bac BLANC 31-1-2007 Question de synthèse : SMIC et chômage

Question de synthèse




Epreuve de Sciences Economiques et Sociales


QUESTION DE SYNTHESE ETAYEE PAR UN TRAVAIL PREPARATOIRE


II est demandé au candidat :
1 - De conduire le travail préparatoire qui fournit des éléments devant être utilisés dans la synthèse.
2 - De répondre à la question de synthèse :
- par une argumentation assortie d'une réflexion critique, répondant à la problématique
donnée dans l'intitulé,
- en faisant appel à ses connaissances personnelles,
- en composant une introduction, un développement, une conclusion pour une longueur
de l'ordre de trois pages .
Ces deux parties sont d'égale importance pour la notation.
Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation

Thème du programme : travail et emploi


TRAVAIL PREPARATOIRE (10 points) :

Mesurez par des calculs la compétitivité des ouvriers français relativement à celle de nos principaux partenaires européens , que pouvez vous en conclure sur les risques de déocalisation et de désindustrialisation .? (doc 1) (2 points)
Montrez en vous aidant de la phrase soulignée quels pourraient –être les effets de la réduction du SMIC en France. (doc 2 , 2 points)
Après avoir rappelé la définition du sous emploi, vous expliquerez la relation (à présenter) que Généreux décrit entre la baisse du salaire minimum et l’évolution du sous-emploi. (doc 2 , 2 points)
Donnez le mode de lecture et de calcul du chiffre pour la France, puis comparez la situation française à celle des Etats-Unis , que pouvez vous en conclure ? (doc 3, 2 points)
Après avoir rappelé la définition du taux de chômage structurel, expliquez la relation que M Pébereau met en évidence, comment pouvez vous la justifier (doc 3 , 2 points)

QUESTION DE SYNTHESE ( 10 points) : APRES AVOIR MONTRE LES EFFETS PERVERS GENERES PAR L’IMPOSITION D’UN SALAIRE MINIMUM, VOUS EXPLICITEREZ LEES MESURES A METTRE EN ŒUVRE POUR DIMINUER LE CHOMAGE. DANS UNE SECONDE PARTIE VOUS RELATIVISEREZ.


DOSSIER DOCUMENTAIRE :

Document 1 :
Source : BLS

Document 2 :
Ces conclusions ordinaires de l'approche libérale ne sont pas confirmées par les dizaines d'études empiriques sur la relation entre coût du travail et emploi dans les pays industriels. Au niveau macroéconomique, il n'existe pas de liaison significative entre emploi et coût relatif du travail. Il n'y a donc pas d'effet de substitution du travail au capital quand le prix relatif du travail diminue.
Force est de constater que les pays les plus compétitifs et structurellement excédentaires dans les échanges extérieurs sont souvent des pays à travail cher (Allemagne et Japon notamment). Et de toute façon, la quête d'une meilleure compétitivité-prix par la baisse du coût du travail est à double tranchant : si tout le monde cherche à être plus compétitif en comprimant ses coûts, personne n'est plus compétitif. (…)
Quand l'effet négatif du salaire minimum existe, il est de faible ampleur. Aux Etats-Unis, selon A. Wellington (1991), une hausse de 10 % du salaire minimum réduirait l'emploi des jeunes de 0,5 % à 0,7 %. Mais bien des études de cas donnent des résultats inverses. Ainsi, la forte hausse du salaire minimum californien à la fin des années 80 s'est accompagnée d'un essor de l'emploi des jeunes. A la même époque, au Texas, L. Katz et A. Krueger (1992) ont étudié la réaction d'un échantillon de fast-foods à la hausse du salaire minimum. Le plus souvent, ils n'ont pas usé de la possibilité de payer un sous-salaire pour les jeunes (85 % du salaire minimum). Ils ont même relevé les salaires d'embauche pour conserver un écart positif avec le salaire minimum là où cet écart existait avant la hausse. Et tout ceci n'a pas déprimé l'emploi des jeunes.
Inversement, la forte baisse relative du salaire minimum fédéral dans les années 70-80 (de 55 % du salaire moyen en 1968 à 35 % en 1989) n'a pas évité le sous-emploi relatif des jeunes. Plus généralement, malgré la forte baisse absolue et relative des bas salaires américains, le taux de chômage relatif des travailleurs non qualifiés a augmenté dans les années 80. On sait par ailleurs que ce sous-emploi relatif serait d'un niveau comparable au niveau européen, si le taux d'emprisonnement des jeunes hommes n'était pas aux Etats-Unis cinq à dix fois supérieur au taux européen .
Source : Les vraies lois de l'économie : le salaire n'est pas l'ennemi de l'emploi par Jacques Genereux. In Alternatives économiques n°203.

Document 2 :
L'enfer est, on le sait, pavé de bonnes intentions. L'invention du smic est une excellente illustration de cette maxime. Lorsque le ministre du Travail de Jacques Chaban-Delmas, Joseph Fontanet, crée le salaire minimum interprofessionnel de croissance (smic) en 1970, il veut non plus se contenter d'assurer aux salariés un minimum de subsistance, mais leur offrir une participation aux « fruits du progrès ». Sans le savoir, il vient de mettre au point une machine à fabriquer des chômeurs et des travailleurs pauvres.
« L'augmentation de 43 % du smic depuis juin 1997 a déjà détruit massivement des emplois peu qualifiés et continuera à le faire dès que l'économie ralentira », assure Eric Chaney, chef économiste de Morgan Stanley pour l'Europe. « Son augmentation trop rapide a largement contribué à maintenir le taux de chômage structurel autour de 10 % », renchérit Michel Pébereau, président du conseil de surveillance de BNP Paribas. Plusieurs études ont mesuré ces dernières années l'impact des hausses du salaire minimal sur l'emploi. Verdict : sans compensation, le relèvement de 10 % du smic coûte entre 40 000 et 300 000 emplois. « L'effet est particulièrement dévastateur pour les jeunes, dont la productivité est plus faible », souligne André Babeau, professeur honoraire à Paris-Dauphine.
Conséquence, le salaire minimal tricolore est l'un des plus élevés du monde, à 1 254 euros brut par mois, contre 753 aux Etats-Unis ou 631 en Espagne. Ce qui n'a pas empêché l'apparition des travailleurs pauvres (qui représentent un à deux salariés sur dix !), ni la multiplication des bataillons d'employés et d'ouvriers qui ne gagneront jamais beaucoup plus que ce minimum légal. Aujourd'hui 2,5 millions de personnes, soit plus d'un salarié sur six, sont smicardes : deux fois plus qu'en 1994.

Source : l’expansion, faut-il supprimer le SMIC, 01-12-2006 in :
http://www.lexpansion.com/art/137.0.151152.0.html


Introduction :
- « L’enfer est , on le sait , pavé de bonnes intentions .L’invention du smic est une excellente illustration de cette maxime » (l’expansion du 1-12-2006) .
- Ainsi , de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour critiquer le salaire minimum
- définition du salaire minimum : salaire plancher en dessous duquel un individu ne peut être légalement rémunéré . Ex : en France , le SMIC , créé en 1970 , qui augmente au rythme de la croissance et de l’inflation
- D’après les libéraux , le salaire minimum crée des effets pervers : alors que son objectif est d’améliorer le sort des travailleurs les plus fragiles , ses résultats se révèlent totalement différents : c’est « une machine à fabriquer des chômeurs et des travailleurs pauvres » ( doc 3 ) . Pour résoudre le chômage , il faudrait alors supprimer toutes ces réglementations et revenir à un marché de cpp .
- Mais sa disparition entraînerait , selon les keynésiens et les nouveaux classiques des effets négatifs encore plus grands , car le salaire n’est pas seulement un coût de production , mais aussi un revenu


I – Les effets pervers générés par l’imposition d’un salaire minimum imposent sa disparition pour lutter contre le chômage

A – Les effets pervers générés par le salaire minimum

Contrairement à ses objectifs affichés , l’instauration du Smic crée du chômage et détériore le sort des travailleurs pauvres .

1. Le Smic crée du chômage

a- Constat

- en France , l’augmentation de 10 % du Smic détruit entre 40 000 et 300 000 emplois ( doc 3 )
- cette destruction d’emplois génère alors une augmentation du chômage : selon M.Pebereau « son augmentation trop rapide a contribué à maintenir le taux de chômage structurel autour de 10 % « ( doc 3 )
- ce phénomène est particulièrement vrai pour les emplois peu qualifiés et génère du chômage chez les jeunes et les non qualifiés : aux EU , « une hausse de 10 % du salaire minimum réduirait l’emploi des jeunes de 0,5% à 0,7 % » ( doc 2 )

b- Explications

Ø Le Smic réduit la compétitivité-prix des entreprises

v ce constat s’explique par l’analyse néo-classique :
o analyse micro-économique :
§ l’analyse étudie d’abord un seul individu
§ puis additionne tous les comportements individuels pour obtenir le comportement général , car tous les individus sont semblables
o analyse à la marge : l’individu étudie les conséquences de l’utilisation d’une unité de travail supplémentaire

- pour la demande de travail :
l’objectif de l’entreprise est de faire le maximum de profit →elle compare ce que lui rapporte un travailleur supplémentaire ( productivité marginale ) avec ce qui lui coûte ( salaire réel )→ tant que la productivité marginale est supérieure au salaire réel , elle embauche →la quantité de travail est déterminée par l’égalisation entre salaire et productivité marginale→ la demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel
salaire minimum → l’entreprise réduit donc sa demande de travail
→ cela touche surtout les moins productifs ( jeunes , peu qualifiés ) car la législation impose de leur verser des niveaux de salaire supérieurs à leur niveau de productivité . Comme l’entreprise ne veut pas faire de perte , elle ne va pas les embaucher . Le chômage des non qualifiés sera d’autant plus fort que l’écart avec le salaire moyen sera faible : c’est le cas pour la France où le salaire minimal brut représente 50 % du salaire moyen brut , alors que l’écart n’est que de 24 % aux EU . Comme l’écart de coût salarial entre qualifiés et non qualifiés est plus faible que l’écart de productivité , les entreprises préfèrent embaucher des qualifiés .

- pour l’offre de travail :
l’objectif du travailleur est de travailler le nombre d’heures qui lui assure la situation optimale → il compare ce qui lui apporte une unité de travail ( salaire réel ) avec ce que cela lui coûte ( perte de loisir) → tant que le salaire réel est supérieur à la perte de loisir , il augmente sa quantité de travail → la quantité de travail optimale est celle qui égalise perte de loisir et salaire réel → la demande de travail est donc une fonction décroissante du salaire réel salaire minimum → les travailleurs sont incités à entrer sur le marché du travail → augmentation de l’offre de travail

- Conclusion : O de travail ≥ demande de travail → chômage
- Une solution pour les entreprises est alors de remplacer le travail par du capital , c’est-à-dire investir , ce qui génère d’autant plus du chômage

v Le chômage est renforcé par la mondialisation
- Ce chômage se retrouve même dans des économies fermées . Avec l’ouverture croissante des économies , il devient de plus en plus important . En effet , le salaire est un élément essentiel du coût de production
Hausse du salaire→ hausse du coût de production → diminution de la compétitivité-prix → les produits du pays sont plus chers que ceux des produits étrangers → baisse des parts de marché → entreprises font faillite → hausse du chômage
- Ainsi , la différence internationale de coûts salariaux peut expliquer le niveau de chômage français : le coût horaire d’un ouvrier français est 1,5 fois supérieur à celui d’un ouvrier espagnol ( doc 1 ) . Les différences sont encore plus importantes en terme de salaire brut qui représente mieux le coût du travail : « 1254 euros brut par mois , contre 753 aux EU ou 631 en Espagne » ( doc 3 )

Ø Car , d’après les libéraux , il n’ y a jamais de problèmes de débouchés : loi de Say


2. Le Smic crée des travailleurs pauvres

a –Constat ( doc 3 )

- en France , un à 2 salariés sont des travailleurs pauvres → pauvreté absolue : ils n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins fondamentaux
- 2,5 millions de personnes , soit plus d’un salarié sur 6 sont smicardes , 2 fois plus qu’en 94 → pauvreté relative : n’arrivent pas au mode de consommation jugé normal par la société

b – Explications

- car le niveau élevé du salaire minimum influence la quantité , mais aussi la qualité des emplois
- comme le coût du travail est élevé , les entreprises vont développer des formes d’emplois plus rentables pour elles :
o temps partiel
o CDD ou interim
- le salaire minimum n’est absolument pas méritocratique , puisque son niveau n’est pas fixé par les performances de chacun , mais de manière réglementaire . Ainsi , l’augmentation du salaire pour certains empêche d’autres de connaître des promotions salariales , car la masse salariale ( total des salaires et des cotisations sociales ) n’est pas extensible . Une grande partie des smicards ne pourra donc pas avoir d’augmentation de salaires

Conclusion : le salaire minimum est donc responsable du chômage et de la pauvreté des travailleurs . C’est donc un échec complet « puisque lorsque le ministre du Travail de J.Chaban-Delmas J.Fontanet , crée le Smic en 1970 , il ne veut plus se contenter d’assurer aux salariés un minimum de subsistance , mais leur offrir une participation aux fruits du progrès » ( doc 3 ) .


B – exigent sa disparition et le retour au marché de cpp

Introduction : Pour les libéraux la solution est de revenir à un marché du travail en cpp .

1. Présentation du marché de cpp

5 hypothèses : atomicité ,libre-entrée sur le marché , transparence ,mobilité parfaite des facteurs de production , homogénéité

2. Le marché de cpp est la meilleure organisation économique possible

-grâce à ces hypothèses , le marché ne connaît plus de déséquilibre durable , du fait de la flexibilité des salaires :
chômage → offre de travail ≥demande de travail → salaire réel diminue → offre de travail diminue et demande augmente → O = D
- dans ces conditions , il ne peut exister de chômage durable involontaire . Les libéraux considèrent qu’il ne peut y avoir que 2 formes de chômage :
§ Chômage de frottement résultant du temps nécessaire pour mettre en relation l’offre et la demande de travail
§ Chômage volontaire qui résulte du refus de certains de travailler au taux de salaire réel en vigueur

3. Il faut donc supprimer ou limiter les réglementations sur le marché du travail

- la solution est alors soit de supprimer totalement le salaire minimum , soit de le fixer à un niveau inférieur au salaire d’équilibre : c’est ce qui se passe aux Eu où le salaire minimum ne représente que 24% du salaire moyen
- cela permet ainsi de réduire le taux de chômage structurel ou appelé naturel pour Friedman : les politiques de relance conjoncturelle n’ont aucune influence durable sur le chômage , leur seule conséquence à long terme est l’inflation . Dans sa remise en cause de la courbe de Phillips , Friedman a montré que le taux de chômage était , sur le long terme , indépendant de l’inflation . Son niveau dépend des imperfections du marché du travail , de toutes les rigidités qui l’empêchent de fonctionner comme un marché de cpp
- supprimer le Salaire minimum permettrait ainsi de supprimer une des rigidités responsables du chômage

Conclusion : le salaire minimum génère , d’après les libéraux , une augmentation des coûts salariaux et une perte de compétitivité-prix , entraînant une augmentation du chômage et de la pauvreté . La solution serait alors de le supprimer pour revenir au marché de cpp .


II – Mais l’abandon du salaire minimum entraîneraient d’autres effets pervers car le salaire est certes un revenu , mais aussi un coût

Transition : Or , d’après J.Généreux , « Ces conclusions ordinaires de l’approche libérale ne sont pas confirmées par les dizaines d’études empiriques sur la relation entre coût du travail et emploi dans les pays industriels »( doc 2 )

A – Une relativisation empirique des effets pervers du salaire minimum ( doc 1 )

1 – La suppression du salaire minimum ne crée pas des emplois

- dans les années 70-80 , la baisse relative du salaire minimum fédéral aux EU n’a pas empêché la hausse relative du taux de chômage des non qualifiés et l’augmentation du sous-emploi qui « serait d’un niveau comparable au niveau européen , si le taux d’emprisonnement des jeunes hommes n’était pas aux EU 5 à 10 fois supérieur au taux européen »

2 – A contrario , son maintien ne détruit pas des emplois

- la forte hausse du salaire minimum californien à la fin des années 80 s’est accompagnée d’un essor de l’emploi des jeunes
Conclusion : le salaire minimum ne peut être tenu responsable du chômage et de la pauvreté .

B – Explications

Car la suppression du salaire minimum peut avoir des effets pervers sur la situation de l’emploi pour des raisons macro-économique et micro-économique

1- Les effets pervers macro-économiques

a – supprimer le salaire minimum est inutile si cette mesure est généralisée

- En effet , la suppression du Smic permet d’accroître la compétitivité-prix si un seul pays applique cette stratégie . Ainsi , ses coûts de production seront plus faibles et il pourra augmenter ses parts de marché
- Mais « la quête d’une meilleure compétitivité-prix par la baisse du coût du travail est à double tranchant : si tout le monde cherche à être plus compétitif en comprimant ses coûts , personne n’est plus compétitif » ( doc 1 ) . Car la compétitivité est une notion relative : un pays doit avoir des coûts plus faibles que ses concurrents ; si tous connaissent une baisse des coûts de production , on revient à la situation de départ au niveau de la compétitivité , mais avec une baisse générale des salaires au niveau mondial .

b- et cette mesure a des conséquences négatives

- Or le salaire est certes un coût de production , c’est aussi un revenu
- la baisse générale des revenus résultant de la suppression du salaire minimum va , d’après l’analyse de Keynes , générer une augmentation du chômage :
baisse des salaires → baisse des revenus → baisse de la demande effective→ les entreprises déterminent leur demande de travail en fonction des prévisions de la demande de biens et services → baisse de la demande de travail→ hausse du chômage
- un cercle vicieux se crée alors :
o d’après la théorie du multiplicateur de Keynes : baisse de la demande → baisse de la production → baisse des revenus → baisse de la demande → baisse de la production .Ainsi un cercle vicieux déflationniste se crée
o d’après la théorie de l’accélérateur d’Harrod : baisse de la demande → diminution plus rapide de l’investissement → les entreprises ne peuvent donc plus accroître leur productivité ou améliorer leurs produits → perte de compétitivité-prix ou qualité

Transition : la baisse des salaires a aussi des effets préjudiciables pour la compétitivité micro-économique d’une entreprise

2 – Les effets pervers micro-économiques

- en effet , baisser les salaires peut être préjudiciable pour une entreprise et donc pour le pays : théorie du salaire d’efficience : c’est l‘analyse des nouveaux keynésiens : ce n’est pas la productivité qui détermine la salaire , mais le salaire qui influence la productivité
plus de salaire minimum → salaire diminue→ les salariés ont l’impression d’être mal traités , ils pensent qu’on ne les juge pas à leur vraie valeur , ils ne craignent pas de perdre leur emploi → productivité diminue
- ce que l’on a gagné en terme de salaire est donc perdu en terme de productivité . Car ce qui intéresse l’entreprise , ce n’est pas le niveau absolu du salaire , mais sa comparaison avec le niveau de productivité

Transition : Des salaires élevés ne sont donc pas un problème


C – Les effets positifs du salaire minimum

1 – Constat

- C’est pour cela que les pays à faible taux de chômage sont aussi des pays à travail cher : « les pays les plus compétitifs et naturellement excédentaires dans les échanges extérieurs » sont « souvent des pays à travail cher : Allemagne et Japon ( docs 2 )
- Les deux pays développés qui ont le coût horaire en 2003 le plus élevé ( Danemark , Pays-bas ) sont des pays à faible taux de chômage
- Le Danemark est un pays développant un modèle particulier favorisant la compétitivité-qualité

2 – Explications

- salaire élevé → forte productivité → coût de production faible→ compétitivite-prix
- → population très qualifiée→ innove→ produits nouveaux de bonne qualité→ compétitivité-qualité


Conclusion :
- pour les libéraux , le salaire minimum est contre-productif : au lieu d’améliorer la situation des plus pauvres , il la détériore La solution est alors de le supprimer ou de le fixer en-dessous du salaire d’équilibre
- Or , sa suppression engendrerait des effets pervers d’après les keynésiens , tant au niveau de la collectivité qu’au niveau des entreprisesDerrière ce débat se cache une opposition plus fondamentales : les individus sont-ils , comme le considèrent les néo-classiques responsables de leur sort car vivant au sein d’un système méritocratique , ou bien sont-ils , comme le pensent Keynes soumis à des forces contre lesquelles ils ne peuvent lutte

BAC blanc 31-1-2007: dissertation croissance et développement durable

SUJET : La croissance économique et développement durable sont-ils compatibles ?
Baccalauréat blanc n° 1 de SES – Janvier 2007


Dissertation en 4 heures



Sujet : La croissance économique et le développement durable sont-ils compatibles ?

Dossier documentaire :

Document 1 :
Source : Alternatives économiques , n°253 , décembre 2006

Document 2 :
Suivant l’approche néoclassique, les ressources naturelles sont des déterminants de la richesse nationale et de la croissance. Le capital naturel aussi bien que le capital humain doivent être traités de la même manière que le capital physique, car tous les trois sont parfaitement substituables. En effet, le capital naturel, même s’il est intrinsèquement irremplaçable, n’a de valeur pour l’homme que par les services qu’il lui rend. Le progrès technique, qui permet de repousser les limites de la croissance économique, résout aussi les problèmes sociaux et environnementaux.
Les mécanismes de marché, guidés, si nécessaire, par une politique environnementale, assurent alors une gestion efficace du capital naturel. En ce qui concerne les ressources non renouvelables, l’existence d’une rente permet aux entreprises d’investir pour substituer des ressources artificielles manufacturées aux ressources naturelles en voie d’épuisement. En ce qui concerne la pollution, la prise en compte des externalités négatives dans le calcul économique amène à instaurer soit des taxes qui font payer les dommages par les pollueurs (par exemple une taxe sur le carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre), soit des droits de propriété qui font partager les coûts des dommages entre les pollueurs et les pollués (par exemple un marché de droits d’émissions).
Ces instruments économiques permettent de dépasser la logique de court terme des agents, et le développement durable consiste à conserver la capacité globale des sociétés humaines à augmenter la production de bien-être.(…)
Pour les tenants du paradigme écologique, le rapport marchand est incapable de gérer de manière satisfaisante l’ensemble des questions sociales, environnementales et même économiques : les arbitrages du calcul économique entre ces trois « piliers » du développement ne sont pas efficaces à long terme. Cette position amène à remettre en cause l’accumulation capitaliste au cours de laquelle le capital matériel risque de se développer plus rapidement que le capital humain et où le capital naturel risque de diminuer. De fait, selon une étude de la Banque mondiale portant sur soixante pays en développement au cours des vingt dernières années, la croissance a été basée surtout sur le capital physique, l’investissement en capital humain ayant pris du retard et l’investissement en capital naturel ayant été le plus souvent négatif. La contrainte environnementale devrait donc être exercée par la puissance publique, en donnant la priorité à l’adoption de normes collectives et à la mise en oeuvre de politiques structurelles, telles que la réorganisation des infrastructures urbaines et des transports.
Cette contrainte impose à la croissance les limites du renouvellement naturel, et exigerait donc de minimiser la consommation matérielle. Dans les pays pauvres, la croissance matérielle est nécessaire pour assurer la satisfaction des besoins sociaux de base. Mais l’aspiration légitime à un bien-être matériel équivalent à celui des pays riches ne peut être satisfaite que s’il y a décroissance matérielle dans les pays très industrialisés, afin de garantir un droit d’usage de la nature égal pour tous. Il faut donc bien, si l’on suit le concept de durabilité « forte », envisager à terme une économie stationnaire dans sa composante matérielle, comme l’indiquait déjà le rapport Meadows.
Source : Nina Kousnetzoff, Le développement durable : quelles limites à quelle croissance , repère la découverte, 2003

Document 3 :

























Source : AIE

Document 4 :
Chaque tonne de co2 supplémentaire émise entraîne des coûts de l'ordre de 85 dollars par an. De ce fait, le changement climatique amputera, à terme, nos richesses de 5 500 milliards de dollars chaque année, soit 20% du produit intérieur brut (PIB) mondial, si on laisse le climat dériver et les températures s'accroître de 5° degrés. Soit l'équivalent de la grande dépression des années 30, avec son cortège de chômage de masse, de dictatures et de guerres.
Il serait pourtant possible de stabiliser la teneur en carbone de l'atmosphère en 2050, moyennant « seulement » 25 dollars par an et par tonne de COl, évitée (soit 1% du PIB mondial). De quoi limiter la hausse des températures à 2° degrés. Il est donc économiquement rationnel d'agir le plus vite possible. C'est la principale conclusion du volumineux rapport (575 pages) remis le 30 octobre dernier par Nicholas Stem, ancien chef économiste de la Banque mondiale, à Tony Blair, le Premier Ministre britannique, et à Gordon Brown, son ministre des Finances (et successeur probable).
Source : le message d’espoir de N Stern in alternatives économiques n°253 déc 2006.

Document 5 :
La fameuse croissance du produit intérieur brut qui sert de boussole à la plupart de nos responsables a en effet ceci de remarquable qu'elle se moque de la nature des activités qu'elle additionne pourvu que celles ci génèrent des flux monétaires : dès lors qu'il faudra payer des garagistes pour dépanner et réparer les voitures endommagées, des cimentiers pour brûler les farines animales suspectées d'être à l'origine de la maladie de la vache folle, des médecins pour soigner les personnes victimes de la pollution de l'air, de l'eau, de la tempête, des employés d'entreprises de pompes funèbres pour enterrer les morts, il y aura des valeurs ajoutées monétaires qui seront enregistrées dans les comptabilités des acteurs économiques ; celles-ci viendront ensuite gonfler, dans les grands agrégats publics de la comptabilité nationale, notre produit intérieur brut dont la croissance ou la décroissance générera ensuite, du moins le croit-on, plus d'emplois ou plus de chômage.
Source : P.Viveret , Reconsidérer la richesse , Rapport de la mission « Les nouveaux facteurs de richesse », in La documentation française

Document 6 :
Source : WWF
Introduction
- « Les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) vont le dire à l'issue de leur réunion à Paris, le 1er février ; les chefs d'Etat et diplomates invités par Jacques Chirac à la Conférence de Paris pour une gouvernance écologique mondiale le répéteront les 2 et 3 février ; même George Bush l'a admis, le 23 janvier, dans son discours sur l'état de l'Union : le réchauffement climatique doit être combattu. » écrit A.Reverchon dans le Monde du 29 janvier 2007
- Or cette montée des températures est dû en grande partie à la croissance économique .Ainsi , développement durable et croissance économique seraient incompatibles
- Pour les libéraux , ces problèmes ne sont que transitoires ; à moyen terme la croissance économique se traduit automatiquement par le développement durable . Or , cet optimisme des libéraux paraît excessif , car la régulation par le marché est insuffisante pour résoudre les problèmes environnementaux


I – D’après les libéraux , croissance économique et développement durable peuvent aller de pair

Introduction : Selon les libéraux , l’augmentation du PIB se traduit certes par une dégradation de l’environnement et par une utilisation massive des matières premières , mais ce phénomène n’est que transitoire . A moyen terme , l’économie de marché présente les mécanismes lui permettant de résoudre ces problèmes et de concilier croissance économique et développement durable . Ainsi , pour des auteurs comme Solow ou Rostow , croissance et développement durables sont compatibles , car à long terme , la croissance est une condition nécessaire et suffisante au développement durable

A – Une incompatibilité à court terme

- Croissance éco : Augmentation durable et soutenue du PIB qui nécessite une utilisation forte des matières premières ou de ressources naturelles or , elles ne sont pas renouvelables donc on assiste à une raréfaction des ressources : les générations futures n’auront plus suffisamment de ressources pour produire
- Acela il faut rajouter la prise en compte des effets externes : conséquences involontaires de l’action rationnelle des individus : forte augmentation de la pollution donc une dégradation de la qualité de l’air , de l’eau
Conclusion : un développement durable ne paraît pas envisageable. Le responsable est la croissance : la preuve avant la révolution industrielle les questions d’épuisement des ressources et de pollution ne seposaient pas, aujourd’hui encore les PVD sont responsables d’une part infime des polluants.

B – Qui devrait se résoudre automatiquement à long terme grâce à l’économie de marché

Introduction :Ces conséquences néfastes à court terme vont obligatoirement être résorbées par l’économie de marché , de manière directe ou indirecte par une intervention de l’Etat permettant la création d’un marché , car « suivant l’approche néo-classique , le capital naturel aussi bien que le capital humain doivent être traités de la même manière que le capital physique » ( doc 2 )

1- Deux objectifs compatibles automatiquement

a-Constat

La courbe environnementale de Kuznets met bien en évidence que les effets pervers de la croissance ne sont que temporaires ( doc 3 A ):
- Un pays pauvre ne pollue pas puisqu’il ne produit pas :
o Comparaison longitudinale : entre 1870 et 1890 , la quantité de CO2 émise n’évolue quasiment pas
o Comparaison transversale : en 2004 , la Côte d’Ivoire a émis 0,3 tonnes de CO2 pas habitant
- Au début de la phase de croissance , la dégradation de l’environnement est fort , il y a un gaspillage de ressources naturelles car les techniques de production sont peu sophistiquées :
o Comparaison longitudinale : entre 1890 et 1950 , la quantité de CO2 émise est multipliée par 4
o Comparaison transversale : en 2004 , la Chine qui est en pleine croissance émet relativement plus de CO2 que l’Algérie : 3,7t/ hab contre 2,4
- Ensuite , c’est la contraire qui se passe :
o Comparaison longitudinale : la quantité de CO2 par personne émise par l’Allemagne diminue entre 90 et 2004
o Comparaison transversale : en 2004 , la Pologne émet relativement plus de CO2 que la France : 7,7 t /hab contre 6,2

b-Explications

Solow explique pourquoi , passé un certain seuil de croissance , le développement durable est compatible avec la croissance :
- des raisons liées à l’offre :
- croissance entraîne une hausse de la demande de matières premières donc la D ≥ O d’où le du prix augmente et la D diminue ce qui détermine une volonté de trouver d’autres ressources
- la hausse des recettes des producteurs détermine « une rente qui permet aux entreprises d’investir pour substituer des ressources artificielles manufacturées aux ressources naturelles en voie d’épuisement » donc les innovations se multiplient : « le progrès technique , qui permet de repousser les limites de la croissance économiques , résout aussi les problèmes sociaux et environnementaux » ( doc 2 )
Ainsi , le système peut produire davantage en économisant les ressources rares et en dégradant moins l’environnement A ces effets liés à l’offre s’ajoutent des déterminants liés à la demande

- des raisons liées à la demande
- croissance entraîne une hausse des revenus donc d’après les d’après les lois d’Engel , la structure de la consommation change : augmentation de la part du revenu consacré aux services ( loisirs , santé , culture ).Le secteur tertiaire se développe or c’est un secteur moins consommateur de matières premières et il est moins polluant que l’industrie
- d’après Inglehart : quand les revendications matérielles sont satisfaites de nouvelles revendications , immatérielles apparaissent : les valeurs d’ égalité ,d’ environnement propre deviennent essentielles et les populations se mobilisent pour les satisfaire (sociétés post-matérialistes)

Ainsi , dans la plupart des cas , la croissance va permettre d’assurer le développement durable sans qu’il y ait besoin d’intervenir . Le seul problème sera pour régler la pollution

2- complétée par des mesures incitatives de l’Etat

a – Explications

-en effet , la pollution est un effet externe : conséquence involontaire de l’action rationnelle des individus . Elle ne peut être réglé par le marché , car la pollution n’a pas de marché , n’a pas de prix .
- la solution , pour les libéraux est alors d’internaliser les effets externes , c’est-à-dire de prendre « en compte des externalités négatives dans le calcul économique » ( doc 2 ) . Il faut alors créer un marché d’émission de la pollution :
l’Etat accorde un certain nombre de droits à polluer, donc si l’entreprise pollue moins , elle vend ses droits à polluer donc ses recettes augmentent .
Dans ces conditions , les entreprises ont intérêt à réduire la pollution . L’Etat peut agir en réduisant le volume des droits à polluer :
Etat émet peu de droitsdonc l’ O de pollution ≤D, le prix des permis à polluer augmente, les entreprises incitées à mettre en place des équipements pour polluer moins

b- constat

- de nombreux pays ayant ratifié le protocole de Kyoto ont réussi à diminuer leur émission de CO2 ( doc 1 )
o La quantité de CO2 émise par le RU a diminué de 14,3 % entre 90 et 2004 : il a même dépassé l’objectif de Kyoto qui était de -12,5 % .Idem pour la Suède et la France
o L’ Estonie a diminué de 51 % ses émissions de CO2


C- sans croissance pas de développement durable ( chômage

Conclusion : Pour les néo-classiques , il n’y aura pas dans l’avenir de contradiction entre croissance économique et développement durable : soit le marché s’autorégulera de manière efficace , soit il existera « des instruments économiques qui permettent de dépasser la logique de court terme des agents » ( doc 2 )


II – Deux objectifs en réalité largement contradictoires

Or , l’optimisme des libéraux paraît relativement peu crédible : la croissance n’est ni une condition nécessaire , ni suffisante au développement durable. La croissance peut ne pas engendrer mécaniquement le développement durable ; elle peut même l’empêcher .

A – La croissance n’est pas une condition nécessaire au développement durable

En effet croissance et développement durable relèvent de 2 registres différents ( doc 5 )

- croissance = indicateur quantitatif . Pour être comptabilisé dans le PIB , il faut :
o une activité déclarée
o monétaire : qui est vendue sur un marché ( production marchande ) ou qui est produite à partir de facteurs de production vendus sur un marché ( production non marchande )
o mais la nature de l’activité ne compte pas : « dès lors qu’il faudra des garagistes … « ( doc 5 )
- or , développement et développement durable = indicateur qualitatif , non mesurable . Dans ce cas , il est tout à fait possible qu’une augmentation du PIB ne se traduise pas par une amélioration du sort de la population actuelle ( développement ) mais aussi de celui des générations futures ( développement durable ) . Par exemple :
un accroissement de la production entraîne une hausse du PIBdonc des émmissions polluantes supplémentaires, la mise en place de dispositifs anti-pollutionqui détermine une hausse des dépenses donc l’accroissement du PIB , mais la qualité de l’air et de l’eau risque d’être irrémédiablement détériorée .

Conclusion :La croissance n’est donc pas une condition nécessaire au développement du . Elle peut même être insuffisante , car la croissance peut empêcher le développement durable

B – Il faut choisir entre croissance et développement durable

1- Constat

- L’optimisme des libéraux est à relativiser :
- il n’ y a pas de réelle baisse de la pollution :
o les accords de Kyoto ont été un échec ( doc 1 ):
§ les pays qui ont connu une baisse de leur émission de CO2 ne l’ont pas effectué de manière volontaire : c’est dû à leurs problèmes économiques : les ex pays de l’Est ( Russie , H Hongrie )
§ Les pays riches continuent à émettre du CO2 et ne respectent pas les accords de Kyoto : le Canada a augmenté ses émissions de 25,6 % entre 90 et 2004 , alors qu’elle aurait dû les baisser de 6 %
o les émissions de CO2 continuent à augmenter de manière exponentielle : entre 1970 et 2003 , elles sont multipliées par 3 ( doc 3 )
o car , La courbe de Kuznets n’apparaît pas vérifiée : les EU qui sont les pays les plus riches au monde ont en 2004 , émis relativement le plus de CO2 : 19,7 t/hab
- il y a une utilisation accrue des ressources naturelles qui pose un problème de raréfaction : l’empreinte écologique a dépassé 1 planète en 90 et continue à augmenter : 1,2 en 2000 . Cela veut dire que l’on utilise trop de ressources naturelles et qu’il y en aura pas assez pour les générations futures .

2 - Explications

Contrairement , à ce que disent le libéraux , l y a donc une contradiction entre croissance économique et développement durable : aujourd’hui , on ne pourrait pas atteindre les deux objectifs à la fois :
a) soit on privilégie la croissance , comme le souhaitent les libéraux et alors le développement durable devient impossible à atteindre ,
- la régulation par le marché est insuffisante : « pour les tenants de paradigme écologique , le rapport marchand est incapable de gérer de manière satisfaisante l’ensemble des questions sociales , environnementales et même économiques : les arbitrages du calcul économique ne sont pas efficaces à long terme » . En effet , le calcul rationnel des individus aboutit à sous-estimer les effets pervers de la dégradation de l’environnement , puisqu’ils ne sont visibles à long terme et à sur-estimer les bénéfices de la croissance .Les individus réduiraient de manière insuffisante la pollution Or , le problème est que les effets de la pollution sont irreversibles et se cumulent .
- la généralisation du modèle de croissance : les effets sur la dégradation de l’environnement de la croissance seront d’autant plus forts qu’aujourd’hui , ce n’est plus un nombre restreint de pays relativement peu peuplés qui produisent , mais des pays comme la Chine ou l’Inde . Les conséquences en termes de pollution et de raréfaction des ressources naturelles seront donc beaucoup plus forts .

b) soit on privilégie le développement durable : il faut alors économiser les ressources naturelles et moins polluer , il faut alors limiter la croissance : « cette contrainte impose à la croissance les limites du renouvellement naturel et exigerait de minimiser la consommation matérielle » ( doc 2 )

c) Le problème se pose alors pour les pays pauvres ( doc 2 ) : limiter la croissance au niveau mondial signifierait pour ceux-ci de ne jamais pouvoir atteindre le niveau de satisfaction des besoins fondamentaux , ce qui paraît inenvisagable . La solution serait alors de favoriser la croissance de ces pays pour qu’ils atteignent « un bien-être matériel équivalent à celui des pays riches » . Cette augmentation des richesses devrait alors être compensée par la « décroissance matérielle dans les pays très industrialisés »

Le choix est ainsi très difficile , car il repose sur une impossibilité de généraliser à l’ensemble du monde et dans l’avenir la satisfaction des besoins fondamentaux .

III – la synthèse

Certains vont plus loin enaffirmant que si l’on ne fait rien l’on pourrait avoir à la fois moins de croissance et une détérioration de l’environnement .

A – L’absence de mesures rapides risque de casser la croissance et corrélée à des problèmes environnementaux d’entraver le développement durable.

- « chaque tonne de CO2 émise entraîne des coûts de l’ordre de 85 dollars par an . Le changement climatique amputera à terme mos richesses de 5 500 milliards de dollars chaque année , soit 20 % du PIB , soit l’équivalent de la grande dépression des années 30 » ( doc 4 ) Voir plus : « La facture de l'inaction risque d'être salée.» Telle était, en substance, la réponse d'un petit homme aux cheveux et costume gris, peu habitué à parader sous les feux de l'actualité en dépit de son passé d'économiste en chef à la Banque mondiale. Son nom ? Nicholas Stern. C'était le 30 octobre 2006. Ce jour-là, à Londres, sir Nicholas Stern remet les conclusions d'un rapport (plus de 600 pages) au Premier ministre britannique, Tony Blair, et à son ministre des Finances, Gordon Brown. L'alerte du rapport bouscule le ronron ambiant. Il estime que le changement climatique pourrait coûter à l'économie mondiale jusqu'à 5 500 milliards de dollars, soit 20 % du PIB mondial, «plus si les gouvernements ne prennent pas de mesures radicales dans les vingt prochaines années» . En comparaison, «il suffirait de mobiliser 1 % du PIB mondial chaque année, soit 275 milliards d'euros dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, pour éviter les pires conséquences économiques et humaines du changement climatique», précise Minh Ha Duong, économiste spécialiste des questions environnementales. En l'absence d'action forte, les conséquences économiques et sociales seront comparables à celles engendrées par les deux guerres mondiales et la grande dépression des années 30. » Le climat insoluble dans l'économie par V de Philippis (libération30-02-07)

- car la dégradation de l’environnement sera tellement importante qu’il faudra dépenser de plus en plus pour lutter contre ses effets pervers , sans que cela se traduise par une amélioration du sort de la population : climatisation , dépenses pour remédier aux catastrophes naturelles , … : « La tâche est urgente , prévient Stern. Retarder l'action, même d'une décennie ou deux, nous entraînerait sur un territoire dangereux.» En attendant, les pays les plus pauvres sont (et seront) les plus vulnérables. Comme, par exemple, en Afrique, et singulièrement au Sahel, où l'essentiel de la production alimentaire dépend des pluies dont l'évolution dans un climat plus chaud reste très incertaine. Et ce ne sont pas les incertitudes qui demeurent sur la fréquence des phénomènes météo extrêmes (cyclones, sécheresse, tempêtes...) qui seront de nature à rassurer les assureurs. Ces derniers commencent à pousser des cris d'alarme. «Le secteur de l'assurance est, dès aujourd'hui, confronté au risque d'une mégacatastrophe de 100 milliards de dollars, deux fois plus grave que le cyclone Katrina» , a récemment alerté le président du Lloyd's de Londres, Lord Levener »( V de philippis, op cité)

B – Il faut donc agir aujourd’hui

Dans ces conditions , l’action devient nécessaire et obligatoire . Celle-ci peut prendre 2 formes :
- une action forte de l’Etat qui par des réglementations empêcheraient la pollution . Son coût serait relativement faible ( doc 4 ) : « il serait pourtant possible de stabiliser la teneur en carbone de l’atmosphère en 2050 , moyennant seulement 25 dollars par an et tonne de CO évitée ( doit 1% du PIB mondial )
- un changement de modèle de consommation , moins vorace en ressources naturelles et moins polluant : services , recyclage

cette action peut devenir une source essentielle de croissance : le développement de secteurs prenant en compte la dimension écologique peut, à un cout relativement réduit , d’autant plus que les mesures seront prises précocément , contribuer à dynamiser la croissance , mais une autre forme de croissance , moins productiviste, plus responsable.


Conclusion

- Développement durable et croissance économique sont donc pour les libéraux deux objectifs complémentaires , puisque à moyen terme , plus le monde s’enrichit , moins elle consomme de ressources naturelles et moins elle pollue . Pour des auteurs comme Solow , la croissance est une condition nécessaire et suffisante pour assurer le développement durable . Or l’état actuel de la planète remet en cause l’automaticité de cette relation : rien n’assure que la croissance générera du développement durable , elle peut même l’empêcher . Dans ces conditions , pour assurer la survie de l’humanité , une action forte des Etats est nécessaire .
- Il y a certes aujourd’hui une prise de conscience mondiale des effets pervers de notre modèle de croissance : Al Gore avec son film , Schwartzeneger et la limitation de la pollution dans l’Etat de Californie , le pacte écologiste de N.Hulot signé par la quasi –totalité des candidats à l’élection présidentielle française . Mais le problème est de passer de la théorie à la pratique , comme l’écrit A.Reverchon dans Le Monde : Tout serait simple si l'impératif moral qui veut que chacun agisse pour le bien commun guidait nos faits et gestes, mais la théorie économique montre que les choses sont un peu plus compliquées. "Chaque acteur économique tend à limiter ses émissions à hauteur du bénéfice immédiat qu'il peut retirer de cette seule réduction, ce qui, dans le cas d'un bien public universel comme le climat, est insuffisant", explique Cédric Philibert, économiste à l'Agence internationale de l'énergie. De plus, si chacun joue le jeu, le bénéfice du premier qui "triche" est majoré - "c'est le principe du "passager clandestin" mis en évidence par la théorie des jeux", ajoute Christian Schmidt, professeur d'économie à Paris-IX-Dauphine. Auquel s'ajoute le fait que, si chacun anticipe que l'autre paiera, le risque est... que personne ne paie.


Débats sur les statistiques du chômage : la position de ACDC

Selon le Collectif « Autres Chiffres Du Chômage » du 29/01/07 - Note n°2 intitulé : CHOMEURS ET CHIFFRES SOUS PRESSIONon assiste :
"Depuis 2005, on assiste à une envolée spectaculaire du taux de sortie des listes de l’ANPE. L’analyse des motifs de sortie montre que cette hausse ne correspond guère à des reprises d’emploi supplémentaires. Trois autres catégories de chômeurs non inscrits ont, en revanche, fortement augmenté au cours des dernières années: les chômeurs "radiés", suite à des sanctions administratives; les chômeurs "déboutés", qui ont perdu
tout droit à indemnisation et ne voient plus d'intérêt à rester inscrits; et les chômeurs "dégoûtés", qui en l'absence d'offres d'emplois valables ne veulent plus subir les convocations et contrôles répétés de l'ANPE et de l'ASSEDIC."
et plus généralement : http://acdc2007.free.fr/

sur SES Bank: Les inégalités fleurissent dans tous les champs

Sur le toujours très pertinent blog : SES Bank :http://bienvenuesesbank.blogspot.com/
Les inégalités fleurissent dans tous les champs.
Une très bonne étude : sur la sociologie à l'épreuve de inégalités :

Introduction de R. Magro
Des sociologues spécialistes de chacun des champs abordés vous parlent des inégalités. Des vidéos d'un très grand intérêt. Tous les entretiens sont d'une durée approximative d'une trentaine de minutes mais sont fractionnés.Pour accéder aux vidéos sur les inégalités : Les Inégalités culturelles expliquées par JM Leveratto (29' au total) : De quoi on parle ?De ça :

Politiques sociales.net

un très bonne revue québécoise de compilation de ressources de sciences économiques , sociales et politiques et de sites est en ligne sur le net: politiques sociales.net :http://www.politiquessociales.net/

Une jeunesse difficile : portrait économique et social de la jeunesse française


UNE JEUNESSE DIFFICILE : Portrait économique et social de la jeunesse française coordonné par D Cohen :
À quelques mois d’intervalle, deux visages de la jeunesse française ont fait irruption dans le débat politique : la jeunesse des banlieues à l’automne 2005, puis la jeunesse estudiantine, au printemps 2006. Elles ont rappelé à l’opinion publique ce que sociologues et économistes soulignaient depuis longtemps : la jeunesse est en première ligne des ruptures qui ont accompagné les mutations de la société. Un fait invite à réfléchir : en France, comme dans la majeure partie des pays développés, le suicide des jeunes ne cesse de croître, défiant les lois de la sociologie établies depuis Durkheim selon lesquelles le suicide est l’apanage des vieux. Les jeunes paient cher les retards de la société à reconnaître les difficultés nouvelles auxquelles ils doivent désormais faire face.
Pour tracer le portrait économique et social de la jeunesse contemporaine, il n’est pas inutile de rappeler ce que furent ses modèles antérieurs.
Deux modèles sociaux d’entrée dans la vie ont longtemps distingué d’un
côté une jeunesse étudiante et bourgeoise et de l’autre une mise au travail
précoce qui était la norme parmi les classes populaires1.
  • Le premier modèle se traduisait pour les garçons par une période plus ou moins longue entre la fin du lycée et l’accès à une profession, meublée d’études, de rencontres,d’expériences amoureuses et de loisirs financés par la famille. Le mariage et l’accès à une profession stable venaient mettre un terme à cette période de jeunesse.
  • Jeunesse dont les membres masculins des classes populaires se trouvaient privés : pour eux, le service militaire marquait une césure
    définitive avec la vie adolescente. La fin du service, le mariage et la prise d’un emploi définitif se succédaient en quelques mois.
    S’ils n’étaient pas symétriques, ces deux modèles de passage à la vie
    adulte ne manquaient pas de se compenser. Privés d’une formation longue et des plaisirs de la jeunesse estudiantine, les jeunes de milieu populaire accédaient plus vite à un statut d’adulte de plein droit et à la maturité sociale et psychologique qui en découlait. Leur statut de travailleur leur permettait de ne plus dépendre de leur famille d’origine et d’accéder aux responsabilités de chef de famille. Ce qu’ils perdaient en salaire et en formation, ils le gagnaient en expérience de la vie et en maturité.

La crise de l’emploi a porté un coup mortel au modèle ouvrier de passage à l’âge adulte où il importait d’abord que, le plus tôt possible, le jeune ait un bon métier, puisse gagner sa vie et fonder une famille. Du fait de la précarité nouvelle de l’accès à l’emploi, les jeunes ouvriers sont désormais dépendants de leur famille d’origine, ce qui les place en porte à faux à la fois vis-à-vis des modèles traditionnels et des tendances individualistes de la société moderne.
La démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur est le second trait qui bouleverse la signification d’une entrée précoce dans la vie professionnelle.Pour ne prendre qu’un exemple, en 1969, 57 % des emplois de cadres supérieurs sont occupés par des titulaires d’une licence (au moins). Cela signifie que 43 % d’entre eux ne disposent pas de ce bagage : une véritable promotion est possible, pour les jeunes issus des milieux populaires et non diplômés. Aujourd’hui 75 % des emplois de cadres supérieurs sont occupés par des licenciés : la part de la promotion interne devient beaucoup plus difficile, l’accès à un diplôme de l’enseignement supérieur tend à devenir une condition sine qua non de la promotion sociale.
Pour les jeunes diplômés, les « jeunes bourgeois » d’hier, la situation n’est pas moins rude. Le diplôme rendait alors quasi automatique l’accès à un emploi de cadre, aujourd’hui seuls 48 % des emplois non qualifiés sont effectués par des sans diplôme, contre 83 % hier.
Ces données jettent une lumière crue sur la nature des profondes transformations intervenues au cours des trente dernières années. À la fin des années 1960, tout le monde y trouvait son compte : les diplômés
parce que leurs titres de l’enseignement supérieur leur assuraient à 30 ans un statut de cadre près (ou plus) de huit fois sur dix. Les non-diplômés parce que loin d’être saturées par les diplômés frais émoulus de leurs écoles, les catégories de cadres, moyens et supérieurs, leur étaient encore largement ouvertes et accessibles. Ce petit moment de bonheur partagé faisait la part belle à la méritocratie scolaire tout en favorisant la promotion interne acquise sur fond d’expérience.
Les relations entre diplômes et emplois sont désormais beaucoup plus tendues. Sans diplôme correspondant au niveau du poste, les chances d’accès tendent désormais vers zéro. Rien n’interdit de penser que ceux qui, hier, auraient profité de la promotion encore ouverte aux non-diplômés sont ceux-là mêmes qui ont profité aujourd’hui de la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur. Selon cette interprétation, la période récente n’a pas détérioré les règles de promotion sociale des ouvriers, mais en a seulement changé superficiellement la forme.
Une autre interprétation, plus pessimiste, fait valoir que ce n’est pas la
même chose de savoir dès l’âge de 20 ans si l’on aura accès à la promotion ouverte aux diplômés, ou si l’on en est irrémédiablement exclu. Le « voile de l’ignorance » sur son propre destin est un élément qui donne espoir. S’il est levé trop tôt, le désespoir naît, même s’il masque l’illusion d’une promotion qui ne viendra pas.
Quelle que soit l’interprétation que l’on voudra donner de cette évolution,
les effets éventuellement pervers de la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur ne doivent pourtant pas conduire à jeter le bébé
avec l’eau du bain.

Pour lire la suite : http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS6.pdf

Olivier Bouba-Olga ~ Blog d'un économiste qui suit et commente l’actualité...

Sur le site toujours très instructif d'Olivier Bouba-Olga : Blog d'un économiste qui suit et commente l’actualité : http://obouba.over-blog.com/
  1. l'économie du ticket de métro un article instructif pour comprendre le fonctionnement du marché : économie du ticket de métro
  2. Mais aussi pour poursuivre sur lecours d'ECJS sur la presse : Pourquoi, mais pourquoi donc n'avons-nous pas de meilleurs journalistes ni de meilleurs politiques?, article très pertinent sur les limites de l'information
  3. Pour les terminales : Les Français (et les européens) sont-ils nuls en science? qui permet de relativiser le pessimisme ambiant .
  4. Enfin le dictionnaire des idées recues http://obouba.over-blog.com/categorie-565362.html et en particulier deux articles sur
    - Nicolas Sarkozy au Medef Jeudi dernier, invité par le Medef, Nicolas Sarkozy a déclaré : la France ne s'est "pas encore remise du choix historiquement stupide d'expliquer aux gens qu'en travaillant moins, on pourrait gagner davantage".et aussi :
    La France toujours en grève...
    Dans la lignée du précédent billet sur une France impossible à réformer, un petit message pour signaler l'étude de Ian Eschstruth "La France, pays des grèves?", qui recense les travaux sur la conflictualité dans différents pays développé, et ce sur longue période

la société française entre convergences et nouveaux clivages

Dans le cadre du cours sur les inégalités et pour un approfondissement :
"La société française : entre convergences et nouveaux clivages"
Le Centre d’analyse stratégique publie son premier rapport annuel.

Le Centre d’analyse stratégique, institution chargée, auprès du Premier ministre, d’unemission de veille, d’expertise et d’aide à la décision, a vu le jour le 6 mars 2006.
Ce rapport annuel, remis au Premier ministre, vise à rendre compte de ses premiers moisde fonctionnement. Fidèle à la triple vocation du Centre, telle qu’elle est définie par le écret qui le fonde – éclairer la décision gouvernementale en la mettant en perspective,dans le temps et dans l’espace, renouveler l’expertise publique en faisant largement appel
à la sphère académique et aux acteurs économiques et sociaux, et animer le débat public en mettant à la disposition de tous une information claire et de qualité – ce rapport
s’organise en trois volets :
  1. Faisant écho aux différentes prises de position et études parues récemment sur l’état social de la France – notamment le rapport du CERC ou les différentes études de l’INSEE –, il comporte une première partie centrée sur l’analyse des différentes formes d’inégalités qui traversent aujourd’hui la société française ; il s’efforce de montrer que, si les inégalités matérielles, telles que l’on peut les mesurer à travers les revenus des ménages, ont plutôt poursuivi leur régression, de nouvelles formes d’inégalités, qui s’appréhendent plus sûrement en termes de trajectoires individuelles qu’en termes d’écarts à la moyenne se font jour, échappant aux cadres d’analyse traditionnels. La principale de ces nouvelles formes d’inégalités concerne le degré d’exposition aux risques sociaux, notamment sur le marché du travail. Ce constat milite pour une révision en profondeur de nos outils de politique sociale conçus pour prendre en charge des risques transversaux, davantage que pour assurer l’égalité des chances entre les individus.
  2. Il rend compte ensuite, sacrifiant à la forme plus traditionnelle du rapport d’activité, des principaux travaux menés par le Centre, soit à la demande du Premier ministre, qui a adressé en 2006 pas moins e 7 saisines officielles à l’institution, soit de sa propre initiative, dans le cadre d'un programme de travail arrêté chaque année. Ces travaux ont porté notamment sur l’analyse des mécanismes à l’oeuvre dans la phase d’accélération de la mondialisation dans laquelle nous sommes entrés depuis 15 ans, sur les bouleversements qui s’annoncent sur le marché du travail, dès lors que plus du tiers
    des emplois va changer de titulaire d’ici 2015, en raison du départ des salariés du baby-boom et de la dynamique de création d’emplois, ou sur le renouveau des politiques sociales. Ils font également une large place à la dimension européenne des politiques économiques et sociales, conformément à l’orientation définie par le décret du 6 mars 2006, le Centre étant notamment chargé, aux côtés du Secrétariat général des affaires européennes, de la préparation du programme national de réforme prévu par la stratégie européenne de croissance et d’emploi, dite stratégie de Lisbonne.
  3. Enfin, ce rapport s’enrichit de contributions extérieures qui viennent illustrer ou contrebalancer les principales thématiques qui y sont évoquées : politique du logement,inégalités et comportements lectoraux, segmentation de l'action publique, trajectoires des jeunes Français par rapport à leurs homologues européens, tels sont les sujets de ces contributions demandées à quelques-uns des conseillers scientifiques et partenaires extérieurs de l’institution.

Pour lire la suite : http://www.strategie.gouv.fr/article.php3?id_article=398

ÉLECTRICITÉ :FAUT-IL DESEPERER DU MARCHE PAR D SPECTOR

Dans le cadre du cours sur le marché, et ses capacités d'autorégulation l'exemple du marché de l'électricité est particulièrement intéressant :David SPECTOR publie au CEPREMAP :ÉLECTRICITÉ : FAUT-IL DÉSESPÉRER DU MARCHÉ?
EN BREF :
Pourquoi le prix de l’électricité a-t-il augmenté en France autant que chez nos voisins, alors que le choix d’une production principalement nucléaire aurait pu nous protéger du renchérissement des énergies fossiles, qui a frappé le reste de l’Europe ? Le niveau des prix reflète-t-il l’insuffisance de la concurrence ou,au contraire, l’excès de libéralisation ? Faut-il accuser le quasi-monopole d’EDF ?
Aucune de ces explications n’est juste, car l’absence de répercussion dans les prix des faibles coûts de la production nucléaire est compatible avec un fonctionnement de marché normal et efficace. En effet, bien que le nucléaire représente près de 80 % de la production électrique, il ne suffit
presque jamais à satisfaire seul la demande. Or le prix doit couvrir à chaque instant au moins le coût marginal de toutes les techniques de production utilisées. Lorsque le nucléaire ne satisfait pas la demande à lui seul, le prix est donc au moins égal au coût marginal d’une technique de production à partir d’énergies fossiles, très supérieur au coût marginal du nucléaire. Le détenteur de la capacité de production nucléaire bénéficie ainsi d’une rente de rareté, qu’une éventuelle déconcentration du parc de production nucléaire ne pourrait pas entamer. Quant à l’intégration européenne, elle favorise l’efficacité productive mais accroît et solidifie la rente nucléaire au détriment des consommateurs français, sans nécessairement profiter aux consommateurs étrangers. La libéralisation et l’intégration européenne, quels que soient leurs mérites en termes d’efficacité, ne peuvent donc pas résoudre à court terme le problème de la distribution de la rente de rareté nucléaire. Il faut pour cela non pas revenir à la régulation des prix – qui fournirait des incitations inadéquates, car sans rapport avec les coûts marginaux de production –, mais utiliser la rente de rareté nucléaire pour décharger les consommateurs du financement du service public et d’une partie des coûts du réseau de transport, ou encore pour financer des mécanismes d’incitation aux investissements. Sans être absolument nécessaire à la réalisation de cet objectif, la propriété majoritairement publique d’EDF pourrait néanmoins la faciliter.
Dépourvue d’enjeu notable à court terme, la question de la concurrence dans le nucléaire se posera en revanche si l’augmentation du prix des énergies fossiles conduit à augmenter fortement le parc nucléaire français – ce que permettra la technologie EPR si les réacteurs de nouvelle génération remplacent les centrales actuelles entre 2020 et 2030. La rente de rareté disparaîtrait alors, mais pour faire place à une éventuelle rente de monopole, économiquement inefficace. Une libéralisation en demi-teinte ne la dissipera pas substantiellement : une mesure aussi apparemment radicale que le partage entre trois opérateurs d’une capacité nucléaire étendue laisserait encore subsister la moitié de la rente de monopole. À long terme, et sous l’hypothèse d’une expansion massive du parc nucléaire, le choix devra se faire entre deux politiques extrêmes :
- le retour à un opérateur nucléaire unique vendant sa production à un prix régulé
- ou, à l’inverse, une déconcentration massive du parc de production nucléaire, seule à même de garantir un bon fonctionnement concurrentiel.

INSEE première sur la démographie

Les dernières livraisons d'INSEE première (un 4 pages très complet ) sur la démographie : http://www.insee.fr/fr/ppp/publications/collect_doc.asp?coll=1&paru=1&avis=1&pres=1
  1. Qui voit loin vivra vieux : Dans quelles régions meurt-on le plus tard au début du XXIe siècle ? - L'Île-de-France s'impose comme une zone de faible mortalité
    Fabienne Daguet, Insee
    L’Île-de-France est aujourd’hui la région où les hommes vivent le plus longtemps (77,3 ans), devant le quart sud-ouest de l’hexagone. L’espérance de vie est minimale pour les hommes et les femmes domiciliés au nord et au nord-est du pays, et dans un espace central correspondant à une diagonale Champagne-Auvergne. Les Pays de la Loire ont la longévité féminine la plus élevée. Les différences entre régions se sont atténuées au cours de la seconde moitié du XXe siècle. La mortalité après 60 ans est déterminante dans les écarts observés. Les habitants des départements d’outre-mer meurent en moyenne plus précocement qu’en métropole.
    N° 1114 - dec 2006
  2. mais aussi : est surprenant ? : Enquêtes annuelles de recensement 2004 à 2006 - Les départements du sud et du littoral atlantique gagnants au jeu des migrations internes
    Arnaud Degorre, direction régionale du Nord - Pas-de-Calais, Patrick Redor
    Les écarts se creusent entre les départements de la façade atlantique et du sud, dont les populations sont en forte croissance, et ceux du centre et du nord-est, où les populations stagnent voire diminuent sensiblement pour quelques-uns. Depuis 1999, plus encore que durant la décennie précédente, les migrations internes accentuent ces disparités départementales. Le cycle de vie des ménages rythme les migrations urbaines et explique le dynamisme démographique des espaces ruraux et péri urbains.
    N° 1116 - jan 2007
  3. Et enfin : Bilan démographique 2006 : un excédent naturel record (cela sera t'il suffisant pour payer les retraites ?)
    Lucile Richet-Mastain, Insee
    Au 1er janvier 2007, la population de la France métropolitaine et des départements d’outre-mer est estimée à 63,4 millions de personnes. Les naissances sont en forte augmentation en 2006 et atteignent leur niveau le plus élevé depuis 1981. Le recul des décès contribue aussi à la croissance naturelle, sans égale depuis plus de trente ans. L’indicateur conjoncturel de fécondité atteint 2,0 enfants par femme ; la France reste ainsi l’un des pays les plus féconds de l’Union européenne. Les mariages sont en diminution tandis que les pactes civils de solidarité sont de plus en plus nombreux. L’espérance de vie est en hausse : elle franchit le seuil des 77 ans pour les hommes (77,1 ans) et atteint 84,0 ans pour les femmes.
    N° 1118 - jan 2007

carte animée de l'évolution de la faim dans le monde (1970-2003) de la FAO

Trouvée dans l'excellente revue de presse la carte animée de l 'évolution de la faim dans le monde entre 1970 et 2003 : pressehttp://www.fao.org/es/ess/faostat/foodsecurity/FSMap/flash_map.htm

le rapport 2007 de l'UNICEF sur la situation des enfants dans le monde




le rapport de l'UNICEF sur la situation des enfants dans le monde vient de paraître : Le rapport La Situation des enfants dans le monde 2007 examine la discrimination et la marginalisation auxquelles se heurtent les femmes tout au long de leur vie et définit les mesures à prendre pour éliminer la discrimination et favoriser l’autonomisation des femmes et des filles.
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la compétitivité de l'économie française en 2006 par le COE-Rexécode

le COE-Rexecode vient de faire paraître :la compétivité française en 2006.

Introduction
La compétitivité de l’économie française recule. Le principal indicateur que nous retenons pour mesurer l’évolution de la compétitivité est la part de marché à l’exportation. Cette part de marché compare les exportations réalisées par les unités de production implantées sur le territoire français à celles réalisées par l’ensemble des unités de production européennes. La comparaison de la dynamique des exportations françaises à celles de nos concurrents européens permet d’éviter les difficultés d’interprétation liées aux évolutions, favorables ou défavorables, de taux de change de l’euro. Cet indicateur met en évidence une tendance au recul des parts de marché à l’exportation de la France. Celle-ci est apparue à partir de l’année 1999. Elle ne s’est pas arrêtée depuis, sauf de manière transitoire.Après cinq ans de baisse, le poids des
exportations françaises dans les exportations de la zone euro s’était stabilisé de la mi-2005 au printemps 2006. Mais, depuis le printemps dernier, la tendance longue au recul de la part de marché des exportations françaises a repris. Les seules exportations françaises de marchandises en valeur ont ainsi reculé de 0,9 % l’an durant l’été. En revanche, elles ont continué de progresser vivement dans l’ensemble de la zone euro (7,5 % l’an au cours de la même période). Le recul des parts
de marché à l’exportation s’accompagne d’une forte pénétration de notre marché intérieur par les produits étrangers. Il ne se limite pas aux seules branches industrielles mais il s’étend aux échanges internationaux de services. Cet affaiblissement de la compétitivité extérieure participe à la réduction progressive de l’écart des niveaux de vie (PIB par habitant) entre la France et le niveau de vie moyen dans la zone euro, en défaveur de la France.
L’examen des déterminants habituels de la compétitivité n’apporte pas d’explications très convaincantes de ce recul tendanciel. Les structures de spécialisation sectorielle et géographique des exportations françaises n’ont joué qu’un rôle mineur dans l’évolution défavorable des parts de marché à l’exportation. En dépit d’un écart d’évolution des coûts salariaux défavorable à la France (tout particulièrement par rapport à l’Allemagne), il apparaît également que le prix moyen des exportateurs français n’a pas augmenté plus rapidement que celui de l’ensemble des exportateurs européens depuis la fin des années 1990.
L’explication de l’érosion de la compétitivité du territoire peut être aussi recherchée dans l’évolution de la compétitivité qualifiée de « hors-prix » ou dans le positionnement moyen du système productif dans la gamme de produits échangés. Toutefois, ces éléments restent peu conclusifs. La compétitivité « hors-prix » ne se serait pas dégradée de manière significative au cours des années récentes. Le positionnement technologique des produits exportés n’est pas plus défavorable pour la France que dans le cas de l’Allemagne. Par ailleurs, il est difficile de voir dans le déficit récurrent d’entreprises de taille moyenne le principal facteur causal de la rupture des parts de marché tant celle-ci s’est opérée brutalement.
Une piste d’explication reste encore peu explorée dans les modèles d’interprétation de la compétitivité. Les contraintes d’offre sont en effet mal prises en compte par les modèles simples de compétitivité. Ceux-ci se limitent à examiner les évolutions relatives de prix et de coûts. La simultanéité de la rupture dans les parts de marché avec la réduction du temps de travail invite à recourir à d’autres approches plus centrées sur l’offre. L’impact macroéconomique de la réduction du temps de travail sur l’évolution de la compétitivité extérieure de la France n’a pas encore été étudié dans tous ses aspects.
De même, les modèles habituels de la compétitivité relèguent souvent au second plan les divergences d’évolution des marges des entreprises. Or, une comparaison rapide des évolutions de ces dernières entre les différents pays européens souligne clairement que les pays qui ont vu leurs parts de marché à l’exportation s’éroder le plus fortement dans les
années récentes (France, Italie) sont également ceux qui ont vu le taux de marge des entreprises installées sur le territoire s’effriter. Dans le cas de la France, la baisse relative des prix à l’exportation dans un contexte où les
coûts salariaux progressaient un peu plus vite que dans l’ensemble de la zone euro s’est traduite par un écrasement des marges. Ainsi, en 2005, l’excédent brut d’exploitation des entreprises du secteur industriel manufacturier est-il encore inférieur de près de 17 % au niveau qui était le sien en 2000. l’inverse, l’amélioration de la compétitivité en Allemagne s’est accompagnée d’un rétablissement spectaculaire des marges des entreprises. Ce rétablissement du résultat des entreprises allemandes contribue à la réaccélération des dépenses d’investissement productif Outre-Rhin. En comparaison, la progression de l’investissement des sociétés peine à accélérer en France. L’investissement dans l’industrie en France se marginalise. Son poids dans le PIB est tombé à moins de 2 % en 2006. Il était le double il y a vingt ans. Cette faiblesse de l’investissement industriel en France se traduit depuis 2003 par une contraction de la base productive de l’industrie manufacturière.
Le risque est qu’un processus auto-entretenude perte de compétitivité extérieure de la France par insuffisance d’investissement ne soit engagé.

QSTP premiére : classe et culture ouvrière existent-elles encore ?

QUESTION DE SYNTHESE ETAYEE PAR UN TRAVAIL PREPARATOIRE


Il est demandée au candidat :
1 – De conduire le travail préparatoire qui fournit les éléments devant être utilisés dans la synthèse

2 – De répondre à la question de synthèse :
Par une argumentation assortie d’une réflexion critique
En faisant appel à ses connaissances personnelles
En composant un introduction, un développement , une conclusion pour une longueur de l’ordre de trois pages

Ces deux parties sont d’égale importance pour la notation

Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l’expression et du soin apporté à la présentation.


Thème du programme- classes et stratifications sociales

TRAVAIL PREPARATOIRE (40 points) :

1) Après avoir donné le mode de lecture et de calcul du chiffre entouré, opérez une analyse méthodique du graphique, quelle conclusion pouvez vous en tirer (document 1) (6 points)
2) pourquoi l’auteur parle t’il de génération singulière, dans quel contexte est-elle apparue, a t’elle disparue ? (doc2)( 9 points)
3) Montrez que du temps de la classe ouvrière, il existait une culture ouvrière, dotée d’institutions propres qui assuraient la transmission de normes et de valeurs spécifiques par la socialisation (doc 2) (9 points)
4) Vous montrerez que bien que les conditions de travail ne se soient pas améliorées, les ouvriers ont disparu du paysage social, vous en présenterez les raisons (doc 3) (9 points)
5)vous expliquerez pourquoi l’on peut parler de désagrégation de la culture ouvrière, en distinguant les différentes étapes ; (doc4) (9 points)


QUESTION DE SYNTHESE (40 points) : APRES AVOIR MONTRE DANS UNE PREMIERE PARTIE QUE DURANT LES ANNEES 1930-1960 IL A EXISTE UNE CLASSE OUVRIERE PORTEUSE D’UNE CULTURE PROPRE TRANSMISE PAR DES INSTANCES DE SOCIALISATION ET DE CONTROLE SPECIFIQUES. VOUS MONTREREZ QUE DEPUIS LES ANNEES 60 DE PROFONDES TRANSFORMATIONS ONT EU LIEU QUI CONDUISENT A METTRE EN QUESTION LA PERTINENCE DU CONCEPT DE CLASSE ET DE CULTURE OUVRIERE.


DOSSIER DOCUMENTAIRE :

DOCUMENT 1 :


SOURCE : Le cédérom d'alternatives économiques , 10ème édition

DOCUMENT 2 :
Dévalorisation du travail ouvrier, affaiblissement de la résistance collective,affrontement des générations à l'usine et dans les familles, crise du militantisme syndical et politique, montée des tensions racistes sur fond de chômage de masse et de vulnérabilité croissante : un certain «groupe ouvrier» a vécu, celui des ouvriers d'industrie, organisés syndicalement et constitués politiquement, héritiers, en quelque sorte, de la «génération singulière'» qui s'était construite dans les luttes sociales de 1936 et de l'immédiat après-guerre. Sans vouloir céder ici à l'illusion rétrospective et largement anachronique d'un âge d'or ouvrier - la condition ouvrière a toujours été une condition subie, soumise à la nécessité -, il n'en reste pas moins que les ouvriers du temps de la «classe ouvrière» disposaient d'un capital politique accumulé (les partis «ouvriers», les syndicats), d'un ensemble de ressources culturelles (des associations se référant sans honte au mot ouvrier) et symboliques (la fierté d'être ouvrier, le sentiment d'appartenir à la «classe»), qui permettaient de défendre collectivement le groupe, y compris les «conservateurs», limitant ainsi l'emprise de la domination économique et culturelle.
Il existait aussi, hors de l'usine, ce qu'on peut appeler une « société ouvrière » qui .permettait à ses membres de vivre dans un entre-soi protecteur et rassurant au sein duquel s'épanouissait une culture Spécifique dont les traits étaient proches de ceux décrits par Richard Hoggart', à propos des ouvriers anglais des années 1950 : opposition entre le inonde des autres (« Eux ») et le «Nous» communautaire, liberté accordée aux enfants et réalisme scolaire, repartition traditionnelle des rôles dans le couple. Dans ce monde intégré, diverses instances de socialisation (cercles laïques, jeunesse communiste ou jeunesse ouvrière chrétienne, colonies de vacances, activités culturelles et de loisir des comités d'entreprise) encadraient la jeunesse dans les zones urbaines et contribuaient à la transmission des mêmes valeurs. Cette longue période durant laquelle l'existence de la classe ouvrière apparut comme une évidence semble aujourd'hui révolue. •
SOURCE : Stéphane Beaud, Michel Pialoux,retour sur la condition ouvrière, fayard , 1999,p.417-418.

DOCUMENT 3 :
Le processus de réhabilitation de l'entreprise à l'oeuvre depuis le début des années 1980, qui a étroitement coïncidé avec les «adieux au prolétariat» de nombreux intellectuels «marxistes», a fait apparaître les ouvriers comme des obstacles à la modernisation de l'industrie, comme les héritiers d'un passé révolu, menant nécessairement des combats d'arrière-garde. Progressivement et insensiblement, ils ont quitté l'horizon mental des faiseurs d'opinion (intellectuels, journalistes, hommes politiques, etc.), et cela au moment où, en raison même de l'affaiblissement des formes de résistance collective, le travail s'est intensifié dans les ateliers, où les relations sociales au travail se sont détériorées, où les ouvriers ont été pour ainsi dire transformés en simple variable d'ajustement, réduits à une composante de la masse salariale qu'il faut comprimer toujours plus. Au cours de ces quinze dernières années, la «question ouvrière» a été véritablement refoulée.Leur porte-parole (les syndicats ouvriers, les délégués à l'usine, les militants associatifs, le «Parti»), qui avait vocation à les représenter dans l'espace public, a considérablement perdu de son influence. L'image que le groupe ouvrier se faisait de lui-même s en est trouvée ternie. Cette crise de la représentation a fortement contribué a la
non-visibilité du groupe. Disons-le brutalement : les ouvriers, qui avaient pour eux la force du nombre, ont peu à peu cessé d'être craints et ne font plus peur aux dirigeants. Il s'agit là d'une rupture importante dans l'histoire des rapports de classe. Elle signifie que les digues construites au fil du temps par le mouvement ouvrier pour s'opposer à l'exploitation, doter le groupe d'une conscience de classe et mieux résister à
la domination symbolique ont très largement cédé. •
SOURCE :Stéphane Beaud, Michel Pialoux,op. cit., p. 15-16.

DOCUMENT 4 :

Avec la généralisation de la protection sociale et sanitaire, l'extension du travail féminin qui procure un deuxième salaire, les ouvriers ont pu entrer dans un rapport gestionnaire à leur propre existence. D'autres facteurs les ont obligés à développer cette capacité de gestion; par exemple, la mensualisation les a contraints d'apprendre à gérer leurs revenus sur un mois. De la même manière, quand la consommation s'est développée, elle a contraint les ouvriers d'apprendre à gérer des investissements dans des biens durables, d'abord la voiture, puis le logement. On a assisté à une déprolétarisation, au moins dans la consommation (près de la moitié des familles ouvrières sont propriétaires de
leur logement). Enfin, ça a été l'explosion scolaire, la généralisation de l'entrée des fils d'ouvriers dans le secondaire, d'où l'accès à la mobilité sociale. Un enfant d'ouvrier sur deux a accédé au salariat non ouvrier. De plus en plus d'ouvriers suivent de très près la scolarité de leurs enfants. C'est une véritable révolution. Tout cela a désagrégé la tradition culturelle ouvrière et s'est manifesté dès 68 dans l'aspiration de la jeune génération à l'émancipation individuelle, y compris par rapport aux formes traditionnelles d'organisation ouvrière. Depuis lors, la crise a tout à la fois stimulé le développement de cette aspiration et creusé les écarts au sein de la classe. •
SOURCE : Jean-Pierre Terrail,•La forteresse vide*,in Ouvriers, Ouvrières,Autrement, 1992, p. 152.

QSTP et correction première : culture et vêtement

QUESTION DE SYNTHESE - CULTURE ET VETEMENT
DOSSIER DOCUMENTAIRE :
DOCUMENT 1 : '' L'homme ne s'est pas vêtu pour avoir chaud; tardivement, il a utilisé pour se préserver du froid de l'hiver et aussi des ardeurs de l'été des accessoires qu'il avait d'abord ajoutés à sa personne pour de tout autres fins. Bien avant de s'envelopper 'd'une robe et d'un manteau, il s'est orné de colliers, de bracelets et de bagues; il s'est logé des pierres, des métaux, des coquilles, des os, des bois précieux dans le lobe de l'oreille, la cloison du nez, la lèvre.
Il s'est peint la peau : le tatouage n'est pas un vêtement chaud. Les peaux d'animaux furent l'exhibition des dépouilles qu'un habile chasseur était fier de montrer, avant que l'arrivée de la période glaciaire en fît une nécessité. Les étoffes elles-mêmes furent des engins de pêche et de chasse, puis des insignes et des trophées, plus tard seulement des défenses contre les intempéries.
La fonction pudique du vêtement est presque universelle et sans doute fort ancienne. Chez beaucoup de peuplades de la zone tropicale, sauf les accessoires décoratifs ou distinctifs, anneaux, colliers, tatouages, insignes, le costume se réduit à une pièce d'étoffe qui voile les parties sexuelles.
SOURCE : E.Goblot , La barrière et le niveau,P.U.F., 1967(1° édition 1925).

DOCUMENT 2 : En 1994, le couturier Christian Lacroix affirmait dans le catalogue d'une exposition consacrée au jeans et à son histoire : « Le monde est bleu et ce sera pour toujours la couleur de la seconde moitié de ce siècle, celle qui recouvre tous et toutes d'une nuance unique. »
Vêtement de travail, de loisirs et enfin de mode, le jeans, hérité du XIXe siècle, a progressivement gagné toutes les garde-robes. Porté dans tous les pays du monde, il est le témoin parfait d'une mode en train de se mondialiser.
L'histoire du jeans recouvre celles de deux étoffes et d'un vêtement. Pour démêler une réalité un peu confuse, il convient de donner quelques définitions. Le Jean est un sergé de coton d'une seule couleur, reconnaissable à ses côtes obliques. Le denim est également un sergé de coton mais il est particularisé par des fils de chaîne bleu indigo non teints à cœur et par des fils de trame écrus. Ce qui explique le délavage progressif propre au vieillissement de cette étoffe. Le jeans, dérivé de l'expression anglaise a pair of jeans, ou Jean comme il est dit improprement en France, est un pantalon en denim d'une forme précise. ( … )
Au début du XXe siècle, le jean trousers, ou pantalon Jean, présenté dans les catalogues de vente par correspondance de la maison Montgomery Ward est un pantalon de coupe classique réalisé dans un tissu de jean. Les vêtements de travail en denim bleu aux grosses surpiqûres se divisent eux en deux catégories : les overalls, ou vêtements de dessus, (pantalons larges, salopettes, combinaisons et larges vestes), et un pantalon surnommé California pants style overalls. Il s'agit d'un modèle de pantalon mis au point en Californie et destiné d'abord aux professions qui s'exercent à cheval. Il se caractérise par une taille ajustée, au maintien renforcé par une patte de resserrage au dos, une ceinture à passants, des boutons rivetés et cinq poches : deux latérales, deux plaquées au dos et, sur le devant, une petite poche placée sous la ceinture.
C'est un pantalon de ce type que Levi Strauss a perfectionné. Un tailleur, Jacob Davis Youphes, avait eu l'idée de renforcer à l'aide de rivets les poches des pantalons qu'il confectionnait. Désireux de réunir des capitaux, il proposa une association à Levi Strauss qui fit enregistrer le brevet de l'invention en 1873. ( … )
Au début du XXe siècle le pantalon de travail californien est toujours appelé overall. La maison Levi Strauss n'adoptera d'ailleurs le nom de jeans que dans les années 1960 car elle voulait mettre en valeur avec le mot overall la fonction utilitaire du vêtement.
Ce n'est que dans le deuxième quart du XXe siècle que le nom de jeans vint désigner un pantalon de travail en denim appartenant à la panoplie du cow-boy. À travers la littérature et le cinéma - notamment les western - la figure du cow-boy est en effet devenue une image
emblématique des valeurs morales que l'Amérique revendique. Sa reconnaissance passe également par celle de la culture de l'Ouest, région désormais visitée par les élégants de la côte est. Ils en rapportent des vêtements typiques, en particulier ce pantalon en denim, ajusté à la taille, qu'ils prennent l'habitude de porter comme vêtement de sport et de loisir. ( … ) .
C’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le jeans est largement adopté par les adolescents désireux de se démarquer de leurs aînés. Le denim est en effet depuis le début du XX° siècle , aux Etats Unis , le matériau par excellence des vêtements de jeu pour enfants . Le port du jean permet de s’opposer au monde adulte et de prouver son identité . Les acteurs Marlon Brando et James Dean deviennent alors les figures de cette rébellion qui superpose à l’imagerie de l’Ouest et du cow-boy celle du mauvais garçon . Cependant le port du jeans reste encore cantonné aux loisirs : il est interdit à l'école. Dans les années 1960-1970, le jeans, en particulier le 501 de Levi Strauss, s'affirme comme l'uniforme d'une jeunesse rebelle tandis qu'il est utilisé par les plus âgés comme vêtement de détente. Dix ans plus tard, le jeans est adopté par toutes les couches de la société américaine et porté dans presque toutes les circonstances.
Mais c'est en Europe que le jeans devient enfin un produit de mode. Découvert dans les friperies et les surplus américains, il séduit à la fois par son mythe et par son bleu patiné. En Europe, à partir de 1968, un grand nombre de marques de jeans se développent. Elles adaptent le jeans à la mode en modifiant sa forme et parfois son étoffe.
SOURCE : P.Gorguet Ballesteros , Encyclopedia Universalis , 2004

DOCUMENT 3 :
A : Le vêtement reste le support privilégié de l'image que l'on donne aux autres. Il constitue un moyen de trouver et d'affirmer sa propre personnalité, mais aussi parfois d'en changer. Certains choisissent de se fondre dans leur environnement professionnel ou social en endossant une sorte d'uniforme qui leur permet d'être transparents et d'avancer masqués. D'autres cherchent à signifier leur appartenance à un groupe social restreint (tribu). D'autres enfin jouent avec leur apparence dans le but de brouiller les cartes ou de révéler des facettes différentes de leur identité.
De plus en plus souvent, les Français ajoutent des touches personnelles à leur habillement, pour se différencier des autres ou jouer avec leur identité. Dans ce contexte, la mode ne joue plus qu'un rôle mineur. Elle propose des idées et des thèmes qui seront la plupart du temps détournés et mélangés par les individus afin de créer leur propre style. Etre ou paraître, se fondre ou s'affirmer, tels sont les choix qui s'offrent à chacun dans toutes les circonstances de sa vie. Ils sont de moins en moins définitifs et peuvent changer selon moment de la journée, de la semaine , de l'année ou de la vie.
Il est difficile de lire dans la mode actuelle des tendances générales, car elles sont brouillées par la récupération, le détournement et les clins d'œil au passé. Les créateurs jouenf ( … )Le souci de personnalisation explique le mélange de kitsch, de vintage (vêtements vieillis) et de vêtements « customisés » (ajout de touches personnelles).
SOURCE : G.Mermet Francoscopie 2003 , Larousse 2002

B : De Tokyo à Milan en passant par New York et Paris, la vague bleue qui déferle dans les rues donnerait presque le mal de mer. Aux Etats-Unis, le marché du denim pour adultes atteint 9,5 milliards de dollars. En France, 54 millions de paires ont été vendues en 2001 (45 millions en 1999). ( … )
Dans la rue le jean s'impose comme le porte-parole du moi en version griffée D&G ou customisée. Stars de la saison, les effets d'usure et de délavage artificiels, le phénomène taille basse .( … )
A Paris, rue Etienne-Marcel -artère où se concentrent les plus grands fabricants de denim – des adolescentes balaient le bitume avec leurs jeans pattes d'ef fendus sur des tennis All Star. En pantalon taille basse tailladé sur les jambes et teint d'ocré sur les fesses,.une autre semble revenir d'un sit-in punk. Un quinquagénaire ose même un modèle brut à moustaches blanches. Désormais, le jean n'a plus d'âge. «Il y a deux ans, la clientèle avait entre 16 et 30 ans. Aujourd'hui, elle va jusqu'à 45 ans, surtout chez la femme », explique Patrick Ekmi, responsable «Five Pocket» chez Diesel. Il faut dire qu'il ne s'agit plus du basique cinq poches, style 501, tellement confortable, mais si peu seyant aux derrières féminins.
Il y a quatre ans, les créateurs lui ont apporté une caution d'élégance en jouant sur sa toile les sophistications et les coupes anatomiques : Gucci avec son jean déchiré et rebrodé de plumes, Chloé avec ses pantalons ultrasexy. Les stars aussi ont rechargé son sex-appeal, en le personnalisant. En 2000, la chanteuse pop Mariah Carey posait avec un jean dont la ceinture, découpée au ciseau, s'effilochait au-dessous du nombril. Une idée reprise depuis par la marque Liberté. ( … )
Peu importe , à travers l’art des détails le jean joue la personnalisation et devient le porte-parole du moi .
SOURCE : C.Brunel , La vague bleue , 20 juillet 2002

DOCUMENT 4 : A l'heure où le style international gomme toutes les différences vestimentaires, à l'heure où l'Amérique « politiquement correcte » impose à l'Europe ses standards puritains, comme elle avait imposé, dans les années 60-70, l'unisexe et la nudité émancipatrice, ce Woodstock féminin aura révélé l'importance du costume et de la parure dans l'affirmation première, instinctive, d'une identité.
Dans les années 60, les tenues occidentales étaient apparues pour beaucoup comme l'uniforme de la libération féminine. «Même si la minijupe était autorisée dans mon pays, je ne la porterais pas, affirme aujourd'hui une Pakistanaise fidèle à son shalwar kameez (tunique flottant sur un pantalon de coton). Je trouve mon costume plus séduisant... » Une Népalaise de Katmandou, au front marque d'un point rouge, affirme jouer au volley-ball en sari, «parce que chaque instant de la vie est une cérémonie... »
Le costume traditionnel apparaît commme l'étendard vivant et individuel d'une différence. Un bagage tissé que chacun transporte avec soi, dans un sens retrouvé des racines, et la volonté de se raccrocher à une histoire, de s'identifier à une mémoire. ( … )
On ne peut que mesurer le décalage entre deux époques, mais également entre toutes ces visions du monde, cette relation aux autres, à laquelle le vêtement sert tantôt de langage, tantôt de repoussoir. Si dans l'Europe de l'après-« grunge » s'habiller apparaît comme le luxe d'un monde d'hier, le vêtement a valeur de principe de vie dans d'autres parties de la planète. « Car, si ma fille croise sur son chemin des dignitaires du village, elle doit recevoir le respect qu'ils lui doivent... », affirme une Sénégalaise, mère de sept enfants, cultivant le mil à Thies.
SOURCE : L.Beanaïm , La mode européenne n’est plus le symbole de l ‘émancipation féminine , Le Monde , 16 septembre 1995

I- TRAVAIL PREPARATOIRE


1 – A priori , quelles sont les fonctions du vêtement ? En quoi cette vision est-elle contestable ? A partir de la phrase soulignée , expliquez quelles sont les véritables fonctions du vêtement . ( doc 1 , 4 points)
2- Après avoir défini les termes sous-culture et contre-culture , vous montrerez en quoi le jeans est un symbole de la sous-culture et de la contre-culture de la jeunesse américaine ( doc 2 , 3 points )
3 - Après avoir rappelé ce qu’on entend par macdonaldisation de la culture , vous donnerez les raisons qui expliquent que le jeans soit devenu le vêtement représentatif du XX° siècle . ( doc 2 , 3 points )
4- Expliquez la phrase soulignée ; a quelle démarche sociologique se réfère-t-elle ? Présentez-là .( doc 3A , 3 points )
5-Aujourd’hui Gucci et Chloé ,deux marques de luxe , réinventent le jeans . A-t-il la même signification que celui porté par Marlon Brando dans les années 50 aux Etats-Unis ( doc 2 et 3 B , 3 points )
6 – Définissez les concepts de contre-acculturation et d’assimilation ,. Quel est le concept le plus approprié aujourd’hui ? Expliquez ( doc 4 , 4 points )

II- QUESTION DE SYNTHESE :

Après vous être interrogé sur l’origine du vêtement , vous vous demanderez si une uniformisation vestimentaire risque d’apparaître.

Après avoir montré que le vêtement relève apparemment de déterminants naturels , vous démontrerez qu’il est un élément de la culture . Dans une seconde partie vous développerez l’idée que l’on semble assister à une uniformisation mondiale des modes vestimentaires . Puis vous relativiserez en montrant que cette uniformisation n’est pas totale . Vous pourrez utilisez prioritairement l’exemple du jeans .
CORRECTION DE LA QUESTION DE SYNTHESE


« A l’heure où le style international gomme toutes les différences vestimentaires , à l’heure où l’Amérique « politiquement correcte » impose à l’Europe ses standards puritains , comme elle avait imposé , dans les années 60-70 , l’unisexe et la nudité émancipatrice , ce Woodstock féminin aura révélé l’importance du costume et de la parure dans l’affirmation première , instinctive d’une identité » ( doc 4)
Cette phrase de L.Beanaïm résume bien le statut ambivalent et paradoxal du vêtement . En effet , contrairement à ce que l’on pourrait penser a priori , l’origine du vêtement n’est pas d’ordre biologique , mais culturel ( « l’importance du costume dans l’affirmation première d’une identité ») . Comme la fonction essentielle du vêtement est de préciser son identité , il peut donc varier en fonction du contexte , de l’époque : il n’est donc pas immuable . Les vêtements vont donc évoluer en raison de la rencontre des cultures .
Comme il y a une hiérarchie des cultures , le risque est alors grand de voir apparaître une uniformisation vestimentaire ; tous les pays adoptant le jeans , symbole de la culture américaine , considéré come supérieure . Pourtant , ce risque apparaît , en réalité , peu important , puisqu’on assiste aujourd’hui à une individualisation croissante des vêtements et à un retour aux costumes traditionnels .
Après s’être interrogé sur l’origine ( naturelle ou culturelle ) du vêtement , on verra que la crainte de l’uniformisation vestimentaire est peu probable

I-

A – LES PRENOTIONS SUR LE VETEMENT SONT CONTESTABLES

1 – LES PRENOTIONS

Traditionnellement , la fonction du vêtement est double : la première est « une fonction pudique du vêtement presque universelle » qui « voile les parties sexuelles » ( doc 1 ) . La seconde est d’assurer la protection du corps face aux intempéries ( froid , vent , neige , … ) . En effet , l’homme , en tant qu’espèce humaine ne possède pas d’attributs naturels qui lui permettent de lutter contre les variations climatiques , à l’instar d’autres espèces animales ( couche de graisse , fourrure s’épaissisant en hiver , … ) .
L’utilisation de vêtements résulterait donc d’un impératif biologique et naturel : l’espèce humaine ne peut résister sans habits .


2 – SONT CONTESTABLES

Or , comme l’écrit E.Goblot ( doc 1 ) : « l’homme ne s’est pas vêtu pour avoir chaud ; tardivement , il a utilisé pour se préserver du froid de l’hiver et aussi des ardeurs de l’été des accessoires qu’il avait d’abord ajoutés à sa personne pour de toutes autres fins » . En effet , dans le grand nord canadien , des peuples continuent à chasser quasi nus . Ainsi , la fonction première du vêtement n’était pas de protéger le corps , ne répondait pas à des objectifs naturels , mais il avait des fonctions symboliques . « Bien avant de s’envelopper d’une robe et d’un manteau , il s’est orné de colliers , de bracelets et de bagues » ( doc 1 ) . L’homme a utilisé des parures pour des fonctions culturelles et sociales , puis celles-ci ont ensuite eu une fonction utilitaire : « les étoffes elles-mêmes furent des engins de pêche et de chasse , puis des insignes et des trophées , plus tard seulement , des défenses contre les intempéries » ( doc 1 ) .


B – LA FONCTION DU VETEMENT EST SOCIALE ET CULTURELLE

Un vêtement est donc un élèment de la culture qui transmet alors des valeurs , des normes , des rites , est le signe d’un statut

1 – LE VETEMENT EST UN ELEMENT DE LA CULTURE

En effet , « le vêtement reste le support privilégié de l’image que l’on donne aux autres » ( doc 3 A ) . Il doit signifier des valeurs , c’est-à-dire des idéaux développés par le groupe : l’exhibition de peaux de bêtes était le signe du courage et du sang-froid de l’individu ( doc 1 ) . Le vêtement transmet aussi des normes , c’est-dire des règles de conduite qu’un individu doit suivre pour atteindre un idéal : pour atteindre l’idéal de courage , la règle est donc de chasser ( doc 2 ) . Le vêtement est aussi le signe d’un statut , c’est-à-dire de la place d’un individu dans une des dimensions de l’espace social : ainsi , dans les années 30 , le jeans est un vêtement de travail ( doc 2 ) . Le vêtement peut aussi jouer le rôle de rite de passage qui est une pratique codifiée obéissant à des règles précises , et qui sert à marquer les étapes de la vie d’un individu . Dans les tribus primitives , le fait de porter certaines parures ( vêtements , signes corporels comme des tatouages ) sont l’expression de rites initiatiques permettant de montre le changement de statut .De même jusqu’aux années 50 , le passage de pantalons courts aux pantalons longs pour les garçons , le port de la première paire de bas pour les filles signifiait le passage de l’enfance à l’âge adulte .
Le vêtement est donc un élément de la culture ; il assure donc les fonctions de la culture : il permet de réunir une pluralité de personnes en montrant l’adhésion de l’individu à un groupe .


2 – D’UNE SOUS- CULTURE ET/ OU D’UNE CONTRE-CULTURE

« Le port d’un vêtement permet ainsi de signifier l’appartenance à un groupe social restreint ( tribu ) » ( doc 3 A ) . Ainsi , quand on compare deux entreprises américaines produisant le même bien informatique : IBM et Apple , on se rend compte que chacune développe un certain « uniforme » d’entreprise : chez IBM , les salariés portent des costumes foncés et des cravates , chez Apple le T-shirt et les jeans sont exigés . Ces tenues vestimentaires ne sont pas neutres mais révèlent le système culturel de chaque entreprise : chez IBM , on valorise la rigueur scientifique , chez Apple le côté farfelu du bidouilleur de génie. Les employés qui ne rentreraient pas dans le cadre vestimentaire seraient obligatoirement exclus , car cela signifierait leur refus de la culture d’entreprise .
Dans cet exemple , le vêtement est un élément d’une sous-culture, c’est-à-dire un système de valeurs , de normes et modèles de comportement , propre à un groupe social lui permettant de se différencier et d’intégrer ses membres en développant une conscience collective , sans pour autant s’opposer à la culture de la société . Ainsi , le jeans au départ est caractéristique des professions exerçant à cheval , il est représentatif d’un métier ( doc 2 ) . Ensuite , il est adopté par les classes riches « qui prennent l’habitude de le porter comme vêtement de sport et de loisir » ( doc 2 ) . Il est alors symbole de détente .
Dans un second temps le jeans va devenir un élément de contre-culture , c’est-à-dire la culture d’un groupe social dont les valeurs , les normes et les mdèles de comportement s’opposent au foyer culturel légitime de la société dans laquelle il réside En effet , après la seconde guerre mondiale , le port du jean était synonyme de jeunesse, puisque c’était « le matériau par excellence des vêtements de jeu pour enfants » ( doc 2 ) . Le port du jean permet donc de montrer la révolte des jeunes face au monde adulte , puisqu’il est interdit à l’école ( doc 2 ) . Il montre donc le refus de la jeunesse d’adhérer au modèle culturel dominant , puisque « les acteurs Marlon Brando et James Dean deviennent alors les figures de cette rébellion qui superpose à l’imagerie de l’Ouest et du cow boy celle du mauvais garçon ( doc 2 ) : celui qui refuse les règles normales de la société ( travailler pour vivre , se marier , acheter des biens matériels ) et en valorisent d’autres : liberté et indépendance ( refus de dépendre d’un patron ) , combines pour avoir un revenu

Comme le jeans a été symbolisé par des acteurs célèbres , il a profité de leur reconnaissance : par le biais du cinéma , il a été diffusé dans le monde entier .


II-

Le jeans a donc l’aura du cinéma , il est le symbole de la culture américaine . Les autres sociétés vont alors vouloir l’ adopter pour acquérir une partie du prestige de la société américaine .

A – UNE UNIFORMISATION APPARENTE DES VETEMENTS


En effet , « En 1994 , le couturier C.Lacroix affirmait dans le catalogue d’une exposition consacrée au jeans et à son histoire : « Le monde est bleu et ce sera pour toujours la couleur de la seconde moitié de ce siècle , celle qui recouvre tous et toute d’une nuance unique » ( doc 2 ) .

1 – CONSTAT

Le jean paraît donc être donc devenu l’uniforme de toute la planète , quel que soit le sexe , l’âge ou l’ethnie . Sa diffusion s’est faite de manière progressive . D’abord l’Europe à la fin des années 60 , puis le reste des pays . Ainsi , « de Tokyo à Milan en passant par New York et Paris , la vague bleue qui déferle dans les rues donnerait presque le mal de mer » ( doc 3 B ) .. Les quantités vendues sont donc impressionnantes : « aux EU , le marché du denim pour adultes atteint 9,5 milliards de dollars . En France , 54 millions de paires ont été vendues en 2001 » ( doc 3B ) . A l’intérieur des pays , il touche toutes les parties de la population : dès les années 70 , aux EU , « le jeans est adopté par toutes les couches de la société américaine et porté dans presque toutes les circonstances » ( doc 2 ) .Comme l’écrit C.Brunel , « le jeans n’a plus d’âge » ( doc 3 B ) ; P.Ekmi affirme : « il y a deux ans , la clientèle avait entre 16 et 30 ans . Aujourd’hui , elle va jusqu’à 45 ans , surtout chez la femme » ( doc 3 B )
Cette uniformisation vestimentaire est le signe d’un phénomène d’acculturation que Redfield , Linton et Herskovits définissent comme l’ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraine des changements dans les modèles culturels initiaux de l’un ou des deux groupes .


2 – EXPLICATIONS

a – L’ACCULTURATION

En effet , grâce au développement des moyens de communication , la rencontre des cultures s’accélère . La rencontre des cultures va donc modifier les différentes cultures , mais les changements culturels sont différents selon les rapports de pouvoir qu’elles entretiennent En effet , comme l’écrit D.Cuche , si toutes les cultures méritent la même attention et le même intérêt de la part du chercheur , cela ne permet pas d’en conclure qu’elles sont toutes socialement reconnues de même valeur . Il existe une hiérarchie de fait entre les cultures , soit à l’intérieur d’un pays , soit au niveau mondial . Quel que soit le niveau auquel on s’attache , une constance apparaît : la culture dominante est toujours la culture du groupe écononomiquement dominant . Comme les EU sont le pays le plus riche au monde , le plus puissant au niveau économique et politique , adopter le vêtement caractéristique des EU ( le jeans ) signifie prendre une partie du prestige américain et acquérir la culture américaine , considérée comme supérieure et signe de progrès. Les autres pays adoptent une fome particulière d’ethnocentrisme : un ethnocentrisme inversé , puisqu’ils sont eux-même persuadés de la supériorité de la culture américaine .

b-LE JEANS : UNE ADOPTION SYMBOLIQUE DE LA CULTURE AMERICAINE

En effet , le jeans véhicule des valeurs censées avoir permis la réussite économique des EU . Le jeans est avant tout caractéristique de la culture de l’Ouest ( doc 2 ) basée sur l’idée de frontière et de réussite individuelle : les immigrants arrivés aux EU avaient la possibilité d’améliorer leur sort s’ils en avaient la volonté et les capacités en partant toujours plus à l’Ouest . C’est donc le symbole de l’économie de marché puisqu’on postule que la liberté d’entreprendre permet et facilite la réussite individuelle .
En plus de la liberté , le jeans véhicule d’autres valeurs jugées supérieures par les sociétés occidentales : l’égalité . En effet , le jeans est un pantalon porté à la fois par les femmes et et les hommes . Il gomme donc les différences . « Ainsi , dans les années 60 , les tenues occidentales étaient apparues pour beaucoup comme l’uniforme de la libération féminine » ( doc 4 ) . Le jeans symbolisait donc une culture où toutes les énergies étaient mobilisées , ce qui favorisait la croissance et le développement .

c- L’ASSIMILATION

Comme cette acculturation s’est opéré dans une relation hiérarchique ( la culture américaine est la plus valorisée ) et volontaire ( les autres sociétés souhaitent imiter la culture américaine) , la conséquence risque d’être l’assimilation : la disparition des autres cultures qui acceptent intégralement les valeurs de l’autre . L’adoption mondiale du jeans donne ainsi l’impression d’une mcdonaldisation de la culture : il y aurait uniformisation culturelle qui risquerait à terme de conduire à la disparition des cultures les plus fragiles et les plus minoritaires .

Or , ce qui paraissait vrai dans les années 60 ne l’est plus aujourd’hui : il y un retour à l’individualisation des comportements pour montrer son identité , tant à l’intérieur des pays , qu’entre les pays .


B – MAIS NON REELLE

1 – A l’INTERIEUR DES PAYS :PLUS UN SEUL JEANS

En effet , parler de jeans semble aujourd’hui impropre puisque le seul point commun est le tissu : « un sergé de coton d’une seule couleur reconnaissable à ses côtes obliques » ( doc 2 ) . Il n’ a plus une seule forme : « une taille ajustée, au maintien renforcé par une patte de resserage au dos , une ceinture à passants , des boutons rivetés et cinq poches : deux latérales , deux plaquées au dos , et , sur le devant , une petite poche plaquée sous la ceinture » ( doc 2 ) , mais une multitude : « des jeans pattes d’ef » , « taille basse tailladé sur les jambes « , « modèle brut à moustaches blanches » ( doc 3 B ) .
Ce phénomène est le signe de deux tendances . La première est que le jeans a cessé d’être le symbole de la sous-culture et de la contre-culture américaine . Il est maintenant utilisé par les grandes maisons de couture qui en font des vêtements de luxe réservé à un élite : « il y a 4 ans , les créateurs lui ont apporté une caution d’élégance en jouant sur sa toile les sophistications et les coupes anatomiques : Gucci avec son jean déchiré et rebrodé de plumes , Chloé avec ses pantalons utrasexy » ( doc 3 B) . L’objectif du jeans est de montrer sa distinction sociale : en mettant un jean différent des autres , on montre sa richesse et sa puissance .
Ce phénomène s’inscrit dans une logique actuelle plus large : la volonté de s’affirmer et « de révéler des facettes différentes de son identité » ( doc 3 A ) .
« Dans ce contexte , la mode ne joue plus qu’un rôle mineur . Elle propose des idées et des thèmes qui seront la plupart du temps détournés et mélangés afin de créer son propre style » ( doc 3 A ) . Il y a donc un refus de la part des individus d’accepter les diktats faits par la société et une volonté , à partir d’un modèle de base , de créer son propre vêtement . C’est ce qui « explique le mélange de kitsch , de vintage et de vêtements customisés » ( doc 3 A ) . On est donc dans une logique interactionniste de la culture qui considère que la culture n ‘est un tout cohérent extérieur aux individus qui composent la société . Les individus , par leurs actions , vont participer à l’élaboration de la culture
.

2 – ENTRE- PAYS :UN RETOUR AU COSTUME TRADITIONNEL SIGNE D’UNE CONTRE-ACCULTURATION

A l’intérieur d’un pays , il n’ y a donc plus une seule mode vestimentaire basée sur le jeans . La diversité réapparaît aussi entre les pays .
En effet , à la différence des années 60 où l’acculturation débouchait sur l’assimilation , aujourd’hui celle-ci engendre une contre-acculturation c’est-à-dire un mouvement de refus actif de la culture dominante qui peut générer une contre-culture préconisant la restauration du mode de vie antérieur au contact .On assiste aujourd’hui à un retour au costume traditionnel : « une Pakistanaise fidèle à son shalwar kameez , une Népalaise en sari » ( doc 4 ) .
Ce retour aux vêtements caractéristiques d’une société s’explique par le fait que « le costume traditionnel apparaît comme l’étandard vivant et individuel d’une différence . Un bagage tissé que chacun transporte avec soi , dans un sens retrouvé des racines , et la volonté de se raccrocher à une histoire de s’identifier à une mémoire » ( doc 4 ) . La plupart des sociétés ont abandonné l’ethnocentrisme inversé des années 60 et adoptent une positon basée sur le relativisme culturel : les cultures sont différentes , mais on ne peut pas les classer selon un ordre hiérarchique , aucun jugement de valeur ne peut être porté sur une culture .
Les valeurs développées par les occidentaux ne paraissent donc plus universelles , car pour certaines sociétés , elles ne correspondent pas aux structures fondamentales de la culture .

Contrairement aux idées reçues , le vêtement ne répond pas à des exigences naturelles et biologiques : se protéger du froid , mais est un élément culturel : il véhicule des valeurs , des nomes et assure l’intégration d’un individu à une société ou à un groupe social ( sous-culture et contre-culture ) . Comme tout élément culturel , il va se transformer lors de la rencontre des cultures favorisée aujourd’hui par le développement des moyens de communication . Le risque est alors la macdonaldisation des cultures puisque la culture américaine est la plus valorisée : porter des jeans , symbole des EU assurerait une partie du prestige des EU . Pourtant , ce risque apparaît peu présent : on assiste aujourd’hui à une individualisation des comportements et à un retour aux costumes traditionnels .
En effet , les échanges ont toujours eu lieu ; les costumes traditionnels ne sont pas fixés ad vitam eternam , mais évoluent au cours du temps . Ainsi , le jean considéré comme un symbole des EU est né d’une rencontre avec la culture française , puisque le tissu vient de Nimes ( d’où son nom denim ) . Ainsi , aucune culture n’existe à l’état pur , identique à elle-même depuis toujours . On peut le voir aussi avec l’alimentation : la peur d’une uniformisation des modes alimentaires basée sur le macdo est très présente . Or , les aliments ont évolué au cours du temps et intégré les apports de cuisine étrangères en fonction de leurs goûts . Le processus d’acculturation est un phénomène universel : toute culture est un processus permanent de constructions , déconstructions et reconstructions . Certains , comme D.Cuche , préconisent alors de remplacer le mot culture par celui de culturation pour souligner cette dimension dynamique de la culture .