QUESTION DE SYNTHESE ETAYEE PAR UN TRAVAIL PREPARATOIRE
Il est demandé au candidat :
1 – De conduire le travail préparatoire qui fournit les éléments devant être utilisés dans la synthèse
2 – De répondre à la question de synthèse :
Par une argumentation assortie d’une réflexion critique
En faisant appel à ses connaissances personnelles
En composant un introduction, un développement , une conclusion pour une longueur de l’ordre de trois pages
Ces deux parties sont d’égale importance pour la notation
Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l’expression et du soin apporté à la présentation.
DOSSIER DOCUMENTAIRE :
DOCUMENT 1 :
Les historiens se sont intéressés aux causes qui permettent de comprendre l’opposition entre paysages de « champagne » (prairies ouvertes,sans clotures séparant les champs), et paysages de bocage (champs clos de haies). Ils sont parvenus à la conclusion que ces différences ne peuvent être réduites aux éléments physiques invoqués pendant longtemps. il faut prendre en compte le poids des traditions sociales héritées d’un lointain passé :
une organisation collective du régime agraire dans le cas de la champagne, avec son habitat groupé, ses assolements règlementés par la communauté et ses champs ouverts à la libre circulation des bestiaux après la moisson
une organisation individualiste dans le cas du bocage, avec un habitat dispersé, une association entre des champs cultivés séparés par des haies et une lande commune vouée à la pature.
Systèmes qui peuvent eux mêmes être la survivance d’un temps où, dans les régions de champagne, il avait été nécessaire de s’unir pour défendre sa terre, et où la priorité avait pu être donnée à une méthode qui inscrivait dans les usages mêmes du sol la nécessité de cette coopération.
En bref, entre les milieux naturels et les paysages s’intercale toujours ce que P Gourou appelle « le prisme des civilisations ». Il permet d’expliquer la variété des paysages portés par des milieux physiques semblables.
SOURCE : F Béguin, le paysage, Flammarion, 1995.
DOCUMENT 2 :
Si l’on en croit les historiens des langues et des idées, le mot et l'idée de paysage sont nés au début de l'époque moderne, aux abords de cette Renaissance intellectuelle et artistique qui remodèle les cadres et les formes de la pensée occidentale. La notion désignait alors indifféremment une représentation picturale et la réalité du «pays» que cette dernière donnait à voir. C’est un premier indice de la nature du paysage, image et modèle à la fois sur lequel il convient de s'arrêter.
En peinture, le «paysage» désigne cette étendue de terre sur laquelle, par exemple, s'ouvre une fenêtre adroitement placée dans l'angle d'un portrait de prince italien dont il convient de souligner la grandeur et l'autorité acquises par le contrôle d'un territoire .
Dans le même temps, le paysage désigne aussi le «pays» lui-même, ou plutôt l'apparence qui est la sienne quand on l'observe à quelque distance. Cette façon de donner un nom à quelque chose, à une portion de terrain et à une expérience ( l'observation à distance) qui ont existé de tout temps en dit long sur le sens qu'acquiert cette notion de paysage au moment où elle surgit. Elle participe de plusieurs mouvements à la fois qui contribuent à l'éveil de la modernité:
· émergence du sujet qui se différencie clairement de l'objet observé:
· développement d'une curiosité pour le monde naturel indépendante d'une lecture religieuse;
· apparition d'une façon de penser la société par le territoire, condition de l'apparition des Etats modernes .
Le paysage est donc à la fois l'image et la chose: c'est un élément de composition picturale, voire le principe même d'un certain type de composition, et la portion de terre qu'elle représente. En ce moment où le monde médiéval bascule dans la modernité. les deux choses sont intimement liées par le souci de mettre la représentation au service d'une réinterprétation du monde mettant en scène un ensemble d'objets et de concepts modernes: la terre et la nature, le sujet et le territoire- l'autorité politique et la nouvelle complémentarité des villes et des campagnes. (….)
Que signifie la célébration actuelle du paysage? Elle participe probablement d'une vision nostalgique de nos territorialités défuntes: nous entretenons cette vision par le culte des images du passé et les hommages touristiques aux paysages dits préservés . Elle procède aussi de la mise en évidence du souci identitaire manifesté par bon nombre de collectivités de prendre conscience de leur singularité et de la mettre en scène : combien de projets communaux ou intercommunaux qui font désormais l'éloge d'un paysage rural, d'un style architectural traditionnel, comme si nos sociétés contemporaines, mobiles et dilatées, exprimaient ainsi leur attachement à des paysages-signes capables de compenser leurs territorialités éclatées?
Aujourd'hui, en effet, on «paysage» sur de grandes surfaces. la démarche est à l'œuvre quand, dans certaines vallées de montagne, on subventionne l'entretien des prairies pour contenir l'enfrichcment et l'altération de paysages consacrés par une iconographie pluriséculaire. Dès lors, l'activité productive tend à être soumise à des contraintes d'image nouvelles qui sont en décalage avec les façons de vivre et de produire d'aujourd'hui.
Source : B Debarbieux, les métamorphoses du paysage, in sciences humaines, janvier 2004.
DOCUMENT 3 :
Au XVIIe siècle, Le Lorrain et Nicolas Poussin peignent de nombreux paysages antiquisants. La nature s'y manifeste grandie par la présence majestueuse d'édifices inspirés de l'architecture romaine. A la même époque, dans la littérature, la plupart des beaux paysages apparaissent sous la forme d'une nature « jardinée », dominée par des plaines fertiles, peuplées, bien cultivées et irriguées, où des coteaux viennent borner l'horizon et servir d'écrin à de superbes demeures entourées de jardins et de vignes, parfois adossées à des forêts giboyeuses.
Au début du XIXe siècle, les paysages de haute montagne font leur apparition dans la peinture et dans la littérature, où ils sont mis à l'honneur. Les montagnes ne sont plus considérées alors comme des endroits terribles, où les voyageurs ne s'aventurent qu'avec effroi, mais comme les témoignages grandioses d'une nature puissante, libre et encore vierge.
Pour comprendre l'avènement du paysage de haute montagne il faut aussi considérer la valorisation, au nom du bénéfice physique et moral attendu, d'une expérience périlleuse au cours de laquelle le dépassement de soi-même est récompensé par le spectacle d'une nature secrète et grandiose ; et tenir compte également des premiers méfaits d'une urbanisation désordonnée des territoires, à laquelle certains crurent pouvoir échapper en se tournant vers les dernières étendues vierges et sauvages
SOURCE : F Béguin , op. cité.
DOCUMENT 4 :
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