BAC blanc 31-1-2007: dissertation croissance et développement durable

SUJET : La croissance économique et développement durable sont-ils compatibles ?
Baccalauréat blanc n° 1 de SES – Janvier 2007


Dissertation en 4 heures



Sujet : La croissance économique et le développement durable sont-ils compatibles ?

Dossier documentaire :

Document 1 :
Source : Alternatives économiques , n°253 , décembre 2006

Document 2 :
Suivant l’approche néoclassique, les ressources naturelles sont des déterminants de la richesse nationale et de la croissance. Le capital naturel aussi bien que le capital humain doivent être traités de la même manière que le capital physique, car tous les trois sont parfaitement substituables. En effet, le capital naturel, même s’il est intrinsèquement irremplaçable, n’a de valeur pour l’homme que par les services qu’il lui rend. Le progrès technique, qui permet de repousser les limites de la croissance économique, résout aussi les problèmes sociaux et environnementaux.
Les mécanismes de marché, guidés, si nécessaire, par une politique environnementale, assurent alors une gestion efficace du capital naturel. En ce qui concerne les ressources non renouvelables, l’existence d’une rente permet aux entreprises d’investir pour substituer des ressources artificielles manufacturées aux ressources naturelles en voie d’épuisement. En ce qui concerne la pollution, la prise en compte des externalités négatives dans le calcul économique amène à instaurer soit des taxes qui font payer les dommages par les pollueurs (par exemple une taxe sur le carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre), soit des droits de propriété qui font partager les coûts des dommages entre les pollueurs et les pollués (par exemple un marché de droits d’émissions).
Ces instruments économiques permettent de dépasser la logique de court terme des agents, et le développement durable consiste à conserver la capacité globale des sociétés humaines à augmenter la production de bien-être.(…)
Pour les tenants du paradigme écologique, le rapport marchand est incapable de gérer de manière satisfaisante l’ensemble des questions sociales, environnementales et même économiques : les arbitrages du calcul économique entre ces trois « piliers » du développement ne sont pas efficaces à long terme. Cette position amène à remettre en cause l’accumulation capitaliste au cours de laquelle le capital matériel risque de se développer plus rapidement que le capital humain et où le capital naturel risque de diminuer. De fait, selon une étude de la Banque mondiale portant sur soixante pays en développement au cours des vingt dernières années, la croissance a été basée surtout sur le capital physique, l’investissement en capital humain ayant pris du retard et l’investissement en capital naturel ayant été le plus souvent négatif. La contrainte environnementale devrait donc être exercée par la puissance publique, en donnant la priorité à l’adoption de normes collectives et à la mise en oeuvre de politiques structurelles, telles que la réorganisation des infrastructures urbaines et des transports.
Cette contrainte impose à la croissance les limites du renouvellement naturel, et exigerait donc de minimiser la consommation matérielle. Dans les pays pauvres, la croissance matérielle est nécessaire pour assurer la satisfaction des besoins sociaux de base. Mais l’aspiration légitime à un bien-être matériel équivalent à celui des pays riches ne peut être satisfaite que s’il y a décroissance matérielle dans les pays très industrialisés, afin de garantir un droit d’usage de la nature égal pour tous. Il faut donc bien, si l’on suit le concept de durabilité « forte », envisager à terme une économie stationnaire dans sa composante matérielle, comme l’indiquait déjà le rapport Meadows.
Source : Nina Kousnetzoff, Le développement durable : quelles limites à quelle croissance , repère la découverte, 2003

Document 3 :

























Source : AIE

Document 4 :
Chaque tonne de co2 supplémentaire émise entraîne des coûts de l'ordre de 85 dollars par an. De ce fait, le changement climatique amputera, à terme, nos richesses de 5 500 milliards de dollars chaque année, soit 20% du produit intérieur brut (PIB) mondial, si on laisse le climat dériver et les températures s'accroître de 5° degrés. Soit l'équivalent de la grande dépression des années 30, avec son cortège de chômage de masse, de dictatures et de guerres.
Il serait pourtant possible de stabiliser la teneur en carbone de l'atmosphère en 2050, moyennant « seulement » 25 dollars par an et par tonne de COl, évitée (soit 1% du PIB mondial). De quoi limiter la hausse des températures à 2° degrés. Il est donc économiquement rationnel d'agir le plus vite possible. C'est la principale conclusion du volumineux rapport (575 pages) remis le 30 octobre dernier par Nicholas Stem, ancien chef économiste de la Banque mondiale, à Tony Blair, le Premier Ministre britannique, et à Gordon Brown, son ministre des Finances (et successeur probable).
Source : le message d’espoir de N Stern in alternatives économiques n°253 déc 2006.

Document 5 :
La fameuse croissance du produit intérieur brut qui sert de boussole à la plupart de nos responsables a en effet ceci de remarquable qu'elle se moque de la nature des activités qu'elle additionne pourvu que celles ci génèrent des flux monétaires : dès lors qu'il faudra payer des garagistes pour dépanner et réparer les voitures endommagées, des cimentiers pour brûler les farines animales suspectées d'être à l'origine de la maladie de la vache folle, des médecins pour soigner les personnes victimes de la pollution de l'air, de l'eau, de la tempête, des employés d'entreprises de pompes funèbres pour enterrer les morts, il y aura des valeurs ajoutées monétaires qui seront enregistrées dans les comptabilités des acteurs économiques ; celles-ci viendront ensuite gonfler, dans les grands agrégats publics de la comptabilité nationale, notre produit intérieur brut dont la croissance ou la décroissance générera ensuite, du moins le croit-on, plus d'emplois ou plus de chômage.
Source : P.Viveret , Reconsidérer la richesse , Rapport de la mission « Les nouveaux facteurs de richesse », in La documentation française

Document 6 :
Source : WWF
Introduction
- « Les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) vont le dire à l'issue de leur réunion à Paris, le 1er février ; les chefs d'Etat et diplomates invités par Jacques Chirac à la Conférence de Paris pour une gouvernance écologique mondiale le répéteront les 2 et 3 février ; même George Bush l'a admis, le 23 janvier, dans son discours sur l'état de l'Union : le réchauffement climatique doit être combattu. » écrit A.Reverchon dans le Monde du 29 janvier 2007
- Or cette montée des températures est dû en grande partie à la croissance économique .Ainsi , développement durable et croissance économique seraient incompatibles
- Pour les libéraux , ces problèmes ne sont que transitoires ; à moyen terme la croissance économique se traduit automatiquement par le développement durable . Or , cet optimisme des libéraux paraît excessif , car la régulation par le marché est insuffisante pour résoudre les problèmes environnementaux


I – D’après les libéraux , croissance économique et développement durable peuvent aller de pair

Introduction : Selon les libéraux , l’augmentation du PIB se traduit certes par une dégradation de l’environnement et par une utilisation massive des matières premières , mais ce phénomène n’est que transitoire . A moyen terme , l’économie de marché présente les mécanismes lui permettant de résoudre ces problèmes et de concilier croissance économique et développement durable . Ainsi , pour des auteurs comme Solow ou Rostow , croissance et développement durables sont compatibles , car à long terme , la croissance est une condition nécessaire et suffisante au développement durable

A – Une incompatibilité à court terme

- Croissance éco : Augmentation durable et soutenue du PIB qui nécessite une utilisation forte des matières premières ou de ressources naturelles or , elles ne sont pas renouvelables donc on assiste à une raréfaction des ressources : les générations futures n’auront plus suffisamment de ressources pour produire
- Acela il faut rajouter la prise en compte des effets externes : conséquences involontaires de l’action rationnelle des individus : forte augmentation de la pollution donc une dégradation de la qualité de l’air , de l’eau
Conclusion : un développement durable ne paraît pas envisageable. Le responsable est la croissance : la preuve avant la révolution industrielle les questions d’épuisement des ressources et de pollution ne seposaient pas, aujourd’hui encore les PVD sont responsables d’une part infime des polluants.

B – Qui devrait se résoudre automatiquement à long terme grâce à l’économie de marché

Introduction :Ces conséquences néfastes à court terme vont obligatoirement être résorbées par l’économie de marché , de manière directe ou indirecte par une intervention de l’Etat permettant la création d’un marché , car « suivant l’approche néo-classique , le capital naturel aussi bien que le capital humain doivent être traités de la même manière que le capital physique » ( doc 2 )

1- Deux objectifs compatibles automatiquement

a-Constat

La courbe environnementale de Kuznets met bien en évidence que les effets pervers de la croissance ne sont que temporaires ( doc 3 A ):
- Un pays pauvre ne pollue pas puisqu’il ne produit pas :
o Comparaison longitudinale : entre 1870 et 1890 , la quantité de CO2 émise n’évolue quasiment pas
o Comparaison transversale : en 2004 , la Côte d’Ivoire a émis 0,3 tonnes de CO2 pas habitant
- Au début de la phase de croissance , la dégradation de l’environnement est fort , il y a un gaspillage de ressources naturelles car les techniques de production sont peu sophistiquées :
o Comparaison longitudinale : entre 1890 et 1950 , la quantité de CO2 émise est multipliée par 4
o Comparaison transversale : en 2004 , la Chine qui est en pleine croissance émet relativement plus de CO2 que l’Algérie : 3,7t/ hab contre 2,4
- Ensuite , c’est la contraire qui se passe :
o Comparaison longitudinale : la quantité de CO2 par personne émise par l’Allemagne diminue entre 90 et 2004
o Comparaison transversale : en 2004 , la Pologne émet relativement plus de CO2 que la France : 7,7 t /hab contre 6,2

b-Explications

Solow explique pourquoi , passé un certain seuil de croissance , le développement durable est compatible avec la croissance :
- des raisons liées à l’offre :
- croissance entraîne une hausse de la demande de matières premières donc la D ≥ O d’où le du prix augmente et la D diminue ce qui détermine une volonté de trouver d’autres ressources
- la hausse des recettes des producteurs détermine « une rente qui permet aux entreprises d’investir pour substituer des ressources artificielles manufacturées aux ressources naturelles en voie d’épuisement » donc les innovations se multiplient : « le progrès technique , qui permet de repousser les limites de la croissance économiques , résout aussi les problèmes sociaux et environnementaux » ( doc 2 )
Ainsi , le système peut produire davantage en économisant les ressources rares et en dégradant moins l’environnement A ces effets liés à l’offre s’ajoutent des déterminants liés à la demande

- des raisons liées à la demande
- croissance entraîne une hausse des revenus donc d’après les d’après les lois d’Engel , la structure de la consommation change : augmentation de la part du revenu consacré aux services ( loisirs , santé , culture ).Le secteur tertiaire se développe or c’est un secteur moins consommateur de matières premières et il est moins polluant que l’industrie
- d’après Inglehart : quand les revendications matérielles sont satisfaites de nouvelles revendications , immatérielles apparaissent : les valeurs d’ égalité ,d’ environnement propre deviennent essentielles et les populations se mobilisent pour les satisfaire (sociétés post-matérialistes)

Ainsi , dans la plupart des cas , la croissance va permettre d’assurer le développement durable sans qu’il y ait besoin d’intervenir . Le seul problème sera pour régler la pollution

2- complétée par des mesures incitatives de l’Etat

a – Explications

-en effet , la pollution est un effet externe : conséquence involontaire de l’action rationnelle des individus . Elle ne peut être réglé par le marché , car la pollution n’a pas de marché , n’a pas de prix .
- la solution , pour les libéraux est alors d’internaliser les effets externes , c’est-à-dire de prendre « en compte des externalités négatives dans le calcul économique » ( doc 2 ) . Il faut alors créer un marché d’émission de la pollution :
l’Etat accorde un certain nombre de droits à polluer, donc si l’entreprise pollue moins , elle vend ses droits à polluer donc ses recettes augmentent .
Dans ces conditions , les entreprises ont intérêt à réduire la pollution . L’Etat peut agir en réduisant le volume des droits à polluer :
Etat émet peu de droitsdonc l’ O de pollution ≤D, le prix des permis à polluer augmente, les entreprises incitées à mettre en place des équipements pour polluer moins

b- constat

- de nombreux pays ayant ratifié le protocole de Kyoto ont réussi à diminuer leur émission de CO2 ( doc 1 )
o La quantité de CO2 émise par le RU a diminué de 14,3 % entre 90 et 2004 : il a même dépassé l’objectif de Kyoto qui était de -12,5 % .Idem pour la Suède et la France
o L’ Estonie a diminué de 51 % ses émissions de CO2


C- sans croissance pas de développement durable ( chômage

Conclusion : Pour les néo-classiques , il n’y aura pas dans l’avenir de contradiction entre croissance économique et développement durable : soit le marché s’autorégulera de manière efficace , soit il existera « des instruments économiques qui permettent de dépasser la logique de court terme des agents » ( doc 2 )


II – Deux objectifs en réalité largement contradictoires

Or , l’optimisme des libéraux paraît relativement peu crédible : la croissance n’est ni une condition nécessaire , ni suffisante au développement durable. La croissance peut ne pas engendrer mécaniquement le développement durable ; elle peut même l’empêcher .

A – La croissance n’est pas une condition nécessaire au développement durable

En effet croissance et développement durable relèvent de 2 registres différents ( doc 5 )

- croissance = indicateur quantitatif . Pour être comptabilisé dans le PIB , il faut :
o une activité déclarée
o monétaire : qui est vendue sur un marché ( production marchande ) ou qui est produite à partir de facteurs de production vendus sur un marché ( production non marchande )
o mais la nature de l’activité ne compte pas : « dès lors qu’il faudra des garagistes … « ( doc 5 )
- or , développement et développement durable = indicateur qualitatif , non mesurable . Dans ce cas , il est tout à fait possible qu’une augmentation du PIB ne se traduise pas par une amélioration du sort de la population actuelle ( développement ) mais aussi de celui des générations futures ( développement durable ) . Par exemple :
un accroissement de la production entraîne une hausse du PIBdonc des émmissions polluantes supplémentaires, la mise en place de dispositifs anti-pollutionqui détermine une hausse des dépenses donc l’accroissement du PIB , mais la qualité de l’air et de l’eau risque d’être irrémédiablement détériorée .

Conclusion :La croissance n’est donc pas une condition nécessaire au développement du . Elle peut même être insuffisante , car la croissance peut empêcher le développement durable

B – Il faut choisir entre croissance et développement durable

1- Constat

- L’optimisme des libéraux est à relativiser :
- il n’ y a pas de réelle baisse de la pollution :
o les accords de Kyoto ont été un échec ( doc 1 ):
§ les pays qui ont connu une baisse de leur émission de CO2 ne l’ont pas effectué de manière volontaire : c’est dû à leurs problèmes économiques : les ex pays de l’Est ( Russie , H Hongrie )
§ Les pays riches continuent à émettre du CO2 et ne respectent pas les accords de Kyoto : le Canada a augmenté ses émissions de 25,6 % entre 90 et 2004 , alors qu’elle aurait dû les baisser de 6 %
o les émissions de CO2 continuent à augmenter de manière exponentielle : entre 1970 et 2003 , elles sont multipliées par 3 ( doc 3 )
o car , La courbe de Kuznets n’apparaît pas vérifiée : les EU qui sont les pays les plus riches au monde ont en 2004 , émis relativement le plus de CO2 : 19,7 t/hab
- il y a une utilisation accrue des ressources naturelles qui pose un problème de raréfaction : l’empreinte écologique a dépassé 1 planète en 90 et continue à augmenter : 1,2 en 2000 . Cela veut dire que l’on utilise trop de ressources naturelles et qu’il y en aura pas assez pour les générations futures .

2 - Explications

Contrairement , à ce que disent le libéraux , l y a donc une contradiction entre croissance économique et développement durable : aujourd’hui , on ne pourrait pas atteindre les deux objectifs à la fois :
a) soit on privilégie la croissance , comme le souhaitent les libéraux et alors le développement durable devient impossible à atteindre ,
- la régulation par le marché est insuffisante : « pour les tenants de paradigme écologique , le rapport marchand est incapable de gérer de manière satisfaisante l’ensemble des questions sociales , environnementales et même économiques : les arbitrages du calcul économique ne sont pas efficaces à long terme » . En effet , le calcul rationnel des individus aboutit à sous-estimer les effets pervers de la dégradation de l’environnement , puisqu’ils ne sont visibles à long terme et à sur-estimer les bénéfices de la croissance .Les individus réduiraient de manière insuffisante la pollution Or , le problème est que les effets de la pollution sont irreversibles et se cumulent .
- la généralisation du modèle de croissance : les effets sur la dégradation de l’environnement de la croissance seront d’autant plus forts qu’aujourd’hui , ce n’est plus un nombre restreint de pays relativement peu peuplés qui produisent , mais des pays comme la Chine ou l’Inde . Les conséquences en termes de pollution et de raréfaction des ressources naturelles seront donc beaucoup plus forts .

b) soit on privilégie le développement durable : il faut alors économiser les ressources naturelles et moins polluer , il faut alors limiter la croissance : « cette contrainte impose à la croissance les limites du renouvellement naturel et exigerait de minimiser la consommation matérielle » ( doc 2 )

c) Le problème se pose alors pour les pays pauvres ( doc 2 ) : limiter la croissance au niveau mondial signifierait pour ceux-ci de ne jamais pouvoir atteindre le niveau de satisfaction des besoins fondamentaux , ce qui paraît inenvisagable . La solution serait alors de favoriser la croissance de ces pays pour qu’ils atteignent « un bien-être matériel équivalent à celui des pays riches » . Cette augmentation des richesses devrait alors être compensée par la « décroissance matérielle dans les pays très industrialisés »

Le choix est ainsi très difficile , car il repose sur une impossibilité de généraliser à l’ensemble du monde et dans l’avenir la satisfaction des besoins fondamentaux .

III – la synthèse

Certains vont plus loin enaffirmant que si l’on ne fait rien l’on pourrait avoir à la fois moins de croissance et une détérioration de l’environnement .

A – L’absence de mesures rapides risque de casser la croissance et corrélée à des problèmes environnementaux d’entraver le développement durable.

- « chaque tonne de CO2 émise entraîne des coûts de l’ordre de 85 dollars par an . Le changement climatique amputera à terme mos richesses de 5 500 milliards de dollars chaque année , soit 20 % du PIB , soit l’équivalent de la grande dépression des années 30 » ( doc 4 ) Voir plus : « La facture de l'inaction risque d'être salée.» Telle était, en substance, la réponse d'un petit homme aux cheveux et costume gris, peu habitué à parader sous les feux de l'actualité en dépit de son passé d'économiste en chef à la Banque mondiale. Son nom ? Nicholas Stern. C'était le 30 octobre 2006. Ce jour-là, à Londres, sir Nicholas Stern remet les conclusions d'un rapport (plus de 600 pages) au Premier ministre britannique, Tony Blair, et à son ministre des Finances, Gordon Brown. L'alerte du rapport bouscule le ronron ambiant. Il estime que le changement climatique pourrait coûter à l'économie mondiale jusqu'à 5 500 milliards de dollars, soit 20 % du PIB mondial, «plus si les gouvernements ne prennent pas de mesures radicales dans les vingt prochaines années» . En comparaison, «il suffirait de mobiliser 1 % du PIB mondial chaque année, soit 275 milliards d'euros dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, pour éviter les pires conséquences économiques et humaines du changement climatique», précise Minh Ha Duong, économiste spécialiste des questions environnementales. En l'absence d'action forte, les conséquences économiques et sociales seront comparables à celles engendrées par les deux guerres mondiales et la grande dépression des années 30. » Le climat insoluble dans l'économie par V de Philippis (libération30-02-07)

- car la dégradation de l’environnement sera tellement importante qu’il faudra dépenser de plus en plus pour lutter contre ses effets pervers , sans que cela se traduise par une amélioration du sort de la population : climatisation , dépenses pour remédier aux catastrophes naturelles , … : « La tâche est urgente , prévient Stern. Retarder l'action, même d'une décennie ou deux, nous entraînerait sur un territoire dangereux.» En attendant, les pays les plus pauvres sont (et seront) les plus vulnérables. Comme, par exemple, en Afrique, et singulièrement au Sahel, où l'essentiel de la production alimentaire dépend des pluies dont l'évolution dans un climat plus chaud reste très incertaine. Et ce ne sont pas les incertitudes qui demeurent sur la fréquence des phénomènes météo extrêmes (cyclones, sécheresse, tempêtes...) qui seront de nature à rassurer les assureurs. Ces derniers commencent à pousser des cris d'alarme. «Le secteur de l'assurance est, dès aujourd'hui, confronté au risque d'une mégacatastrophe de 100 milliards de dollars, deux fois plus grave que le cyclone Katrina» , a récemment alerté le président du Lloyd's de Londres, Lord Levener »( V de philippis, op cité)

B – Il faut donc agir aujourd’hui

Dans ces conditions , l’action devient nécessaire et obligatoire . Celle-ci peut prendre 2 formes :
- une action forte de l’Etat qui par des réglementations empêcheraient la pollution . Son coût serait relativement faible ( doc 4 ) : « il serait pourtant possible de stabiliser la teneur en carbone de l’atmosphère en 2050 , moyennant seulement 25 dollars par an et tonne de CO évitée ( doit 1% du PIB mondial )
- un changement de modèle de consommation , moins vorace en ressources naturelles et moins polluant : services , recyclage

cette action peut devenir une source essentielle de croissance : le développement de secteurs prenant en compte la dimension écologique peut, à un cout relativement réduit , d’autant plus que les mesures seront prises précocément , contribuer à dynamiser la croissance , mais une autre forme de croissance , moins productiviste, plus responsable.


Conclusion

- Développement durable et croissance économique sont donc pour les libéraux deux objectifs complémentaires , puisque à moyen terme , plus le monde s’enrichit , moins elle consomme de ressources naturelles et moins elle pollue . Pour des auteurs comme Solow , la croissance est une condition nécessaire et suffisante pour assurer le développement durable . Or l’état actuel de la planète remet en cause l’automaticité de cette relation : rien n’assure que la croissance générera du développement durable , elle peut même l’empêcher . Dans ces conditions , pour assurer la survie de l’humanité , une action forte des Etats est nécessaire .
- Il y a certes aujourd’hui une prise de conscience mondiale des effets pervers de notre modèle de croissance : Al Gore avec son film , Schwartzeneger et la limitation de la pollution dans l’Etat de Californie , le pacte écologiste de N.Hulot signé par la quasi –totalité des candidats à l’élection présidentielle française . Mais le problème est de passer de la théorie à la pratique , comme l’écrit A.Reverchon dans Le Monde : Tout serait simple si l'impératif moral qui veut que chacun agisse pour le bien commun guidait nos faits et gestes, mais la théorie économique montre que les choses sont un peu plus compliquées. "Chaque acteur économique tend à limiter ses émissions à hauteur du bénéfice immédiat qu'il peut retirer de cette seule réduction, ce qui, dans le cas d'un bien public universel comme le climat, est insuffisant", explique Cédric Philibert, économiste à l'Agence internationale de l'énergie. De plus, si chacun joue le jeu, le bénéfice du premier qui "triche" est majoré - "c'est le principe du "passager clandestin" mis en évidence par la théorie des jeux", ajoute Christian Schmidt, professeur d'économie à Paris-IX-Dauphine. Auquel s'ajoute le fait que, si chacun anticipe que l'autre paiera, le risque est... que personne ne paie.


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