QUESTION DE SYNTHESE PREMIERE
I- DOSSIER DOCUMENTAIRE
DOCUMENT 1 :
La Conquête amène l'introduction de la monnaie dans un pays qui en était entièrement dépourvu. Certes, l'économie du Pérou, au XVIème siècle n'est pas entièrement fondée sur les échanges monétaires ; au contraire, l'activité indigène reste orientée vers l'autosubsistance, et les Espagnols eux-mêmes ont souvent recours au troc. Mais les indigènes sont en présence d'un système qui leur était étranger, (...)
Au temps de l'Inca, l'or et l'argent étaient assurément des objets précieux. Ils entraient dans le système des dons et contre-dons : le curaca * offrait, par exemple, des bijoux à l'Inca et recevait de celui-ci des vêtements incrustés d'or, ainsi que des femmes, des Yana * ou des terres. Mais prenons garde à la signification du don dans le système de réciprocité : il résulte, en effet, de la générosité du donateur, tandis que celui qui reçoit est tenu de répondre par un don égal ou supérieur. Le don apparaît à la fois comme libre et obligatoire. Entrent en jeu des notions telles que prestige, puissance, générosité, loi sociale ; les rapports économiques s'imprègnent de connotations morales et religieuses. Mais le métal précieux ne joue pas, comme dans l'économie monétaire des Européens, le rôle abstrait et spécifique d'équivalent universel ; il ne sert pas à mesurer la valeur des produits : simplement, c'est une richesse parmi d'autres.
Cette représentation mentale détermine, après la Conquête, l'incompréhension des Indiens devant le système espagnol.
Garci Diez nous en donne un exemple frappant : il s'agit des ventes à crédit aux Indiens. Des marchands espagnols parcourent la province ; ils proposent aux indigènes diverses denrées, telles que du vin, de la coca ou des outils d'origine européenne, Le prix de ces denrées est beaucoup plus élevé que leur valeur réelle, mais les marchands ne demandent rien comptant. Les Indiens acceptent donc tout ce qu'ils leur présentent, même s'ils n'en ont aucun besoin, comme s'il s'agissait de dons généreux.
Une fois ces "ventes" conclues, les marchands attendent l'échéance de la dette et font alors appel à la justice espagnole pour contraindre les Indiens à payer. Or, le plus souvent, ceux-ci sont dans l'impossibilité de le faire : leurs biens sont saisis, et ils sont eux- mêmes jetés en prison ou réduits à fuir.
* Chef traditionnel,
* Hommes détachés de leur communauté, au service personnel de l'Inca ou d'un curaca.
SOURCE :N.WACHTEL, La Vision des vaincus, Gallimard, 1971.
DOCUMENT 2 :
A :
L'idéal colonial, formulé dès le début des années 1880 comme une utopie civilisatrice (la « mission civilisatrice »), s'inscrit donc en profondeur dans le registre des universaux prêches par la République. ( … )
Cette apologie de la conquête des âmes, des cœurs et des terres, ne peut qu'être mise en parallèle avec l'expansionnisme colonial à venir et amorce la mission civilisatrice en gestation. La généalogie du discours colonial d'État - où se mêle habilement le colonial comme prolongement du national et condition de sa puissance-, ne quittera plus, jusqu'aux indépendances, le registre de la nécessaire diffusion des « Lumières » de la République à des peuples perçus comme inférieurs culturellement et biologiquement. Pour beaucoup, influencés par la pensée d'Ernest Renan sur la communauté d'« êtres vivants dans un même territoire », la France ne sera la France que lorsqu'elle aura parachevé son œuvre d'uniformisation des citoyens (quelle que soit leur couleur) et du territoire (à l'image de l'Algérie devenue départements français). L'Hexagone n'est, et ne reste, qu'une suite de conquêtes (coloniales ou non) ; dès lors la notion d'Empire (avec tout ce que ce mot contient de puissance « romaine ») devient efficace dans une « plus grande France » qui fait alors exploser les schémas classiques de l'identité nationale à travers le concept d'assimilation.
SOURCE : N.BANCEL et P.BLANCHARD , Les pièges de la mémoire coloniale , CAHIERS FRANÇAIS , n° 303 , juillet-aoüt 2001
B :
Aux images ambivalentes du « sauvage », marquées par une altérité négative mais aussi par les réminiscences du mythe du « bon sauvage » rousseauiste, se substitue une vision nettement stigmatisante des populations « exotiques ». La mécanique coloniale d'intériorisation de l'indigène par l'image se met alors en marche, et, dans une telle conquête des imaginaires européens, les zoos humains constituent sans aucun doute le rouage le plus vicié de la construction des préjugés sur les populations colonisées. La preuve est là, sous nos yeux : ils sont des sauvages, vivent comme des sauvages et pensent comme des sauvages. ( … )
Le vocabulaire de stigmatisation de la sauvagerie - bestialité, goût du sang, fétichisme obscurantiste, bêtise atavique - est renforcé par une production iconographique d'une violence inouïe, accréditant l'idée d'une sous-humanité stagnante, humanité des confins coloniaux, à la frontière de l'humanité et de l'animalité . ( … )
Les civilisations extra-européennes, dans cette perception linéaire de l'évolution socioculturelle et cette mise en scène de proximité avec le monde animalier, sont considérées comme attardées, mais civilisables, donc colonisables. ( … )
N’y a –t-il pas la volonté – délibérée ou inconsciente de légitimer la brutalité des conquérants en animalisant les conquis ? Dans cette animalisation , la transgression des valeurs et des normes de ce qui constitue , pour l’Europe , la civilisation est un élément moteur .
Dans le domaine du sacré , la norme sexuelle est bien évidemment première . La polygamie touche ainsi l'un des fondements socio-religieux de la famille chrétienne. Le fait que les zoos humains accueillent des familles entières - avec les différentes épouses du chef de famille - est significatif. On vient contempler au mieux une incompréhensible bizarrerie, au pis la manifestation d'une lubricité animale. ( … ),
Dans le registre de la transgression du sacré, la récurrence du thème de l'anthropophagie est révélatrice. Alors qu'on ne sait à peu près rien à la fin du XIXe siècle d'une pratique sociale fortement ritualisée et de toute manière extrêmement limitée en Afrique subsaharienne, les images de « sauvages anthropophages » envahissent tous les médias et sont l'un des arguments les plus vendeurs des zoos humains (jusqu'à l'Exposition coloniale internationale de 1931 et la présence périphérique des Kanaks) . Le cannibalisme rompt en effet un tabou majeur :le rapprochement avec le monde animal s'impose d'évidence.
SOURCE : N.BANCEL , P.BLANCHARD , S.LEMAIRE , Ces zoos humains de la République coloniale , Le Monde Diplomatique , Août 2000
DOCUMENT 3 :
La société espagnole, désormais dominante, constitue pour les Indiens une sorte de modèle, de point de référence : elle est la source de tout prestige. Aussi les curaca dans leur vie quotidienne, s'efforcent-ils d'imiter les nouveaux maîtres, Ils ont perdu quelques-uns de leurs privilèges traditionnels, mais ils tentent d'affirmer leur prééminence en s'assimilant d'une certaine manière, à commencer par le vêtement, aux Espagnols. Les autres Indiens imitent à leur tour leurs curaca encore prestigieux à leurs yeux, en adoptant plus ou moins complètement l'habit européen, selon leur rang ou leur fortune personnelle ; à cet égard le chapeau de feutre représente pour eux l'élément le plus riche de signification,.
Cependant les signes de prestige que les curaca s'efforcent de conserver, ou d'acquérir, s'étendent à l'ensemble du genre de vie. Certains sont traditionnels, comme le privilège d'être transporté en litière ou en hamac ; d'autres sont nouveaux, comme le déplacement à cheval, le port de l'épée ou la pratique de l'arquebuse : il s'agit de signes de la puissance espagnole .Certes, l'acculturation en ce domaine rencontre un certain nombre de difficultés. Tout d'abord dans la mentalité indigène. C'est ainsi que, longtemps encore après la Conquête, les Indiens sont effrayés par le cheval. Dans un texte célèbre, Garcilaso de la Vega décrit certaines scènes de son enfance (qui se situent vers 1550) : lorsque les Indiens rencontraient un cheval dans les ruelles étroites de Cuzco, ils s'enfuyaient, terrorisés, et leur peur était telle qu'ils en venaient, presque, à se jeter sous l'animal ; Garcilaso ajoute qu' « aucun Indien n'aurait accepté le travail de maréchal-ferrant ». Mais une évolution se produit peu à peu, puisqu'on 1567, à Chucuito, Garci Diez constate que de nombreux Indiens possèdent mules et chevaux .En 1580-1585, dans la vallée de Coangue (région de Quito), les Indiens qui possèdent des plantations de coca manifestent leur richesse en se déplaçant à cheval, et ils labourent avec des boeufs. Cependant l'administration espagnole suit une politique très stricte, n'accordant le droit de posséder cheval, arquebuse ou épée qu'aux curaca de haut rang sur licence spéciale. (...)
Les Espagnols tendent donc à accentuel le clivage qui se manifeste en ce domaine à l'intérieur de la société indienne. Comme d'autre part ils interdisent aux chefs indigènes de se déplacer en litière ou en hamac , les signes de prestige sont désormais exclusivement espagnols ; le groupe dominant se trouve ainsi confirmé, pour les Indiens, dans son rôle de modèle .
SOURCE : N . WACHTEL, La Vision des vaincus, Gallimard , op cité .
II- TRAVAIL PREPARATOIRE
1– Comparez l’échange chez les indiens et les espagnols : place et rôle de la monnaie-or , fonctions et déterminants de l’échange ( document 1 , 3.5 points )
2 – Quelles conséquences va avoir l’introduction de la monnaie pour l’économie et la société indienne ?
( document 1 , 3 points ) )
3 – Expliquez la phrase en gras . Quelle conception de la culture développe-t-elle ? ( document 2 , 3 points )
4 – Quelles sont les raisons avancées pour justifier la colonisation ? ( document 2 , 3, 5 points )
5 – Le phénomène d’acculturation s ‘effectue –il uniquement par la violence ? ( document 3 , 3 points )
6 – Après avoir défini le concept d’acculturation , décrivez, à l'aide d'exemples, le processus de diffusion des traits culturels espagnols dans les communautés indiennes ( document 3 , 4 points )
III- QUESTION DE SYNTHESE
Enoncé de type baccalauréat : Vous présenterez dans une première partie les justifications de la colonisation . Puis vous prouverez qu’elles ont abouti à la destruction des sociétés indigènes colonisées .
Dans une première partie vous montrerez que la colonisation part d’une vision ethnocentriste de la culture et vise à améliorer le sort des populations indigènes . Dans une seconde partie , après avoir présenté les processus de l’acculturation des populations indigènes ( vous privilégierez le cas des indiens ) , vous démontrerez que la colonisation a engendré un ethnocide .
I- DOSSIER DOCUMENTAIRE
DOCUMENT 1 :
La Conquête amène l'introduction de la monnaie dans un pays qui en était entièrement dépourvu. Certes, l'économie du Pérou, au XVIème siècle n'est pas entièrement fondée sur les échanges monétaires ; au contraire, l'activité indigène reste orientée vers l'autosubsistance, et les Espagnols eux-mêmes ont souvent recours au troc. Mais les indigènes sont en présence d'un système qui leur était étranger, (...)
Au temps de l'Inca, l'or et l'argent étaient assurément des objets précieux. Ils entraient dans le système des dons et contre-dons : le curaca * offrait, par exemple, des bijoux à l'Inca et recevait de celui-ci des vêtements incrustés d'or, ainsi que des femmes, des Yana * ou des terres. Mais prenons garde à la signification du don dans le système de réciprocité : il résulte, en effet, de la générosité du donateur, tandis que celui qui reçoit est tenu de répondre par un don égal ou supérieur. Le don apparaît à la fois comme libre et obligatoire. Entrent en jeu des notions telles que prestige, puissance, générosité, loi sociale ; les rapports économiques s'imprègnent de connotations morales et religieuses. Mais le métal précieux ne joue pas, comme dans l'économie monétaire des Européens, le rôle abstrait et spécifique d'équivalent universel ; il ne sert pas à mesurer la valeur des produits : simplement, c'est une richesse parmi d'autres.
Cette représentation mentale détermine, après la Conquête, l'incompréhension des Indiens devant le système espagnol.
Garci Diez nous en donne un exemple frappant : il s'agit des ventes à crédit aux Indiens. Des marchands espagnols parcourent la province ; ils proposent aux indigènes diverses denrées, telles que du vin, de la coca ou des outils d'origine européenne, Le prix de ces denrées est beaucoup plus élevé que leur valeur réelle, mais les marchands ne demandent rien comptant. Les Indiens acceptent donc tout ce qu'ils leur présentent, même s'ils n'en ont aucun besoin, comme s'il s'agissait de dons généreux.
Une fois ces "ventes" conclues, les marchands attendent l'échéance de la dette et font alors appel à la justice espagnole pour contraindre les Indiens à payer. Or, le plus souvent, ceux-ci sont dans l'impossibilité de le faire : leurs biens sont saisis, et ils sont eux- mêmes jetés en prison ou réduits à fuir.
* Chef traditionnel,
* Hommes détachés de leur communauté, au service personnel de l'Inca ou d'un curaca.
SOURCE :N.WACHTEL, La Vision des vaincus, Gallimard, 1971.
DOCUMENT 2 :
A :
L'idéal colonial, formulé dès le début des années 1880 comme une utopie civilisatrice (la « mission civilisatrice »), s'inscrit donc en profondeur dans le registre des universaux prêches par la République. ( … )
Cette apologie de la conquête des âmes, des cœurs et des terres, ne peut qu'être mise en parallèle avec l'expansionnisme colonial à venir et amorce la mission civilisatrice en gestation. La généalogie du discours colonial d'État - où se mêle habilement le colonial comme prolongement du national et condition de sa puissance-, ne quittera plus, jusqu'aux indépendances, le registre de la nécessaire diffusion des « Lumières » de la République à des peuples perçus comme inférieurs culturellement et biologiquement. Pour beaucoup, influencés par la pensée d'Ernest Renan sur la communauté d'« êtres vivants dans un même territoire », la France ne sera la France que lorsqu'elle aura parachevé son œuvre d'uniformisation des citoyens (quelle que soit leur couleur) et du territoire (à l'image de l'Algérie devenue départements français). L'Hexagone n'est, et ne reste, qu'une suite de conquêtes (coloniales ou non) ; dès lors la notion d'Empire (avec tout ce que ce mot contient de puissance « romaine ») devient efficace dans une « plus grande France » qui fait alors exploser les schémas classiques de l'identité nationale à travers le concept d'assimilation.
SOURCE : N.BANCEL et P.BLANCHARD , Les pièges de la mémoire coloniale , CAHIERS FRANÇAIS , n° 303 , juillet-aoüt 2001
B :
Aux images ambivalentes du « sauvage », marquées par une altérité négative mais aussi par les réminiscences du mythe du « bon sauvage » rousseauiste, se substitue une vision nettement stigmatisante des populations « exotiques ». La mécanique coloniale d'intériorisation de l'indigène par l'image se met alors en marche, et, dans une telle conquête des imaginaires européens, les zoos humains constituent sans aucun doute le rouage le plus vicié de la construction des préjugés sur les populations colonisées. La preuve est là, sous nos yeux : ils sont des sauvages, vivent comme des sauvages et pensent comme des sauvages. ( … )
Le vocabulaire de stigmatisation de la sauvagerie - bestialité, goût du sang, fétichisme obscurantiste, bêtise atavique - est renforcé par une production iconographique d'une violence inouïe, accréditant l'idée d'une sous-humanité stagnante, humanité des confins coloniaux, à la frontière de l'humanité et de l'animalité . ( … )
Les civilisations extra-européennes, dans cette perception linéaire de l'évolution socioculturelle et cette mise en scène de proximité avec le monde animalier, sont considérées comme attardées, mais civilisables, donc colonisables. ( … )
N’y a –t-il pas la volonté – délibérée ou inconsciente de légitimer la brutalité des conquérants en animalisant les conquis ? Dans cette animalisation , la transgression des valeurs et des normes de ce qui constitue , pour l’Europe , la civilisation est un élément moteur .
Dans le domaine du sacré , la norme sexuelle est bien évidemment première . La polygamie touche ainsi l'un des fondements socio-religieux de la famille chrétienne. Le fait que les zoos humains accueillent des familles entières - avec les différentes épouses du chef de famille - est significatif. On vient contempler au mieux une incompréhensible bizarrerie, au pis la manifestation d'une lubricité animale. ( … ),
Dans le registre de la transgression du sacré, la récurrence du thème de l'anthropophagie est révélatrice. Alors qu'on ne sait à peu près rien à la fin du XIXe siècle d'une pratique sociale fortement ritualisée et de toute manière extrêmement limitée en Afrique subsaharienne, les images de « sauvages anthropophages » envahissent tous les médias et sont l'un des arguments les plus vendeurs des zoos humains (jusqu'à l'Exposition coloniale internationale de 1931 et la présence périphérique des Kanaks) . Le cannibalisme rompt en effet un tabou majeur :le rapprochement avec le monde animal s'impose d'évidence.
SOURCE : N.BANCEL , P.BLANCHARD , S.LEMAIRE , Ces zoos humains de la République coloniale , Le Monde Diplomatique , Août 2000
DOCUMENT 3 :
La société espagnole, désormais dominante, constitue pour les Indiens une sorte de modèle, de point de référence : elle est la source de tout prestige. Aussi les curaca dans leur vie quotidienne, s'efforcent-ils d'imiter les nouveaux maîtres, Ils ont perdu quelques-uns de leurs privilèges traditionnels, mais ils tentent d'affirmer leur prééminence en s'assimilant d'une certaine manière, à commencer par le vêtement, aux Espagnols. Les autres Indiens imitent à leur tour leurs curaca encore prestigieux à leurs yeux, en adoptant plus ou moins complètement l'habit européen, selon leur rang ou leur fortune personnelle ; à cet égard le chapeau de feutre représente pour eux l'élément le plus riche de signification,.
Cependant les signes de prestige que les curaca s'efforcent de conserver, ou d'acquérir, s'étendent à l'ensemble du genre de vie. Certains sont traditionnels, comme le privilège d'être transporté en litière ou en hamac ; d'autres sont nouveaux, comme le déplacement à cheval, le port de l'épée ou la pratique de l'arquebuse : il s'agit de signes de la puissance espagnole .Certes, l'acculturation en ce domaine rencontre un certain nombre de difficultés. Tout d'abord dans la mentalité indigène. C'est ainsi que, longtemps encore après la Conquête, les Indiens sont effrayés par le cheval. Dans un texte célèbre, Garcilaso de la Vega décrit certaines scènes de son enfance (qui se situent vers 1550) : lorsque les Indiens rencontraient un cheval dans les ruelles étroites de Cuzco, ils s'enfuyaient, terrorisés, et leur peur était telle qu'ils en venaient, presque, à se jeter sous l'animal ; Garcilaso ajoute qu' « aucun Indien n'aurait accepté le travail de maréchal-ferrant ». Mais une évolution se produit peu à peu, puisqu'on 1567, à Chucuito, Garci Diez constate que de nombreux Indiens possèdent mules et chevaux .En 1580-1585, dans la vallée de Coangue (région de Quito), les Indiens qui possèdent des plantations de coca manifestent leur richesse en se déplaçant à cheval, et ils labourent avec des boeufs. Cependant l'administration espagnole suit une politique très stricte, n'accordant le droit de posséder cheval, arquebuse ou épée qu'aux curaca de haut rang sur licence spéciale. (...)
Les Espagnols tendent donc à accentuel le clivage qui se manifeste en ce domaine à l'intérieur de la société indienne. Comme d'autre part ils interdisent aux chefs indigènes de se déplacer en litière ou en hamac , les signes de prestige sont désormais exclusivement espagnols ; le groupe dominant se trouve ainsi confirmé, pour les Indiens, dans son rôle de modèle .
SOURCE : N . WACHTEL, La Vision des vaincus, Gallimard , op cité .
II- TRAVAIL PREPARATOIRE
1– Comparez l’échange chez les indiens et les espagnols : place et rôle de la monnaie-or , fonctions et déterminants de l’échange ( document 1 , 3.5 points )
2 – Quelles conséquences va avoir l’introduction de la monnaie pour l’économie et la société indienne ?
( document 1 , 3 points ) )
3 – Expliquez la phrase en gras . Quelle conception de la culture développe-t-elle ? ( document 2 , 3 points )
4 – Quelles sont les raisons avancées pour justifier la colonisation ? ( document 2 , 3, 5 points )
5 – Le phénomène d’acculturation s ‘effectue –il uniquement par la violence ? ( document 3 , 3 points )
6 – Après avoir défini le concept d’acculturation , décrivez, à l'aide d'exemples, le processus de diffusion des traits culturels espagnols dans les communautés indiennes ( document 3 , 4 points )
III- QUESTION DE SYNTHESE
Enoncé de type baccalauréat : Vous présenterez dans une première partie les justifications de la colonisation . Puis vous prouverez qu’elles ont abouti à la destruction des sociétés indigènes colonisées .
Dans une première partie vous montrerez que la colonisation part d’une vision ethnocentriste de la culture et vise à améliorer le sort des populations indigènes . Dans une seconde partie , après avoir présenté les processus de l’acculturation des populations indigènes ( vous privilégierez le cas des indiens ) , vous démontrerez que la colonisation a engendré un ethnocide .
CORRECTION DE LA QUESTION DE SYNTHESE
I – TRAVAIL PREPARATOIRE
1-Cliquez sur le lien : http://jaysesbeauxfortsblogs.over-blog.org/article-5343153.html
2 – L’introduction de la monnaie par les Espagnols est à l’origine de la destruction de la société et de l’économie indienne . Car il y a une incompréhension mutuelle de la signification des échanges . Ainsi , les espagnols pratiquent les échanges en fonction de leurs modèles culturels , mais les indiens les expliquent d’une autre manière , en fonction de leur propre conception des échanges .
Ainsi , la vente à crédit n’a absolument pas la même signification dans les deux cultures . Chez les espagnols , le paiement est considéré comme retardé ; alors que les indiens le considèrent comme un don , montrant la puissance et la générosité des Espagnols . Ils ne pensent pas avoir un jour à rembourser ; c’est pour cela que « les Indiens acceptent donc tout ce qu’ils leur présentent , même s’ils n’en ont aucun besoin , comme s’il s’agissait de dons généreux » .
Ensuite , la loi espagnole s’applique : comme ils n’ont pas les moyens de rembourser , leurs biens sont saisis . Les indiens sont donc réduits à la pauvreté .
Cette pauvreté résulte donc du choc de deux cultures radicalement différentes .
3 – La conception de la culture développée dans la phrase est celle de l’évolutionnisme culturel . Celui-ci part de deux postulats :
· il y a une unicité de l’espèce humaine
· il y a une culture supérieure , civilisée ( c’est donc de l’ethnocentrisme )
L’évolutionnisme culturel en déduit que toutes les sociétés vont passer par les mêmes stades de modification culturelle pour arriver à la culture occidentale , jugée plus douce , plus égalitaire .
C’est donc le sens de la phrase : les peuples non européens sont inférieurs , non pas biologiquement , mais culturellement : « ils sont attardés » . Mais , comme la différence n’est pas de nature , mais de degré , on peut améliorer leur sort en leur apportant la culture occidentale : pour les civiliser , il faut les coloniser .
4 – La colonisation est donc là pour apporter la civilisation aux indigènes et arriver plus vite à la culture la plus évoluée :
· la culture des indigènes est inférieur et , à la limite , anormale « sous-humanité stagnante , humanité des confins coloniaux , à la frontière de l’humanité et de l’animalité » :
- au niveau des valeurs : croyances non rationnelles
- Au niveau des normes : actes violents ( crimes rituels )
- Au niveau des pratiques culturelles : polygamie , cannibalisme
· la colonisation a donc une « mission civilisatrice » : il faut les aider en ne les laissant pas longtemps avec cette culture inférieure , mais leur amener la culture occidentale . Les indigènes , en s’assimilant , c’est-à-dire en abandonnant leur culture native pour acquérir la culture européenne , deviendront alors membres des pays développés .
5 – L’acculturation peut se définir comme l’ensemble des phénomènes relevant de la rencontre de plusieurs cultures .
Celle-ci peut s’opérer par la violence ou la force : c’est ce qui se passe dans un premier temps dans la colonisation indienne où les Espagnols vont imposer leurs règles de vie et empêchaient certains comportement traditionnels : « ils ont perdu quelques-uns de leurs privilèges traditionnels » .
Mais la violence ne suffit pas pour réussir l’acculturation . Il faut pour que la société modifie sa culture qu’elle considère l’autre culture et l’autre société comme supérieures . C’est ce qui se passe pour les indiens : « la société espagnole , désormais dominante , constitue pour les Indiens une sorte de modèle » . Les indiens vont adopter les traits culturels de la société espagnole ( vêtement , cheval , arquebuse ) pour accroître leur prestige et s’identifier aux conquérants .
6 – Dans un premier temps , il y a un rejet de la culture conquérante : ainsi , vers 1550 , les indiens avaient peur et ne voulaient pas utiliser le cheval .
Dans un second temps , le processus de l’acculturation commence : il y a une sélection des éléments espagnols qui vont être réinterprétés en fonction de la culture indienne . Ainsi , dans le vêtement espagnol , c’est le chapeau de feutre qui va être pris par les indiens . La diffusion des traits culturels espagnols suit un mécanisme spécifique : il suit la hiérarchie sociale indienne . En effet , c’est toujours le groupe le plus valorisé socialement qui lance une innovation ; celle-ci sera reprise par les couches inférieures de la société pour acquérir un peu du prestige des classes supérieures . Ce sont donc d’abord les indiens de haut rang ( les curaca ) qui adoptent quelques caractéristiques culturelles espagnoles ( notamment le vêtement ) . Ensuite , les autres indiens copient leur chef traditionnel qui restent encore , à leurs yeux , valorisés .
Dans un troisième temps , apparaissent les conséquences de l’acculturation . On peut d’abord penser qu’il se crée une culture syncrétique , mélangeant les cultures espagnole et indienne .En effet , les signes de prestige ,pour les curaca , sont à la fois traditionnels (privilège d’être transporté en litière ou hamac ) et espagnols ( port de l’épée ) . Mais très vite , il va y avoir assimilation , c’est-à-dire disparition de la culture indienne , puisque « les signes de prestiges sont désormais exclusivement espagnols , car l’administration interdit « aux chefs indigènes de se déplacer en litière ou en hamac » .
II- QUESTION DE SYNTHESE
I – TRAVAIL PREPARATOIRE
1-Cliquez sur le lien : http://jaysesbeauxfortsblogs.over-blog.org/article-5343153.html
2 – L’introduction de la monnaie par les Espagnols est à l’origine de la destruction de la société et de l’économie indienne . Car il y a une incompréhension mutuelle de la signification des échanges . Ainsi , les espagnols pratiquent les échanges en fonction de leurs modèles culturels , mais les indiens les expliquent d’une autre manière , en fonction de leur propre conception des échanges .
Ainsi , la vente à crédit n’a absolument pas la même signification dans les deux cultures . Chez les espagnols , le paiement est considéré comme retardé ; alors que les indiens le considèrent comme un don , montrant la puissance et la générosité des Espagnols . Ils ne pensent pas avoir un jour à rembourser ; c’est pour cela que « les Indiens acceptent donc tout ce qu’ils leur présentent , même s’ils n’en ont aucun besoin , comme s’il s’agissait de dons généreux » .
Ensuite , la loi espagnole s’applique : comme ils n’ont pas les moyens de rembourser , leurs biens sont saisis . Les indiens sont donc réduits à la pauvreté .
Cette pauvreté résulte donc du choc de deux cultures radicalement différentes .
3 – La conception de la culture développée dans la phrase est celle de l’évolutionnisme culturel . Celui-ci part de deux postulats :
· il y a une unicité de l’espèce humaine
· il y a une culture supérieure , civilisée ( c’est donc de l’ethnocentrisme )
L’évolutionnisme culturel en déduit que toutes les sociétés vont passer par les mêmes stades de modification culturelle pour arriver à la culture occidentale , jugée plus douce , plus égalitaire .
C’est donc le sens de la phrase : les peuples non européens sont inférieurs , non pas biologiquement , mais culturellement : « ils sont attardés » . Mais , comme la différence n’est pas de nature , mais de degré , on peut améliorer leur sort en leur apportant la culture occidentale : pour les civiliser , il faut les coloniser .
4 – La colonisation est donc là pour apporter la civilisation aux indigènes et arriver plus vite à la culture la plus évoluée :
· la culture des indigènes est inférieur et , à la limite , anormale « sous-humanité stagnante , humanité des confins coloniaux , à la frontière de l’humanité et de l’animalité » :
- au niveau des valeurs : croyances non rationnelles
- Au niveau des normes : actes violents ( crimes rituels )
- Au niveau des pratiques culturelles : polygamie , cannibalisme
· la colonisation a donc une « mission civilisatrice » : il faut les aider en ne les laissant pas longtemps avec cette culture inférieure , mais leur amener la culture occidentale . Les indigènes , en s’assimilant , c’est-à-dire en abandonnant leur culture native pour acquérir la culture européenne , deviendront alors membres des pays développés .
5 – L’acculturation peut se définir comme l’ensemble des phénomènes relevant de la rencontre de plusieurs cultures .
Celle-ci peut s’opérer par la violence ou la force : c’est ce qui se passe dans un premier temps dans la colonisation indienne où les Espagnols vont imposer leurs règles de vie et empêchaient certains comportement traditionnels : « ils ont perdu quelques-uns de leurs privilèges traditionnels » .
Mais la violence ne suffit pas pour réussir l’acculturation . Il faut pour que la société modifie sa culture qu’elle considère l’autre culture et l’autre société comme supérieures . C’est ce qui se passe pour les indiens : « la société espagnole , désormais dominante , constitue pour les Indiens une sorte de modèle » . Les indiens vont adopter les traits culturels de la société espagnole ( vêtement , cheval , arquebuse ) pour accroître leur prestige et s’identifier aux conquérants .
6 – Dans un premier temps , il y a un rejet de la culture conquérante : ainsi , vers 1550 , les indiens avaient peur et ne voulaient pas utiliser le cheval .
Dans un second temps , le processus de l’acculturation commence : il y a une sélection des éléments espagnols qui vont être réinterprétés en fonction de la culture indienne . Ainsi , dans le vêtement espagnol , c’est le chapeau de feutre qui va être pris par les indiens . La diffusion des traits culturels espagnols suit un mécanisme spécifique : il suit la hiérarchie sociale indienne . En effet , c’est toujours le groupe le plus valorisé socialement qui lance une innovation ; celle-ci sera reprise par les couches inférieures de la société pour acquérir un peu du prestige des classes supérieures . Ce sont donc d’abord les indiens de haut rang ( les curaca ) qui adoptent quelques caractéristiques culturelles espagnoles ( notamment le vêtement ) . Ensuite , les autres indiens copient leur chef traditionnel qui restent encore , à leurs yeux , valorisés .
Dans un troisième temps , apparaissent les conséquences de l’acculturation . On peut d’abord penser qu’il se crée une culture syncrétique , mélangeant les cultures espagnole et indienne .En effet , les signes de prestige ,pour les curaca , sont à la fois traditionnels (privilège d’être transporté en litière ou hamac ) et espagnols ( port de l’épée ) . Mais très vite , il va y avoir assimilation , c’est-à-dire disparition de la culture indienne , puisque « les signes de prestiges sont désormais exclusivement espagnols , car l’administration interdit « aux chefs indigènes de se déplacer en litière ou en hamac » .
II- QUESTION DE SYNTHESE
Introduction
Le génocide rwandais est une conséquence de la colonisation de la Belgique : dans les années 30 , pour asseoir leur domination , les belges ont opposé deux groupes : les Hutus et les Tutsis , qui n’étaient a priori pas des ethnies différentes , puisque les mariages intercommunautaires étaient fréquents et que les deux groupes parlaient la même langue et pratiquaient la même religion .Les colonisateurs belges se sont appuyés sur la minorité tutsie , leur donnant les postes à responsabilités , car ils avaient , d’après eux , une apparence plus blanche .
Cette supériorité crée par les colonisateurs est à l’origine d’une haine des Hutus vis-à-vis des tutsis , qui s’est concrétisée , près de 60 ans plus tard , par l’extermination des tutsis par les Hutus
L’inculcation aux peuples africains des codes culturels européens est donc à l’origine de ce génocide .
En effet , la colonisation n’avait pas seulement pour objectif , pour les pays européens d’accroître leur territoire et de trouver de nouvelles ressources naturelles . Elle partait aussi d’une intention louable : améliorer le sort des populations indigènes . En effet , les pays européens avait une conception ethnocentriste de la culture , que l’on peut définir comme l’ensemble des normes , des valeurs , des pratiques socio-culturelles : la culture « blanche » est supérieure ; les populations indigènes auraient donc intérêt à abandonner leur culture primitive pour l’acquérir . Mais l’acculturation qui va naître de la rencontre de ces deux cultures ne va pas être équitable et va générer un ethnocide et une fragilisation des sociétés colonisées .
I – LA COLONISATION , UN INSTRUMENT POUR AMELIORER LE SORT DES POPULATIONS INDIGENES
Une des justifications de la colonisation repose sur l’amélioration du sort des populations indigènes : il faut les sortir de leur barbarie en leur amenant la seule culture envisageable .
A – UNE VISION ETHNOCENTRISTE
- Vision ethnocentriste et hiérarchisée des cultures
1 – LA CULTURE DES PAYS COLONISES EST INFERIEURE
- « Ce sont des peuples perçus comme culturellement et biologiquement inférieurs » ( doc 2 A ) : les caractéristiques de leurs cultures sont au mieux retardées , au pire animales
2 – COMPAREE A LA CULTURE OCCIDENTALE
- Particularité de la culture occidentale :
- La culture occidentale est l’antithèse de ces cultures : raison , respect de l’autre
B – IL FAUT DONC LEUR AMENER CETTE CULTURE
1 – L’évolutionnisme culturel
- Toutes les cultures passent par les mêmes stades et débouchent sur une culture unique plus évoluée .
2 – LA COLONISATION PERMET D’ACCELER CE MOUVEMENT
- la colonisation permet d’aller plus vite vers la culture unique
- les indigènes peuvent alors appartenir à un pays développé
Dans cette perspective , la colonisation part de postulats louables : améliorer le sort de la population indigène en leur apprenant les manières de vivre , d’agir « naturelles » chez les espèces développées .
Il s’ensuit donc un processus d’acculturation , souvent effectué par la force mais pas uniquement ..Celui-ci va déboucher , dans le cas des indiens d’Amérique , sur un ethnocide , et donc une destruction de la société traditionnelle indienne .
II- LA COLONISATION DEBOUCHE SUR UNE ACCULTURATION PUIS UN ETHNOCIDE
A – L’ACCULTURATION
1 – LES MANIERES
La colonisation va générer une rencontre des cultures , entre la culture native et la culture conquérante . L’acculturation va alors s’opérer :
- à la fois par la force : interdiction de certains comportements jugés retardés ou dangereux pour les conquérants
- mais aussi par l’imitation : le groupe le plus valorisé est espagnol ; les indiens souhaitent alors leur ressembler. L’adoption de traits culturels espagnols suit la hiérarchie sociale .
La transformation de la culture indienne ne va pas s’opérer de manière linéaire , mais passer par différents stades .
2 – LES ETAPES DE L’ACCULTURATION
- rejet de la culture dominante
- sélection de traits culturels en les réinterprétant en fonction de la culture indienne
- création d’une culture syncrétique
- ou assimilation
Dans le cas de la colonisation , l’acculturation n’a touché que la culture du pays colonisé : le pays colonisateur ne doit pas modifier sa culture puisqu’elle est supérieure . L’objectif est donc d’assimiler totalement les indigènes en replaçant la culture native par la culture occidentale .
Comme les cultures sont différentes apparaît une incompréhension des cultures qui génère un ethnocide et la disparition des sociétés traditionnelles .
B – UNE INCOMPREHESION DES CULTURES TRADITIONNELLES GENERANT UN ETHNOCIDE
1- DES CULTURES DIFFERENTES
- les valeurs , normes , pratiques sociales sont différentes d’une société à une autre
- lors du processus d’acculturation , les comportements des indiens sont explicités par les espagnols en fonction de leur culture ; les comportement des espagnols expliqués par les indiens au regard de leurs valeurs et normes
2- UNE DISPARITION DES SOCIETES INDIGENES
- Comme les colonisateurs sont espagnols , ils appliquent leurs règles , notamment commerciales
- Les indiens qui ne comprennent pas ces règles s’endettent , dans se rendre compte , et s’appauvrissent : ils ne peuvent plus subvenir à leurs besoins
- Il y a alors une perte de repères pour les indiens : ils ne travaillent plus , tombent dans l’alcoolisme
Conclusion :
Une des justifications de la colonisation était donc d’apporter la civilisation aux indigènes et donc d’améliorer leur situation . En réalité , la colonisation a engendré une acculturation souvent brutale qui a débouché sur un ethnocide et une perte de repères pour les indigènes .
L’origine de cette déculturation est donc une vision ethnocentriste de la culture qui postule que la culture occidentale est supérieure . Pour remédier à ces inconvénients , il faudrait alors opter pour une démarche basée sur le relativisme culturel : considérer qu’il n’ y a pas de hiérarchie culturelle et expliquer les spécificités culturelles par les caractéristiques de l’environnement .
Mais adopter ce type d’attitude génère d’autres problèmes : comme on ne peut classer les cultures , il faut accepter qu’il n’ y ait pas de règles universelles concernant l’humanité . Ainsi , les droits de l’homme ne pourraient être suivis par tous les pays et il faudrait tolérer certaines pratiques que l’on considère comme contraires aux droits de l’homme , telles l’excision.
Le génocide rwandais est une conséquence de la colonisation de la Belgique : dans les années 30 , pour asseoir leur domination , les belges ont opposé deux groupes : les Hutus et les Tutsis , qui n’étaient a priori pas des ethnies différentes , puisque les mariages intercommunautaires étaient fréquents et que les deux groupes parlaient la même langue et pratiquaient la même religion .Les colonisateurs belges se sont appuyés sur la minorité tutsie , leur donnant les postes à responsabilités , car ils avaient , d’après eux , une apparence plus blanche .
Cette supériorité crée par les colonisateurs est à l’origine d’une haine des Hutus vis-à-vis des tutsis , qui s’est concrétisée , près de 60 ans plus tard , par l’extermination des tutsis par les Hutus
L’inculcation aux peuples africains des codes culturels européens est donc à l’origine de ce génocide .
En effet , la colonisation n’avait pas seulement pour objectif , pour les pays européens d’accroître leur territoire et de trouver de nouvelles ressources naturelles . Elle partait aussi d’une intention louable : améliorer le sort des populations indigènes . En effet , les pays européens avait une conception ethnocentriste de la culture , que l’on peut définir comme l’ensemble des normes , des valeurs , des pratiques socio-culturelles : la culture « blanche » est supérieure ; les populations indigènes auraient donc intérêt à abandonner leur culture primitive pour l’acquérir . Mais l’acculturation qui va naître de la rencontre de ces deux cultures ne va pas être équitable et va générer un ethnocide et une fragilisation des sociétés colonisées .
I – LA COLONISATION , UN INSTRUMENT POUR AMELIORER LE SORT DES POPULATIONS INDIGENES
Une des justifications de la colonisation repose sur l’amélioration du sort des populations indigènes : il faut les sortir de leur barbarie en leur amenant la seule culture envisageable .
A – UNE VISION ETHNOCENTRISTE
- Vision ethnocentriste et hiérarchisée des cultures
1 – LA CULTURE DES PAYS COLONISES EST INFERIEURE
- « Ce sont des peuples perçus comme culturellement et biologiquement inférieurs » ( doc 2 A ) : les caractéristiques de leurs cultures sont au mieux retardées , au pire animales
2 – COMPAREE A LA CULTURE OCCIDENTALE
- Particularité de la culture occidentale :
- La culture occidentale est l’antithèse de ces cultures : raison , respect de l’autre
B – IL FAUT DONC LEUR AMENER CETTE CULTURE
1 – L’évolutionnisme culturel
- Toutes les cultures passent par les mêmes stades et débouchent sur une culture unique plus évoluée .
2 – LA COLONISATION PERMET D’ACCELER CE MOUVEMENT
- la colonisation permet d’aller plus vite vers la culture unique
- les indigènes peuvent alors appartenir à un pays développé
Dans cette perspective , la colonisation part de postulats louables : améliorer le sort de la population indigène en leur apprenant les manières de vivre , d’agir « naturelles » chez les espèces développées .
Il s’ensuit donc un processus d’acculturation , souvent effectué par la force mais pas uniquement ..Celui-ci va déboucher , dans le cas des indiens d’Amérique , sur un ethnocide , et donc une destruction de la société traditionnelle indienne .
II- LA COLONISATION DEBOUCHE SUR UNE ACCULTURATION PUIS UN ETHNOCIDE
A – L’ACCULTURATION
1 – LES MANIERES
La colonisation va générer une rencontre des cultures , entre la culture native et la culture conquérante . L’acculturation va alors s’opérer :
- à la fois par la force : interdiction de certains comportements jugés retardés ou dangereux pour les conquérants
- mais aussi par l’imitation : le groupe le plus valorisé est espagnol ; les indiens souhaitent alors leur ressembler. L’adoption de traits culturels espagnols suit la hiérarchie sociale .
La transformation de la culture indienne ne va pas s’opérer de manière linéaire , mais passer par différents stades .
2 – LES ETAPES DE L’ACCULTURATION
- rejet de la culture dominante
- sélection de traits culturels en les réinterprétant en fonction de la culture indienne
- création d’une culture syncrétique
- ou assimilation
Dans le cas de la colonisation , l’acculturation n’a touché que la culture du pays colonisé : le pays colonisateur ne doit pas modifier sa culture puisqu’elle est supérieure . L’objectif est donc d’assimiler totalement les indigènes en replaçant la culture native par la culture occidentale .
Comme les cultures sont différentes apparaît une incompréhension des cultures qui génère un ethnocide et la disparition des sociétés traditionnelles .
B – UNE INCOMPREHESION DES CULTURES TRADITIONNELLES GENERANT UN ETHNOCIDE
1- DES CULTURES DIFFERENTES
- les valeurs , normes , pratiques sociales sont différentes d’une société à une autre
- lors du processus d’acculturation , les comportements des indiens sont explicités par les espagnols en fonction de leur culture ; les comportement des espagnols expliqués par les indiens au regard de leurs valeurs et normes
2- UNE DISPARITION DES SOCIETES INDIGENES
- Comme les colonisateurs sont espagnols , ils appliquent leurs règles , notamment commerciales
- Les indiens qui ne comprennent pas ces règles s’endettent , dans se rendre compte , et s’appauvrissent : ils ne peuvent plus subvenir à leurs besoins
- Il y a alors une perte de repères pour les indiens : ils ne travaillent plus , tombent dans l’alcoolisme
Conclusion :
Une des justifications de la colonisation était donc d’apporter la civilisation aux indigènes et donc d’améliorer leur situation . En réalité , la colonisation a engendré une acculturation souvent brutale qui a débouché sur un ethnocide et une perte de repères pour les indigènes .
L’origine de cette déculturation est donc une vision ethnocentriste de la culture qui postule que la culture occidentale est supérieure . Pour remédier à ces inconvénients , il faudrait alors opter pour une démarche basée sur le relativisme culturel : considérer qu’il n’ y a pas de hiérarchie culturelle et expliquer les spécificités culturelles par les caractéristiques de l’environnement .
Mais adopter ce type d’attitude génère d’autres problèmes : comme on ne peut classer les cultures , il faut accepter qu’il n’ y ait pas de règles universelles concernant l’humanité . Ainsi , les droits de l’homme ne pourraient être suivis par tous les pays et il faudrait tolérer certaines pratiques que l’on considère comme contraires aux droits de l’homme , telles l’excision.
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