaissance de la lutte de classes. Une classe n'a conscience d'elle-même que si elle découvre qu'elle a une lutte à mener contre d'autres classes.
SOURCE : R Aron, La lutte des classes, Gallimard, 1972.
QUESTIONS :
- Quelles sont d’après Aron les conditions qui doivent être réunies pour que les ouvriers puissent former une classe
- Ces conditions étaient-elles réunies pour la paysannerie française au 19 ème ?
II- LA LUTTE DES CLASSES.
A - HISTOIRE ET LUTTE DES CLASSES.
DOCUMENT 4 : 7 p 473
QUESTIONS :
- Quelle conception de l’histoire a Marx ?
- L’avènement de la société bourgeoise a t’il fait disparaître les antagonismes de classe , quelles conceptions critique Marx ?
- Quelle est la spécificité de la société décrite par Marx par rapport aux sociétés antérieures ?
B - LE ROLE REVOLUTIONNAIRE DE LA BOURGEOISIE.
DOCUMENT 5 :
La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle essentiellement révolutionnaire. Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodaLes, patriarcales et idylliques. Tous les liens multicolores qui unissaient l'homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, que le dur argent comptant. Elle a noyé l'extase religieuse, l'enthousiasme chevaleresque, la sentimentalité du Eetit-bourgeois dans les eaux glacées du calcul égoïste. EIle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange ; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation, voilée par des illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, directe, brutale, éhontée.
La bourgeoisie n'existe qu'à la condition de révolutionner constamment les instruments de travail, ce qui veut dire le mode de production, ce qui veut dire tous les rapports sociaux. La conservation de l'ancien mode de production était, au contraire, la première condition d'existence de toutes les classes industrielles antérieures. Ce bouleversement continuel des modes de production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de croyances et d'idées admises et vénérées se dissolvent ; celles qui les remplacent deviennent surannées avant de se cristalliser. Tout ce qui était solide et stable est ébranlé, tout ce qui était sacré est profané ; et les hommes sont forcés, enfin, d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux dégrisés. Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut pénétrer partout, s'établir partout, créer partout des moyens de communication.
SOURCE : K Marx et F Engels, op cité.
QUESTIONS :
- Expliquez la première phrase du texte , ne vous semble t’elle pas surprenante sous la plume de Marx ?
- Qu’est ce qui oppose le mode de production capitaliste aux modes de production antérieurs ?
C - LA CONTRADICTION DES RAPPORTS DE PRODUCTION ET DES FORCES PRODUCTIVES .
DOCUMENT 6 :
Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent dans des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté. Ces rapports de production correspondent à un stade déterminé du développement de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base réelle, sur quoi s'élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne la vie sociale, politique et intellectuelle en général. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais, au contraire, c'est leur existence sociale qui détermine leur conscience. Ayant atteint un certain niveau de développement, les forces productives de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n'en est que l'expression juridique, avec le régime de la propriété au sein duquel elles ont évolué jusqu'alors. De facteurs de développement des forces productives, ces rapports deviennent des entraves de ces forces. Alors s'ouvre une ère de révolution sociale. [...] Dans leurs grandes lignes, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être désignés comme autant d'époques progressives de l'évolution économique de la société. Le système de production bourgeois est la dernière forme antagonique du procès de production social, non point dans le sens d'un antagonisme individuel, mais d'un antagonisme qui naît des conditions d'existence sociales des individus. Les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions matérielles pour résoudre cet antagonisme. Avec ce type de société s'achève donc la préhistoire de la société humaine.
SOURCE : K Marx , critique de l’économie politique, 1859.
QUESTIONS :
- Explicitez les termes soulignés.
- Construisez un schéma reliant ces 5 termes, montrant que les contradictions débouchent obligatoirement sur une révolution sociale.;
DOCUMENT 7 : 6 p 90
QUESTIONS :
- Pourquoi selon Marx la classe ouvrière est la seule à être véritablement révolutionnaire ?
- Indiquez pour quelles raisons l’ouvrier moderne , contrairement au serf, ne peut que se révolter contre la bourgeoisie.
- Pourquoi la bourgeoisie est-elle obligée d’agir ainsi alors que cela conduira inéluctablement à sa propre disparition ?
D - LA PRISE DE CONSCIENCE DANS LA LUTTE DES CLASSES.
DOCUMENT 8 : 5 p 472
QUESTIONS :
- Rappelez quels sont selon Marx les 3 temps de la prise de conscience .
- Quelles sont selon Marx les conditions requises pour que la lasse ouvrière prenne conscience d’elle même ?
- La prise de conscience de la part des ouvriers est-elle de nature subjective et ou objective , montrez les contradictions de Marx sur ce point .
E - LA DISPARITION DU CONFLIT DE CLASSES AVEC L’AVENEMENT DE LA NOUVELLE SOCIETE ISSUE DE LA REVOLUTION SOCIALE.
DOCUMENT 10 :
A :
Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu la subordination asservissante des individus à
la division du travail et, par là, l'opposition entre le travail intellectuel et le travailmanuel; quand le travail sera devenu, non seulement un moyen de vivre, mais encore sera devenu lui-même le premier besoin de la vie ; quand, avec le développement diversifié des individus, leurs forces productives auront augmenté elles aussi, et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec force - alors seulement l'horizon étroit du droit bourgeois pourra être totalement dépassé, et la société pourra écrire sur son drapeau: De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins !
SOURCE : Karl MARX, Critique du programme de Gotha,Le Livre de Poche, 1973 (1875).
B :
Maintenant, en ce qui me concerne, ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert l'existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu'elles s'y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l'évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l'anatomie économique. Ce que j'ai apporté de nouveau, c'est:
1) de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases historiques déterminées du développement de la production ;
2) que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ;
3) que cette dictature elle-même ne représente qu'une transition vers l'abolition de toutes les classes et vers une société sans classes.
SOURCE : Karl MARX « Lettre à I. Weydemeyer » Lettres sur le Capital, Éditions sociales, 1852.
QUESTIONS :
- Quelle est l’ apport de Marx ?
SECTION II - l’ANALYSE DE MARX EST-ELLE TOUJOURS D’ACTUALITE ?
I - LA PROPRIETE DES MOYENS DE PRODUCTION : UN ELEMENT SECONDAIRE : L’ANALYSE DE R DAHRENDORF.
DOCUMENT 11 :
A :
Pour Marx, l'élément déterminant des classes sociales était la propriété privée effective des moyens de production. L'essentiel de sa théorie est fondé sur cette définition du concept de classe. On a déjà vu que c'est précisément ce lien entre le concept de classe et la possession, ou l'exclusion de la propriété privée effective qui limite le champ d'application de la théorie des classes à une période relativement courte de l'histoire sociale européenne. Une théorie des classes basée sur la division de la société en possédants et non-possédants des moyens de production perd sa valeur analytique dès que la propriété légale et le contrôle effectif sont séparés. C'est pourquoi toute tentative de remplacer réellement la théorie des classes de Marx doit en tenir compte. [...] Partout où il y a propriété il y a autorité, mais toute forme d'autorité n'implique pas forcément la propriété. L'autorité est le type le plus général de relation sociale.
Cette exigence logique ne constitue pas la seule raison que nous ayons de substituer à la définition des classes par la propriété privée une définition fondée sur la part d'autorité dont jouit un individu. Cette définition plus générale est également nécessaire si l'on veut garantir le champ d'application pratique de la théorie des classes. Dans ce but, il est en outre nécessaire de séparer radicalement le concept d'autorité proprement dit de son application, trop restreinte au contrôle des moyens de production économiques. Comme la production, sur un plan pratique, est uniquement un cas particulier de ces relations d'autorité en général qui, selon nous, sont à la base de la formation des classes et du conflit de classe. [...]
Mais nous pouvons déjà affirmer sans plus ample discussion qu'une théorie du conflit de groupe qui ferait de la participation au contrôle des moyens de production l'élément central de l'argumentation ne pourrait s'appliquer qu'à la sphère de la production industrielle. En tout cas, sa portée en ce qui concerne le changement de structure serait encore plus restreinte que celle de la théorie des classes.
SOURCE : R dahrendorf, classes et conflits de classes dans la société industrielle, Mouton, 1973.
B :
Lorsqu'il y a classe, il y a conflit. Dans la mesure où toute théorie des classes est une théorie du changement de structure par le conflit social, l'hypothèse du conflit entre classes fait partie intégrante de la définition des classes. [... ] Mais Marx ne s'en tient pas là. Il fait du conflit aigu et violent, la « lutte de classe », une partie intégrante de la définition des classes. [...] [Or] le conflit de classe ne prend pas toujours la forme de la guerre civile. Ainsi un phénomène comme l'institutionnalisation du conflit de classe montre qu'une classe « opprimée » peut fort bien être capable d'obtenir effectivement par la discussion et la négociation, des changements de structure.
SOURCE :Ralf Dahrendorf, Classes et Conflits de classes dans la société industrielle. Mouton, 1972 (1957).
QUESTIONS :
Dahrendorf dénie t’il tout intérêt à la théorie de Marx ?
Quelles sont selon Dahrendorf les principales limites de l’analyse de Marx ?
Quel est le critère déterminant que Dahrendorf oppose à la propriété des moyens de production , en quoi semble t’il plus fécond
Question 2 p 519
II - UNE CRITIQUE DE LA BIPOLARISATION DU CONFLIT DE CLASSES: l’ANALYSE DE M WEBER.
DOCUMENT 12 :
La théorie de Weber sur la stratification sociale était centrée sur oeux même fondamentaux qui indiquent bien son orientation. En premier lieu, quelle que fût sa forme, la stratification était l'effet d'une distribution inégale du pouvoir En d'autres termes, la position d'un individu dans une hiérarchie sociale quelconque était, en fin de compte, établie par le pouvoir qu'elle lui conférait, par comparaison avec le pouvoir que détenaient ceux qui occupaient des positions différentes. Le pouvoir était défini comme «la chance qu'a un homme ou un groupe d'hommes de réaliser sa propre volonté dans une action commune, en dépit même de la résistance d'autres individus qui participent à l'action». Il n'était pas nécessaire, d'après cette définition, que le pouvoir fut effectivement exercé. Il suffisait que son succès fût probable, car le pouvoir était tout aussi efficace et .réel si la seule possibihté d'y avoir recours amenait les gens à modifier leurs premières intentions, que s'il s'était manifesté dans les actes. [...]
Après avoir pris ainsi position à l'égard du pouvoir, Weber procédait à une seconde distinction analytique. il distinguait trois ordres ou trois systèmes au sein de la société : l'ordre économique, l'ordre social, et l'ordre politique ou égal. Chacun de ces ordres créait sa hiérarchie séparée et choisissait le champ où pouvait s'exprimer la forme de pouvoir qui lui était propre. En réalité, les trois ordres étaient interdépendants. Une position occupée dans un ordre donné pouvait favoriser une prise de position dans un autre ordre, avec les conséquences qui en dérivaient pour l'exercice du pouvoir. Ainsi, une position «élevée» dans la hiérarchie économique pouvait également favoriser une position «élevée» dans la hiérarchie statutaire - mais il n'en allait pas ainsi automatiquement, et c'est là qu'est l'essentiel de la doctrine de Weber. Chaque ordre était suffisamment original pour nécessiter une analyse et une description séparées. Marx avait confondu les trois ordres sous la rubrique du déterminisme économique. Weber soutenait, au contraire, que chaque ordre était caractérisé par ses propres critères, et par sa propre distribution du pouvoir. Il leur donna respectivement les noms de «classe», de «statut» et de «parti».
SOURCE : L Reissman, les classes sociales aux USA.
QUESTIONS :
- Quel est selon Weber le déterminant de la stratification ?
- Quels sont les trois domaines dans lesquels l’individu peut exercer son pouvoir?
- Quelle critique émet Weber à l’encontre de Marx ?
III - LA REMISE EN CAUSE DE L’ANTAGONISME DE CLASSE: L’ANALYSE DE R ARON.
DOCUMENT 13 :
Prenons l'exemple le plus favorable à la théorie de la lutte de classes, celui des ouvriers dans leurs relations avec les capitalistes. Si vraiment il y a une lutte fondamentale, c'est dans le choc entre ces deux groupes que nous pourrons la trouver puisque c'est à propos de
ce phénomène que la théorie elle-même a été élaborée. Qu'est-ce que veut dire l'idée d'une opposition radicale des intérêts entre prolétaires et détenteurs des moyens de production ?!...].
L'impression première, l'apparence, c'est que plus l'ouvrier obtient de revenus, moins l'entrepreneur en récoltera ; il y aurait contradiction entre la revendication du salaire maximum de la part des salariés et le désir de profit maximum de la part du directeur d'entreprise. Mais cette tension, qui est normale et saine, comporte des limites assez nettement marquées.
En effet, une fraction des bénéfices bruts des entreprises est réinvestie ; le réinvestissement d'une partie du revenu national est une condition indispensable à la croissance économique. Il n'est donc pas conforme à l'intérêt à long terme de l'ouvrier lui-même que les salaire; soient augmentés exagérément aux dépens de bénéfices réinvestis. Que le régime soit capitaliste ou communiste importe peu, il faut que d'une façon ou d'une autre, une fraction du revenu national ne soit pas consommée et serve à élargir les moyens de production,
L'intérêt ouvrier de salaires accrus, qui est légitime et se traduit par des revendications, s'arrête au point où l'élargissement de la part des salaires dans une entreprise donnée serait obtenue aux dépens des bénéfices réinvestis dans l'entreprise. [...]
Or le fait est, l'expérience nous l'a appris, que dans la mesure où s'accumulent les moyens de produire grâce aux investissements, les salaires ouvriers augmentent. Donc, dans le cadre de l'entreprise, il y a tension ou lutte entre salariés et propriétaires, chacun songeant à son revenu propre, mais non pas antagonisme inéductible.[..,]
Ces conflits économiques sont réels, c'est pure hypocrisie de penser qu'ils se résolvent toujours de manière équitable, hypocrisie pure aussi de nier ces luttes pour la répartition du revenu national. Mais il n'en résulte pas que, sur le plan strictement économique, le groupe ouvrier et le groupe capitaliste s'opposent en une lutte à mort, chacun d'eux ayant un intérêt essentiel opposé à celui de l'autre. L'intérêt commun des uns et des autres, dans le cadre du régime, c'est la prospérité de l'entreprise ou de l'économie, c'est la croissance, dont les conditions nécessaires répondent à l'intérêt simultané des salariés et des dirigeants. [...]
L'intérêt de classe, aux yeux de Marx, était défini politiquement. Chaque classe avait une conception déterminée de l'organisation de la société et, en tant que telle, prétendait au pouvoir. L'intérêt des ouvriers s'opposait inexpiablement à l'intérêt des bourgeois, dans la mesure où le prolétariat voulait se supprimer comme classe en s'emparant du pouvoir. Ce n'est pas l'effort de maximisation du revenu,
c'est la lutte pour le pouvoir qui est au cœur de la conception marxiste.
SOURCE : R Aron, la lutte des classes , Gallimard, 1964.
QUESTIONS :
- Sur quelle hypothèse repose selon Aron l’antagonisme de classe chez Marx ?
- Quelles sont selon Aron les limites de cette analyse ?
- Expliquez le dernier paragraphe du texte. .
IV - VERS UN RENOUVELLEMENT DES CONFLITS ?: L’ANALYSE DE A TOURAINE.
DOCUMENT 14 :
A :
Le saut des sociétés de rareté aux sociétés d'affluence entraîne un renversement des rapports de domination. Le rôle de la propriété diminue à mesure que la séparation matérielle entre le cycle de production-consommation et les mécanismes d'accumulation s'affaiblit. C'est l'action sur l'environnement, c'est l'emprise du pouvoir orientant le changement sur l'ensemble de la vie sociale, qui devient le lieu central des rapports et des conflits sociaux.
La domination sociale prend en particulier trois formes nouvelles. En premier lieu les grandes organisations exercent sur leurs membres des pressions croissantes en vue de les intégrer à l'entreprise. Non pas que la hiérarchie soit plus rigide et les relations d'autorité plus brutales ; c'est le contraire qui est vrai. Mais parce que ces organisations qui sont des systèmes complexes de communication, doivent agir non pas seulement sur la quantité de travail fournie, mais sur les attitudes à l'égard de l'entreprise, sur les relations sociales. Les contraintes doivent être intériorisées. Il faut avoir « l'esprit maison ». En second lieu cette domination déborde le domaine de la production et s'étend à ceux de l'information et de la consommation, par les mass média ou par agit-prop. Enfin le rôle croissant des États, de leur puissance et de leurs possibilités stratégiques, renforce Y impérialisme, la volonté de dominaItion des centres mondiaux de pouvoir sur les régions sous-développées ou incorporées à une aire d'influence.
Ces trois thèmes sont présents dans tous les grands mouvements sociaux d'aujourd'hui, qui ne se définissent pas seulement par un conflit économique mais plus encore par leur opposition à une domination politique sociale et culturelle.
SOURCE : ALAIN TOURAINE, Pour la sociologie, Le Seuil, 1974.
B :
La technocratie est un milieu, parce qu'elle est définie par la direction des grands appareils économiques et politiques qui orientent la croissance. Elle ne conçoit la société que comme l'ensemble des moyens sociaux à mobiliser pour cette croissance. Elle est une classe dominante en ce qu'en proclamant l'identité de la croissance et du progrès social, elle identifie du même coup l'intérêt de la société à celui des grandes organisations qui, pour vastes et impersonnelles qu'elles soient, n'en sont pas moins des centres d'intérêts particuliers.
L'idéologie technocratique peut être libérale ou autoritaire et ces variations sont de la plus grande importance, mais elle nie toujours le conflit social, même si elle reconnaît volontiers l'existence de tensions et de stratégies concurrentes. Or ces conflits existent et leur racine est dans l'accumulation et la concentration du pouvoir de décision et de la connaissance. [....]
Il est plus difficile de définir ceux dont les intérêts s'opposent à ceux des technocrates. Dans un capitalisme de marché, ce sont les salariés, soumis sur le marché du travail au pouvoir des détenteurs du capital, qui constituent la classe dominée. Dans la société programmée, dirigée par les appareils de croissance, la classe dominée n'est plus définie par le rapport à la propriété, mais par la dépendance des mécanismes de changement dirigé, donc des instruments d'intégration sociale et culturelle. Ce n'est pas;le travail directement productif, le métier qui s'oppose au capital; c'est l'identité personnelle et collective qui s'oppose àla manipulation. [...]
Entre ces deux grandes classes ou groupes de classes, l'opposition principale ne vient pas de ce que les uns possèdent la richesse ou la propriété et les autres non, mais de ce que les classes dominantes sont formées de ceux qui gèrent la connaissance, qui détiennent les informations. Le travail se définit de moins en moins comme un apport personnel, et de plus en plus comme un rôle dans un système de communications, donc de relations sociales. Le dirigeant est celui qui agit sur les systèmes de relations sociales, au nom de leurs caractéristiques et de leurs besoins ; le dirigé affirme sans cesse son existence non pas comme rr îmbre d'une organisation, élément de production ou sujet d'un État, mais comme .té autonome, dont la personnalité ne coïncide avec aucun de ses rôles. C'est pourquoi le thème de l'aliénation connaît une telle vogue, à nos yeux justifiée. Nous sortons d'une société de l'exploitation pour entrer dans une société de l'aliénation.
SOURCE : A Touraine, la société post-industrielle, Denoel, 1969.
I - LA PROPRIETE DES MOYENS DE PRODUCTION : UN ELEMENT SECONDAIRE : L’ANALYSE DE R DAHRENDORF.
DOCUMENT 11 :
A :
Pour Marx, l'élément déterminant des classes sociales était la propriété privée effective des moyens de production. L'essentiel de sa théorie est fondé sur cette définition du concept de classe. On a déjà vu que c'est précisément ce lien entre le concept de classe et la possession, ou l'exclusion de la propriété privée effective qui limite le champ d'application de la théorie des classes à une période relativement courte de l'histoire sociale européenne. Une théorie des classes basée sur la division de la société en possédants et non-possédants des moyens de production perd sa valeur analytique dès que la propriété légale et le contrôle effectif sont séparés. C'est pourquoi toute tentative de remplacer réellement la théorie des classes de Marx doit en tenir compte. [...] Partout où il y a propriété il y a autorité, mais toute forme d'autorité n'implique pas forcément la propriété. L'autorité est le type le plus général de relation sociale.
Cette exigence logique ne constitue pas la seule raison que nous ayons de substituer à la définition des classes par la propriété privée une définition fondée sur la part d'autorité dont jouit un individu. Cette définition plus générale est également nécessaire si l'on veut garantir le champ d'application pratique de la théorie des classes. Dans ce but, il est en outre nécessaire de séparer radicalement le concept d'autorité proprement dit de son application, trop restreinte au contrôle des moyens de production économiques. Comme la production, sur un plan pratique, est uniquement un cas particulier de ces relations d'autorité en général qui, selon nous, sont à la base de la formation des classes et du conflit de classe. [...]
Mais nous pouvons déjà affirmer sans plus ample discussion qu'une théorie du conflit de groupe qui ferait de la participation au contrôle des moyens de production l'élément central de l'argumentation ne pourrait s'appliquer qu'à la sphère de la production industrielle. En tout cas, sa portée en ce qui concerne le changement de structure serait encore plus restreinte que celle de la théorie des classes.
SOURCE : R dahrendorf, classes et conflits de classes dans la société industrielle, Mouton, 1973.
B :
Lorsqu'il y a classe, il y a conflit. Dans la mesure où toute théorie des classes est une théorie du changement de structure par le conflit social, l'hypothèse du conflit entre classes fait partie intégrante de la définition des classes. [... ] Mais Marx ne s'en tient pas là. Il fait du conflit aigu et violent, la « lutte de classe », une partie intégrante de la définition des classes. [...] [Or] le conflit de classe ne prend pas toujours la forme de la guerre civile. Ainsi un phénomène comme l'institutionnalisation du conflit de classe montre qu'une classe « opprimée » peut fort bien être capable d'obtenir effectivement par la discussion et la négociation, des changements de structure.
SOURCE :Ralf Dahrendorf, Classes et Conflits de classes dans la société industrielle. Mouton, 1972 (1957).
QUESTIONS :
Dahrendorf dénie t’il tout intérêt à la théorie de Marx ?
Quelles sont selon Dahrendorf les principales limites de l’analyse de Marx ?
Quel est le critère déterminant que Dahrendorf oppose à la propriété des moyens de production , en quoi semble t’il plus fécond
Question 2 p 519
II - UNE CRITIQUE DE LA BIPOLARISATION DU CONFLIT DE CLASSES: l’ANALYSE DE M WEBER.
DOCUMENT 12 :
La théorie de Weber sur la stratification sociale était centrée sur oeux même fondamentaux qui indiquent bien son orientation. En premier lieu, quelle que fût sa forme, la stratification était l'effet d'une distribution inégale du pouvoir En d'autres termes, la position d'un individu dans une hiérarchie sociale quelconque était, en fin de compte, établie par le pouvoir qu'elle lui conférait, par comparaison avec le pouvoir que détenaient ceux qui occupaient des positions différentes. Le pouvoir était défini comme «la chance qu'a un homme ou un groupe d'hommes de réaliser sa propre volonté dans une action commune, en dépit même de la résistance d'autres individus qui participent à l'action». Il n'était pas nécessaire, d'après cette définition, que le pouvoir fut effectivement exercé. Il suffisait que son succès fût probable, car le pouvoir était tout aussi efficace et .réel si la seule possibihté d'y avoir recours amenait les gens à modifier leurs premières intentions, que s'il s'était manifesté dans les actes. [...]
Après avoir pris ainsi position à l'égard du pouvoir, Weber procédait à une seconde distinction analytique. il distinguait trois ordres ou trois systèmes au sein de la société : l'ordre économique, l'ordre social, et l'ordre politique ou égal. Chacun de ces ordres créait sa hiérarchie séparée et choisissait le champ où pouvait s'exprimer la forme de pouvoir qui lui était propre. En réalité, les trois ordres étaient interdépendants. Une position occupée dans un ordre donné pouvait favoriser une prise de position dans un autre ordre, avec les conséquences qui en dérivaient pour l'exercice du pouvoir. Ainsi, une position «élevée» dans la hiérarchie économique pouvait également favoriser une position «élevée» dans la hiérarchie statutaire - mais il n'en allait pas ainsi automatiquement, et c'est là qu'est l'essentiel de la doctrine de Weber. Chaque ordre était suffisamment original pour nécessiter une analyse et une description séparées. Marx avait confondu les trois ordres sous la rubrique du déterminisme économique. Weber soutenait, au contraire, que chaque ordre était caractérisé par ses propres critères, et par sa propre distribution du pouvoir. Il leur donna respectivement les noms de «classe», de «statut» et de «parti».
SOURCE : L Reissman, les classes sociales aux USA.
QUESTIONS :
- Quel est selon Weber le déterminant de la stratification ?
- Quels sont les trois domaines dans lesquels l’individu peut exercer son pouvoir?
- Quelle critique émet Weber à l’encontre de Marx ?
III - LA REMISE EN CAUSE DE L’ANTAGONISME DE CLASSE: L’ANALYSE DE R ARON.
DOCUMENT 13 :
Prenons l'exemple le plus favorable à la théorie de la lutte de classes, celui des ouvriers dans leurs relations avec les capitalistes. Si vraiment il y a une lutte fondamentale, c'est dans le choc entre ces deux groupes que nous pourrons la trouver puisque c'est à propos de
ce phénomène que la théorie elle-même a été élaborée. Qu'est-ce que veut dire l'idée d'une opposition radicale des intérêts entre prolétaires et détenteurs des moyens de production ?!...].
L'impression première, l'apparence, c'est que plus l'ouvrier obtient de revenus, moins l'entrepreneur en récoltera ; il y aurait contradiction entre la revendication du salaire maximum de la part des salariés et le désir de profit maximum de la part du directeur d'entreprise. Mais cette tension, qui est normale et saine, comporte des limites assez nettement marquées.
En effet, une fraction des bénéfices bruts des entreprises est réinvestie ; le réinvestissement d'une partie du revenu national est une condition indispensable à la croissance économique. Il n'est donc pas conforme à l'intérêt à long terme de l'ouvrier lui-même que les salaire; soient augmentés exagérément aux dépens de bénéfices réinvestis. Que le régime soit capitaliste ou communiste importe peu, il faut que d'une façon ou d'une autre, une fraction du revenu national ne soit pas consommée et serve à élargir les moyens de production,
L'intérêt ouvrier de salaires accrus, qui est légitime et se traduit par des revendications, s'arrête au point où l'élargissement de la part des salaires dans une entreprise donnée serait obtenue aux dépens des bénéfices réinvestis dans l'entreprise. [...]
Or le fait est, l'expérience nous l'a appris, que dans la mesure où s'accumulent les moyens de produire grâce aux investissements, les salaires ouvriers augmentent. Donc, dans le cadre de l'entreprise, il y a tension ou lutte entre salariés et propriétaires, chacun songeant à son revenu propre, mais non pas antagonisme inéductible.[..,]
Ces conflits économiques sont réels, c'est pure hypocrisie de penser qu'ils se résolvent toujours de manière équitable, hypocrisie pure aussi de nier ces luttes pour la répartition du revenu national. Mais il n'en résulte pas que, sur le plan strictement économique, le groupe ouvrier et le groupe capitaliste s'opposent en une lutte à mort, chacun d'eux ayant un intérêt essentiel opposé à celui de l'autre. L'intérêt commun des uns et des autres, dans le cadre du régime, c'est la prospérité de l'entreprise ou de l'économie, c'est la croissance, dont les conditions nécessaires répondent à l'intérêt simultané des salariés et des dirigeants. [...]
L'intérêt de classe, aux yeux de Marx, était défini politiquement. Chaque classe avait une conception déterminée de l'organisation de la société et, en tant que telle, prétendait au pouvoir. L'intérêt des ouvriers s'opposait inexpiablement à l'intérêt des bourgeois, dans la mesure où le prolétariat voulait se supprimer comme classe en s'emparant du pouvoir. Ce n'est pas l'effort de maximisation du revenu,
c'est la lutte pour le pouvoir qui est au cœur de la conception marxiste.
SOURCE : R Aron, la lutte des classes , Gallimard, 1964.
QUESTIONS :
- Sur quelle hypothèse repose selon Aron l’antagonisme de classe chez Marx ?
- Quelles sont selon Aron les limites de cette analyse ?
- Expliquez le dernier paragraphe du texte. .
IV - VERS UN RENOUVELLEMENT DES CONFLITS ?: L’ANALYSE DE A TOURAINE.
DOCUMENT 14 :
A :
Le saut des sociétés de rareté aux sociétés d'affluence entraîne un renversement des rapports de domination. Le rôle de la propriété diminue à mesure que la séparation matérielle entre le cycle de production-consommation et les mécanismes d'accumulation s'affaiblit. C'est l'action sur l'environnement, c'est l'emprise du pouvoir orientant le changement sur l'ensemble de la vie sociale, qui devient le lieu central des rapports et des conflits sociaux.
La domination sociale prend en particulier trois formes nouvelles. En premier lieu les grandes organisations exercent sur leurs membres des pressions croissantes en vue de les intégrer à l'entreprise. Non pas que la hiérarchie soit plus rigide et les relations d'autorité plus brutales ; c'est le contraire qui est vrai. Mais parce que ces organisations qui sont des systèmes complexes de communication, doivent agir non pas seulement sur la quantité de travail fournie, mais sur les attitudes à l'égard de l'entreprise, sur les relations sociales. Les contraintes doivent être intériorisées. Il faut avoir « l'esprit maison ». En second lieu cette domination déborde le domaine de la production et s'étend à ceux de l'information et de la consommation, par les mass média ou par agit-prop. Enfin le rôle croissant des États, de leur puissance et de leurs possibilités stratégiques, renforce Y impérialisme, la volonté de dominaItion des centres mondiaux de pouvoir sur les régions sous-développées ou incorporées à une aire d'influence.
Ces trois thèmes sont présents dans tous les grands mouvements sociaux d'aujourd'hui, qui ne se définissent pas seulement par un conflit économique mais plus encore par leur opposition à une domination politique sociale et culturelle.
SOURCE : ALAIN TOURAINE, Pour la sociologie, Le Seuil, 1974.
B :
La technocratie est un milieu, parce qu'elle est définie par la direction des grands appareils économiques et politiques qui orientent la croissance. Elle ne conçoit la société que comme l'ensemble des moyens sociaux à mobiliser pour cette croissance. Elle est une classe dominante en ce qu'en proclamant l'identité de la croissance et du progrès social, elle identifie du même coup l'intérêt de la société à celui des grandes organisations qui, pour vastes et impersonnelles qu'elles soient, n'en sont pas moins des centres d'intérêts particuliers.
L'idéologie technocratique peut être libérale ou autoritaire et ces variations sont de la plus grande importance, mais elle nie toujours le conflit social, même si elle reconnaît volontiers l'existence de tensions et de stratégies concurrentes. Or ces conflits existent et leur racine est dans l'accumulation et la concentration du pouvoir de décision et de la connaissance. [....]
Il est plus difficile de définir ceux dont les intérêts s'opposent à ceux des technocrates. Dans un capitalisme de marché, ce sont les salariés, soumis sur le marché du travail au pouvoir des détenteurs du capital, qui constituent la classe dominée. Dans la société programmée, dirigée par les appareils de croissance, la classe dominée n'est plus définie par le rapport à la propriété, mais par la dépendance des mécanismes de changement dirigé, donc des instruments d'intégration sociale et culturelle. Ce n'est pas;le travail directement productif, le métier qui s'oppose au capital; c'est l'identité personnelle et collective qui s'oppose àla manipulation. [...]
Entre ces deux grandes classes ou groupes de classes, l'opposition principale ne vient pas de ce que les uns possèdent la richesse ou la propriété et les autres non, mais de ce que les classes dominantes sont formées de ceux qui gèrent la connaissance, qui détiennent les informations. Le travail se définit de moins en moins comme un apport personnel, et de plus en plus comme un rôle dans un système de communications, donc de relations sociales. Le dirigeant est celui qui agit sur les systèmes de relations sociales, au nom de leurs caractéristiques et de leurs besoins ; le dirigé affirme sans cesse son existence non pas comme rr îmbre d'une organisation, élément de production ou sujet d'un État, mais comme .té autonome, dont la personnalité ne coïncide avec aucun de ses rôles. C'est pourquoi le thème de l'aliénation connaît une telle vogue, à nos yeux justifiée. Nous sortons d'une société de l'exploitation pour entrer dans une société de l'aliénation.
SOURCE : A Touraine, la société post-industrielle, Denoel, 1969.
1 commentaires:
Bravo, je suis un jeune prof en SES en Colombie et je trouve votre blog assez impressionnant. Il est très complet et... enfin beaucoup de bien. Voilà merci, encore bravo et longue vie aux SES !
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