Thème de spécialité en terminale : A Smith

DIVISION DU TRAVAIL ET EXTENSION DES MARCHES CHEZ SMITH

PARTIE I L’ANALYSE DE SMITH.

INTRODUCTION : BIOGRAPHIE ET CONTEXTE

DOCUMENT 1 : lire aussi l’introduction p 340

la philosophie écossaise marque A. Smith

II s'imprègne des principes de l'école philosophique écossaise pour laquelle l'homme est guidé par deux grandes familles de forces instinctives :

• les instincts égoïstes qui le poussent à la jouissance individuelle et développent l'esprit de conquête;

• les instincts altruistes, qui dotent l'homme d'un « sens moral inné » et lui permettent de vivre en société en favorisant la coopération.

A dix-sept ans, il rejoint l'université d'Oxford pour laquelle il obtient une bourse; durant six années, il étudie la littérature et la philosophie.

Il découvre Hume (1711-1776) avec lequel il se lie d'amitié. Son ami revient de trois années passées en France et vient de publier son Traité sur la nature humaine. Mais Hume est réprouvé par les autorités religieuses. Sa philosophie naturaliste contredit en effet les préceptes de l'Église. Pour lui, ce sont les passions qui guident l'action humaine et non la raison. Il fait même de la passion d'enrichissement un désir qui ne connaît aucune limite, la seule découverte du Traité de la nature humaine dans la chambre de A. Smith a failli le faire chasser d'Oxford... Il en gardera une distance à l'égard du christianisme et un mépris des traditions non fondées sur des bases rationnelles. Cet esprit indépendant et frondeur le conduit à refuser de faire cours en latin quand il devient professeur.

A. Smith retourne en Ecosse en août 1746, et s'installe d'abord à Edimbourg. En 1751, A Smith obtient la chaire de logique à l'université de Glasgow, puis à trente ans, il est transféré à la chaire de philosophie morale qu'il conservera pendant douze années. En 1759, A. Smith publie la Théorie lies sentiments moraux. Dans cet ouvrage, il s'interroge sur le fait qu'un même individu puisse, dans certaines situations, manifester des comportements égoïstes où prime l'intérêt personnel alors que, dans d'autres situations, il se révèle agir sous « le regard d'un spectateur impartial » conformément à une morale inspirée par la communauté. L'influence de Hutcheson est très sensible. A. Smith en tire l'idée personnelle qu'il faut établir une distinction entre l'économique et la morale. L'égoïsme domine la sphère économique tandis que la vie sociale est conduite par « les sentiments moraux » qui comprennent l'altruisme, le respect de principes collectivement acceptés, etc. Ce livre lui confère une grande notoriété; mais surtout, cette réflexion philosophique préfigure son approche individualiste de l'économie de marché.

De la philosophie à l'économie

L'oeuvre de A. Smith ayant séduit le chancelier de l'échiquier Charles Townsend, celui-ci le fait nommer précepteur du jeune duc de Buccleugh. Cela va permettre à A. Smith d'accompagner ce jeune homme durant un voyage de formation de quatre ans (1763-1766) qui lui fait parcourir l'Europe. Smith est alors introduit par Hume parmi les encyclopédistes français. Il découvre d'Alemben et son souci de savoir total et ordonné; il se perfectionne dans l'analyse de l'individualisme méthodologique au contact d'Helvetius qui systématise le rôle de l'égoïsme dans les comportements humains. Mais il rencontre aussi Quesnay et Turgot qui l'initient à l'économie politique tandis que lui-même fait alors figure de maître en philosophie, les physiocrates l'inspirent par leur éloge du marché sans intervention publique; il admire leur construction théorique rigoureuse. Il affirmera lui aussi que c'est au moyen du « laisser-faire » et du « laissez-passer » que l'on obtient une économie prospère... Mais il ne les suivra pas dans leur idée que « seule la terre est productive ».

• Quand A. Smith revient en Ecosse en 1766, il dispose des matériaux nécessaires pour créer l'économie politique moderne Pendant dix ans, il va élaborer un ouvrage à la fois synthétique et original qui paraît en 1776. Daniel Villey note sévèrement la forme spécifique de ce traité d'économie révolutionnaire : « la Weaith of ations est aussi dénuée d'architecture que riche d'aperçus originaux. Elle ressemble à l'idée classique que nous nous faisons du roman anglais, long, plein de couleur, mais délayé; semé de digressions; dénué de toute unité d'action. Nous y trouvons ce goût du concret, cette attention au réel sans cesse éveillée, cette honnêteté modeste et candide, cette ignorance des lois de la composition, à quoi nous reconnaissons l'esprit de la patrie du nominalisme. L'Anglais aime le réel plus que le vrai [...). Il n'énonce jamais un principe, qu'il n'en reprenne aussitôt quelque chose, le dépouillant par la de sa valeur de principe [...]. Les anecdotes, les digressions, les remarques incidentes foisonnent, piquantes et charmantes, mais la pensée ne progresse pas. L'auteur a le temps. il flâne.»

Source : M Basle, et alii, Histoire des pensées économiques, Sirey,1988.

Questions :

  1. Dans quel contexte A Smith a-t-il vécu, quelle influence a-t-il pu exercer ?
  2. Montrez qu’A Smith a côtoyé tous les grands penseurs de son époque et que la richesse des nations peut-ainsi être considérée comme une synthèse.

SECTION I – LA DIVISION DU TRAVAIL .

I - DIVISION ET PROPENSION A L’ECHANGE CHEZ SMITH.

Document 2 : Livre doc 4 p 342 jusqu’à principal revêtement des sauvages

Questions :

  1. Quelle est l’origine de la division du travail que Smith met ici en évidence ?
  2. Questions 10 et 11 p 345
  3. A quel type d’individu Smith fait-il référence dans ce texte

Document 3 : 5 p342

Questions :

  1. Les intérêts des individus sont-il conciliables, si oui comment ?
  2. Est-il souhaitable que les individus adoptent un comportement altruiste dans leurs affaires ?

II - DIVISION ET ETENDUE DU MARCHE CHEZ SMITH.

Document 4 :

A : 7 p 343

B :

La Division du travail une Fois généralement établie, chaque homme ne produit plus par son travail que de quoi satisfaire une très petite partie de ses besoins. Le plus grande partie ne peut être satisfaite que par l’échange du surplus de ce produit qui excède sa consommation, contre un pareil surplus du travail des autres.Ainsi, chaque homme subsiste d’échanges devient une espèce de marchand, et la société elle même est proprement une société commerçante.

Source : A Smith, Op Cité.

Questions :

  1. Quelle influence à la taille du marché sur la division du travail ?
  2. Comment Smith explique t’il l’apparition de la société de marché ?

Document 5 :

L'importation de l'or et de l'argent n'est pas le principal bénéfice, et encore bien moins le seul qu'une nation retire de son commerce étranger. Quels que soient les pays entre lesquels s'établit un tel commerce, il procure à chacun de ces pays deux avantages distincts. Il emporte ce superflu du produit de leur terre et de leur travail pour lequel il n'y a pas de demande chez eux, et à la place il rapporte en retour quelque autre chose qui y est demandé. Il donne une valeur à ce qui

leur est inutile, en l'échangeant contre quelque autre chose qui peut satisfaire une partie de leurs besoins ou ajouter à leurs jouissances. Par lui, les bornes étroites du marché intérieur n'empêchent plus que la division du travail soit portée au plus haut point de perfection, dans toutes les branches particulières de l'art ou des manufactures. En ouvrant un marché plus étendu pour tout le produit du travail qui excède la consommation intérieure, il encourage la société à perfectionner le

travail, à en augmenter la puissance productive, à en grossir le produit annuel, et à multiplier par là les richesses et le revenu national. Tels sont les grands et importants services que le commerce étranger est sans cesse occupé à rendre, et qu'il rend à tous les différents pays entre lesquels il est établi. [...]

La découverte de l'Amérique [...}, en ouvrant à toutes les marchandises de l'Europe un nouveau marché presque inépuisable, a donné naissance à de nouvelles divisions de travail, à de nouveaux perfectionnements de l’industrie , qui n’auraient jamais pu avoir lieu dans le cercle étroit où le commerce était anciennement resseré , cercle qui ne leur offrait pas de marché suffisant pour la plus grande partie de leur produit . Le travaiol se perfectionna , sa puissance productive augmenta , son produit s’accrut dans tous les divers pays de l’Europe,et en mëme temps s’accrurent avec lui la richesse et et le revenu réel des habitants .

Source : Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de ta richesse des nations (1776), Livre 1, Chapitre 2, © Flammarion, 1991.

Questions :

  1. De quel courant de pensée la première phrase constitue t’elle une critique ?
  2. Explicitez par un schéma fléché les conséquences de la découverte de l’Amérique?
  3. Comment caractériseriez vous en termes modernes la phrase soulignée ?
  4. Quel précepte de politique économique Smith va t-il en tirer ?

III - DIVISION DU TRAVAIL ET ACCUMULATION DE CAPITAL.

Document 6 :

Une fois la division du travail [...] établie, un homme ne peut plus appliquer son travail personne] qu'à une bien petite partie de [ses] besoins. Il pourvoit à la plus grande partie de ces besoins par les produits du travail d'autrui achetés avec le produit de son travail, ou, ce qui revient au même, avec le prix de ce produit. Or, cet achat ne peut se faire à moins qu'il n'ait eu le temps, non seulement d'achever tout à fait, mais encore de vendre le produit de son travail. Il faut donc qu'en attendant il existe quelque part un fonds de denrées de différentes espèces, amassé d'avance pour le faire subsister et lui fournir, en outre, la matière et les instruments nécessaires à son ouvrage. [...J

Donc, puisque [...] l'accumulation d'un capital est un préalable nécessaire à la division du travail, le travail ne peut recevoir des subdivisions ultérieures qu'en proportion de l'accumulation progressive des capitaux. A mesure que le travail se subdivise, la quantité de matières qu'un même nombre de personnes peut mettre en oeuvre augmente dans une grande proportion ;et comme la tâche de chaque ouvrier se trouve successivement réduite à un plus grand degré de simplicité, il arrive qu'on invente une foule de nouvelles machines pour faciliter et abréger ces tâches. A mesure donc que la division du travail devient plus grande, il faut, pour qu'un même nombre d'ouvriers soit constamment occupé, qu'on accumule d'avance une égale provision de 'ivres, et une provision de matières et d'outils plus forte que celle qui aurait été nécessaire dans un état de hoses moins avancé. Or, le nombre des ouvriers augnente, en général, dans chaque branche d'industrie, en temps qu'y augmente la division du travail, ou plutôt c'est l'augmentation de leur nombre qui les met à portée de se classer et de se subdiviser de cette manière.

De même que le travail ne peut acquérir cette grande extension de puissance productive sans une accumulation préalable de capitaux, de même l'accumulation des capitaux amène naturellement cette extension. La personne qui emploie son capital à faire travailler cherche nécessairement à l'employer de manière à ce qu'il produise la plus grande quantité possible d'ouvrage;elle tâche donc à la fois d'établir entre ses ouvriers la distribution de travaux la plus convenable, et de les ournir des meilleures machines qu'elle puisse imaginer ou qu'elle soit à même de se procurer. Ses moyens pour réussir dans ces deux objets sont proportionnés, en général, à l'étendue de son capital ou au nombre de gens que ce capital peut tenir occupés. Ainsi, non seulement la quantité d'industrie augmente dans un pays en raison de l'accroissement du capital qui la met en activité, mais encore, par une suite de cet accroissement, la même quantité d'industrie produit une beaucoup plus grande quantité d'ouvrages.:

Source : Op. Cité.

Questions :

  1. Quelle relation Smith établit-il entre la division du travail et l’accumulation du capital, explicitez là par un schéma fléché.
  2. Explicitez la dernière phrase.

IV – DIVISION DU TRAVAIL, MARCE ET ECHANGES UN ORDRE NATUREL ?

Document 7 : 8 p 343

Questions :

  1. l’Etat doit-il intervenir dans l’économie pour favoriser l’extension de la division du travail et la croissance économique ?

Document 8 : 9 p 343

Questions :

  1. Comment est déterminé le taux commun des salaires ?
  2. Peut-on dire que les règles de la concurrence soient vérifiées, justifiez votre réponse en étudiant successivement le coté offre de traail puis demande de travail ?

SECTION II - DIVISION DU TRAVAIL ET PRODUCTIVITE.

I - L’EXEMPLE DE LA MANUFACTURE D’EPINGLES.

Document 9 : 2 p 341

Questions :

  1. Quelle aurait été la productivité d’un ouvrier réalisant dans seul toutes les tâches ( donc avant que ne soit opéré la division du travail ) , répondez à la question 3 p 345
  2. Quelle est la productivité d’un salarié dans la manufacture , question 4 du livre
  3. Pourquoi selon Smith observe-t-on une forte hausse des gains de productivité ?

II - LES DETERMINANTS DE L’EFFICACITE DE LA DIVISION DU TRAVAIL

Document 10 : 3 p342

Questions :

  1. Répondez aux questions 6 et 7
  2. Répondez à la question 8

III – LES EFFETS DE LA DIVISION DU TRAVAIL

A - LA DIVISION DU TRAVAIL , SOURCE DE CROISSANCE ET D’OPULENCE

DOCUMENT 11: 6 p 343

QUESTIONS :

1. Répondez aux

B - LES EFFETS SOCIAUX DE LA DIVISION DU TRAVAIL

DOCUMENT 12 : doc.4 à partir de ainsi la certitude

QUESTIONS :

1. La division du travail est-elle d’abord une cause ou une conséquence de la différence des talents naturels ?

2. Quel est le facteur qui selon Smith est à l’origine de la valorisation des différentes aptitudes ou intelligences ?

C – LES EFFETS PERVERS ENGENDRES PAR LA DIVISION DU TRAVAIL

Document 13 : 10 p 344

Questions :

  1. Pourquoi peut-on parler d’effet pervers ?

Document 14 : 11 p 344

Questions

  1. Quelles solutions Smith préconise t’il ?
  2. Est-il toujours opposé à l’intervention de l’Etat ?
  3. Montrez la modernité de ce passage .

PARTIE II - PROLONGEMENTS ET ACTUALITE DE L’ANALYSE DE SMITH

SECTION I - APPROFONDISSEMENT ET DEVELOPPEMENT DE L’ANALYSE SMITHIENNE

I – TAYLOR UN EPIGONE DE SMITH

Document 15 :

Est-ce que dans le système de direction scientifique, on ne considère pas un changement de travail, quand il y a différentes opérations à accomplir, comme une source de perte de temps, et en conséquence, ne penset-on pas qu'il est préférable, chaque fois que cela est possible, de faire accomplir chaque opération par un ouvrier spécialisé ?

M. le Président, ce qui est vrai à ce sujet dans le système de direction scientifique l'est également dans les autres modes de direction. Je pense que cette tendance à la spécialisation des ouvriers existe dans tous les modes de direction pour la raison qu'un homme produit plus quand il travaille dans sa spécialité... bien que l'on puisse considérer cette façon de faire comme déplorable sous certains aspects (et il n'y a pas de doute que de toute façon il y a certains modes de division du travail qui sont déplorables) la prospérité économique et le développement de la richesse, le fait que l'ouvrier moyen vit aujourd'hui mieux que les rois il y a 250 ans, ce fait est dû dans une certaine mesure à cette division du travail. Le travail et la responsabilité du travail se divisent d'une façon presque égale entre les membres de la direction et les ouvriers. Les membres de la direction prennent en charge tout le travail pour lequel ils sont mieux qualifiés que leurs ouvriers alors que dans le passé tout le travail et la plus grande partie de la responsabilité impliquée par ce travail incombaient aux ouvriers ( … ) C'est parce que l'on a combiné l'initiative des ouvriers et cette nouvelle façon de répartir le travail entre les ouvriers et la direction que le système de direction scientifique est plus efficace que les anciens modes de direction. (...) Le développement d'une science du travail implique la détermination de nombreuses règles, lois et formules qui remplacent le jugement de chaque ouvrier et qui ne peuvent être effectivement respectées que quand elles ont été systématiquement répertoriées, référencées, etc.L'utilisation pratique de données scientifiques exige également que l'on dispose d'une salle dans laquelle on classe ces documents et de bureaux dans lesquels puissent travailler les agents d'étude du travail. Ainsi toutes les prévisions qui, dans l'ancien système étaient laissées à l'initiative de l'ouvrier et qu'il pouvait faire en utilisant sa propre expérience doivent, nécessairement dans le nouveau système, être faites par des membres de la direction en appliquant des lois scientifiques ; même si l'ouvrier était qualifié pour énoncer et appliquer des lois scientifiques, u ne pourrait matériellement pas le faire, étant dans l'impossibilité de travailler à la fois sur une machine et devant un bureau. Par ailleurs, il est bien évident qu'il ne faut pas dans la plupart des cas avoir les mêmes aptitudes pour étudier le travail et en prévoir le déroulement et pour l'exécuter.

L'agent du bureau de préparation du travail, dont le rôle est spécifiquement de prévoir ce qui doit être fait, constate inévitablement que le travail peut être accompli mieux et plus économiquement quand il est divisé en ses éléments. Par exemple, chaque acte de chaque mécanicien doit être précédé par diverses actions préparatoires exécutées par d'autres personnes.

Source : FW Taylor, la direction scientifique des entreprises, dunod, 1957, extraits de l’exposé de Taylor, lors de sa comparution devant une commission d’enquête de la chambre des représentants des USA en 1912 à la demande de l’AFL (syndicat américain).

Questions :

Quels effets a l’introduction de l’OST sur les conditions de vie des ouvriers ?

Comment Taylor justifie t’il la double division du travail ?

Quels arguments de Taylor évoquent ceux de Smith ?

II – LA DIVISION DU TRAVAIL ENTRE LES ENTREPRISES : L’EXTERNALISATION

DOCUMENT 16 : 6 p 347

QUESTIONS :

  1. Question 4 p 348

III – VERS UNE DIVISION GLOBALE DU TRAVAIL

DOCUMENT 17 : (lire aussi le doc 5 p 347)

La concentration et la centralisation de la production qui caractérisent la révolution industrielle s'orientent vers des formes plus globales et planétaires, créant des complexes productifs de niveau international, transnational,planétaire [...]. Ces changements, par contre, conduisent à un système de réseaux qu'articulent de façon flexible un ensemble d'entreprises interdépendantes sans système hiérarchique établi. Dans cette période se développent plusieurs formes d'associations d'entreprises, de sous-traitance et fusions. On commence à parler d'une nouvelle forme d'entreprise globale. [... ]

Finalement, une nouvelle division du travail s'établit et se programme dans les pays les plus développés et s'étend au plan international. Les pays les plus développés, qui occupent une position dominante dans l'économie mondiale, tendent à se dédier fondamentalement aux nouvelles activités, créées par cette restructuration de la base productive. Ils transfèrent (en général, sous le contrôle de leur capital) aux pays de développement moyen (particulièrement les pays d'industrialisation récente) la production de composants et de parties du complexe productif global (en sous-traitance) qui demandent une force de travail pas trop chère, mais habile manuellement. Les pays moins développés tendent à s'isoler et à se marginaliser dans ce système, subissant le dumping d'une production agricole et industrielle de haute densité technologique, avec laquelle ils ne peuvent rivaliser.

SOURCE :Luis Antonio Cardoso, « Effets de la mondialisation sur la solidarité participative »,La nouvelle division du travail,Éditions de l'Atelier, 1999.

QUESTIONS :

En quoi la nouvelle division du travail mise en évidence par l’auteur s’appuye-t-elle sur les anticipations de Smith opérées au XVIII° siècle ?

Quelles sont les limites de l’analyse smithienne que pointe l’auteur ?

SECTION II - LES LIMITES DE L’ANALYSE SMITHIENNE

I– LA DIVISION DU TRAVAIL IMPOSEE PAR LA CONTRAINTE QUI VISE A EXTORQUER LE SAVOIR FAIRE OUVRIER.

DOCUMENT 18 :

Un modèle d'organisation fondé sur la subdivisions fonctionnelle des tâches ne peut faire appel chez les travailleurs ni à la conscience professionnelle ni à l'esprit de coopération. Il doit initialement recourir à la contrainte par des lois contre le « vagabondage et la mendicité, [...] et faire jouer [...] des normes de rendements et horaires impératifs, et des procédures techniques à respecter impérativement. Il ne peut desserrer les contraintes que s'il peut motiver les travailleurs [...] à se prêter de plein gré à un travail dont la nature, le rythme et la durée sont programmés d'avance par l'organisation de l'usine ou du bureau. SOURCE : A Gorz, Métamorphoses du travail. Quête de sens,galilée,1988.

QUESTIONS :

Gorz considère t’il que la division du travail résulte d’un instinct naturel qui pousse les individus à échanger ?

Quels sont les moyens mis en oeuvre afin d’imposer la division du travail ?

II – LES LIMITES DE L’APPROFONDISSEMENT DE LA DIVISION DU TRAVAIL

Document 19 : 1 p 346

Questions :

Répondez aux questions 2 et 3 p 347

III – LA DIVISION DU TRAVAIL N’EST PAS UN MODELE UNIVERSEL : CRITIQUE DU POSTULAT DU « ONE BEST WAY »

DOCUMENT 20 :

Si le subordonné américain entend bénéficier d'une large autonomie dans le choix des moyens qu'il adopte pour atteindre ses objectifs, il accepte volontiers, il demande même, que ceux-ci lui soient clairement fixés par son supérieur. Il travaille pour quelqu'un, qui doit précisément définir ce qu'il désire obtenir. Les demandes que les chefs de service américains font en ce sens à un directeur français contrastent, selon ce dernier, avec les pratiques françaises: «Les ingénieurs en France, la façon dont je les perçois, ont tendance à se créer leur propre système de valeurs en se disant: Bon, c'est bien évident qu'il faut que je fasse tourner mon propre machin.» Pareille affirmation paraît exprimer beaucoup de la réalité de notre usine et pas seulement pour les ingénieurs.

Chacun tend à pousser très loin sa propre interprétation de ses responsabilités, sans attendre que la direction de l'usine définisse ses objectifs. Ainsi un contremaître nous a longuement expliqué qu'il jugeait, il estimait, sans que personne lui ait confié cette responsabilité, devoir prendre une décision grave (« arrêter l'usine une heure, deux heures, une demi-journée») en cas de « danger corporel ». Sans doute y a-t-il quelque chose d'extrême et d'un peu provocant dans pareille déclaration. Mais, dans sa radicalité, elle traduit quelque chose de général qu'exprime bien la formule « Je me sens responsable ».Le subordonné français n'a pas besoin qu'on lui ait fixé une responsabilité pour se sentir responsable. Et ce terme n'a pas d'abord pour lui le sens américain des comptes à rendre à quelqu'un d'autre,mais met l'accent sur ce à quoi il estime devoir veiller.

SOURCE : P d’Iribarne , La logique de l’honneur , Le Seuil , 1989

QUESTIONS :

Existe-t-il « the one best way » qui s’impose à tous les individus , quelle que soit leur culture ?

Quels sont les modes d’organisation spécifiques à une entreprise française ? à une entreprise américaine ?

COMPLEMENT DE COURS N°1

I – LA CRITIQUE DE TOCQUEVILLE

DOCUMENT 1 :

Que doit-on attendre d'un homme qui a employé vingt ans de sa vie à faire des têtes d'épingles ? Et à quoi peut désormais s'appliquer chez lui cette puissante intelligence humaine, qui a souvent remué le monde sinon à rechercher le meilleur moyen de faire des têtes d'épingles !

Lorsqu'un ouvrier a consumé de cette manière une portion considérable de son existence, sa pensée s'est arrêtée pour jamais près de l'objet journalier de ses labeurs ; son corps a contracté certaines habitudes fixes dont il ne lui est plus permis de se départir. En un mot, il n'appartient ptus à lui-même, mais à la profession qu'il a choisie. (...)

À mesure que le principe de la division du travail reçoit une application plus complète, l'ouvrier devient plus faible, plus borné et plus dépendant. (...) Dans le même temps que la science industrielle abaisse sans cesse la classe des ouvriers, elle élève celle des maîtres*. Tandis que l'ouvrier ramène de plus en plus son intelligence à l'étude d'un seul détail, le maître promène chaque jour ses regards sur un plus vaste ensemble, et son esprit s'étend en proportion que celui de l'autre se , resserre. Bientôt il ne faudra plus au second que la force physique sans l'intelligence ; le premier a besoin de la science, et presque du génie pour réussir. L'un ressemble de plus en plus à l'administrateur d'un vaste empire, et l'autre à une brute. Le maître et l'ouvrier n'ont donc ici rien de semblable et ils diffèrent chaque jour davantage. Ils ne tiennent que comme les deux anneaux extrêmes d'une longue chaîne. Chacun occupe une place -oui-est faite pour lui, et dont il ne sort point. L'un est dans une dépendance continuelle, étroite et nécessaire de l'autre, et semble né pour obéir, comme celui-ci pourcommander. Qu'est-ce ceci, sinon de l'aristocratie ? (...) Mais cette aristocratie-là ne ressemble point à celles qui l'ont précédée. (...) Il n'y a pas de lien véritable entre le pauvre et le riche. Ils ne sont pas fixés à perpétuité l'un près de l'autre ; à chaque instant l'intérêt les rapproche et les sépare. L'ouvrier dépend en général des maîtres, mais non de tel maître. Ces deux hommes se voient à la fabrique et ne se connaissent pas ailleurs, et tandisqu'ils se touchent par un point, ils restent fort éloignés par tous les autres. Le manufacturier ne demande à l'ouvrier que son travail, et l'ouvrier n'attend de lui que le salaire. L'un ne s'engage point à protéger, ni l'autre à défendre, et ils ne sont liés d'une manière permanente, ni par l'habitude, ni par le devoir. (...)

L’aristocrafie territoriale des siècles passes était obligée par la loi, ou se croyait obligée par les moeurs, de venir au secours de ses serviteurs et de soulager leurs misères.Mais l'aristocratie manufacturière de nos jours, après avoir appauvri et abruti les hommes dont elle se sert, les Jlyre en temps de crise à la charité publique pour les nourrir. Ceci résulte naturellement de ce qui précède.Entre l'ouvrier et le maître, les rapports sont fréquents, mais il n'y a pas d'association véritable. Je pense qu'à tout prendre l'aristocratie manufacturière que nous voyons s'élever sous nos yeux est une des plus dures qui aient paru sur la terre.

*Ce terme est synonyme de "patron" comme dans l'expression "maître de forges".

SOURCE : A De Tocqueville, de la démocratie en Amérique , 1840.

QUESTIONS :

Tocqueville a t’il la même vision que Smith ?

Expliquez la phrase soulignée , à quelle analyse déjà vue en cours vous fait-elle penser ?

A partir de quelle référence Tocqueville analyse t’il la division du travail et ses répercussions , Montrez que l’analyse de Tocqueville est à la fois différente de celle de Smith et de Marx ?

II – CRITIQUE MARXISTE DE L’ANALYSE SMITHIENNE

DOCUMENT 2 :

Malgré les nombreuses analogies et les rapports qui existent entre la division du travail dans la société et la division du travail dans l'atelier, il y a cependant entre elles une différence non pas de degré mais d'essence. L'analogie apparaît incontestablement de la manière la plus frappante là où un lien intime entrelace diverses branches d'industrie. L'éleveur de bétail par exemple produit des peaux; le tanneur les transforme en cuir; le cordonnier du cuir fait des bottes.Chacun fournit ici un produit gradué et la forme dernière et définitive est le produit collectif de leurs travaux spéciaux. Joignons à cela les diverses branches de travail qui fournissent des instruments, etc., à l'éleveur de bétail, au tanneur et au cordonnier. On peut facilement se figurer avec Adam Smith que cette division sociale du travail ne se distingue de la division manufacturière que subjectivement, c'est-à-dire que l'observateur voit ici d'un coup d'oeil les différents travaux partiels à la fois, tandis que là leur dispersion sur un vaste espace et le grand nombre des ouvriers occupés à chaque travail particulier ne lui permettent pas de saisir leurs rapports d'ensemble. Mais qu'est-ce qui constitue le rapport entre les travaux indépendants de l'éleveur de bétail, du tanneur et du cordonnier? C'est que leurs produits respectifs sont des marchandises. Et qu'est-ce qui caractérise au contraire la division manufacturière du travail? C'est que les travailleurs parcellaires ne produisent pas de marchandises.Ce n'est que leur produit collectif qui devient marchandise. L'intermédiaire des travaux indépendants dans la société c'est l'achat et la vente de leurs produits ;le rapport d'ensemble des travaux partiels de la manufacture a pour condition la vente de différentes forces de travail à un même capitaliste qui les emploie comme force de travail collective. La division manufacturière du travail suppose une concentration de moyens de production dans la main d'un capitaliste;la division sociale du travail suppose leur dissémination entre un grand nombre de producteurs marchands indépendants les uns des autres. [...]

La division manufacturière du travail suppose l'autorité absolue du capitaliste sur des hommes transformés en simples membres d'un mécanisme qui lui appartient.La division sociale du travail met en face les uns des autres des producteurs indépendants qui ne reconnaissent en fait d'autorité que celle de la concurrence, d'autre force que la pression exercée sur eux par leurs intérêts réciproques. [...]

Tandis que la division sociale du travail, avec ou sans échange de marchandises, appartient aux formations économiques des sociétés les plus diverses, la division manufacturière est une création spéciale du mode de production capitaliste. [...]

La division du travail dans sa forme capitaliste — et sur les bases historiques données, elle ne pouvait revêtir aucune autre forme — n'est qu'une méthode particulière [...] d'accroître aux dépens du travailleur le rendement du capital, ce qu'on appelle Richesse nationale (Weaith of Nations). Aux dépens du travailleur elle développe la force collective du travail pour le capitaliste . Elle crée les circonstances nouvelles qui assurent la domination du capital sur le travail . Elle se présente donc et comme un progrès historique , une phase nécessaire dans la formation économique de la société , et comme un moyen civilisé et raffiné d’exploitation .

SOURCE : K.Marx , Le Capital , ( 1867 ) , Editions Sociales ,

QUESTIONS :

Après avoir distingué la division sociale du travail de la division manufacturière, expliquez pourquoi Marx, contrairement à Smith, considère qu’il existe entre les deuxformes une différence d’essence et non de degré ?

Quelle est la formede division du travail qui, selon Marx, est caractéristique du capitalisme ?

Marx considère t’il comme Smith que la division du travail permet :

- d’améliorer la productivité

- d’améliorer le bien-être des salaires

Expliquez à partir de la dernière phrase du texte en quoi, selon Marx, la division du travail a des effets ambigus

DOCUMENT 3:

A :

Le mécanisme spécifique de la période manufacturière c'est l'ouvrier collectif lui-même, composé de beaucoup d'ouvriers parcellaires.

Les différentes opérations, que le producteur d'une marchandise exécute alternativement et qui se fusionnent dans l'ensemble de son procès de travail, le sollicitent à des titres divers. Il lui faut déployer tantôt plus de force, tantôt plus d'habileté, tantôt plus d'attention ; or, le même individu ne possède pas toutes ces qualités au même degré. Une fois les différentes opérations séparées, isolées et rendues indépendantes, les ouvriers sont répartis, classés et groupés suivant leurs aptitudes particulières. Si leurs particularités naturelles constituent la base sur laquelle vient s'implanter la division du travail, la manufacture, quand elle est introduite, développe des forces de travail, qui naturellement ne sont aptes qu'à des fonctions spéciales. L'ouvrier collectif possède alors toutes les capacités productives au même degré de virtuosité et les utilise en même temps de la façon la plus économique, en appliquant uniquement à

leurs fonctions spécifiques tous ses organes, individualisés dans des ouvriers particuliers ou des groupes d'ouvriers. Plus l'ouvrier parcellaire est incomplet et même imparfait, plus il est parfait comme partie de l'ouvrier collectif. [...]

Dans la manufacture comme dans la coopération simple, le corps de travail qui fonctionne est une forme d'existence du capital. [...] La manufacture proprement dite soumet l'ouvrier, autrefois indépendant, aux ordres et à la discipline du capital ; mais elle crée en outre une gradation hiérarchique parmi les ouvriers même. Alors que la coopération simple n'apporte pas grand changement au mode de travail de l'individu, la manufacture le bouleverse de fond en comble et s'attaque à la racine même de la force de travail individuelle. Elle estropie l'ouvrier et fait de lui une espèce de monstre, en favorisant, à la manière d'une serre, le développement de son habileté de détail par la suppression de tout un monde d'instincts et de capacités. C'est ainsi que, dans les États de La Plata, l'on tue un animal pour la seule peau ou la seule graisse. Non seulement les travaux partiels sont répartis entre des individus différents ; l'individu est lui-même divisé, transformé en mécanisme automatique d'un travail partiel, si bien que se trouve réalisée la fable absurde de Menenius Agrippa, représentant un homme comme un simple fragment de son propre corps. A l'origine, l'ouvrier vend sa force de travail au capital, parce qu'il lui manque les moyens matériels nécessaires à la production d'une marchandise ; et maintenant, sa force de travail individuelle refuse tout service à moins d'être vendue au capital. Elle ne fonctionne plus que dans un ensemble qui n'existe qu'après sa vente, dans l'atelier du capitaliste. Rendu incapable, de par sa condition naturelle, de faire quelque chose d'indépendant, l'ouvrier de manufacture ne développe plus d'activité productive que comme accessoire de l'atelier du capitaliste. De même que le peuple élu portait inscrit sur le front qu'il appartenait à Jéhovah, la division du travail imprime à l'ouvrier de manufacture un cachet , qui le consacre propriété du capital.

SOURCE : K Marx, op cité.

B :

Un certain rabougrissement intellectuel et physique est inséparable même de la division du travail dans la société en général. Mais comme la période manufacturière pousse beaucoup plus loin cette scission sociale des branches de travail, et ne s'attaque à la racine de la vie de l'individu que par la division qui lui est propre, c'est elle qui, la première, fournit l'idée et la matière de la pathologie industrielle.

Subdiviser un homme, c'est l'exécuter, s'il a mérité la peine de mort, c'est l'assas, sner, s'il ne la mérite pas. La subdivision du travail est l'assassinat d'un peuple. La coopération fondée sur la division du travail, ou la manufacture, est primitivement quelque chose de naturel. Mais, dès qu'elle a pris un peu de consistance et d'étendue, elle se change en forme consciente, méthodique et systématique du mode de production capitaliste.

SOURCE : K Marx, op cité.

QUESTIONS :

Après avoir opposé le modèle de l’ouvrier collectif et celui de l’ouvrier parcellaire, vous montrerez en quoi le second s’appauvrit du développement du premier.

Marx considère que le concept d’effet pervers soit approprié pour expliquer les effets négatifs de la division du travail capitaliste ?

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