SUJET : Alors que les innovations sont de plus en plus coûteuses et que la mondialisation se généralise , vous vous demanderez dans quelle mesure le mouvement de concentration des entreprises est inéluctable?
« Avec 4,1 % du marché mondial des semi-conducteurs , ST Microelectronics représente désormais bien plus que les deux éléments qui le composaient au moment de la fusion . Chacun pesait à l’époque 1,5 % Du marché mondial , une taille insuffisante pour développer les efforts nécessaires et se maintenir à flots dans un secteur où les générations de composants se succèdent à un rythme rapide » ( doc 5 ) L’exemple de cette entreprise franco-italienne née d’une fusion est donc représentative de la situation actuelle : la concurrence est de plus en plus forte entre les entrezprises du fait de la concommittanxce de deux phénomènes . La mondialisation d’abord qui accroît le nombre d’entreprises concurrentes ; les innovations qui se succèdent à un rythme de plus en plus grand . Pour y faire face , les entreprises doivent donc être de plus en plus puissantes ; elles sont donc obligées de fusionner , de raheter d’autres entreprises pour financer plus facilement leurs innovations .
Pourtant , quand on regarde les résultats réels de la concentration , on se rend compte qu’ils sont beaucoup moins bons que ceux que l’on espérait .« Quand on regarde l’ expérience passée , celle des fusions-acquisitions réalisées au cours des 10 ou 15 dernières années , le bilan , sur le long terme , est loin d’être positif » ( doc 8 ) . La concentration des entreprises n’aboutit donc pas toujours à des réussites , des effets pervers peuvent apparaître , notamment la constitution d’un vaste ensemble bureaucratique , au sens de Crozier , annihilant tout effort d’initiative et détruisant les entrepreneurs de type schumpétérien , qui innovent au sein de petites structures .
La grande taille n’est donc pas obligatoirement synonyme d’efficacité et n’est donc pas une tendance réelle de l’histoire économique .
I – LA FUSION DES ENTREPRISES : UNE OBLIGATION ACTUELLE POUR ASSURER CROISSANCE ET COMPETITIVITE
A – CONSTAT : DES ENTREPRISES DE PLUS EN PLUS GRANDES QUI RESULTENT D’UN MOUVEMENT DE CONCENTRATION
1 – DES ENTREPRISES DE PLUS EN PLUS GRANDES
Sur la plupart des marchés de biens et services , on remarque que le marché de concurrence pure et parfaite disparaît . IL n’ y a donc plus une multitude de petites entreprises de petite taille , mais quelques très grandes entreprises dominant le secteur ( doc 1 B ) . Cela peut être un quasi-monopole : c’est le cas de Microsoft avec les logiciles qui détient 90 % du marché des systèmes d’exploitation pour PC . Ou bien un oligopole : quelques entreprises se partagent le marché . Dans les services de distribution alimentaire , 5 entreprises détiennent chacune à peu près 20 % du marché .
2 – QUI RESULTENT D’UN MOUVEMENT DE CONCENTRATION
Cet accroissement de la taille des entreprises provient d’un mouvement de concentration des entreprises . Celle-ci peut prendre plusieurs formes : achat d’une entreprise par une autre , fusion de deux entreprises pour donner naissance à une 3 ° : STMicroelectronics nait de la fusion de l’italien SGS Microelectronica et du français Thomson Semiconducteurs (doc 5 ) . Cet exemple montre que le phénomène de fusion ne s’opère plus seulement ,au niveau national , mais au plan international . Ainsi , entre 88 et 2000 , la valeur totale des fusions acquisitions transfrontalières est passée de 150 milliards de dollars à 1000 milliards de dollars , soit une valeur multipliée par 8 . Ce phénomène a touché autant l’Amérique du Nord que l’Europe occidentale ( doc 1 A ) . En comptant toutes les formes de fusions , « le montant total des transactions devrait dépasser 2000 milliards de dollars » en 1999
Ce mouvement de concentration paraît être une obligation ; d’après V.Ellis ( doc 8 ) : « il n’ y a pas de grand secteur dans l’industrie ou les services qui , par nature , ne devrait pas être concerné par ce vaste mouvement de fusions-acquisitions » . En effet , pour résister à la concurrence , une grande taille semble être un atout .
B – UNE GRANDE TAILLE : UN ATOUT
1 – UN CONTEXTE ECONOMIQUE PARTICULIER
En effet , le contexte actuel est marqué par deux phénomènes . Le premier est l’ouverture des économies : les échanges extérieurs entre pays ont fortement augmenté depuis 50 ans . Les entreprises d’un pays ne sont donc plus seulement en concurrence entre elles , mais avec celles des autres pays . Pour résister à cet augmentation de la concurrence , les entreprises vont essayer d’accroître leur compétitivité , c’est-à-dire la capacité qu’elles ont à vendre leurs produits . Pour cela , elles disposent de 2 moyens : soit vendre moins cher en obtenant des coûts de production bas , c’est la compétitivité-prix , soit en proposant des produits de bonne qualité , c’est la compétitivité hors-prix ou qualité . Pour cela , elles vont donc être obligées d’innover , soit en mettant au point de nouveaux moyende production ( innovation de process ) , soit en créant de nouveaux biens et donc une nouvelle demande ( innovations de produits ) .
Ainsi , comme l’affirme D.Rodnik , mondialisation et progrès technique ne sont pas contradictoires , mais résultent d’une même logique qui oblige les entreprises à fusionner .
2 – OBLIGE A LA FUSION
a – Des innovations couteuses
L’importance du progrès technique rend donc indispensable la concentration dans certains secteurs : »parce que accéder aux nouvelles technologies suppose des investissements élevés , 800 millions de dollars pour la mise au point d’un nouveau médicament , on assiste à un mouvemùent de concentration dans la pharmacie ou de coopération interentreprises dans les semi-conducteurs pour partager les dépenses de recherche » ( doc 2 ) . En effet , les entreprises doivent disposer de profits importants , donc d’autofinancement pour pouvoir financer des dépenses de Recherche-Développement . Seules les grandes entreprises peuvent le faire , car ces innovations ont certes un coût élevé , maais elles sont aussi risquées : rien ne dit que l’invention , mise en évidence d’un élément théorique , se traduira par une innovation , c’est-à-dire la mise en pratique . Une partie des dépenses de R-D débouche ainsi sur aucun produit commercialisable . L’entreprise doit donc être d’une grande taille , disposer d’une assise financière solide pour pouvoir faire face aux risques de l’innovation . Ainsi , les entreprises de plus de 500 salariés investissent 16,2 milliards d’euros pour innover . La proportion d’entreprises innovantes augmente avec la taille : 85 % des entreprises de plus de 500 salariés innovent en produits ou procédés contre 33.3 % des entreprises de 20 à 49 salariés ( doc 4 )
b – l’obtention des économies d’échelle
La grande taille d’une entreprise facilite d’autant plus les innovations que celles-ci représentent un coût fixe . Les couts de production d’une entreprise se décomposent , en effet , en deux parties . Les premiers sont les coûts variables : matières premières , énergie , coût du travail qui augmentent avce la quantité produite . Les seconds sont des coûts fixes , c’est-à-dire des coûts qui ne varient pas en fonction de la quantité produite . Appartiennent donc à cette catégorie la R-D , mais aussi les dépenses de publicité , les réseaux de distribution , « les chaînes d’approvisionnement » ( doc 6 ) .
Comme ces dépenses sont indépendantes des quantités produites , il est donc efficace de produire beaucoup pour une entreprise car elle obtient des économies d’échelle . Plus elle produit , plus le coût unitaire diminue pour atteindre la taille critique : celle qui assure un minimum de coût unitaire et donc un maximum de compétitivité .
c- l’obtention de la part de marché critique
La baisse du coût unitaire peut aussi être renforcée par la position dominante sur le marché de la grande entreprise qui se retrouve en position d’oligopole en ce qui concerne la vente , et en position d’oligopsone pour l’achat de matières premières ( sur ce marché , il y a une multitude de vendeurs et quelques acheteurs) .
Pour V.Ellis ( doc 8 ) , ce qui compte aujourd’hui dans un contexte de mondialisation , ce n’est pas la taille critique , mais la part de marche critique : « finalement , ce qui importe davantage , c’est la puissance marchande que l’on peut erercer sur le marché plutôt que l’effet de taille proprement dit . C’est ce facteur qui permettra d’exercer une influence sur les fournisseurs en termes de prix , de qualité» .Ainsi , comme sa demande de matières premières ou de produits semi-finis est très forte , elle peut négocier des tarifs très avantageux et obliger ses fournisseurs à réduire ses marges ( ce que font les grands distributeurs alimentaires en France ) .
Cette baisse du coût unitaire va donc permettre à la grande entreprise à la fois de diminuer ses prix de vente , d’accroître sa compétitivité-prix et donc ses ventes , tout en augmentant son profit unitaire . La conjonction de ces deux éléments lui assure donc une augmentation des profits qu’elle pourra utiliser pour financer de nouvelles innovations .
d- des effets de synergie
Les effets positifs de la concentration ne se résument pourtant pas à des effets d’accroissement de la production ; car des effets de synergie se créent aussi , que l’on peut formuler par la formule 1+ 1 = 3 . En mettant en commun leurs salariés , leurs efforts de recherche , leur financement , les entreprises vont passer à une échelle supérieur et innover plus facilement . La fusion de l’italien SGS Microelectronica et du français Thomson Semi-Conducteurs en est un bon exemple ( doc 5 ) : « avec 4,1% du marché mondial des semi-conducteurs , ST Microelectronics représente désormais bien plus que les deux éléments qui le composaient au moment de la fusion . Chacun pesait à l’époque 1,5 % du marché mondial , une taille insuffisante pour développer les efforts de recherche –développement et se maintenir à flot dans un secteur où les générations de composants se succèdent à un rythme rapide » .
Le cas de Micro-electronics est donc bien représentatif de l’obligation actuelle qu’ont les entreprises à fusionner pour avoir une part de marché déterminante . Comme la concurrence est de plus en plus forte du fait de l’ouverture des économies et des dépenses d’innovations de plus en plus élevées , les entreprises pour résister doivent avoir une taille de plus en plus grande . Mais Microelectronics est aussi la preuve que la fusion est certes une condition nécessaire pour être compétitive , mais elle n’est pas suffisante « Dans le processus de rapprochement , l’intégration européenne a agi comme un catalyseur . Enfin , les complémentarités technologiques et géographiques étant bonnes , permettant une entrée sur la plupart des applications et une présence sur les principaux continents » ( doc 5 ) .
D’autres conditions sont donc nécessaires pour rendre la concentration efficace économiquement . Comme la suprématie des grandes entreprises n’est pas automatique , rien ne permet d’en déduire la disparition totale des petites entreprises , comme l’affirmait pourtant Schumpeter .
II –LA CONCENTRATION EST UNE CONDITION NECASSAIRE MAIS PAS SUFFISANTE POUR ASSURER L’EFFICACITE ECONOMIQUE
A – LES EFFETS NEGATIFS CONSECUTIFS A LA CONCENTRATION
1 - CONSTAT
La fusion d’entreprises n’aboutit pas toujours à plus d’efficacité et de croissance économique .. Quel que soit le secteur économique , les résultats économiques sont médiocres . Excepté les télécoms , la fusion se traduit davantage par une destruction de valeurs que part une création ( doc 3 ) : pour l’aérospatiale , 73,4 % Des entreprises qui ont fusionné connaisent une baisse de la création de richesses ; c’est le cas pour 67,7 % des entreprises dans la grande distribution .
Cette réduction de valeur s’explique donc par une absence de compétitivité des entreprises fusionnées , qui obligent les entreprises à licencier pour réduire leurs coûts : ainsi , dans le secteur bancaire , après une fusion de banques ayant des activités semblables et donc substituables , la réduction d’effectifs touche 25 % des salariés .
La conséquence est alors une perte de valeur de l’action qui mécontente les salariés . : 58 des actionnaires sont alors décus de la fusion .
Ainsi , « dans plus d’un cas sur 2 , les synergies ont été surestimées . Les bénéfices ne sont pas au rendez-vous . Principale raison d’échec : l’absence de prise en compte des ressources humaines et des différences culturelles » ( doc 3 )
2 – EXPLICATIONS
a- des fusions difficiles du fait de cultures d’entreprise différentes
En effet , une entreprise n’est pas seulement une entité qui souhaite atteindre le profit maximum en produisant , c’est aussi un groupe des personnes qui ont une culture commune , des manières de penser et de travailler spécifiques à l’entreprise . L’échec de la fusion peut alors s’expliques par deux types de raisons complémentaires : soit la nouvelle entité fait table rase des cultures précédentes mais a des difficultés à en élabore une nouvelle ; soit le groupe qui rachète l’entreprise décide de supprimer les modèles de gestion et de travail précédents pour imposer les siens . Une réelle acculturation doit donc avoir lieu : les salariés doivent abandonner leurs valeurs et normes
traditionnels pour acquérir ceux du nouveau groupe . Comme tout processus de déculturation opérée par la force , il peut engendrer des attitudes de rejet qui sont alors contre-productives : les salariés vont réduire leurs efforts , être moins innovants et dynamiques . « C’est le type de déconvenues qu’ont connues certaines compagnies américaines lorqu’elles ont sous-estimé l’importance de la culture locale d’une entreprise . En dépit des effets d’homogénéisation à la mondialisation des activités , l’Amérique et ses méthodes de gestion et de direction restent différentes de celles du reste du monde » ( doc 8 )
Les fusions internationales sont donc encore plus difficiles que la concentration d’entreprises de même nationalité , car les cultures sont encores plus éloignées : s’ajoutent des problèmes de langue , de modèles de gestion . Ainsi , les modèles français et américain de gestion se révèlent très différents : le salarié français est fier de sa qualification et est prêt à faire preuve d’initiative en ce qui concerne son métier ; en revanche , le salarié américain souhaite une définition claire des objectifs par son chef .
b – des fusions mal définies
Ces effets néfastes n’apparaissent qu’après l’opération de fusion . D’autres difficultés , au contraire , auraient pu être évitées si la concentration avait été mieux préparée . D’après V.Ellis , « l’une de ces raisons de ce bilan en demi-teinte est d’abord que les objectifs qui ont présidé à la fusion n’ont pas été clairement définis et d’autant moins facilement réalisés » ( doc 8 ) . Ainsi , le principal objectif devrait être l’ efficacité économique . Or , les PDG qui décident des fusions ont parfois des objectifs non pas pour l’entreprise , mais pour eux-mêmes . « Beaucoup de patrons se sont lancés dans la course à la fusion et à la taille critique sans véritable stratégie sinon celle de grossir à tout prix . Deux objectifs les motivent : soit accroître leur revenu et « en tirer quelque profit en matière de stock –options » , soit « l’obssession de puissance »qui les pousse à diriger une très grande entreprise . Ainsi , la main invisible d’A.Smith est remise en cause : la recherche du profit personnel du PDG n’aboutit pas à la satisfaction de l’entreprise toute entière .
STMicroelectronics n’était donc pas un cas type , mais au contraire une exception : si cette fusion a réussi , c’est parce que d’autres conditions étaient réunies : la volonte de « l’équipe dirigeante de réussir une fusion tenant compte des intérêts français et italiens » et deux entreprises complémentaires et non substituables .
Les opérations de concentration ne sont donc pas toujours synonymes de plus grande compétitivité . La grande taille d’une entreprise n’est donc pas toujours un atout pour faire face à la mondialisation .
B – LA CONCENTRATION , UN PHENOMENE QUI N'EST ABSOLUMENT PAS INELUCTABLE
1 – DES TAILLES DIFFERENTES SELON LE SECTEUR ECONOMIQUE
La concentration n’est donc pas un phénomène inéluctable . Une grande partie des secteurs économiques n’est donc pas concernée par des situations monopolistiques , mais au contraire par des situations de concurrence .
Certaines activités sont plus concentrées que d’autres . Ainsi , dans l’édition ou les matières plastiques , le chiffre d’affaires de 50 premières entreprises représente 20 ù du chiffre d’affaires du secteur . Mais , la majorité des activités est caractérisée par una atomicité relativement forte : dans le transport routier ou le commerce de gros , le chiffre d’affaires des 50 premières entreprise représente 2 % du chiffre d’affaires total ; dans l’hôtellerie , 12 % ( doc 4 ) .
Il est donc faux d’affirmer que la concentration est un phénomène irrervérible qui devrait toucher à terme toutes les entreprises . La disparition des petites et moyennes entreprises n’est donc pas programmée car elles disposent d’atouts importants .
2 – UNE PETITE TAILLE PEUT ETRE SOURCE D’EFFICACITE ECONOMIQUE
« Avec 4,1 % du marché mondial des semi-conducteurs , ST Microelectronics représente désormais bien plus que les deux éléments qui le composaient au moment de la fusion . Chacun pesait à l’époque 1,5 % Du marché mondial , une taille insuffisante pour développer les efforts nécessaires et se maintenir à flots dans un secteur où les générations de composants se succèdent à un rythme rapide » ( doc 5 ) L’exemple de cette entreprise franco-italienne née d’une fusion est donc représentative de la situation actuelle : la concurrence est de plus en plus forte entre les entrezprises du fait de la concommittanxce de deux phénomènes . La mondialisation d’abord qui accroît le nombre d’entreprises concurrentes ; les innovations qui se succèdent à un rythme de plus en plus grand . Pour y faire face , les entreprises doivent donc être de plus en plus puissantes ; elles sont donc obligées de fusionner , de raheter d’autres entreprises pour financer plus facilement leurs innovations .
Pourtant , quand on regarde les résultats réels de la concentration , on se rend compte qu’ils sont beaucoup moins bons que ceux que l’on espérait .« Quand on regarde l’ expérience passée , celle des fusions-acquisitions réalisées au cours des 10 ou 15 dernières années , le bilan , sur le long terme , est loin d’être positif » ( doc 8 ) . La concentration des entreprises n’aboutit donc pas toujours à des réussites , des effets pervers peuvent apparaître , notamment la constitution d’un vaste ensemble bureaucratique , au sens de Crozier , annihilant tout effort d’initiative et détruisant les entrepreneurs de type schumpétérien , qui innovent au sein de petites structures .
La grande taille n’est donc pas obligatoirement synonyme d’efficacité et n’est donc pas une tendance réelle de l’histoire économique .
I – LA FUSION DES ENTREPRISES : UNE OBLIGATION ACTUELLE POUR ASSURER CROISSANCE ET COMPETITIVITE
A – CONSTAT : DES ENTREPRISES DE PLUS EN PLUS GRANDES QUI RESULTENT D’UN MOUVEMENT DE CONCENTRATION
1 – DES ENTREPRISES DE PLUS EN PLUS GRANDES
Sur la plupart des marchés de biens et services , on remarque que le marché de concurrence pure et parfaite disparaît . IL n’ y a donc plus une multitude de petites entreprises de petite taille , mais quelques très grandes entreprises dominant le secteur ( doc 1 B ) . Cela peut être un quasi-monopole : c’est le cas de Microsoft avec les logiciles qui détient 90 % du marché des systèmes d’exploitation pour PC . Ou bien un oligopole : quelques entreprises se partagent le marché . Dans les services de distribution alimentaire , 5 entreprises détiennent chacune à peu près 20 % du marché .
2 – QUI RESULTENT D’UN MOUVEMENT DE CONCENTRATION
Cet accroissement de la taille des entreprises provient d’un mouvement de concentration des entreprises . Celle-ci peut prendre plusieurs formes : achat d’une entreprise par une autre , fusion de deux entreprises pour donner naissance à une 3 ° : STMicroelectronics nait de la fusion de l’italien SGS Microelectronica et du français Thomson Semiconducteurs (doc 5 ) . Cet exemple montre que le phénomène de fusion ne s’opère plus seulement ,au niveau national , mais au plan international . Ainsi , entre 88 et 2000 , la valeur totale des fusions acquisitions transfrontalières est passée de 150 milliards de dollars à 1000 milliards de dollars , soit une valeur multipliée par 8 . Ce phénomène a touché autant l’Amérique du Nord que l’Europe occidentale ( doc 1 A ) . En comptant toutes les formes de fusions , « le montant total des transactions devrait dépasser 2000 milliards de dollars » en 1999
Ce mouvement de concentration paraît être une obligation ; d’après V.Ellis ( doc 8 ) : « il n’ y a pas de grand secteur dans l’industrie ou les services qui , par nature , ne devrait pas être concerné par ce vaste mouvement de fusions-acquisitions » . En effet , pour résister à la concurrence , une grande taille semble être un atout .
B – UNE GRANDE TAILLE : UN ATOUT
1 – UN CONTEXTE ECONOMIQUE PARTICULIER
En effet , le contexte actuel est marqué par deux phénomènes . Le premier est l’ouverture des économies : les échanges extérieurs entre pays ont fortement augmenté depuis 50 ans . Les entreprises d’un pays ne sont donc plus seulement en concurrence entre elles , mais avec celles des autres pays . Pour résister à cet augmentation de la concurrence , les entreprises vont essayer d’accroître leur compétitivité , c’est-à-dire la capacité qu’elles ont à vendre leurs produits . Pour cela , elles disposent de 2 moyens : soit vendre moins cher en obtenant des coûts de production bas , c’est la compétitivité-prix , soit en proposant des produits de bonne qualité , c’est la compétitivité hors-prix ou qualité . Pour cela , elles vont donc être obligées d’innover , soit en mettant au point de nouveaux moyende production ( innovation de process ) , soit en créant de nouveaux biens et donc une nouvelle demande ( innovations de produits ) .
Ainsi , comme l’affirme D.Rodnik , mondialisation et progrès technique ne sont pas contradictoires , mais résultent d’une même logique qui oblige les entreprises à fusionner .
2 – OBLIGE A LA FUSION
a – Des innovations couteuses
L’importance du progrès technique rend donc indispensable la concentration dans certains secteurs : »parce que accéder aux nouvelles technologies suppose des investissements élevés , 800 millions de dollars pour la mise au point d’un nouveau médicament , on assiste à un mouvemùent de concentration dans la pharmacie ou de coopération interentreprises dans les semi-conducteurs pour partager les dépenses de recherche » ( doc 2 ) . En effet , les entreprises doivent disposer de profits importants , donc d’autofinancement pour pouvoir financer des dépenses de Recherche-Développement . Seules les grandes entreprises peuvent le faire , car ces innovations ont certes un coût élevé , maais elles sont aussi risquées : rien ne dit que l’invention , mise en évidence d’un élément théorique , se traduira par une innovation , c’est-à-dire la mise en pratique . Une partie des dépenses de R-D débouche ainsi sur aucun produit commercialisable . L’entreprise doit donc être d’une grande taille , disposer d’une assise financière solide pour pouvoir faire face aux risques de l’innovation . Ainsi , les entreprises de plus de 500 salariés investissent 16,2 milliards d’euros pour innover . La proportion d’entreprises innovantes augmente avec la taille : 85 % des entreprises de plus de 500 salariés innovent en produits ou procédés contre 33.3 % des entreprises de 20 à 49 salariés ( doc 4 )
b – l’obtention des économies d’échelle
La grande taille d’une entreprise facilite d’autant plus les innovations que celles-ci représentent un coût fixe . Les couts de production d’une entreprise se décomposent , en effet , en deux parties . Les premiers sont les coûts variables : matières premières , énergie , coût du travail qui augmentent avce la quantité produite . Les seconds sont des coûts fixes , c’est-à-dire des coûts qui ne varient pas en fonction de la quantité produite . Appartiennent donc à cette catégorie la R-D , mais aussi les dépenses de publicité , les réseaux de distribution , « les chaînes d’approvisionnement » ( doc 6 ) .
Comme ces dépenses sont indépendantes des quantités produites , il est donc efficace de produire beaucoup pour une entreprise car elle obtient des économies d’échelle . Plus elle produit , plus le coût unitaire diminue pour atteindre la taille critique : celle qui assure un minimum de coût unitaire et donc un maximum de compétitivité .
c- l’obtention de la part de marché critique
La baisse du coût unitaire peut aussi être renforcée par la position dominante sur le marché de la grande entreprise qui se retrouve en position d’oligopole en ce qui concerne la vente , et en position d’oligopsone pour l’achat de matières premières ( sur ce marché , il y a une multitude de vendeurs et quelques acheteurs) .
Pour V.Ellis ( doc 8 ) , ce qui compte aujourd’hui dans un contexte de mondialisation , ce n’est pas la taille critique , mais la part de marche critique : « finalement , ce qui importe davantage , c’est la puissance marchande que l’on peut erercer sur le marché plutôt que l’effet de taille proprement dit . C’est ce facteur qui permettra d’exercer une influence sur les fournisseurs en termes de prix , de qualité» .Ainsi , comme sa demande de matières premières ou de produits semi-finis est très forte , elle peut négocier des tarifs très avantageux et obliger ses fournisseurs à réduire ses marges ( ce que font les grands distributeurs alimentaires en France ) .
Cette baisse du coût unitaire va donc permettre à la grande entreprise à la fois de diminuer ses prix de vente , d’accroître sa compétitivité-prix et donc ses ventes , tout en augmentant son profit unitaire . La conjonction de ces deux éléments lui assure donc une augmentation des profits qu’elle pourra utiliser pour financer de nouvelles innovations .
d- des effets de synergie
Les effets positifs de la concentration ne se résument pourtant pas à des effets d’accroissement de la production ; car des effets de synergie se créent aussi , que l’on peut formuler par la formule 1+ 1 = 3 . En mettant en commun leurs salariés , leurs efforts de recherche , leur financement , les entreprises vont passer à une échelle supérieur et innover plus facilement . La fusion de l’italien SGS Microelectronica et du français Thomson Semi-Conducteurs en est un bon exemple ( doc 5 ) : « avec 4,1% du marché mondial des semi-conducteurs , ST Microelectronics représente désormais bien plus que les deux éléments qui le composaient au moment de la fusion . Chacun pesait à l’époque 1,5 % du marché mondial , une taille insuffisante pour développer les efforts de recherche –développement et se maintenir à flot dans un secteur où les générations de composants se succèdent à un rythme rapide » .
Le cas de Micro-electronics est donc bien représentatif de l’obligation actuelle qu’ont les entreprises à fusionner pour avoir une part de marché déterminante . Comme la concurrence est de plus en plus forte du fait de l’ouverture des économies et des dépenses d’innovations de plus en plus élevées , les entreprises pour résister doivent avoir une taille de plus en plus grande . Mais Microelectronics est aussi la preuve que la fusion est certes une condition nécessaire pour être compétitive , mais elle n’est pas suffisante « Dans le processus de rapprochement , l’intégration européenne a agi comme un catalyseur . Enfin , les complémentarités technologiques et géographiques étant bonnes , permettant une entrée sur la plupart des applications et une présence sur les principaux continents » ( doc 5 ) .
D’autres conditions sont donc nécessaires pour rendre la concentration efficace économiquement . Comme la suprématie des grandes entreprises n’est pas automatique , rien ne permet d’en déduire la disparition totale des petites entreprises , comme l’affirmait pourtant Schumpeter .
II –LA CONCENTRATION EST UNE CONDITION NECASSAIRE MAIS PAS SUFFISANTE POUR ASSURER L’EFFICACITE ECONOMIQUE
A – LES EFFETS NEGATIFS CONSECUTIFS A LA CONCENTRATION
1 - CONSTAT
La fusion d’entreprises n’aboutit pas toujours à plus d’efficacité et de croissance économique .. Quel que soit le secteur économique , les résultats économiques sont médiocres . Excepté les télécoms , la fusion se traduit davantage par une destruction de valeurs que part une création ( doc 3 ) : pour l’aérospatiale , 73,4 % Des entreprises qui ont fusionné connaisent une baisse de la création de richesses ; c’est le cas pour 67,7 % des entreprises dans la grande distribution .
Cette réduction de valeur s’explique donc par une absence de compétitivité des entreprises fusionnées , qui obligent les entreprises à licencier pour réduire leurs coûts : ainsi , dans le secteur bancaire , après une fusion de banques ayant des activités semblables et donc substituables , la réduction d’effectifs touche 25 % des salariés .
La conséquence est alors une perte de valeur de l’action qui mécontente les salariés . : 58 des actionnaires sont alors décus de la fusion .
Ainsi , « dans plus d’un cas sur 2 , les synergies ont été surestimées . Les bénéfices ne sont pas au rendez-vous . Principale raison d’échec : l’absence de prise en compte des ressources humaines et des différences culturelles » ( doc 3 )
2 – EXPLICATIONS
a- des fusions difficiles du fait de cultures d’entreprise différentes
En effet , une entreprise n’est pas seulement une entité qui souhaite atteindre le profit maximum en produisant , c’est aussi un groupe des personnes qui ont une culture commune , des manières de penser et de travailler spécifiques à l’entreprise . L’échec de la fusion peut alors s’expliques par deux types de raisons complémentaires : soit la nouvelle entité fait table rase des cultures précédentes mais a des difficultés à en élabore une nouvelle ; soit le groupe qui rachète l’entreprise décide de supprimer les modèles de gestion et de travail précédents pour imposer les siens . Une réelle acculturation doit donc avoir lieu : les salariés doivent abandonner leurs valeurs et normes
traditionnels pour acquérir ceux du nouveau groupe . Comme tout processus de déculturation opérée par la force , il peut engendrer des attitudes de rejet qui sont alors contre-productives : les salariés vont réduire leurs efforts , être moins innovants et dynamiques . « C’est le type de déconvenues qu’ont connues certaines compagnies américaines lorqu’elles ont sous-estimé l’importance de la culture locale d’une entreprise . En dépit des effets d’homogénéisation à la mondialisation des activités , l’Amérique et ses méthodes de gestion et de direction restent différentes de celles du reste du monde » ( doc 8 )
Les fusions internationales sont donc encore plus difficiles que la concentration d’entreprises de même nationalité , car les cultures sont encores plus éloignées : s’ajoutent des problèmes de langue , de modèles de gestion . Ainsi , les modèles français et américain de gestion se révèlent très différents : le salarié français est fier de sa qualification et est prêt à faire preuve d’initiative en ce qui concerne son métier ; en revanche , le salarié américain souhaite une définition claire des objectifs par son chef .
b – des fusions mal définies
Ces effets néfastes n’apparaissent qu’après l’opération de fusion . D’autres difficultés , au contraire , auraient pu être évitées si la concentration avait été mieux préparée . D’après V.Ellis , « l’une de ces raisons de ce bilan en demi-teinte est d’abord que les objectifs qui ont présidé à la fusion n’ont pas été clairement définis et d’autant moins facilement réalisés » ( doc 8 ) . Ainsi , le principal objectif devrait être l’ efficacité économique . Or , les PDG qui décident des fusions ont parfois des objectifs non pas pour l’entreprise , mais pour eux-mêmes . « Beaucoup de patrons se sont lancés dans la course à la fusion et à la taille critique sans véritable stratégie sinon celle de grossir à tout prix . Deux objectifs les motivent : soit accroître leur revenu et « en tirer quelque profit en matière de stock –options » , soit « l’obssession de puissance »qui les pousse à diriger une très grande entreprise . Ainsi , la main invisible d’A.Smith est remise en cause : la recherche du profit personnel du PDG n’aboutit pas à la satisfaction de l’entreprise toute entière .
STMicroelectronics n’était donc pas un cas type , mais au contraire une exception : si cette fusion a réussi , c’est parce que d’autres conditions étaient réunies : la volonte de « l’équipe dirigeante de réussir une fusion tenant compte des intérêts français et italiens » et deux entreprises complémentaires et non substituables .
Les opérations de concentration ne sont donc pas toujours synonymes de plus grande compétitivité . La grande taille d’une entreprise n’est donc pas toujours un atout pour faire face à la mondialisation .
B – LA CONCENTRATION , UN PHENOMENE QUI N'EST ABSOLUMENT PAS INELUCTABLE
1 – DES TAILLES DIFFERENTES SELON LE SECTEUR ECONOMIQUE
La concentration n’est donc pas un phénomène inéluctable . Une grande partie des secteurs économiques n’est donc pas concernée par des situations monopolistiques , mais au contraire par des situations de concurrence .
Certaines activités sont plus concentrées que d’autres . Ainsi , dans l’édition ou les matières plastiques , le chiffre d’affaires de 50 premières entreprises représente 20 ù du chiffre d’affaires du secteur . Mais , la majorité des activités est caractérisée par una atomicité relativement forte : dans le transport routier ou le commerce de gros , le chiffre d’affaires des 50 premières entreprise représente 2 % du chiffre d’affaires total ; dans l’hôtellerie , 12 % ( doc 4 ) .
Il est donc faux d’affirmer que la concentration est un phénomène irrervérible qui devrait toucher à terme toutes les entreprises . La disparition des petites et moyennes entreprises n’est donc pas programmée car elles disposent d’atouts importants .
2 – UNE PETITE TAILLE PEUT ETRE SOURCE D’EFFICACITE ECONOMIQUE
« La structure légère de la start up lui donne l’avantage en matière de réactivité et de flexibilité , ce qui la rend particulièrement apte à innover » ( doc 2 ) . Les PME ne sont pas toutes des entreprises passéistes , refusant toute évolution . Une grand partie d’entre elles font des efforts pour élaborer du progrès technique : 33 % des entreprises de 20 à 49 salariés font des innovations de produits ou de procédés ( doc 4 ) .
Leurs avantages se révèlent d’une autre nature que ceux des granes entreprises : de petite taille , elles ont des coûts fixes moins élevés et peuvent donc plus rapidement s’adapter à l’évolution de la demande . Cette flexibilité s’explique aussi par l’absence de contraintes qui pèsent sur les PME : les individus sont libres et peuvent plus facilement innover .
On retrouve alors l’analyse de Schumpeter pour qui l’entrepreneur est à la base de l’innovation et du progrès technique . Celui-ci est motivé par des espoirs de profit et a des caractéristiques particulières . C’est un individu qui va bouleverser les situations acquises et va donc se heurter à une certains hostilité des autres entrepreneurs . C’est donc une personne solitaire et en marge .
C’est pour cela que Schumpeter est très inquiet sur l’avenir du capitalisme : sa spécificité est de créer des innovations qui sont alors source de croissance . Or , comme l’écrit Schumpeter : « le progrès technique devient toujours davantage l’affaire d’équipes spécialistes entraînés qui travaillent sur commande et dont les méthodes leur permettent de prévoir les résultats pratiques de leur recherche . Ainsi le progrès économique tend à se dépersonnaliser et à s’automatiser , le travail des bureaux et des commissions tend à se substituer à l’action individuelle . L’unité industrielle géante parfaitement bureaucratisée n’élimine pas seulement en expropriant leurs possesseurs , les firmes de taille petite ou moyenne , mais en fin de compte , elle élimine également l’entrepreneur » .
Ainsi , sans tomber dans le pessismisme de Schumpeter , on peut en conclure qu’il existe encore aujourd’hui deux modèles d’entreprises qui peuvent s’adapter au contexte actuel de mondialisation et d’innovations coûteuses en jouant sur des atouts différents . Les grandes entreprises vont disposser de moyens de production importants et de capacités de financement pour les innovations . Les PME jouennt sur leur souplesse pour coller au marché et lancer des innovations qui répondront , en les anticipant , aux besoins du marché .
L’augmentation de la taille des entreprises et le passage de secteurs concurrentiels à des secteurs en oligopole et et en monopole n’est donc pas un phénomène inéluctable : tout dépend du secteur considéré . La valorisation par cetains PDG de la fusion pourrait alors s’expliquer non par une plus grande efficacité économique de la réunion d’entreprises , mais pour des aisons personnelles d’augmentation de profit .
Ainsi , il n’ y a pas de « best one way » concernant la gestion et l’efficacité économique des entreprises : tout dépend du secteur , mais aussi de la culture de l’entreprise et du pays . Il y a donc pour les entreprises , comme pour les pays différents chemins pour attrindre la croissance . Or aujourd’hui , en ce qui concerne la politique économique est présente une pensée unique seule la stratégie libérale est censée être la seule voie .
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