SUJET : APRES AVOIR MONTRE LA LOGIQUE , POUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT , D’UNE STRATEGIE FONDEE SUR L’EXPORTATION DE MATIERES PREMIERES , VOUS EN ANALYSEREZ LES LIMITES .
A la fin des années 50 , quelques-uns des meilleurs économistes mondiaux remirent un rapport à l’ONU sur l’avenir des pays qui venaient d’accéder à l’indépendance . S’ils prévoyaient une avenir brillant au Congo belge ( Zaire ) peu peuplé mais riche en matières premières , le cas de la Corée du Sud leur apparaissait peu prometteur . Ils basaient leur prévision sur la Division Internationale du Travail fondée sur l’analyse libérale de D.RICARDO : les pays doivent se spécialiser dans la production où ils ont un avantage comparatif ; pour les PVD , c’est l’exploitation de leurs ressources minières et énérgétiques .
Or , depuis 1960 , le revenu par tête du Zaire a régressé de plus de 2% par an , alors que celui de la Corée du Sud a progressé de près de 7 % . Cette comparaison montre bien les limites d’une telle stratégie .
Ainsi , après avoir montré la logique , pour les pays en développement , d’une stratégie fondée sur l’exportation de matières premières , on en analysera les limites .
I ) LA LOGIQUE .
Pour les économistes libéraux , le sous-développement provient d’une non intégration au commerce mondial ; en effet , depuis RICARDO , ils considèrent que l’insertion économique mondiale est source de croissance et de développement . Cette insertion ne peut s’effectuer qui si le pays a un avantage comparatif dans une production . Pour les PVD , cette avantage se retrouve souvent dans la production de matières premières ou agricoles .
A ) LA NECESSITE D’UNE INTEGRATION AU COMMERCE MONDIAL .
1°) LE SOUS-DEVELOPPEMENT PROVIENT DE LA NON INSERTION DANS LE COMMERCE MONDIAL .
L’autarcie et , de manière générale , l’absence ou la faiblesse de relations économiques entre individus ou entre pays empêche l’augmentation de la production . En effet , comme le développait A.SMITH , la volonté de tout produire soi-même est inefficace car un pays ou un individu ne peut être compétitif dans toutes les activités . En revanche , la division du travail , c’est-à-dire la spécialisation permet d’accroître la productivité pour 3 raisons : elle permet de réduire le temps de passage entre 2 activités , elle augmente l’habileté des ouvriers et leur permet d’innover et de trouver des méthodes de production plus efficaces .
Ainsi , les pays qui ont adopté des stratégies de retrait du commerce mondial n’ont pas réussi à entamer une processus de développement . L’Industrialisation par Substitution d’Importation consiste à se couper des échanges mondiaux puisque l’objectif est de remplacer des importations par une production nationale ; les entreprises se concentrent sur le marché intérieur ; tous les facteurs de production sont donc utilisés pour la satisfaire ; il ne peut donc y avoir d’exportations . Cette stratégie nécessite une protection élevée pour protéger les industries naissantes et une surévaluation de la monnaie pour décourager les exportations et donc inciter les producteurs à se concentrer sur la demande nationale . Ces mesures ont engendré des effets pervers : les barrières douanières élevées n’ont pas incité les entreprises à améliorer leur production ; il y a donc eu gaspillage des facteurs de production . Le Brésil , dans les années 60 a mené une stratégie d’ISI , mais son échec l’a conduit à modifier sa politique et à passer à une promotion d’exportations .
2°) LES ECHANGES INTERNATIONAUX SONT SOURCE DE CROISSANCE ET DE DEVELOPPEMENT .
En effet , RICARDO , avec sa théorie des avantages comparatifs a montré l’efficacité des relations économiques internationales . L’ouverture entraîne la spécialisation c’est-à-dire que chaque pays produit un certain type de biens . Les pays se spécialisent dans la production où ils ont un avantage comparatif c’est-à-dire là où la production a un coût relatif moins élevé . Cette division internationale permet une augmentation mondiale des richesses qui profitent à tous les pays . En effet , cette spécialisation engendre une allocation optimale des facteurs de production , car le travail et le capital sont utilisés ,dans chaque pays , dans la production la plus efficace . Il y a donc augmentation de la productivité , puisque chaque pays a abandonné ses productions les moins rentables . Cette augmentation de la productivité permet donc , sans accroissement des facteurs de production , une augmentation des richesses produites .
Cette plus forte croissance est bénéfique à tous les pays : ils peuvent obtenir à moindre coût la même quantité de biens . Il y a donc un accroissement du bien-être de la population puisque la croissance éco s’accompagne d’une augmentation et d’une diversité de la consommation : la spécialisation permet la croissance mais aussi le développement .
B ) LE CHOIX DE LA SPECIALISATION POUR LES PVD .
Selon RICARDO , la nature de la spécialisation dépend des avantages comparatifs ; l’origine de ces avantages est pour lui naturelle , c’est-à-dire fondée sur les caractéristiques géologiques ou culturelles . Le modèle d’HECKSHER-OHLIN -SAMUELSON reprend cette idée : un pays qui dispose de terres abondantes et fertiles doit se spécialiser dans la production agricoles ; en revanche , un pays riche en capital doit se spécialiser dans la production de biens manufacturés .
Les caractéristiques économiques et géographiques impliquent donc l’orientation des PVD : ils sont pauvres ; ils ne disposent donc pas des capitaux nécessaires pour créer une industrie compétitive . Mais leur climat tropical et la richesse de leur sol en produits miniers ou énergétiques leur donne un avantage comparatif et souvent absolu ( puisque les autres pays peuvent difficilement produire du pétrole ou du cacao ).par rapport aux pays industrialisés . La spécialisation dans les produits primaires leur permet ainsi d’accroître leurs exportations , ce qui engendre une entrée de devises , qui peut alors servir à importer des biens d’équipement .
L’exemple des pays exportateurs de pétrole montre bien la réussite d’une telle stratégie : entre 70 et 2003 le prix du pétrole a augmenté de 2500% ; le PIB du KOWEIT était en 2003 de 25160 $ ; son espérance de vie de 75 ans et le taux de mortalité infantile de 0,2 % . Ses indicateurs économiques et sociaux se rapprochent donc de ceux des pays riches .
II ) LES LIMITES .
L’exemple des pays pétroliers comme preuve de la réussite de la stratégie fondée sur l’exportation des matières premières est à relativiser ; en effet , le pétrole est un cas à part dans les matières premières : alors que le pétrole a connu des hausses fortes de prix , les autres produits primaires ont plutôt connu une stagnation ou une augmentation très lente de ses prix . Les recettes tirées de l’exportation des matières primaires ont donc été moins fortes que prévues . Même quand elles ont eu lieu , comme en Algérie , leur utilisation n’a pas été efficace , c’est --dire qu’elles n’ont pas permis le développement .
A ) LES ECHECS . .
En effet , si les résultats des stratégies de promotions d’exportation sont souvent meilleurs que ceux des politiques de retrait du commerce mondial ; ils se révèlent pourtant différents selon la nature de la spécialisation choisie . Ainsi , la Corée du Sud qui a basé son extraversion éco sur l’exportation de produits manufacturés : la part des exportations primaires dans les exportations totales est passé de 24 à 7 % entre 70 et 91 a des performances éco et sociales supérieures à la Côte- d’Ivoire qui s’est spécialisée dans la production primaire : entre 70 et 2003 , la part des exportations primaires reste toujours autour de 9O% . La richesse de la Corée est plus grande : le PIB par hab coréen est en 2005 10 fois supérieur au PIB ivoirien . Cette plus grande richesse a permis un accroissement des impôts qui ont permis de réduire la dette de l’Etat :; pour la Corée , elle est passée de 48,7% du PIB à 14,4 % ; pour la Côte d’Ivoire de 58,8% à 222,6% . Le service de la dette , c’est-à-dire les intérêts par rapport au PIB a donc baissé pour la Corée : 19,7 à 7,1% , mais augmenté pour la Côte d’Ivoire : 28,3% à 43,4 % . La plus grande partie des recettes d’exportations a servi au remboursement de la dette pour la Côte d’Ivoire , alors qu’elle a servi à l’économie et à la société de la Corée : l’espérance de vie coréenne est supérieurà 75 ans alors qu’elle est de 53 ans pour les ivoiriens ; le taux d’alphabétisation est de 98% en Corée contre 54% en Côte d’Ivoire .
B ) LES RAISONS .
Cet échec des stratégies de spécialisation dans les matières primaires peut s’expliquer de manière exogène et donc indépendante des pays producteurs : l’évolution des prix des matières primaires et agricoles leur a été défavorable , mais aussi endogène : la mauvaise utilisation des recettes d’exportation .
1°) UNE EVOLUTION DEFAVORABLE DES PRIX DES MATIERES PREMIERES ET AGRICOLES .
Excepté le pétrole qui a connu une augmentation rapide de son prix , tous les autres produits ont connu une évolution très lente de leur prix , plus faible que celle des produits manufacturés . Le prix du pétrole a été multiplié par 8 entre 70 et 80(second choc pétrolier) ( P 90 / P70 = P90 / 780 . P80 / P70 = Indice 90 / Indice 70 ) , celui du thé par 1,6 , de l’étain par 1,1 ; en revanche le prix des produits manufacturés a été multiplié par 4 . Les termes de l’échange c’est à-dire le rapport entre l’indice des prix des m atières premières et l’indice des prix des produits manufacturés se dont détériorés . Cela signifie qu’une unité de produit manufacturé s’échange contre toujours plus de matières premières .
Cette détérioration des termes de l’échange est indépendante de l’action des pays du Tiers-Monde car elle résulte d’une évolution divergente de l’offre et de la demande pour les produits primaires et manufacturés . Pour les produits primaires , il n’y a pas de barrières d’entrée , c’est-à-dire que produire est facile ; il y a donc augmentation du nombre de producteurs et donc de la production . En revanche , le nombre de producteurs dans la production manufacturière est limitée par la nécessité de capitaux importants pour créer une industrie . En ce qui concerne la demande , la situation est totalement différente : d’après les lois d’Engel , l’augmentation du revenu ne se porte pas de manière uniforme sur tous les produits . La demande de produits agricoles stagne , d’autant plus aujourd’hui que les pays industrialisés ont créé des produits de substitution . La demande de produits manufacturés connaît une augmentation plus rapide . Ainsi , le marché des matières primaires est un marché de concurrence où l’offre est supérieure à la demande , les prix ont donc tendance à baisser . Le marché des produits manufacturés est constitué d’un nombre limité de producteurs où la demande est supérieure à l’offre , les prix ont donc tendance à s’élever .
Cette détérioration des termes de l’échange entre produits primaires et produits manufacturés est donc lourde de conséquences pour les pays qui ont basé leur stratégie sur l’exportation de matières premières : les prix à l’exportation augmentent moins vite que les prix à l’importation , ce qui va avoir deux effets complémentaires . Il faut exporter toujours plus pour importer la même quantité ; cela veut dire que la grande partie des capacités de production est utilisée pour l’exportation et ne peut servir à la satisfaction de la demande intérieure . Comme ces capacités de production supplémentaires ne sont suivies de recettes supplémentaires , il y a un appauvrissement de ces pays en faveur des pays industrialisés . Ainsi , PREBISCH et SINGER considèrent que le commerce international contribue à long terme à un transfert de revenu de la périphérie vers le centre .
Ainsi la raison de l’échec de la Côte d’Ivoire peut s’expliquer par son mauvais choix de spécialisation : le prix du cacao a augmenté moins rapidement que le prix des produits manufacturés .Mais cette explication se révèle insuffisante pour des pays comme l’Algérie ; en effet , l’Algérie exporte surtout du pétrole et du gaz qui ont connu une amélioration des termes de l’échange . L’échec de cette stratégie ne résulte donc pas seulement d’un contexte économique international défavorable mais de choix politiques erronés c’est-à-dire que les recettes d’exportations ont été mal utilisées .
2°) DES CHOIX POLITIQUES ERRONES .
La raison principale de cette mauvaise utilisation est que les rentes liées à l’exportation de produits primaires sont toujours centralisées dans les mains des Etats alors que les profits issus d’un développement industriel sont au moins en partie concentrés au sein d’une classe d’entrepreneurs . Or , l’Etat va se servir de ces recettes d’une manière moins efficace que ne le feraient ces entreprises .
L’Etat , comme en Algérie , a utilisé ses recettes d’exportation pour financer son industrialisation ; elle a donc investi des sommes importantes pour crée des industries lourdes . Mais cela n’a eu aucun effet d’entraînement sur le reste de l’économie : les techniques sont capitalistiques et très élaborées , ce qui ne correspond pas à l’état de la main-d’oeuvre : abondante et non qualifiée ; il y a donc eu augmentation du chômage . La production est donc de mauvaise qualité , ce qui empêche ces usines d’atteindre la taille critique , c’est-à-dire la taille où les coûts unitaires sont les plus faibles . Les recettes tirées de l’industrialisation sont donc faibles . La population ne peut donc profiter des recettes d’exportation ni de manière directe puisque ces recettes ont servi à financer l’industrialisation , ni de manière indirecte puisque l’industrialisation a été un échec . Il y a donc eu gaspillage des ressources tirées de l’exportation .
En revanche , lorsque les exportations sont basées sur les produits manufacturiers ,la population en profite plus . Les profits reviennent aux entrepreneurs qui vont souvent les réinvestir . D’après la théorie du multiplicateur de KEYNES , cet investissement supplémentaire se traduit par une augmentation plus rapide des revenus et de la production . Il va y avoir création d’emplois et donc diminution du sous-emploi . Tout la population en bénéficie donc .
Pour les pays en développement , la solution la meilleure pour amorcer un processus d’industrialisation paraît être l’extraversion , c’est-à-dire une stratégie basée sur l’exportation . Mais la nature de la spécialisation est essentielle pour déterminer l’échec ou la réussite de cette politique : l’exemple de la Côte d’Ivoire ou de l’Algérie montrent les limites d’une spécialisation basée sur les matières premières ; en revanche la Corée du Sud est la preuve qu’une spécialisation fondée sur des avantages de coût de main-d’oeuvre est positive . Pourtant ce succès de la Corée est à relativiser . D’une part , le succès même de la Corée freine aujourd’hui sa croissance future ; en effet , il y a aujourd’hui de fortes revendications visant à augmenter les salaires pour que tous profitent de cette croissance forte . Cette augmentation des salaires réduiraient ainsi l’avantage de la Corée et donc sa compétitivité . D’autre part , ce modèle a été une réussite car peu de PVD l’ont adopté en même temps ; si tous les PVD se spécialisaient dans la production de biens manufacturés , il y aurait un augmentation très forte de l’offre qui déboucherait sur une détérioration des termes de l’échange .
A la fin des années 50 , quelques-uns des meilleurs économistes mondiaux remirent un rapport à l’ONU sur l’avenir des pays qui venaient d’accéder à l’indépendance . S’ils prévoyaient une avenir brillant au Congo belge ( Zaire ) peu peuplé mais riche en matières premières , le cas de la Corée du Sud leur apparaissait peu prometteur . Ils basaient leur prévision sur la Division Internationale du Travail fondée sur l’analyse libérale de D.RICARDO : les pays doivent se spécialiser dans la production où ils ont un avantage comparatif ; pour les PVD , c’est l’exploitation de leurs ressources minières et énérgétiques .
Or , depuis 1960 , le revenu par tête du Zaire a régressé de plus de 2% par an , alors que celui de la Corée du Sud a progressé de près de 7 % . Cette comparaison montre bien les limites d’une telle stratégie .
Ainsi , après avoir montré la logique , pour les pays en développement , d’une stratégie fondée sur l’exportation de matières premières , on en analysera les limites .
I ) LA LOGIQUE .
Pour les économistes libéraux , le sous-développement provient d’une non intégration au commerce mondial ; en effet , depuis RICARDO , ils considèrent que l’insertion économique mondiale est source de croissance et de développement . Cette insertion ne peut s’effectuer qui si le pays a un avantage comparatif dans une production . Pour les PVD , cette avantage se retrouve souvent dans la production de matières premières ou agricoles .
A ) LA NECESSITE D’UNE INTEGRATION AU COMMERCE MONDIAL .
1°) LE SOUS-DEVELOPPEMENT PROVIENT DE LA NON INSERTION DANS LE COMMERCE MONDIAL .
L’autarcie et , de manière générale , l’absence ou la faiblesse de relations économiques entre individus ou entre pays empêche l’augmentation de la production . En effet , comme le développait A.SMITH , la volonté de tout produire soi-même est inefficace car un pays ou un individu ne peut être compétitif dans toutes les activités . En revanche , la division du travail , c’est-à-dire la spécialisation permet d’accroître la productivité pour 3 raisons : elle permet de réduire le temps de passage entre 2 activités , elle augmente l’habileté des ouvriers et leur permet d’innover et de trouver des méthodes de production plus efficaces .
Ainsi , les pays qui ont adopté des stratégies de retrait du commerce mondial n’ont pas réussi à entamer une processus de développement . L’Industrialisation par Substitution d’Importation consiste à se couper des échanges mondiaux puisque l’objectif est de remplacer des importations par une production nationale ; les entreprises se concentrent sur le marché intérieur ; tous les facteurs de production sont donc utilisés pour la satisfaire ; il ne peut donc y avoir d’exportations . Cette stratégie nécessite une protection élevée pour protéger les industries naissantes et une surévaluation de la monnaie pour décourager les exportations et donc inciter les producteurs à se concentrer sur la demande nationale . Ces mesures ont engendré des effets pervers : les barrières douanières élevées n’ont pas incité les entreprises à améliorer leur production ; il y a donc eu gaspillage des facteurs de production . Le Brésil , dans les années 60 a mené une stratégie d’ISI , mais son échec l’a conduit à modifier sa politique et à passer à une promotion d’exportations .
2°) LES ECHANGES INTERNATIONAUX SONT SOURCE DE CROISSANCE ET DE DEVELOPPEMENT .
En effet , RICARDO , avec sa théorie des avantages comparatifs a montré l’efficacité des relations économiques internationales . L’ouverture entraîne la spécialisation c’est-à-dire que chaque pays produit un certain type de biens . Les pays se spécialisent dans la production où ils ont un avantage comparatif c’est-à-dire là où la production a un coût relatif moins élevé . Cette division internationale permet une augmentation mondiale des richesses qui profitent à tous les pays . En effet , cette spécialisation engendre une allocation optimale des facteurs de production , car le travail et le capital sont utilisés ,dans chaque pays , dans la production la plus efficace . Il y a donc augmentation de la productivité , puisque chaque pays a abandonné ses productions les moins rentables . Cette augmentation de la productivité permet donc , sans accroissement des facteurs de production , une augmentation des richesses produites .
Cette plus forte croissance est bénéfique à tous les pays : ils peuvent obtenir à moindre coût la même quantité de biens . Il y a donc un accroissement du bien-être de la population puisque la croissance éco s’accompagne d’une augmentation et d’une diversité de la consommation : la spécialisation permet la croissance mais aussi le développement .
B ) LE CHOIX DE LA SPECIALISATION POUR LES PVD .
Selon RICARDO , la nature de la spécialisation dépend des avantages comparatifs ; l’origine de ces avantages est pour lui naturelle , c’est-à-dire fondée sur les caractéristiques géologiques ou culturelles . Le modèle d’HECKSHER-OHLIN -SAMUELSON reprend cette idée : un pays qui dispose de terres abondantes et fertiles doit se spécialiser dans la production agricoles ; en revanche , un pays riche en capital doit se spécialiser dans la production de biens manufacturés .
Les caractéristiques économiques et géographiques impliquent donc l’orientation des PVD : ils sont pauvres ; ils ne disposent donc pas des capitaux nécessaires pour créer une industrie compétitive . Mais leur climat tropical et la richesse de leur sol en produits miniers ou énergétiques leur donne un avantage comparatif et souvent absolu ( puisque les autres pays peuvent difficilement produire du pétrole ou du cacao ).par rapport aux pays industrialisés . La spécialisation dans les produits primaires leur permet ainsi d’accroître leurs exportations , ce qui engendre une entrée de devises , qui peut alors servir à importer des biens d’équipement .
L’exemple des pays exportateurs de pétrole montre bien la réussite d’une telle stratégie : entre 70 et 2003 le prix du pétrole a augmenté de 2500% ; le PIB du KOWEIT était en 2003 de 25160 $ ; son espérance de vie de 75 ans et le taux de mortalité infantile de 0,2 % . Ses indicateurs économiques et sociaux se rapprochent donc de ceux des pays riches .
II ) LES LIMITES .
L’exemple des pays pétroliers comme preuve de la réussite de la stratégie fondée sur l’exportation des matières premières est à relativiser ; en effet , le pétrole est un cas à part dans les matières premières : alors que le pétrole a connu des hausses fortes de prix , les autres produits primaires ont plutôt connu une stagnation ou une augmentation très lente de ses prix . Les recettes tirées de l’exportation des matières primaires ont donc été moins fortes que prévues . Même quand elles ont eu lieu , comme en Algérie , leur utilisation n’a pas été efficace , c’est --dire qu’elles n’ont pas permis le développement .
A ) LES ECHECS . .
En effet , si les résultats des stratégies de promotions d’exportation sont souvent meilleurs que ceux des politiques de retrait du commerce mondial ; ils se révèlent pourtant différents selon la nature de la spécialisation choisie . Ainsi , la Corée du Sud qui a basé son extraversion éco sur l’exportation de produits manufacturés : la part des exportations primaires dans les exportations totales est passé de 24 à 7 % entre 70 et 91 a des performances éco et sociales supérieures à la Côte- d’Ivoire qui s’est spécialisée dans la production primaire : entre 70 et 2003 , la part des exportations primaires reste toujours autour de 9O% . La richesse de la Corée est plus grande : le PIB par hab coréen est en 2005 10 fois supérieur au PIB ivoirien . Cette plus grande richesse a permis un accroissement des impôts qui ont permis de réduire la dette de l’Etat :; pour la Corée , elle est passée de 48,7% du PIB à 14,4 % ; pour la Côte d’Ivoire de 58,8% à 222,6% . Le service de la dette , c’est-à-dire les intérêts par rapport au PIB a donc baissé pour la Corée : 19,7 à 7,1% , mais augmenté pour la Côte d’Ivoire : 28,3% à 43,4 % . La plus grande partie des recettes d’exportations a servi au remboursement de la dette pour la Côte d’Ivoire , alors qu’elle a servi à l’économie et à la société de la Corée : l’espérance de vie coréenne est supérieurà 75 ans alors qu’elle est de 53 ans pour les ivoiriens ; le taux d’alphabétisation est de 98% en Corée contre 54% en Côte d’Ivoire .
B ) LES RAISONS .
Cet échec des stratégies de spécialisation dans les matières primaires peut s’expliquer de manière exogène et donc indépendante des pays producteurs : l’évolution des prix des matières primaires et agricoles leur a été défavorable , mais aussi endogène : la mauvaise utilisation des recettes d’exportation .
1°) UNE EVOLUTION DEFAVORABLE DES PRIX DES MATIERES PREMIERES ET AGRICOLES .
Excepté le pétrole qui a connu une augmentation rapide de son prix , tous les autres produits ont connu une évolution très lente de leur prix , plus faible que celle des produits manufacturés . Le prix du pétrole a été multiplié par 8 entre 70 et 80(second choc pétrolier) ( P 90 / P70 = P90 / 780 . P80 / P70 = Indice 90 / Indice 70 ) , celui du thé par 1,6 , de l’étain par 1,1 ; en revanche le prix des produits manufacturés a été multiplié par 4 . Les termes de l’échange c’est à-dire le rapport entre l’indice des prix des m atières premières et l’indice des prix des produits manufacturés se dont détériorés . Cela signifie qu’une unité de produit manufacturé s’échange contre toujours plus de matières premières .
Cette détérioration des termes de l’échange est indépendante de l’action des pays du Tiers-Monde car elle résulte d’une évolution divergente de l’offre et de la demande pour les produits primaires et manufacturés . Pour les produits primaires , il n’y a pas de barrières d’entrée , c’est-à-dire que produire est facile ; il y a donc augmentation du nombre de producteurs et donc de la production . En revanche , le nombre de producteurs dans la production manufacturière est limitée par la nécessité de capitaux importants pour créer une industrie . En ce qui concerne la demande , la situation est totalement différente : d’après les lois d’Engel , l’augmentation du revenu ne se porte pas de manière uniforme sur tous les produits . La demande de produits agricoles stagne , d’autant plus aujourd’hui que les pays industrialisés ont créé des produits de substitution . La demande de produits manufacturés connaît une augmentation plus rapide . Ainsi , le marché des matières primaires est un marché de concurrence où l’offre est supérieure à la demande , les prix ont donc tendance à baisser . Le marché des produits manufacturés est constitué d’un nombre limité de producteurs où la demande est supérieure à l’offre , les prix ont donc tendance à s’élever .
Cette détérioration des termes de l’échange entre produits primaires et produits manufacturés est donc lourde de conséquences pour les pays qui ont basé leur stratégie sur l’exportation de matières premières : les prix à l’exportation augmentent moins vite que les prix à l’importation , ce qui va avoir deux effets complémentaires . Il faut exporter toujours plus pour importer la même quantité ; cela veut dire que la grande partie des capacités de production est utilisée pour l’exportation et ne peut servir à la satisfaction de la demande intérieure . Comme ces capacités de production supplémentaires ne sont suivies de recettes supplémentaires , il y a un appauvrissement de ces pays en faveur des pays industrialisés . Ainsi , PREBISCH et SINGER considèrent que le commerce international contribue à long terme à un transfert de revenu de la périphérie vers le centre .
Ainsi la raison de l’échec de la Côte d’Ivoire peut s’expliquer par son mauvais choix de spécialisation : le prix du cacao a augmenté moins rapidement que le prix des produits manufacturés .Mais cette explication se révèle insuffisante pour des pays comme l’Algérie ; en effet , l’Algérie exporte surtout du pétrole et du gaz qui ont connu une amélioration des termes de l’échange . L’échec de cette stratégie ne résulte donc pas seulement d’un contexte économique international défavorable mais de choix politiques erronés c’est-à-dire que les recettes d’exportations ont été mal utilisées .
2°) DES CHOIX POLITIQUES ERRONES .
La raison principale de cette mauvaise utilisation est que les rentes liées à l’exportation de produits primaires sont toujours centralisées dans les mains des Etats alors que les profits issus d’un développement industriel sont au moins en partie concentrés au sein d’une classe d’entrepreneurs . Or , l’Etat va se servir de ces recettes d’une manière moins efficace que ne le feraient ces entreprises .
L’Etat , comme en Algérie , a utilisé ses recettes d’exportation pour financer son industrialisation ; elle a donc investi des sommes importantes pour crée des industries lourdes . Mais cela n’a eu aucun effet d’entraînement sur le reste de l’économie : les techniques sont capitalistiques et très élaborées , ce qui ne correspond pas à l’état de la main-d’oeuvre : abondante et non qualifiée ; il y a donc eu augmentation du chômage . La production est donc de mauvaise qualité , ce qui empêche ces usines d’atteindre la taille critique , c’est-à-dire la taille où les coûts unitaires sont les plus faibles . Les recettes tirées de l’industrialisation sont donc faibles . La population ne peut donc profiter des recettes d’exportation ni de manière directe puisque ces recettes ont servi à financer l’industrialisation , ni de manière indirecte puisque l’industrialisation a été un échec . Il y a donc eu gaspillage des ressources tirées de l’exportation .
En revanche , lorsque les exportations sont basées sur les produits manufacturiers ,la population en profite plus . Les profits reviennent aux entrepreneurs qui vont souvent les réinvestir . D’après la théorie du multiplicateur de KEYNES , cet investissement supplémentaire se traduit par une augmentation plus rapide des revenus et de la production . Il va y avoir création d’emplois et donc diminution du sous-emploi . Tout la population en bénéficie donc .
Pour les pays en développement , la solution la meilleure pour amorcer un processus d’industrialisation paraît être l’extraversion , c’est-à-dire une stratégie basée sur l’exportation . Mais la nature de la spécialisation est essentielle pour déterminer l’échec ou la réussite de cette politique : l’exemple de la Côte d’Ivoire ou de l’Algérie montrent les limites d’une spécialisation basée sur les matières premières ; en revanche la Corée du Sud est la preuve qu’une spécialisation fondée sur des avantages de coût de main-d’oeuvre est positive . Pourtant ce succès de la Corée est à relativiser . D’une part , le succès même de la Corée freine aujourd’hui sa croissance future ; en effet , il y a aujourd’hui de fortes revendications visant à augmenter les salaires pour que tous profitent de cette croissance forte . Cette augmentation des salaires réduiraient ainsi l’avantage de la Corée et donc sa compétitivité . D’autre part , ce modèle a été une réussite car peu de PVD l’ont adopté en même temps ; si tous les PVD se spécialisaient dans la production de biens manufacturés , il y aurait un augmentation très forte de l’offre qui déboucherait sur une détérioration des termes de l’échange .
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