Dissertation terminale progrès technique et développement


Dissertation en quatre heures en classe


SUJET – LES POLITIQUES VISANT A DEVELOPPER LE PROGRES TECHNIQUE SOUS TOUTES SES FORMES (LES POLITIQUES DE FORMATION ET D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE, LA POLITIQUE DE PROTECTION DES BREVETS, LA CIRCULATION DES CERVEAUX) CONSTITUENT-ELLES DES FREINS OU SONT-ELLES DES FACTEURS CONTRIBUANT A LA CROISSANCE, AU DEVELOPPEMENT ET AU PROCESSUS DE RATTRAPPAGE DES PDEM PAR LES PVD ?

DOSSIER DOCUMENTAIRE ;

Document 1 : cf cours
A : B :
Source : OCDE

Document 2 :cf cours
A : B : C :
Source : OCDE et USPTO

Document 3 :
Historiquement, les pays créateurs d'innovations ont toujours cherché à protéger leurs inventions. La plupart des pays développés, dont les Etats-Unis, n'ont mis en place un système de protection de la propriété intellectuelle (DPI) qu'après avoir acquis un certain
niveau de compétence technologique dans des secteurs de connaissance avancée, et une place confortable sur le marché international
dans leurs domaines d'élection. La protection du brevet sur les produits n'a été introduite en France qu'en 1960, suivie par l'Allemagne
en 1968, le Japon en 1976, l'Italie, la Suède et la Suisse en 1978. Compte tenu de ce schéma d'évolution, les pays en développement nourrissent quelque doute quant à l'idée selon laquelle une harmonisation de la protection, sur le modèle d'un système de brevet des produits valant pour tous les pays intégrés dans l'économie mondialisée, serait la meilleure manière de promouvoir la création et la diffusion du nouveau savoir technologique. Les pays en développement peuvent être rangés dans deux catégories. La première regroupe ceux qui ne disposent pas des capacités nécessaires pour créer de l'innovation dans les technologies de pointe. C'est le cas de nombreux Etats d'Afrique et de certains d'Amérique du Sud qui n'ont pas assez de scientifiques et d'ingénieurs possédant le niveau de formation requis pour permettre l'émergence des secteurs de haute technologie. Les accords sur les Adpic ont peu de chances, d'influer sur leur production. La seconde catégorie réunit, à l'inverse, les pays dotés de certaines capacités dans le domaine des technologies avancées, mais disposant de moyens financiers restreints. Dans ce lot on trouve la plupart des économies émergentes, au premier rang desquelles figureraient la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Indonésie. Autant de pays qui ont représenté une menace pour les pays occidentaux en faisant irruption dans les marchés mondialisés opérant dans des domaines de technologie avancée. Leurs entreprises de technologie de pointé peuvent trouver dans cette nouvelle « loi » sur la propriété intellectuelle qui privilégie la protection du produit sur celle du procédé de fortes incitations à investir dans la création de produits innovants et à devenir ainsi des « inventeurs ».
Au-delà des bénéfices que pourront peut-être retirer quelques entreprises des pays en développement, ces accords reposent sur des principes dont on ne peut pas dire qu'ils sont vraiment équitables dès lors qu'ils installent une course dont les enjeux sont élevés, mais
où les participants n'ont ni les mêmes compétences ni le même accès à la formation. Imaginons un marathon où les coureurs représenteraient tous les pays du monde et la récompense pour le gagnant serait les revenus potentiels générés par les innovations en matière de technologie de pointe. Les pays développés ressembleraient alors à des hommes sains et robustes, entrâmes depuis leur plus jeune âge, bénéficiant des meilleurs entraîneurs, des meilleurs équipements sportifs. Les pays en développement aligneraient en revanche des hommes maigres et mal nourris, dont l'entraînement se serait fait dans les rues de leur ville. Pour couronner le tout, certains devraient de surcroît porter sur leur dos de lourds sacs de pommes de terre pesant le poids de la pauvreté de leur pays.
Source : S.V. Ramani, la propriété intellectuelle un boulet pour les pays émergents, le monde, 15-03-2005

Document 4 :
Comment un petit pays (24 millions d'habitants) a-t-il pu créer en 20 ans un des plus importants clusters high-tech au monde, si étroitement imbriqué à la Silicon Valley ? Les trois facteurs-clés dans le décollage de l'industrie électronique à Taïwan sont, en résumé, sa politique industrielle, ses entrepreneurs et l'encouragement au « retour au pays ».
· La politique industrielle visionnaire de l'État taïwanais a su mettre en place, dans les années 1970-80, tous les ingrédients « environnementaux » du succès :
o création à Hsinchu, en 1973 de l'ITRI (Industrial Technology & Research Institute), un institut dont sont sortis de 30 à 50 des dirigeants/chercheurs de l'industrie locale, avec des programmes ciblés en électronique, semi-conducteurs, visant explicitement à un transfert de travaux de recherche appliquée vers l'industrie (spécifiquement les PME) dans un horizon de 5 ans ;
o mise en place en 1980 du parc Hsinchu Science-Based Industrial Park (HSIP) (avec le cocktail « classique » de mesures fiscales, etc.). Ce parc est largement inspiré du Stanford Industrial Park lancé après la Seconde Guerre mondiale par le père de la Silicon Valley, Frederick Terman (alors Dean of thé School of Engineering at Stanford University) ;
o développement d'une industrie locale de capital-risque ;
o mise en place de grandes universités techniques, fournissant la main-d'œuvre technique qualifiée, notamment : National Chiaolung University (n° 2) ou Qinghua University (n° 3), localisées à Hsinchu.
· Deuxième facteur de succès, une classe d'entrepreneurs taïwanais, extrêmement dynamique et aggressive, qui a su développer un tissu extrêmement compétitif d'entreprises privées locales de petite et moyenne taille, avec une large variété de business-models (acteurs spécialisés de niche, petits conglomérats, distributeurs, etc.), et extrêmement ouverts vers l'international (par nécessité, vu la petitesse du marché local).
· Enfin, la politique pro-active dans les années 1980 du gouvernement et des entreprises pour inciter au « retour au pays » de l'élite taïwanaise a été aussi un élément fondamental.

Alors que les mesures structurelles de « construction du squelette » indiquées plus haut (« la politique industrielle visionnaire de l'État taïwanais ») ont été implémentées dans un vaste nombre de pays, le gouvernement taïwanais a compris que rien ne marcherait sans :
o l'apport de « muscles » (voir « le 2e facteur de succès »). À ce titre, bien que l'État ait un rôle initiateur important, la culture de Hsinchu est la même culture entrepreneuriale, extrêmement brutale et compétitive (« dog-eat-dog »), que celle de la Silicon Valley : c'est une vraie réplique ;
o -l'apport de « sang neuf » (la politique du « retour au pays »). Pays encore sous-développé dans les années 1970, ne disposant que d'une industrie de biens intermédiaires de bas niveau (textiles, parapluies, montres, plastique...), mais disposant d'une élite intellectuelle bien éduquée, Taiwan a été une des premières « victimes » du brain drain (fuite des cerveaux) vers les États-Unis : faute d'opportunités locales, les graduâtes (diplômés) de la National Taiwan University (NTU), la meilleure université taïwanaise, sont allés, dans leur grande majorité, étudier aux États-Unis (notamment dans les universités d'élite, type Stanford), évidemment du coté de l'ingénierie (voie idéale de promotion sociale pour des immigrants), avant bien sûr d'entamer de brillantes carrières au sein de l'industrie technologique américaine, notamment dans la Silicon Valley.
· L'équation « coût/opportunité » a ensuite commencé à changer pour ces émigrants :
o au début des années 1980, l'apparition de l'industrie des « clones PC » a permis l'amorçage de l'industrie taïwanaise du PC, bénéficiant d'un avantage-coût, d'une population d'ingénieurs électroniques qualifiés et de relations privilégiées avec les ingénieurs des entreprises informatiques américaines... souvent d'origine taïwanaise. Au final, des produits très compétitifs, mais demeurant au stade « production bas-de-gamme » ;
o durant les années 1980, alors que l'industrie taïwanaise s'affirmait comme un leader du modèle OEM le gouvernement et les industries locales ont adopté une politique pro-active d'attraction des élites taïwanaises, via notamment des incitations financières et le développement de structures sociales (associations d'émigrants, écoles bilingues, etc.). Cependant, l'économie locale n'était pas encore assez développée, ni le ceiling glass (« plafond de verre ») assez proche pour convaincre les élites migrantes de revenir ;
o au début des années 1990, la transition se fit enfin au rythme d'environ 350 rétamées par an : des personnes extrêmement qualifiés, avec plus de 10 ans d'expérience dans la Silicon Valley, des compétences techniques et organisationnelles, un
savoir-faire managérial, une expérience entrepreneuriale et la connection avec les marchés high-tech les plus innovants au monde, ceux des États-Unis. Ces quelque 2500 returnees ont eu un impact considérable, étant à l'ori gine de la création de plus de 40 % des entreprises du Hsinchu Science Park dans les années 1990. Ce parc pesant en 2000 près de 30 milliards de dollars, le retour sur investissement de chacun de ces returnees est donc très grossièrement de l'ordre de 12,5 milliards de dollars par tête. Estimation probablement bien en deçà de la réalité car Hsinchu Science Park n'est qu'un des nombreux parcs high-tech de Taiwan, même s'il demeure le plus important. Le décollage de la population des reîurnees dans les années 1990 a coïncidé avec une soudaine explosion des ventes de Hsinchu Science Park, et une croissance très rapide des investissements en capital-risque : cela suggère très fortement que ces « sang neuf » venus de la Silicon Va//eyont été aussi importants, sinon plus, pour la réussite du secteur high-tech taïwanais durant les années 1990 que les éléments structurels (parcs, capital-risque).
o Cette arrivée de « sang neuf », bi-culturel, a en effet entraîné plusieurs cercles vertueux :
o professionalisation du management des entreprises locales (via la diffusion de compétences adéquates au niveau managérial et entrepreneurial, Silicon Valley-like), essentielle à la croissance d'entreprises devenues grandes et complexes (Taïwan compte désormais des dizaines d'entreprises high-tech générant environ de 500 millions à 5 milliards de dollars de chiffre d'affaires) ;
o développement d'une industrie de capital-risque de premier ordre (Taiwan comptait, en 1999, 153 firmes de capital-risque, ayant investi plus de 1,08 milliard de dollars dans des sociétés high-tech, ce qui la met au rang de l'industrie israélienne du capital-risque... et juste derrière celle de la Silicon Valley) ;
o accès privilégié, rapide, aux technologies et aux marchés de la Silicon Valley et au top-management des entreprises de la Sillicon Valley, rendant désormais possible des partenariats plus poussés
o montée en gamme» technologique de l'industrie taïwanaise depuis le modèle OEM jusqu'au modèle ODM (au niveau systèmes), et vers la conception de semi-conducteurs (étape technologique clé, concentrant une part toujours plus importante de la valeur de toute la chaîne du secteur high-tech).
Taiwan a su substituer au brain drain une brain circulation a l'origine d'un des plus grands succès en termes de développement industriel et technologique (3). Ce succès de la circulation de la matière grise et le co-développement inter-clusters se poursuit aujourd'hui à Taïwan au niveau de l'industrie des semi-conducteurs, et est actuellement concurrencé de manière accélérée par les nouvelles élites indiennes et chinoises.
Source : J Fourel, fuite et circuklation des cerveaux : les défis américains et asiatiques, in pbs économiques, fév 2005.

Document 5 :
Avec des dépenses de recherche et développement (R & D) de 153 milliards de yuans (15 milliards d'euros) en 2003, la Chine occupe la troisième place mondiale en parité de pouvoir d'achat après les Etats-Unis et le Japon. Ce budget représente le double de celui de la France. Les dépenses de R & D qui correspondaient en 2003 à 1,31% du produit intérieur brut (PIB) augmentent de 0,1 point de PIB par an . Cette tendance devrait se confirmer dans le XIe plan quinquennal 2006-2010. Le développement scientifique et technologique est une priorité du gouvernement qui connaît un sou.tien sans faille
La Chine recrute aujourd'hui ses meilleurs chercheurs au même niveau de rémunération qu'aux Etats-Unis. . Les retombées de cette politique sont très visibles tant dans le domaine académique que dans le domaine industriel. La Chine occupait en 2003 le cinquième rang mondial pour la production scientifique derrière les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et l'Allemagne, avec 5,1 des publications intemationales. Au niveau industriel, la croissance annuelle des exportations de produits de haute technologie est supérieure à 40 , soit 20 points de plus que la croissance des exportations en général.
Après vingt-cinq ans d'efforts, les progrès sont remarquables, mais l'investissement dans la recherche fondamentale, qui ne représente
que 6 du total, reste très faible, et la Chine n'occupait en 2003 que la dix-huitième place pour le taux de citation de ses publications, révélant ainsi un impact plutôt moyen. Comment alors justifier l'immense intérêt porté par la communauté internationale au développement scientifique de la Chine ? Qu'est-ce qui pousse des centaines d'industriels du monde entier à installer des centres de
R & D en Chine ?
L'innovation technologique est pour la Chine une impérieuse nécessité pour poursuivre un développement durable. Nourrir 20% de la
population de la planète avec seulement 7% des terrés arables et des ressources en eau insuffisantes impose des innovations majeures.
La croissance de la consommation d'énergie pose des problèmes environnementaux majeurs : la Chine contribuait en 2001 à 14 % des rejets mondiaux de CO;, et abrite, d'après la Banque mondiale, seize des vingt villes les plus polluées de la planète. Dans le domaine de la santé, l'émergence de virus (SRAS en 2003, grippe aviaire en 2004) soumet le pays à des aléas qui pourraient affecter très sérieusement sa croissance.
L'innovation technologique est également nécessaire au développement économique. La Chine dispose d'une part très faible de la propriété industrielle mondiale et dépend très lourdement des brevets étrangers. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Chine détenait en 1999 moins de 0,2% des brevets déposés en Europe, au Japon et aux Etats-Unis. Les contraintes imposées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) incitent la Chine à la conception de nouveaux produits basés sur des brevets chinois et à la définition de nouveaux standards.
Source : S Grumbach, la Chine est devenue la troisième puissance scientifique mondiale, in le monde , 11-01-2005.

Document 6 :
Du fait du caractère cumulatif des progrès technologiques, la concentration de longue date de la recherche scientifique et de l'innovation technique entre les mains des pays riches a creusé un fossé béant entre ceux-ci et les pays en développement. Les marchés mondiaux suivent en effet une trajectoire technologique inadaptée aux besoins de ces derniers. Les programmes de recherche sont déterminés par les intérêts de chercheurs et d'inventeurs travaillant dans des pôles scientifiques et motivés par les besoins et les désirs de consommateurs européens, japonais et nord-américains a revenu élevé et des membres de l'élite vivant dans les pays en développement. [...]
Certains marchés sont en effet trop restreints sur le plan économique ou écologique pour motiver la recherche privée, aussi bien locale qu'internationale.Qui investirait dans de longs travaux sur un vaccin vendu à des pays où les dépenses de santé publique ne dépassent
pas 10 dollars par personne et par an ? Qui entreprendrait de coûteuses recherches biotechnologiques sur une variété de manioc destinée à l'agriculture de subsistance dans les zones exposées d'une poignée de pays d'Afrique? [...]
En 1992, moins de 10% des dépenses mondiales de recherche dans le domaine de la santé concernaient 90% des cas de maladies. Ainsi, la pneumonie et la diarrhée, qui constituent 11 % des affections au niveau mondial, n'ont attiré que 0,2 %des dépenses. Ce fossé
en termes de financement en creuse un autre au niveau de la médecine et de la recherche : en 1995, plus de 94000 articles scientifiques ont été publiés sur des thérapeutiques, mais seuls 182 (soit 0,2% du total) traitaient de maladies tropicales. En outre, sur les 1 223 nouveaux médicaments commercialisés dans le monde entre 1975 et 1996, 13 seulement étaient destinés au traitement des maladies tropicales, et 4 étaient directement le fruit des recherches de l’industrie pharmaceutique.
Source : PNUD.

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