chapitre la culture

CHAPITRE CULTURE ET SOCIETE

PARTIE I – QU’EST CE QUE LA CULTURE ?

SECTION I – ESSAI DE DEFINITION DE LA CULTURE.

I – LA CULTURE, UN CONCEPT POLEMIQUE

Comme le souligne E Morin, le terme culture est un concept piège :
· Selon la science qu l’utilise, il désigne :
- soit le développement du corps humain (culture physique),
- soit la totalité des productions d’une société ( la culture s’oppose alors à la nature ; l’acquis à l’inné),
- soit un nombre limité de production maîtrisé par l’esprit d’un individu (la culture générale).
· Il peut sous entendre un jugement de valeur (ethnocentrisme : opposition entre le barbare et le civilisé) ou au contraire rechercher une impossible neutralité (cf. le relativisme culturel dans la suite du chapitre)
· 160 définitions au moins ont été proposées par les sociologues et ethnologues afin de cerner le concept sans qu’aucune ne recueille un accord réel.

Conclusion :
· E Morin peut alors en conclure que : « la notion de culture est sans doute en science sociale la moins définie de toutes les notions, tantôt elle englobe tout le phénomène humain pour s’opposer à la nature, tantôt elle est le résidu où se rassemble ce qui n’est ni politique, ni économique, ni religieux ».
· Doit-on en conclure que cette notion doit être abandonnée ? Non, car supprimer le mot ce n’est pas résoudre le problème auquel nous sommes confrontés, c’est à dire décrire un des concepts clé des sciences sociales.
· La solution paraît alors d’aborder le terme en s’appuyant sur les différents sens qui lui ont été donnés.

II - LA CULTURE, UN CONCEPT PROTEIFORME.

Comme on l’a vu précédemment de multiples définitions du terme ont été proposées (pas moins de 160).
Il est donc nécessaire d’opérer un tri parmi toutes les définitions et de faire apparaître les six principales façons de définir le terme :

A– UNE DEFINITION PAR LE CONTENU

L’objectif est ici de recenser tous les éléments qui composent une culture, d’établir en quelque sorte un catalogue.
Exemple de définition : celle célèbre de Tylor : « culture : ce tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances, l’art, la morale, les lois, les coutumes et autres dispositions acquises par l’homme en tant que membre d’une société »
Faiblesses de ce type de définition : Ce type de définition qui est simplement une énumération de caractéristiques est un fourre-tout manquant de cohérence.

B – LES DEFINITIONS REPOSANT SUR L’OPPOSITION A LA NATURE.

Ce type de définitions a pour point commun d’exclure du champ d’analyse tout ce qui repose sur une caractéristique physiologique d’ordre biologique.

C – LES DEFINITIONS QUI REPOSENT SUR L’IDEE D’ACQUISITION ET D’HERITAGE.

Le critère essentiel est d’opposer tout ce qui inné (qui est exclu de la définition), à ce qui est acquis, appris par l’individu, et transmis par la société au cours de la socialisation (cf. chapitre suivant).
Exemple de définition : celle que R Benedict énonce : « la culture : ce tout complexe qui inclut toutes les habitudes acquises par l’homme, comme membre de la société »

D – LES DEFINITIONS REPOSANT SUR L’IDEE DE CONTRAINTE .

L’élément central est ici de considérer que :
· la culture n’est pas acquise librement par l’individu,
· mais lui est imposée par la société
· qui sanctionne tout comportement considéré comme déviant.

E – LES DEFINITIONS REPOSANT SUR L’IDEE D’ORGANISATION.

Dans ces définitions c’est l’interdépendance entre les différents éléments qui est le point essentiel. La culture est ici considérée comme un tout relativement cohérent.

F – LES DEFINITIONS REPOSANT SUR L’IDEE DE REPONSE A UNE FINALITE

Dans ces définitions la caractéristique centrale est que :
· la société est confrontée à des contraintes naturelles (climat, qualité et sol)
· qui vont nécessiter des réponses spécifiques édictées par chaque société afin de satisfaire les besoins humains.

CONCLUSION : (cf. doc. 8p144)
Pour conclure ont peut donc retenir que la culture est
- un ensemble d’éléments interdépendants constituant un tout organisé,
- inculqué aux membres de la société et respecté sous peine de sanctions,
- visant à répondre aux défis auxquels chaque société est confrontée.

III – L’HOMME SE DEFINIT PAR LA CULTURE (7 et 8 p143-144)

Le concept de culture est essentiel pour les sciences sociales car il permet de penser l’unité de l’humanité dans la diversité autrement qu’en termes biologiques :
· En effet si l’on ne fait pas référence à la culture, les différences de comportements entre les peuples peuvent conduire à une explication naturalisante en terme de race. Explication dont on connaît aujourd’hui non seulement les dangers (cf le génocide du peuple juif par les nazis) mais aussi l’absence de caractère scientifique.
· La référence à la culture permet alors de démontrer que chez l’homme rien n’est purement naturel : même les fonctions qui répondent à des besoins physiologiques (boire, manger) ne s’observent jamais à l’état naturel, mais sont retranscrits en termes culturels (chaque société définissant des interdits culturels).

EXERCICE D’APPLICATION :
Comme la faim ou la soif, la douleur est une donnée biologique, mais de la même façon qu'ils ne recherchent pas dans leurs plats des sensations identiques, goûtent différemment la nourriture, en lui 'attribuant une signification propre, les hommes ne souffrent pas de la même manière, ni à partir de la même intensité d'agression. I...]
Mark Zborowski a étudié dans un hôpital américain les attitudes face à la douleur de différents groupes sociaux : les Italiens, les Juifs et les Américains de vieille souche.
Les malades italiens ou juifs témoignent d'une forte sensibilité à la douleur et d'attitudes très caractérisées. lls sont décrits par le milieu médical comme affichant une tendance à l'« exagération » et une émotivité « excessive ».Cependant, les malades italiens paraissent plus concernés par l'immédiat de la douleur que par le trouble dont elle est le symptôme. Dès que celle-ci s'apaise, ils cessent leurs plaintes et retrouvent leur bonne humeur.
Au contraire, les malades de confession juive refusent souvent les analgésiques. Dans la douleur, ce qui les préoccupe surtout c'est le mal dont elle est l'indice. Une fois la douleur calmée, l'angoisse demeure. M. Zborowski note que ces deux cultures autorisent une libre expression du sentiment, aussi bien par la parole que par le geste. Les Italiens et les Juifs « se sentent libres de parler de la douleur, de s'en plaindre et de manifester leur souffrance en gémissant, en se lamentant. en pleurant, etc. Ils n'ont pas honte de s'exprimer ».
À l'inverse, les malades de vieille souche américaine appréhendent « stoïquement » la douleur. Ils ne s'en plaignent pas et s'abandonnent passivement aux soins des équipes médicales auxquelles ils vouent une confiance totale. Selon Zborowski, ils ne cessent de répéter que cela ne sert à rien de se plaindre, de gémir ou de se lamenter. En agissant ainsi, ils ont conscience de reproduire un modèle de comportement reconnu comme « américain ».
SOURCE : D Le Breton, sociologie du corps, PUF 1992.
QUESTIONS :
- Réalisez une analyse subjectiviste et individualiste des causes de la douleur
- Quelles en sont les limites, quelle analyse vous paraît ici la plus adaptée ?
- Complétez le tableau suivant :


origine italienne origine juive origine WASP
Sensibilité à la douleur



Comportement face
la douleur



Explications



SECTION II – FONCTIONS ET COMPOSANTES DE LA CULTURE

I – LES FONCTIONS

A – LA CULTURE ADAPTE L’HOMME A SON ENVIRONNEMENT

Face aux limites et aux contraintes qui lui sont imposés par son environnement (en particulier le milieu naturel dans lequel il vit), l’homme va développer des stratégies adaptatives plus ou moins inconscientes et complexe qui vont assurer sa survie (par exemple la société va imposer des interdits alimentaires afin d’assurer la survie de la population).

Relativisation : Mais l’homme ne fait pas que s’adapter passivement à une prétendue nature hostile :
· chaque société va sélectionner la réponse qui lui paraît la plus adaptée au contexte dans lequel elle vit : les types de réponses peuvent être ainsi très différents
· l’homme transforme la nature en fonction des ses propres besoins. Ainsi aujourd’hui même les paysages apparemment les plus naturels ont subi l’influence de l’homme.

B – LA CULTURE PERMET DE REUNIR UNE PLURALITE DE PERSONNES (9p145)

Apparemment l’individu dispose d’une aptitude naturelle à se mouvoir en société et à communiquer. Mais cette capacité n’est pas aussi évidente que l’on peut le penser au premier abord. Prenons par exemple les interdits que peut violer sans même sans rendre compte un individu voyageant dans un pays dont il ne maîtrise pas la culture.
Ainsi l’on peut mieux comprendre le rôle fondamental que joue la culture :
· elle permet à une pluralité d’individus de vivre ensemble
· de pouvoir communiquer
· de fonder une collectivité en partageant des références et des modèles de comportement

II – LES COMPOSANTES DE LA CULTURE

A - LA DISTINCTION ENTRE VALEURS ET NORMES

1 – DEFINITION DU TERME VALEURS

On appelle valeur une manière d’être ou d’agir qu’une personne ou une collectivité reconnaît comme idéale et qui rend estimables les êtres ou les conduites auxquels elle est attribuée.

Il en découle que :
· La valeur est un idéal duquel il faut se rapprocher mais qui n’est pas forcément accessible
· La valeur appelle l’adhésion des membres de la communauté
· La valeur est la finalité et la justification de l’action
· La valeur se situe dans un système qualitatif, les différentes valeurs ne sont donc pas indépendantes les unes des autres . Elles tendent à s’inscrire :
- dans une hiérarchie qu’on appelle l’échelle des valeurs
- elles s’organisent dans un système où chacune prend sens de ses relations avec les autres (la devise française « liberté égalité fraternité »suggère bien cette idée d’interdépendance)
- on peut alors parler d’éthos afin de désigner le système de valeurs caractéristique d’une culture
- néanmoins la cohérence des valeurs n’est pas totale la possibilité d’incomptabilité ou de conflits entre les valeurs existe.

2 – DEFINITION DU TERME NORME

Les normes sont des règles de conduite très largement suivies dans une société ou un groupe donné, dont la non-observance entraîne des sanctions diffuses ou explicites.

Il en résulte que :
· les normes sont des règles sociales ayant un caractère contraignant mais pas forcément légal
· les normes sont attachées à des valeurs puisqu’elles ont pour fonction d’inciter les individus à se rapprocher d’un idéal de comportement : par exemple à la valeur respect d’autrui l’interdiction de la violence et du meurtre
· Maisonneuve distingue 2 types de normes :
- les normes communes à tous les membres de la société ou d’un groupe se référant aux cadres généraux de la vie et au système de représentation, de croyances , de valeurs
- les normes de rôle qui dictent les conduites inhérentes à la position d’un individu dans un système social particulier (exemple les normes à suivre comme élèves sont inscrites dans le contrat de vie scolaire)

EXERCICE D’APPLICATION : 6 p 143
Questions :
Répondez à la question 1.
Pourquoi la manière de saluer a-t-elle évolué à l’époque de la révolution française, que cela traduit-il en particulier sur l’évolution du système de valeurs ?
Comparez les manières de se saluer en France, dans les pays anglo-saxons et en Espagne, que pouvez vous en conclure ?
les individus se saluent-ils de la même façon en fonction de l’âge et du sexe, pourquoi ?

B- STATUT ET ROLE

1 – DEFINITION DU STATUT

Le statut est la position qu’un individu occupe sur une des dimensions de l’espace social comme la profession, le niveau d’instruction, le sexe, l’âge, etc.

Il en résulte que :
· le statut définit l’identité sociale de l’individu.
· le statut social n’est jamais complètement inné, il reçoit toujours au moins en partie une définition sociale (ex : dans les sociétés traditionnelles les hommes sont plus valorisés que les femmes)
· le statut n’est pas définitif, il peut évoluer au cours du temps ( ex : statut d’élève, puis d’étudiants, puis d’actifs, puis de retraité)
· L’individu peut avoir simultanément plusieurs statuts : par exemple : le père de famille, maire de sa ville, ingénieur

EXERCICE D’APPLICATION :

L’opposition droite gauche s’enracine dans des modes de pensées très anciens qui trouvent ainsi un moyen de classer les hommes, leurs actes et leurs valeurs. Il n’est pas de culture qui n’oppose la droite à la gauche, pour donner généralement à la première la prééminence sur la seconde. Partout l’image latéralisée du corps, où la main droite, habilitée à agir, l’emporte en dignité et en efficacité sur la gauche, qui se contente de tenir, fonde des usages métaphoriques et des jugements de valeur. La droite est dès lors exaltée comme ce qui est « droit » et non pas « gauche », voire « sinistre » (du latin sinister : «gauche»). Dans les rituels religieux comme dans le système des valeurs sociales, la droite est communément pensée comme étant le bon côté, celui de la « rectitude » morale et de la « dextérité » technique (la racine latine rectus a donné directus et dextrà). Etymologiquement, le mot « gauche », d’origine germanique, se rattache à l’idée de ce qui fait un détour ou qui vacille, au lieu d’aller ou de tenir droit. La gauche est le côté maléfique. Ainsi l’oiseau que les anciens Romains voyaient sur leur gauche — ou qui, venant de la droite, présentait son flanc gauche à l’observateur— était censé annoncer le malheur. On voit par cet exemple que la justification de l’opposition et de la hiérarchie gauche/droite se trouve déjà dans les idéologies religieuses païennes. Mais le judaïsme et le christianisme connaissent aussi ce balancement. La Bible lui donne même force de modèle explicite, ainsi lorsque le Père dit au Fils : « Assieds-toi à ma droite », c’est-à-dire à la place d’honneur qui revient à celui qui, second par la filiation, n’en est pas moins pleinement Dieu lui aussi {Psaume 110, 1). Pour les chrétiens du Moyen Age, la droite est le côté du Salut et des bien-heureux, celui que le Christ du Jugement dernier, au tympan sculpté des églises, indique en élevant sa main droite, la gauche s’abaissant pour refouler les damnés vers l’enfer. Encadrant le Christ en croix, le bon larron est à sa droite, les yeux levés, pleins d’espoir, la tête légèrement tournée vers le Seigneur ; tandis que le mauvais larron, à sa gauche, est affaissé sur l’instrument de son supplice, la tête rabattue sur la poitrine par le poids de ses péchés et de son incrédulité. L’opposition latérale se concentre dans la valeur différente accordée à chacune des deux mains. Souvent, l’image de Dieu se résume à une main jaillissant de la nuée céleste pour ordonner ou bénir : c’est alors toujours la droite. Pour les hommes pareillement, à l’autel ou à la guerre, la main noble et sainte est la droite, la « dextre », qui prête serment, qui tient l’épée, qui fait le signe de croix. Le destrier des chevaliers du Moyen Age est un cheval de joute, de tous le plus prisé, qui charge au galop sur le sabot droit…
Inversement, les gauchers sont mal vus : le plus célèbre, le pire aussi, est le traître Judas dont la chevelure rousse symbolise la félonie. Fidèle aux Évangiles, l’iconographie de la cène, notamment dans les fresques qui ornaient les réfectoires des couvents, le distingue nettement des autres disciples en l’isolant devant la table, une main, le plus souvent la gauche, tendue vers le plat. Le pire est de faire de la main gauche ce qui revient à la main droite, par exemple, selon une expression du Roman de Fauvel au XIVe siècle, se marier « à main senestre » : si le prêtre, au lieu de conjoindre les mains droites des époux, prenait leur gauche, il attirerait
Le malheur sur le nouveau couple. Au XIème siècle, la tapisserie de Bayeux où le duc Harold, les bras en croix, prête simultanément serment avec les deux mains sur deux reliquaires. Intensification du rituel redoublé ? Ou signe annonciateur du parjure de Harold qui, à la mort d’Edouard le Confesseur, s’empare du trône d’Angleterre à la place de l’héritier légitime Guillaume le Conquérant ? Dans cette hypothèse, sa main gauche annulerait par un faux-serment le geste sacré de la main droite.
Cependant, le système hiérarchique des valeurs qui domine la vie sociale, la pensée religieuse et l’idéologie anciennes ne s’exprime pas seulement dans l’opposition droite/gauche. Dans l’ordre des préséances, dans le déroulement des processions, comme dans le simple rituel domestique où le maître a le pas sur le serviteur et l’homme sur la femme, prédomine l’opposition de l’avant et de l’arrière, du premier rang et des suivants. Plus important encore est le couple dedans/dehors, qui fonde tous les processus d’inclusion et d’exclusion, d’élection et de marginalisation, dans les villes à l’abri de leurs murailles aussi bien que dans les monastères soumis à la clôture.
Mais le mode de classification majeur est l’opposition du haut et du bas qui, mieux que tout autre, traduit directement le principe hiérarchique dans l’espace. Il rehausse le souverain, céleste ou terrestre, assis sur son trône au-dessus de ses sujets. Lui aussi se nourrit d’une métaphore corporelle : la tête, partie supérieure, noble, pensante, siège de l’âme, domine les pieds, instruments inférieurs, les plus vils, n’ayant au ras du sol d’autre fonction que de soutenir tout l’édifice. Dans la première moitié du XIIe siècle, alors que se mettent en place les organes de la monarchie féodale l’évêque de Chartres, Jean de Salisbury, exprime dans son traité politique Policraticus la métaphore organique du pouvoir royal : il assimile le souverain à la tête, les officiers aux mains, les bourgeois au ventre, les paysans aux pieds du grand corps hiérarchisé que forme idéalement le royaume.
Cette conception du haut et du bas se combine souvent aux autres modes de classification pour organiser l’espace. A l’intérieur d’une église, clercs et laïcs, hommes et femmes se répartissent du « haut » en « bas » et de droite à gauche de la nef. Partout où des relations de pouvoir sont en jeu, cette organisation spatiale permet aux majores (nobles, clercs, hommes, vieux, etc.) d’exprimer leur supériorité sur les minores (roturiers, laïcs, femmes, jeunes, etc.).
Source : J.C. Schmidt, A la droite du père, in l’histoire,n°162.
1. Que vous apprend l’étymologie des termes droite et gauche ?
2. Démontrez qu’à travers l’histoire l’opposition entre la gauche et la droit conduit à des valeurs inégalement hiérarchisées
3. Quelles conséquences cela a-t-il sur les statuts accordés en fonction de la place occuppée (à droite ou à gauche)
4. La société classe t’elle seulement l’individu en fonction de l’opposition droite gauche, expliquez.

2 - DEFINITION DU ROLE.

Le rôle correspond à l’ensemble des comportements d’un individu qui sont attendus par les membres de la société, en fonction du statut qu’il occupe.

Il en résulte que :
· la société va imposer un système de norme qui lui est spécifique et qui va définir le comportement exigible de la part de l’individu en fonction du statut qu’il occupe
· Si l’individu ne respecte pas le comportement exigible il sera sanctionné (exemple un élève dont l’absentéisme est récurrent)
· Un même individu peut avoir plusieurs rôles (qui peuvent être contradictoire) en fonction des différents statuts qu’il occupe : l’individu n’est donc jamais totalement passif ;il dispose d’une liberté d’action lui permettant de s’adapter aux différents groupes auxquels il appartient .

C - LES RITES

Les rites sont des pratiques codifiées obéissant à des règles précises qui symbolisent :
· la communion des membres d’une collectivité,
· leur acceptation d’un certain ordre des choses,
· leur intégration à la société.

On peut distinguer deux grands types de rite :
· Les rites de passage qui servent à marquer les étapes de la vie d’un individu ( exemple le baptême, le bizutage)
· Les rites d’entretien de la relation qui ponctuent la vie sociale aussi bien dans ses manifestations symboliques et festives (ex Noêl) que dans ses aspects les plus quotidiens ( ex : se serrer la main)

Remarque : Il faut distinguer le rite du comportement ritualiste qui correspond au cas de l’individu attache tant de prix aux règles qu’elles deviennent une fin en soi, et qu’elles ne sont plus rattachées aux valeurs qu’elles doivent perpétuer.

EXERCICE D’APPLICATION :
Squelettes et sorcières, fantômes et potirons sont ressortis des cartons. Dans le calendrier des supermarchés et des écoles, Halloween revient désormais aussi sûrement que les œufs de Pâques ou la galette des rois. Cette inflation de rites collectifs, pseudo-religieux ou commerciaux, ne laisse pas d'étonner dans une société qu'à longueur de colonnes sociologues et anthropologues décrivent comme individualisée et sécularisée. Coïncidant avec les fêtes de la Toussaint et des morts (les 1" et 2 novembre), risquant même de les supplanter, le succès d'Halloween fait le bonheur des marchands et panique les hommes d'Eglise.
Faut-il le mettre au compte d'une simple vogue commerciale exploitant la crédulité des enfants, leur besoin de merveilleux et de féerie ? Ou d'un nouvel assaut sournois de l'impérialisme culturel américain, s'il est vrai que débarquée outre-Atlantique dans les bagages des immigrants irlandais, la vieille croyance celte d'Halloween revient en force sur ses terres européennes d'origine ? Ou alors faut-il interpréter son succès comme le symptôme de sociétés néo-païennes, de spiritualités sauvages et archaïques, de croyances parallèles et superstitieuses, qui font leur lit dans des pays de vieille chrétienté ?
«Pour les croisades, l'évêque de Clermont a déjà donné»: ainsi s'exprime, humour en prime, Hippolyte Simon, actuel évêque de Clermont-Ferrand, lointain successeur d'Urbain II, qui avait lancé la première croisade. S'il refuse les batailles d'arrière-garde, son récent ouvrage à succès - La France néo-païenne, chez Cana - reflète l'inquiétude d'hommes d'Eglise qui voient dans l'effacement de la mémoire des fêtes religieuses un signe de paganisation de la société. A entendre Mgr Simon et ses confrères, Halloween est l'un des signes d'une « resacralisation du temps » qui tente de combler les besoins de symboles, de rites et de liturgies, laissés inassouvis par le déclin des références religieuses.
Ainsi Halloween supplanterait-elle la Toussaint, dont les plus jeunes générations notamment, faute de transmission religieuse, ne connaissent plus la signification. Comme la Fête de la musique a remplacé les feux de la Saint-Jean. Comme le week-end a fait oublier le jour du Seigneur. La Journée du patrimoine revient aussi avec la régularité de l'équinoxe de septembre. Et ce dernier 14 juillet, le pique-nique géant de la Méridienne combinait l'héritage révolutionnaire de la France et un héritage chrétien sécularisé marqué par le rite « eucharistique » du repas pris en communauté.
Mais Halloween ne serait pas seulement un détournement de rites, pervers selon la hiérarchie catholique. En exploitant la terreur du squelette, même sous la forme ludique des costumes et des masques, cette « fête » macabre inverserait des signes aussi sensibles que le sens de la mort et de la vie. Car Halloween était bien une manière, pour les Celtes, à la saison où la nature s'enfonce dans la nuit de l'hiver, d'exorciser leurs craintes de la mort. Les psychiatres diraient aujourd'hui qu'ils avaient érigé en culte la névrose de la peur de la mort, que le christianisme, par la foi en la Résurrection des corps, a ensuite, d'une certaine façon, humanisée et civilisée.
Dans le calendrier chrétien, le 2 novembre, lendemain de la Toussaint, est le Jour des morts. Les familles vont garnir les tombes de leurs disparus. C'est une réminiscence de ces siècles où les cimetières étaient aménagés autour des églises pour montrer que le chrétien, croyant en la résurrection, ne craint pas la mort. Or Halloween réinvestit aussi ce rite, ce qui en dit long, souligne le psychiatre Tony Anatrella, sur l'état d'une société qui a perdu sa mémoire chrétienne et qui, « à force d'évacuer la mort, fait renaître chez les vivants la terreur des morts ».Paradoxalement, l'Eglise n'a pas peu contribué à délaisser la mort dans sa pastorale et sa prédication sur les fins dernières de l'homme.
Autrement dit, la France déchristianisée laisserait aujourd'hui le champ libre à des rites préchrétiens, à des peurs ancestrales, dont Halloween serait le témoin, certes modeste, mais typique d'un néo-paganisme rampant. Mais une telle analyse est loin de faire l'unanimité, dans le milieu de la sociologie religieuse en particulier, beaucoup plus inquiet par l'intrusion, dans la sphère de l'école publique, de la stratégie marketing des promoteurs d'Halloween. Pour Danièle Hervieu-Léger, auteur de La Religion pour mémoire, cette fête n'a aucun caractère religieux, au sens où une fête religieuse a pour but d'inscrire le fidèle dans une lignée croyante, ce qui n'est manifestement pas le cas d'Halloween.
Elle y voit plutôt le «• croisement » d'un besoin confirmé de grandes fêtes collectives, marquées par des rites, des calendriers, avec une logique de marché qui envahit le champ de l'enfance et qui, débordant Noël, cherche à s'étaler dans le temps. A cet égard, Halloween et le renouveau du Carnaval de février à l'école s'inspireraient des mêmes ressorts que la Techno Parade, ou la Fête de la musique ou le Festival d'Avignon pour un public cultivé : « Dans une société fortement individualisée, nous avons besoin de fêtes pour nous prouver, même artificiellement, que nous formons un "nous"», explique Danièle Hervieu-Léger.
Ceux qui, dans la hiérarchie catholique, agitent la menace païenne se feraient-ils donc d'inutiles frayeurs ? Le vrai constat, à propos d'Halloween, c'est que l'Eglise a perdu le monopole de l'initiative festive et celui de l'approvisionnement en symboles religieux des fêtes collectives. Depuis longtemps, on sait que les symboliques religieuses ne sont plus les seules disponibles. L'univers des enfants, qui apprivoisent sorcières et dragons, est gouverné par bien d'autres registres. Il reste que, chez l'enfant précisément, confronté à d'autres images - celles-là bien réelles - de guerres et de morts, une
telle exploitation mercantile de fêtes dont la mémoire religieuse est effacée laisse la place à toutes sortes d'imaginaires. Pour le meilleur et pour le pire.
Source : H Tincq, Halloween : néo-paganisme ou mercantilisme, le monde 2-11-2000.
Questions :
- Expliquez la phrase soulignée, en quoi contredit-elle l’analyse que l’on opère généralement sur les sociétés modernes ?
- Quel rôle jouait Halloween dans les sociétés celtes, en quoi cette fête représentait-elle un rite ?
- Comment expliquez-vous le succès d’Halloween aujourd’hui ?
- Peut-on dire qu’Halloween soit toujours un rite justifier votre réponse ?
- Quelle analyse font les catholiques de la fête d’Halloween, que cela traduit-il ?

SECTION III - LES DIFFERENTES APPROCHES DE LA CULTURE .

I - L’APPROCHE CULTURALISTE .


INTRODUCTION - UN PRECURSEUR : DURKHEIM .

Comme l’explique Durkheim dans une perspective holiste la culture (qu’il nomme conscience collective) est :
· un tout qui est extérieur aux individus qui composent la société
· caractérisé par un système de normes et de valeurs relativement cohérent
· qui s’impose aux individus sans recourir obligatoirement à la contrainte,
qui a pour fonction d’assurer un lien entre les générations qui se succèdent.

A - LES PRINCIPES DE BASE DE L’ANALYSE CULTURALISTE.

Les théoriciens culturalistes vont s’inscrire dans la filiation durkheimienne. Ils vont considérer que c’est l’adhésion des individus au modèle culturel spécifique à leur société qui en assure à la fois l’existence, le fonctionnement et la pérennité.
Ils vont partager une conception qui les conduit à partir des postulats suivants :
· une société particulière est caractérisée par sa culture et non par sa production matérielle : ils s’inscrivent donc dans une conception idéaliste (réfutant le matérialisme en particulier des économistes)
· la culture est définie par un système de normes et de valeurs se caractérisant par leur cohérence (ils s’inscrivent donc plutôt dans une perspective holiste)
· les individus vont intérioriser ce modèle culturel sous la forme d’une personnalité de base au cour d’un processus de socialisation ( la culture est donc acquise )
· les culturalistes refusent donc les justifications naturalisantes qui expliquent essentiellement le comportement des individus par des contraintes d’ordre physiologiques et psychologiques
· la culture va déterminer des modèles de comportement assurant aux individus une sorte de guide pratique des usages de la société , permettant donc une prévisibilité des comportements qui conditionne leur intégration et la survie de la société

B - M MEAD : IL N’EXISTE PAS DE NATURE HUMAINE .


EXERCICE DE COMPREHENSION : 10 p 146.
QUESTIONS :
- Complétez le tableau suivant :


ARAPESH MUNDUGOMOR CHAMBULI
MODELE DE
COMPORTEMENT



MODELE D’EDUCATION
INCULQUEE



DIFFERENCIATION
ENTRE LES SEXES


- Répondez aux questions 2 ; 3

C - LIMITES DES ANALYSES CULTURALISTES

Les théoriciens en particulier individualistes vont émettre un certain nombre de critiques qui visent à montrer les limites des analyses culturalistes :
· le culturalisme développe une conception déterministe des phénomènes culturels : les individus censés accepter passivement à un conditionnement qui en fait des sortes d’automates. Or en réalité selon de nombreux auteurs dont Boudon : « de nombreux comportements doivent être analysés non comme le produit d’un conditionnement mais d’une intentionnalité » . C’est à dire que les individus peuvent faire des choix et sont donc amenés à opérer des arbitrages entre les différentes valeurs et normes caractérisant une société
· Le culturalisme paraît relativement bien adapté aux sociétés traditionnelles que ses fondateurs ont étudié. Il fournit une grille de lecture beaucoup moins bien adaptée aux sociétés modernes. En effet ci se caractérisent par :
- une perspective dynamique, une évolution perpétuelle des modèles de comportement des systèmes de normes et de valeurs. Alors que le culturalisme suppose une stabilité des modèles culturels
- le culturalisme postule que chaque culture forme un tout indissociable. Or si cela peut s’avérer réaliste pour des sociétés de taille restreinte, c’est beaucoup moins crédible pour des sociétés complexes et hautement différenciées telles que les nôtres aujourd’hui.

II - LES ANALYSES INTERACTIONNISTES DE LA CULTURE .

Les théoriciens interactionnistes refusent de considérer que la culture est un tout cohérent extérieur au individus qui composent la société. Ils vont chercher à analyser les processus d’élaboration de la culture qui repose selon eux sur les interactions individuelles.
Pour faciliter la compréhension de leur analyse on peut prendre le modèle d’un orchestre :
· tous les membres de l’orchestre participent solidairement mais chacun à sa manière, à l’exécution d’une partition invisible. La partition c’est à dire la culture n’existe que par le jeu interactif des individus
· le travail du sociologue qui étudie la culture consiste alors à analyser les processus d’interaction .
· Mais pour cela il faut aussi tenir compte des contextes dans lesquels s’opèrent ces interactions car chacun impose ses règles et conventions.
· Ainsi la pluralité des contextes explique le caractère :
- pluriel
- instable de la culture

Conclusion : Par l’approche interactionniste il devient alors possible :
· de penser l’hétérogénéité des cultures au lieu de s’évertuer (comme tentaient de le faire les théoriciens culturalistes) à trouver une homogénéité culturelle illusoire
· le caractère dynamique et provisoire de toute culture qui n’est jamais figée mais en perpétuelle évolution

EXERCICE DE COMPREHENSION 1à 3 p141 et 22 p 154 ,
Questions :
Caractériser les goûts et les dégoûts qui permettent de définir la culture savante (1p140)
opérer la même démarche pour la culture populaire (2 p 141)
répondez aux questions 1 et « du doc 3 p 141
répondez aux questions 1à 3 du doc 22 p 15

III – LA CONCEPTION DEVELOPPEE PAR PIERRE BOURDIEU (17 p150)

- P Bourdieu cherche à dépasser les deux conceptions théoriques dominantes qui, selon lui , ne permettent pas d’analyser la réalité :
· la conception strictement déterministe conduisant à poser l’individu comme manipulé par des forces qui lui échappent , n’est pas adaptée aux sociétés modernes individualistes
· la conception actionnaliste postulant un individu rationnel sans attaches sociales et familiales , ne lui paraît pas plus réaliste
· paradoxalement , les deux conceptions , bien que développant des démarches opposées conduisent finalement à des résultats comparables : les individus n’ont pratiquement aucune liberté d’action , puisqu’ils sont :
+ soit déterminés par des forces qui leur échappent
+ soit prisonniers des effets d’agrégation conduisant à des résultats non souhaités et sur lesquels ils n’exercent pratiquement aucune maîtrise.

- Bourdieu veut développer une analyse lui permettant de dépasser les contradictions mises en évidence dans les deux traditions :
· chaque individu est caractérisé par une histoire ( une trajectoire familiale , personnelle ) , occupe une position sociale ( appartenance à un milieu ) qui déterminent un point de vue particulier sur le monde social : c’est l’habitus .C’est-à-dire un ensemble de dispositions que l’individu a incorporé , assimilé au cours du temps et qui lui font percevoir le monde d’une manière particulière et guident ses actions . L’habitus est donc l’ensemble des savoirs et des savoir-faire que l’individu a intériorisé qui lui permet de se comporter avec naturel , de s’adapter avec finesse à un milieu donné .
· mais l’individu n’est pas seulement déterminé ; il est aussi un acteur dont la liberté ( certes surveillée ) n’est jamais inexistante . En effet , en fonction du système de valeurs intériorisé dans l’habitus , l’individu dispose d’une grille de lecture qui va lui permettre de choisir le comportement qui est le plus adapté aux buts qu’il cherche à atteindre . Ainsi ,l’habitus n’est pas figé , il évolue avec l’histoire de l’individu , par exemple sa trajectoire professionnelle .

EXERCICE DE COMPREHENSION :

Document 1 :
Consommée dans une logique utilitaire, la couleur est d'abord peinture, supposée remplir des fonctions matérielles de l'ordre de la protection, de la propreté et de la mise en beauté. Il n'est alors pas encore question de couleur à proprement parler, mais d'un matériau intervenant comme un élément de plus dans la composition de l'habitat. L'acte de peindre va de soi, mais pour la couleur se pose la question du choix. Si l'on se réfère aux explications données, il découle d'une attitude purement rationnelle, les réponses étant d'ordre pratique et subjectif. Cherchant le compromis entre les teintes qu'il juge efficaces face à l'usure du temps et celles qu'il affectionne, l'individu a de bonnes raisons d'opter pour une harmonie plutôt qu'une autre ; la couleur doit être utilitaire tout en correspondant à une gamme subjective. Et le plus souvent, les couleurs préférées semblent aussi les mieux adaptées à la maison (et réciproquement).
Source : La chromatique dans l'habitat à l'île de la Réunion par Sophie Garcia, in consommation et sociétés n°3.
Questions :
Apparemment pour quelles raisons les habitants de la réunion peignent-ils leurs maisons ?
Quelle démarche sociologique vous paraît la plus adaptée pour l’expliquer ?

Document 2 :
Pourtant, la couleur de la peinture, dont il commence à être question dès lors que l'on parle d'esthétique, n'est ni neutre ni matérielle ; elle entre dans une démarche de communication, remplit des fonctions sociales. Elle est symboliquement utile et son efficacité n'est pas altérée après un usage prolongé. Tant que les teintes restent sur la façade, le message est délivré, lu et compris. La peinture a une utilité matérielle ; la couleur une vocation sociale. De par les teintes employées, puisées à l'intérieur d'une gamme chromatique instituée, l'individu affirme son appartenance à un segment culturel, social ou religieux tout en se différenciant des autres. " L'île était vierge à sa découverte et n'appartenait donc à personne. Les différentes cultures qui s'y sont implantées ont donc amené avec elles leurs différents modes de vie. A La Réunion, on cohabite mais on ne se mélange que très peu " (Navarro 1998). Pourtant, les différents groupes culturels se partageant l'île, ont à se faire valoir et peindre sa maison à partir d'un ensemble de couleurs précis et légitimé, aide à la définition de l'identité collective. C'est donc à l'intérieur d'une gamme servant la cohésion groupale que chaque individu puise les teintes auxquelles il attribue, ensuite, toutes sortes de qualités plastiques ou matérielles.
Source : op.cité
Questions :
Expliquez la phrase soulignée, à quelle démarche vue en cours fait-elle référence ?
Le choix d’une peinture relève t’il uniquement d’une décision individuelle, justifiez.

Document 3 :
Dès les premières époques de la civilisation, lorsque les hommes se penchèrent vers les mystères de leur destinée et puisèrent quelque réconfort dans les religions, tout un symbolisme de la couleur prit naissance (…) le symbolisme religieux des couleurs se répercute naturellement dans toutes les religions et dans diverses traditions avec de multiples variantes " (Déribéré 1980). La religion semble être le point de départ de la cristallisation d'une couleur comme appartenant à un groupe, en ce qu'elle a donné en héritage un certain nombre de teintes symboliquement chargées, dont l'usage persiste aujourd'hui sur les lieux de culte mais aussi, de façon plus discrète, sur les habitations. A la Réunion, où les temples tamouls jouxtent les églises et les mosquées, la répartition chromatique est particulièrement visible à partir de laquelle s'élaborent les gammes des différents groupes religieux, s'appréhende aisément. En schématisant, nous retenons alors principalement le bleu et le blanc pour les catholiques, mais aussi le vert ; pour les musulmans, le vert et le blanc ; pour les Chinois, le rouge et pour les Malbars, de religion tamoul, le jaune et le rouge. Il s'agit d'une base, et par exemple, la gamme élargie à laquelle s'astreignent les individus de sensibilité catholique contient le bleu, franc, clair ou pastel, le vert, forêt ou clair, le blanc, le beige, mais aussi le grenat et le marron traditionnels. Certaines teintes n'apparaissent pas qui coïncident avec celles appartenant à la même famille des couleurs chaudes et qui, émanant d'autres segments culturels, peuvent être stigmatisées.
Source : op.cité
Questions :
Quel rôle joue la religion dans le choix d’une couleur ?
Montrez que les différentes religions ne valorisent pas les mêmes couleurs.
Quelles répercussions peuvent avoir pour un individu le choix d’une couleur inadaptée à sa communauté d’appartenance ?

Document 4 :
Ainsi la couleur peut permettre le repérage du milieu social. De par les couleurs qu'ils choisissent, les individus se positionnent et la lecture des situations sociales semble accessible. Il est alors possible d'élaborer des catégories de couleurs, dont chacune correspondrait à une position, un niveau de vie et, plus globalement, de mettre en relation le dégradé (de la couleur saturée au blanc), et la structure sociale.
Il apparaît que plus le niveau de vie est bas, plus la couleur est saturée alors que plus le niveau de vie monte, plus le blanc s'immisce dans la peinture vive. La base de la pyramide correspond aux plus basses classes sociales, les plus conservatrices et respectueuses de la tradition colorée, celles pour qui la maison doit se montrer et dont les teintes doivent entrer en résonance avec celles du jardin. Le pastel est plutôt utilisé par des personnes âgées, pour la plupart agriculteurs à la retraite, dont le niveau de vie est très bas. Ils gardent la tradition de la peinture en couleur, mais cherchant la discrétion, délaissent la couleur saturée au profit de teintes plus claires. Marié au marron ou au pastel, le blanc est employé par ceux d'un âge moyen qui ont une vie sociale relativement ouverte, qui ont voyagé, dont les enfants poursuivent des études et qui sont, pour la plupart, dans le monde du travail. Ils correspondent à la catégorie d'individus se positionnant entre la tradition et les nouvelles tendances auxquelles ils ont facilement accès. Notons que parmi ceux-là, d'un niveau de vie moyen, il est quelques rares amoureux des cases créoles qui, à contre-courant du mouvement, se font fort de respecter, pour leur habitation, les spécificités de l'architecture traditionnelle, dans la facture comme dans la couleur. Le blanc total est traditionnellement adopté par l'élite, dont le niveau d'études est haut et les revenus importants. Quoi qu'il en soit, il a simplement été question ici de mettre au jour l'idée que la couleur de la maison est un moyen de situer des individus dans un contexte social ; et que la palette de couleurs allant de l'intensité à la clarté, entre dans une relation parallèle avec la pyramide sociale allant de la difficulté à l'aisance.
Au 17ème siècle, " le sceau moral de l'hygiène et de la propreté s'est imposé comme effet social avec l'extension du blanc civilisateur " (Brusatin 1996). Par suite, symbolisant la pureté et la puissance, le blanc s'est imposé dans les colonies et notamment à La Réunion, comme la couleur, par excellence, du pouvoir. Les administrateurs et les fonctionnaires marquaient leur importance en arborant le blanc aussi bien dans leur tenue que sur les édifices administratifs. Il ne s'agissait alors pas tant d'une couleur que d'un revêtement neutre (et pur) destiné à mettre en valeur la facture et les éléments architectoniques des constructions imposantes et solennelles de cette période. De nos jours encore, une grande et belle maison blanche est associée pour tous à la réussite, à une position élevée, au prestige. Avec le temps, le blanc devient, dans l'habitat, la teinte incontournable et moderne. "
Source : op.cité
Questions :
1. Opérez une typologie des couleurs :
· En fonction de la place dans la hiérarchie social
· Du niveau de revenu
· De la communauté
Comment l’auteur explique t’il la valorisation du blanc à la réunion ?

Document 5 :
Aujourd'hui, le blanc est considérablement utilisé au niveau de la construction publique, qu'il s'agisse de bâtiments neufs ou réhabilités. Devenu la couleur de reconnaissance des grandes demeures bourgeoises de style néo-classique, il se généralise sur toutes les formes d'habitat, individuel ou collectif, urbain ou rural. (…) Le goût populaire pour la couleur revêtant une connotation de vulgarité ou de pauvreté, est dénigré au profit du blanc. Signe de modernisme et d'aisance sociale, on voit dans l'adoption du blanc, une façon de se détacher des valeurs du passé " (Asselin-Etave, Garcia 1997). Descendant l'échelle sociale, le blanc est récupéré d'abord par les classes moyennes qui tiennent toutefois à garder quelques couleurs sur les ouvertures, marron le plus souvent, grenat ou pastel. Les individus se définissent eux-mêmes, au regard de leur case, comme étant " entre les deux ", entre Créole, (pour la tradition colorée) et Zoreil, (pour le blanc de la modernité). Si le blanc total est associé aux hautes classes et la couleur vive aux plus basses, l'utilisation calculée du blanc et d'une autre teinte se situe entre ces tendances tant au niveau chromatique que social. " Le blanc est une manière de se démarquer, de ne pas être impliqué dans la population générale. On trouve des cases blanches chez les musulmans, dans la bourgeoisie citadine ou propriétaire terrienne, chez les métropolitains. Aucune case en tôle ou case pauvre n'est peinte en blanc " (Fauvre-Vacarro 1985). Aujourd'hui pourtant, vingt-cinq ans après, c'est l'inverse qui se produit et de plus en plus nombreuses sont les petites cases en tôle dont le tour devient blanc. Devenu un héritage, un marqueur dans l'histoire de l'île, progressivement, le blanc descend l'échelle sociale pour finir par s'appliquer sur les habitations les plus humbles ; parce qu'il a pris statut de norme. Ainsi, aujourd'hui, il descend l'échelle sociale, passe des grandes cases aux petits bois-sous-tôle, alors que la couleur réapparaissant sous des formes nouvelles, redevient moderne. Intégrant ce phénomène, il s'agirait de revoir la constitution de la pyramide et des strates colorées. La couleur s'estompe donc au fil des époques, c'est pourquoi, associée à un manque de suivi de l'évolution, elle devient anomique. Appréciée sur certaines petites maisons traditionnelles, au nom du passé, pour la nostalgie, la couleur est émouvante ; en tant qu'élément de l'espace habité, elle est désormais inadaptée. Pour ceux des classes moyennes prônant l'usage du blanc sur la façade, la couleur est un vestige du passé et témoigne d'un manque d'adéquation à leur époque de la part de ceux qui en usent encore. On déduit alors qu'à chaque époque sa gamme colorée et qu'il est des modes à suivre pour s'adapter à son temps.
Source : op.cité
Questions :
Quelle était, selon Fauvre-Vacarro en 1985, la géographie sociale des couleurs ? µ
Expliquez la phrase soulignée, que traduit-elle selon P Bourdieu ?
Selon quelle logique s’est opérée l’adoption du blanc par les différentes catégories sociales ?

Document 6 :
Ainsi, la couleur est fonction de la gamme chromatique inhérente au groupe d'appartenance. Et l'individu doit faire face à la double contrainte suivante : ne pouvoir franchement s'inspirer d'une autre gamme que celle de son groupe culturel et puiser parmi les teintes préconisées.
Dès lors que la couleur émane d'une attitude rationnelle associée à une structure de contraintes, elle entre dans le processus de la décision. " La décision ne peut se réduire à un simple processus individuel et conscient. Une décision est toujours sous contraintes et sous influences. Elle fonctionne donc suivant une rationalité limitée, par des contraintes et des influences qui organisent à la fois les cadres de la perception de l'acteur et ses capacités à jouer dans le jeu social " (Desjeux 1993). Et le fait d'adopter une gamme de couleurs procède d'un arbitrage et fait partie d'un processus dans lequel l'individu doit décider, face à un réseau complexe d'influences qui vont conditionner ses préférences chromatiques. L'harmonie colorée est alors fonction de deux formes d'influences :
· centrifuges, lorsqu'elles proviennent du groupe dans lequel l'individu s'est socialisé,
· et centripètes, si elles agissent au contact de son ouverture sur l'extérieur.
Ainsi la liberté de choix de l'individu est relative, elle limite et conditionne ses préférences.
· Dans le cas de l'influence centrifuge, la famille, premier groupe social auquel il est confronté, constitue un lacis d'influences, qui inciteront à la légitimation et la reprise de certaines harmonies. Au même titre qu'une valeur ou une norme, un ensemble de couleurs apparaît et se cristallise, tout au long du processus de socialisation primaire, et fait partie de l'héritage. Les couleurs dans lesquelles l'individu a grandi ont de fortes chances d'être plus tard ses couleurs préférées, parce que c'est en fonction de ce déterminisme chromatique qu'il s'exprimera. Si cette influence se révèle le plus souvent dans un processus intergénérationnel descendant, elle peut aussi remonter les générations laissant les choix chromatiques des enfants influer sur ceux des parents
· Il arrive pourtant que le parcours de vie des individus les fasse s'éloigner de la tradition familiale et adopter d'autres façons de procéder. L'influence centripète, confrontant l'individu à des nouvelles normes, parmi lesquelles il choisira celles qui feront dorénavant référence, fait évoluer ou contrarie la reproduction chromatique. Subissant peu d'influence extérieure, l'individu sédentaire est prédisposé à reprendre les couleurs qui pour lui vont de soi ; l'individu enclin à l'ouverture sur l'extérieur s'éloignera des couleurs de son groupe et optera pour des teintes jugées plus modernes. Rejetant la réassurance chromatique, il rompt avec le passé et, par l'adoption d'éléments extérieurs, innove. C'est le fait de se détacher des modèles préétablis, que nous nommons émancipation chromatique. :
- Elle est partielle lorsque l'individu cherche un arrangement entre les normes de son groupe d'appartenance et celles de son groupe de référence. Des teintes traditionnelles (vives) se mélangent alors à des teintes plus modernes (claires), témoignant du fait que l'individu garde un attachement au passé, malgré une attirance pour la nouveauté.
- L'émancipation est dite totale quand elle est sans compromis. La maison des enfants n'a plus rien de commun avec celle des parents, ni dans sa couleur, ni dans sa facture et s'apparente plutôt aux maisons occidentales.
Source : op.cité.
Questions :
Quelle démarche est-elle développée dans la première phrase
Desjeux vous paraît-il en accord avec cette démarche
Distinguez influence centripète et centrifuge et donnez un exemple pour chacun issu des documents précédents.
Les deux influences sont-elles aujourd’hui contradictoires ou complémentaires, justifiez.


PARTIE II - DES CULTURES .

SECTION I - LES CULTURES NE SONT PAS HOMOGENES

I - DEFINITION DE LA SOUS-CULTURE (19 p 152)

Les sociétés modernes sont des sociétés complexes qui du fait de leur hétérogénéité imposent aux individus des modèles de comportement plus souples et moins contraignants que ceux des sociétés primitives. La diversité des catégories ou communautés qui caractérisent nos sociétés conduit alors à introduire la notion de sous culture c’est à dire :

Une sous-culture est le système de valeurs, normes et modèles de comportements, propre à un groupe social (les jeunes, les ouvriers, les occitans, etc.) lui permettant de se différencier et d’intégrer ses membres en développant une conscience collective sans pour autant s’opposer à la culture de la société.
Ainsi :
· la sous culture est en quelque sorte l’ aménagement d’un espace propre compte tenu des contraintes ou des opportunités des membres du groupe en fonction de leur place dans la société.
· les valeurs et normes de la sous-culture reflètent au moins en partie la culture de la société. En effet partie prenante du système social global, le groupe le plus souvent emprunte, voire subit les modèles culturels de ce système. Mais il peut , inversement , être un élément innovateur générant de nouvelles normes et de valeurs .
· les individus peuvent appartenir à plusieurs groupes et donc assimiler plusieurs sous-cultures qu’ils vont utiliser en fonction du contexte dans lequel ils se situent.

II – DEFINITION DE LA CONTRE-CULTURE

La contre-culture est la culture d’un groupe social dont les valeurs, les normes et les modèles de comportement s’opposent au foyer culturel légitime de la société dans laquelle il réside.

Il en résulte que :
· La contre-culture se différencie de la sous-culture en ce qu’elle affirme son autonomie, voire même sa volonté de destruction de la culture dominante et légitime
· Une contre-culture même quand elle affirme rejeter voire détruire la culture de la société dans laquelle elle se situe n’est jamais complètement autonome car les individus qui s’en réclament ont intériorisé la culture à laquelle ils s’opposent.
· Les traits contre culturels ne sont souvent qu’une inversion (parfois violente et exacerbée) de la culture légitime, toute contre-culture est donc une sous-culture.
· En réalité loin d’affaiblir le système culturel légitime, la contre-culture contribue à le renouveler et à développer sa dynamique propre car dans la plupart des cas les mouvements de contre-culture ne produisant pas d’alternative à la culture qu’il dénonce.

EXERCICE DE COMPREHENSION : 21 p 153.
Questions :
répondez aux questions 1à 3 du livre.



SECTION II - LA DIVERSITE DES CULTURES : DANS L’ESPACE ET DANS LE TEMPS

EXERCICE DE COMPREHENSION :

La baleine, exception culinaire nippone

Au coeur du quartier jeune de Shibuya, le Kujira-ya - le Restaurant de la baleine - est flambant neuf. Le vénérable établissement, vieux de plus d'un demi-siècle, célèbre pour ses menus de baleine, a été rénové il y a un an. Ses salles et salons particuliers en tatamis reproduisent une atmosphère traditionnelle. Au menu, de la baleine : crue (y compris du coeur), fumée, en ragoût, frite, à la coréenne, à l'indienne ou grillée comme un steak, en soupe... On ne compte pas moins d'une cinquantaine de plats. Le clou étant une friture de baleine au fromage... Le Kujira-ya achète une baleine entière, et son chef cuisinier en fait des plats de la tête à la queue. A la carte ou au menu dégustation, un repas coûte dans les 50 euros, et Kujira-ya fait salle pleine en fin de semaine.
La baleine occupe une place particulière dans l'histoire de la pêche au Japon. Dans les ports baleiniers, de petits sanctuaires honorent les "âmes" des animaux sacrifiés à l'appétit des hommes, et la cuisine à base de baleine a ses lettres de noblesse : elle figure dans un livre de recettes du XVe siècle. La pêche a été un ferment d'identité et de solidarité des communautés de pêcheurs, et les baleiniers font valoir qu'alors que l'Occident a décimé les mers pour tirer uniquement de l'huile des baleines, "dans (leur) cas, on ne jette rien". Tout est utilisé à des fins alimentaires ou industrielles.
La virulence de la bataille entre partisans et adversaires de la chasse a donné un tour émotionnel à cette tradition culinaire nippone. "La baleine est devenue la 'vache sacrée' des Occidentaux", dit un jeune convive venu avec sa femme et son fils. Une antienne souvent entendue en réaction aux pressions étrangères. Notre interlocuteur reconnaît ne pas spécialement aimer la viande de baleine, mais être irrité par ce qu'il considère comme un "impérialisme culinaire". La baleine n'est-elle pas une espèce menacée ? "Il y a différentes espèces de baleines. Certaines doivent être protégées, mais pas toutes", rétorque-t-il.
A Tokyo, une centaine de bistrots à saké servent de la viande de baleine parmi d'autres petits plats et amuse-gueule. Mais guère plus d'une trentaine à travers le pays sont spécialisés et ne servent que du cétacé, certains allant jusqu'à proposer les organes génitaux de l'animal. C'est dans les quatre ou cinq ports de baleiniers qu'ils sont les plus nombreux.
Crue, la viande de baleine, rouge comme celle du boeuf, s'accommode bien avec le saké, disent les amateurs. Pour beaucoup, elle est un peu fade, et, à moins d'apprécier d'avoir dans son assiette comme un steak saignant qui a une saveur d'eau de mer, elle peut laisser indifférent.
Au Kujira-ya, comme au Taruichi, autre restaurant spécialisé du quartier nocturne de Shinjuku, à Tokyo, l'atmosphère est bon enfant. Chaude comme celle de tous les bistrots où l'on boit force saké. Pour les Japonais de la génération née au lendemain de la guerre, la viande de baleine rappelle l'enfance : jusqu'au début des années 1960, le Japon était pauvre et la viande de baleine faisait partie de l'ordinaire des cantines scolaires. Elle était bon marché et riche en protéines animales. Aujourd'hui, elle n'est guère appréciée des jeunes.
La majorité des Japonais mange rarement de la baleine ou ne l'aime guère. Les partisans de la chasse font valoir qu'en raison de sa rareté elle est trop chère. C'est sans compter peut-être avec l'évolution du goût des jeunes générations, bien qu'à Hakodate (Hokkaido) la baleine soit passée dans le fast-food sous forme de friture sur le modèle du Kentucky Fried Chicken. Selon une enquête commanditée à Nippon Research Center par Greenpeace, 60 % des Japonais sont opposés à la chasse commerciale et 20 % n'ont jamais mangé de baleine de leur vie. Les cétacés consommés proviennent de "la chasse à fin scientifique" autorisée par le moratoire, mais dont les adversaires estiment qu'elle revient à une chasse commerciale déguisée.
Source : Philippe Pons, le Monde,Article paru dans l'édition du 24.06.06
Questions :
1. Comment considérez vous la chasse à la baleine ?
2. Quelle est la place de la baleine dans la culture japonaise ?
3. Expliquez la phrase soulignée
4. Comment évolue la gastronomie japonaise, comment pouvez vous l’expliquer ?


SECTION III - CULTURE : ENTRE INTOLERANCE ET POUVOIR

I - CULTURE ET ETHNOCENTRISME .

Comme l’indique Lévi-Strauss, la majorité des sociétés considèrent que « l’humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique parfois même du village ». Ceci les conduit à s’autodésigner du nom d’homme et donc à refuser aux autres peuples le statut d’être humain. Ainsi, les hommes ont tendance à tenir pour naturel ce qui est culturel, ce qui les conduit à porter des jugements dévalorisants sur les autres cultures c’est à dire à être ethnocentriste (cf. chapitre 1)

II - LES CULTURES SONT HIERARCHISEES

Comme l’indique D Cuche: « si toutes les cultures méritent le même attention et le même intérêt de la part du chercheur, cela ne permet pas d’en conclure qu’elles sont toutes socialement reconnues de même valeur »
Il existe en effet une hiérarchie de fait entre les cultures qui résulte de la hiérarchie sociale. Dés lors parler de culture dominante ou de culture dominée , c’est recourir à des métaphores, dans la réalité ce sont des groupes sociaux qui sont en rapport de domination et de subordination les uns par rapport aux autres .


SECTION IV - DEUX ECUEILS : LA MARCHE VERS UNE CULTURE DITE CIVILISEE OU LE RELATIVISME CULTUREL

I - LA MARCHE VERS UNE CULTURE DITE CIVILISEE

A- LES THEORIES EVOLUTIONNISTES


A l ‘époque des lumières s’est développé le courant évolutionniste évoquant l’adoucissement des mœurs, le développement des arts, le respect des institutions politiques dont les effets sont ambivalents :
· il est un facteur de progrès car il postule l’unité du genre humain donc rejette l’idée de race.
· mais il n’est pas sans dangers car il considère que :
- il y aurait un progrès des civilisations humaines
- ce progrès serait historiquement nécessaire, il existerait des lois de l’évolution applicables à toutes les sociétés humaines
- l’histoire de l’humanité suivrait une évolution linéaire et continue orientée vers un avenir meilleur
- Ce progrès traduirait un perfectionnement des sociétés qui passerait du simple au complexe : du sauvage inférieur au barbare pour atteindre enfin le stade de la civilisation

Les postulats sur lesquels ce courant repose sont fortement contestables car :
· contrairement ce que postulent les évolutionnistes , on ne peut affirmer que les sociétés primitives sont caractérisées par la simplicité de leur système social et culturel et que nos sociétés seraient plus complexes. Certes les peuples andins n’utilisaient pas la roue même s’ils la connaissaient mais ils avaient développé des états centralisés dont la complexité n’a rien n’a envié aux nôtres.
· donc contrairement aux pré-supposés des évolutionnistes il n’y a pas de trajectoire historique unilinéaire de l’humanité, l’ordre d’apparition des phénomènes est variable selon les sociétés , les logiques historiques sont irréductibles à toute notion de nécessité.
· L’idée que l’intégration progressive des peuples non civilisés, des sauvages soient souhaitables est d’autant plus contestable qu’elle a souvent servi de justification à la colonisation .

B - RISQUENT DE GENERER DES DERIVES : L’ETHNOCIDE ET LE GENOCIDE

L’ethnocentrisme peut ainsi mener au racisme qui postule :
· qu’il existerait des différences d’ordre naturel entre les peuples : des races
· qui permettraient de justifier une supposée supériorité d’une race sur les autres
· dont la pureté serait menacée par les peuples définies comme inférieurs
· afin d’éliminer tout risque de mélange des races serait alors mis en œuvre un génocide

un génocide peut être défini comme l’extermination physique systématique d’une population (exemple le génocide du peuple juif)

L’ethnocide doit selon les sociologues et ethnologues être différencié du génocide :
· comme l’indique P Clastres : « le génocide assassine les peuples dans leurs corps, l’ethnocide les tue dans leur culture ».

l’ethnocide peut ainsi être définie comme une volonté d’extermination systématique de la culture d’un peuple

C’est l’exemple de l’Amérique du Sud après 1492 :
- l’Europe catholique imposa son autorité et soumit les indiens à l’esclavage
- mais elle voulut en plus extirper l’idolâtrie
- pour cela elle interdit et réprima par la force tout ce qui pouvait avoir un caractère sacré dans les cultures indiennes
- le christianisme ne s’attaqua pas au corps mais à l’âme qu’il détruisit le plus souvent en voulant la redresser au nom d’une prétendue civilisation.

Remarque : ethnocide et génocide se recoupent en partie car le meurtre de la culture signifie la destruction de la personne dans son identité profonde et la conduit donc à une déchéance physique et morale qui n’est souvent qu’une mort différée.

II - LE RELATIVISME CULTUREL

A - VERS UNE MACDONALDISATION DE LA CULTURE ? (23 p 154)

Certains sociologues dont A Mattelart :
· s’inquiètent d’une tendance à l’uniformisation culturelle qui risquerait de conduire à terme à la disparition des cultures les plus fragiles et les plus minoritaires. Ce qui conduirait à un appauvrissement de la diversité culturelle
· cette uniformisation qui a pu être dénommée la mac donaldisation de la culture résulterait :
- d’une consommation de masse dont les symboles sont aujourd’hui universels (ex le mac do ou le coca cola)
- du développement des réseaux techniques de l’information en temps réel (cf. CNN)
- de la mondialisation des économies résultant du développement du libre-échange censé apporter à tous croissance et bien-être.

B - LES RISQUES DE DERIVE DU RELATIVISME CULTUREL.

· Le relativisme culturel est souvent compris comme un principe préconisant la neutralité à l’égard des différents cultures, car toute production humaine n’a de sens que dans le contexte de la culture qui l’a fait naître et donc on doit se garder de tout jugement de valeur assimilable à de l’ethnocentrisme
· Mais cette conception n’est pas sans danger :
- puisqu’elle peut conduire à considérer que toutes les pratiques sont également respectables puisqu’elles ont sens dans leur contexte culture.
- la neutralité éthique (louable) peut alors conduire à cautionner des pratiques sociales s’opposant aux droits fondamentaux établis par la déclaration des droits de l’homme (excision, guerre sainte, esclavage)


EXERCICE DE COMPREHENSION :

S'il n'est plus possible de fonder une morale sur un dogme unique préexistant, il est cependant pensable de rationaliser a posteriori des morales particulières. Cela peut conduire à une universalité de fait, obtenue par consensus, exprimée en particulier dans certaines déclarations internationales telles que la Déclaration universelle des droits de l'homme. Pourtant, cette déclaration est parfois accusée d'ethnocentrisme, reflétant trop nettement les valeurs occidentales et imposant en quelque sorte un colonialisme culturel aux autres peuples. Est notamment critiquée la primauté du droit des individus, orientation très différente, par exemple, de celle adoptée par les sociétés traditionnelles d ‘Afrique noire, qui insistent sur l'appartenance de l'individu à la communauté. Le caractère laïque de la déclaration est aussi dénoncé, comme le montre cette intervention d'un représentant de la république iranienne devant l'ONU : « La Déclaration universelle des droits de l'homme, qui illustre une conception laïque de la tradition judéo-chrétienne, ne peut être appliquée par les musulmans et ne correspond nullement au système de valeurs reconnu par la république islamique d'Iran ; cette dernière ne peut hésiter à en violer les dispositions, puisque il faut choisir entre violer l’islam ou les conventions »
SOURCE : les droits de l’homme, ultime valeur universelle? In les valeurs en questions, sciences humaines, n°79, janvier 1998.
QUESTIONS :
- Quels sont les trois paragraphes que l’on peut faire apparaître, donnez un titre à chacun reflétant l’idée principale du texte ?
- La position iranienne vous semble t’elle acceptable ? Justifiez votre réponse.



SECTION V - LA RENCONTRE DES CULTURES

I - DEFINITION DE L’ACCULTURATION (20 p 152)

Selon la définition classique de Redfield, Linton et Herskovits l’acculturation est
« l’ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraîne des changements dans les modèles culturels initiaux de l’un ou des deux groupes » Ainsi :
· chaque société possède un foyer culturel qui la caractérise, un noyau dur en fonction duquel elle sélectionne les apports extérieurs : elle ne les intègre que dans la mesure où ils sont compatibles.
· il est ainsi très rare que, malgré la violence du choc culturel que peut représenter l’acculturation (par exemple en cas de colonisation), la culture primitive disparaisse complètement. Généralement la culture survit en réinterprétant les traits culturels compatibles.
· L’acculturation s’opère d’ailleurs rarement à sens unique, R Bastide parle ainsi de double acculturation afin de qualifier les répercussions que la rencontre des cultures à sur chacune des sociétés .
· Néanmoins la capacité d’une culture a influencé l’autre est inégale selon les rapports de pouvoir qu’elles entretiennent . En particulier l’intégration d’éléments nouveaux sera d’autant plus faciles que les groupes dominants seront les porteurs des nouvelles valeurs ou normes.

II - LES PROCESSUS DE L’ACCULTURATION

Les processus acculturatifs varient mais ces variations ne s’opèrent pas au hasard. On peut ainsi dégager un certains nombre de types :
· Suivant que l’acculturation s’opère dans l’amitié (ex l’apport d’éléments culturels US après la libération) ou dans l’hostilité (en cas de colonisation forcée)
· Suivant que les cultures sont proches (exemple : le processus de construction d’une Europe culturelle), ou éloignées et peu compatibles (exemple : la rencontre des cultures européennes et africaines au 19 ème siècle)
· Suivant que les populations en contact sont démographiquement égales (exemple l’amitié franco-allemande ) ou au contraire que l’une est majoritaire (exemple :les indiens d’Amérique du Nord face aux colons)
· Enfin suivant le lieu où se produisent la rencontre. Les processus d’acculturation sont ainsi très différents dans le cas ou le contact s’opère dans une algérie colonisée ou quand un immigré algérien vient travailler en France.
Malgré ces variations on peut dégager un certain nombre de constances qui caractérisent le processus dynamique dans lequel s’opère l’acculturation :
· on constate d’abord une période d’opposition de la culture native à la culture conquérante ou dominante
· puis si le contact se prolonge se produit une sélection par la culture native des traits offerts par la culture conquérante : certains traits sont acceptés et deviennent dés lors partie intégrante de la nouvelle culture en formation, alors que d’autres sont refusés pour cause d’incompatibilté.
· On distingue alors généralement trois types de conséquences :
- l’adoption qui peut conduire à l’assimilation c’est à dire à la disparition d’une des deux cultures qui acceptent intégralement les valeurs de l’autre, mais elle doit être volontaire , sinon la culture dominée continue d’imprégner la culture dominante
- la combinaison c’est à dire la constitution d’une culture syncrétique ( ou métisse) c’est à dire que de la rencontre des deux cultures naît une culture nouvelle qui peut être une véritable synthèse ou une configuration éclectique adaptable selon les comportements et les situations.
- la réaction à cause de l’oppression ou des conséquences négatives imprévues résultant de l’adoption de traits étrangers peut s’opérer un processus de contre-acculturation, c’est à dire un mouvement de refus actif de la culture dominante qui peut générer une contre culture préconisant la restauration du mode de vie antérieur au contact (mode de vie lui-même réinterprété donc largement mythique)

Remarque :
· contrairement à ce qui est souvent affirmé (au moins implicitement) l’acculturation ne produit pas des êtres hybrides, malheureux et inadaptés.. Ce type d’affirmation repose sur l’idée (fausse) que le métissage culturel serait un phénomène négatif voire pathologique traduisant une perte de repères irréparable.
· Il faudrait inverser la perspective : aujourd’hui on ne part plus de la culture afin de comprendre l’acculturation mais de l’acculturation pour mieux appréhender la culture. En effet aucune culture n’existe à l’état pur, identique à elle-même depuis toujours. Le processus d’acculturation est un phénomène universel : toute culture est un processus permanent de construction, déconstruction et reconstructions. Certains préconisent alors selon D Cuche de « remplacer le mot culture par celui de culturation pour souligner cette dimension dynamique de la culture

1 commentaires:

Anonyme a dit…

felicitation pour votre blog, c'est vraiment impressionnant!
Je n'aurai pas pensé qu'un p'tit vieux, taupe sur les bords arriverai à faire ça!
ils etaient quand meme bien vos cours maintenant que j'y pense, ça arriverai presque à me manquer !
En tout cas bonne continuation sur la voie des nouvelles technologies.

ps: l'exercice de comprehension sur l'exeption culinaire nippone est particulierement appreciable!-)