SOUS-EMPLOI ET DEMANDE DANS L’ANALYSE DE J.M.KEYNES
PARTIE I – L’ANALYSE KEYNESIENNE DU SOUS-EMPLOI
INTRODUCTION - KEYNES ET SON CONTEXTE.
A : p 448 du livre
B :
Keynes, qui ne manque pas de culture, avance une référence implicite à la vieille opposition entre Corneille et Racine : le premier, nous dit-on, « peint les hommes tels qu'ils devraient être et le second tels qu'ils sont». Sans hésiter, Keynes se range dans le camp racinien , en plaidant en faveur du principe de réalité : " II se peut que la théorie classique décrive la manière dont nous aimerions que notre économie se comportât. Mais supposer qu'elle se comporte ainsi, c'est supposer toutes les difficultés résolues • (p. 55). Le Jugement est modéré, et plutôt aimable : mais cette prise de position ne manque pas de courage. Car Keynes rompait ainsi avec son milieu, ses pairs ses maîtres ; Marshall avait été son enseignant (et aurait aimé que Keynes lui succède) et Pigou son collègue et ami au King's Collège.
Certes, Keynes n'est pas un révolutionnaire: il croit que le capitalisme est un bon système, et qu'il n'est pas souhaitable de le modifier de fond en comble. " Nous ne voyons pas pourquoi le système actuel ferait un très mauvais usage des facteurs de production employés, écrit-il dans la Théorie générale. Sans doute des erreurs de prévision sont-elles commises, mais on ne les éviterait pas en centralisant les décisions [...]. C'est le volume et non la direction de l'emploi que le système actuel détermine de façon défectueuse. " Sur ce plan, il s'écarte donc clairement de la problématique de Marx, pour qui_on ne pouvait rien espérer de bon du capitalisme. D'ailleurs, Keynes n'avait que peu de considération pour Marx : puisant son inspiration chez Ricardo, ce dernier participait, aux yeux de Keynes, du courant orthodoxe. Par exemple, il oppose Gesell, un auteur méconnu et, selon; lui, important qui ambitionne de ' construire un socialisme antimarxiste ", à Marx dont le raisonnement repose « sur l'acceptation des hypothèses classiques ». La cause est entendue : Marx est un ricardien irrécupérable. Et Keynes, dans une lettre à son ami George Bernard Shaw, annonçait qu'il préparait • un livre de théorie économique qui révolutionnera grandement [...] la manière dont le monde considère les problèmes économiques" (ce sera la Théorie générale) et ajoutait que, dans ce livre, . les fondements ricardiens du marxisme seront démolis.. Marx, classique malgré lui? Politiquement, Keynes a été longtemps membre du Parti libéral, situé au centre gauche de l'échiquier politique britannique. Issu de la bourgeoisie intellectuelle, il s'en sentait profondément solidaire, et il s'est expliqué sur son refus d'adhérer au Parti travailliste: -C'est un parti de classe, et cette classe n'est pas la mienne. [...] La guerre de classe me trouvera du côté de la bourgeoisie éclairée. • Et, dans un texte de 1931 (cité par R. Heilbroner sans indication d'origine), il va plus loin a propos de Marx et du marxisme: «Comment pourrais-je accepter cette doctrine qui exalte comme une bible, au-dessus de toute critique, un manuel démodé dont je sais qu'il est non seulement scientifiquement erroné mais encore inintéressant et inapplicable dans le monde moderne ? Comment puis-je adopter une doctrine qui, préférant la vase au poisson, exalte le prolétariat crasseux au détriment de la bourgeoisie et de l’intelligentsia qui, en dépit de tous leurs défauts, sont la quintessence de l'humanité et sont certainement à l'origine de toute œuvre humaine ? " Si l'on comprend bien, Keynes refusait d'être marxiste parce qu'il soupçonnait les marxistes de ne pas se laver correctement : on n'est pas très loin de l'image du marxiste, le "couteau entre les dents'. Aussi, quand Hayek - pour qui toute ingérence publique dans le domaine économique annonçait inévitablement le Goulag - publia la Route de la servitude (traduit en français en 1946), Keynes lui écrivit une longue lettre : il le félicitait pour sa • position morale », plaidait pour une • planification modérée " et ajoutait : -,Malheureusement beaucoup de ceux qui veulent la planification ne la souhaitent pas pour jouir de ses fruits mais parce que leurs idées s'opposent moralement aux vôtres et parce qu'ils veulent servir non pas Dieu mais le diable. » Voilà, on en conviendra, qui permet de relativiser l'image d'un Keynes crachant dans la soupe capitaliste. D'ailleurs, la Chambre de commerce international de New York ne s'y est pas trompée : au dernier étage de l'immeuble du Trade Worid Center qui domine Manhattan (non loin de Wall Street), un immense portrait photographique de Keynes est ainsi légende : • Le sauveur du capitalisme •,Même si les partisans du laisser-faire ne partagent pas ce jugement, c'est celui que l'histoire a imposé. ,
SOURCE : D Clerc, Déchiffrer les grands auteurs, syros, 1995.
QUESTIONS :
- Keynes est-il seulement un théoricien ?
- Quel est le fondement de la méthode keynésienne, en quoi se distingue t’il des néo-classiques ?
- Keynes était-il révolutionnaire, l’était-il davantage que Marx ?
- Keynes peut-il être considéré comme le sauveur du capitalisme ?
SECTION I – LA LECTURE KEYNESIENNE DE L’ANALYSE CLASSIQUE DE L’EMPLOI
I – PRESENTATION DE L’ANALYSE NEO-CLASSIQUE DE L’EMPLOI
DOCUMENT 2 : 1 p 449
QUESTIONS :
- Expliquez le premier postulat . Détermine –t-il l’offre ou la demande de travail ? Quelle relation établit-il entre l’offre ou la demande de travail et le taux de salaire réel ?
- Explicitez le deuxième postulat . Quelle relation établit-il entre l’offre ou la demande de travail et le taux de salaire réel ?
- Explicitez les deux types de chômage retenus par les auteurs néo-classiques .
- Quel est , selon les auteurs néo-classiques , la situation du marché du travail ?
- Pourquoi n’admettent-ils pas l’existence de chômage involontaire ?
DOCUMENT 3 : 4 p 450 ( jusqu’à consommation)
QUESTIONS :
- Explicitez la loi de Say .
- En quoi cette loi est-elle nécessaire comme fondement néo-classique du marché du travail ?
II – CRITIQUE KEYNESIENNE DE L’ANALYSE NEO-CLASSIQUE DE L’EMPLOI
DOCUMENT 4 :
A : 2 p 449
B :
Au surplus, que le chômage caractéristique d'une période de dépression soit dû au refus de la main-d'œuvre d'accepter une baisse des salaires nominaux, c'est une thèse qui n'est pas clairement démontrée par les faits. Il n'est pas très plausible d’affirmer que le chômage aux USA ait été dû soit à une résistance opiniâtre de la main-d'œuvre à la baisse des salaires nominaux, soit à sa volonté irréductible d'obtenir un salaire réel supérieur à celui que le rendement de la machine économique pouvait lui procurer. Le volume de l'emploi connaît d'amples variations, sans qu'il y ait de changements apparents ni dans les salaires réels minima exigés par la main-d'œuvre ni dans sa productivité. L'ouvrier n'est pas plus intransigeant en période de dépression qu'en période d'essor, bien au contraire. Il n'est pas vrai non plus que sa productivité physique diminue aux époques de crise. Ces faits d'observation forment donc un terrain préliminaire où l'on peut mettre en doute le bien-fondé de l analyse classique.
SOURCE : JM Keynes, op.cité.
QUESTIONS :
- Distinguez salaire réel et salaire nominal
- Quelle est l’hypothèse que postulent les auteurs néo-classiques ?
- En quoi cette hypothèse n’est-elle pas vérifiée ? Remet-elle en cause la conception néo-classique ?
- Pourquoi peut-on dire que Keynes cherche à décrire la réalité telle qu’elle est et non pas telle que les néo-classiques souhaitent qu’elle soit ?
DOCUMENT 5 : 3 p 450
QUESTIONS :
- Quelle est l’hypothèse formulée par les auteurs néo-classiques ?
- Cette hypothèse est-elle valable selon Keynes ?
- En quoi cela remet-il en cause le fonctionnement néo-classique du marché du travail ?
DOCUMENT 6 : 4 p 450 ( à partir de « que l’on ait appliqué )
QUESTIONS :
- Comment Keynes conteste-t’il la loi de Say ?
SECTION II - LA THEORIE GENERALE KEYNESIENNE DE L’EMPLOI.
I - PRESENTATION.
DOCUMENT 7 : 5 p 451
QUESTIONS :
- Expliquez la phrase en italique
- Quels sont les deux déterminants principaux du volume de l’emploi ? Assurent-t-ils automatiquement une situation de plein emploi ?
- Quelle relation Keynes établit-il entre le volume de l’emploi et les niveaux de salaires réels ?
DOCUMENT 8 :
Dans la théorie traditionnelle, toutes les personnes désireuses de travailler sont censées pouvoir à un certain salaire trouver de l'emploi ; on suppose qu'il n'existe pas de chômage involontaire ou en d'autres termes qu'il y a « plein emploi ». Dans la théorie générale au contraire, le plein emploi n'est qu'une situation limite ; il n'existe pas dans les circonstances normales. Il nous faut maintenant définir [...] le chômage involontaire [...] dont la théorie classique n'admet pas la possibilité.
Il est clair qu'un état de chômage « involontaire » ne signifie pas pour nous la simple existence d'une capacité de travail non entièrement utilisée. On ne peut pas dire qu'une journée de travail de huit heures représente du chômage parce qu'il n'est pas au-dessus de la capacité humaine de travailler dix heures. Nous ne devons pas considérer non plus comme chômage involontaire le refus de travail d'une corporation ouvrière qui n'accepte pas de travailler au-dessous d'une certaine rémunération réelle. De notre définition du chômage « involontaire », il convient aussi d'exclure le chômage « de frottement ». [...]
Si la théorie classique n'est applicable qu'au cas du plein emploi, il est évidemment trompeur de l'appliquer aux problèmes du chômage involontaire, à supposer qu'une pareille chose existe (et qui le niera?). [...] Il est indispensable [...] que l'on construise un système économique où le chômage involontaire au sens strict du mot soit possible.
SOURCE : JM Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936), © Payot.
QUESTIONS :
- Définissez le chômage involontaire .
- Pourquoi le chômage involontaire n’existe-t-il pas dans l’analyse classique .
- Quelle solution préconise alors Keynes ?
II – UNE ANALYSE DE LA CRISE
DOCUMENT 9 : 6 p 451
QUESTIONS :
- Qu’est-ce que Keynes entend par cycle normal de production ?
- Quelle analyse néo-classique est critiquée dans le point 4 ?
- Expliquez la phrase en italique ; un retour à l’équilibre par les capacités d’autorégulation du marché paraît-il réaliste à Keynes ?
DOCUMENT 10 :
Les coûts de production des entrepreneurs sont équivalents aux revenus de la collectivité. Ces revenus sont bien sûr égaux à la somme de ce que les agents dépensent et épargnent. D'autre part, le produit des ventes des entrepreneurs est égal à la somme des dépenses de consommation courante du public et des dépenses d'investissement courant générées par le système financier. Les coûts de production des entrepreneurs sont donc égaux à la somme des dépenses et de l'épargne de la collectivité, tandis que leurs recettes sont égales à la somme des dépenses de la collectivité et de l'investissement courant. Il en découle, si vous m'avez suivi, que dans le cas où l'investissement courant excède l'épargne de la collectivité, les entrepreneurs obtiennent des recettes supérieures à leurs coûts et réalisent des profits ; et quand la valeur de l'investissement courant est inférieure à l'épargne de la collectivité, les recettes sont inférieures aux coûts et les entrepreneurs essuient des pertes. [...] Le processus, en outre, est cumulatif. Quand les profits sont élevés, l'appareil financier facilite des commandes et achats de biens capitaux accrus et, ce faisant, stimule encore l'investissement ; cela signifie que les profits augmentent encore ; et ainsi de suite. En un mot, un boom est en plein développement. Et inversement, quand l'investissement chute. En effet, à moins que l'épargne ne diminue également, ce qui est peu vraisemblable, les profits doivent nécessairement chuter.
La chute des profits agit à son tour défavorablement sur le montant de l'investissement nouveau, ce qui provoque une nouvelle diminution des profits. En bref, la crise est là.
SOURCE : John Maynard Keynes, « Une analyse économique du chômage » (1931), in La Pauvreté dans l'abondance,
Gallimard, 2002, pp. 144-145.
QUESTIONS :
- Quelle réponse Keynes apporte-t-il au point n° 5 du document précédent ?
- Pourquoi ce processus est-il cumulatif ?
III – A COURT TERME , UN EQUILIBRE DE SOUS- EMPLOI
DOCUMENT 11
Rien dans la détermination du niveau de Y ne garantit qu'il correspond au revenu (ou à la production) permettant d'atteindre le plein-emploi. Ce serait même le résultat d'un hasard qu'il en soit ainsi. En effet, Y dépend de la propension à consommer (qui est indépendante de l'emploi) et de l'investissement qui est fonction de décisions qui ne font à aucun moment intervenir la préoccupation de l'emploi.
Le chômage n'est donc pas une exception mais la norme dans une économie laissée à elle-même dès lors que l'incitation à investir est insuffisante. Une telle économie est pourtant en situation d'équilibre (de sous-emploi), c'est-à-dire dans un état qui risque de se perpétuer parce que les agents économiques n'ont aucune raison de modifier les comportements ou les décisions qui y ont conduit. En d'autres termes, contrairement à la logique néoclassique du marché du travail, il n'existe ici aucune force de rappel qui écarterait du sous-emploi. La régulation par les prix est inopérante.
SOURCE : Op. cité.
QUESTIONS :
- Expliquez la phrase soulignée
SECTION III – LES SOLUTIONS AU PROBLEME DU CHOMAGE
I – LES EFFETS PERVERS ENGENDRES PAR LES POLITIQUES NEO-CLASSIQUES SELON KEYNES
DOCUMENT 12 :
Pour tracer la courbe de demande dans une industrie particulière, on est obligé d'adopter certaines hypothèses fixes quant à la forme des courbes de l'offre et de la demande dans les autres industries et quant au montant de la demande effective globale. Il n'est donc pas légitime de transférer le raisonnement à l'industrie dans son ensemble, à moins d'y transférer aussi l'hypothèse de la fixité de la demande effective globale2. Or cette hypothèse réduit l'argument à un escamotage du problème. Personne en effet ne songerait à nier que, lorsque la demande effective reste constante, une réduction des salaires nominaux s'accompagne d'une augmentation de l'emploi ; mais _la question à résoudre est précisément de savoir si la réduction des salaires •nominaux laissera subsister ou non une demande effective globale qui, mesurée en monnaie, sera égale à la demande antérieure ou n'aura pas, du moins,subi une réduction pleinement proportionnelle à celle des salaires nominaux[...]
[Toutefois] puisque une réduction des salaires nominaux particulière à une entreprise ou à une industrie est toujours profitable à cette entreprise ou à cette industrie prise individuellement,il se peut qu'une réduction générale des salaires, bien qu'elle produise en réalité des effets différents, fasse naître, elle aussi, un état d'esprit optimiste chez les entrepreneurs ; ouvrant ainsi une brèche dans le cercle vicieux des appréciations indûment pessimistes de l'efficacité marginale du capital et remettant les choses en train sur la base de prévisions plus normales.
QUESTIONS :
- Keynes rejette t’il toujours une politique de réduction des salaires ? Explicitez sa pensée.
DOCUMENT 13 :
Chaque producteur individuellement fonde des espoirs illusoires sur des mesures qui aideraient un producteur ou un groupe de producteurs particuliers, tant qu'ils seraient seuls à agir de la sorte, mais qui ne peuvent profiter à personne si tout le monde les applique. [...] Si un producteur ou un pays particulier diminue les salaires, alors, tant que les autres ne suivent pas son exemple, ce producteur ou ce pays peut accroître sa part de marché. Mais si la réduction des salaires est générale,le pouvoir d'achat de la collectivité est réduit dans la même mesure que les coûts ; et, de nouveau, personne ne s'en trouve plus avancé. [...] Bien plus, si nous parvenions à rétablir la production avec un niveau réduit des salaires correspondant au niveau des prix d'avant-guerre, nous ne serions pas pour autant au bout de nos difficultés. Depuis 1914, en effet, un immense fardeau de dettes obligataires, nationales et internationales, a été contracté, dettes qui sont libellées en termes monétaires. Toute baisse des prix accroît donc le poids de cet endettement, puisqu'elle augmente la valeur de la monnaie en laquelle il est libellé. Par exemple, si nous retombions au niveau des prix d'avant-guerre, la dette nationale britannique serait à peu près supérieure de 40 % à ce qu'elle était en 1924 et double de sa valeur de 1920 [...]. Dans une telle situation, il est fort douteux que les ajustements nécessaires puissent intervenir à temps pour prévenir une série de faillites, de défauts de paiement et de répudiations de dettes qui ébranleraient les assises de l'ordre capitaliste.
SOURCE : John Maynard Keynes, « La grande récession de 1930 » (1930) in La Pauvreté dans l'abondance Gallimard, 2002, pp. 124-125,
QUESTIONS :
- Pourquoi les entreprises croient-elles que la baisse des salaires nominaux leur serait favorable ?
- Pourquoi selon Keynes s’agit-il d’une illusion ?
- Comment cette baisse des salaires peut-elle déboucher sur une déflation cumulative , comme ce fut les cas dans les années 30 ?
DOCUMENT 14 :
Il y a aujourd'hui beaucoup de gens qui, voulant du bien à leur pays, s'imaginent qu'épargner plus qu'à l'ordinaire est la meilleure chose que leur prochain et eux-mêmes puissent faire pour améliorer la situation générale. S'ils s’abstiennent de dépenser une proportion de leurs revenus plus forte que d’habitude, ils auront aidé les chômeurs, croient-ils. [...]
Rien ne peut être plus nuisible, ni mal avisé. C'est une croyance qui est aux antipodes de la vérité. En effet la fonction de l'épargne est de rendre une cerrtaine quantité de travail disponible pour la production de biens d'équipements, tels que maisons, usines, routes, machines etc. Mais si un surplus important de chômeurs est déjà disponible pour des emplois de ce genre, le fait d'épargner aura seulement pour conséquence d'ajouter à ce surplus et donc d'accroître le nombre des chômeurs. En outre, tout homme mis en chômage de cette manière ou pour toute autre raison verra s'amenuiser son pouvoir d'achat et provoquera, à son tour. un chômage accru parmi les travailleurs qui auraient produit ce qu'il n'a plus les moyens d'acheter. Et c'est ainsi que la situation ne cesse d'empirer en un cercle vicieux.
SOURCE : John Maynard Keynes, Essais sur la monnaie et l'économie, Payot, 1971 (1931).
QUESTIONS :
- Quel effet sur l’emploi doit avoir une augmentation de l’effort d’épargne selon les néo-classiques ?
- Qu’en est-il en réalité selon Keynes ?
II – LES SOLUTIONS PRECONISEES PAR KEYNES
DOCUMENT 15 :
A : 9 p 453
B :
C'est la situation actuelle que nous devrions trouver paradoxale. [...] Qu'il y ait 250 000 ouvriers du bâtiment au chômage en Grande-Bretagne, alors que nous avons le plus grand besoin de nouveaux logements, voilà le paradoxe. Nous devrions instinctivement mettre en doute le jugement de quiconque affirme qu'aucun moyen, compatible avec des finances saines et la sagesse politique, ne permet d'employer les premiers à construire les seconds. Quand un homme d'État, déjà accablé de devoir secourir les chômeurs, déclare qu'une telle mesure entraînerait, aujourd'hui et demain, des dépenses que le pays ne peut se permettre, ses calculs doivent nous être suspects; et défions-nous du bon sens de celui à qui il paraît plus économique, et mieux fait pour accroître la richesse nationale, de
maintenir au chômage les ouvriers d'un chantier naval, plutôt que de dépenser ce qu'ils lui coûtent ainsi, à leur faire construire une des plus remarquables réalisations dont l'homme soit capable.
SOURCE : John Maynard Keynes «Les moyens de restaurer la prospérité»,La Pauvreté dans l'abondance, coll. Tel, Gallimard, 2002 (1933).
QUESTIONS :
- Répondez aux 3 questions posées
DOCUMENT 16 : 10 p 454 ( hachette )
QUESTIONS :
- Quelles solutions préconise Keynes pour lutter contre le chômage ?
DOCUMENT 17 :
A :
Dans ces conditions, l'État doit prendre ses responsabilités pour renforcer l'incitation à investir défaillante, par exemple en faisant baisser le taux d'intérêt par la politique monétaire. Mais cette politique peut ne pas être efficace, notamment lorsque le taux d'intérêt est déjà très faible. Aussi de façon générale est-il préférable que l'État intervienne directement sur le niveau de la demande effective en augmentant ses dépenses et/ou en diminuant les impôts, même s'il lui faut aggraver le déficit budgétaire. Enfin, l'Etat peut soutenir l'activité en essayant d'élever la propension à consommer au moyen d'une fiscalité qui retire des revenus aux détenteurs de revenus élevés dont la propension à épargner est très élevée. Toutes conclusions parfaitement opposées à la thérapeutique néoclassique. L'éloge keynésien de la dépense et le refus de croire aux vertus de la flexibilité ont évidemment fait (et continuent à faire) scandale. De même que la théorie qui consiste à considérer que l'épargne n'est pas le résultat de l'abstinence mais de l'investissement.
Attention! Ne confondez pas Colbert et Keynes. La nationalisation des entreprises ou le développement d'un secteur public puissant ne relèvent pas de la politique keynésienne. Keynes fait confiance à l'entreprise privée et aux mécanismes de marché pour réguler les choix microéconomiques, dès lors que l'État se charge de veiller activement à la régulation macroéconomique. Il explique avoir limité son ambition « simplement à indiquer la nature du cadre qu'exige le libre jeu des forces économiques pour que les possibilités de la production puissent être toutes réalisées». Et Keynes de poursuivre ainsi ces « Notes finales sur la philosophie sociale à laquelle la théorie générale peut conduire», dernier chapitre de la Théorie générale : «L'élargissement des fonctions de l'État, nécessaire à l'ajustement réciproque de la propension à consommer et de l'incitation à investir, semblerait à un publiciste du XIXe siècle ou à un financier américain d'aujourd'hui une horrible infraction aux principes individualistes. Cet élargissement nous apparaît au contraire et comme le seul moyen d'éviter une complète destruction des institutions économiques actuelles et comme la condition d'un heureux exercice de l'initiative individuelle. »
SOURCE :J.Piriou , La Découverte , 2003
B :
Car, lorsque la demande effective est insuffisante, non seulement le gaspillage de ressources cause dans le public un scandale intolérable, mais encore l'individu entreprenant qui cherche à mettre ces ressources en œuvre a trop peu de chances de son côté. [...]
L'accroissement de la richesse individuelle jusqu'à ce jour a été moindre [entraînant des] pertes subies par les individus dont le courage et l'initiative n'ont pas été doublés d'une chance ou d'une habileté exceptionnelles. Si la demande effective était suffisante, il suffirait au contraire pour réussir d'une chance et d'une habileté moyennes.
Les régimes autoritaires contemporains paraissent résoudre le problème du chômage aux dépens de la liberté et du rendement individuels. Il est certain que le monde ne supportera plus très longtemps l'état de chômage qui, en dehors de courts intervalles d'emballement, est une conséquence, et à notre avis une conséquence inévitable, de l'individualisme tel qu'il apparaît dans le régime capitaliste moderne. Mais une analyse correcte du problème permet de remédier au mal sans sacrifier la liberté ni le rendement.
SOURCE :John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'Intérêt et de la monnaie © Payot.
QUESTIONS :
- Parmi les solutions préconisées dans le texte précédent par Keynes , quel paraît être la plus efficace ?
- Montrez que Keynes vise en prônant l’intervention de l’Etat à sauvegarder le capitalisme et qu’il s’oppose donc aux libéraux et aux marxistes .
PARTIE II – L’ACTUALITE DE LA PENSEE DE KEYNES
SECTION I – LES PROLONGEMENTS ANTI-KEYNESIENS
I – L’EFFET PIGOU
DOCUMENT 18 :
Pigou fut un des derniers grands économistes classiques qui s'exprima [...] dans les années 1940. [...]L'effet Pigou [...] suppose que la baisse des prix augmente la richesse réelle, qui à son tour accroît les dépenses de consommation. [...] En théorie, l'économie ne peut donc pas demeurer en situation de sous-emploi, mais doit automatiquement s'ajuster jusqu'à ce que le plein emploi soit atteint. [...]
La question de savoir si l'effet Pigou ou l'effet de richesse permettent un prompt retour au plein emploi fut plusieurs fois débattue au fil du temps [...]. Des facteurs peuvent ralentir son action [...]. Par exemple, si les individus s'attendent à des baisses de prix ultérieures, ils peuvent alors différer leur consommation, augmentant ainsi le chômage.
De même, si les entreprises s'attendent à ce que la récession se prolonge, elles peuvent surseoir à leurs projets d'investissement, causant ainsi une nouvelle hausse du chômage. En outre, si la dépression est profonde, les faillites bancaires vont augmenter, réduisant encore la dépense. \
SOURCE :Brian Snowdown, Howard Vane et Peter Wynarczyk, La Pensée économique moderne, © Ediscience, 1997.
QUESTIONS :
- Définissez l’effet Pigou . Pourquoi peut-il être qualifié d’antikeynésien ?
- Quelles en sont les limites ?
II – LA CRITIQUE FRIEDMANIENNE
DOCUMENT19 :
À tout instant, un certain niveau de chômage a la propriété d'être compatible avec l'équilibre étant donné la structure des taux de salaire réel. Pour ce niveau de chômage, les taux de salaire réel ont tendance à croître à un taux normal, i.e. à un taux qui peut être maintenu indéfiniment tant que la formation du capital, l'amélioration des techniques, etc., gardent leur tendance de long terme. Un niveau de chômage plus faible indique qu'il existe un excès de demande de travail qui exercera une pression à la hausse sur les taux de salaire réel. Un niveau de chômage plus élevé indique au contraire qu'il existe un excès d'offre de travail qui exercera une pression à la baisse sur les taux de salaire réel. En d'autres termes, le « taux naturel de chômage » est le niveau qui serait produit par un sys-
tème walrasien d'équilibre général pourvu que celui-ci incorpore les caractéristiques structurelles du marché des biens et du marché du travail, y compris les imperfections, les changements aléatoires de la demande et de l'offre, le coût de la recherche d'information sur les emplois vacants et les disponibilités en main-d'œuvre,les coûts de mobilité, etc, 1.
Vous admettrez la grande ressemblance entre cet exposé et la célèbre courbe de Phillips. Cette ressemblance n'est pas fortuite. L'analyse de la relation entre le chômage et la variation du salaire par Phillips [en 1958) est, à juste titre, bien connue ; c'est une contribution importante et originale. Mais malheureusement elle souffre d'un défaut fondamental : la non-distinction entre salaires nominaux et salaires réels. [...]
Implicitement, Phillips a écrit son article pour un monde dans lequel chacun anticipe que les prix nominaux seront stables et dans lequel cette anticipation demeure ferme et immuable quoiqu'il arrive aux prix et aux salaires. Supposons au contraire que tout le monde anticipe que les prix vont croître à un taux annuel supérieur à 75 % - comme par exemple cela se produisit au Brésil il y a quelques années. Alors les salaires doivent croître à ce même taux pour simplement maintenir les salaires réels. Une offre de travail excédentaire se traduira par une croissance moins rapide des salaires nominaux que celle des prix anticipés,2 et non par une baisse absolue des salaires. Quand le Brésil s'embarqua dans une politique de baisse du taux d'inflation, et réussit à le faire tomber à 45 %, il y eut tout d'abord une forte poussée du chômage parce qu'en raison des premières anticipations les salaires continuèrent à croître à un rythme plus élevé que le nouveau taux de croissance des prix. [...]
En utilisant le terme taux « naturel » de chômage, je ne veux pas dire qu'il est immuable et invariable. Au contraire, beaucoup des caractéristiques du marché qui détermine son niveau sont artificielles et le résultat d'une politique. Aux Etats-Unis par exemple, la législation sur les taux de salaire minimaux, [...] et la puissance des syndicats font que le taux de chômage naturel est plus élevé qu'il ne serait autrement. Les améliorations dans les échanges d'emploi, dans la disponibilité des informations sur les vacances d'emploi et sur l'offre de travail, et ainsi de suite, tendraient à abaisser le taux de chômage naturel.
1. Il est peut-être utile de noter que ce taux « naturel » ne correspond pas nécessairement à l'égalité entre le nombre de chômeurs et le nombre d'emplois vacants. Pour une structure donnée du marché du travail, il y aura des relations d'équilibre entre ces deux grandeurs, mais il n'y a aucune raison pour que cette relation soit une égalité.
2. A strictement parler, la croissance des salaires nominaux sera moins rapide que la croissance anticipée des salaires nominaux de façon à tenir compte du comportement à long terme des salaires réels.
SOURCE : MILTON FRIEDMAN, « Le rôle de la politique monétaire »,Thé American Economie Review, mars 1968, traduit par Gilbert Abraham-Frois et Françoise Larbre dans La Macroéconomie après Lucas
QUESTIONS :
- Définissez le terme de taux de chômage naturel
- De quoi est il fonction ? Est-il nul ?
- Sur quel point essentiel Friedman s’oppose-t-il à Keynes ?
- De quoi sont victimes selon Friedman les salariés dans la courbe de Phillips ?
- Quelle critique en fait Friedman ?
- Montrez que l’analyse développée par Friedman s’inscrit dans la logique libérale et s’oppose à celle de Keynes ?
SECTION II – LES PROLOGEMENTS KEYNESIENS
I – L’ EXPLICATION DES RIGIDITES
DOCUMENT 20 :
La nouvelle économie keynésienne cherche à expliquer la rigidité des prix et des salaires, postulée par le keynésianisme de la synthèse, et à montrer que ces rigidités provoquent les caractéristiques qualifiées de keynésiennes des économies contemporaines, au premier rang desquelles la persistance de taux de chômage élevés. Il s'agit de voir comment de « petites rigidités nominales » peuvent engendrer d'importants effets réels au niveau macroéconomique. Ces frictions dans la flexibilité des prix peuvent très bien découler d'un comportement rationnel [...] des firmes, compte tenu des coûts d'ajustement des prix, qualifiés dans cette problématique de menu costs. Il y ainsi, comme dans un restaurant, des coûts associés à l'impression du nouveau menu qui devra accompagner le changement de prix, coûts qui sont parfois plus élevés que l'avantage lié à l'ajustement de prix. L'entreprise individuelle gagne donc à ne pas modifier son prix. [...] Ces phénomènes sont encore accentués lorsque l'on tient compte du caractère monopoliste des économies contemporaines. [..) L'existence du chômage involontaire s'explique essentiellement par la structure monopoliste des économies contemporaines. Une étude empirique [...] montre d'ailleurs que la rigidité des prix est beaucoup plus la norme que l'exception lorsque l'on examine le comportement des grandes entreprises américaines. Les nouveaux économistes keynésiens font aussi intervenir, pour expliquer le sous-emploi, ce qu'ils appellent les « échecs de coordination » entre les agents dans une économie, échecs liés à des problèmes de circulation de l'information.
SOURCE :Michel Beaud et Gilles Dostaler , La Pensée économique depuis Keynes, © Le Seuil, 1996.
QUESTIONS :
- Selon les néo-keynésiens , les rigidités sont elles :
* exogènes à l’économie ?
* le produit de comportements irrationnels ?
- Comment les économistes néo-keynésiens justifient-ils l’existence de chômage involontaire ?
- Acceptent-ils le cadre du marché de la concurrence pure et parfaite ?
II – LA THEORIE DU SALAIRE D’EFFICIENCE
DOCUMENT 21 :13 p 455 ( hachette )
QUESTIONS :
- Répondez aux questions du livre
PARTIE I – L’ANALYSE KEYNESIENNE DU SOUS-EMPLOI
INTRODUCTION - KEYNES ET SON CONTEXTE.
A : p 448 du livre
B :
Keynes, qui ne manque pas de culture, avance une référence implicite à la vieille opposition entre Corneille et Racine : le premier, nous dit-on, « peint les hommes tels qu'ils devraient être et le second tels qu'ils sont». Sans hésiter, Keynes se range dans le camp racinien , en plaidant en faveur du principe de réalité : " II se peut que la théorie classique décrive la manière dont nous aimerions que notre économie se comportât. Mais supposer qu'elle se comporte ainsi, c'est supposer toutes les difficultés résolues • (p. 55). Le Jugement est modéré, et plutôt aimable : mais cette prise de position ne manque pas de courage. Car Keynes rompait ainsi avec son milieu, ses pairs ses maîtres ; Marshall avait été son enseignant (et aurait aimé que Keynes lui succède) et Pigou son collègue et ami au King's Collège.
Certes, Keynes n'est pas un révolutionnaire: il croit que le capitalisme est un bon système, et qu'il n'est pas souhaitable de le modifier de fond en comble. " Nous ne voyons pas pourquoi le système actuel ferait un très mauvais usage des facteurs de production employés, écrit-il dans la Théorie générale. Sans doute des erreurs de prévision sont-elles commises, mais on ne les éviterait pas en centralisant les décisions [...]. C'est le volume et non la direction de l'emploi que le système actuel détermine de façon défectueuse. " Sur ce plan, il s'écarte donc clairement de la problématique de Marx, pour qui_on ne pouvait rien espérer de bon du capitalisme. D'ailleurs, Keynes n'avait que peu de considération pour Marx : puisant son inspiration chez Ricardo, ce dernier participait, aux yeux de Keynes, du courant orthodoxe. Par exemple, il oppose Gesell, un auteur méconnu et, selon; lui, important qui ambitionne de ' construire un socialisme antimarxiste ", à Marx dont le raisonnement repose « sur l'acceptation des hypothèses classiques ». La cause est entendue : Marx est un ricardien irrécupérable. Et Keynes, dans une lettre à son ami George Bernard Shaw, annonçait qu'il préparait • un livre de théorie économique qui révolutionnera grandement [...] la manière dont le monde considère les problèmes économiques" (ce sera la Théorie générale) et ajoutait que, dans ce livre, . les fondements ricardiens du marxisme seront démolis.. Marx, classique malgré lui? Politiquement, Keynes a été longtemps membre du Parti libéral, situé au centre gauche de l'échiquier politique britannique. Issu de la bourgeoisie intellectuelle, il s'en sentait profondément solidaire, et il s'est expliqué sur son refus d'adhérer au Parti travailliste: -C'est un parti de classe, et cette classe n'est pas la mienne. [...] La guerre de classe me trouvera du côté de la bourgeoisie éclairée. • Et, dans un texte de 1931 (cité par R. Heilbroner sans indication d'origine), il va plus loin a propos de Marx et du marxisme: «Comment pourrais-je accepter cette doctrine qui exalte comme une bible, au-dessus de toute critique, un manuel démodé dont je sais qu'il est non seulement scientifiquement erroné mais encore inintéressant et inapplicable dans le monde moderne ? Comment puis-je adopter une doctrine qui, préférant la vase au poisson, exalte le prolétariat crasseux au détriment de la bourgeoisie et de l’intelligentsia qui, en dépit de tous leurs défauts, sont la quintessence de l'humanité et sont certainement à l'origine de toute œuvre humaine ? " Si l'on comprend bien, Keynes refusait d'être marxiste parce qu'il soupçonnait les marxistes de ne pas se laver correctement : on n'est pas très loin de l'image du marxiste, le "couteau entre les dents'. Aussi, quand Hayek - pour qui toute ingérence publique dans le domaine économique annonçait inévitablement le Goulag - publia la Route de la servitude (traduit en français en 1946), Keynes lui écrivit une longue lettre : il le félicitait pour sa • position morale », plaidait pour une • planification modérée " et ajoutait : -,Malheureusement beaucoup de ceux qui veulent la planification ne la souhaitent pas pour jouir de ses fruits mais parce que leurs idées s'opposent moralement aux vôtres et parce qu'ils veulent servir non pas Dieu mais le diable. » Voilà, on en conviendra, qui permet de relativiser l'image d'un Keynes crachant dans la soupe capitaliste. D'ailleurs, la Chambre de commerce international de New York ne s'y est pas trompée : au dernier étage de l'immeuble du Trade Worid Center qui domine Manhattan (non loin de Wall Street), un immense portrait photographique de Keynes est ainsi légende : • Le sauveur du capitalisme •,Même si les partisans du laisser-faire ne partagent pas ce jugement, c'est celui que l'histoire a imposé. ,
SOURCE : D Clerc, Déchiffrer les grands auteurs, syros, 1995.
QUESTIONS :
- Keynes est-il seulement un théoricien ?
- Quel est le fondement de la méthode keynésienne, en quoi se distingue t’il des néo-classiques ?
- Keynes était-il révolutionnaire, l’était-il davantage que Marx ?
- Keynes peut-il être considéré comme le sauveur du capitalisme ?
SECTION I – LA LECTURE KEYNESIENNE DE L’ANALYSE CLASSIQUE DE L’EMPLOI
I – PRESENTATION DE L’ANALYSE NEO-CLASSIQUE DE L’EMPLOI
DOCUMENT 2 : 1 p 449
QUESTIONS :
- Expliquez le premier postulat . Détermine –t-il l’offre ou la demande de travail ? Quelle relation établit-il entre l’offre ou la demande de travail et le taux de salaire réel ?
- Explicitez le deuxième postulat . Quelle relation établit-il entre l’offre ou la demande de travail et le taux de salaire réel ?
- Explicitez les deux types de chômage retenus par les auteurs néo-classiques .
- Quel est , selon les auteurs néo-classiques , la situation du marché du travail ?
- Pourquoi n’admettent-ils pas l’existence de chômage involontaire ?
DOCUMENT 3 : 4 p 450 ( jusqu’à consommation)
QUESTIONS :
- Explicitez la loi de Say .
- En quoi cette loi est-elle nécessaire comme fondement néo-classique du marché du travail ?
II – CRITIQUE KEYNESIENNE DE L’ANALYSE NEO-CLASSIQUE DE L’EMPLOI
DOCUMENT 4 :
A : 2 p 449
B :
Au surplus, que le chômage caractéristique d'une période de dépression soit dû au refus de la main-d'œuvre d'accepter une baisse des salaires nominaux, c'est une thèse qui n'est pas clairement démontrée par les faits. Il n'est pas très plausible d’affirmer que le chômage aux USA ait été dû soit à une résistance opiniâtre de la main-d'œuvre à la baisse des salaires nominaux, soit à sa volonté irréductible d'obtenir un salaire réel supérieur à celui que le rendement de la machine économique pouvait lui procurer. Le volume de l'emploi connaît d'amples variations, sans qu'il y ait de changements apparents ni dans les salaires réels minima exigés par la main-d'œuvre ni dans sa productivité. L'ouvrier n'est pas plus intransigeant en période de dépression qu'en période d'essor, bien au contraire. Il n'est pas vrai non plus que sa productivité physique diminue aux époques de crise. Ces faits d'observation forment donc un terrain préliminaire où l'on peut mettre en doute le bien-fondé de l analyse classique.
SOURCE : JM Keynes, op.cité.
QUESTIONS :
- Distinguez salaire réel et salaire nominal
- Quelle est l’hypothèse que postulent les auteurs néo-classiques ?
- En quoi cette hypothèse n’est-elle pas vérifiée ? Remet-elle en cause la conception néo-classique ?
- Pourquoi peut-on dire que Keynes cherche à décrire la réalité telle qu’elle est et non pas telle que les néo-classiques souhaitent qu’elle soit ?
DOCUMENT 5 : 3 p 450
QUESTIONS :
- Quelle est l’hypothèse formulée par les auteurs néo-classiques ?
- Cette hypothèse est-elle valable selon Keynes ?
- En quoi cela remet-il en cause le fonctionnement néo-classique du marché du travail ?
DOCUMENT 6 : 4 p 450 ( à partir de « que l’on ait appliqué )
QUESTIONS :
- Comment Keynes conteste-t’il la loi de Say ?
SECTION II - LA THEORIE GENERALE KEYNESIENNE DE L’EMPLOI.
I - PRESENTATION.
DOCUMENT 7 : 5 p 451
QUESTIONS :
- Expliquez la phrase en italique
- Quels sont les deux déterminants principaux du volume de l’emploi ? Assurent-t-ils automatiquement une situation de plein emploi ?
- Quelle relation Keynes établit-il entre le volume de l’emploi et les niveaux de salaires réels ?
DOCUMENT 8 :
Dans la théorie traditionnelle, toutes les personnes désireuses de travailler sont censées pouvoir à un certain salaire trouver de l'emploi ; on suppose qu'il n'existe pas de chômage involontaire ou en d'autres termes qu'il y a « plein emploi ». Dans la théorie générale au contraire, le plein emploi n'est qu'une situation limite ; il n'existe pas dans les circonstances normales. Il nous faut maintenant définir [...] le chômage involontaire [...] dont la théorie classique n'admet pas la possibilité.
Il est clair qu'un état de chômage « involontaire » ne signifie pas pour nous la simple existence d'une capacité de travail non entièrement utilisée. On ne peut pas dire qu'une journée de travail de huit heures représente du chômage parce qu'il n'est pas au-dessus de la capacité humaine de travailler dix heures. Nous ne devons pas considérer non plus comme chômage involontaire le refus de travail d'une corporation ouvrière qui n'accepte pas de travailler au-dessous d'une certaine rémunération réelle. De notre définition du chômage « involontaire », il convient aussi d'exclure le chômage « de frottement ». [...]
Si la théorie classique n'est applicable qu'au cas du plein emploi, il est évidemment trompeur de l'appliquer aux problèmes du chômage involontaire, à supposer qu'une pareille chose existe (et qui le niera?). [...] Il est indispensable [...] que l'on construise un système économique où le chômage involontaire au sens strict du mot soit possible.
SOURCE : JM Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936), © Payot.
QUESTIONS :
- Définissez le chômage involontaire .
- Pourquoi le chômage involontaire n’existe-t-il pas dans l’analyse classique .
- Quelle solution préconise alors Keynes ?
II – UNE ANALYSE DE LA CRISE
DOCUMENT 9 : 6 p 451
QUESTIONS :
- Qu’est-ce que Keynes entend par cycle normal de production ?
- Quelle analyse néo-classique est critiquée dans le point 4 ?
- Expliquez la phrase en italique ; un retour à l’équilibre par les capacités d’autorégulation du marché paraît-il réaliste à Keynes ?
DOCUMENT 10 :
Les coûts de production des entrepreneurs sont équivalents aux revenus de la collectivité. Ces revenus sont bien sûr égaux à la somme de ce que les agents dépensent et épargnent. D'autre part, le produit des ventes des entrepreneurs est égal à la somme des dépenses de consommation courante du public et des dépenses d'investissement courant générées par le système financier. Les coûts de production des entrepreneurs sont donc égaux à la somme des dépenses et de l'épargne de la collectivité, tandis que leurs recettes sont égales à la somme des dépenses de la collectivité et de l'investissement courant. Il en découle, si vous m'avez suivi, que dans le cas où l'investissement courant excède l'épargne de la collectivité, les entrepreneurs obtiennent des recettes supérieures à leurs coûts et réalisent des profits ; et quand la valeur de l'investissement courant est inférieure à l'épargne de la collectivité, les recettes sont inférieures aux coûts et les entrepreneurs essuient des pertes. [...] Le processus, en outre, est cumulatif. Quand les profits sont élevés, l'appareil financier facilite des commandes et achats de biens capitaux accrus et, ce faisant, stimule encore l'investissement ; cela signifie que les profits augmentent encore ; et ainsi de suite. En un mot, un boom est en plein développement. Et inversement, quand l'investissement chute. En effet, à moins que l'épargne ne diminue également, ce qui est peu vraisemblable, les profits doivent nécessairement chuter.
La chute des profits agit à son tour défavorablement sur le montant de l'investissement nouveau, ce qui provoque une nouvelle diminution des profits. En bref, la crise est là.
SOURCE : John Maynard Keynes, « Une analyse économique du chômage » (1931), in La Pauvreté dans l'abondance,
Gallimard, 2002, pp. 144-145.
QUESTIONS :
- Quelle réponse Keynes apporte-t-il au point n° 5 du document précédent ?
- Pourquoi ce processus est-il cumulatif ?
III – A COURT TERME , UN EQUILIBRE DE SOUS- EMPLOI
DOCUMENT 11
Rien dans la détermination du niveau de Y ne garantit qu'il correspond au revenu (ou à la production) permettant d'atteindre le plein-emploi. Ce serait même le résultat d'un hasard qu'il en soit ainsi. En effet, Y dépend de la propension à consommer (qui est indépendante de l'emploi) et de l'investissement qui est fonction de décisions qui ne font à aucun moment intervenir la préoccupation de l'emploi.
Le chômage n'est donc pas une exception mais la norme dans une économie laissée à elle-même dès lors que l'incitation à investir est insuffisante. Une telle économie est pourtant en situation d'équilibre (de sous-emploi), c'est-à-dire dans un état qui risque de se perpétuer parce que les agents économiques n'ont aucune raison de modifier les comportements ou les décisions qui y ont conduit. En d'autres termes, contrairement à la logique néoclassique du marché du travail, il n'existe ici aucune force de rappel qui écarterait du sous-emploi. La régulation par les prix est inopérante.
SOURCE : Op. cité.
QUESTIONS :
- Expliquez la phrase soulignée
SECTION III – LES SOLUTIONS AU PROBLEME DU CHOMAGE
I – LES EFFETS PERVERS ENGENDRES PAR LES POLITIQUES NEO-CLASSIQUES SELON KEYNES
DOCUMENT 12 :
Pour tracer la courbe de demande dans une industrie particulière, on est obligé d'adopter certaines hypothèses fixes quant à la forme des courbes de l'offre et de la demande dans les autres industries et quant au montant de la demande effective globale. Il n'est donc pas légitime de transférer le raisonnement à l'industrie dans son ensemble, à moins d'y transférer aussi l'hypothèse de la fixité de la demande effective globale2. Or cette hypothèse réduit l'argument à un escamotage du problème. Personne en effet ne songerait à nier que, lorsque la demande effective reste constante, une réduction des salaires nominaux s'accompagne d'une augmentation de l'emploi ; mais _la question à résoudre est précisément de savoir si la réduction des salaires •nominaux laissera subsister ou non une demande effective globale qui, mesurée en monnaie, sera égale à la demande antérieure ou n'aura pas, du moins,subi une réduction pleinement proportionnelle à celle des salaires nominaux[...]
[Toutefois] puisque une réduction des salaires nominaux particulière à une entreprise ou à une industrie est toujours profitable à cette entreprise ou à cette industrie prise individuellement,il se peut qu'une réduction générale des salaires, bien qu'elle produise en réalité des effets différents, fasse naître, elle aussi, un état d'esprit optimiste chez les entrepreneurs ; ouvrant ainsi une brèche dans le cercle vicieux des appréciations indûment pessimistes de l'efficacité marginale du capital et remettant les choses en train sur la base de prévisions plus normales.
QUESTIONS :
- Keynes rejette t’il toujours une politique de réduction des salaires ? Explicitez sa pensée.
DOCUMENT 13 :
Chaque producteur individuellement fonde des espoirs illusoires sur des mesures qui aideraient un producteur ou un groupe de producteurs particuliers, tant qu'ils seraient seuls à agir de la sorte, mais qui ne peuvent profiter à personne si tout le monde les applique. [...] Si un producteur ou un pays particulier diminue les salaires, alors, tant que les autres ne suivent pas son exemple, ce producteur ou ce pays peut accroître sa part de marché. Mais si la réduction des salaires est générale,le pouvoir d'achat de la collectivité est réduit dans la même mesure que les coûts ; et, de nouveau, personne ne s'en trouve plus avancé. [...] Bien plus, si nous parvenions à rétablir la production avec un niveau réduit des salaires correspondant au niveau des prix d'avant-guerre, nous ne serions pas pour autant au bout de nos difficultés. Depuis 1914, en effet, un immense fardeau de dettes obligataires, nationales et internationales, a été contracté, dettes qui sont libellées en termes monétaires. Toute baisse des prix accroît donc le poids de cet endettement, puisqu'elle augmente la valeur de la monnaie en laquelle il est libellé. Par exemple, si nous retombions au niveau des prix d'avant-guerre, la dette nationale britannique serait à peu près supérieure de 40 % à ce qu'elle était en 1924 et double de sa valeur de 1920 [...]. Dans une telle situation, il est fort douteux que les ajustements nécessaires puissent intervenir à temps pour prévenir une série de faillites, de défauts de paiement et de répudiations de dettes qui ébranleraient les assises de l'ordre capitaliste.
SOURCE : John Maynard Keynes, « La grande récession de 1930 » (1930) in La Pauvreté dans l'abondance Gallimard, 2002, pp. 124-125,
QUESTIONS :
- Pourquoi les entreprises croient-elles que la baisse des salaires nominaux leur serait favorable ?
- Pourquoi selon Keynes s’agit-il d’une illusion ?
- Comment cette baisse des salaires peut-elle déboucher sur une déflation cumulative , comme ce fut les cas dans les années 30 ?
DOCUMENT 14 :
Il y a aujourd'hui beaucoup de gens qui, voulant du bien à leur pays, s'imaginent qu'épargner plus qu'à l'ordinaire est la meilleure chose que leur prochain et eux-mêmes puissent faire pour améliorer la situation générale. S'ils s’abstiennent de dépenser une proportion de leurs revenus plus forte que d’habitude, ils auront aidé les chômeurs, croient-ils. [...]
Rien ne peut être plus nuisible, ni mal avisé. C'est une croyance qui est aux antipodes de la vérité. En effet la fonction de l'épargne est de rendre une cerrtaine quantité de travail disponible pour la production de biens d'équipements, tels que maisons, usines, routes, machines etc. Mais si un surplus important de chômeurs est déjà disponible pour des emplois de ce genre, le fait d'épargner aura seulement pour conséquence d'ajouter à ce surplus et donc d'accroître le nombre des chômeurs. En outre, tout homme mis en chômage de cette manière ou pour toute autre raison verra s'amenuiser son pouvoir d'achat et provoquera, à son tour. un chômage accru parmi les travailleurs qui auraient produit ce qu'il n'a plus les moyens d'acheter. Et c'est ainsi que la situation ne cesse d'empirer en un cercle vicieux.
SOURCE : John Maynard Keynes, Essais sur la monnaie et l'économie, Payot, 1971 (1931).
QUESTIONS :
- Quel effet sur l’emploi doit avoir une augmentation de l’effort d’épargne selon les néo-classiques ?
- Qu’en est-il en réalité selon Keynes ?
II – LES SOLUTIONS PRECONISEES PAR KEYNES
DOCUMENT 15 :
A : 9 p 453
B :
C'est la situation actuelle que nous devrions trouver paradoxale. [...] Qu'il y ait 250 000 ouvriers du bâtiment au chômage en Grande-Bretagne, alors que nous avons le plus grand besoin de nouveaux logements, voilà le paradoxe. Nous devrions instinctivement mettre en doute le jugement de quiconque affirme qu'aucun moyen, compatible avec des finances saines et la sagesse politique, ne permet d'employer les premiers à construire les seconds. Quand un homme d'État, déjà accablé de devoir secourir les chômeurs, déclare qu'une telle mesure entraînerait, aujourd'hui et demain, des dépenses que le pays ne peut se permettre, ses calculs doivent nous être suspects; et défions-nous du bon sens de celui à qui il paraît plus économique, et mieux fait pour accroître la richesse nationale, de
maintenir au chômage les ouvriers d'un chantier naval, plutôt que de dépenser ce qu'ils lui coûtent ainsi, à leur faire construire une des plus remarquables réalisations dont l'homme soit capable.
SOURCE : John Maynard Keynes «Les moyens de restaurer la prospérité»,La Pauvreté dans l'abondance, coll. Tel, Gallimard, 2002 (1933).
QUESTIONS :
- Répondez aux 3 questions posées
DOCUMENT 16 : 10 p 454 ( hachette )
QUESTIONS :
- Quelles solutions préconise Keynes pour lutter contre le chômage ?
DOCUMENT 17 :
A :
Dans ces conditions, l'État doit prendre ses responsabilités pour renforcer l'incitation à investir défaillante, par exemple en faisant baisser le taux d'intérêt par la politique monétaire. Mais cette politique peut ne pas être efficace, notamment lorsque le taux d'intérêt est déjà très faible. Aussi de façon générale est-il préférable que l'État intervienne directement sur le niveau de la demande effective en augmentant ses dépenses et/ou en diminuant les impôts, même s'il lui faut aggraver le déficit budgétaire. Enfin, l'Etat peut soutenir l'activité en essayant d'élever la propension à consommer au moyen d'une fiscalité qui retire des revenus aux détenteurs de revenus élevés dont la propension à épargner est très élevée. Toutes conclusions parfaitement opposées à la thérapeutique néoclassique. L'éloge keynésien de la dépense et le refus de croire aux vertus de la flexibilité ont évidemment fait (et continuent à faire) scandale. De même que la théorie qui consiste à considérer que l'épargne n'est pas le résultat de l'abstinence mais de l'investissement.
Attention! Ne confondez pas Colbert et Keynes. La nationalisation des entreprises ou le développement d'un secteur public puissant ne relèvent pas de la politique keynésienne. Keynes fait confiance à l'entreprise privée et aux mécanismes de marché pour réguler les choix microéconomiques, dès lors que l'État se charge de veiller activement à la régulation macroéconomique. Il explique avoir limité son ambition « simplement à indiquer la nature du cadre qu'exige le libre jeu des forces économiques pour que les possibilités de la production puissent être toutes réalisées». Et Keynes de poursuivre ainsi ces « Notes finales sur la philosophie sociale à laquelle la théorie générale peut conduire», dernier chapitre de la Théorie générale : «L'élargissement des fonctions de l'État, nécessaire à l'ajustement réciproque de la propension à consommer et de l'incitation à investir, semblerait à un publiciste du XIXe siècle ou à un financier américain d'aujourd'hui une horrible infraction aux principes individualistes. Cet élargissement nous apparaît au contraire et comme le seul moyen d'éviter une complète destruction des institutions économiques actuelles et comme la condition d'un heureux exercice de l'initiative individuelle. »
SOURCE :J.Piriou , La Découverte , 2003
B :
Car, lorsque la demande effective est insuffisante, non seulement le gaspillage de ressources cause dans le public un scandale intolérable, mais encore l'individu entreprenant qui cherche à mettre ces ressources en œuvre a trop peu de chances de son côté. [...]
L'accroissement de la richesse individuelle jusqu'à ce jour a été moindre [entraînant des] pertes subies par les individus dont le courage et l'initiative n'ont pas été doublés d'une chance ou d'une habileté exceptionnelles. Si la demande effective était suffisante, il suffirait au contraire pour réussir d'une chance et d'une habileté moyennes.
Les régimes autoritaires contemporains paraissent résoudre le problème du chômage aux dépens de la liberté et du rendement individuels. Il est certain que le monde ne supportera plus très longtemps l'état de chômage qui, en dehors de courts intervalles d'emballement, est une conséquence, et à notre avis une conséquence inévitable, de l'individualisme tel qu'il apparaît dans le régime capitaliste moderne. Mais une analyse correcte du problème permet de remédier au mal sans sacrifier la liberté ni le rendement.
SOURCE :John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'Intérêt et de la monnaie © Payot.
QUESTIONS :
- Parmi les solutions préconisées dans le texte précédent par Keynes , quel paraît être la plus efficace ?
- Montrez que Keynes vise en prônant l’intervention de l’Etat à sauvegarder le capitalisme et qu’il s’oppose donc aux libéraux et aux marxistes .
PARTIE II – L’ACTUALITE DE LA PENSEE DE KEYNES
SECTION I – LES PROLONGEMENTS ANTI-KEYNESIENS
I – L’EFFET PIGOU
DOCUMENT 18 :
Pigou fut un des derniers grands économistes classiques qui s'exprima [...] dans les années 1940. [...]L'effet Pigou [...] suppose que la baisse des prix augmente la richesse réelle, qui à son tour accroît les dépenses de consommation. [...] En théorie, l'économie ne peut donc pas demeurer en situation de sous-emploi, mais doit automatiquement s'ajuster jusqu'à ce que le plein emploi soit atteint. [...]
La question de savoir si l'effet Pigou ou l'effet de richesse permettent un prompt retour au plein emploi fut plusieurs fois débattue au fil du temps [...]. Des facteurs peuvent ralentir son action [...]. Par exemple, si les individus s'attendent à des baisses de prix ultérieures, ils peuvent alors différer leur consommation, augmentant ainsi le chômage.
De même, si les entreprises s'attendent à ce que la récession se prolonge, elles peuvent surseoir à leurs projets d'investissement, causant ainsi une nouvelle hausse du chômage. En outre, si la dépression est profonde, les faillites bancaires vont augmenter, réduisant encore la dépense. \
SOURCE :Brian Snowdown, Howard Vane et Peter Wynarczyk, La Pensée économique moderne, © Ediscience, 1997.
QUESTIONS :
- Définissez l’effet Pigou . Pourquoi peut-il être qualifié d’antikeynésien ?
- Quelles en sont les limites ?
II – LA CRITIQUE FRIEDMANIENNE
DOCUMENT19 :
À tout instant, un certain niveau de chômage a la propriété d'être compatible avec l'équilibre étant donné la structure des taux de salaire réel. Pour ce niveau de chômage, les taux de salaire réel ont tendance à croître à un taux normal, i.e. à un taux qui peut être maintenu indéfiniment tant que la formation du capital, l'amélioration des techniques, etc., gardent leur tendance de long terme. Un niveau de chômage plus faible indique qu'il existe un excès de demande de travail qui exercera une pression à la hausse sur les taux de salaire réel. Un niveau de chômage plus élevé indique au contraire qu'il existe un excès d'offre de travail qui exercera une pression à la baisse sur les taux de salaire réel. En d'autres termes, le « taux naturel de chômage » est le niveau qui serait produit par un sys-
tème walrasien d'équilibre général pourvu que celui-ci incorpore les caractéristiques structurelles du marché des biens et du marché du travail, y compris les imperfections, les changements aléatoires de la demande et de l'offre, le coût de la recherche d'information sur les emplois vacants et les disponibilités en main-d'œuvre,les coûts de mobilité, etc, 1.
Vous admettrez la grande ressemblance entre cet exposé et la célèbre courbe de Phillips. Cette ressemblance n'est pas fortuite. L'analyse de la relation entre le chômage et la variation du salaire par Phillips [en 1958) est, à juste titre, bien connue ; c'est une contribution importante et originale. Mais malheureusement elle souffre d'un défaut fondamental : la non-distinction entre salaires nominaux et salaires réels. [...]
Implicitement, Phillips a écrit son article pour un monde dans lequel chacun anticipe que les prix nominaux seront stables et dans lequel cette anticipation demeure ferme et immuable quoiqu'il arrive aux prix et aux salaires. Supposons au contraire que tout le monde anticipe que les prix vont croître à un taux annuel supérieur à 75 % - comme par exemple cela se produisit au Brésil il y a quelques années. Alors les salaires doivent croître à ce même taux pour simplement maintenir les salaires réels. Une offre de travail excédentaire se traduira par une croissance moins rapide des salaires nominaux que celle des prix anticipés,2 et non par une baisse absolue des salaires. Quand le Brésil s'embarqua dans une politique de baisse du taux d'inflation, et réussit à le faire tomber à 45 %, il y eut tout d'abord une forte poussée du chômage parce qu'en raison des premières anticipations les salaires continuèrent à croître à un rythme plus élevé que le nouveau taux de croissance des prix. [...]
En utilisant le terme taux « naturel » de chômage, je ne veux pas dire qu'il est immuable et invariable. Au contraire, beaucoup des caractéristiques du marché qui détermine son niveau sont artificielles et le résultat d'une politique. Aux Etats-Unis par exemple, la législation sur les taux de salaire minimaux, [...] et la puissance des syndicats font que le taux de chômage naturel est plus élevé qu'il ne serait autrement. Les améliorations dans les échanges d'emploi, dans la disponibilité des informations sur les vacances d'emploi et sur l'offre de travail, et ainsi de suite, tendraient à abaisser le taux de chômage naturel.
1. Il est peut-être utile de noter que ce taux « naturel » ne correspond pas nécessairement à l'égalité entre le nombre de chômeurs et le nombre d'emplois vacants. Pour une structure donnée du marché du travail, il y aura des relations d'équilibre entre ces deux grandeurs, mais il n'y a aucune raison pour que cette relation soit une égalité.
2. A strictement parler, la croissance des salaires nominaux sera moins rapide que la croissance anticipée des salaires nominaux de façon à tenir compte du comportement à long terme des salaires réels.
SOURCE : MILTON FRIEDMAN, « Le rôle de la politique monétaire »,Thé American Economie Review, mars 1968, traduit par Gilbert Abraham-Frois et Françoise Larbre dans La Macroéconomie après Lucas
QUESTIONS :
- Définissez le terme de taux de chômage naturel
- De quoi est il fonction ? Est-il nul ?
- Sur quel point essentiel Friedman s’oppose-t-il à Keynes ?
- De quoi sont victimes selon Friedman les salariés dans la courbe de Phillips ?
- Quelle critique en fait Friedman ?
- Montrez que l’analyse développée par Friedman s’inscrit dans la logique libérale et s’oppose à celle de Keynes ?
SECTION II – LES PROLOGEMENTS KEYNESIENS
I – L’ EXPLICATION DES RIGIDITES
DOCUMENT 20 :
La nouvelle économie keynésienne cherche à expliquer la rigidité des prix et des salaires, postulée par le keynésianisme de la synthèse, et à montrer que ces rigidités provoquent les caractéristiques qualifiées de keynésiennes des économies contemporaines, au premier rang desquelles la persistance de taux de chômage élevés. Il s'agit de voir comment de « petites rigidités nominales » peuvent engendrer d'importants effets réels au niveau macroéconomique. Ces frictions dans la flexibilité des prix peuvent très bien découler d'un comportement rationnel [...] des firmes, compte tenu des coûts d'ajustement des prix, qualifiés dans cette problématique de menu costs. Il y ainsi, comme dans un restaurant, des coûts associés à l'impression du nouveau menu qui devra accompagner le changement de prix, coûts qui sont parfois plus élevés que l'avantage lié à l'ajustement de prix. L'entreprise individuelle gagne donc à ne pas modifier son prix. [...] Ces phénomènes sont encore accentués lorsque l'on tient compte du caractère monopoliste des économies contemporaines. [..) L'existence du chômage involontaire s'explique essentiellement par la structure monopoliste des économies contemporaines. Une étude empirique [...] montre d'ailleurs que la rigidité des prix est beaucoup plus la norme que l'exception lorsque l'on examine le comportement des grandes entreprises américaines. Les nouveaux économistes keynésiens font aussi intervenir, pour expliquer le sous-emploi, ce qu'ils appellent les « échecs de coordination » entre les agents dans une économie, échecs liés à des problèmes de circulation de l'information.
SOURCE :Michel Beaud et Gilles Dostaler , La Pensée économique depuis Keynes, © Le Seuil, 1996.
QUESTIONS :
- Selon les néo-keynésiens , les rigidités sont elles :
* exogènes à l’économie ?
* le produit de comportements irrationnels ?
- Comment les économistes néo-keynésiens justifient-ils l’existence de chômage involontaire ?
- Acceptent-ils le cadre du marché de la concurrence pure et parfaite ?
II – LA THEORIE DU SALAIRE D’EFFICIENCE
DOCUMENT 21 :13 p 455 ( hachette )
QUESTIONS :
- Répondez aux questions du livre
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