QSTP première la pratique sportive en fonction du sexe et de la CSP

Le 9-02-2007

QUESTION DE SYNTHESE A L’ISSUE D’UN TRAVAIL PREPARATOIRE



Thème : culture et socialisation

DOSSIER DOCUMENTAIRE :

Document 1 : Variation des pratiques sportives et des jugements sur le sport ( en %) : cf tableau distribué avec le devoir
Source : P Bourdieu, la distinction : critique sociale du jugement, éditions de minit

Document 2 :
A partir des années 60, les importantes transformations économiques, sociales et culturelles qui affectent la société française entraînent un nouveau regard sur le corps. Tandis que, parallèlement à l'augmentation du temps de loisir, un temps pour soi prend réellement consistance, les soins qui lui sont portés, en matière de beauté et de santé, se développent et deviennent légitimes. Sous l'effet des événements de mai 1968 et des revendications de libération du corps qui s'ensuivent, dans un contexte où le recul des grandes idéologies et des causes collectives s'accompagne d'un net repli sur la sphère individuelle, cette centration sur le corps croît encore au cours des années 70. S'occuper de son corps, en tant que lieu d'identité personnelle et de conquête individuelle, devient une priorité.(…). Le souci de conformité aux nouveaux codes esthétiques, qui font l'objet d'un véritable matraquage, ne fait qu'accroître ce phénomène. Les magazines féminins et la publicité consacrent un nouvel idéal : la minceur, incamée par les stars et les mannequins. Rondeurs et bourrelets sont bannis, seins et hanches gommés. Tandis que la jeunesse tend à devenir un style et une exigence pour tous, le corps, toujours plus dévoilé sur les plages comme dans la rue, est l'objet, de toutes les attentions. (…) les activités physiques et sportives connaissent un essor important. Dès le début des années 60, tandis que le sport, qui touche en majorité des hommes, décolle véritablement, un intérêt d'ordre hygiénique en faveur d'exercices visant directement l'entretien et la beauté du corps se dessine, tout particulièrement chez les femmes. Des cours de gymnastique d'entretien sont organisés de manière plus ou moins informelle. (…)
Dans la première moitié des années 80, se poursuit la perte d'audience des grandes institutions - syndicats, système politique, Eglise catholique - en même temps que s'accentue la centration de l'individu sur lui-même. Tout ce qui touche au corps et à l'attention que l'on peut lui porter connaît une nouvelle phase de croissance. Les magazines féminins redoublent leur regard sur lui : cette mise en scène continuelle tend à lui donner une importance symbolique considérable. Selon la revue vital on assiste à l'avènement d'une nouvelle ère de notre société, donnant au corps une place centrale. C'est alors une véritable «ère de la forme» qui commence. Modeler, manipuler, transformer son corps permettra «d'être en forme », nouveau but existentiel et valeur cardinale de cette période.(…). Elle recouvre également un aspect esthétique, promu par l'ensemble des médias qui mettent en valeur des corps non seulement minces mais également musclés: «Aujourd'hui, le muscle est roi. Objet de culte, synonyme de forme» (Elle, 22 novembre 1982), Sous couvert de la forme, beauté et santé apparaissent étroitement liées et interdépendantes. Etre en forme, c'est alors être dans l'air du temps, c'est être dynamique, performant, actif, sûr de soi, bien dans son corps. (…)
Cet engouement pour la forme entraîne le succès des activités physiques et sportives à des fins de transformations volontaires du corps et de ses apparences. Plus que toutes les autres pratiques, les exercices physiques, qui forgent les corps, sont en parfaite adéquation avec l'idéal d'un corps en pleine forme. Dès lors, ils prennent une importance considérable et deviennent même incontournables : c'est par l'activité physique qu'il faut conquérir forme, beauté et santé. L'exercice rapproche les trois notions. Il permet d'accéder à la «beauté tonique» et finalement à la forme.(….)
Dans une société où les exigences ne sont plus dictées de manière autoritaire, l'individu n'exerce-t-il pas sur lui un autocontrôle, un ensemble «d'autocontraintes» sans cesse plus grand? N'existe-t-il pas une profonde incorporation des normes qui marquent les limites des comportements possibles et admissibles? Et les femmes, qui s'investissent massivement dans les pratiques de forme, de santé et de beauté, n'y perdent-elles pas une partie de leur autonomie, si difficilement acquise, les cadres qui pour montrer leurs performances et leur jeunesse s’investissent dans le sportne sont-ils pas vivtimes du jeunisme de notre société ?
Source : Y Travaillot, les français à la conquête de leurs corps, in sciences humaines n°132, nov 2002.

Document 3 :
Tout se passe comme si la probabilité de pratiquer les différents sports dépendait, dans les limites définies par le capital économique (et culturel) et le temps libre, de la perception et de l'appréciation des profits et des coûts de chacune des pratiques en fonction des dispositions de l'habitus et, plus précisément, du rapport au corps qui en est une dimension.
Le rapport instrumental au corps que les classes populaires expriment dans toutes les pratiques ayant le corps pour objet ou enjeu,régime alimentaire ou soins de beauté, rapport à la maladie ou soins de santé, se manifeste aussi dans le choix de sports demandant un grand investissement d'efforts, de peine ou même de souffrance (comme la boxe) et exigeant parfois une mise en jeu du corps lui-même (comme la moto, le parachutisme, toutes les formes d'acrobatie et, dans une certaine mesure, tous les sports de combat).Le rugby qui cumule les traits populaires du jeu de ballon (ou de balle) et du combat mettant en jeu le corps lui-même et autorisant une expression -partiellement réglée- de la violence physique et un usage immédiat des qualités physiques «naturelles» (force, rapidité, etc.), est en affinité avec les dispositions les plus typiquement populaires, culte de la virilité et goût de la bagarre, dureté au «contact» et résistance à la fatigue et à la douleur, sens de la solidarité («les copains») et de la fête («la troisième mi-temps»). (….)
Tout semble indiquer que le souci de la culture du corps apparaît, dans sa forme élémentaire, c'est-à-dire en tant que culte hygiéniste de la santé, souvent associé à une exaltation ascétique de la sobriété et de la rigueur diététique, dans les classes moyennes (cadres moyens, employés des services médicaux et surtout instituteurs,et tout particulièrement parmi les femmes de ces catégories fortement féminisées) dont on sait qu'elles sont spécialement anxieuses du paraître et, par conséquent, de leur corps pour autrui et qui s'adonnent de manière particulièrement intensive à la gymnastique, le sport ascétique par excellence, puisqu'il se réduit a une sorte d'entraînement pour l'entraînement.(…) on comprend ainsi que les femmes de la petite bourgeoisie soient disposées à sacrifier beaucoup de temps et d’efforts pour accéder au sentiment d'être conformes aux normes sociales de la présentation de soi qui est la condition de 1’oubli de soi et de son corps pour autrui.
Mais la culture physique et toutes les pratiques strictement hygiéniques telles que la marche ou le footing sont liées par d’autres affinités aux dispositions des fractions les plus riches en capital culturel des classes moyennes et de la classe dominante ne prenant sens, le plus souvent, que par rapport à une connaissance toute théorique et abstraite des effets d'un exercice qui dans la gymnastique, se réduit lui-même à une série de mouvements abstraits, décomposés et organisés par référence à une fin spécifique et savante (par exemple «les abdominaux»), tout à l'opposé des mouvements totaux et orientés vers des fins pratiques de 1’existence quotidienne, elles supposent une foi rationnelle dans les profits diffèrés et souvent impalpables qu'elles promettent (comme la protection contre le vieillissement ou les accidents lies a 1’âge, profit abstrait et négatif). Mais en outre, du fait qu'elles peuvent être pratiquées dans la solitude, par une recherche quasi consciente de la distance maximum aux autres -courses en forêt, par des chemins écartés, etc.-, et qu'elles excluent donc toute concurrence et toute compétition (c'est une des différences entre la course à pied et le footing), elles s'inscrivent naturellement au nombre des partis éthiques et esthétiques qui définissent l'aristocratisme ascétique des fractions dominées de la classe dominante.(…)
Tous les traits qu'aperçoit et apprécie le goût dominant de l’élite aristocratique se trouvent réunis par des sports comme le golf, le tennis, le yachting, l'équitation (ou le jumping), le ski (surtout dans ses formes les plus distinctives, comme le ski de randonnée), l'escrime : pratiqués en des lieux réservés et séparés (clubs privés), à des moments de son choix, seul ou avec des partenaires choisis (autant de traits opposés aux disciplines collectives, aux rythmes obligés et aux efforts imposés des sports collectifs), au prix d'une dépense corporelle relativement réduite et en tout cas librement déterminée mais d'un investissement relativement important -et d'autant plus rentable qu'il est plus précoce- en temps et en efforts d'apprentissage spécifique (ce qui les rend relativement indépendants des variations du capital corporel et de son déclin avec l'âge), ils ne donnent lieu qu'à des compétitions hautement ritualisées et régies, au-delà des règlements, par les lois non-écrites du fair-play :. l'échange sportif y revêt l'allure d'un échange social hautement, policé, excluant toute violence physique ou verbale, tout usage, anomique du corps (cris, gestes désordonnés, etc.) et surtout toute espèce de contact direct entre les adversaires (souvent séparés par l'organisation même de l'espace de jeu et différents; rites d'ouverture et de clôture).
On peut poser en loi générale qu'un sport a d'autant plus de chances d'être adopte par les membres d'une classe sociale qu'il ne contredit pas le rapport au corps dans ce qu'il a de plus profond et de plus profondement inconscient, c'est-à-dire le schéma corporel en tant qu il est dépositaire de toute une vision du monde social, de toute une philosophie de la personne et du corps propre. Source : P Bourdieu, op cité.



TRAVAIL PREPARATOIRE :

  1. Donnez le mode de lecture et de calcul du chiffre entouré (doc. 1) ( 4 points)
  2. Montrez que les pratiques sportives et les jugements sur le sport varient en fonction de l’appartenance sociale et du sexe (opérez une analyse méthodique), que pouvez vous conclure des constats opérés. (doc. 1) (14 points)
  3. Vous montrerez que le système de valeurs a beaucoup évolué depuis le début des années 60 (distinguez 2 phases) , quelles répercussions cela a-t-il eu sur l’évolution de la vision du corps et de la pratique sportive (doc. 2) (12 points)
  4. Peut-on conclure de la phrase soulignée que les individus pratiquent un sport pour des motivations individuelles, rationnelles (doc 2) ( 8 points)
  5. Rappelez la définition du concept d’habitus vue en cours et montrez en quoi le rugby pour les classes populaires , la gymnastique et le footing pour les classes moyennes supérieures traduisent des conceptions différentes de la pratique sportive adaptées au modèle de chaque sous culture (doc. 3) ( 12 points)
  6. Montrez en quoi la pratique sportive de l’élite peut être assimilée à une cérémonie sociale visant à faire intérioriser aux individus les modèles de comportements attendus par le groupe (doc3 ) (10 points)

PARTIE II – QUESTION DE SYNTHESE : VOUS DEMONTREREZ

DANS UNE PREMIERE PARTIE QUE L’ON OBSERVE UNE EVOLUTION DU MODELE CULTUREL ET ECONOMIQUE CARACTERISANT LA SOCIETE FRANCAISE DEPUIS LES ANNEES 1960 QUI S’EST TRADUITE PAR UN SOUCI CROISSANT DU CORPS ET DE SES PERFORMANCES, DONC PAR UNE PLACE PLUS IMPORTANTE DONNEE AUX REGIMES ET AU SPORT. DANS UNE SECONDE PARTIE VOUS RELATIVISEREZ EN CONSTATANT QU’ EN FONCTION DU SEXE ET DE L’APPARTENANCE SOCIALE LES STEREOTYPES PHYSIQUES ET LES PRATIQUES SPORTIVES QUI LES MODELENT DEMEURENT TRES DIFFERENTS, TRADUISANT DES HABITUS , SPECIFIQUES A CHAQUE SOUS-CULTURE.

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