Les femmes et la pauvreté

Pauvres parmi les pauvres ? Des femmes

Janine Mossuz-Lavau, Fondation Jean-Jaurès, 33 pages.
Selon Janine Mossuz-Lavau, la pauvreté n’est pas neutre. Elle frappe d’abord la population féminine. Cet essai a pour objet de définir la pauvreté et le poids du genre par l’analyse des chiffres, avant de restituer ensuite, ce qui est moins connu, le vécu des femmes touchées par la pauvreté d’après une enquête qualitative menée auprès de femmes aux différents âges de la vie. Enfin, le regard que jette la société sur l’argent et la pauvreté semble rester clivant. Les citoyens de droite ou de gauche n’ont pas, à cet égard, les mêmes analyses.
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les théories monétaristes en crise ?

Sur le site de la vie des idées :


Les théories monétaristes à l’épreuve de la crise financière

par Maya Bacache-Beauvallet [24-10-2008]


La crise que le monde connaît depuis juillet 2008 pose encore de nombreuses énigmes. Comment en est-on arrivé là alors que les mécanismes semblent relativement simples et auraient pu être anticipés ? Cette crise marque-t-elle l’échec des politiques monétaires des années 1980 et est-ce le retour des politiques keynésiennes de relance ? L’École d’économie de Paris a organisé un séminaire exceptionnel réunissant huit spécialistes de la crise, académiques et professionnels, pour éclairer le débat. Extraits vidéo.

Les éléments de la crise financière commencent à être connus : recherche de l’accession à la propriété, prêts inconsidérés à des ménages non solvables, titrisation et diffusion dans l’économie des prêts les plus risqués voire insolvables, retournement du marché immobilier américain et effet boule de neige du manque de confiance entre agents financiers et en particulier entre les banques, assèchement des prêts interbancaires et du crédit dans l’économie. La crise que le monde connaît depuis juillet 2008 pose encore de nombreuses énigmes : les mécanismes semblent relativement simples donc anticipables, pourquoi alors en est-on arrivé là ? Cette crise est-elle comparable à celle de 1929 ou présente-t-elle des spécificités ? Marque-t-elle l’échec des politiques monétaires des années 1980 et en particulier de l’indépendance de la banque centrale et de son objectif ? Quelles sont les modes de résolution de la crise et assiste-t-on au retour des politiques keynésiennes de relance ? Pour éclairer le débat, l’École d’économie de Paris a organisé un séminaire exceptionnel réunissant huit spécialistes de la crise, académiques et professionnels.

La crise financière et l’avenir du système financier, débat organisé à l’École d’économie de Paris le 14 octobre 2008.

Sommaire des interventions :
- François Bourguigon, École d’économie de Paris (EEP)
- David Naudé, Deutsche Bank
- Fabrizio Coricelli, Paris 1, CES and CEPR
- André Orléan, PSE et EHESS
- Gunther Cappelle-Blancard, Paris 1,CES
- Paul Besson, Trading in Hedge Fund Industry
- Gabrielle Demange, EEP et EHESS
- Olivier Godechot, CMH
- Philippe Martin, Paris 1, CES et CEPR.


François Bourguigon, École d’économie de Paris (EEP)

François Bourguignon (EEP)

David Naudé (Deutsche Bank)

David Naudé (Deutsche Bank)

Fabrizio Coricelli (Paris 1, CES and CEPR)

Fabrizio Coricelli (Paris 1, CES and CEPR)

André Orléan (PSE et EHESS)

André Orléan (PSE et EHESS)

Gunther Cappelle-Blancard (Paris 1,CES)

Gunther Cappelle-Blancard (Paris 1,CES)

Paul Besson (Trading in Hedge Fund Industry)

Paul Besson (Trading in Hedge Fund Industry)

Gabrielle Demange (EEP et EHESS)

Gabrielle Demange (EEP et EHESS)

Olivier Godechot (CMH)

Olivier Godechot (CMH)

Philippe Martin, (Paris 1, CES et CEPR)

Philippe Martin, (Paris 1, CES et CEPR)

l'Etat serait-il de retour ?

Sur la vie des idée un excellent article :

Octobre 2008 : le retour de l’État ?

Perspectives politiques sur la crise financière

par Bruno Bernardi [17-10-2008]


Le déroulement de la crise financière et les tentatives pour l’enrayer ont donné lieu à l’émergence d’un nouveau thème : nous assisterions, divine surprise pour les uns, calamité pour les autres, au retour de l’État. Bruno Bernardi se demande si cette idée n’est pas un leurre, derrière lequel il faudrait discerner les enjeux des mutations en cours : une nouvelle étape vers l’absorption de la société par le marché ou une reconfiguration globale de notre horizon historique et politique ?

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En moins d’un an, ce qu’on a appelé la crise des subprimes – ces crédits immobiliers risqués qui ont proliféré durant les dernières années aux États-Unis – s’est propagée (par le procédé de morcellement et de revente des crédits dénommé titrisation) à l’ensemble du système financier mondial. La crise de confiance qui en est résultée a mis en péril l’existence de nombreuses institutions bancaires de premier plan, désorganisé et tari le marché du crédit, provoqué un effondrement des marchés boursiers, laissant présager une période de récession à l’échelle planétaire. Sous la crise financière semble se profiler une crise économique globale. Au cœur de cette tourmente, le marché en désarroi s’est tourné vers les institutions politiques comme ultime recours devant la débâcle. Les États, en se faisant directement fournisseurs de liquidités, de crédits auprès des banques, de garanties aux déposants et, plus directement encore, en entrant dans le capital de grands groupes financiers, ont « repris la main ». Ces mesures seront-elles efficaces, au moins pour atténuer les effets de la crise en cours ? Éviteront-elles une dépression ? Ce sont des questions pratiquement ouvertes et qui, théoriquement, relèvent pour l’essentiel de la science économique.

On peut cependant aborder ces évènements sous un autre angle, plus directement politique.N’assistons-nous pas à un spectaculaire renversement dans les représentations dominantes de ce que doit être, dans son ensemble, l’organisation sociale ?

Les dernières décennies avaient vu monter en puissance l’idée selon laquelle la marché, par sa dynamique propre et les équilibres qu’il contribue à former, était par définition la structure portante de l’ensemble de l’organisation matérielle de la société, et que l’État, comme la fonction politique qui lui est attachée, ne devaient jouer qu’un rôle restreint, d’accompagnement, en tout cas qu’il n’avait aucune légitimité en tant qu’agent économique. Cette lame de fond, que l’on a qualifiée de révolution conservatrice ou de vague néolibérale, a été d’abord attachée aux noms de Margaret Thatcher et Ronald Reagan. On connaît la célèbre formule de ce dernier, prononcée lors de son discours d’investiture, le 20 janvier 1981 : « l’État n’est pas la solution à notre problème ; l’État est le problème » [1].

Trois décennies plus tard, on ne peut voir sans une ironique perplexité les héritiers de Reagan et Thatcher, les chantres du tout - marché, de la redéfinition du périmètre des politiques publiques (son rétrécissement), se muer en quelques jours, voire en quelques heures, en hérauts de la décision politique, défenseurs de l’État entrepreneur, et recourir massivement à des mesures par pudeur appelées de nationalisation, quand étatisation serait le mot exact.


Plus fondamentalement, beaucoup estiment que nous sommes à un tournant dans la manière de penser les rapports entre économie et politique, État et marché. Comblant les uns, horrifiant les autres, nous assisterions, après une longue éclipse, au retour de l’État. Mais, avant de valider ou infirmer ce renversement de perspective, de l’applaudir ou le condamner, n’est-il pas nécessaire, prenant un peu de recul, d’interroger cette idée même d’un retour de l’État ?

le développement d el'Afrique analysé par la CNUCED

La CNUCED vient-elle aussi de mettre en ligne son rapport sur le développement de l'Afrique et sa position évolue : la libéralisation n'a pas su suffi à assurer la croissance et le développement :

Le Développement économique en Afrique 2008 : Résultats à l’exportation après la libéralisation du commerce: Quelques tendances et perspectives


Repères
Table des matières
Information de presse
A télécharger

Le rapport de cette année a pour objet d’examiner les résultats à l’exportation de l’Afrique depuis la libéralisation du commerce afin d’en tirer des enseignements utiles à l’élaboration de futures stratégies de commerce et de développement. Le principal message qui en ressort est que les efforts déployés depuis vingt cinq ans par les pays africains dans le domaine de la libéralisation du commerce ont permis de supprimer la plupart des obstacles politiques qui étaient considérés comme les principaux freins aux exportations de ces pays. En dépit de quelques progrès dans ce domaine, le niveau et la composition des exportations de l’Afrique ne se sont pas foncièrement améliorés. Les pays africains n’ont pas réussi à diversifier leurs exportations en faveur de produits de base et de produits manufacturiers plus dynamiques, qui sont moins sensibles aux aléas des marchés internationaux. Leur part des exportations mondiales a même diminué, passant de 6 % en 1980 à 3 % en 2007. C’est pourquoi, en dépit de la forte croissance des recettes d’exportation enregistrée ces dernières années, l’Afrique doit d’abord récupérer ses parts de marché perdues. Selon le rapport, la faible capacité d’adaptation de l’offre constitue le principal obstacle à la progression des exportations de l’Afrique, ce qui donne à penser que les futures stratégies en matière d’exportation devraient mettre davantage l’accent sur les moyens de développer certains secteurs afin d’accroître la production destinée à l’exportation.

Le rapport sur Le développement économique en Afrique propose quelques orientations pour aider l’Afrique à réorienter ses priorités de développement sur les transformations structurelles afin d’accroître les capacités d’offre et d’adaptation de ses exportations. Ces propositions générales sont étayées par l’observation selon laquelle le développement des exportations suppose bien plus que la libéralisation du commerce et que la politique commerciale doit être étroitement associée à des politiques de développement des secteurs agricole et industriel complémentaires et bien définies. Le rapport souligne que la stabilité macroéconomique et politique, ainsi que la prévisibilité des orientations stratégiques sont des préalables au succès de la libéralisation du commerce et des politiques de développement sectoriel en Afrique.

croissance et inégalités vues par l'OCDE

La dernière publication de l'OCDE revient sur 30 ans de discours libéral : le consensus de washington vole en éclat : la croissance est une condition nécessaire à la réduction des inégalités mais elle n'est pas suffisante

Le fossé entre les riches et les pauvres s’est creusé dans trois pays de l’OCDE sur quatre ces deux dernières décennies. C’est ce que constate un nouveau rapport de l’OCDE.

Selon ce rapport, intitulé « Croissance et inégalités », la croissance économique au cours des 20 dernières années a davantage bénéficié aux riches qu’aux pauvres. Dans certains pays, notamment l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la Finlande, l’Italie et la Norvège, l’écart s’est également accentué entre les riches et la classe moyenne.

Les pays où l’éventail des revenus est large connaissent généralement une pauvreté monétaire plus marquée. En outre, la mobilité sociale joue moins dans les pays à fortes inégalités, notamment les États-Unis, l’Italie et le Royaume-Uni, alors que dans les pays nordiques, où les revenus sont répartis plus équitablement, on observe davantage de mobilité sociale.
Lors du lancement de ce rapport à Paris, le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, a mis en garde contre les problèmes dus aux inégalités et souligné la nécessité, pour les gouvernements, de s’y attaquer. « Une inégalité croissante est un germe de division. Elle polarise les sociétés, elle crée une fracture entre les régions des pays et elle creuse dans le monde un fossé entre les riches et les pauvres. L’accroissement des inégalités de revenu bloque l’« ascenseur social », les personnes talentueuses qui travaillent dur obtenant plus difficilement la récompense qu’elles méritent. Il n’est pas possible d’ignorer ces inégalités croissantes ».

C’est le nombre de personnes peu qualifiées et faiblement instruites sans emploi qui est l’une des principales causes des inégalités de revenus. Un autre facteur est la multiplication des personnes qui vivent seules et des familles monoparentales.

Certaines catégories sociales ont été plus favorisées que d’autres. La population qui se trouve proche de l’âge de la retraite a connu la plus forte progression des revenus ces 20 dernières années et la pauvreté a diminué parmi les retraités dans un grand nombre de pays. En revanche, la pauvreté des enfants a augmenté. (Selon la définition de l’OCDE, il y a pauvreté lorsque chaque membre d’un ménage a un revenu inférieur à la moitié du revenu médian, corrigé de la taille de la famille).

Pour les enfants et les jeunes adultes, la probabilité de pauvreté est aujourd’hui supérieure de 25 % à celle de l’ensemble de la population. La probabilité de pauvreté pour les ménages monoparentaux est trois fois plus élevée que pour la moyenne de la population. Or, les pays de l’OCDE dépensent trois fois plus pour la politique familiale qu’il y a 20 ans.

Dans les pays développés, les gouvernements ont augmenté les impôts et dépensent davantage pour les prestations sociales afin de compenser la tendance à plus d’inégalités. Selon le rapport, les inégalités se seraient encore aggravées plus rapidement sans ces dépenses.

Comme l’a fait valoir M. Gurría, il faut s’attaquer autrement à ce problème. « Bien que la fiscalité et les transferts restent importants dans un grand nombre de pays de l’OCDE pour redistribuer les revenus et réduire la pauvreté, nos données confirment leur perte d’efficacité ces dix dernières années. Vouloir combler les lacunes de la distribution des revenus uniquement par une augmentation des dépenses sociales revient à traiter les symptômes et pas la maladie. »

« Si les inégalités se sont aggravées, c’est en majeure partie à cause des changements qui se sont produits sur le marché du travail. C’est là que les gouvernements doivent agir. Les travailleurs peu qualifiés rencontrent de plus en plus de difficultés à trouver un emploi. Accroître l’emploi est le meilleur moyen de réduire la pauvreté », a déclaré M. Gurría.

Améliorer le niveau d’instruction est aussi un excellent moyen d’obtenir une croissance qui, sur le long terme, bénéficie à tous, et pas seulement aux élites ; tel est l’un des constats du rapport. À court terme, les pays doivent prendre des mesures plus efficaces pour que leur population trouve un emploi et que les familles qui travaillent perçoivent des prestations qui augmentent leurs revenus salariaux, au lieu de dépendre de prestations de chômage, d’invalidité et de préretraite


Intéressant. L’écart entre les riches et les pauvres n’est pas si important qu’on pourrait le penser

Eléments clés du rapport

Les écarts de revenu se sont creusés, au cours des deux dernières décennies, dans la plupart des pays de l’OCDE. Dans le contexte actuel d’une économie mondiale en mutation, cela signifie que toujours plus de personnes risquent d’être laissées à la traîne. Selon le Secrétaire général Angel Gurría, « Faire en sorte que la croissance profite à tous, et pas seulement aux riches, est la tâche que nous devons nous assigner ». Les gouvernements ne doivent pas rester spectateurs : ils doivent réagir aux inégalités de revenu par des politiques qui aideront les gens à s’en sortir.

Pourquoi l’écart entre riches et pauvres se creuse-t-il ?
Dans la plupart des pays, l’écart se creuse parce que les ménages riches s’en sortent nettement mieux que les ménages de la classe moyenne et les ménages pauvres. Les changements dans la structure de la population et sur le marché du travail au cours des 20 dernières années ont beaucoup contribué à cette accentuation des inégalités.

  • Les salaires des personnes qui étaient déjà bien payées ont augmenté.
  • Les taux d’emploi des personnes ayant un moins bon niveau d’instruction ont baissé.
  • Et le nombre des ménages comprenant un seul adulte et une seule famille est en augmentation.

Que peut on faire ?
Dans certains cas, les politiques publiques en matière de fiscalité et de redistribution du revenu ont aidé à lutter contre l’accentuation des inégalités. Mais cela ne peut être la seule réponse. Les autorités publiques doivent aussi améliorer leurs politiques dans d’autres domaines.

  • Les politiques éducatives doivent chercher à doter les individus des compétences dont ils ont besoin sur le marché du travail actuel.
  • Des politiques d’emploi actives sont nécessaires pour aider les chômeurs à trouver du travail.
  • Accéder à l’emploi rémunéré est déterminant pour réduire le risque de pauvreté, mais accéder à un emploi n’est pas nécessairement suffisant pour être à l’abri. L’étude Croissance et inégalités montre que dans plus de la moitié des ménages concernés par la pauvreté il y a au moins une part de revenus issus du travail.
  • Les politiques de prestations liées à l’occupation d’un emploi peuvent aider les familles d’actifs qui ont des difficultés à accéder à un niveau de vie décent en leur apportant un complément de revenu.
En complément :

Le Saviez-Vous ? (Inégalité de revenus)

L’écart entre riches et pauvres s’est creusé et le nombre de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté a augmenté au cours des deux dernières décennies. L’évolution est assez générale, affectant les trois quarts des pays de l’OCDE. L’ampleur du changement est limitée mais significative.

[Tableau 11.1. Évolution des inégalités de revenu et de la pauvreté]

Les inégalités de revenu se sont nettement accentuées, au début des années 2000, en Allemagne, au Canada, aux États-Unis et en Norvège. Par contre, les revenus ont eu tendance à s’égaliser en Grèce, au Mexique et au Royaume-Uni.

[Graphique 1.1. Coefficients de Gini des inégalités de revenu dans les pays de l’OCDE, milieu des années 2000]
[Graphique 1.2. Évolution des inégalités de revenuVariation du coefficient de Gini sur différentes périodes]

La montée des inégalités s’explique généralement par le fait que les riches ont vu leurs revenus s’améliorer tant par rapport aux titulaires de bas revenus que par rapport aux titulaires de revenus moyens.

[Tableau 1.1. et Tableau 1.2. Évolution du revenu réel des ménages par quintile, et Gains et pertes de parts de revenu par quintile de revenu]

Le Saviez-Vous? (Pauvreté)

Environ une personne sur dix avait dans les pays de l’OCDE un revenu inférieur à la moitié de la valeur médiane nationale en 2005.
[Graphique 5.1. Taux de pauvreté relative pour différents seuils de revenu, milieu des années 2000]

Le risque de pauvreté a diminué pour les personnes âgées, alors qu’il a augmenté pour les jeunes adultes et les familles qui ont des enfants.

[Tableau 5.1. Taux de pauvreté des personnes d’âge actif et des ménages ayant un chef d’âge actif, suivant les caractéristiques des ménages]

[Tableau 5.2. Taux de pauvreté des enfants et des personnes appartenant à des ménages avec enfants, suivant les caractéristiques des ménages]

Le travail réduit la pauvreté : les familles sans emploi sont presque six fois plus souvent concernées par la pauvreté que les familles d’actifs.

[Graphique 5.8. Taux de pauvreté et d’emploi, vers le milieu des années 2000]

Plus de messages clés en dernière page
de la synthèse
Croissance et inégalités

Données de distribution des revenus et pauvreté, sous Gapminder


Go to Gapminder application


En anglais uniquement pour l'instant, les graphiques Gapminder permettent des interactions entre les données de distribution des revenus et pauvreté avec le temps.

Vous pouvez sélectionner l'indicateur de votre choix sur chaque axe ainsi que la taille des bulles qui représente un troisième indicateur. Vous pouvez alors cliquer sur PLAY. Vous pouvez aussi sélectionner le(s) pays de votre choix et comparer les résultats.

Graphique Gapminder par défaut: les pays de l'OCDE ont le taux de pauvreté qu’ils sont prêts à payer ?

Les revenus sont plus également répartis et il y a moins de gens pauvres lorsque les dépenses sociales sont importantes : c’est ce qu’on observe dans les pays nordiques et dans les pays d’Europe occidentale comme l’Autriche, la Belgique et les Pays-Bas. Dans ces pays, en 2005, les dépenses sociales en faveur des personnes d’âge actif représentaient 7-8 % du revenu national et la part des personnes d’âge actif concernées par la pauvreté se situait entre 5 % et 8 %.

À l’autre extrême, aux États-Unis, en Corée, au Mexique et en Turquie, les prestations représentaient 2 %, si ce n’est moins, du revenu national, et 12 à 15 % de la population d’âge actif étaient concernés par la pauvreté.

Il serait facile de conclure que les pays ont le taux de pauvreté qui est fonction de ce qu’ils sont prêts à payer. Au Mexique et en Turquie, des recettes fiscales plus importantes –– qui permettraient une extension des programmes sociaux –– réduiraient probablement les inégalités et la pauvreté. Mais, pour la plupart des pays de l’OCDE, la réponse est plus complexe...

Un excellent dessin de Martin vidberg dont je vous recommande le blog : L'ACTU EN PATATES






Alors que la bourse de Paris comme toutes les bourses européennes et celles de Tokyo et le Dow Jones réagissaient très positivement au plan de soutien mis en oeuvre par les Etats , les inquiétudes quant à l'évolution de l'économie réelle se multiplient :

la semaine dernière ce sont les prévisions du FMI :

L'institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn table sur une progression du PIB mondial de 3% l'an prochain. Les Etats-Unis n'afficheraient qu'une faible croissance de 0,1% et ne "retrouveront leur potentiel de croissance qu'en 2010". La zone euro ne fera guère mieux avec un PIB en hausse de tout juste 0,2% l'an prochain et l'entrée en récession de nombreux Etats.

Perspectives économiques mondiales du FMI : la synthèse


aujourd'hui : le figaro titre : L'Unedic prévoit 46 000 chômeurs de plus en 2008

Alors qu'elle prévoyait 80.000 chômeurs en moins en 2008, l'assurance-chômage table désormais sur des chiffres nettement moins encourageants. Le gouvernement dévoilera un plan pour l'emploi la semaine prochaine.

Les chiffres de l'Unedic de juin dernier étaient trop optimistes. En tablant sur une baisse du nombre de chômeurs en 2008 (-80 000), l'assurance-chômage n'avait pas vu juste et revoit désormais sérieusement ses prévisions. Mardi, l'Unedic a dévoilé ses dernières estimations. L'assurance-chômage prévoit 46 000 chômeurs de plus en 2008 et un déficit cumulé à 5,09 milliards d'euros en fin d'année. En cause de ces nouveaux chiffres, les hypothèses de créations d'emplois (43 000 aujourd'hui contre 119 000 en juin) et de croissance économique (1% contre 1,7% il y a trois mois), toutes deux revus à la baisse.


Une des explication à cette remontée du chômage : Sur le site du journal le Monde :


P Krugman: Le Nobel d'économie 2008 évoque une probable récession mondiale
"Même si nous débloquons le marché du crédit, nous aurons probablement une sérieuse récession devant nous", estime-t-il. Selon Pau Krugman, la crise a déjà infligé de lourds dommages à l'économie mondiale, entraînant notamment l'économie réelle dans une forte "tendance à la baisse". Plus tôt, il avait déclaré en conférence de presse que le monde se dirigeait vers "une récession, sans doute prolongée, mais peut-être pas un effondrement".
Plus généralement, il estime que "les gens qui nous assuraient que le marché fonctionnait, que la poursuite du profit conduisait toujours à un résultat positif, se sont massivement trompés".


Sur le site contre info une critique encore plus virulente de B Setser :




Nous avons suggéré que les risques n’avaient pas disparu mais changé de nature. Dans ce gigantesque et brutal « repli d’accordéon » auquel nous assistons, les formes de la monnaie - dépôts et épargne - que nous avons concédé à l’exercice du droit et de l’intérêt privé désormais dotés d’un privilège de liberté absolue, ont été à deux doigts de perdre toute valeur. Elles ont du chercher refuge in extremis auprès de la seule garantie qui vaille, au bout du compte, celle des contribuables et de la monnaie d’état. Ainsi, la faillite potentielle des uns est devenue la dette des autres, mettant semble-t-il un terme à la panique. Outre des dettes, nous avons cependant gagné du temps. Mais la situation nouvelle - inouïe - qui s’est créée est celle-ci. Chaque acteur du système financier, totalement dysfonctionnel, qui ne doit jusqu’à présent sa survie qu’à l’accès à des fonds distribués sans restrictions par les banques centrales, est désormais explicitement protégé contre la faillite. Les états ont donc accepté en deux temps de prendre la place des marchés monétaires moribonds, puis de garantir que tous les morts vivants de la place - ne les secouez pas, ils sont pleins de dettes - resteraient en vie. En d’autres termes, après la transfusion, l’entrée en service de soins intensifs. Fort bien. La sécurité sociale, finalement, nous rappelle ainsi ses incontestables mérites. Elle nous a évité l’infarctus généralisé. Restent plusieurs questions. Quand, comment, et à quelles conditions pourrons nous débrancher les sondes de ces grands malades qui seront sans doute un peu inquiets à l’idée de bénéficier à nouveau des bienfaits du grand air et de la libre concurrence du « struggle for life » qu’ils affectionnaient tant ? Et combien coûtera cette hospitalisation ? Faut-il par ailleurs accepter que soient encore versés des dividendes aux actionnaires d’établissements qui ne doivent leur survie qu’à la collectivité ? Voilà, en résumé, les thèmes que Brad Setser développe ci-dessous. Une dernière remarque. Nombre de nations des pays émergents ont eu à subir ce type de crise. Mais jamais auparavant - et de loin - le G7 n’avait fait preuve d’une telle magnanimité. Pour eux, il n’a jamais été question de fournir des liquidités « illimitées » pour les aider à traverser une mauvaise passe, et les Argentins, pour ne citer qu’eux, s’en souviennent à coup sûr fort bien. Mais sans doute est-ce là une illustration de la théorie de l’ « avantage comparatif ».

Finalement le traitement mis en oeure était nécessaire , presque tout le monde en convient, mais sera t'il suffisant , surtout est-il adapté s'il n'est pas accompagné de mesures structurelles qui ne se limitent pas à quelques codes de bonne conduite ?

Un plan pour sauver qui ?

Un plan pour sauver qui ?


La France d'abord:

Sur Libération : L'Etat met 360 milliards sur la table pour sauver les banques


Nicolas Sarkozy, cet après-midi, à l'Elysée, après le conseil des ministres.

Nicolas Sarkozy, cet après-midi, à l'Elysée, après le conseil des ministres. (REUTERS)


L'Etat met 360 milliards sur la table pour sauver les banques

l'Allemagne ensuite : Sur contre info : Berlin : un plan de 470 milliards d’euros lundi 13 octobre

Berlin au chevet des banques et des épargnants. Au lendemain d’une réunion de l’Eurogroupe, l’Allemagne doit présenter aujourd’hui son propre plan de sauvetage d’un volume attendu de 470 milliards d’euros.

Berlin : un plan de 470 milliards d’euros

Et pendant ce temps là à Londres :

Répit. Etonnant, venant du pays opposant à la monnaie unique, du berceau du libéralisme poussé, par pragmatisme, à renier ses convictions. Et à nationaliser à tout va. Du FMI en passant par George Bush, hier, la réponse britannique semble plus appropriée que la réponse… américaine. Et voilà Brown, l’ex-VRP du social-libéralisme assumer son virage idéologique, sans risquer d’être démenti par les Européens : «Les vieilles solutions d’hier ne nous seront pas utiles pour les défis d’aujourd’hui et de demain.» S’il reste à en connaître l’efficacité, au moins, la preuve par les faits est là. La garantie des prêts interbancaires que l’Union européenne va suivre ? Londres l’a mise en musique mercredi, à hauteur de 250 milliards de livres. L’injection de liquidités sur le marché pour soulager la contraction du crédit ? C’est fait : 200 milliards de livres. La quasi-nationalisation des bijoux du pays ? Prévue pour ce lundi, à commencer par les deux plus grosses banques (RBS et HBOS) : 75 milliards de livres (contre 50 prévus mercredi). La pire crise depuis 1929 ? Alistair Darling, son ministre des Finances, l’a évoquée il y a un mois, quand son homologue française pensait, elle, que «le plus gros de la crise» était «passé».

Brown, sauvetage «modèle»

p Jorion s'interroge sur la logique de ces multiples plans : Le plus audacieux mène la bande, par Paul Jorion


« En matière de nationalisation du système financier, le pays qui frappe le plus vite, le plus fort détermine le niveau sur lequel les autres sont obligés de s’aligner, » constate Paul Jorion. Mais Gordon Brown a-t-il réellement fait preuve d’audace ou bien plus prosaïquement d’un indispensable réalisme devant une situation plus que dégradée ? Dans ce cas, serait-ce en raison de cette autre forme de la « relation spéciale » entre Londres et son ancienne colonie qu’entretiennent aussi la City et Wall Street ou bien d’une situation de fragilité qui serait commune aux banques européennes ? Questions ouvertes mais réponses potentiellement ruineuses.

Par Paul Jorion, 11 octobre 2008

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Il y a bien longtemps - à la vitesse où vont aujourd’hui les choses, le 14 juillet dernier, j’écrivais dans L’Amérique a changé... même si elle ne le sait pas encore : « Pour Oncle Sam, cela change tout : hier soir, les États-Unis ont basculé du libéralisme dans la social-démocratie ».

L’Amérique ne le savait pas encore il y a trois mois et elle ne le sait même pas encore aujourd’hui mais elle le saura peut-être la semaine prochaine - si mes tuyaux ne sont pas crevés. Le processus va très vite et même en s’accélérant et la raison en est la suivante : c’est le plus audacieux qui mène la bande.

Ce qu’on observe depuis quelques jours, c’est qu’en matière de nationalisation du système financier, le pays qui frappe le plus vite le plus fort détermine le niveau sur lequel les autres sont obligés de s’aligner : quand l’Irlande garantit tous les dépôts à vue, l’Angleterre doit suivre, sous peine de voir toutes ses banques siphonnées aussitôt vers l’Irlande, mais pour ce faire elle est obligée d’aller plus loin dans la nationalisation que n’importe qui d’autre, fixant automatiquement la nouvelle norme pour ceux qui ne veulent pas être laissés pour compte dans le nouveau paysage de la compétitivité : pour les États-Unis, pour l’Allemagne qui avait juré ses grands dieux la semaine précédente qu’il n’en serait rien, pour le Benelux, que les affaires Fortis et Dexia ont déjà conduit sur cette voie, pour l’Espagne qui vient de s’aligner sur la Grande-Bretagne, et bien entendu également pour la France, qui ne se doute encore de rien - même si l’on travaille peut-être dur ce weekend au ministère des Finances.

Je dénonce régulièrement la croyance dans l’autorégulation des marchés mais cela ne signifie pas qu’il n’existe pas d’effets d’auto-organisation dans le système financier et l’entraînement dans la voie de la nationalisation par le plus audacieux auquel on assiste en ce moment, en est un excellent exemple.

Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).

* Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.



ET PENDANT CE TEMPS LA :

Carte de la faim de la FAO

«La crise financière occulte la crise alimentaire»

Interview

Sébastien Fourmy, porte-parole d'Oxfam France, de retour des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, déplore l'écart entre les moyens mis en œuvre dans un cas et la passivité dans l'autre.

Ainsi, dans un communiqué, l'organisation non gouvernementale Oxfam affirme que «ces réunions ont offert un nombre de solutions scandaleusement faible pour les pays les plus pauvres. Les dirigeants mondiaux reconnaissent qu'il y a une crise mondiale de la pauvreté, mais l'ont ignorée». Or, la faim et la malnutrition ne cessent de progresser : plus de 925 millions de personnes souffrent de la faim. «Alors que le monde développé a dégagé plus de 1000 milliards de dollars en quelques semaines pour empêcher ses banques de faire faillite, il ne parvient pas à trouver 1% de cette somme pour aider les pays les plus pauvres à surmonter la crise alimentaire»,ajoute Oxfam. Entretien avec Sébastien Fourmy, coordinateur des campagnes d'Oxfam France-Agir Ici, et de retour de Washington.

Des moyens, mais pas pour la faim, par Laetitia Clavreu





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De toute évidence, il y a crise et crise, urgence et urgence, milliards et milliards. C'est ce que constatent aujourd'hui, amers, ceux qui depuis des années lancent des appels aux dons pour résoudre le problème de la faim dans le monde.

Ainsi François Danel, le directeur général d'Action contre la faim, se dit surpris "de voir la capacité de lever en quelques jours 700 milliards de dollars (517 milliards d'euros) aux Etats-Unis, et des centaines de milliards en Europe, alors que nous rencontrons les plus grandes difficultés à trouver des fonds pour des enfants qui meurent de faim". Et de rappeler les propos du sociologue suisse Jean Ziegler, ancien rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation : "Un enfant qui meurt de faim aujourd'hui est un enfant assassiné."

Des moyens, mais pas pour la faim, par Laetitia Clavreul

ECOUTEZ JEAN ZIEGLER :





Alors la tribune pose la question : Ci-gît le libéralisme ? 1979-2008

Par François Lenglet, rédacteur en chef Economie, politique, international à La Tribune.

Des banques nationalisées, en Europe et aux Etats-Unis. Des dirigeants européens qui réhabilitent l'intervention publique et suspendent les règles communes qui proscrivent les aides d'Etat, tout comme celles qui promeuvent la concurrence. Les salaires des patrons encadrés, la finance stigmatisée, l'économie de marché critiquée : la crise a provoqué un gigantesque tête-à-queue idéologique. Comme si, avec les craquements du système bancaire mondial, se terminait un grand cycle libéral. Un cycle comme le capitalisme en a connu plusieurs, qui s'interrompent toujours de la même façon, avec un krach financier retentissant.

Voilà près de trente ans que l'économie de marché sans limites était célébrée sur tous les continents, et qu'on lui attribuait non sans raison l'extraordinaire emballement de la croissance économique des dernières années, qui a vu le PIB américain progresser de moitié entre 1994 et 2006 et la Chine sortir du Moyen Age. C'est au nom de cette efficacité que nous avons organisé le retrait de la puissance publique dans la plupart des pays du monde. Qu'on a déréglementé les secteurs de l'énergie, des télécommunications, des transports, en exaltant les vertus de la concurrence.

Cette grande vague libérale naît durant les années 1970, dans le monde anglo-saxon. En 1979, Margaret Thatcher conquiert le pouvoir au Royaume-Uni. En quelques années, elle remet sur pied ce grand pays épuisé, en ouvrant les frontières, en taillant dans la dépense publique, en baissant les impôts et en cassant les syndicats. Quinze mois plus tard, l'Amérique élit à la présidence un vieil acteur au rencart reconverti dans la politique, Ronald Reagan. Ce républicain fera lui aussi merveille, en rétablissant une Amérique qui avait été considérablement affaiblie. Il réussira avec les mêmes recettes que son homologue britannique : moins d'impôts, moins de règles, moins d'État.

En 1989, la chute du mur de Berlin décuple la vague libérale, parce qu'elle ouvre au commerce et à l'économie de marché un continent qui aspire à la liberté politique et économique. Russie, Pologne, Tchécoslovaquie, nouveaux Länder allemands, tous se précipitent pour renier le plan et adorer le marché, avec le zèle du converti. La Communauté économique européenne accueille ces nouveaux catéchumènes avec enthousiasme. L'Europe est elle-même engagée dans une entreprise de vaste envergure, le marché unique. Le projet est inspiré, là encore, par la grande vague libérale qui balaye la planète : ouverture des frontières, démantèlement des politiques industrielles nationales au profit de la concurrence, contention de la sphère publique.

La ferveur libérale est à son comble au début des années 1990, grâce à l'irruption des nouveaux pays industrialisés, celle de la Chine en particulier, qui adoptent eux aussi l'économie de marché. Les entreprises occidentales profitent des nouvelles libertés d'investissement et des bas coûts de transport pour étendre leur terrain d'action. Le commerce mondial change subrepticement de nature : les échanges intrafirmes deviennent prépondérants, l'organisation des entreprises se love dans la nouvelle géographie de la croissance, profitant des considérables différences de salaires dans un monde où les règles du jeu économiques s'universalisent.

La première rupture intervient en 1997-1998, avec la crise asiatique, qui infléchit la trajectoire folle des «dragons» d'Asie du Sud-Est. Trois ans plus tard, c'est l'éclatement de la bulle Internet, puis le scandale Enron. Celui-ci jette une ombre sur la sincérité des comptes publiés par les entreprises. La croissance mondiale reprend pourtant à vive allure, grâce aux médications d'Alan Greenspan, qui soutient la croissance américaine en baissant ses taux d'intérêt.

Il s'ensuivra la plus grosse bulle spéculative de l'histoire, avec l'explosion des prix de l'immobilier dans le monde entier, et la progression inouïe de l'endettement - la liberté économique stimule les «instincts animaux», pour reprendre les termes de l'économiste John Maynard Keynes. La dette totale des Américains (tous agents confondus) atteint 350% du PIB en 2007 — même en 1929, elle n'avait fait que frôler les 300%. La crise des subprimes intervient en juillet 2007, et s'amplifie au cours de l'année 2008.

On connaît la suite. Le marché a produit une catastrophe qu'il est incapable de régler tout seul. D'où l'incroyable succession de nationalisations d'établissements financiers depuis quelques mois. Comme toujours, les autres nations suivent, et se mettent à prêcher aussi pour le retour de l'Etat, le contrôle des rémunérations, le retour à la réglementation... Et les conversions idéologiques se multiplient. Celle de Paul Krugman, par exemple, économiste réputé et naguère défenseur de la mondialisation heureuse, et aujourd'hui bien plus circonspect.

Ou celle de Giulio Tremonti, lieutenant de Silvio Berlusconi, qui a publié, début 2008, un livre qui fait un tabac, la Paura e la Speranza ("la Peur et l'Espoir"). Naguère maître à penser de la droite libérale, il conteste aujourd'hui le marché, «idéologie totalitaire», et appelle à la construction d'une Europe «avec des portes, à condition qu'elles ne soient pas toujours ouvertes». Autant de signes du gigantesque retournement idéologique qui est à l'œuvre sous nos yeux, dans le monde entier. Nicolas Sarkozy lui-même a d'ailleurs fait l'apologie du rôle de l'Etat dans l'économie, lors de son discours de Toulon, fin septembre 2008.

Jusqu'où peut aller cette inclination régressive ? Rien n'est désormais impossible. La mondialisation entre très probablement dans une phase d'éclipse. Car sa cause première n'est ni la technologie, ni la baisse des coûts de transport, ni même l'organisation des entreprises, mais le degré de tolérance des sociétés à l'ouverture internationale et leur aspiration à la liberté. Sentiment qui varie sensiblement d'une époque à l'autre, en fonction de la conjoncture et de la confiance dans l'avenir. En temps de crise, les citoyens ne demandent pas plus de liberté, mais plus de protection.

Dans les mois qui viennent, nos sociétés vont donc rétablir les frontières nationales. En Europe, nous avons commencé, avec la multiplication des mesures dispersées et contradictoires que les gouvernements ont prises pour lutter contre la crise. Et, dans peu de temps, le libéralisme nous semblera ce qu'il est : une belle idée de beau temps, complètement inadaptée lorsque l'âme collective s'inquiète d'une tempête inhabituelle. Une consolation, toutefois. Durant ce cycle qui s'ouvre, la France, viscéralement antilibérale, sera en accord avec son temps, en vertu d'une loi éternelle : une pendule arrêtée donne l'heure deux fois par jour.



Auguste Detoeuf, le 1er mai 1936 : "le libéralisme est mort ! "
Dans les années 1930 aussi, on s'interroge sur les moyens de sortir de la crise, et sur la nécessité de revenir à l'intervention économique au détriment de l'économie de marché. En France, un petit groupe d'esprits éclairés, polytechniciens, crée alors un groupe de réflexion, «X-Crise». Le 1er mai 1936, X-Crise reçoit un grand dirigeant d'entreprise, Auguste Detœuf, patron de Thomson-Houston, qui prononce une conférence intitulée «La fin du libéralisme». Extraits: «le libéralisme est mort ; il a été tué, non pas par la volonté des hommes ou à cause d'une libre action des gouvernements, mais par une inéluctable évolution interne [...] Je crois que la fausse mystique libérale, les déclarations libérales sans sincérité, toute cette démagogie à l'intention des classes dirigeantes et d'un peuple qui confond la liberté économique avec la liberté tout court, sont des dangers publics.


un petit film pour conclure : le sud emploiera t'il demain le nord :

The job
envoyé par trescourt


Faut-il développer le crédit hypotécaire en France ?

Sur le site du CAE un rapport qui fait débat : Loger les classes moyennes : la demande, l’offre et l’équilibre du marché du logement
Rapport de Jacques Mistral et Valérie Plagnol


Un état des lieux du marché du logement
Les dysfonctionnements actuels du marché du logement en France ne doivent pas faire oublier que la politique du logement menée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a permis d’accompagner les profondes mutations qu’a connues la société et que les conditions moyennes de logement n’ont jamais été aussi bonnes. Ainsi, en cinquante ans, alors que la population a augmenté de 40 %, le parc immobilier a doublé, atteignant, en 2006, 32 millions de logements.
Dans le même temps, le nombre de propriétaires de leur résidence principale s’est régulièrement accru et atteint aujourd’hui près de 57 %. L’amélioration du parc est également qualitative puisque la part des logements sans confort sanitaire est passée de près de 40 % en 1954 à 2,6 % en 2002 et la surface moyenne des résidences principales a augmenté, atteignant 90 m² en 2002. Enfin, contrairement à ses voisins européens, la France a fait le choix d’une offre diverse où coexistent immobilier privé, locatif privé et locatif public. Cette diversité du marché immobilier, qui permet de conjuguer l’offre flexible que requiert une société de plus en plus mobile et l’investissement patrimonial qu’appelle une société plus riche et âgée, est un avantage comparatif insuffisamment reconnu de notre pays.
En dépit de ces points positifs, le marché du logement connaît, depuis les années quatre-vingt-dix, de nombreux dysfonctionnements. Le coût du logement n’a cessé d’augmenter Le prix des logements a progressé de près de 40 % depuis 2004. Cette accélération des prix, dont l’ampleur contraste très nettement avec celle du revenu des ménages, résulte de la combinaison d’une offre insuffisante – du fait notamment du ralentissement dans la construction de logements sociaux entre 1996 et 2006 et Les crises récentes du secteur bancaire américain laissent présager d’un durcissement des conditions d’accès au crédit.
Dans ce contexte et alors que le prix de l’immobilier atteint des sommets, la question de l’accès des classes moyennes à la propriété, qui se trouve au coeur de ce rapport du CAE, se pose avec d’autant plus d’acuité qu’en matière de logement la France fait face à des dysfonctionnements non seulement du marché mais aussi de l’intervention publique. Face à l’ampleur et à la diversité des besoins, face aux défis démographiques et environnementaux à venir, Jacques Mistral et Valérie Plagnol s’interrogent sur les mesures à mettre en oeuvre pour améliorer l’ajustement de l’offre et de la demande sur le marché du logement. Ils proposent de desserrer les contraintes physiques sur l’offre, de modifier la gouvernance de la politique du logement, de rationaliser les aides publiques et de repenser le mode de financement de l’accession à la propriété de manière à élargir le crédit.


Le Monde dans un article intitulé :

Un rapport préconise de développer... le crédit hypothécaire en France

"Le Conseil d'analyse économique (CAE) n'a pas froid aux yeux : en pleine crise financière, il préconise de développer le crédit hypothécaire en France, dans un rapport sur le logement des classes moyennes, rendu public jeudi 9 octobre.

Cette recommandation va immanquablement faire débat, car la tempête qui dévaste les places financières depuis plusieurs semaines est née du marché des subprimes, ces crédits hypothécaires risqués accordés sans retenue par les banques américaines."




Un parachute doré en chanson

une chanson d'actualité : la dernière d'Alain Souchon :

UN CHOCOLAT POUR UN KRACH ?


Sur le site contre info : Au bord du gouffre, par Paul Krugman

Voilà deux semaines que les très mauvaises nouvelles se succèdent à un rythme accéléré. Des secteurs entiers des marchés du crédit sont à l’arrêt. Les conséquences de la crise financière sur l’économie réelle s’aggravent de jour en jour. La crise menaçant d’échapper à tout contrôle, il faudrait agir résolument et rapidement. Pourtant, les responsables du moment ne sont pas à la hauteur de la situation et quatre mois nous séparent encore de l’entrée en fonction de la nouvelle équipe à la Maison Blanche. Quatre mois durant lesquels pas mal de choses peuvent - et vont sans doute - mal tourner, avertit Krugman.

Par Paul Krugman, New York Times, 2 octobre 2008

Voilà trois semaines de cela, il était encore possible d’affirmer que l’état de l’économie américaine, bien que franchement médiocre, n’était pas catastrophique. Que le système financier, bien que soumis au stress, ne s’effondrait pas et que les difficultés de Wall Street n’avaient que peu d’impacts sur Main Street, l’économie réelle.

Mais c’était il y a trois semaines.

Les nouvelles en provenance de la finance et de l’économie depuis la mi-septembre ont été vraiment très, très mauvaises. Et ce qui est vraiment effrayant, c’est que nous abordons cette période de crise grave sous la conduite de responsables affaiblis et en proie à la confusion.

Cette avalanche de mauvaises nouvelles a débuté le 14 septembre. Henry Paulson, le secrétaire au Trésor, pensait qu’il pourrait s’en tirer en laissant faillir la banque d’investissement Lehman Brothers. Il a eu tort. Les investisseurs ont été piégés par l’effondrement de Lehman. Comme l’a écrit The Times, Lehman est devenue « Le piège à cafard des investisseurs de Wall Street : ils sont entrés, mais ils ne peuvent plus sortir. » Sur les marchés financiers, leur sort a semé une panique qui depuis n’a fait que croître. Les thermomètres du stress financier sont montés en flèche, indiquant une fièvre carabinée, et des pans entiers du système financier ont tout simplement vu disparaître toute activité.

Il devient de plus en plus évident que cet effondrement de la finance se propage sur Main Street. Les petites entreprises ont du mal à lever des fonds et se voient couper leurs lignes de crédit. Les chiffres de l’emploi et de la production industrielle se sont fortement aggravés, ce qui suggère qu’avant même la chute de Lehman l’économie, déjà en ralentissement depuis l’an dernier, était en chute libre.

Jusqu’à quel point cette situation est-elle grave ? Des commentateurs habituellement modérés sont maintenant apocalyptiques. Ce jeudi, le trader John Jansen notait sur son blog que les conditions actuelles sont « l’équivalent financier du règne de la Terreur durant la Révolution Française », et Joel Prakken, de Macroeconomic Advisers, écrit que l’économie semble être au « bord de l’abîme ».

Et ceux qui devraient nous conduire loin de cet abîme sont partis déjeuner...


Ou bien mangent-ils du chocolat ? :


SUR LE SITE DE LIBERATION : LA SOLUTION AU KRACH ?


061008

Le grand magasin britannique Selfridge's a lancé dimanche un nouveau chocolat de luxe baptisé Credit crunch, terminologie anglaise utilisée pour caractériser la crise financière internationale qui sévit depuis plusieurs mois.
«Même si les gens cherchent à dépenser un peu moins en ce moment, ils veulent quand même se faire des petits plaisirs en s'offrant des choses de qualité et luxueuses», souligne le directeur du département alimentation et restauration du grand magasin.
«Le chocolat de qualité est la solution nec plus ultra, car il est relativement peu coûteux, donne satisfaction instantanément et vous aide réellement à vous sentir mieux», a-t-il ajouté.

Londres, le 5 octobre 2008 (d’après AFP)

• Dessin Eloi Valat

Jacques Dutronc chantait déja dans les années 70 :



En effet après nous avoir dit que la France et l'Europe n'avaient rien à craindre : le ministre de l'économie au mois de juillet 2008 insistait sur la bonne santé des banques françaises et européennes et sur le fait qu'elles n'étaient pas confrontées à des problèmes de liquidité, l'économie française devait croître à un rythme annuel de 1.7 % :





Aujourd'hui le krach boursier est une réalité :

sur le site du Monde :

Paris et Londres perdaient 9,77 % et 8,5 % en milieu d'après-midi. La Bourse de New York a ouvert en forte baisse. Toutes les Bourses mondiales s'effondrent.

sur celui de la tribune :

baisse

Krach à la Bourse de Paris

A une heure de la fin séance, le CAC chute de 9,23% à 3.704 points. Un plongeon historique. La tempête qui ravage la finance mondiale depuis plusieurs semaines maintenant ne... Lire

le plus inquiétant est sans doute comme le note PJorion : tout le monde a peur


3 octobre 2008 12:36

TED spread, OIS Libor spread,. Ces sigles abscons, ces indicateurs jusqu’alors connus des seuls spécialistes, décrivent pourtant une réalité très simple : celle du marché du crédit interbancaire où les établissements négocient les prêts à court terme qui sont la pierre angulaire de l’ensemble de l’activité du secteur. Ils indiquent quels sont les écarts de taux - donc les surcoûts - entre les prêts sur le marché interbancaire et le taux directeur de la Fed ou le rendement des bons du Trésor de durée équivalente. En temps normal, mesurée par le TED, cette surprime avoisinait 0,3%. Depuis peu, elle est supérieure à 3,5%. Pourquoi ? Tout simplement parce que les banques ont peur que les établissements emprunteurs fassent défaut. Les spreads, sont une mesure du risque, de la perte de confiance, en un mot de la peur. Depuis la faillite de Lehman, tout le monde se demande : à qui le tour ? Et le marché du crédit interbancaire est en voie de paralysie. Bien que la plupart des médias continuent à ne s’intéresser qu’aux emballements maniaco-dépressifs et grégaires qui sont la règle dans les marchés boursiers, si vous voulez vraiment savoir où nous en sommes, suivez plutôt le TED spread. C’est l’un des meilleurs thermomètres de cette crise. Paul Jorion nous propose aujourd’hui un zoom avant sur cette courbe de température.

Finalement une petite réflexion philosophique permettrait de prendre du recul : vu sur le café pédagogique :

La philosophie et la crise

Les spécialistes de la crise ne sont pas ceux qu'on croit. Ce sont les philosophes. Le site académique de Nantes nous invite à y réfléchir. "Comment aborder le problème de notre devenir en temps de crise ? Cette ressource propose plusieurs réflexions philosophiques et fiches de lectures associées sur le thème de la crise comprise comme un moment singulier de l'existence des hommes et du monde où l'ordre habituel des choses se met à vaciller et menace même de retourner au chaos".

Le site nous invite à naviguer entre des documents multimédias accompagnés de questions pour aborder un bilan personnel. Cette page est prolongée d'une réflexion sur les figures ethétiques de la crise (tragique, baroque, kitsch) appuyée elle sur des documents multimédias.

Sur le site nantais

L'art et la crise