Dissertation première : la concurrence est-elle viable ?

CORRECTION DE LA DISSERTATION: LA CONCURRENCE EST-ELLE VIABLE ?
DISSERTATION N°1 2004-2005 : La concurrence est-elle viable ?

DOCUMENT 1 :
Cette évolution entraîne une tendance croissante au monopole, ou du moins à l'oligopole à l'échelle mondiale. Une tendance d'autant
plus marquée que le produit et le marché sont récents. L'archétype en est Intel, dans le domaine des microprocesseurs, ou Microsoft, dans les logiciels, mais le même genre de situation s'observe pour tous les produits récents comme le DVD, le télé … Il s'agit d'une tendance ancienne du capitalisme, déjà analysée il y a plus de cinquante ans par l'économiste Joseph Schumpeter : le marché tend à détruire la concurrence.
Contrairement à ce que disent les libéraux, ce n'est pas forcément économiquement dommageable : la concurrence entraîne en effet un gaspillage considérable. Elle implique que des équipes mènent en parallèle les mêmes recherches, que des armées de commerciaux se disputent les faveurs des clients sans ajouter quoi que ce soit d'utile aux produits qu'ils vendent, que les entreprises implantent des bureaux ou des usines tout en sachant que les capacités ainsi constituées sont excédentaires, mais aucune de ces entreprises ne peut a
minimum de barrières.
SOURCE : G.Duval , Des multinationales de plus en plus puissantes , Alternatives économiques , n° 56 , 2° trimestre 2003

DOCUMENT 2 :
A :
SOURCE : Les multinationales étendent leur emprise , Alternatives économiques , Les chiffres de l’économie n°58 , 4° trimestre 2003, p 66
B : pbes éco 2591 p 69
SOURCE : Le pari risqué de la croissance externe , Problèmes économiques n°2591-2592 ,18-25 novembre 1998

DOCUMENT 3 :
Les années 80 ont été marquées par une vague sans précédent de fusions-acquisitions au niveau mondial. Malheureusement, le taux de réussite de ces opérations s'est révélé être très faible. Selon nombre d'analystes, 80 % des acquisitions réalisées par des groupes américains n'auraient jamais dû être menées ; au niveau mondial, les trois quarts des entreprises acquéreuses elles-mêmes estiment avoir payé trop cher leurs acquisitions. Les acquisitions présentent, en effet, deux grands types d'inconvénients. Le premier est « l'indigestion ». Une fois acquise, l'entreprise cible est souvent perturbée dans son fonctionnement par sa nouvelle maison mère. Soit ses avantages spécifiques s'amenuisent, soit ses compétences sont trop difficiles à capter et à utiliser. Nombre de PME innovantes acquises par des grands groupes, comme par exemple des petites entreprises de biotechnologies achetées par des firmes pharmaceutiques, sont
gagnées par la bureaucratie de l'acheteur et perdent la flexibilité et l’aptitude à innover qui faisaient tout leur intérêt au départ, quand elles ne perdent pas leurs meilleurs ingénieurs et cadres.
Le deuxième problème des fusions- acquisitions est là difficulté à « recracher les pépins ». En effet, l'entreprise acquise comprend la plupart du temps des activités ou des actifs sans intérêt pour la maison mère, soit parce qu’ils entraînent des diversifications non souhaitées , soit parce qu'ils font double emploi. S'en défaire avec profit n’est pas toujours évident. • ,
SOURCE : B. Garrette, P. Dussatge,Les stratégies d’alliance , 1995

DOCUMENT 4 :
Tout commence en Angleterre à la fin des années 70. Un fabricant d'aliments pour bétail parvient à limiter la température de cuisson
nécessaire à transformer les déchets en farine, et donc le prix de revient du produit, qu'il peut donc vendre moins cher que ses concurrents.Malheureusement, à cette température, le prion responsable de la tremblante du mouton (maladie connue de longue date) n'est plus détruit. Les farines contaminées se répondent dans toute l'Europe avec le succès que l'on sait'. Aurait-on pu empêcher la dissémination de ces farines infectées ? [...] On sait aujourd'hui que les farines animales anglaises ont circulé jusqu'en 1996 ; soit dix ans après la découverte du premier cas de vache folle. Et quand, en 1988, les Britanniques interdisent l'utilisation de farines animales pour
les bovins, faisant d'un coup chuter les prix, ce sont les producteurs d'aliments français qui se jettent surla bonne affaire en rachetant les
stocks. Entre 1988 et 1989, les importations françaises de farines animales anglaises et irlandaises sont multipliées par cinq ! Nos fabricants ne pouvaient pourtant ignorer les vraies raisons de la chute des cours outre-Manche.
SOURCE : Les Dossiers du Canard enchaîné, juillet 2000.

DOCUMENT 5 :
Les opérations de concentration se sont multipliées au cours des dernières années , tant en Euroland qu’aux États-Unis. Tous les secteurs économiques sont touchés. Les banques d'investissement auraient conseillé sur le seul premier trimestre 2000 près de 8 200 fusions pour un montant total de 760 milliards de dollars. Ce chiffre est en baisse de 32 % par rapport au trimestre précédent, tant le mouvement de concentration d'entreprises avait été fort en fin d'année dernière.
De fait, les fusions et acquisitions internationales ont connu un essor rapide ces dernières années. Indissociables du phénomène de mondialisation, elles ont redonné un nouveau visage à l'industrie mondiale. La valeur des fusions et des acquisitions à travers le monde a été multipliée par six entre 1991 et 1998, passant de 85 à 558 milliards de dollars. Les six opérations les plus importantes ont été estimées à 169 milliards de dollars. En 1998, les fusions et acquisitions internationales étaient en hausse de 60 % par rapport à 1997, et plus de deux fois supérieures aux chiffres de 1996.( … )
Derrière ces opérations, l'idée de base est que « 1 + 1 » ne font pas 2, mais 3 voire 4 ! De la fusion doit naître une nouvelle entité, qui, au niveau de l'actionnaire du moins, permettra une plus grande rentabilité du capital.
SOURCE : R.Khaber , J.L.Mourier , C.Parisot , Les fusions d’entreprises , une logique économiques , Recherche économique et financière , juillet-août 2000

DOCUMENT 6 :
C’est écrit dans tous les manuels : pour que le marché fonctionne à l'avantage des consommateurs, il faut que la concurrence qui y règne soit pure et parfaite. C'est-à-dire qu'il y ait un grand nombre d'entreprises produisant le même bien (ou service), une information complète des consommateurs pour guider rationnellement leurs décisions d'achat et, enfin, la possibilité pour une firme donnée d'entrer sur un marché (ou d'en sortir) facilement et sans coût prohibitif.
Cette dernière condition est, à l'évidence, centrale : c'est elle en effet qui permet à de nouveaux producteurs d'apparaître, dès lors que la profitabilité d'une production donnée se révèle intéressante, ou, à l'inverse, à des entreprises en place de cesser une production qui se révèle insuffisamment rentable pour se reconvertir dans d'autres activités. Grâce à cette liberté d'entrer et de sortir, les prix pratiqués attirent ou repoussent les investissements. Et la production s'adapte aux évolutions de la demande, sans qu'un producteur puisse bénéficier sur une longue période d'un surprofit ou, à l'inverse, soit enfermé dans une activité insuffisamment rentable sans possibilité d’en sortir, de crainte de tout perdre .
II suffit d'observer la réalité pour s'apercevoir que nous sommes bien éloignés de ce monde de concurrence pure et parfaite. ( … )
L'existence d'économies d'échelle, c'est-à-dire le fait que, lorsque la production d'une firme augmente, ses coûts unitaires diminuent : pour être compétitif, le nouvel entrant doit donc parvenir à produire (et à vendre) d'emblée au moins autant que ses concurrents déjà installés, ce qui est un sérieux pari, ou, à défaut, accepter de vendre à perte jusqu'à ce qu'il parvienne à produire autant que les autres. Quant à ces derniers, connaissant cette réalité, ils ont intérêt au contraire à augmenter leur production : leurs coûts unitaires de production se réduisant (économies d'échelle), ils pourront baisser leurs prix et ainsi empêcher l'apparition de ce nouveau concurrent. Ford, Général Motors ou Renault ont beau faire des profits parfois très élevés, on ne voit pas pour autant apparaître de nouveaux concurrents : quel nouveau producteur pourrait, d'emblée, parvenir à vendre 2 à 3 millions de véhicules par an, taille minimale pour que les économies d'échelle permettent de pratiquer des prix de vente analogues à ceux des producteurs en place ?
Les besoins de capitaux : chacun sait que, pour produire, il faut investir. Mais une part croissante de l'investissement en question réside dans un lancement publicitaire ou dans la formation du personnel. En cas d'échec, on peut éventuellement revendre les machines et les ordinateurs achetés pour produire, mais les investissements commerciaux sont perdus. C'est parce qu'elles le savent que les firmes qui produisent des détergents font tellement de publicité (laquelle représente fréquemment un quart du coût de production) : il n'est pas très compliqué de fabriquer des détergents, mais le ticket d'entrée sur un marché dominé par une demi-douzaine de firmes est très coûteux
et risqué, puisque, pour parvenir à se faire connaître par les consommateurs, il faut investir des sommes colossales dans la publicité. ( ..)
La liste est impressionnante : on en déduit qu'en dehors de quelques activités de faible importance (restauration, brocante, courses...) il faut être particulièrement riche et téméraire pour venir marcher sur les plates-bandes de concurrents déjà bien installés et connus. Encore ne s'agit-il que des obstacles à l'entrée. D'autres obstacles existent à la sortie. Les firmes pétrolières installées en mer du Nord, par exemple, ont bravement continué à extraire du pétrole entre 1985 et 1990, bien que ce soit à perte. L'explication : l'essentiel de leurs coûts était déjà supporté et ces coûts passés (recherche, forage, matériel d'extraction, formation du personnel, terminal d'expédition...) auraient engendre un déficit plus lourd si la production avait dû s'arrêter.
Conséquence : le marché n'est pas optimal. Comme c'est gênant, on a trouvé deux parades : l'intervention publique et la concurrence potentielle. Le premier cas est illustré dès 1890 par le Sherman Act aux États-Unis, législation qui s'est ensuite considérablement enrichie et dont on trouve des répliques en Europe. Il s'agit de veiller à maintenir un minimum de concurrence et d'interdire les fusions qui risqueraient de donner à certaines entreprises une position dominante dont elles pourraient abuser.( … )
Cette solution, pourtant, n'était pas sans poser de problèmes : elle signifiait que, sans pouvoir de tutelle, le marché n'était pas une instance capable d'autorégulation. ( … )
Aussi ne faut-il pas s'étonner que le renouveau du courant libéral se traduise dans les années soixante-dix par une nouvelle approche en matière de concurrence. C'est bien sûr à l'université de Chicago, haut lieu de la pensée libérale, que ce renouveau vit le jour, sous l'impulsion notamnent de Harold Demsetz . Si, dans un domaine donné, une seule firme - en situation de monopole - subsiste, c:'est qu'elle s'est montrée plus efficace que les autres ( … )
Pour l'école de Chicago, le seul vrai critère de monopole, le seul risque d'abus, réside dans les barrières à l'entrée. En effet, en l'absence de ces dernières, dès lors qu'une firme en place réalise des surprofits de monopole, c'est-à-dire des profits qui ne résultent pas de son efficacité propre, mais de son pouvoir de marché, de l'absence de concurrents, ces surprofits vont attirer des candidats. S'il existe des barrières à l'entrée, empêchant ces candidats de se révéler, alors la firme en place va effectivement pouvoir vendre ses produits ou ses prestations à un prix durablement plus élevé que celui justifié par sa seule efficacité. Si la firme en situation de monopole veut le demeu-
rer, elle n'a donc pas intérêt à pratiquer de surprofits ; la concurrence potentielle l'en dissuade.
Et Demsetz d'ajouter perfidement que, dans la plupart des cas, les barrières en question proviennent des pouvoirs publics eux-mêmes : licences de taxi, concessions de chemin de fer ou de pompes funèbres, autorisations de dessertes aériennes ou, pour prendre un xemple en France, d'ouverture d'officine pharmaceutique.
SOURCE : D.Clerc , Une concurrence ni pure ni parfaite , Problèmes économiques n°2572 , juin 1998

CORRECTION


Dans le hors-série d’Alternatives économiques « Les chiffres de l’économie 2004 » , G.Duval écrit : « Depuis 20 ans , la mondialisation a donné lieu à un développement spectaculaire des entreprises multinationales . La vague de fusions acquisitions qui a déferlé à la fin des années 90 a même accéléré sensiblement le processus . Une part significative de ces opérations était liée à la fièvre spéculative qui s’était emparée des marchés financiers . Aussi , depuis l’éclatement de la bulle spéculative , les fusions marquent-elles le pas . Cela ne modifie pas cependant la situation ainsi créée : un seuil probablement irréversible a désormais été franchi dans la concentration et dans l’internationalisation des firmes » .
Ainsi , la concentration qui est l’acroissement de la taille d’un entreprise devrait génèrer obligatoirement la disparition de la concurrence qui peut être définie avec ses 5 caractéristiques principales : atomicité , homogénéité , libre-entrée ,mobilité des facteurs de production , transparence . Mais les mauvais résultats économiques des concentrations observés à la fin des années 90 ont remis à l’honneur le modèle de cpp qui est , pour les néo-classiques , la meilleure forme d’organisation économique ; la concurrence paraît donc viable , puisqu’aucune autre forme d’organisation est supérieure . Or ces avantages ne sont que théoriques ; dans la réalité la concurrence aboutit inéluctablement , de manière endogène ,à sa destruction ; « ce qui n’est pas forcément dommageable : la concurrence entraîne un gaspillage considérable » ( doc 1 )

I -

« C’est écrit dans tous les manuels : pour que le marché fonctionne à l’avantage des consommateurs , il faut que la concurrence qui y règne soit pure et parfaite » ( doc 5 ) . Pour les libéraux , la concurrence est obligatoirement viable , car elle est la meilleur forme d’organisation économique et sociale : elle assure croissance et justice sociale , alors que les autres formes d’organisation du marché sont inefficaces .

A – LES LIMITES DE LA CONCENTRATION

1 – CONSTAT : L’ECHEC DES MOUVEMENTS DE CONCENTRATION

« Les années 80 ont été marquées par une vague sans précédente de fusions-acquisitions au niveau mondial » . Mais les résultats qualitatifs ne sont pas à la hauteur des données quantitatives : « 80% des acquisitions réalisées par des groupes n’auraient jamais dû être menées ; au niveau mondial les trois quarts des entreprises acquéreuses elles-mêmes estiment avoir payé trop cher leurs acquisitions » ( doc 3 ) .

2 – DES RAISONS MULTIPLES

L’échec de ces fusions s’explique par des facteurs économiques et culturels ( doc 3 ).
Les raisons économiques portent sur l’inefficacité de la grande taille et sur les secteurs regroupés .La grande entreprise devient une structure bureaucratique : il y a un développement de la hiérarchie , des règles écrites de plus en plus nombreuses qui empêchent l’innovation . A cet effet de taille s’ajoute un effet de secteur car « l’entreprise acquise comprend la plupart du temps des activités sans intérêt pour la maison mère , soit parce qu’ils entraînent des diversifications non souhaitées , soit parce qu’ils font double emploi » ( doc 3 ) .
Les mauvais résultats économiques peuvent souvent s’expliquer par la perte des meilleurs cadres et ingénieurs de l’entreprise acheté . Ce départ résulte des chocs culturels provenant de la fusion .En effet , une entreprise n'est pas seulement une entité qui souhaite atteindre le profit maximum en produisant, c'est aussi un groupe de personnes qui ont une culture commune , des manières de penser et de travailler spécifiques à l'entreprise . L'échec de la fusion peut alors s'expliques par deux types de raisons complémentaires : soit la nouvelle entité fait table rase des cultures précédentes mais a des difficultés à en élabore une nouvelle ; soit le groupe qui rachète l'entreprise décide de supprimer les modèles de gestion et de travail précédents pour imposer les siens . Une réelle acculturation doit donc avoir lieu : les salariés doivent abandonner leurs valeurs et normes traditionnels pour acquérir ceux du nouveau groupe . Comme tout processus de déculturation opérée par la force , il peut engendrer des attitudes de rejet qui sont alors contre-productives : les salariés vont réduire leurs efforts , être moins innovants et dynamiques . C'est le type de déconvenues qu'ont connues certaines compagnies américaines lorqu'elles ont sous-estime l'importance de la culture locale d'une entreprise . En dépit des effets d'homogénéisation à la mondialisation des activités , l'Amérique et ses méthodes de gestion et de direction restent différentes de celles du reste du monde . Les fusions internationales sont donc encore plus difficiles que la concentration d'entreprises de même nationalité , car les cultures sont encores plus éloignées : s'ajoutent des problèmes de langue , de modèles de gestion . Ainsi, les modèles français et américain de gestion se révèlent très différents : le salarié français est fier de sa qualification et est prêt à faire preuve d'initiative en ce qui concerne son métier ; en revanche, le salarie américain souhaite une définition claire des objectifs par son chef.


3 – LA CONCENTRATION N’EST PAS VIABLE

Cette inefficacité économique des grandes entreprises explique que les situations de monopole soient rares . Selon H.Demetz « si , dans un domaine donné , une seule firme –en situation de monopole- subsiste , c’est qu’elle s’est montrée plus efficace que les autres « ( doc 6 ) . Si ce n’est pas le cas , la concurrence potentielle joue : de nouveaux producteurs vont entrer sur le marché pour réaliser des profits supplémentaires . Ce n’est donc pas le nombre de producteurs qui détermine la concurrence , mais la possibilté qu’ont de nouvelles entreprises d’entrer sur le marché .


B – LA CONCURRENCE PURE ET PARFAITE RESTE DONC LA MEILLEURE ORGANISATION ECONOMIQUE

En revanche , le marché de cpp assure la croissance économique maximale . Cela tient aux structures fondamentales du marché de cpp .
La base essentielle tient en une conception particulière de l’individu développée par les libéraux : l’homo oeconomicus qui est un êttre rationnel et égoïste , c’est-à-dire que l’individu réfléchit pour obtenir le maximum de profit matériel . Il va donc mettre en place toutes une série d’actions pour atteindre ce but . Il va donc utiliser son travail , ses capitaux de manière à créer le plus de richesses possibles . C’est ce qui explique aussi la capacité d’innovation des petites entreprises : elles sont aptes à innover car elles sont flexibles et que l’entrepreneur est incité à innover car les gains lui reviendront ( doc 3 ) .
Le marché de cpp est donc une organisation juste , puisque la rémunération de chacun dépend de ses efforts . Et cette recherche du gain individuel est bénéfique pour tous , puisque les individus sont incités à travailler beaucoup , à épargner , à investir , ce qui favorise la croissance économique . C’est le phénomène de la main invisible ; l’intérêt individuel sert l’iintérêt collectif : en recherchant son propre profit , on assure le bien-être de tous .
Ces homo oeconomicus vont agir sur le marché de cpp où la loi de l’offre et de la demande assure une régulation par le prix . Celui-ci joue des rôles essentiels dans l’économie : il coordonne les actions individuelles , puisque le prix indique les raretés : un prix élevé montre que le bien est demandé et incite les entreprises à le produire ; il rationne et responsabilise , puisqu’il signale aux individus et aux entreprises qu’ils ne peuvent pas tout acquérir , ils sont obligés de faire des choix .
C’est la conjonction de ces deux facteurs qui assurent que le marché est efficace : il va y avoir allocation optimale des facteurs de production , c’est-à-dire qu’ils vont être utilisés dans la profduction qui est la plus rentable . En effet , il va y avoir une concurrence entre les entreprises pour obtenir les facteurs de production . Celles qui pourront les acheter seront celles qui sont les plus rentables , celles qui font le plus de profit .

La concurrence pure et parfaite est a piori viable car il n’existe pas d’alternative capable d’être aussi efficace , de créer autant de richesses , tout en étant équitable .Or , la démonstration de la supériorité du modèle de cpp n’est que théorique , car le modèle est très simplifié et ne correspond pas à la réalité .


II –

En effet , on note , depuis le début des années 80 , une accélération des mouvements de concentration générant des situations de monopole ou d’oligopole . Cela s’explique par des facteurs endogènes , propres au modèle lui-même : « il s’agit d’une tendance ancienne du capitalisme , déjà analysée il y a plus de 50 ans par l’économiste J.Schumpeter : le marché tend à détruire la concurrence » ( doc 1 ) ; mais aussi par des facteurs exogènes , extérieurs au marché : il y a une remise en cause de la concurrence pure et parfaite , car contrairement à ce qu’affirment les libéraux , elle engendre des effets pervers tant au niveau économique et sociale qui nécessient alors une intervention de l’Etat .


A – CONSTAT : LES SITUATIONS DE CONCURRENCE TENDENT A DISPARAITRE

1 – DES MOUVEMENT DE CONCENTRATION DE PLUS EN PLUS FREQUENTS

« Les opérations de concentration se sont multipliées au cours des dernières années , tant en Euroland qu’aux EU » ( doc 5 ) . Celles-ci peuvent s’effectuer selon deux grandes modalités : la fusion ou deux entreprises se réunissent pour donner naissance à une troisième entreprise ; l’acquisition où une entreprise en rachète une autre qui disparaît juridiquement . « Les fusions et acquisitions internationales ont connu un esssor rapide ces dernières années » ( doc 5 ) . Leur valeur a été multipliée par 6 entre 91 et 98 , passant de 85 à 585 milliartds de dollars, et , entre 97 et 98 , leur valeur a augmenté de 60 % ( doc 5 ) .

Ces opérations ont donc transformé la structure des marchés . En effet , comme la concentration peut se définir comme le processus par lequel la taille des entreprises augmente , obligatoirement le poids relatif des grandes entreprises augmente , ce qui limite les situations de concurrence pure et parfaite et crée des monopoles ( une seule entreprise domine le marché ou des oligopoles ( un nombre limité d’entreprises se partage le marché ).

2 – UNE TENDANCE A LA DISPARITION DE LA CONCURRENCE

En effet , l’hypothèse centrale du marché de concurrence pure et parfaite n’est plus vérifiée : l’atomicité qui se définit comme le fait qu’aucun agent économique , qu’il soit offreur ou demandeur , ne dispose d’un poids suffisant sur le marché qui lui permette d’influencer le prix de vente . Si cette hypothèse était vérifiée , les courbes de Lorenz des entreprises en fonction des effectifs , du chiffre d’affaires ou de l’investissement auraient une forme particulière : elles seraient superposées à la diagonale qui représente la situation où il n’ y a aucune concentration et où la situation est donc en concurrence pure et parfaite . Or , on remarque que ces courbes de Lorenz sont très éloignées de la diagonale , surtout pour le chiffre d’affaires et les effectifs , ce qui signifie que quelques grandes entreprises dominent le marché : ainsi 50 % des entreprises effectuent 5 % du chiffre d’affaires total , regroupent 3 % des salariés et font 20 % de l’investissement total . En revanche , 10 % des entreprises font 70 % du chiffre d’affaires et de l’investissement total et employent 70 % des salariés ( doc 2 B ) .
Comme l’atomicité n’est plus respectée , des situations de monopoles ou d’oligopoles apparaissent . En France , certains secteurs comme la banque ou la grande distribution sont en situation d’oligopole ainsi , 3 banques ( BNP Paribas , Société Générale , Crédit Agricole ) se partagent le marché . Cette situation se retrouve au niveau international : le secteur du pétrole est en situation d’oligopole ( Exxon Mobil , Shell , BP ) ; des situations de monopole existent aussi : Microsoft est quasiment le seul à produire des logiciels ( doc 1 A ) .

La concurrence n’est donc pas viable , puisque les situations de concurrence tendent à disparaître au profit de monopoles ou d’oligopoles . Cette évolution s’explique d’abord de manière endogène : les caractéristiques mêmes du marché de concurrence pure et parfaite aboutissent inéluctablement à sa disparition .


B – LES EXPLICATIONS ENDOGENES : LE JEU DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE

En effet , les fondements du marché sont l’atomicité et la libre-entrée sur le marché , c’est-à-dire « la possibilité pour une firme donnée d’entrer sur un marché ( ou d’en sortir ) facilement et sans coût prohibitif . Cette dernière condition , est , à l’évidence , centrale : c’est elle en effet qui permet à de nouveaux producteurs d’apparaître , dès lors que la profitabilité d’une production donnée se révèle intéressante » ( doc 6 ) . Ainsi , si un bien devient plus rare , l’offre devient alors inférieur à la demande , ce qui génère une hausse du prix de vente et incite de nouveaux producteurs à entrer sur le marché pour bénéficier de cette hausse . L’entrée de nouveaux producteurs génère alors une baisse des prix , ce qui empêche toute possibilité de surprofit . Les entreprises ne peuvent donc se battre que sur le prix . Pour tenter de survivre , elles vont donc essayer de diminuer le prix de vente .
Cette tendance à la baisse des prix va entraîner ainsi la disparition des entreprises les plus fragiles . En effet , pour pouvoir continuer à produire , il faut que le prix de vente soit supérieur au coût marginal . En concurrence pure et parfaite , les entreprises adoptent un comportement à la marge pour déterminer leur niveau de procuction : elles comparent ce que va leur rapporter une unité supplémentaire ( le prix ) avec ce que cela lui coûte : le coût de la dernière unité produite , c’est-à-dire le coût marginal . Tant que le prix sera supérieur au coût marginal , l’entreprise a intérêt à produire cette unité supplémentaire . Or , si le prix de vente diminue , de moins en moins d’entreprises passeront cette condition et seront donc obligées de fermer , ce qui génère inéluctablement l’apparition d’un monopole ou d’un oligopole .

La concurrence n’est donc pas viable puisque les structures mêmes du marché de cpp génèrent , à terme , une concentration des entreprises . Or , comme l’écrit G.Duval ( doc 1 ) : « contrairement à ce que disent les libéraux , ce n’est pas forcément dommageable : la concurrence entraîne en effet un gaspillage économique » . Si la concurrence n’est pas viable , c’est tout simplement parce que ce n’est pas la meilleure forme d’organisation économique et sociale .

C – LES LIMITES DE LA CONCURRENCE PURE ET PARFAITE EXPLIQUENT LA TENDANCE A SA DISPARITION

1 – LE MARCHE EST PEU EFFICACE ECONOMIQUEMENT

En effet , la concurrence « implique que des équipes mènent en parallèle les mêmes recherches , que des armées de commerciaux se disputent les faveurs des clients sans ajouter quoi que soit d’utile aux produits qu’ils vendent , que les entreprises implantent des bureaux ou des usines tout en sachant que les capacités ainsi constituées sont excédentaires » ( doc 1 ) . Un exemple manifeste est le cycle du porc : en concurrence pure et parfaite , quand le prix augmente , les producteurs sont incités à produire plus . Comme tous les individus sont des êtres rationnels et égoïstes , ils adoptent tous le même comportement . Or , comme dans le cas du porc il y a un décalage temporel entre la décision de production et l’arrivée du produit sur le marché , cela va se traduire par une augmentation brutale de l’offre du produit qui ne correspond plus à la demande . Une situation similaire est notée dans le cas de scteurs nécessistant des infrastructures et des équipements lourds : une hausse des prix incite les entreprises à produire plus ; mais comme il faut des investissements importants , il y a alors une surproduction .
La concurrence est donc peu efficace car elle n’assure pas une allocation optimale des facteurs de production puisqu’ils ne sont pas utilisés là où ils permettent le plus de croissance : il y a un gaspillage des facteurs de production . En revanche , la concentration permet d’accroître l’efficacité des entreprises .

2 – L’EFFICACITE DE LA CONCENTRATION

En effet , « derrière ces opérations , l’idée de base est que « 1+ 1 ne font pas 2 , mais 3 voire 4 » ( doc 5 ) . Les opérations de concentration créent donc des effets de synergie qui permettent d’accroître la compétitivité de l’entreprise . En effet , une grande taille permet d’accroître l’efficacité de l’entreprise , car elle peut disposer d’économies d’échelle « c’est-à-dire le fait que , lorsque la production d’une firme augmente , ses coûts unitaires diminuent » ( doc 6 ) . En effet ,on distingue deux types de coûts de production d’une firme : les coûts variables qui augmentent en même temps que la production ( matières premières , énergie , salaires ) et les coûts fixes qui restent identiques quele que soit la quantité produite ( publicité , machines ). Ce sont ces coûts qui sont à l’origine des économies d’échelle : plus on produit , plus ils sont étalés sur une grande quantité de biens et plus leur poids moyen est faible .
C’est ce qui explique l’oligopole rencontré sur le marché des lessives : « c’est parce qu’elles le savent que les firmes qui produisent des détergents font tellement de publicité ( laquelle représente fréquemment un quart du coût du production ) : il n’est pas très compliqué de fabriquer des détergents » ( doc 6 ) . C’est aussi vrai pour les innovations qui sont très coûteuses et très risquées puisqu’a priori , les entreprises ne savent pas si le nouveau produit ou la nouvelle méthode de production seront un succès . Les entreprises ont alors besoin de capitaux pour investir . Or , plus l’entreprise est grande , plus elle peut bénéficier de source de financement bon marché : émission d’actions ou d’obligations .
La concentration des entreprises assure une meilleure rentablité des facteurs de production , favorise l’innovation . Ainsi , elle permet une croissance forte . C’est ce qui explique le caractère peu durable des situations de cpp : les entreprise de petite taille ne peuvent résister longtemps aux grandes entreprises . A cette remise en cause économique de la cpp , s’ajoute une critique sociale et politique : le marché de cpp génère tellement d’effets pervers qu’il entraîne des mouvements de contestation de la par de la population .


D – LES EFFETS PERVERS GENERES PAR LA CPP ENTRAINENT SA DISPARITION

En effet , la régulation par le marché , la recherche du profit n’aboutit pas toujours à la situation la plus satisfaisante pour tous . On peut le voir avec l’affaire de la vache folle en GB . L’origine de cette nouvelle maladie humaine est à rechercher dans la recherche effrénée du profit . En GB , dans les années 80 , les producteurs de bovins cherchent à accroître leur bénéfice . Un des moyens est de réduire le coût de production , notamment les dépenses effectuées pour nourrir les animaux . Ils vont donc acheter des farines animales obtenues à partir de carcasses de moutons . Les producteurs de farine pour accroître eux aussi leur profit , vont « limiter la température de cuisson nécessaire à transformer les déchets en farine » ( doc 4 ) . « Malheureusement , à cette température , le prion responsable de la tremblaante du mouton ( maladie connue de longue date ) n’est plus détruit » . Il va alors y avoir saut de la maladie d’une espèce à une autre : des moutons aux bovins puis aux hommes .
Cet exemple montre bien les limites de la concurrence pure et parfaite qui a donné naissance à une épidémie dont on ne connaît pas encore toutes les conséquences . En effet , le marché est myope : la régulation par les prix n’est pas capable de mettre en évidence les retombées des actions des individus à long terme , notamment quand elles ne sont pas d’ordre économique . Dans ces conditions , il faut une intervention extérieure , par exemple de l’Etat qui , par des réglementations , empêchera l’appartition de ces effets indésirables .


D’après les libéraux , le marché de concurrence pure et parfaite est viable , car c’est la meilleure forme d’organisation économique possible : les situations de monopole ou d’oligopole sont beaucoup efficaces . Seule la cpp peut assurer à la fois croissance et équité ; elle ne peut donc disparaître . Certes la démonstration théorique des néo-classiques est irréfutable ; le problème est qu’elle est théorique et , comme le dit D.Clerc « il suffit d’observer la réalité pour s’apercevoir que nous sommes bien éloignés de ce monde de cpp » ( doc 6 ) Ainsi , la concurrence n’est pas viable et tend à disparaître car elle aboutit à des effets pervers tant économiques ( gaspillage ) que sociaux ( la recherche du profit peut débouchher sur des externalités négatives) .
Excepté certains secteurs , la norme semble donc être la concentration et les entreprises de grande tailles . De nouvelles difficultés vont alors apparaître : leur poids important , leur puissance financière peuvent en faire des concurrents des Etats et ainsi empêcher le pays de mener la politique qu’ils souhaitent en brandissant la menace des délocalisations .

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