Les nouvelles technologies un outil au service du développement durable ?

Les nouvelles technologies un outil au service du développement durable ?

Note de Veille n° 79

29 octobre 2007
Illust:NoteVeille, 2.6 ko, 58x93
Pour consulter la Note de Veille n°78
Analyse : Les nouvelles technologies de l’information et de la communication au service du développement durable ?

- Les TIC : de l’impact sur le PIB... à l’impact sur le développement durable
- Des impacts directs des TIC à maîtriser via des réponses technologiques
- Des impacts indirects en faveur de l’environnement moins importants qu’espéré
- Les TIC au service de nouvelles finalités environnementales : démocratie, bâtiment, énergie
- Conclusion : l’économie de l’environnement offre un nouveau champ pour les TIC

Les perspectives énergétiques de la France à l’horizon 2020-2050


un nouveau rapport du CAS :

Les perspectives énergétiques de la France à l’horizon 2020-2050

octobre 2007
Illust:mainglobe2, 2.4 ko, 58x58
Ce rapport rassemble les travaux de la « commission Énergie » mise en place par le Centre d’analyse stratégique et présidée par Jean Syrota, il ne constitue pas une position du gouvernement :

LES PERSPECTIVES ÉNERGÉTIQUES DE LA FRANCE À l’HORIZON 2020-2050

La commission Énergie a réuni de juin 2006 à septembre 2007 les différents acteurs et partenaires concernés dans le domaine énergétique (plus de 80 membres parmi lesquels : élus, partenaires sociaux, administrations nationales et européennes, opérateurs du secteur de l’énergie, industriels, experts, associations de consommateurs, organismes de recherche,...).

Ce rapport fait suite à la saisine adressée par le Premier ministre au Centre d’analyse stratégique en date du 12 mai 2006. Il avait été précédé par un rapport d’étape en novembre 2006 et un rapport d’orientation en avril 2007.

Le rapport se conclut (chapitre 7) par une liste de recommandations pour la politique française de l’énergie tant au plan national qu’au plan communautaire.

- RAPPORT (160 pages)

- Résumé (5 pages)
- Présentation powerpoint (30 pages)

- ANNEXES (97 pages)

ce rapport nous apprend que : "La France parmi les pays les plus vertueux, pour l’essentiel
grâce à son mix de production d’électricité depuis la fin des années 1980"

et l'objectif est de : " Favoriser la production d’énergies faiblement émettrices en CO2

  • Énergies renouvelables (de façon réaliste, notamment pour : éolien, agro-carburants,…)
  • Énergie nucléaire : incontournable compte tenu de l’évolution dumix énergétique (près de 80 % de la production d’électricité en 1990= nucléaire)

L'énergie nucléaire paraît donc , au moins à cort terme absolument nécessaire pour lutter contre les GES , mais la pollution s'arrête t'elle aux GES ?


un article du monde du 26-10-2007 explique : "re pic pétrolier, le moment où la moitié des réserves de brut de la planète ont été épuisées, aurait été atteint en 2006. L'extraction de l'or noir serait désormais sur une pente déclinante de 3 % par an, et les compagnies n'extrairont plus que 39 millions de barils par jour en 2030 (contre 81 millions aujourd'hui). Telle est la principale conclusion, alarmiste, des experts d'Energy Watch Group (EWG) - créé par le député Vert allemand Hans-Josef Fell - dans un rapport publié à Londres lundi 22 octobre.


Pour les scientifiques d'EWG, les réserves prouvées (exploitables et rentables aux coûts actuels) ne sont pas, contrairement aux estimations officielles, de 1 200 milliards de barils mais de 854 milliards. La différence est imputable aux cinq grands producteurs du Moyen-Orient : Arabie saoudite, Iran, Irak, Koweït et Emirats arabes unis. Ils ne posséderaient pas 630 à 710 milliards de barils, comme l'affirment les plus optimistes, mais seulement 340 milliards.

"Dans cette région, la production va décliner dans un avenir proche", affirme le rapport. Ce serait une très mauvaise nouvelle pour les pays consommateurs, qui comptent sur ces réserves pour alimenter leur croissance économique, alors que l'on s'attend à un déclin de la production des pays non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Russie, Mexique...) à partir de 2010.

Pour lire la suite :

une société de défiance ?

Yann Algan, Pierre Cahuc, La Société de défiance. Comment le modèle social français s’auto-détruit, Paris, Editions Rue d’Ulm, octobre 2007.

Dans leur note récemment publiée par le Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap), La Société de défiance, les deux économistes Pierre Cahuc et Yann Algan mettent en avant le niveau élevé de défiance et d’incivisme qui caractériserait la société française par rapport à la plupart de ses homologues occidentales. Pour le montrer, ils s’appuient notamment sur les enquêtes internationales World Values Survey. Les données sont en effet spectaculaires et justifient largement l’inquiétude : elles forment la substance de la première partie de l’étude. Une majorité de Français serait ainsi convaincu que, pour arriver au sommet, il est nécessaire d’être corrompu. Les Français affichent également le troisième plus mauvais résultat des pays étudiés quant à la confiance placée dans le système judiciaire. Ils sont à peine plus de 20% à déclarer qu’en règle général, on peut faire confiance aux autres. Etc.


Inquiétant mais passionnant

Un blog pour le développement

La CNUCED vient de lancer un blog pour le développement qu'elle présente ainsi :

« Idées pour le Développement » est un blog international de réflexion sur les problématiques de développement. Il rassemble plusieurs professionnels engagés dans ce domaine, de par leur métier et leurs convictions personnelles. Ce blog entend offrir un nouveau lieu de débat et de rencontre entre chercheurs, étudiants, professionnels de divers horizons et grand public. Ensemble, ils peuvent échanger informations, points de vue et visions de l'avenir pour faire progresser la cause du développement.

les Dernières notes publiées sont :

Aide au développement et Etats fragiles

Auteur : Jean-Michel Severino

La prévention des conflits armés peut-elle faire partie du mandat d’une banque de développement ? Les institutions internationales de développement ont-elles les moyens d’un tel mandat ? Est-ce souhaitable ?

Lire la suite

Faire preuve d’imagination pour régler le problème de la faim dans un monde en changement

Auteur : Josette Sheeran

Pour ceux d’entre nous qui travaillons dans le monde humanitaire, le problème de la faim représente un enjeu de taille à l’aube de ce 21e siècle. Le Programme alimentaire mondial (PAM) est la plus grande agence humanitaire au monde, reconnue pour intervenir rapidement et efficacement dans les situations d’urgences soudaines et imprévues.

Lire la suite

Croissance, inégalité et développement mondial : Qui reste à la traîne ?

Auteur : Kemal Dervis

Croissance mondiale et répartition des richesses par pays:
Ce sont les pays en développement qui propulsent l’expansion rapide des revenus au plan mondial et qui en sont les bénéficiaires.

Lire la suite

Droit, souveraineté et développement

Auteur : Abdou Diouf

La notion de développement est une notion globale, liée à l’instauration de l’Etat de droit, au respect des libertés et à la transparence de la gestion publique. En 1999 les chefs d’Etat et de gouvernement francophones réunis à Moncton proclamaient déjà que le soutien à la démocratisation de la société politique est la condition du […]

Lire la suite


A suivre donc !

Un film du PNUD pour lutter contre la pauvreté

un film pour faire reculer la pauvreté ?

Le Programme des Nations Unies cherche à galvaniser les efforts déployés dans le monde pour faire reculer la pauvreté en lançant un nouveau spot télévisé réalisé par Wim Wenders, cinéaste de renommée mondiale, dans lequel il dirige les Ambassadeurs Itinérants du PNUD Ronaldo et Zinédine Zidane. Créé à titre gratuit par l’agence de publicité Young&Rubicam (Paris) et la maison de production LDM Productions, ce spot tourné à Paris le 23 avril dernier sera distribué mondialement à partir de la mi-octobre. Il sera diffusé sur les antennes grâce à la généreuse contribution des télévisions parties prenantes.

Dans ce spot inhabituel, Zidane et Ronaldo remerciement simplement dans les rues de plusieurs villes les nombreux anonymes qui d’une façon ou d’une autre ont fait quelque chose pour aider à réduire la pauvreté. Le but est d’encourager les individus et les institutions à prendre des initiatives et coopérer à tous les niveaux afin de réussir partout à réduire la pauvreté de moitié d’ici 2015. C’est l’un des huit objectifs adoptés en 2000 par 191 gouvernements - appelés de ce fait « Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) » - pour combattre la pauvreté, la faim, les maladies, l’analphabétisme, l’inégalité des sexes et la dégradation environnementale.

En 1990 une personne sur trois vivait avec moins d’un dollar par jour. Il n’y en a plus aujourd’hui qu’une sur cinq. Ce succès est largement dû aux progrès accomplis dans d’immenses pays comme la Chine et l’Inde, mais d’autres pays sont en retard et 54 sont même devenus plus pauvres.

Pour visionner le clip, visiter:

Anglais
Français

Ce projet sympathique (un excellent réalisateur , des icônes du foot) paraît bien limité(voir un peu ridicule) par rapport aux ambitions avancées par le PNUD, comme le démontre les animations de Gapminder les objectifs fixés par le millénaire sont loin d'être atteints.

Complément au thème sur le développement durable

Pour compléter le thème développement durable :

1- deux article du monde dans le cadre du grenelle de l'environnement :

  • Alors que l'Energy Watch Group (EWG) vient d'annoncer, lundi 22 octobre, que le pic de production pétrolière mondiale avait été atteint en 2006, l'activité de conseil en entreprise de Jean-Marc Jancovici se porte plutôt bien. Selon lui, "le niveau de prise de conscience est très élevé chez certains patrons".Ce début de prise de conscience est-il partagé par le monde politique ? Le Grenelle de l'environnement est-il le début d'une victoire ? "La victoire, ce sera quand 51 % des Français seront favorables à une surtaxe progressive sur les combustibles fossiles", répond-il. D'autant que le message du Grenelle est, selon lui, brouillé par les travaux de la commission pour la libération de la croissance, dirigée par Jacques Attali."On atteint là un summum dans la schizophrénie", plaisante-t-il. Dans la lettre de mission de M. Attali, il n'y a ni le mot environnement, ni le mot climat, ni le mot ressources." pour lire l'article : Portrait Jean-Marc Jancovici, pessimiste mais pas désespéré

  • Les scientifiques du département recherche et développement(R&D) d'EDF s'attendent à "des tensions énergétiques liées au pétrole à un horizon qui ne devrait pas dépasser 2015-2020". Dans un article paru en janvier dans la Revue de l'énergie et passé à peu près inaperçu depuis, le directeur R&D du géant français de l'électricité, Yves Bamberger, évoque "un nécessaire effacement de la demande [d'énergie] qui ne pourra être obtenu que par des efforts de sobriété".
Pour lire la suite : La production d'énergie pourrait décliner avant 2040, selon les chercheurs d'EDF
  1. LA CROISSANCE ET L’EPUISEMENT DES RESSOURCES NATURELLES A PARTIR D’UN REPORTAGE DIFFUSE PAR ARTE :

AUSTRALIE : Nauru, l’île aux désastres20.09.2006 - Laurent Cibien et Pascal Carcanade – ARTE GEIE / Beta Productions / RFO / RTBF – France 2006>> Vidéo - 22'

Ce reportage vise à ébaucher une réflexion sur la viabilité de notre modèle de croissance et sur les conséquences de la surexploitation des ressources naturelles :
Questions :
Quelle est la principale richesse de Nauru ?
Quelle était la situation économique de Nauru au cours des années 70 ?
Quelle est la situation de Nauru aujourd’hui du point de vue :
Economique
Social
Peut-on dire que Nauru est victime de sous développement ou de surdéveloppement ?
En quoi l’exemple de Nauru peut-il amener à s’interroger sur la durabilité de notre modèle de développement ?

2. des campagnes pour inciter la population à changer ses comportements
cliquez sur : http://jaysesblogs.blogspot.com/2006/12/publicit-et-dveloppement-durable.html


3 - Une prise de conscience individuelle

Réflexion : calculez votre empreinte écologique et compare la à celle d’un américain puis d’un africain, que pouvez vous en conclure ? : http://www.citesciences.fr/francais/ala_cite/expo/tempo/planete/portail/labo/empreinte.html

la culture des européens ?

L'Europe à la recherche de sa culture

La culture européenne existe-elle ? On ne le sait pas trop si on lit les réponses des Européens à l'enquête de la Commission européenne European Cultural Values.

En effet, 53% des européens trouvent qu'il n'y a pas de culture européenne mais 67% estiment que, comparativement aux autres continents, l'Europe partage un fonds culturel commun. Mais qu'est ce que la culture pour les Européens ? Ce sont les arts pour les pays nordiques, la littérature en Hongrie, l'éducation en Espagne ou en France, l'histoire en Roumanie…

Existe t'il une culture européenne ?


Sur le site du café pédagogique :

"Si la France fait partie des pays qui croient en l'importance de la culture, les meilleurs pratiquants sont dans les pays nordiques et les Pays-Bas. Les nouveaux pays se distinguent par leur espoir européen. Ils croient plus que d'autres que l'Europe est le continent de la culture, ils attendent davantage de son influence culturelle sur le monde.

Et puisque la culture c'est aussi Internet, l'enquête nous renseigne sur ses usages. La moitié des européens utilisent Internet, un sur quatre tous les jours. Le fossé est entre les générations. La moitié des 15-24 ans télécharge de la musique, 40% jouent en ligne, 36% échangent des fichiers."

[PDF]

European Cultural Values

Format de fichier: PDF/Adobe Acrobat

tout doit disparaitre : la critique en BD de la société de consommation



Sur le site du manifeste du sous réalisme une BD très engagée critiquant la société de consommation et ses répercussions :
"En ce jour du 11 septembre 2042, quelque chose d’irréversible s’est produit. Quelque chose qui va bouleverser le XXIème siècle comme les tsunamis bouleversent les côtes du Limousin. Ce matin à l’aube, nous, Sous-réalistes, dans la plus grande rue marchande de la capitale, sur la façade d’une boutique chic dont nous tairons le nom pour ne pas lui faire de publicité - on connaît vos méthodes - avons taggué “NON A LA CONSOMMATION”. Si ce soir le gouvernement n’a pas déjà sauté suite à ce coup sans précédent, porté à sa raison d’être même, nous pouvons assurer les chiens de garde de l’ordre établi de notre détermination à réitérer. Sans hésiter. Très chers futurs camarades de lutte (potentiels), à bientôt et n’oubliez pas, soyez subversifs: dites NON A LA CONSOMMATION!"
Pour voir la bande annonce :
http://www.sousrealisme.org/bd.php?id=10

Chapitre marche du travail : partie II emploi et chômage

PARTIE II : L’ANALYSE ECONOMIQUE DU MARCHE DU TRAVAIL

INTRODUCTION : LES DEFINITIONS DU CHOMAGE (cf.TD intérêts et limites des statistiques du chômage et dossier du livre p 115-116):

une histoire du chômage en vidéo :




Absence d'emploi pour une personne ou pour une partie de la population qui souhaite travailler.

Deux définitions du chômage ( p 100)

II existe deux grands indicateurs en matière de mesure du chômage. Le premier correspond à la définition du Bureau international du travail (BIT), et il est calculé par l'INSEE dans l'enquête «Emploi» (autrefois réalisée une fois par an, au mois de mars, elle est maintenant continue).L'autre correspond aux demandes d'emploi en fin de mois (DEFM) calculées chaque mois par l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE).

1 - La définition du chômage du BIT

Elle comprend trois critères :

- « être sans travail ». Ce critère est très restrictif pour le BIT, car une personne qui exerce une activité, même pour une période très courte («baby-sitting» par exemple) est exclue du chômage au sens du BIT ;

- « être disponible pour travailler » ;

- «et rechercher effectivement un emploi».

L'INSEE exige que les personnes se déclarant chômeurs précisent la nature de l'emploi recherché et les démarches effectives réalisées dans le mois précédent.

2 - La définition de l'ANPE

comptabilise les demandes d'emploi en fin de mois (DEFM), c'est-à-dire les « personnes sans emploi et disponibles pour en occuper un, qui ont fait la démarche de s'inscrire à l'ANPE».

On peut donc être chômeur au sens de l'ANPE et exercer une activité professionnelle très réduite (emploi très occasionnel ou à temps partiel), insuffisante pour interrompre les droits à l'indemnisation. Par ailleurs, depuis 1985, les chômeurs les plus âgés sont dispensés de recherche d'emploi (et donc exclus des DEFM) sans perdre leurs droits à l'indemnisation.

Donc :

Chômage au sens du BIT

Demandes d’emplois en fin de mois (DEFM)

Chômage

Demandes d'emploi

Source

INSEE, Enquête emploi

ANPE

Périodicité

Trimestrielle

Mensuelle

Définition

• être sans emploi (strictement

• être sans emploi (sauf activité

aucune activité rémunérée)

réduite : moins de 78 heures par mois)

et

et

• être disponible pour travailler

• être disponible pour travailler

et

et

• avoir entrepris des démarches

• être inscrit à l'ANPE comme

de recherche d'emploi

demandeurs d'un emploi durable à

ou

temps plein

commençant ultérieurement

Remarque : Précisons enfin qu'il existe une troisième mesure du chômage, celle du recensement. Sont chômeurs ceux qui se déclarent chômeurs. Cette mesure est toutefois très épisodique. car elle est réalisée une seule fois à chaque recensement.

1. Quelles sont les différences entre les indicateurs?

Les deux définitions ne coïncident guère, comme le montre l'écart important qui se crée entre ces deux mesures : les DEFM ayant eu tendance à augmenter au début des années 1990 davantage que le chômage au sens du BIT.

On peut noter trois différences importantes entre ces deux définitions :

· certaines personnes sont au chômage au sens du BIT sans être pour autant inscrites à l'ANPE : il peut s'agir, par exemple, des personnes ayant trouvé un emploi commençant ultérieurement, car la définition du BIT retient les personnes sans emploi à la recherche d'un emploi (PSERE) ainsi que celles qui ont trouvé un emploi pour plus tard ;

· certaines personnes ont une petite activité tout en étant inscrite comme DEFM ; elles ne sont pas au chômage au sens du BIT mais elles sont considérées comme étant au chômage au sens du BIT

· certaines personnes inscrites à l'ANPE ont renoncé à rechercher activement un emploi; elles ne répondent donc pas au troisième critère du BIT ; il s'agit en particulier des chômeurs découragés, souvent âgés. qui pensent avoir peu de chances d'insertion soit en raison leur situation personnelle, soit en raison de la conjoncture.

En définitive, la mesure du chômage est le résultat d'une convention. Ce qui importe est de maintenir les conventions afin de disposer du même instrument de mesure sur une longue durée.

Toute la difficulté est que le marché du travail évolue rapidement et que les définitions du chômage ont donc de plus en plus de mal à rendre compte de la situation réelle du marché du travail :

2. Les différents types de chômages

On distingue les formes de chômage suivantes :

· chômage de longue durée : il s'agit des demandes d'emploi en fin de mois (ANPE) enregistrées depuis plus de douze mois consécutifs ;

· chômage structurel : chômage lié aux déséquilibres structurels de l'économie (déséquilibres régionaux, inadaptation des qualifications, déclin d'activités traditionnelles, etc.) ;

· Chômage d'exclusion : Chômage de ceux qui se sont progressivement enfermés dans un chômage de longue durée dont ils ne peuvent plus sortir. Après une première période de chômage, ces personnes sont considérées comme ayant des difficultés de réinsertion (en raison de leur âge ou de leur niveau de qualification, par exemple) et perdent, de ce fait, toute chance de sortir du chômage. Mais c'est aussi un cercle vicieux puisque leur « ancienneté » dans le chômage éloigne de plus en plus l'espoir d'une réinsertion professionnelle (réticence croissante des entreprises)

· chômage technique : inactivité forcée dans l'entreprise en raison de circonstances particulières et indépendantes de l'entreprise (panne de machines, défauts d'approvisionnement en pièces, etc.) ;

· chômage partiel : inactivité forcée des salariés décidée par le chef d'entreprise pour réduire la production lorsque la conjoncture est mauvaise (les heures non travaillées font alors l'objet d'une moindre rémunération) ;

· chômage conjoncturel : chômage résultant d'un ralentissent de l'activité économique ;

· chômage frictionnel : en situation de plein-emploi, chômage d'adaptation lié à la période de transition entre deux emplois.

METHODOLOGIE - COMPARAISON DES ANALYSE NEO-CLASSIQUE ET KEYNESIENNES SUR LE MARCHE DU TRAVAIL

marché du travail

Analyse néo-classique du marché du travail

Analyse keynésienne du marché du travail

Déterminants de l’offre de travail

L’individu opère un calcul coût-bénéfice :

· le coût du travail

- l’individu répugne à travailler :la désutilité du travail

- plus l’effort et la durée du travail sont importants , plus cette répugnance augmente , plus l’individu va apprécier les loisirs . La désutilité marginale est donc croissante

· le bénéfice : les gains permis par le travail qui vont lui permettre d’acquérir des biens de consommation

· l’individu qui dispose d’une journée de 24 heures va donc réaliser un arbitrage entre travail et loisirs , c’est-à-dire entre biens de consommation et loisirs , en fonction du salaire réel ( qui est donné)

L’offre de travail est donc une fonction croissante du salaire réel : quand le salaire réel augmente , le coût du loisir augmente , la demande de loisirs diminue et l’offre de travail augmente .

· Keynes rejette l’idée d’une courbe d’offre de travail croissante avec le salaire réel

- Quel que soit le salaire , les salariés ne réduiront pas leur offre de travail , car le salaire est leur seul revenu

- Les salariés , quand ils discutent des contrats , ne connaissent pas le salaire réel , ils ne peuvent les anticiper car ils ne connaissent pas le niveau d’inflation dans un monde dominé par l’incertitude.

· L’offre de travail est déterminée à long terme par des variables socio-économiques :

- la démographie : natalité , solde migratoire

- les mentalités : niveau d’éducation , place des femmes

Les déterminants de la demande de travail

· les hypothèses du marché de cpp sont vérifiées :

- le travail est homogène

- l’information est accessible : les entreprises anticipent parfaitement la productivité des salariés embauchés

· l’employeur est rationnel , il cherche à maximiser son profit : il va donc embaucher des salariés jusqu’au stade où le dernier salarié embauché va lui coûter ( en salaire réel ) ce qu’il lui rapporte ( la productivité marginale )

· d’après la loi des rendements décroissants , plus le nombre de salariés est élevé , plus la productivité marginale est faible Þ la demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel

· Keynes est prêt à admettre qu’il existe une courbe de demande de travail telle que la productivité marginale du travail est égale au salaire réel , car l’entreprise ne peut produire à perte

· mais il considère que le volume de l’emploi offert par l’entreprise est avant tout fonction du produit attendu par les entreprises : la demande solvable anticipée , c’est-à-dire la demande effective qui est composée de 2 variables :

- l’investissement

- la consommation

Confrontation

de l’offre et de la demande

de travail

· la confrontation offre-demande se fait au niveau micro-économique , par le biais d’un marchandage entre les offreurs de travail ( les ménages ) et les demandeurs (les entreprises )

· il existe un taux de salaire réel d’équilibre qui égalise cette offre et cette demande

· cet équilibre est stable :

O ³ DÞ flexibilité du salaire réelÞ baisse du salaire réel Þ O ¯ et D ­Þ O = D

· les entreprises ne regardent que le coût du travail , car il n’ y a jamais de problèmes de débouchés : loi de Say . L’offre crée sa propre demande : tout ce qui est produit sera vendu ;

· sur un marché de CPP , il n’ y a pas à long terme de chômage involontaire . Seuls existent :

- chômage frictionnel : résulte d’une information ou d’une mobilité du travail insuffisantes dans le court terme , mais il n’est que passager

- chômage volontaire : les chômeurs refusent de travailler au taux de salaire en vigueur

· il n’ y a pas de confrontation offre – demande de travail au niveau micro-économique . Le fonctionnement néo-classique du marché du travail est une fiction

· les agents n’entretiennent pas un rapport d‘égalité , mais des relations hiérarchisées :

- les travailleurs ont besoin d’un salaire : ils vont donc être dépendants des décisions des entrepreneurs

- or , les décisions des entrepreneurs visent à maximiser leur profit en fonction de la demande effective qui est déterminée à un niveau macro-économique

- le niveau d’emploi va être déterminé en fonction des seuls intérêts des entreprises ; les ménages vont être contraints de s’y adapter .

· il n’ y a aucun mécanisme qui assure le retour à l’équilibre de plein emploi : offre et demande de travail dépendent de variables différentes

· les entreprises anticipent un certain niveau de demande résultant des anticipations de consommation ( solvable ) et d’investissement . A partir de là , elles vont déterminer un certain niveau de demande de travail

· il y a une possibilité qu’il existe du chômage (équilibre de sous-emploi ) et qu’il soit involontaire : les salariés sont prêts à travailler pour un taux de salaire plus bas , mais même à ce taux , ils n’arrivent pas à trouver un emploi .

SOLUTIONS PRECONISEES PAR LES NEO-CLASSIQUES POUR LUTTER CONTRE LE CHOMAGE ET LEURS CRITIQUES OPEREES PAR KEYNES

Les solutions au problème du sous emploi

Solutions préconisées par les auteurs néo-classiques

Critique keynésienne des solutions préconisées par les néo-classiques

Les remèdes au chômage

3 types de remèdes :

· supprimer toutes les rigidités qui empêchent de revenir à l’équilibre :

- limiter le pouvoir des syndicats

- suppression des indemnités-chômage

- suppression du SMIC qui rend le salaire flexible

· réduire le salaire nominal , car on réduit ainsi le salaire réel

· favoriser l’épargne ( Smith ) : Þ¯ taux d’intérêt réel Þ­ investissement Þ­ emplois

Ces remèdes sont inutiles et pervers :

· supprimer les rigidités ne sert à rien :

- chômage est endogène et non exogène

- la résorption du chômage ne passe pas par la flexibilité des salaires mais par la hausse de la demande effective

- ces rigidités peuvent , au contraire , être favorables en servant de stabilisateur en cas de crise :

­ chômage Þ¯ de salaire Þ la demande effective ne s’effondre pas

· la baisse des salaires est inutile , car la demande de travail dépend principalement de la demande effective

· elle est impossible :

- les salariés s’y opposent , car ils sont victimes d’illusion monétaire : ils assimilent baisse du salaire nominal et baisse du salaire réel

- les salariés ne peuvent faire diminuer leur salaire nominal car la fixation du salaire nominal dans les économies modernes ne résulte pas d’un marchandage micro-économique , mais de conventions collectives signées au sein des branches

- les variations du salaire monétaire entrainent des variations de prix : quand on fixe le salaire nominal , on ne peut connaître , a priori , l’évolution du salaire réel a posteriori

Le salaire nominal est donc rigide à la baisse .

· elle peut engendrer des effets pervers : pour les néo-classiques , le salaire est un coût , alors que , pour Keynes, c’est principalement un revenu . Ainsi :

¯du salaire nominal Þ¯ du revenu Þ¯ de la consommation Þ ¯ de la demande effective Þ

¯ de la production Þ ­du chômage volontaire

C’est le cercle vicieux cumulatif ( ex : crise de 29 )

SOLUTIONS PRECONISEES PAR KEYNES POUR LUTTER CONTRE LE CHOMAGE ET LEURS CRITIQUES OPEREES PAR LES NEO-CLASSIQUES

Selon les néo-classiques les solutions préconisées par Keynes vont avoir des effets pervers : elles sont responsables du chômage actuel

Solutions proposées par Keynes

Solution proposées par Keynes

· la réduction des inégalités :

- elle est inutile : c’est l’offre qui crée la demande .

- dangereuse : il faut favoriser l’épargne . Or , en prélevant sur les classes riches qui ont une capacité d’épargne forte et en redistribuant aux classes défavorisées , qui ne sont pas capables d’épargner , on freine l’accumulation

- l’augmentation des prélèvements va inciter les riches qui travaillent , investissent et créent des emplois à réduire leur activité et donc à réduire la création d’emplois$

- l’augmentation des prestations sociales aux plus défavorisés va les inciter à ne pas travailler

· augmentation de la masse monétaire en circulation est inutile et dangereuse :

- inutile :d’après la théorie quantitative de la monnaie , une augmentation de la masse monétaire en circulation n’ a aucun effet sur la production ; elle ne fait qu’augmenter l’inflation

- dangereuse : peut fausser les calculs rationnels des agents et freiner leur décision d’épargne et d’investissement

· Accroître la demande artificiellement ne sert à rien car les entreprises n’augmentent leur production que si elles ont des capacités de production rentables. Si ce n’est pas le cas l’augmentation de la demande entraine un déséquilibre entre l’offre et la demande de biens (O>D) qui détermine de l’inflation.

· une augmentation de l’effort d’épargne est favorable , car elle crée les conditions préalables à une accumulation du capital :

­ épargne Þ¯ du taux d’intérêt réel Þ ­ de l’investissement Þ création d’emplois

En revanche , il ne sert à rien de diminuer artificiellement l’inflation à taux d’intérêt nominal constant . Cela ne servirait qu’à inciter les entrepreneurs à réaliser des investissements non rentables en faussant le calcul économique des agents .

Comme le marché de CPP ne dispose pas de capacités d’autorégulation ramenant à l’équilibre , il faut que l’Etat intervienne directement dans l’économie .

Keynes propose donc plusieurs mesures :

· opérer une redistribution des revenus en réduisant les inégalités : ce sont les ménages les plus pauvres qui ont la propension à consommer la plus forte . Accroître leurs revenus permettrait d’accroître la demande effective .

· augmenter la masse monétaire en circulation :

- Keynes rejette l’hypothèse de la théorie quantitative de la monnaie ; il ne croit pas à la dichotomie du réel et du monétaire ;

- Dès que l’économie est au sous-emploi , une augmentation de la quantité de monnaie engendre une augmentation de la production

· un peu d’inflation ne ferait pas des mal , car cela aurait 2 conséquences positives :

- une hausse de l’inflation à taux d’intérêt constant entraîne une baisse du taux d’intérêt réel ce qui a 3 effets favorables : dissuade l’épargnant et favorise la consommation ; réduit la valeur des dettes et permet aux agents endettés de consommer davantage ; engendre une augmentation de l’investissement

- une hausse du taux d’inflation , à taux de salaire nominal constant , engendre une baisse du salaire réel . Cela incite les entreprises à embaucher

· accroître la demande : consommation , dépenses de l’Etat , investissement . Pour soutenir le demande effective et donc l’emploi , il est nécessaire de socialiser l’investissement , ce qui nécessite une intervention directe et importante de l’Etat .

· Car , l’augmentation de l’effort d’épargne est dangereuses :

­épargne Þ¯ consommation Þ¯ demande effectiveÞ ¯ production Þ­ chômageÞ¯ revenu Þ¯ consommation

SECTION I - LA THEORIE NEO-CLASSIQUE DU MARCHE DU TRAVAIL (p 116-117).

I - UNE THEORIE DE L’EQUILIBRE .

A - LES HYPOTHESES DU MARCHE CONCURRENTIEL .

postulat : L’analyse néo-classique du marché du travail repose sur 5 hypothèses qui permettent de fixer un cadre de référence dont on doit s’efforcer de se rapprocher :

· la transparence : l’information est libre , gratuite , accessible à tous

· l’homogénéité des biens et des facteurs de production : elle suppose que les biens comme les travailleurs présentent des caractéristiques identiques , ils sont donc interchangeables . Les intervenants sur les marchés ne s’intéressent qu’au prix .

· l’atomicité : suppose que les intervenants sur le marché ne disposent pas d’un poids suffisant pour pouvoir influencer son fonctionnement .

· mobilité des facteurs de production

· libre-entrée sur le marché : il n’existe pas de barrières tarifaires et réglementaires limitant l’accès au marché pour les produits ou pour les facteurs de production .

conséquence : Dès lors que ces 5 hypothèses sont considérées comme vérifiées , on se trouve sur un marché de concurrence pure et parfaite qui doit déboucher sur une situation d’équilibre , résultant de la confrontation de l’offre et de la demande .

B - L’OFFRE DE TRAVAIL ( doc. p 116 ) .

Postulat de base : Pour déterminer l’offre de travail , les économistes néo-classiques partent du postulat que l’individu est rationnel et égoïste . Il cherche à maximiser sa satisfaction en tenant compte des contraintes qui s’imposent à lui :

· l’individu dispose d’un temps limité ( une journée de 24 heures )

· il doit donc réaliser un arbitrage entre le temps qu’il désire consacrer au travail et celui qu’il destinera aux loisirs ( c’est-à-dire au non-travail : temps physiologique : Repos , repas ) ;

· postulat de la paresse naturelle : il est bien évident que l’individu répugne à travailler , qu’il préfère consacrer du temps aux loisirs . La désutilité du travail ( c’est-à-dire l’insatisfaction que l’individu éprouve ) est d’autant plus forte que le nombre d’heures de travail déjà réalisées est élevé .

· On pourrait alors penser que l’individu ne va pas travailler , va consacrer tout son temps au loisir .

· postulat matérialiste :Mais cela n’est pas le cas , car l’individu reçoit en contrepartie de son travail une rémunération qui lui permet de compenser la désutilité du travail , en acquérant des biens de consommation qui augmentent la satisfaction .

· L’utilité du salaire a donc pour objet de compenser la désutilité du travail , le temps de travail est donc , selon l’analyse néo-classique , uniquement fonction du salaire .

Question : toute la question est alors de savoir si le temps de travail est une fonction croissante ou décroissante du salaire

Réponse : Pour déterminer le résultat , les économistes se servent de l’analyse de Slutsky , qui distingue effet revenu et effet de substitution :

- l’effet-revenu : indique que l’offre de travail est une fonction décroissante du taux de salaire réel . En effet :

· on peut considérer avec Engel : que le loisir est un bien supérieur , dont l’élasticité-revenu est supérieure à 1 ,

· le temps de loisir sera d’autant plus fort que le revenu de l’individu sera important . Si le taux de salaire réel ( la rémunération par heure ) augmente ,

· l’individu qui est satisfait de sa rémunération en profitera pour diminuer son temps de travail sans pour autant réduire son salaire .

· L’individu pourra ainsi augmenter sa satisfaction en prenant davantage de loisirs .

- l’effet-substitution : montre que l’offre de travail est une fonction croissante du taux de salaire réel . En effet :

· une augmentation de la rémunération par heure détermine une augmentation du coût d’opportunité de l’heure de loisirs ( c’est-à-dire la perte de revenu engendrée par une heure de non-travail ) .

· L’individu sera alors d’autant plus incité à accroître son offre de travail et à réduire son temps de loisirs que l’augmentation du taux de salaire réel ( et par-là même le coût d’opportunité du loisir ) sera important .

Problème : Puisque les 2 effets sont contradictoires , la question est alors de savoir lequel est le plus important .

Solution postulée : Les théoriciens néo-classiques postulent que l’effet-substitution l’emporte sur l’effet-revenu , donc que l’offre de travail est une fonction croissante du taux de salaire réel . Le raisonnement opéré par l’individu sera donc le suivant :

· l’offre de travail augmentera avec le taux de salaire réel ,

· mais celui-ci est une donnée du marché qui s’impose à l’individu .

· L’individu augmentera son temps de travail jusqu’au point où la désutilité du travail ( la pénibilité augmente avec le temps de travail ) est plus que compensée par l’utilité du salaire ( qui permet d’accroître le niveau de consommation et de satisfaction ) .

Conclusion : l’offre de travail est une fonction croissante du taux de salaire réel .

C - LA DEMANDE DE TRAVAIL ( doc. p 116).

Postulat de base :Selon les néo-classiques , la demande de travail des entreprises est uniquement fonction du taux de salaire réel .

Justification par la loi de Say : conformément à la loi des débouchés de J.B.Say qui indique que l’offre crée sa propre demande et l’amène à son niveau , on peut poser que les entreprises n’éprouvent jamais de difficultés à écouler la totalité de leur production , pourvu qu’elles la vendent au prix d’équilibre , qui leur est imposé par le marché . Donc elles ne se soucient pas de l’écoulement de leur production.

Objectif de l’entreprise : réaliser un profit ; elle va donc :

· essayer d’optimiser son profit en égalisant sa recette marginale , c’est-à-dire le prix au coût marginal dont l’élément qui nous occupe ici est le salaire .

· L’entreprise aura donc intérêt à embaucher un salarié tant que ce qu’il apporte à l’entreprise ( la productivité marginale , c’est-à-dire le supplément de production engendré par l’embauche d’un salarié supplémentaire ) est supérieur à ce qu’il lui coûte ( le taux de salaire réel ) .

· Or , conformément à la loi des rendements décroissants (cf cours de première) , la productivité marginale du travail diminue quand les quantités de travail augmentent .

· L’entreprise ne sera donc incitée à embaucher des salariés supplémentaires que si le taux de salaire réel ( qui est imposé à l’entreprise par le marché) connaît la même évolution que la productivité marginale .

Conclusion : La demande de travail des entreprises est donc une fonction décroissante du taux de salaire réel , puisque la productivité marginale du travail est décroissante .

D - L’EQUILIBRE ( doc. p 117 ).

1 - LE PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT :

postulat : La conception néo-classique du marché du travail fonctionne sur le même modèle que celle des marchés des biens vus en première : La confrontation des offres et des demandes de bien ou de travail débouche sur un prix d’équilibre ( ou salaire d’équilibre ) qui égalise offre et demande de bien ou de travail :

· On a vu que la demande de travail est une fonction décroissante du taux de salaire réel ,

· alors que l’offre de travail en est une fonction croissante .

· La détermination de l’équilibre va donc résulter de la confrontation des offres et des demandes de travail .

· L’équilibre a pour caractéristique d’égaliser , d’une part le taux de salaire réel à la désutilité marginale du travail ( côté offre) d’autre part le taux de salaire réel et la productivité marginale du travail ( côté demande ) .

Conclusion : Le point d’équilibre se caractérise donc par :

désutilité marginale du travail = productivité marginale du travail .

Remarque : A ce point d’équilibre , la satisfaction des entreprises comme des salariés est maximale .

2 - PROBLEME DE LA STABILITE DE L’EQUILIBRE (doc. P 117):

le principe : Selon les néo-classiques , l’équilibre est stable .

les explications :

· Un choc exogène sur la demande de biens ( une baisse par exemple)

· entraîne une diminution de la production

· et donc à effectifs constants , une chute de la productivité du travail ,

· l’entreprise aura alors intérêt à licencier une partie de ses effectifs qui lui coûtent plus qu’elle ne lui rapporte , ce qui va créer du chômage .

- Mais le déséquilibre ne sera que transitoire ; en effet

· suite à l’augmentation du chômage , une partie des salariés sans emploi va accepter de travailler à un taux de salaire réel plus bas qui permet à nouveau d’égaliser productivité marginale du travail et taux de salaire réel .

· Mais dans le même temps , une partie des salariés qui acceptait de travailler au taux de salaire réel d’équilibre précédent considère que la chute du taux de salaire réel ne permet plus à celui-ci de compenser la désutilité marginale du travail et préfère donc se retirer du marché du travail .

· L’offre de travail ayant diminué et la demande augmenté , on se retrouve à une situation d’équilibre .

Conclusion : L’équilibre est donc stable .Cette stabilité résulte de la flexibilité du salaire

3 - DEFINITION DE LA FLEXIBILITE ET DE LA RIGIDITE DU SALAIRE :

a - La flexibilité

Définition : la flexibilité est selon J Généreux la « propriété qu’ont les variations du taux de salaire de réduire le déséquilibre sur le marché du travail.

b – la rigidité

définition : Généreux poursuit : « Par opposition à la flexibilité on appellera rigidité tous les obstacles à ce mouvement vers l’équilibre »

Conclusion : Ces rigidités sont, selon les néo-classiques, exogènes au marché du travail .

E - LES EXPLICATIONS LIBERALES DU CHOMAGE( doc p 117)

1 - L’EXPLICATION LIBERALE DU CHOMAGE DURANT LA CRISE DE 1929 : L’ANALYSE DE J RUEFF (CF. COMPLEMENT DE COURS N°2)

2 - RIGIDITES ET CHOMAGE INVOLONTAIRE

Analysons maintenant les explications néo-classiques du chômage contemporain . Nous nous rendrons alors compte qu’elles ne sont pas très éloignées de celles que Rueff avait mis en évidence pour les année 30 ou plus exactement qu’elles répondent à une même logique.

Il nous faut distinguer deux cas :

a - le chômage est qualifié de volontaire (3 p 353)

définition : les individus sont au chômage , car ils refusent d’exercer un travail au taux de salaire réel en vigueur résultant de la confrontation de l’offre et de la demande .

exemple : C’est par exemple le cas d’un individu qui considère que le prix d’une heure de travail ne couvre pas la peine qu’il entraîne et qui préfère donc bénéficier de temps libre et de loisirs .

b - le chômage est qualifié d’involontaire

Définition : c’est à dire que les chômeurs accepteraient de travailler à un taux de salaire réel plus bas qui égaliserait taux de salaire réel et productivité marginale , mais ils ne le peuvent pas à cause d’un certain nombre de rigidités qui entravent la baisse des salaires

c– les déterminants du chômage involontaire

Trois facteurs sont tenus pour responsables par les libéraux :

- les syndicats de salariés vont mobiliser leurs effectifs afin de disposer d’une situation de monopole : un seul offreur de travail face à une multitude de demandeurs , l’hypothèse d’atomicité est donc remise en cause . Les syndicats vont alors :

· pouvoir imposer aux entreprises les conditions qu’ils souhaitent , le taux de salaire réel va donc devenir supérieur au taux de salaire d’équilibre, ce qui va déterminer du chômage .

· On pourrait alors penser que les chômeurs vont accepter de travailler à un taux de salaire réel plus bas et que les entreprises vont les embaucher à la place de syndiqués .

· Ce serait oublier que les chômeurs ne sont pas organisés alors que les syndiqués le sont , ils vont alors menacer les entreprises qui les emploient de se mettre en grève ou d’autres mesures de rétorsion , qui inciteront les entreprises à maintenir les taux de salaire réels au-dessus de ce qu’ils devraient être pour ramener le marché du travail à l’équilibre.

· Dès lors on peut considérer que le sursalaire dont bénéficient les syndiqués est à l’origine du chômage que subit le reste de la population active.

· La solution serait alors, selon les libéraux, de réduire le pouvoir des syndicats (voire selon certains de les supprimer) afin de ramener le marché du travail à l’équilibre (l’hypothèse d’atomicité étant de nouveau vérifiée, tout au moins si les chefs d’entreprise ne sont pas eux-mêmes organisés)

- De nombreux pays développés (France , USA,..) mais pas tous (GB) ont mis en place des législations sur les salaires minima , afin d’améliorer le sort des classes populaires ( doc 12 p 120 ). Or , on peut se demander aujourd’hui dans quelle mesure ces législations ne seraient pas à l’origine d’effets pervers ( principalement d’une hausse du chômage) ( doc 13 p 482 ) . En effet :

· des salaires minima tels que le SMIC en France qui ont des visées sociales (réduire les inégalités) oublient trop souvent les conditions économiques .

· Ainsi , si afin de réduire l’écart entre les salaires les plus forts et les plus faibles on augmente la rémunération minimum (comme cela a été le cas en France depuis 20 ans ) ne risque t’on pas d’avoir un taux de salaire réel minima qui se trouve au-dessus du taux de salaire réel d’équilibre?

· Dès lors les entreprises n’ont aucun intérêt à embaucher des salariés non qualifiés ou sans expérience (vous remarquerez au passage qu’on remet ici en cause l’hypothèse d’homogénéité du facteur travail ), qui se retrouvent alors au chômage .

· Selon les auteurs libéraux , ce serait donc le niveau trop élevé du SMIC qui serait responsable aujourd’hui d’une partie non négligeable du chômage.

· La solution serait alors de laisser les chômeurs offrir du travail à un taux de salaire réel plus bas , incitant les entreprises à embaucher .

· Cette solution qui irait dans l’intérêt aussi bien des chômeurs que des entreprises n’est pourtant pas envisageable. En effet le SMIC est un salaire minimum, personne n’a le droit d’offrir ou de demander du travail en dessous .

· Dés lors en introduisant des rigidités le SMIC aggrave le sous-emploi.

· La solution préconisée par les auteurs néo-classiques est soit de rendre le SMIC plus flexible afin de tenir compte de la situation du marché du travail (mais alors à quoi sert-il ?), soit tout simplement de le supprimer puisqu’il est une entrave à la flexibilité

- les prélèvements obligatoires opérés par l’Etat ( doc 31p 131 ) viennent pour une part non négligeable de recettes prélevées sur les coûts de main-d’œuvre , ce qui a un effet négatif sur le fonctionnement du marché du travail . En effet :

· suite à l’imposition , la main-d’œuvre voit son incitation à travailler réduite , car chaque heure de travail lui rapporte moins ( le coût du loisir a diminué ) , l’offre de travail va donc chuter ( de S à S1 ) .

· De même , l’entreprise réduira ses effectifs car les prélèvements obligatoires augmentent le coût du prélèvement obligatoire ( la demande de travail diminue donc de Dà D1 ) .

· On arrive alors à la situation où l’emploi sera moins important ( passage de L° à L1 )car les entreprises supportent un coût salarial réel supérieur à ce que reçoivent les salariés ( la différence est constituée par les prélèvements obligatoires opérés par l’Etat : W1-W2 ) .

Conclusion : On se rend compte , à la lecture de tous ces exemples , que selon les néo-classiques , tout ce qui vient perturber le marché du travail est exogène et va être à l’origine d’un déséquilibre générant du sous-emploi .

Solution : La seule solution est alors de revenir à celle d’un marché de cpp permettant au salaire de jouer son rôle de réequilibrateur d’offre et de la demande grâce à la flexibilité .

II) LES APPROFONDISSEMENTS DE LA THEORIE NEO-CLASSIQUE ( doc 15 p 484 )

Toutes les théories que nous allons voir maintenant vont :

· prendre en compte les critiques qui ont été émises à l’encontre du fonctionnement classique d’un marché de cpp qui semble irréaliste .

· Elles n’ont néanmoins pas pour objet de rejeter le modèle de cpp , mais , au contraire de le renforcer , en montrant comment les agents peuvent réagir rationnellement à des défaillances du marché .

A - LA THEORIE DE LA RECHERCHE D’EMPLOI ( OU JOB SEARCH ) ( doc 12 p 482 Complément de cours n°2)

B - LA PRISE EN COMPTE DU NIVEAU D’EDUCATION

1 – LA THEORIE DU CAPITAL HUMAIN DE G.BECKER (cf. aussi la théorie de la croissance endogène dans le chapitre précédent)

apports de la théorie : Cette théorie prend en compte les critiques qui avaient été émises à l’encontre de l’hypothèse d’homogénéité du facteur travail , qui semble irréaliste , quand on compare les niveaux de qualification de la population active .

Solution mise en œuvre par G Becker : G.Becker va démontrer que le niveau de qualification obtenu par l’individu résulte d’un calcul rationnel . En effet , chaque individu va faire une analyse coût-bénéfice essayant de maximiser sa satisfaction :

- le coût : va être fonction des capacités individuelles , c’est-à-dire des dons ( intellectuels ) qui , selon Becker sont inégalement répartis dans la population . L’individu aura d’autant plus intérêt à poursuivre ses études que ses capacités sont importantes , c’est-à-dire qu’il passe moins de temps à obtenir un certain niveau de qualification . En effet , l’éducation a un coût . On peut prendre en compte 2 types essentiels de coûts :

· les coûts directs : frais d’éducation ( frais d’inscription , achat de matériel scolaire , ... )

· les coûts d’opportunité : qui correspondent à la perte de salaire dont l’individu aurait bénéficié s’il avait travaillé au lieu de rester étudiant .

Ces 2 coûts sont croissants avec la durée des études ( ils augmentent de plus en plus vite )

- le bénéfice : l’individu va faire une analyse intertemporelle des bénéfices qu’il doit attendre , tout au long de sa vie de chaque niveau d’études ( sachant que le salaire sera d’autant plus important et croîtra d’autant plus vite que le niveau d’études est élevé , puisqu’une augmentation du niveau de qualification augmente le niveau de productivité de l’individu)

- l’individu va alors comparer le coût et le bénéfice qu’il peut attendre de chaque niveau d’études . Il choisira le niveau qui lui permet d’espérer le rendement le plus important possible afin de maximiser sa satisfaction.

2- LA THEORIE DU FILTRE ET DU SIGNALEMENT .

Cette analyse diffère de celle de Becker sur 2 points essentiels :

· elle ne considère pas qu’une augmentation des niveaux de qualification entraîne une hausse du niveau de productivité (celui-ci dépendant de caractéristiques individuelles qui ne sont pas facilement modifiables ) . En revanche le niveau de qualification permettra de signaler quels sont les individus les plus productifs , puisque l’on peut considérer qu’un individu aura d’autant moins de mal à obtenir un diplôme qu’il est plus apte .

· elle remet en cause l’hypothèse de transparence , puisqu’elle part de l’idée que lors de l’embauche , les chefs d’entreprises ne connaissent pas le niveau de productivité des salariés ; ils peuvent au mieux l’approximer , en prenant en compte un certain nombre de caractéristiques .

Conséquences : En partant de ces 2 hypothèses , on peut décrire le fonctionnement des marchés de travail de la façon suivante : les offreurs et les demandeurs de travail vivent dans un monde qui est dominé par l’incertitude . Ils vont s’efforcer d’émettre des signaux qui permettront de la réduire :

· le salarié appuiera son raisonnement sur l’idée que le chef d’entreprise ne peut pas a priori , avant l’embauche , connaître son niveau de productivité qui déterminera son salaire . En revanche , il sait que le chef d’entreprise afin de réduire l’incertitude va prendre en compte un certain nombre de critères qui sont soit donnés ( l’âge , le sexe , ...)puisque l’individu ne peut pas les transformer , soit modifiables ( expérience professionnelle , niveau d’éducation ) . Ainsi l’individu a intérêt , tant que cela est rentable pour lui , d’accroître son niveau d’études afin de signaler aux chefs d’entreprises ses capacités .

· le chef d’entreprise , quant à lui , va essayer de réduire l’incertitude en s’intéressant , non pas au niveau de diplôme en lui-même ( puisqu’il ne modifie pas la productivité ) mais à la rareté du diplôme ( puisqu’elle permet de différencier les individus )

Conclusion : Dès lors une politique d’augmentation globale du niveau de qualification de la population risque d’avoir des effets pervers . En effet :

· si pour chaque niveau de diplôme , un nombre d’individus croissant est concerné , le diplôme ne peut plus jouer le rôle de filtre qu’il avait auparavant : quand 80 % d’une génération a le bac , le bac ne sert plus à rien , car son rôle de filtre et de signal est devenu caduc :on parle alors d’inflation des diplômes qui diminue le pouvoir de mobilité du diplôme (cf chapitre mobilité sociale)

· Dès lors , on comprend mieux pourquoi les chefs d’entreprises désirent aujourd’hui intervenir plus directement dans la formation des étudiants , ils mettront ainsi en place des qualifications qui correspondent à leurs besoins et des signaux qui réduisent l’incertitude .

· La démocratisation du système scolaire est alors un thème qui est moins d’actualité .

C - LA RELATIVISATION DU CONCEPT DE RIGIDITE DES SALAIRES .

Remarque :

· Traditionnellement , la rigidité résulte de déterminants qui sont exogènes au marché et qui remettent en cause son bon fonctionnement ;

· mais , un certain nombre de théories permettent de montrer aujourd’hui que le manque de flexibilité est le résultat de comportements rationnels des agents (il est donc endogène au marché ) qui ont intégré dans leurs transactions 2 variables non prises en compte précédemment : le risque et le temps .

1 - LA THEORIE DES CONTRATS IMPLICITES ( 2 p 359 et COMPLEMENT DE COURSN°4)

2 - LA THEORIE INSIDERS-OUTSIDERS (1 p359 et COMPLEMENT DE COURS N°5)

3- LA THEORIE DU SALAIRE D’EFFICIENCE ( DOC 1 p 359 ).

Rappel de l’analyse traditionnelle : Dans la théorie traditionnelle , le salaire est fonction de la productivité . On considère , en effet , que l’entreprise n’embauchera , que si le coût qu’elle supporte ( taux de salaire réel ) est inférieur ou égal au revenu qui lui est apporté par le salarié ( la productivité marginale ) .

Apports de la théorie : Les théoriciens du salaire d’efficience vont prendre le contre-pied de cette analyse en démontrant ( en partant , en particulier de l’étude du marché du travail dans les PVD ) que ce n’est pas le salaire qui est fonction de la productivité , mais la productivité qui est déterminée par le salaire : le salarié sera d’autant plus efficace qu’il est bien rémunéré.

Conséquences : la flexibilité des salaires à la baisse, afin de résoudre le chômage, peut être inefficace , engendrer des effets pervers , et par-là ne plus être appliquée par les entreprises :

- Les théoriciens du salaire d’efficience acceptent généralement l’idée que l’information n’est pas parfaite .

- Dès lors , quand une entreprise embauche un salarié , elle n’est pas certaine de son niveau de productivité

- c’est ce qui se passe dans les modèles de sélection adverse :

· le salaire de réservation annoncé par le candidat lors de l’embauche joue un rôle de signal qui indique en partie ses qualités et ses compétences .

· Plus le salaire offert par l’entreprise est élevé relativement à celui du marché , plus l’entreprise aura les moyens d’attirer et de sélectionner une main-d’œuvre de qualité .

· Dans ce cadre , les candidats à l’emploi qui se caractériseraient par un salaire de réservation trop bas afin d’accroître leur probabilité d’embauche , iraient à l’encontre de leur objectif .

· En effet , l’entreprise considérerait que , puisqu’ils acceptent un salaire faible , cela signifie que leur niveau de productivité est réduit , donc que l’embauche du salarié n’est pas intéressante pour l’entreprise : il vaut mieux payer cher un salarié productif que d’embaucher à un salaire réduit un salarié faiblement productif .

- Bien évidemment cette conception présente un risque connu sous le nom de théorie du passager clandestin ( free rider) :

· certains salariés pourraient dans ce cadre annoncer un salaire de réservation très élevé alors que leur productivité est faible : l’entreprise serait perdante , mais ce risque est réduit .

· En effet , si a priori , l’entreprise , quand elle embauche ne connaît pas la productivité du salarié ; en revanche a posteriori , elle peut l’observer durant le processus de production .

· L’individu risquerait alors d’être démasqué , d’être licencié . La sanction est d’autant plus dure que le niveau de chômage est élevé et que la probabilité de retrouver un emploi est donc faible .

- Le versement de salaire supérieur à celui du marché présente un autre avantage :

· il permet de conserver une main-d’œuvre qualifiée ( dont la qualification a été obtenue dans le cadre de l’entreprise ) qui est donc productive .

· Un haut niveau de rémunération relatif ( qui permet à l’entreprise d’attirer et de conserver une main-d’œuvre à fort capital humain ) est donc plus que compensé par les coûts de mobilité de la main-d’œuvre supportés par l’entreprise en cas de départ de ses salariés les plus productifs .

· Ceci permet de mieux comprendre le pouvoir dont dispose les insiders ( salariés de l’entreprise ) par rapport à celui des outsiders ( les chômeurs recherchant un emploi ) . En effet , si l’entreprise accorde à ses salariés des conditions plus avantageuses que celles qu’elles accorderaient à des chômeurs , c’est qu’elle y trouve un avantage : celui de conserver une main-d’œuvre plus qualifiée donc relativement moins coûteuse.

Approfondissements : Ceci semble d’autant plus pertinent que selon Akerlof , dans « La théorie , don contre-don » , l’entreprise a

· intérêt à sous-estimer en connaissance de cause la productivité de ses salariés relativement au salaire qu’elle leur offre ( elle leur fait un don ) ,

· en contrepartie les salariés se rendant compte qu’ils sont bien traités par l’entreprise vont être incités à accroître leur productivité ( ils font un contre don à l’entreprise , conformément aux principes de la théorie sociologique de M.Mauss ) .

Conclusion : on se rend compte que l’entreprise n’a pas intérêt à réduire les salaires de ses employés en cas de baisse de la productivité et d’augmentation du chômage . En effet :

· les salariés se considérant comme mal traités par l’entreprise réagiront en démissionnant , en diminuant leurs efforts : ils pourraient , selon J.Généreux , en résulter : « une diminution de la productivité au point que le coût unitaire du travail augmente au lieu de baisser » .

· On se rend compte ici que si les entreprises maintiennent des salaires supérieurs à ceux du marché , ce n’est pas seulement parce qu’elles y sont contraintes par des législations étatiques , par l’action des syndicats , mais parce qu’il leur semble rationnel d’agir ainsi .

Remarque : Cette théorie :

· s’oppose à celle de Keynes , en insistant sur la rationalité des entreprises , ce qui relève d’une analyse typiquement néo-classique . J.Généreux écrit ainsi : « Si toutes les entreprises baissent le salaire en même temps et que ce mouvement général soit reconnu par les salariés » alors l’entreprise peut baisser le salaire , sans avoir à craindre, en contrepartie une réduction de l’effort de ses salariés . Les effets négatifs de la baisse du salaire sur la demande ne sont pas envisagés .

· En revanche, la théorie du salaire d’efficience reprend de Keynes l’idée que « le chômage est largement involontaire , qu’il est engendré par le fonctionnement même de l’économie de marché » ( D.Clerc) . Dans ce cadre d’analyse , les chômeurs , même en acceptant de travailler à des salaires plus bas n’accroissent pas leur probabilité d’être embauchés ; ils demeurent au chômage , alors qu’ils font tout pour obtenir un emploi

SECTION II - L’ANALYSE KEYNESIENNE DU MARCHE DU TRAVAIL (doc. p 117)

I - LA CRITIQUE KEYNESIENNE DE LA CONCEPTION NEO-CLASSIQUE .

A - LA CRITIQUE DE LA CONCEPTION NEO-CLASSIQUE DU MARCHE DU TRAVAIL (doc4 et 5 p 354)

Keynes va critiquer les conceptions néo-classiques du marché du travail sur plusieurs points :

1- LA DETERMINATION DE L’OFFRE DE TRAVAIL :

Rappel de l’analyse néo-classique : l’offre de travail est une fonction croissante du taux de salaire réel

Rejet de l’analyse néo-classique par Keynes : Il refuse d’accepter l’idée que l’offre de travail soit une fonction croissante du taux de salaire réel

Raisons du rejet :

· en effet , cela supposerait de la part des salariés la capacité d’établir une courbe d’offre fondée sur l’égalité de l’utilité et du salaire à un niveau d’emploi donné et de la désutilité marginale associée à ce volume d’emploi ( cf. l’analyse néo-classique vue précédemment ) .

· Or ceci se révèle impossible , car les salariés déterminent leur offre de travail par rapport au salaire nominal , sans connaître le salaire réel qui permet d’assurer , selon les néo-classiques l’équilibre entre l’offre et la demande de travail . Ceci , car lors des négociations salariales l’évolution des prix n’est pas encore connue et le ménages ne sont pas assez rationnels pour l’anticiper avec précision .

2- LA DETERMINATION DE LA DEMANDE DE TRAVAIL :

Rappel de l’analyse néo-classique :Selon l’analyse néo-classique , les variations du taux de salaire réel n’influencent pas la courbe de demande de biens ( les débouchés des entreprises ) et les variations de la demande de biens n’influencent pas la demande de travail .

Raisons du rejet de l’analyse néo-classique par Keynes : On peut , au contraire , considérer avec Keynes qu’une chute du taux de salaire réel va entraîner une réduction de la demande de biens qui se répercutera sur la demande de travail qui diminuera ( doc 13 p 120 ).

3 - LA DETERMINATION DE L’EQUILIBRE :

Rappel de l’analyse néo-classique : Les néo-classiques considèrent , que grâce aux variations du taux de salaire réel

( flexibilité du salaire ) , on tend toujours vers l’équilibre .

Raisons du rejet de l’analyse néo-classique par Keynes : Keynes développe deux critiques :

· il démontre que le taux de salaire réel n’étant pas connu lors des négociations salariales ( on discute du salaire nominal ) , rien n’assure que , a posteriori, on obtienne un taux de salaire réel d’équilibre . La flexibilité des salaires réels n’a donc plus la capacité de ramener le marché du travail à l’équilibre , les agents économiques pouvant être victimes d’illusion monétaire

· Keynes développe un second angle de critique : dès lors que la demande de travail des entreprises est fonction de l’évolution des débouchés qu’elles connaissent , il peut exister un chômage involontaire qui est le produit , non de l’attitude des salariés mais du système économique lui-même .En effet , comme l’indique P.Delfaud , « en l’absence de toute rigidité des salaires à la baisse , il peut subsister , du seul fait que l’emploi offert est déterminé tout à fait indépendamment de la population active par le seul niveau de la demande effective » du chômage involontaire .

4 - KEYNES DEVELOPPE UNE CRITIQUE BEAUCOUP PLUS FONDAMENTALE DU FONCTIONNEMENT DU MARCHE DU TRAVAIL SELON GRELLET :

Selon les néo-classiques , « chaque agent participe à la détermination des conditions de l’échange ; celui-ci résulte alors d’une discussion entre tous les agents , non pas d’une décision unilatérale de certains agents . A condition de se porter offreur ou demandeur , tout agent peut remettre en cause les termes de l’échange . » Keynes va critiquer cette fiction libérale du marché en montrant que le niveau d’emploi ne dépend que des décisions des entrepreneurs , qui se trouvent en position d’imposer aux salariés leurs préférences ( la maximisation du profit anticipé ) . La rupture de Keynes avec les néo-classiques vient du fait que Keynes met en évidence les relations hiérarchisées de pouvoir inégalement réparties entre chefs d’entreprise et salariés .

CONCLUSION :

Tous ces éléments permettent de conclure qu’il n’existe selon Keynes aucun mécanisme dans le marché du travail assurant avec certitude le retour à l’équilibre ; l’autorégulation du marché n’est don qu’un mythe . Au contraire selon Keynes la flexibilité des salaires génère un cercle vicieux qui accroîtra le chômage .

B - L’ECHEC DES POLITIQUES DEFLATIONNISTES DE RETOUR A L’EQUILIBRE ( doc 2 p 353 ).

Rappel de l’analyse néo-classique : Selon l’analyse néo-classique , le chômage involontaire ne peut être que transitoire . En effet, tout déséquilibre sur le marché du travail doit se traduire par une variation du taux de salaire réel ( à la baisse en cas de sous-emploi ,à la hausse en cas de suremploi ) qui ramènera le marché du travail à l’équilibre .

Critiques de l’analyse néo-classique par Keynes : Selon Keynes, cette conception ne fonctionne pas car elle oublie des éléments essentiels :

- comme l’écrit J.Généreux, « selon Keynes , le remède classique au chômage ( baisse des salaires ) néglige la double nature du salaire :

· coût de production pour l’entreprise, la baisse des salaires , en réduisant le coût du travail par rapport à celui du capital exerce bien un effet stimulant sur la demande de travail ( effet substitution )

· mais revenu pour les travailleurs, elle réduit aussi le revenu distribué aux ménages et déclenche un effet multiplicateur à la baisse sur la demande globale , limitant encore plus les débouchés des producteurs : il s’ensuit un nouveau recul de la demande de travail qui rend nécessaire une nouvelle baisse des salaires , et ainsi de suite . Une politique de baisse des salaires , risque donc , à court terme , d’éloigner de l’équilibre au lieu d’en rapprocher , et de déclencher un processus cumulatif de récession » . Les politiques déflationnistes de réduction des salaires qui ont été appliquées durant les années 30 ont été un échec ; elles ont conduit à l’aggravation du chômage .

L’échec de ces politiques s’explique en particulier par l’échec de la main invisible : résultant de deux effets contradictoires :

· En effet , si un producteur et un seul diminue les salaires , il sera plus compétitif , gagnera des parts de marché , verra la situation de son entreprise s’améliorer , pourra embaucher .

· Mais cela est un jeu à somme nulle , car les emplois créés par ce producteur compenseront les destructions d’emploi opérées par les entreprises ayant perdu des parts de marché .

Conclusion : Dès lors , on peut imaginer si les agents sont rationnels que :

· toutes les entreprises , afin d’améliorer leur compétitivité vont appliquer la même stratégie ,

· mais alors les consommateurs subissant tous une baisse de salaire vont réduire leur consommation , la demande effective va donc chuter , les entreprises vont alors être obligées de licencier .

· On peut alors se rendre compte que la somme des intérêts individuels n’améliore pas le bien-être de la collectivité , mais au contraire le détériore ( la destruction d’emplois est un jeu à somme négative ) .

· Ceci , car la rationalité des agents économiques est limitée ; ils sont myopes , ils ne sont pas capables d’anticiper le résultat de leurs actions cumulées , chacun ne visant que son intérêt particulier , agit finalement à l’encontre de son intérêt .

II – PRESENTATION DE L’ANALYSE KEYNESIENNE (docs. 6 à 10 p 354-355).

A - LA THEORIE GENERALE DE L’EMPLOI .

1 - LES DETERMINANTS DE L’OFFRE DE TRAVAIL CHEZ KEYNES :

Keynes considère qu’à court terme , les conditions techniques , les ressources en main-d’œuvre sont données :

· En effet , l’offre de travail est indépendante du taux de salaire réel ; les effets de substitution et de revenu se compensant ,

· Keynes considère donc que l’offre de travail dépend de variables socio-économiques ( la fécondité l’évolution du travail féminin , le solde migratoire , ... ) qui n’évoluent que lentement :

· l’offre de travail est donc constante à court terme.

2 - LES DETERMINANTS DE LA DEMANDE DE TRAVAIL CHEZ KEYNES :

En revanche , la demande de travail est endogène , elle va être fonction de l’évolution de la demande effective , c’est-à-dire de la demande solvable anticipée par les entreprises ( la demande effective n’est qu’une prévision ) . Elle dépend de 2 variables :

* D1 , c’est-à-dire le montant que l’on s’attend à voir la communauté dépenser pour la consommation . Selon Keynes , la consommation est une fonction croissante du revenu ( ce n’est pas vrai chez les néo-classiques ) , c’est-à-dire que plus le revenu augmente , plus le niveau de consommation sera élevé . Ainsi , si à court terme , les ménages bénéficient d’une augmentation de revenu , ils vont accroître leur niveau de consommation sans pour autant diminuer leur niveau d’épargne ( il augmentera aussi ) .

En effet, Keynes distingue le court et le long terme :

+ il considère que , à court terme la répartition que le ménage opère entre la part du revenu consommée et la part du revenu épargnée est stable :

· En effet à court terme la consommation est fonction de la propension moyenne à consommer qui est constante :

la propension à consommer : c = C/R .

· L’épargne étant le reliquat obtenu une fois que les dépenses de consommation ont été réalisées qui dépend de la propension à épargner :

la propension à épargner : s =1- c = 1 - C/R = S/R

+ Au contraire, dans le long terme, Keynes pense que les ménages consacreront une partie décroissante de l’augmentation de leur revenu à l’accroissement de leur consommation :

· c’est-à-dire que la propension marginale à consommer est inférieure à 1 :

la propension marginale à consommer =( DC / D R )

· au contraire , la propension marginale à épargner est supérieure à 1 :

la propension marginale à épargner = (D S/ DR)

- D2 , c’est-à-dire le montant qu’on s’attend à voir la communauté consacrer à l’investissement nouveau ( cf. chapitre suivant ) .

Conclusion Keynes en conclue alors que le volume d’équilibre de l’emploi dépend :

· de la fonction de l’offre globale constante à court terme

· de la propension à consommer qui détermine le niveau de consommation

· du niveau d’investissement

B - LA NECESSITE DE POLITIQUES DE RELANCE .

Explications de l’inutilité des politiques de relance selon l’analyse néo-classique : Chez les néo-classiques , les politiques de relance sont au mieux inutiles , au pire catastrophiques .En effet la loi de Say permet de montrer que l’offre crée sa propre demande et l’amène à son niveau .Car :

· le revenu se partage entre consommation et épargne ,

· l’épargne détermine l’investissement ,

· l’investissement et la consommation déterminent la demande qui est égale à l’offre ( le revenu ) .

Critiques de l’analyse néo-classique : Au contraire, dans la problématique keynésienne , tout ce qui n’est pas consommé est épargné mais rien n’assure que ce qui est épargné sera investi . En effet :

· les entreprises n’ont pas intérêt à investir si elles ne reçoivent pas une demande suffisante pour écouler leur production , bien que celle-ci soit rentable .

· Keynes montre par-là qu’un niveau insuffisant de propension à consommer et d’investissement risque d’entraîner une demande effective insuffisante qui conduira les entreprises à ne plus embaucher ou à licencier , bien que leur production soit rentable .

· Il n’existe dans ce contexte aucun mécanisme qui ramène automatiquement à l’équilibre .

Conséquences : Il faut donc que l’Etat intervienne soit :

· en agissant sur le revenu de ménages pour augmenter la consommation (hyp. la propension à consommer est constante)

· et/ou sur l’investissement ( en appliquant une politique de grands travaux , par exemple ) .

· Grâce à l’intervention étatique , la demande effective s’élèvera , les entreprises voyant leurs débouchés augmenter accroîtront leur demande de travail , ce qui ramènera le marché du travail à l’équilibre .

Conclusion : Ceci nécessite donc une mutation de la vision étatique :

· on doit passer d’un Etat-Gendarme à un Etat-Providence , qui se voit confier la mission d’assurer le plein-emploi , en agissant sur les leviers dont il dispose : augmentation des dépenses publiques , distribution de prestations sociales , réduction des impôts , politique monétaire expansionniste (cf. chapitre politiques économiques) .

· Le point commun à tous ces instruments est d’assurer des débouchés suffisants aux entreprises afin de les conduire à égaliser offre et demande de travail , sans recourir à des variations de salaire qui devient rigide .

III - LES APPROFONDISSEMENTS DE L’ANALYSE KEYNESIENNE .

A - UNE ANALYSE EN TERME DE REGULATION DU MARCHE DU TRAVAIL (complément de cours n°6)

B - LA COURBE DE PHILLIPS

1 - PRESENTATION DE LA COURBE ET DE SES APPROFONDISSEMENTS THEORIQUES

Historique de la théorie : Phillips établit en 1958 une relation de corrélation entre le taux de chômage et le taux de croissance des salaires nominaux au Royaume-Uni durant toute la première moitié du 20° siècle. La démarche de Phillips est donc de nature empirique; il se contente de constater une relation inverse entre les 2 variables sans pour autant être capable de l’expliciter et de dire quelle est la variable déterminante .

Explication de l’intérêt des keynésiens pour la courbe de Phillips : Les keynésiens vont se charger de l’interprétation théorique de la courbe .En effet :

· cette courbe leur permet de compléter une des lacunes de la théorie keynésienne . Keynes a développé la théorie générale dans un contexte de sous-emploi massif et a explicité que les entreprises s’adaptent à ce contexte , non pas par la flexibilité des prix et des salaires mais par la flexibilité à la baisse de la production et de la demande de travail .

· Mais dans les années 50 et 60 , le contexte est tout à fait différent : on observe une période de croissance de la production et des prix ; sur ce plan , la théorie keynésienne semble être prise en défaut . La théorie de Phillips va permettre de combler les lacunes existantes en montrant qu’il existe une relation entre l’évolution des salaires nominaux ( et donc l’ évolution des prix ) et la situation du marché du travail .

· On passe ainsi d’une démarche de nature empirique à une démarche théorique visant à mettre en évidence une relation de causalité .

Présentation de la théorie développée par Samuelson : Les keynésiens , en particulier Samuelson , ont alors montré que , en fonction de la situation régnant sur le marché du travail , le salaire nominal va évoluer et va déterminer le niveau des prix . Ainsi, :

· si l’économie croit à un rythme élevé , que l’on se trouve à une situation de plein emploi ( la demande de travail devient supérieure à l’offre de travail ) ,

· alors les entreprises vont , afin d’attirer la main-d’œuvre correspondant à leurs besoins , augmenter les salaires nominaux ( cela d’autant plus que les syndicats feront pression à la hausse des salaires ) .

· Les entreprises s’efforceront de répercuter l’augmentation des salaires dans leurs prix .

· On constate donc bien que la réduction du taux de chômage se traduit par de l’inflation .


Conséquences de la théorie : le dilemme inflation-chômage : Samuelson va, à partir de cela , essayer d’en déduire des mesures de politique économique . Il considère qu’il existe un dilemme entre l’inflation et le chômage . La société est donc « mise en demeure de choisir entre :

· un niveau d’emploi raisonnablement élevé associé à une croissance maximale et à une hausse modérée mais continue des prix d’une part ,

· et d’autre part une stabilité raisonnable des prix mais associée à un degré de chômage élevé » .

conclusion : La politique économique doit donc choisir entre 2 objectifs contradictoires : soit l’expansion dans la stabilité des prix obtenue par un chômage important , soit la réduction du chômage au prix d’une inflation élevée .

2 - LA CRITIQUE MONETARISTE DE LA COURBE DE PHILLIPS : LE TAUX DE CHOMAGE NATUREL

le contexte : On doit distinguer deux phases :

· cette courbe de Phillips a très bien fonctionné jusqu’à la fin des années 60 .

· Par contre , on se rend compte qu’à partir des années 70 , le dilemme inflation-chômage ne semble plus d’actualité , puisque l’inflation et le chômage augmentent simultanément : on parle alors de stagflation .

Explications de l’échec de la courbe de Phillips selon Friedman :la théorie du taux de chômage naturel Milton Friedman , théoricien monétariste , a proposé une explication qui permet de rejeter le modèle keynésien de la courbe de Phillips et donc d’expliquer la stagflation . Friedman considère qu’il existe un taux de chômage naturel , c’est-à-dire un taux de chômage de plein emploi en fonction des caractéristiques régnant sur le marché du travail , en particulier en fonction des éléments accroissant sa rigidité ( salaire minimum , action des syndicats , allocation chômage , ... ) . Le taux de chômage naturel est donc , selon Friedman , un taux de chômage d’équilibre ( attention il n’est pas nul ) qui ne pourrait être diminué que si le fonctionnement du marché du travail se rapprochait du modèle de cpp .

Conséquences de la théorie : Friedman explique alors que si l’on veut réduire le taux de chômage observable sur le marché en l’amenant en deçà du taux de chômage naturel , on ne peut l’obtenir :

- qu’au moyen d’une augmentation des prix , et que cette amélioration sur le marché du travail ne sera que transitoire ,A court terme , il peut en être autrement

· les ménages étant trompés par la politique monétaire expansionniste du gouvernement , n’ont donc pas anticipé l’augmentation de l’inflation , vont accroître leur demande de biens , car ils se croient plus riches suite à l’augmentation des salaires nominaux ,

· ce qui va inciter les entreprises à produire plus et à embaucher .

· Le chômage diminue donc grâce à l’augmentation des prix , mais cela n’est que provisoire .

· En effet , à terme les ménages se rendent compte que l’augmentation des prix a compensé l’augmentation des salaires nominaux ( pouvoir d’achat constant ) , ils vont donc réduire leur demande afin de la ramener au niveau de départ , la production va chuter et le chômage revenir à son niveau d’équilibre : le taux de chômage naturel .

- Ainsi à plus long terme , on reviendra toujours au taux de chômage naturel .

· En effet , conformément à la gestion keynésienne de la courbe de Phillips, pour réduire le chômage il faut augmenter les salaires et accepter un peu plus d’inflation .

· Les ménages voyant leur pouvoir d’achat stagner ne devraient pas accroître leur demande

· et dès lors , conformément à la théorie quantitative de la monnaie , la sphère monétaire n’a pas d’impact sur la sphère réelle (on parle de dichotomie des sphères réelles et monétaires),

· donc l’augmentation des prix ne devrait pas entraîner de réduction du chômage dans le long terme

Conclusion : La politique keynésienne n’a donc pas eu d’effet sur la situation du marché du travail : elle s’est seulement traduite par plus d’inflation ( qui peut d’ailleurs réduire la compétitivité des entreprises du pays et donc générer des effets pervers ) .

Les mesures à mettre en œuvre : Friedman considère alors qu’il faut rechercher un taux de chômage qui est compatible :

· avec un niveau stable des prix ( NAIRU : Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment)

· ou avec une croissance du salaire réel égale à celle de la productivité ( NAWRU : Non Accelerating Wage Rate of Unemployment )

· et qu’il faut appliquer des politiques structurelles permettant de réduire les rigidités sur le marché du travail qui sont seules capables de réduire le taux de chômage naturel .

La politique économique qui va découler des préceptes de Friedman est une politique de désinflation qui aurait dû à terme permettre de sortir de la stagflation et donc de réduire le chômage : exemple du Royaume uni :


Relativisation de la théorie du taux de chômage naturel : En réalité , on constate aujourd’hui qu’il n’en a rien été :

· on a bien obtenu une désinflation mais celle-ci a été obtenue au prix d’un chômage croissant .

· On assiste donc à un retour de la courbe de Phillips: la désinflation a été permise par une compression des coûts salariaux qui ne pouvait être imposée aux ménages que par un recours à un chômage croissant .

SECTION III - UNE TENTATIVE DE SYNTHESE : LA THEORIE DU DESEQUILIBRE ( doc 3 p 360).

E.Malinvaud va développer une analyse qui , tout en reprenant certains éléments critiques de Keynes , va s’efforcer de montrer que la situation sur le marché du travail est plus complexe que Keynes ne l’avait a priori considérée , et qu’il peut y avoir simultanément du chômage keynésien et du chômage classique , ce qui complique la tache des politiques économiques . En effet , Malinvaud reprend un des éléments essentiels de la critique keynésienne des théories néo-classiques : celui de la rigidité des prix et des salaires qui fait que les prix ne réagissant pas instantanément aux écarts entre l’offre et la demande sur les différents marchés , il peut exister des déséquilibres durables sur le marché du travail . Selon Malinvaud , ces déséquilibres sont de l’ordre de 4 .

MARCHE DES BIENS

d’acheteurs : D

de vendeurs : O

MARCHE DU

d’acheteurs :D

Chômage keynésien

chômage classique

TRAVAIL

de vendeurs : O

sous-consommation

inflation contenue

Etudions chacun des cas :

- le chômage classique : l’origine du déséquilibre se situe sur le marché du travail . En effet , :

· l’offre de biens étant inférieure à la demande de biens , les entreprises pourraient produire plus sans éprouver de problèmes de débouchés , mais elles ne le font pas , car cette production supplémentaire ne serait pas rentable .

· Les salaires étant trop élevés , les entreprises préfèrent réduire leur production , licencier afin de ne pas subir une chute de leur profit trop importante .

· On voit bien que le déséquilibre résulte de la rigidité des salaires et que la politique a mener afin de le résorber est de diminuer le salaire , afin d’accroître la rentabilité des entreprises , de les inciter à produire plus , donc à embaucher .

- le chômage keynésien : l’origine du déséquilibre se trouve sur le marché des biens :

· les entreprises pourraient produire plus ; cette production serait rentable ( les salaires n’étant pas trop élevés par rapport à la productivité ),

· mais elles ne le font pas car elles sont contraintes par des débouchés insuffisants sur le marché des biens .

· Dans ce contexte, une politique néo-classique de réduction des salaires ,n’aurait aucun effet bénéfique .

· Au contraire , cela risquerait d’aggraver la situation en diminuant la consommation des ménages .

· Il faut alors , conformément aux préceptes keynésiens , appliquer une politique de relance augmentant les débouchés des entreprises .

Les 2 dernières situations ne concernent pas le chômage :

- le cas de la sous-consommation ne présente pas d’intérêt , nous ne le développerons pas .

- l’inflation contenue : caractérise la situation que l’on pouvait observer en France à la fin des années 60 :

· Les entreprises pourraient produire plus , puisque la demande de biens est supérieure à l’offre ;

· mais elles sont contraintes par une situation de suremploi sur le marché du travail ( demande supérieure à l’offre ) qui ne leur permet pas d’embaucher pour accroître leur production .

· Dans le cadre d’un fonctionnement néo-classique du marché du travail cela engendrerait une augmentation des prix et des salaires qui ramènerait à l’équilibre .

· Mais les salaires et les prix étant rigides , le déséquilibre va persister , l’offre demeure supérieure à la demande sur tous les marchés et l’inflation est contenue .

Les répercussions :Toute la difficulté est alors qu’ on observe simultanément sur le marché du travail des régimes de chômage keynésien et de chômage classique . Alors , :

· il y a le risque , réel, d’accroître la part du chômage keynésien si on lutte contre le chômage classique ( et inversement ) , sans arriver pour autant à réduire le taux de chômage .

· Les politiques globales de type keynésienne ou néo-classique semblent donc inadaptées . Il faut , face à des régimes de chômage mixtes , appliquer des politiques mixtes qui sont malheureusement très difficiles à définir et à mettre en oeuvre car elles visent des objectifs contradictoires.

SECTION IV - LES THEORIES DE LA SEGMENTATION .

I - UNE REMISE EN CAUSE DU MODELE DE CPP.

Critique des hypothèses néo-classiques : Contrairement à ce que l’on pourrait penser , les marchés du travail fonctionnant sur le modèle de cpp sont rares et n’apparaissent pas souhaitables , car ils ont des répercussions négatives sur la main-d’œuvre : précarité de l’emploi , dépendance des travailleurs , ... L.Fisher considère que « les marchés qui doivent servir de référence sont ceux qui dérogent aux règles néo-classiques » , c’est-à-dire que le facteur travail est devenu le facteur fixe de production : contrat à durée indéterminée ; les salaires fixés par convention collective sont devenus rigides ( insensibles aux variations conjoncturelles du marché du travail ) . Il existe donc entre salariés et employeurs des conventions qui ne s’intéressent pas seulement au court terme , mais qui prennent en compte le long terme . M.Piore a développé les critiques en levant : « l’hypothèse de l’homogénéité et de la mobilité de la main-d’œuvre sur un marché du travail unifié » .

Propositions des théoriciens de la segmentation : M Piore considère donc qu’il existe différents types de salariés qui sont confinés sur des marchés du travail entre lesquels existent des barrières ne permettent pas d’être mobiles » .Les néo-classiques constataient eux-mêmes l’existence de ces barrières , mais ils considéraient qu’elles résultaient d’éléments exogènes à l’économie .Ce qui est nouveau dans l’analyse de Piore , c’est que : « le fonctionnement du marché du travail obéit à une logique propre qui ne résulte pas de l’imperfection de la concurrence » . Piore considère que les barrières établies entre les marchés résultent des pratiques discriminatoires établies par les entreprises ( les barrières sont donc endogènes au marché ) . Piore va par la suite s’efforcer de mettre en évidence les barrières et les différents marchés en résultant , et il va constater qu’à ces différents marchés correspondent des types bien définis de population .

II - MARCHE PRIMAIRE - MARCHE SECONDAIRE .

Piore distingue deux types de marché : le marché primaire et le marché secondaire . Il va constater que sur chacun des marchés sont établies des entreprises présentant des caractéristiques différentes , proposant des emplois dissemblables concernant des populations distinctes . Ceci peut être résumé dans le tableau suivant :

MARCHE PRIMAIRE

MARCHE SECONDAIRE

CARACTERISTIQUES DES ENTREPRISES :

- taille

- type de demande

- type de marché

- niveau d’investissement en capital fixe

- grandes entreprises

- régulière et en croissance

- monopolistique ou

oligopolistique

- élevé du fait des caractéristiques de la demande (modèle de l’accélérateur) et de la rentabilité des entreprises

- PME : souvent sous-traitantes

- fluctuante et déterminée par le donneur d’ordres

- concurrence forte en particulier entre les sous-traitants

- niveau d’investissement réduit en raison des fluctuations des demandes et de la faible rentabilité

CARACTERISTIQUES DES EMPLOIS :

- durée du contrat de travail

- sécurité de l’emploi

- conditions de travail

- avantages sociaux

- salaire

- possibilité de promotion

- possibilité de formation

- contrat à durée indéterminée (CDI )

- oui

- bonnes

- oui ( conventions collectives , comités d’entreprise , .. )

- plus élevé et progression garantie par les conventions collectives

- oui

- oui

- contrat à durée déterminée (CDD) ou intérim

- non

- mauvaises

- non ou réduits

- plus faible et stable

- non

- non

CARACTERISTIQUE DE LA MAIN-D’ŒUVRE

- sexe

- âge

- nationalité

- niveau de qualification

- à dominante masculine

- 30-50 ans

- autochtone

- plus élevé

- à dominante féminine

- moins de 30 , plus de 50

- étrangère

- réduit

Il est bien évident que les caractéristiques présentées dans le tableau ont pour objectif de faire apparaître des modèles dominants , en réalité les choses sont beaucoup plus complexes .

III - LES ORIGINES DE LA SEGMENTATION .

A - UNE ANALYSE D’ORIENTATION MARXISTE ; LES RADICAUX AMERICAINS

Selon les auteurs radicaux américains d’orientation marxiste , l’évolution historique du capitalisme se caractériserait par :

· le passage d’un capitalisme concurrentiel à un capitalisme de monopole .

· Ceci conduirait à une concentration de la main-d’œuvre , ce qui favoriserait sa prise de conscience , son organisation et sa capacité de revendications . L’entrepreneur aurait face à lui une main-d’œuvre organisée qui pourrait lui imposer ses conditions .

· Dès lors , tout l’intérêt des entrepreneurs va être de diviser pour mieux régner , c’est-à-dire qu’en appliquant des politiques discriminatoires sur la main-d’œuvre , on va segmenter la main-d’œuvre en sous-populations ayant des intérêts divergents .

· En ce sens , certains auteurs n’hésitent pas à dire que la main-d’œuvre du marché secondaire correspondrait à une nouvelle armée industrielle de réserve ; les entrepreneurs se servant de cette population afin de réduire le pouvoir de négociations de la main d’œuvre du marché primaire .

· ainsi , on constate bien , comme l’écrit F.Sellier , que « l’explication de la segmentation repose sur l’idée d’une stratégie spécifiquement capitaliste , réponse aux contradictions du développement économique , caractérisées par la production de masse planifiée » .

conclusion : On est ici aux antipodes de l’analyse de Smith, de Taylor et des néo-classiques , puisque selon les radicaux , les entrepreneurs cherchent à expliquer la segmentation de la main-d’œuvre en mettant en avant des déterminations techniques alors qu’en réalité ils ne cherchent que la satisfaction de leur intérêt personnel au détriment de la main d’œuvre .

B - UNE ANALYSE HISTORIQUE .

PIORE constate que les entreprises sont confrontées à la variabilité et à l’incertitude quant à l’évolution des marchés . Il va alors distinguer deux grandes périodes :

- durant la première période , les entreprises considèrent que : « le travail est le facteur variable de production ; en tant que tel ,il peut être librement embauché ou débauché , en fonction des fluctuations de l’activité productive » :

· Par ce mécanisme , les entreprises cherchent à résoudre l’incertitude auquel elles sont confrontées .

· PIORE va encore plus loin quand il écrit que : « le travail est considéré comme la variable résiduelle en organisation » , c’est-à-dire que les entreprises commencent à définir le niveau et les caractéristiques du capital qu’elles vont mettre en oeuvre , ce qui va déterminer un mode d’organisation de la production ,

· la main-d’œuvre étant alors la variable d’ajustement qui donnera des capacités d’adaptation au système .

- dans une seconde période , certaines fractions de la main-d’œuvre , car elles ont su s’organiser et revendiquer ou car les entreprises se sont rendues compte qu’il était de leur intérêt de stabiliser une main d’œuvre qualifiée , vont bénéficier de garanties de l’emploi . PIORE écrit : « Le dualisme au sein du marché du travail survient lorsque :

· des fractions de la main-d’œuvre commencent à être protégées de l’incertitude et de la variabilité de la demande et que leurs exigences sont intégrées dans le processus d’organisation et la prise de décision . Elles sont alors considérées comme du capital . »

· Mais face à l’incertitude , les entreprises ont toujours besoin de conserver des éléments d’adaptation ; le dualisme capital-travail de la première période est alors doublé d’un dualisme à l’intérieur du marché du travail . Les entreprises stabilisant une partie de la main d’œuvre ( le marché primaire ) vont imposer à une autre partie de la main-d’œuvre (le marché secondaire ) des conditions permettant aux entreprises de bénéficier de suffisamment de flexibilité .

· C’est dans cette logique que se développe l’extériorisation de la main-d’œuvre opérée par le biais de la sous-traitance .

Conclusion : On peut donc considérer que l’entreprise va être conduite à appliquer deux types de flexibilité différentes en fonction du marché du travail sur lequel elle se situe :

· « la flexibilité quantitative est productrice d’un marché du travail de type secondaire ,

· la flexibilité qualitative d’un marché primaire du travail . »

· En effet , les entreprises du marché primaire qui sont confrontées à de fortes fluctuations de la demande et donc de leur production doivent s’adapter en utilisant comme variable d’ajustement la main d’œuvre qu’elles réembaucheront quand le marché sera mieux orienté .

· Au contraire les entreprises du marché primaire recherchent ,elles , une flexibilité qualitative qui correspond à une main d’œuvre polyvalente qui , en échange de la stabilité de l’emploi , accepte de s’adapter aux besoins de l’entreprise , l’entreprise n’ayant pas intérêt à licencier ce type de main d’œuvre ; car l’investissement en capital humain qu’elle a réalisé et le coût de formation d’une nouvelle main d’œuvre ne seraient pas rentables .

SECTION V - LA FLEXIBILITE DU TRAVAIL ( dossier 3 p 105 à 108).

INTRODUCTION :

Le contexte : deux périodes doivent être distinguées :

· Pendant les trente Glorieuses , les théoriciens se sont peu intéressés au problème de flexibilité . En effet , la croissance continue de la production , de l’emploi et de la productivité exigeaient la continuité , la rigidité n’était donc pas considérée comme une entrave au bon fonctionnement du marché du travail .

· Aujourd’hui , au contraire , le contexte a évolué : les entreprises sont confrontées à une demande dont la progression s’est ralentie , qui est devenue plus irrégulière et plus imprévisible dans ses choix .

Un terme mal maîtrisé : Dans ce nouveau contexte , la flexibilité est devenue un enjeu et un atout . Tout le monde en parle : les syndicats et les salariés la rejettent majoritairement alors qu’au contraire les chefs d’entreprise y sont très favorables .Ceci résulte d’une mauvaise compréhension du nouveau contexte économique . :

· En effet , les chefs d’entreprise considèrent que la flexibilité doit être quantitative ( elle doit leur permettre de mieux adapter leur main d’œuvre à leurs besoins en licenciant et embauchant sans contraintes ) et salariale ( ils souhaitent réduire les salaires)

· On comprend que la main d’œuvre soit réticente à ces deux flexibilités qui conduisent à une détérioration de son bien-être .

Une mise en œuvre inadaptée : Mais on peut considérer que le type de flexibilité développée par les entreprises n’est peut être pas adaptée au nouveau contexte économique et social . En effet :

· l’évolution des caractéristiques de la demande ( qualité , différenciation , ... ) nécessite de la part des entreprises des capacités de réactivité . B.Brunhes écrit ainsi : « actuellement la réactivité est devenue un des principaux atouts : rapidité de réaction aux fluctuations de commandes fréquentes et rapides sur des marchés internationalisés , capacité à faire face par des innovations à l’obsolescence de produits dont la durée de vie s’est raccourcie , impératif du juste à temps et du zéro stock » , .

· .. Il n’est pas sûr que les deux types de flexibilité préconisées par les entreprises soient les mieux adaptées pour répondre aux défis d’aujourd’hui qui nécessitent une main d’œuvre qualifiée et polyvalente .

conclusion : Il semble donc nécessaire avant toute chose de définir le terme flexibilité qui est bien ambigu et est donc employé dans des sens divergents .

I - LA FLEXIBILITE : UN CONCEPT PROTEIFORME.

R.Boyer distingue 4 formes ( doc 19 p 124 ) :

A - LE SALARIAT INTERIMAIRE

Définition : « la flexibilité se mesure à la faiblesse des contraintes juridiques régissant le contrat de travail , et en particulier les décisions de licenciement » .

Moyens mis en œuvre pour l’atteindre : BOYER considère que ce type de flexibilité peut être atteint soit :

· par la flexibilité du temps de travail ( par exemple son annualisation )

· soit par la mobilité des salariés à l’intérieur des firmes de même groupe ( on parlera alors de flexibilité interne ) ,

· mais le type dominant aujourd’hui c’est la flexibilité de type externe ( flexibilité quantitative dont : « l’idéal type apparaît alors être un contrat de travail dont les conditions sont révisables au jour le jour » ) .

B - LE SALAIRE AU RENDEMENT

définition : appliqué souvent avec la précédente car répondant à la même logique , la flexibilité peut désigner : « la sensibilité des salaires ( nominaux ou réels ) à la situation économique .

remarque : On retrouve ici , comme dans le cas précédent , une analyse de type néo-classique qui considère que , comme durant la grande crise de 29 , la cause du chômage serait la rigidité des salaires . La meilleure preuve semble d’ailleurs en être que les pays qui connaissent aujourd’hui le taux de chômage le plus faible sont ceux dont la flexibilité des salaires est la plus forte ( USA ,GB , Japon) .

conséquences : Comme l’indique Boyer : « cette conception de la flexibilité conduit donc à recommander en retour :

· plus de concurrence sur le marché du travail ,

· une différenciation des salaires selon la situation financière des firmes et la productivité individuelle

· ou une atténuation de la législation sur le salaire minimal » .

· Ce type de flexibilité peut être appliqué de différentes manières ; une des analyses les plus modernes est celle du partage des profits ( cf. B )

C - L’USINE FLEXIBLE

définition : cette forme de flexibilité peut être définie comme la plus ou moins grande adaptabilité de l’organisation productive à l’évolution des marchés .

Remarque : Selon BOYER , elle dépend largement des choix technologiques qui sont effectués au moment de la conception de l’unité de production . Ces choix sont largement conditionnés par la taille et la régularité du marché . On comprend mieux , dès lors , l’intérêt que les entreprises semblent porter aujourd’hui à ce type de flexibilité puisqu’elle leur permet de répondre à l’évolution de la demande devenue plus imprévisible , fluctuante et diversifiée ( cf. les modes d’organisation du travail ) .

D - L’OUVRIER PROUDHONIEN

Définition : ce type de flexibilité peut être définie comme : « l’aptitude des travailleurs à changer de poste » .

Remarque : Ce type de flexibilité nécessite de la part de la main d’œuvre :

· un savoir-faire et une compétence , en particulier une capacité à maîtriser divers segments d’un même processus productif .

· Ce type de qualité se situe donc aux antipodes de celle requise par le taylorisme . La polyvalence de la main d’œuvre qui est nécessaire se rapproche de celle que l’on a pu observer dans le modèle de Ohno .

CONCLUSION :

Comme le constate R.Boyer , toute la difficulté est alors que les différents types de flexibilité peuvent être contradictoires . On peut opposer schématiquement deux grandes logiques de flexibilité :

· une flexibilité de type néo-classique qui a pour objectif de lutter contre les rigidités extérieures au marché dues à l’intervention de l’Etat , des syndicats . On classera dans cette logique le salaire au rendement et le salariat intérimaire .

· une flexibilité reposant sur l’adaptation des processus productifs et de la main d’œuvre aux variations de la demande . On classera ici l’usine flexible et l’ouvrier proudhonien .

L’inconvénient est que les deux logiques sont contradictoires .

· En effet , l’usine flexible nécessite des ouvriers qualifiés et polyvalents ( ouvrier proudhonien ) ; mais les entreprises pour attirer cette main d’œuvre doivent lui offrir des rémunérations attrayantes ( en contradiction avec le salaire au rendement ). Les entreprises vont par ailleurs essayer de stabiliser cette main d’œuvre pour laquelle elles ont investi en formation coûteuse ( ce qui est contradictoire avec le salariat intérimaire ) .

· Aujourd’hui , les entreprises semblent vouloir courir les deux lièvres à la fois : elles ne le peuvent que parce qu’il y a un taux de chômage élevé , mais elles risquent à terme d’aller à l’encontre de leurs objectifs : les salariés n’étant pas récompensés se désinvestissant de la vie professionnelle pour s’investir dans la vie privée .

II - UNE ANALYSE DES DIFFERENTES FORMES DE FLEXIBILITE .

A - LA THEORIE DU PARTAGE DES PROFITS ( PROFIT SHARING) DE M.WEITZMAN (complément de cours n°7)

B - DES MODELES DE FLEXIBILITE DIFFERENTS .

Comme on l’a déjà vu précédemment , il existe deux grandes logiques de flexibilité qui ne correspondent pas à la même temporalité :

· la flexibilité quantitative externe et la flexibilité salariale correspondent à une logique de court terme .Selon R.Boyer , cela résulte de la myopie du marché ; ce type de flexibilité ne permettant en aucun cas de sortir de la crise économique puisque « les licenciements et la baisse des salaires constituent plus un constat d’échec et une forme peu glorieuse d’ajustement qu’une voie royale de sortie de crise » .

· Boyer est plus favorable à une flexibilité qualitative ( ouvrier proudhonien , usine flexible ) : « la recherche d’organisation du travail et d’équipement mettant en oeuvre une spécialisation flexible , l’objectif de formation et de qualification de la main d’œuvre visant à une certaine polyvalence , le redéploiement des interventions publiques et la législation du travail définissent d’autres formes d’ajustements , probablement plus porteuses d’avenir et mieux acceptées socialement » .

B.Brunhes constate qu’il existe trois réponses types (au sens d’un idéal type wébérien) aux besoins de flexibilité :

· le modèle anglo-saxon : se caractérise par la faiblesse des lois sociales , l’étiolement du syndicalisme et conduit à une flexibilité régressive de type quantitative externe et salariale .

· le modèle du Nord de l’Europe ( Scandinavie , Allemagne ) et des grandes entreprises japonaises se caractérise par des législations strictes , limitant la flexibilité quantitative externe . Les entreprises sont alors obligées pour rester compétitives de développer la flexibilité interne ( à cela le Japon ajoute la flexibilité salariale ) .

· le modèle de l’Italie , de l’Espagne et de plus en plus de la France se caractérise par : « la superposition d’un appareil législatif réglementaire et conventionnel rigide et des comportements quotidiens réels qui ignorent ces contraintes » , en particulier en multipliant les exceptions aux lois . C’est sûrement le modèle le moins adapté car il subit les inconvénients de la rigidité réglementaire sans bénéficier des bienfaits de la flexibilité qualitative , dans laquelle les entreprises n’investissent pas , préférant bénéficier des mesures exceptionnelles .

COMPLEMENTS DE COURS

COMPLEMENTS DE COURS N°1

LES ANALYSES DE MAYO,MASLOW MAC-GREGOR :

L’ECOLE DES RELATIONS HUMAINES .

a – l’initiateur : E Mayo : l’expérience de la Western Electric

Critiques du taylorisme et du fordisme : Comme l’indique F.Teulon , « contrairement aux présupposés de Taylor , les relations humaines jouent un rôle fondamental sur le lieu de travail , les individus ne réagissent pas aux conditions physiques telles qu ’elles sont , mais telles qu’ils les ressentent . » La philosophie de Taylor qui véhicule la vision simpliste d’un travailleur exclusivement motivé par l’appât du gain a été largement amendée par les conclusions d’une série d’expériences menées par E.Mayo et son équipe à l’établissement Hawthorne de la Western Electric à partir de 1924 . Cette expérience a permis d’obtenir 3 résultats majeurs selon M.Lallement:

- les ouvrières , sensibles que l’on puisse s’intéresser à elles , ont répondu au mieux à ce qu’il leur paraissait être une demande de la part des chercheurs . Ainsi , quelle que soit la variation des paramètres , la productivité augmente . Les conditions physiques ( éclairage ) ne jouent donc pas un rôle essentiel .

- les expériences ont révélé l’importance de la vie de groupe et son influence sur le comportement de chacun de ses membres .

- Mayo a constaté qu’il existe une norme informelle de production qui contraint chaque salarié à produire autant que les autres . Il n’y a aucun rapport , de ce fait , entre incitation financière , dextérité individuelle et performance collective

Mesures préconisées :Ces expériences ont conduit les sociologues à préconiser une autre organisation du travail , basée sur le travail en équipe requérant plus d’autonomie .

Limites de la théorie :Mais cette analyse présente des risques , en particulier celui de sous-estimer les motivations financières et donc de ne plus accorder des augmentations de salaire pour accroître les rendements .

b – la pyramide des besoins de A.H. Maslow

Principe : Maslow a développé une théorie concernant la motivation des travailleurs selon laquelle leurs besoins sont hiérarchisés :

· les travailleurs cherchent d’abord à satisfaire leurs besoins physiologiques

· dans un second temps, ils recherchent la sécurité (de l’emploi, financière, etc.)

· puis l’intégration à un groupe,

· avant de satisfaire leur besoin d’estime de soi (respect et considération),

· et enfin le besoin de réalisation de soi

Selon Maslow ces besoins sont hiérarchisés : les travailleurs c commencent donc par satisfaire ceux qui leurs apparaissent comme prédominants avant de passer à la catégorie suivante.

Conclusion : on peut alors parler d’échelle des besoins que Maslow a synthétisé dans la pyramide suivante :

Image hébergée par Casimages.com : votre hébergeur d images simple et gratuit

c – Mac Grégor : les théories X et Y

Principe : selon Mac Grégor :

· les entreprises s’appuient traditionnellement sur la théorie X , très taylorienne qui postule que :

- l’homme n’est pas fait pour travailler

- l’homme doit être contraint et motivé par un système(principe du bâton et de la carotte)

- l’homme recherche avant tout la sécurité et fuit les responsabilités.

· les entreprises devraient s’appuyer sur la théorie Y qui pose que :

- le travail n’est ni agréable, ni déplaisant : si l’homme n’aime pas son travail c’est parce qu’il a été conduit à ne pas l’aimer,

- l’homme est capable de déterminer des objectifs et de les réaliser

- l’homme ne craint pas les responsabilités , c’est pour lui un moyen d’enrichissement et d’intérêt au travail.

Conclusion : les principes développées par l’école des relations humaines conduisent à une remise en cause de la conception matérialiste du travail :

· certes il est nécessaire dans des sociétés confrontés à la pauvreté et à l’incertitude de satisfaire, en priorité, les besoins physiologiques et de sécurité

· mais dans nos sociétés riches et développées il ne faut pas oublier, sous peine d’être confronté à un mécontentement des travailleurs, de satisfaire :les besoins d’intégration au groupe, d’estime et de réalisation de soi développé dans la grille de Maslow afin de motiver les individus

COMPLEMENT DE COURS N°2

L’EXPLICATION LIBERALE DU CHOMAGE DURANT LA CRISE DE 1929 : L’ANALYSE DE J RUEFF.

Constat :J Rueff observe que durant la grande crise des années 30les taux de chômage dans les principaux pays développés sont très élevés (1/3 de la pop active au chômage en Allemagne en 33, ¼ aux USA à la même date ).

Problème : ceci manifestement remet en cause la théorie de l’équilibre du marché du travail des néo-classiques

Explications mises en avant par Rueff : la question est alors pour Rueff de savoir si les facteurs qui sont à l’origine du chômage sont endogènes ou exogènes . Bien évidemment Rueff va s’efforcer de démontrer qu’ils sont de nature exogènes et donc que la théorie de l’équilibre demeure valable . Pour cela il va distinguer deux phases :

· la première irait jusqu’en 1911, durant cette période le mécanisme de la flexibilité des salaires était « parfaitement efficace en ce sens qu’il avait toujours pour effet de faire disparaître par adaptation progressive et dans des délais assez courts toutes les crises de chômage. Jamais dans l’histoire , jusqu’en 1920 , on n’a observé un chômage permanent .

· Mais , depuis la guerre , ce mécanisme a cessé de jouer en Angleterre » (Rueff) Pourquoi ? Que s’est-il passé en 1911 qui puisse être responsable du chômage ? : « Depuis 1911, en effet , il existe en Angleterre un système d’assurances chômage, qui donne aux ouvriers sans travail une indemnité connue sous le nom de dole (...). La conséquence d’un pareil régime a été d’établir un certain niveau minimum de salaire , à partir duquel l’ouvrier préfère toucher le dole plutôt que de travailler pour un salaire qui ne lui vaudrait qu’un excédent assez faible sur la somme qu’il reçoit comme chômeur. » . Quelle conséquence cela a t’il ? Rueff répond « Ainsi le dole a surtout pour effet d’assurer indéfiniment le maintien de la discipline syndicale. C’est elle qui est l’instrument essentiel de la stabilisation des salaires à un niveau entièrement indépendant du niveau des prix, c’est elle qui est , par-là , la cause du chômage permanent ».

Explications étant à l’origine du chômage selon Rueff : Ainsi selon Rueff le niveau élevé de chômage que l’on observe durant les années trente en Angleterre résulte de l’instauration d’une sorte d’assurance chômage qui est à l’origine d’une rigidité du salaire qui , elle seule , est capable d’expliquer la perpétuation du déséquilibre du marché du travail .

Mesures nécessaires afin de remédier au chômage :

· La solution est alors selon Rueff de supprimer cette rigidité (le dole) afin de permettre au mécanisme de flexibilité des salaires de jouer son rôle .

· Ainsi dès que le dole aura disparu, les salaires nominaux diminueront comme l’ont fait les prix, ce qui engendrera une baisse du taux de salaire réel qui rendra l’embauche plus rentable pour les entreprises.

· A terme par ajustements successifs le sous-emploi sera résorbé.

Conclusion :Ainsi l’analyse de Rueff démontre qu’une politique qui a pour objectif d’améliorer le sort des classes laborieuses peut conduire à un résultat exactement inverse, en générant des effets pervers non anticipés par les promoteurs de la mesure . Rueff en donne un second exemple dans un texte très moderne , toujours d’actualité.

La question de la concurrence des pays à bas salaire : Rueff s’interroge sur l’opinion assez répandue : « que c’est surtout en raison de la concurrence des pays où la main d’œuvre reçoit des salaires de famine, que les pays les plus évolués ne peuvent donner à leurs ouvriers des salaires aussi élevés qu’ils le souhaiteraient ».On songe ici à la concurrence déloyale des NPI à l’encontre des vieux pays développés .

L’échec de la solution des salaires minima : La solution qui pourrait être préconisée serait alors de fixer « par voie d’accords internationaux , des minima de salaire applicables dans le plus grand nombre possible de pays . Ainsi l’on éviterait la course aux bas salaires et tous les pays pourraient simultanément améliorer le sort de leurs classes laborieuses.

Les raisons de l’échec : Malheureusement là encore il n’y a qu’une apparence trompeuse ». En effet :

· l’entrepreneur n’embauche que si les salariés sont rentables , s’il n’y a pas de méthode de production plus intéressante.

· Or le travail et le capital étant en partie substituables , une augmentation du coût du travail va déterminer une hausse du coût relatif du travail par rapport au capital (coût du travail /coût du capital) qui va inciter les entrepreneurs à remplacer le facteur cher (le travail) par le facteur proportionnellement moins coûteux (le capital)

· on aurait donc ainsi contribué à l’augmentation du chômage dans tous les pays .

COMPLEMENT DE COURS N°3 : LA THEORIE DE LA RECHERCHE D’EMPLOI OU JOB SEARCH

Postulat de départ : Cette théorie prend en compte une imperfection du marché du travail : la remise en cause de l’hypothèse de la transparence ( l’information ne circule pas parfaitement ) ; ceci permet d’expliquer que l’on puisse observer simultanément du chômage et des emplois vacants .

Conséquences : les théoriciens du job search considèrent qu’ :

· un individu qui ne se satisfait pas de son emploi aura beaucoup de mal à en trouver un nouveau qui lui convienne , tant qu’il ne sera pas au chômage.

· Dès lors , il devient rationnel pour un individu de quitter son emploi ou de ne pas accepter n’importe quel emploi s’il est chômeur , car le chômage peut être aussi analysé comme un investissement rationnel .

Explications : Le raisonnement que suivra l’individu sera alors le suivant :

· si je viens d’être au chômage , je perçois des indemnités relativement importantes ; comme je dispose de peu d’informations , j’ai intérêt à profiter des indemnités qui me sont offertes par la société pour collecter le plus d’éléments possibles sur le fonctionnement du marché du travail . J’ai donc intérêt à refuser toute offre d’emploi qui se situe en dessous de mon salaire de réservation , c’est-à-dire en dessous des indemnités que je perçois

· Mais , plus le temps passe , plus je dispose d’informations , moins mes indemnités sont importantes , plus je risque d’être considéré comme inemployable par les entreprises ; mon salaire de réservation va donc chuter et je vais accepter des offres d’emploi que j’aurais refusé en début de période .

Apports de la théorie : La théorie du job search permet donc d’expliquer la montée du chômage frictionnel qui résulte de l’imperfection de l’information .

Solutions préconisées par les théoriciens du job search : ils vont alors préconiser certaines mesures :

· faciliter la circulation de l’information ( c’est à cette logique qu’a répondu la création de l’ANPE à la fin des années 60 )

· réduire le montant et la durée des allocations-chômage qui incitent l’individu à demeurer chômeur

COMPLEMENT DE COURS N°4 : LA THEORIE DES CONTRATS IMPLICITES

Remise en cause des postulats néo-classiques traditionnels :Selon la pensée néo-classique traditionnelle :

· une augmentation du chômage devrait entraîner une baisse des salaires réels ramenant à l’équilibre .

· Cela n’est pas le cas , car certaines hypothèses du marché de cpp ne sont pas vérifiées , en particulier l’hypothèse d’information .

· On peut ainsi considérer que l’information est inégalement répartie( asymétrique) entre les agents :

Conséquences :

- les salariés disposent de peu d’informations et vont donc être caractérisés par une aversion pour le risque qui va les conduire à valoriser la stabilité de leur situation dans le long terme .

- Pour cela , les salariés vont établir des contrats implicites ( car non reconnus par la loi ) avec leur employeur qui peuvent être assimilés à des contrats d’assurance . On peut distinguer 2 périodes :

· durant les périodes de croissance , les gains de productivité augmentent fortement , les salariés vont accepter de bénéficier des augmentations de salaire plus réduites , le salaire devient donc inférieur à la productivité . On dit que le salarié paye sa prime à son employeur qui est son assureur .

· en contrepartie , durant les périodes de récession , le salarié bénéficie d’un salaire qui devient supérieur à la productivité ( le salaire ayant moins baissé que la productivité ) , on dit alors que le salarié reçoit ses indemnités d’assurance qui sont la contrepartie de la prime .

Problème : Toute la difficulté est alors de fixer le niveau de la prime et d’établir une relation de confiance :

· la prime sera d’autant plus importante que le degré d’aversion face au risque des salariés est fort .

· la confiance est plus complexe à établir . En effet , l’information étant inégalement répartie , l’entrepreneur est mieux à même de connaître la situation réelle de son entreprise ; dès lors , il risque d’essayer de tromper ses salariés , cela d’autant plus que le contrat est implicite . Mais , selon les théoriciens des contrats implicites , ce risque est réduit par un certain nombre de procédures :

· le chef d’entreprise n’a pas intérêt à trahir la confiance de ses salariés , car ceux-ci le lui feraient payer en étant moins productifs .

· dès lors , le chef d’entreprise , pour que les salariés acceptent une baisse de salaire ,doit leur démontrer que les indemnités d’assurance sont devenus supérieurs à la prime versée , en mettant en avant la détérioration de la situation sur le marché du travail et dans l’entreprise ( par exemple , en licenciant une partie de ses salariés ) .

Apports de la théorie : Cette théorie est intéressante car :

· elle permet de montrer que la rigidité du salaire peut être expliquée tout en conservant l’hypothèse de rationalité des agents économiques .

· Comme l’indique B.Reynaud : « Dans la théorie des contrats , le salaire a changé de statut , ce n’est pas un prix de marché ,mais le résultat monétaire d’une règle convenue entre 2 individus rationnels . »

· Dès lors , il n’y a plus aucune raison de penser que la flexibilité du salaire soit capable de ramener à l’équilibre .

· L’important ici est d’avoir rendu endogène les déterminants motivants la rigidité du salaire ; le chômage qui peut en résulter n’est plus à chercher dans des pseudo déterminants extérieurs accusés de tous les mots .

Remarque : Il va en être de même dans la théorie insiders-outsiders.

COMPLEMENT DE COURS N°5 : LA THEORIS INSIDERS-OUTSIDERS

Problème : A.Lindbeck et D.Snower cherchent à apporter une réponse à la question suivante : pourquoi l’augmentation des salaires s’est-elle poursuivie malgré la hausse irrésistible du chômage ?

Solution : La réponse qu’ils apportent est que :

- les négociations salariales ne subissent pas l’influence des chômeurs tout simplement parce que les salaires sont négociés par ceux qui ont un emploi . Il est alors impératif de distinguer deux types d’actifs :

· les insiders : qui se situent dans les entreprises et participent aux négociations salariales

· les outsiders , c’est-à-dire les chômeurs qui en sont exclus .

- On comprend aisément que les insiders , faisant preuve de rationalité et d’égoïsme , cherchent à maximiser leur satisfaction et donc à fixer un salaire qui leur permette d’améliorer leur niveau de vie , même si cela se traduit par l’exclusion d’ une partie de la population active ( les chômeurs n’arrivant pas à retrouver un emploi en raison des coûts de salaire trop élevés ) .

Limites de la théorie : Par contre , il est plus difficile de comprendre pour quelles raisons les entreprises acceptent de laisser aux insiders ce pouvoir de négociation et n’utilisent pas plus les outsiders comme moyen de pression à la baisse de salaires .

Solutions : A.Linbeck et D.Snower apportent une réponse originale :

· selon eux , les insiders disposent d’un pouvoir de négociations qu’ils imposent aux entreprises . En effet , comme l’indique le document 15 p 484 , les insiders ont reçu de la part des entreprises une formation coûteuse , un investissement en capital humain que l’entreprise n’a pas intérêt à sacrifier . Elle cherche donc à stabiliser sa main d’œuvre pour éviter les coûts de rotation . Elle n’a donc pas intérêt à diminuer les salaires des insiders pour embaucher des outsiders , car elle risque alors de voir ses salariés forés et performants la quitter , ce qui nécessitera de nouveaux investissements en capital humain coûteux .

· Un second facteur doit être pris en compte : les chômeurs embauchés par l’entreprise ne seront rentables que s’ils sont intégrés dans le collectif de travail , c’est-à-dire s’ils sont acceptés par les insiders . Or , ceux-ci ont des raisons de craindre que l’entrée des outsiders dans l’entreprise se traduise par une détérioration de leur bien-être ( remise en cause d’acquis sociaux , baisse de salaire ) . Ils vont alors harceler les outsiders qui seront moins productifs et peu motivés

Remarque : Ce problème de la motivation se retrouve aussi dans la théorie du salaire d’efficience.

COMPLEMENT DE COURS N°6 : UNE ANALYSE EN TERMES DE REGULATION DU MARCHE DU TRAVAIL

Les auteurs régulationnistes , dont le principal représentant en France est R.Boyer , établissent une synthèse entre l’analyse keynésienne et l’analyse marxiste en faisant appel aux dimensions historique , sociologique et politique . Il montre alors que la conception néo-classique du marché du travail a-historique et a-sociale ne permet pas de décrire son fonctionnement réel . Selon R.BOYER , une succession de régulations caractérisent l’évolution du marché du travail

a - la régulation à l’ancienne .

période de référence : Elle est caractéristique de la société française d’avant la Révolution industrielle ( même si elle se maintient jusqu’en 1850 ) .

contexte de référence : Elle résulte de la prépondérance d’une agriculture pré-capitaliste peu productive ,

Mode de régulation : On distingue deux phases :

· l’agriculture connaissant des crises agricoles récurrentes qui induisent une flambée des prix agricoles . Le coût de la vie augmentant fortement , le revenu de la population diminue , l’emploi chute , déterminant une baisse des salaires nominaux .

· Durant les périodes de récolte abondante , on observe un mouvement opposé ( baisse des prix agricoles , augmentation de l’emploi et des salaires ) .

Conclusion : Dans la régulation ancienne , les mouvements des prix d’une part , de l’emploi et des salaires d’autre part sont opposés .

b - la régulation concurrentielle .

Période de référence : 1800-1914

Contexte de référence : Elle traduit le passage d’une économie à dominante agricole à une économie industrielle et capitaliste .

Mode de régulation : Désormais l’origine des mouvements d’emploi , de prix et de salaire ne se trouve plus dans l’agriculture mais l’industrie :

· Désormais la crise ne résulte pas d’une sous-production agricole mais d’une surproduction industrielle ( l’offre est supérieure à la demande ) . Ceci se traduit par une chute des prix , donc de la production qui génère des licenciements permettant de diminuer les salaires nominaux .

· Au contraire , durant les phases d’expansion , l’augmentation de la production n’est pas suffisante pour répondre aux débouchés , les prix augmentent , les entreprises élèvent les salaires pour attirer de la main-d’œuvre .

Conclusion : La régulation concurrentielle se traduit donc par un synchronisme de la production , des salaires et des prix .

c- la régulation monopoliste .

Période de référence : les trente glorieuses

Contexte de référence : Cette évolution résulte du développement des conventions collectives conclues entre salariés et patrons , qui accordent un rôle clé aux organisations syndicales : c’est la raison pour laquelle on parle de régulation monopoliste qui s’oppose à la régulation concurrentielle qui dominait jusqu’alors

Mode de régulation : La régulation monopoliste rompt avec la régulation concurrentielle , car contrairement à la période de l’entre-deux guerres qui était une période de transition , le salaire nominal devient peu sensible aux variations de l’emploi à la baisse Il est par contre indexé sur les gains de productivité et le taux d’inflation . Le salaire réel connaît donc une forte augmentation qui permet de réaliser une correspondance entre la dynamique des capacités de production et celle du revenu des salariés , donc de la consommation qui est une composante essentielle de la demande globale .

Actualisation :Aujourd’hui on peut se demander dans quelle mesure ce type de régulation n’est pas remis en cause : la désindexation des salaires sur les prix opérée au début des années 80 et le retour à une plus grande flexibilité des salaires semblent traduire une nouvelle donne . Toute la question est d’alors de savoir vers quel type de régulation on se dirige .

COMPLEMENT DE COURS N°7 : LA THEORIE DU PARTAGE DES PROFITS OU PROFIT SHARING DE M WEITZMAN

Un constat :Weitzman part d’un constat : au Japon , le taux de chômage a été tout au long des années 70-80 très inférieur à celui des autres pays .

Les explications : Ceci s’explique selon lui par le mode de régulation de la main d’œuvre qui a été appliqué au Japon : les grandes entreprises garantissent à leurs salariés l’emploi à vie , en contrepartie le salaire est sensible aux résultats de l’entreprise , c’est-à-dire que chaque salarié voit son salaire diviser en deux parties : la première est fixe , la seconde est fonction des profits de l’entreprise , et de l’efficacité du travail de l’individu , les salaires étant individualisés .

Les propositions de Weitzman : Weitzman se propose de généraliser ce modèle à tous les pays développés en agissant de la manière suivante : chaque salarié recevrait un fixe auquel s’ajouterait une partie variable qui serait fonction des profits de l’entreprise et des effectifs de l’entreprise .

Voyons maintenant quels seraient les avantages pour l’entreprise de ce type de contrat et en quoi cela permettrait de réduire voire de résorber le chômage ( sans oublier l’inflation ) :

· la participation des salariés aux profits de l’entreprise permettrait d’accroître les gains de productivité . En effet , comme l’écrivent F.Fitzroy et D.Vaughan - Whitehead : « les salariés dont une partie de la rémunération serait explicitement reliée aux performances de leur entreprise , se sentiraient un peu plus impliqués dans le processus productif et augmenteraient leur effort au travail » , l’entreprise serait alors plus compétitive et pourrait par la suite , puisqu’elle gagne des parts de marché augmenter ses profits , donc les salaires , mais aussi embaucher .Cette analyse reprend la logique de la théorie du salaire d’efficience .

· le partage des profits bénéficie des effets positifs de la flexibilité salariale . En effet , si la situation de l’entreprise se détériore , ses profits vont chuter , mais comme le niveau des salaires est fonction de celui des profits , l’entreprise va répercuter dans les salaires la chute des profits :« Ainsi , c’est le cycle usuel d’ajustement quantitatif des effectifs en fonction de la conjoncture qui caractérise nos économies qui s’en trouverait modifié. L’ajustement se réaliserait sur les salaires et les prix au lieu de s’effectuer sur la production et l’emploi » ( op. cité ).

· Weitzman considère que le partage des profits est une incitation à l’embauche .En effet , le chef d’entreprise fixe , quel que soit le nombre de salariés embauchés le montant de la part des profits qui leur sera redistribué . Dès lors , plus le chef d’entreprise embauchera , plus le coût marginal du travail diminuera . En effet , le chef d’entreprise n’aura à supporter en supplément que la partie fixe du salaire , la partie variable restant constante , un nombre de salariés croissant se partagera la même somme . Ceci doit conduire le chef d’entreprise à embaucher puisque dans une perspective néo-classique , la demande de travail est une fonction décroissante du coût marginal du travail .