Faudra-t-il attendre tous les trimestres le taux de chômage ? par Matthieu Lemoine
L'Insee a décidé de ne plus calculer tous les mois le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) à l’aide du nombre de demandeurs d’emplois inscrits en fin de mois (DEFM) à l’ANPE..Selon l’enquête emploi, dans la période la plus récente, la baisse du taux de chômage BIT a en effet été plus tardive et de moindre ampleur que ne l’indiquaient les chiffres provisoires, fondés sur les DEFM (graphique). La baisse aurait ainsi commencé début 2006, et pas à la mi-2005 ; elle s’élèverait à -1 et non à -1,9 points ; le taux de chômage (9 % au 2e trimestre 2007) ne serait finalement pas passé sous son point bas de 2001 (8,6 %) et ne serait donc pas revenu à son niveau de 1982 (8,1 %).
Source : rapport des inspections générales. Pourtant, l’Insee devrait annoncer début novembre une révision limitée du taux de chômage BIT. L’ampleur de la révision sera en fait masquée par un changement d’interprétation des critères BIT qui conduira à une révision de -0,7 point en moyenne sur toute la période. L’Insee modifiera en effet le critère de recherche active d’emploi : une personne sans emploi et disponible, qui s’inscrit à l’ANPE, mais ne cherche pas d’emploi, ne sera plus comptée comme chômeur. Sans ce changement méthodologique, la révision à la hausse serait de 0,9 point. Certes, cette modification présente l’intérêt de séparer totalement la mesure du chômage de l’inscription à l’ANPE et d’harmoniser les indicateurs de l’Insee et d’Eurostat (lorsqu’on considère le taux de chômage de la France entière qui inclut les DOM). Mais, et c’est le point essentiel, contrairement à ce qu’indique le rapport des inspections générales, les DEFM ne peuvent pas être utilisées pour analyser l’évolution globale du chômage, mais bien plutôt pour mener des cétudes à des niveaux géographiques fins que ne permet pas l’enquête emploi. La période récente a montré que certains changements des règles de gestion de l’ANPE auraient conduit cette source à surestimer la baisse du taux de chômage de -0,2 à -0,4 point (document d’étude de la Dares). La réforme de l’indemnisation chômage de 2003 pourrait également avoir amplifié la baisse, dans des proportions qu’on ne sait toujours pas chiffrer quatre ans plus tard, mais qui expliquent peut-être le solde de l’écart de 0,9 point observé en fin de période. Les DEFM, même accompagnées de notes sur les multiples facteurs pouvant affecter leur évolution, ne sont donc pas utilisables en temps réel pour décrire l’évolution du chômage à court terme. [1] L’Insee devrait également publier un taux de chômage incluant les départements d’outre-mer. | |
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