CHAPITRE III – LES TRANSFORMATIONS DE LA FAMILLE EN FRANCE AUJOURD’HUI
INTRODUCTION
Document 1:
L’ idée de diversification des familles semble aller de soi : nous serions passés de la famille (au singulier) aux familles (au pluriel). Deux raisons expliquent la force de cette représentation. D'une part, sur le plan de l'histoire, les changements qui commencent au milieu des années 1960 surviennent après une période historique exceptionnelle. Les années 1945-1965 sont en effet celles où s'impose, comme jamais auparavant, un modèle de famille : nucléaire, légitime, féconde et stable. [... ] D'où ensuite le sentiment d'une rupture brutale avec ce qui avait fini par sembler quasi « naturel ». [... ]
D'autre part, l'idée d'un pluralisme accru des familles s'appuie sur une autre « évidence », celle des configurations multiples que prend aujourd'hui le mode de vie en famille : familles légitimes, naturelles, biparentales, monoparentales et recomposées coexistent dans la même rue, le même immeuble. Cependant, cela autorise-t-il à donner la diversification comme la clé du changement? Rien n'est moins sûr. En effet, les enquêtes montrent (ce que l'on ne dit pas assez) que cette diversité apparente masque en réalité une standardisation accrue des comportements et des représentations. Il y a sans doute moins de différence entre les familles légitimes et les familles naturelles d'aujourd'hui qu'il n'y en avait, par exemple, entre la famille légitime rurale et la famille légitime urbaine (elle-même si différenciée entre bourgeois et ouvriers) du XIXe siècle
Source : I.Théry , Le démariage , Projet 1996
Questions :
- Présentez les caractéristiques du modèle familial des années 45-65 .
- En quoi la première phrase est-elle une pré-notion remise en cause par les études historiques ?
I – UNE CRISE APPARENTE DE LA FAMILLE
A- UNE CHUTE DE LA NUPTIALITE
Document 2 :
A : 7 p 27
B : 3 P 40
Questions :
- Donnez le mode de lecture et de calcul des courbes mariages et taux de nuptialité pour l’année 1950 (doc A)
- Opérez une périodisation de ces 2 courbes(docA), que constatez vous ? Comment expliquez vous ces évolutions ?
- Comparez l’age au mariage des hommes et des femmes en 1960 (docB), que constatez vous , comment l’expliquez vous ?
- Comment évolue cet age, que cela traduit-il ?
- Quelles conclusions pouvez vous en tirer sur la conception de la nuptialité ?
B – L’EVOLUTION DE LA FECONDITE ET DE LA TAILLE DES MENAGES
Document 3 : exercice 2 p 28
Questions :
- Donnez le mode de lecture et de calcul des chiffres de la première ligne du tableau p 28
- Répondez aux questions 1 à 3 p p 28
Document 4 : 9 p 28
Questions :
- Répondez aux questions 1et 2, 4 et 5
C – L’EVOLUTION DES DIVORCES
Document 7 :
A : 7 p27
B :
Questions :
- Périodisez l’évolution du nombre de divorces entre 1950 et 2004, que constatez vous ?
- Donnez le mode de lecture et de calcul de 44.8 (doc B)
- Comparez l’évolution des deux colonnes du doc B ? que constatez vous ? Comment l’expliquez vous ?
-
Document 8 :
Questions :
- Donnez le mode de lecture et de calcul pour la génération 1950-1954 pour 28 années (2)
- Comment évoluent entre les générations 1950-1954 et 1990-1994 la part des couples ayant connu une rupture ?
- Comment évolue la part des unions libres que cela traduit-il ?
II- DE NOUVEAUX MODELES FAMILIAUX
A – DE NOUVELLES FORMES FAMILIALES
DOCUMENT 9 : 14 P 31 :
Questions :
- donnez le mode de lecture et de calcul des chiffres 20.2(l1 c1) , 3.0 (l4 c2) 3.06 (dernière ligne ,c1)
- Comment a évolué la part des familles complexes que cela traduit-il ?
- Répondez aux questions 1 à 4
Document 10 : 1 p 35
Questions :
1. Définir les trois types de famille
2. Comment ont évolué les différentes formes familiales entre 1990 et 1999 ?
4. Que pouvez vous en conclure ?
B- QUELQUES EXPLICATIONS
DOCUMENT 11 :
La plupart des analyses [qui interprètent les évolutions de la famille contemporaine] mettent l'accent sur l'individualisme. Elles peuvent se ranger en deux catégories. [... ]
1. La version optimiste est celle de la « famille relationnelle », terme que retient François de Singly. Les transformations de la famille découleraient pour l'essentiel du primat de l'affectif et de l'affirmation croissante de la valeur d'autonomie .L'individu serait, dans le cadre de sa vie familiale, de plus en plus attaché à la qualité des relations interpersonnelles. [... ] La vie familiale serait au service de l'objectif majeur de l'individu contemporain. [... ]
2. La deuxième version, celle de la « désinstitutionnalisation familiale », est a contrario pessimiste. [...] Ainsi, selon Louis RousselL, les changements récents marqueraient un affaiblissement des normes qui faisaient de la famille une institution sociale s'imposant à tous ou presque tous.[...] .Ces deux interprétations constituent deux versions d'une même vision des changements familiaux qui conclut à l'individualisme familial. [... ]
[Ces deux thèses] assimilent la famille à l'affectif et tiennent le lien conjugal, devenu plus précaire et contractuel, pour l'archétype du lien familial. Or, le lien de filiation est irréductible au lien conjugal. [...] Les deux types de liens ne prennent leur sens que rapportés l'un à l'autre.Ils répondent à des attentes opposées et complémentaires : épanouissement et désir d'appartenance.
SOURCE : Jean-Yves DÉCHAUX, « Quel devenir pour la famille? » Paysans, n° 259, janvier-février 2000.
QUESTIONS :
- Expliquez les deux phrases soulignées
- En quoi les explications de Roussel et de de Singly se rapprochent-elles ? s’opposent-elles ?
Quelles critiques peut-on faire à ces deux analyses ?
C – NECESSITENT UNE EVOLUTION DU DROIT DE LA FAMILLE ,
DOCUMENT 12 :12 p 30
Questions :
1. Quel est le paradoxe mis en évidence par le premier paragraphe ?
2. Que demande t’on à l’Etat ?
3. L’Etat en est-il capable, pourquoi ?
Document 13 : exercice 3 p 30 et
QUESTIONS :
- L’évolution du nombre de PACS conclus et dissous depuis 1999 est-elle régulière ?
- En utilisant les documents précédents , peut-on réellement dire que le PACS a remplacé le mariage ?
CONCLUSION DU CHAPITRE : UNE CRISE DE LA FAMILLE ?
DOCUMENT 16 : Existe-t-il un modèle de la famille occidentale ?
Lorsque l’on parle de la « crise » de la famille, on se réfère à une famille considérée comme traditionnelle, qui serait la famille nucléaire composée du père, de la mère, unis par le mariage, et de leurs enfants légitimes. Or cette forme de famille est avant tout un fruit de l’histoire et de la culture occidentale. M. Robert Neuburger1 présente comme une exception culturelle « la famille actuelle, la famille " conjugale ", selon le terme de Lévi-Strauss, et que j’appelle la famille " PME " -père, mère, enfant ». Il rappelle que « plus on remonte dans le passé, moins on trouve ce type de famille, y compris dans le passé français, puisque, en France, le modèle a longtemps été celui de la famille paysanne, structurée autour d’un patriarche et s’élargissant par foyers. L’enfant était élevé au sein d’un groupe élargi, et non pas par deux parents ».
M. André Burguière2 partage cette conception : « Tous nos jugements sur l’état et les problèmes actuels de la famille - par exemple quand nous parlons de " déclin " ou de " crise " de la famille - se réfèrent à un long passé de stabilité plus ou moins mythique ». Il estime que « en tant qu’officialisation d’une alliance entre un homme et une femme, mais surtout entre deux familles, (...) le mariage existe dans pratiquement toutes les sociétés », mais qu’il n’a, en Occident, été valorisé et favorisé par l’Église qu’à partir du XVe siècle, « comme moyen d’arracher l’individu à l’insécurité et à la solitude ». L’Église insistait alors sur la donation réciproque et le libre consentement des conjoints, qui prenaient corps dans l’auto-administration du sacrement du mariage. Au siècle suivant, l’État, inquiet du développement des mésalliances permises par les « mariages clandestins » fondés sur l’amour, imposait un contrôle étroit des familles sur le choix des époux, tandis que l’Église entreprenait d’enfermer la sexualité dans la sphère conjugale, ce dont atteste la quasi-disparition des naissances illégitimes à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle.
Si les fondements de la famille « classique » étaient ainsi en place, le modèle familial de l’époque moderne n’était pas celui dont on regrette aujourd’hui l’effacement. L’autorité du père y était toute puissante, y compris dans le choix du conjoint, et limitait l’autonomie des individus. La mortalité infantile, qui a longtemps freiné l’attachement des parents à leurs jeunes enfants, ne s’est réduite que très progressivement. Les familles de cette époque ne présentaient pas vraiment une plus grande stabilité que celles d’aujourd'hui, tant le décès d’un parent et le remariage du survivant y étaient fréquents. Il n’était pas rare qu’un homme ait successivement plusieurs épouses et que des enfants de plusieurs lits cohabitent, avant que les aînés orphelins soient éparpillés parmi d’autres membres de la parenté. Si les causes de ce phénomène étaient très éloignées de celles à l’origine des familles recomposées d’aujourd'hui, ce type de cohabitation était alors relativement fréquent, les pères de famille se remariant très rapidement après un veuvage afin qu’une femme puisse prendre soin de leurs enfants (et de leur maison).
Ainsi, devant la mission, M. François de Singly1 a clairement distingué cette famille traditionnelle d’ancien régime et la famille « traditionnelle » à laquelle on se réfère en général : « ce qu’on appelle couramment la famille traditionnelle est déjà une forme moderne de la famille, la vraie famille traditionnelle ayant disparu depuis longtemps. Il n’y a donc pas vraiment de nostalgiques de cette famille traditionnelle, mais plutôt des gens qui critiquent l’évolution de ce que j’appellerai la " famille moderne 1 ", qui va de la fin du XIXe siècle jusqu’à 1960, en une " famille moderne 2 " ». La première est fondée sur le modèle de la femme au foyer, dépendante de son mari, alors que la seconde apparaît avec l’autonomisation et l’individualisation de la femme.
Force est ainsi de constater qu’il n’y a pas à proprement parler un modèle de famille occidentale classique, ce qui conduit Mme Martine Segalen2 à rappeler que si, depuis deux siècles, on pense toujours que la famille est en crise, « en réalité cette institution multiple et changeante ne court pas plus de danger aujourd’hui qu’hier », et que « l’image de la famille occidentale heureuse et stable est un mythe ».
M. Claude Martin3 partage avec ses condisciples la dénonciation de la vision nostalgique d’un « âge d’or » mythique de la famille, qu’il situe dans l’immédiat après Seconde Guerre mondiale, à l’époque des Trente Glorieuses, dont la gloire ne serait pas seulement économique mais aussi familiale. Cette période voit en quelque sorte l’apogée de la « famille moderne 1 » que M. François de Singly situe entre la fin du XIXe siècle et les années 1960. En effet, alors que la Première Guerre mondiale avait brisé d’innombrables familles et eu de lourdes conséquences démographiques, les années qui suivirent le second conflit mondial ont été marquées par une « institution familiale (...) alors stable et féconde, d’autant plus stable que le nombre des divorces était onze fois inférieur à celui des mariages, et que régnaient une nette division et une nette complémentarité des rôles entre les sexes, que l’on peut résumer par la formule " Monsieur Gagnepain et Madame Aufoyer " ». Grâce à des mariages particulièrement précoces et nombreux (seule une personne sur dix nées dans les générations 1945-1950 ne s’est pas mariée), l’indice conjoncturel de fécondité était de l’ordre de 3 et l’indice brut de nuptialité de 8 pour 1.000 habitants.
Source : Rapport de l’Assemblée nationale (n° 2832 tome 1, XIIe législature), fait au nom de la mission d’information sur la famille et les droits des enfants par M. Patrick Bloche, président, et Mme Valérie Pécresse, rapporteure, février 2006.
Questions :
- Quelle réponse pouvez vous apporter à la question posée en titre du document ?
- Peut6on parler de crise de la famille pourquoi ?
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