Chapitre terminale croissance et progrès technique (partie I)

CHAPITRE I – INVESTISSEMENT, PROGRES TECHNIQUE ET INNOVATIONS

PARTIE I : PROGRES TECHNIQUE ET INNOVATION

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Introduction :

  • Innovation et politique de la croissance : Philippe Aghion (univ. Harvard, EEP et conseil d’analyse économique)



Pourquoi les pays d’Amérique Latine connaissent-ils une croissance moins rapide que l’Asie ? L’Europe que les États-Unis ?
Easterly en 2005 1a testé une régression entre la croissance, et des politiques économiques comme le degré d’ouverture ou le déficit. Il montre que tant que les politiques économiques ne sont pas extrêmes, elles ne jouent pas sur la croissance. Il en conclut que ce qui compte, plus que les politiques publiques, ce sont les institutions. Mais il oublie de faire interagir les variables de politique économique avec le degré de développement. Quand on fait cela, les politiques économiques redeviennent importantes pour la croissance, mais leur effet dépend du niveau de développement technologique ou financier du pays.
Rodrik (2005)2, s’oppose au « consensus » de Washington : « privatiser, libéraliser, stabiliser ». On ne peut avoir les mêmes recettes partout. Rodrik en conclut qu’il faut faire des études de cas, et rechercher la contrainte principale à la croissance dans chaque pays. Il prend pour cela comme critère une mesure basée sur les prix. Par exemple, la contribution de l’éducation à la croissance est calculée en partant du salaire ; la contribution du capital à la croissance en partant du taux de rendement du capital. Or, cette mesure fondée sur les prix est contestable.
P.Aghion se positionne par rapport aux points de vue d’Easterly et Rodrik. Il en profite pour expliquer sa démarche de recherche. Théoricien au départ, il a travaillé avec des économètres à University College London afin de tester les conjectures des modèles théoriques. En retour, le travail empirique donne des faits stylisés pour lesquels il faut trouver une explication.

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  • Une conférence de Jean Hervé Lorenzi sur le site de l'université de tous les savoirs
Une publicité sur un rasoir : peut-on parler d'innovation ? :


SECTION I - DEFINITIONS ET MESURE DU PROGRES TECHNIQUE

I – DEFINITIONS :

A - LE PROGRES TECHNIQUE

Il peut être défini comme l’ensemble des modifications qui affectent les procédés de production et la nature des biens réalisés permettant ainsi :

· soit de desserrer des goulets d’étranglement limitant la production : au XIX° siècle, le développement des chemins de fer a permis d’écouler une production en particulier agricole qui sans cela ne l’aurait pu.

· soit de produire des marchandises nouvelles ou de meilleure qualité (ex : le CD ou la photocopieuse)

· soit d’augmenter les gains de productivité des facteurs de production grâce à l’introduction de nouveaux procédés, des machines plus performantes

Remarque : les trois objectifs peuvent être recherchés simultanément, ils ne sont distingués que pour mieux caractériser le terme

B – LA DISTINCTION INVENTION - INNOVATION (définitions p 44)

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les termes invention et innovation ne sont pas synonymes :

1– DEFINITION DE L’INVENTION

« L’invention, est la découverte d’un principe nouveau ou d’un produit nouveau qui ne sont pas toujours susceptibles d’applications pratiques» .On considère généralement que l’invention se décompose en deux phases :

· la recherche fondamentale qui a pour objectif de dégager les lois qui régissent les phénomènes qu’étudie la science : par exemple la théorie de la relativité d’Einstein

· la recherche appliquée : qui elle vise un but déterminé en s’appuyant sur les résultats de la recherche fondamentale : les inventeurs cherchent alors à mettre au point des procédés de production ou des objets nouveaux qui pourraient être introduits dans le processus productif.

2 – L’INNOVATION

L’innovation correspondrait à la mise en application d’un principe théorique ou d’une idée nouvelle » (cf. l’ex de la photocopie ). L’innovation va donc permettre de rendre économiquement viable l’invention, ce qui nécessite de développer , c’est-à-dire de perfectionner les prototypes initiaux , puis de les commercialiser dans le modèle définitif. On se situe donc au niveau de la recherche et développement (R et D)

C - LES DIFFERENTS TYPES D’INNOVATION

1- LES 5 TYPES D’INNOVATION RECENSEES PAR SCHUMPETER .

Schumpeter qui est le premier économiste à s’être réellement intéressé à l’innovation distingue 5 grandes catégories d’innovation :

· la fabrication d’un bien nouveau : automobile , ordinateurs

· l’introduction d’une nouvelle méthode de production : l’usine mécanisée ,l’usine robotisée , le taylorisme , le fordisme , le toyotisme

· de nouvelles formes d’organisation : la fusion des sociétés , création de joint-ventures

· de nouvelles sources d’approvisionnement : le pétrole dans le golfe persique , le gaz à Groningue

· l’ouverture d’un nouveau débouché pour un produit donné par la découverte de nouvelles routes commerciales ou de nouveaux marchés pour les achats et les ventes

2 – INNOVATIONS DE PRODUITS ET DE PROCEDES (p 44)

Les économistes ont aussi été conduits à distinguer deux types d’innovation technologique, recherchant des objectifs différents .

- les innovations de produits : correspondent à l’introduction de nouveaux biens ou services sur le marché , ont pour objectif de trouver de nouveaux débouchés pour l’entreprise , en créant un nouveau marché , sur lequel elle dispose d’une position de monopole ( par la détention d’un brevet ) , ce qui lui permet d’augmenter ses marges et donc sa rentabilité . A plus long terme, l’entreprise, quand le brevet sera tombé dans le public , conservera l’image de marque d’innovateur grâce aux ressources accumulées par l’innovation , elle pourra financer la R-D qui lui permettra de lancer de nouvelles innovations .

- les innovations de procédés ou process, a contrario, visent à introduire de nouvelles méthodes de production recherchent la réduction des coûts de production par un accroissement des gains de productivité . L’entreprise peut alors augmenter ses profits afin d’investir ou/et baisser ses prix afin d’augmenter ses parts de marché . L’innovation de process vise aussi à améliorer la qualité des produits afin d’accroître la compétitivité qualité de l’entreprise .

Remarque : En réalité , les innovations de produits et de process ne sont pas aussi contradictoires qu’on pourrait le penser . Ainsi , par exemple :

- l’amélioration des techniques de production engendre généralement une amélioration de la qualité des produits et peut rendre rentable le lancement de nouveaux biens qui ne l’aurait pas été sans cela .

- Ford a appliqué simultanément et en complémentarité l’introduction d’une nouvelle méthode de production et l’apparition d’un nouveau bien : la Ford T . Sans le fordisme , la Ford T n’aurait pas été rentable ; sans la Ford T , le fordisme n’aurait eu que peu d’utilité ( les Ferrari sont produites à petite échelle)

3 – INNOVATION INCREMENTALE – INNOVATION RADICALE (p 44)

On distingue aussi :

- les innovations incrémentales , mineures ou progressives visent à apporter des améliorations techniques ou économiques dans la production de biens ou de techniques déjà existantes : le show-view ou le PDC pour le magnétoscope . Par cette innovation , l’entreprise cherche à accroître sa part de marché , mais la concurrence n’en sera pas bouleversée . Les entreprises vont donc , face à la multiplication de nouvelles innovations , développaient une stratégie de veille technologique qui vise à acquérir des informations sur l’évolution des techniques , des produits afin de ne pas être dépassé par la concurrence .

- les innovations radicales ou majeures provoquent une rupture , un saut qualitatif dans les techniques permettant de lancer de nouveaux produits ou techniques , donc de nouveaux marchés qui auparavant n’existaient pas : l’invention de l’automobile , de l’avion à réaction , de l’ordinateur qui permet de bouleverser la concurrence , mais qui en contrepartie comporte un risque d’échec important pour l’entreprise , qui peut conduire celle-ci à refuser cette innovation , IBM a refusé le brevet de la photocopieuse , considérée comme a priori non rentable .

Constat : On sait ainsi que :

- 53 %des entreprises, soit près de 9 innovantes sur 10 ont mis sur le marché un produit nouveau ou présentant de substantielles améliorions technologiques

- Mais , elles ne sont que 45 % à avoir mis en oeuvre des procédés technologiques nouveaux .

- Ainsi les entreprises industrielles améliorent plus souvent des produits et des processus existant qu’elles ne réalisent de véritables premières ( introduction de produits ou de procédés entièrement nouveaux pour le marché ).

II - LA MESURE : LA PRODUCTIVITE (article 2 p 51 et chapitre introductif)

Définition : La productivité se définit comme le rapport entre une production et les facteurs de production nécessaires pour assurer sa réalisation. On cherche par cela à mesurer l’efficacité du ou des facteurs de production utilisés. On distingue différents types de productivité :

- la productivité d’un facteur de production : travail ou capital .

- la productivité physique du travail = quantités produites

effectifs

Mais au cours du temps la durée de travail peut varier, ce qui va fausser les calculs. On va alors mettre en place un indicateur plus précis :

- la productivité horaire du travail= : quantité produite

effectifs x durée moyenne du travail

Mais on est confronté à d’ autres difficultés :

- il est difficile de comparer des tonnes de charbon et des quantités de voitures : la productivité physique ne permet pas de réaliser des comparaisons sectorielles .

- De même, au cours du temps les biens se transforment : une Renault 12 n’est pas comparable avec une Renault Mégane .

- On calcule alors une productivité en valeur pour laquelle on va retenir non pas la valeur de la production ( chiffre d’affaire ) mais la valeur ajoutée(c'est-à-dire la valeur réellement créée) . En effet, les entreprises pour réaliser leur production utilisent des consommations intermédiaires qu’elle n’ont pas réalisées :

- la productivité en valeur du travail : valeur ajoutée

effectifs employés

- la productivité horaire en valeur du travail : valeur ajoutée

effectifs . durée moyenne du travail

Remarque : comme l’indique P Combemale et A Parienty : « l’approfondissement de la division du travail aboutit à une telle interdépendance dans le temps et dans l’espace que la notion de productivité partielle ou apparente d’un facteur de production perd beaucoup de sa signification . » En effet , les gains de productivité du travail observés dans l’industrie automobile résultent-ils d’une efficacité plus grande des travailleurs ou bien de l’introduction de la robotisation et de nouvelles méthodes de production ? Il faudrait alors calculer une productivité globale des facteurs , mais se pose de nombreuses difficultés quant à la mesure de cette notion . Comment rendre homogène le travail et le capital ? Comment prendre en compte des éléments aussi divers que les rapports humains , la norme , la culture , ... ?

On peut malgré tout calculer une

productivité globale des facteurs = Valeur de la production

Valeur des facteurs de production utilisées

Les sources d’accroissement de la productivité (7 p 40) : Une fois résolus les problèmes de mesure de la productivité , il nous faut étudier les mécanismes qui en sont à l’origine . Deux mécanismes peuvent jouer :

- les économies d’échelle : plus la quantité produite augmente, plus le coût moyen diminue. Pour réaliser des économies d’échelle, l’entreprise cherche à augmenter les quantités produites pour bénéficier notamment d’un meilleur étalement des coûts fixes.

- l’augmentation de la productivité peut , en revanche , être obtenue sans pour autant accroître l’échelle de production , c’est-à-dire les quantités produites . Augmenter la productivité consiste ainsi à produire davantage avec la même quantité de facteurs ou bien à produire autant avec une moindre quantité de facteurs . Quels sont alors les effets de la productivité sur l’emploi ? (8 p 41)

III - HISTORIQUE DE L’EVOLUTION DU PROGRES TECHNIQUE ET DE LA PRODUCTIVITE

A - LE PROGRES TECHNIQUE

constat : on observe une accélération de l’histoire concernant le progrès technique



En effet , « on compte d’abord en millions d’années , puis en millénaires , enfin en décennies » . L’exemple de l’informatique est particulièrement représentatif .

Une seconde façon de mesurer l’accélération de l’histoire est de prendre en compte les temps séparant l’invention de l’innovation , c’est-à-dire l’application industrielle de l’invention : « 112 pour la photographie , 56 pour le téléphone , 10 ans pour la télé , 3 ans pour le transistor ,il tourne autour d’un an pour la majorité des innovations actuelles ». On constate ainsi que le nombre d’ann »es nécessaire pour qu’une innovation touche 25% de la population US a été de :

- 46 ans pour l’électricité introduite en 1873

- 55 ans pour l’automobile introduite en 1896

- 26 ans pour la télé qui arrive sur le marché en 1926

- 16 ans pour le micro-ordinateur qui date de 1975

- et seulement 7 ans pour internet.

Ce phénomène n’est pas sans posé des difficultés aux entreprises :

- En effet , la recherche est de plus en plus coûteuse ; le risque d’échec de plus en plus élevé , soit parce que l’innovation ne débouche pas sur la production , soit parce qu’un concurrent a déjà lancé le brevet , la rentabilité est donc très incertaine .

- Elle l’est d’autant plus que le renouvellement des produits n’a cessé de s’accélérer et donc que la durée de vie des biens diminue .L’entreprise peut alors éprouver des difficultés à rentabiliser sa production sur des séries suffisamment longues .

- Pour éviter ces inconvénients , l’entreprise est obligée de trouver de nouveaux débouchés en exportant ou en s’installant à l’étranger , ce qui est aussi coûteux et risqué .Pourtant les entreprises sont condamnées à innover pour ne pas être dépassées par la concurrence .

B - LA PRODUCTIVITE (5 p 43)

Constat Quand on étudie la productivité du travail, on constate que les travailleurs sont beaucoup plus efficaces qu’ils ne l’étaient au XIX° siècle . En 160 ans , la productivité du travail a été multipliée par 13 , ce qui semble bien être le signe du passage d’un mode de croissance extensif à un mode de croissance intensif . Mais ce chiffre à lui tout seul ne permet pas de mesurer l’évolution de la productivité :

Remarque 1 : le rythme de productivité a énormément varié en fonction des périodes . On peut distinguer 5 périodes :

- 1830- 1890 : la productivité augmente faiblement : 1% par an , c’est le signe d’un mode de croissance encore largement extensif .

- la première rupture s’opère dans les années 1890 , quand on passe à un mode de croissance réellement intensif : entre 1890 et 1930 , les gains de productivité progressent deux fois plus vite que dans la période précédente .

- la deuxième cassure résulte de l’entrée en crise et de la guerre : pendant 20 ans , les gains de productivité vont se rapprocher de ceux obtenus au XIX° siècle . Mais ceci ne semble pas principalement du à une moindre efficacité du travail , la cause serait plutôt à chercher du côté de l’affaiblissement du rythme de croissance de la production , du à l’effondrement des débouchés pendant la crise .

- la quatrième période se caractérise , au contraire , par une accélération sans précédent des gains de productivité , qui , pendant 30 ans (30 glorieuses) , vont augmenter au rythme de 5 % par an .

- la cinquième période s’ouvre-t-elle aussi par une cassure : l’entrée en crise (73 et le choc pétrolier) et l’affaiblissement des rythmes de croissance font que les gains de productivité ne progressent plus qu’au rythme de 2% par an .

Remarque 2 : comme nous l’avons dit précédemment, il peut être très utile de calculer en plus de la productivité du travail , la productivité horaire du travail . En effet , depuis 160 ans la durée du travail a énormément baissé . La productivité horaire du travail ( multipliée par 25 ) progresse donc beaucoup plus vite que la productivité du travail ( x 13 )

Remarque 3 : la productivité apparente du travail est un indicateur insuffisant pour mesurer l’efficacité productive ; il paraît alors intéressant de mesurer la productivité globale des facteurs . En effet , les innovations s’étant multipliées : « la reprise de la croissance économique , à partir des années 1890 , et surtout celle des 30 Glorieuses se sont accompagnées - dérivent en fait- d’une très forte accélération du rythme du progrès technique » . La rupture que l’on observe depuis 1973 semble moins due à une diminution du progrès technique qu’à une réduction du rythme de croissance du PIB .

Remarque 4 : Selon P Morin l’économie française serait passée d’une économie en rattrapage à une économie de frontière :8p335

SECTION II - LES DETERMINANTS DU PROGRES TECHNIQUE

I - LE ROLE DE L’OFFRE

A - LA THEORIE DES DROITS DE PROPRIETE DE D.NORTH .

un constat : D.North constate que les premiers pays à avoir connu une croissance économique réelle sont la GB et les Pays-Bas .

les explications :

- Il est alors amené à se demander pour quelles raisons, la France et l’Espagne, qui étaient alors des puissances politiques de premier plan n’ont pas connu d’augmentation durable du niveau de vie de leur population .

- A cela il répond : « les anciennes provinces espagnoles et la GB étaient alors les deux nations européennes les plus en avance dans la définition d’un système d’institution et de droit de propriété permettant d’exploiter de façon efficace les motivations individuelles pour assurer l’orientation des capitaux et des énergies vers les activités socialement les plus utiles . »

- En effet, « la croissance économique trouve fondamentalement sa source dans l’abaissement de l’ensemble des coûts de fonctionnement de la société. Autrement dit il ne suffit pas qu’un marché existe pour que de nouvelles possibilités de débouchés et d’économies d’échelle apparaissent , ou encore qu’une invention vienne révolutionner la technologie , pour que ces éléments se transforment en un surplus de croissance .

- De quoi dépend alors leur motivation ? De l’importance des gains que la saisie de ces opportunités leur procurera par rapport à la situation qui était la leur avant de les exploiter. Et de quoi dépendent ces gains ? De deux choses :

· des coûts que les agents économiques encourent dans leur processus de réalisation des opportunités ouvertes ;

· mais aussi du système de droits de propriété qui détermine de quelle façon s’effectue au sein du corps social, le partage des gains de productivité dégagé par l’initiative des innovateurs ( ...)

les liens entre les droits de propriété et la croissance économique :

Une société sera d’autant plus « innovatrice » et portée à la croissance que son système de droits de propriété définira de façon précise les droits d’exclusivité de chacun , qu’elle en assurera la protection effective et que , par-là , en réduisant le degré d’incertitude qui pèse sur les possibilités de gains supplémentaires offerts par l’innovation , elle contribuera à maximiser la rentabilité personnelle des activités de l’innovateur ( faisant que toutes choses égales par ailleurs , plus d’individus qu’auparavant sont désormais prêts à prendre des risques pour acquérir ces gains , le coût d’accès à ces gains diminue . »

( H.Lepage) .

Le rôle de l’Etat :

- selon les théoriciens du droit de propriété afin de favoriser l’innovation, l’Etat doit intervenir, mais seulement: en créant des conditions favorables à l’innovation, par exemple le droit des brevets.

- Par contre, l’augmentation des impôts et des prélèvements divers en réduisant le gain de l’innovateur va freiner son incitation à innover et par-là, la croissance économique que pourrait connaître le pays . H.Lepage traduit cela par : « plus la divergence est grande entre le gain personnel de l’innovateur et son apport social, moins l’individu est motivé pour courir les risques associés à l’effort d’innovation, la société se prive ainsi de gains dont elle aurait pu bénéficier si elle s’était montrée plus généreuse dans le partage de la plus-value ( en faveur des innovateurs ) » .

- Cette théorie peut permettre de justifier des inégalités de répartition très importantes, car elle accroît l’efficacité économique et donc à terme le bien-être de toutes les classes de la population.

B - LE ROLE DE L’ENTREPRENEUR DANS L’ANALYSE DE SCHUMPETER. ( 8 p 331)

Explication du rôle de l’entrepreneur : Schumpeter attribue le rôle le plus glorieux à l’entrepreneur qui est pour lui le véritable héros de l’évolution économique. Il est animé par des motivations individuelles de réussite : le profit est à la fois le but et l’instrument de mesure de sa réussite :

- le but, car c’est lui qui motive l’entrepreneur à lancer ses innovations, alors qu’il court un risque non négligeable d’échouer

- l’instrument de mesure, le profit étant issu de l’innovation qui a réussi sur le marché, l’entrepreneur fait donc d’autant plus de profit qu’il est supérieur à la moyenne dans l’art d’effectuer des combinaisons économiques par des innovations de processus de production ou par la découverte de produits nouveaux, faciles à vendre chers.

Critique de l’analyse marxiste des classes : contrairement à ce que dit Marx, selon Schumpeter les entrepreneurs ne constituent pas une classe sociale, ils sont au contraire isolés.

L’opposition entre l’entrepreneur et le gestionnaire :

- « le rôle de l’entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production (... ) ; pour surmonter les résistances du milieu, des aptitudes sont nécessaires qui n’existent que sur une faible fraction de la population et qui caractérise à la fois le type et la fonction d’entrepreneur » ( Schumpeter ).

- En effet, on peut constater avec Schumpeter, que la majorité des entrepreneurs ne sont pas des entrepreneurs mais des gestionnaires qui ont pour but de gérer leurs entreprises de manière routinière dans une économie de concurrence pure et parfaite.

- Au contraire, dans l’analyse de Schumpeter, l’entrepreneur est l’individu qui va venir bouleverser les conditions de concurrence, donc qui va remettre en cause des conditions acquises. Il se heurte alors à une certaine hostilité des autres entrepreneurs. La position de l’entrepreneur dans le système économique schumpétérien est donc ambigu :

+ il est à la fois la source de la croissance économique par ses innovations

+ mais en même temps c’est souvent un solitaire incompris de ses contemporains : « les bouleversements techniques perturbent l’activité économique (…)A court terme, la vague de progrès technique est surtout facteur d’instabilité ». Il arrive donc fréquemment que les innovations soient dans un premier temps rejeter, comme le montre le doc.14 p 96 « avec l’introduction de la machine, c’est tout l’équilibre du système corporatif qui s’écroule » . Ce qui conduit les ouvriers à détruire les machines qui pensent-ils leur prennent leur emploi.

Conclusion : Schumpeter , du fait de l’importance du rôle de l’entrepreneur dans le système capitaliste est pessimiste quant à l’avenir du capitalisme .

- En effet , il constate que « cette fonction sociale ( celle de l’entrepreneur ) est , dès à présent , en voie de perdre son importance et , elle est destinée à en perdre de plus en plus à une vitesse accélérée dans l’avenir » , ceci car : « l’innovation est elle-même ramenée à une routine .

- Le progrès technique devient toujours davantage l’affaire d’équipes de spécialistes entraînés qui travaillent sur commande et dont les méthodes leur permettent de prévoir les résultats pratiques de leur recherche ( ... ) . Ainsi le progrès économique tend à se dépersonnaliser et à s’automatiser, le travail des bureaux et des commissions tend à se substituer à l’action individuelle. ( ... ) L’unité industrielle géante parfaitement bureaucratisée n’élimine pas seulement en expropriant leurs possesseurs, les firmes de taille petite ou moyenne, mais, en fin de compte, elle élimine également l’entrepreneur et exproprie la bourgeoisie en tant que classe appelée à perdre, de par ce processus, non seulement son revenu mais encore ce qui est plus grave sa raison d’être. » .

C - UNE RELATIVISATION DE L’ANALYSE DE SCHUMPETER

1 - DEUX MODELES D’INNOVATION (5 et 6 p 334)

On peut opposer deux modèles d’innovation :

- le modèle IBM

- le modèle Silicon Valley

qui permettent de relativiser le pessimisme de Schumpeter quant aux effets négatifs de la concentration du capital et à la disparition d’entrepreneurs dynamiques .


MODELE IBM

MODELE SILICON VALLEY

Type d’entreprise concernée

grandes entreprises en situation de monopole ou d’oligopole dominant le marché

PME- PMI innovantes

Raisons

l’innovation est très coûteuse ; seule une entreprise disposant d’une taille importante sera capable de mobiliser des ressources financières suffisamment importantes pour lancer une recherche dont les résultats seront incertains , l‘entreprise y sera d’autant plus incitée que les coûts de recherche peuvent être considérés comme des coûts fixes ( constants quelles que soient les quantités produites ) , l’entreprise , du fait de sa grand taille , va pouvoir produire en grandes séries et bénéficier ainsi d’économies d’échelle qui lui permettront d’accroître ses profits ou de baisser ses prix

les grandes entreprises sont des structures lourdes et bureaucratisées qui ne disposent pas de capacités d’adaptation suffisamment rapides pour suivre un marché en perpétuelle évolution . Au contraire , les PME qui disposent de structures légères , donc souples ( « small is beautiful » J.Schumacher ) vont pouvoir coller au marché et lancer des innovations qui répondront , en les anticipant , aux besoins du marché .

Ex : Apple .

En réalité , comme l’indique D.Guellec , les modèles IBM et Silicon Valley ne sont pas contradictoires mais complémentaires . En effet , : « il y aurait ainsi deux modèles d’entreprises innovatrices , jouant l’un sur la souplesse , l’autre sur les économies d’échelle » .Il n’en reste pas moins vrai que « la proportion des entreprises innovantes croit avec la taille des entreprises : de 30,5 % pour les plus petites à 90,5 % pour celles employant plus de 2000 personnes ». En effet , dans certains secteurs comme celui de l’automobile , une taille minimale ( dit taille critique ) est requise pour pouvoir lancer l’innovation , ce qui explique la concentration croissante de ce secteur .

2 - LA PRISE EN COMPTE DES FACTEURS SOCIO-ECONOMIQUES

Un constat : J.Ibanes , à partir de l’exemple du coke , compare la France et la GB :

- il constate qu’en GB les entreprises vont très rapidement ( dès le début du XIX° ) abandonner les hauts fourneaux au charbon de bois et fondre leur minerai de fer en utilisant du coke .

- au contraire, en France, à la même époque, la grande majorité des entreprises continue d’utiliser le charbon de bois .

Les explications : Cela signifie-t-il qu’en France, il n’y ait pas eu d’entrepreneurs dynamiques capables d’innover? La réponse se trouve ailleurs :

- En effet, l’adoption du coke en GB semble avoir résulter principalement de l’existence de goulets d’étranglement : suite à l’épuisement des forêts , le prix du charbon de bois a fortement augmenté , incitant les entrepreneurs anglais à trouver un produit de substitution , donc à innover .

- Dans le même temps en France, les conditions économiques étaient radicalement différentes : le charbon d’extraction difficile était coûteux , son transport onéreux par manque de moyens de communication , alors que la production de fonte était disséminée sur le territoire ; les producteurs étaient souvent de grands propriétaires terriens qui disposaient de bois en grande quantité donc d’une matière première à faible coût ( d’autant plus que les salaires étaient faibles ) .

- De ce fait , les entrepreneurs français n’ont pas été incités à remplacer le charbon de bois par du coke , bien qu’ils ne soient pas moins performants . En effet, on constate que, dès que le besoin s’en est fait sentir, à partir de 1840, l’utilisation du coke s’est généralisée.

Conclusion : Schumpeter a trop insisté sur les caractéristiques individuelles de l’entrepreneur , n’a pas assez tenu compte du contexte socio-économique , mais aussi culturel ( dans certaines sociétés , le système de valeurs est un frein à l’innovation ) qui influencent les choix individuels. Ainsi l’exemple de la révolution MEIJI nous montre bien que celle ci ne s’est pas réalisée sur la base de valeurs individualistes mais tout au contraire s’est opérée dans le cadre d’une structure féodale.

II - LE ROLE DE LA DEMANDE

Dans l’analyse keynésienne , le progrès technique est largement déterminé par l’augmentation et les transformations de la demande

- En effet, de nombreux exemples tendent à prouver qu’un ordre important d’innovations sont le résultat des demandes préalables à laquelle les innovateurs tentent d’apporter une réponse. On sait ainsi que Pasteur a commencé ses travaux sur les levures pour répondre à une demande de brasseurs de bière, que le premier ordinateur a été conçu pour répondre aux besoins de l’armée américaine qui voulait gérer ses stocks.

- On sait, de plus, qu’il existe une relation entre l’investissement et l’innovation : plus l’investissement est élevé, plus les innovations seront nombreuses . Or, c’est dans les périodes de forte croissance de la demande que les investissements progressent plus vite ( modèle de l’accélérateur ) et que les entreprises vont être incitées à lancer de nouveaux produits afin de répondre aux besoins des consommateurs .

SECTION III - LES CONSEQUENCES DU PROGRES TECHNIQUE .

I - LE PROGRES TECHNIQUE ET LES INNOVATIONS : LES GRANDS ABSENTS DES THEORIES TRADITIONNELLES DE LA CROISSANCE .

A - UNE CROISSANCE INEXPLICABLE

Postulat de base : La tradition néo-classique se situe dans le cadre d’une économie de concurrence pure et parfaite :

- C’est-à-dire que les hypothèses du modèle de cpp sont respectées

· en particulier l’hypothèse d’homogénéité des biens ( tous les biens sont substituables )

· d’atomicité ( personne ne dispose d’une position suffisante pour pouvoir influencer le marché et fixer les prix) .

- Dans ce contexte, grâce à la concurrence , l’économie de marché débouche sur une situation optimale , c’est-à-dire qu’aucun producteur ne peut améliorer l’efficacité avec laquelle il produit .

- Ce postulat posé, la croissance ne peut résulter que d’une augmentation des quantités de facteur de production : capital et travail utilisés pour la réaliser. On parle alors de croissance extensive. En effet, la loi des rendements décroissants indique bien que la productivité marginale d’un facteur diminue à mesure que les quantités utilisées de ce facteur augmentent. A terme, la croissance économique va se réduire et l’on débouchera inéluctablement sur une économie stationnaire.

Les insuffisances du modèle néo-classique : On se rend bien compte que ce modèle n’est pas conforme à ce que l’on observe dans la réalité :

- En effet, comme l’a indiqué Schumpeter, ce qui est à l’origine de la croissance c’est l’innovation or l’innovation est la grande absente du modèle néo-classique qui est basé sur un état des techniques de production données

- La théorie néo-classique semble d’autant moins utilisable qu’elle postule la concurrence uniquement par les prix . Or, la stratégie des entrepreneurs est de se détacher de la concurrence par les prix en différenciant leur produit , en les rendant non substituables . Un moyen efficace pour y arriver est d’innover : l’entrepreneur dispose alors d’un brevet qui lui garantit pour une certaine durée une position de monopole ( rejet de l’hypothèse d’atomicité ) qui lui permet de fixer les prix .

Un constat : Les auteurs néo-classiques, en particulier Solow et Denison ont été amenés à prendre en compte le rôle du progrès technique. En effet, comme l’indique l’exemple français décrit par Carre, Dubois et Malinvaud :


· sur les 5,9 % de croissance annuelle moyenne qu’a connu le PIB français entre 1951 et 1973, 0,3% résulte des quantités d’emplois ,1,6% du facteur capital , reste un résidu inexpliqué de 3 % qui représente donc plus de la moitié du total

· pour la période 1990-1998 le taux de croissance annuel réel est de 1.6% : la contribution du travail représente 0 .69, celle du travail 0.14, le résidu 0.76 c'est-à-dire la moitié du total.

· La théorie traditionnelle est donc mise à mal.

B - LA NECESSAIRE PRISE EN COMPTE DU PROGRES TECHNIQUE

les solutions mises en œuvre par Solow :

- Solow va le premier constater que le résidu inexpliqué est le progrès technique ; mais comme l’écrit D.Charpentier: « Solow se garde bien de dire d’où vient le progrès technique . En particulier, il ne dépend pas d’investissements en recherche et développement, sinon ce serait admettre qu’il est lui-même issu du capital, donc renoncer à l’hypothèse centrale de la productivité marginale décroissante puisque la recherche permettrait d’accroître l’efficacité de l’investissement » .

- La prise en compte du progrès technique pose un second problème à l’analyse néo-classique : chaque facteur est rémunéré en fonction de sa productivité marginale , mais si la moitié de la croissance économique provient d’un résidu , le progrès technique qui tombe du ciel , qui doit percevoir la rémunération issue de ce résidu ?

- Pour expliquer la croissance économique , les théoriciens néo-classiques vont donc faire appel aux effets externes ( l’activité d’une entreprise a des conséquences sur autrui , sans que celle-ci n ait eu l’intention , en supposant que le progrès technique soit par le biais des effets externes à l’origine de rendements croissants à l’échelle collective . La solution n’est pas idéale , car on ne voit toujours pas d’où vient le progrès technique : au mieux il est incorporé au capital , c’est-à-dire qu’il est introduit par le biais des investissements : le progrès technique serait donc une fonction croissante de l’investissement . Par contre , elle permet de montrer quels sont les effets du progrès technique sur la croissance .

-

II - CYCLE DE CROISSANCE ET GRAPPES D’INNOVATIONS DANS l’ANALYSE SCHUMPETERIENNE (3 et 4 p 329-330)

La vision schumpeterienne de la croissance : La dynamique économique vue par Schumpeter est très tourmentée , à l’opposé du modèle néo-classique d’équilibre de croissance et de concurrence impure et parfaite » .

En effet , Schumpeter a une vision cyclique de l’activité économique :il va reprendre l’apport de Kondratieff qui avait mis en évidence l’existence de mouvements longs de cycles d’une durée approximative de 50 ans . Schumpeter va être amené à distinguer 2 phases :

- la phase A ou phase d’expansion durant laquelle l’économie va s’écarter de l’équilibre initial . En effet , les innovations vont remettre en cause la structure du marché : les entreprises qui ont innové , par le lancement d’un nouveau produit ou d’un nouveau procédé , vont bénéficier d’une forte augmentation de la demande , vont accroître leur production , faire des profits supplémentaires . Ceci va avoir deux effets contradictoires mais complémentaires :

· le mécanisme de la destruction créatrice : l’innovation va conduire à l’obsolescence des anciens procédés ou des anciennes productions , ce qui va entraîner la disparition d’entreprises ou de pans entiers de l’économie , donc une augmentation du chômage ( aspect destruction ) . Mais , dans le même temps , de nouvelles entreprises , de nouveaux marchés apparaissent qui vont faire preuve de dynamisme , créer des emplois ( aspect créateur ) .

· les grappes d’innovation : Schumpeter a constaté que les innovations ne se produisent pas de manière continue dans le processus économique , mais de manière cyclique . Quand une entreprise introduit une innovation radicale ou majeure , celle-ci va être à l’origine de nouvelles innovations qui viennent en complément . On peut donc dire que les innovations s’engendrent les unes des autres par un processus de déséquilibre successif . Schumpeter est amené ainsi à distinguer plusieurs révolutions industrielles , caractérisées par des innovations fondamentales situées dans des branches qui vont servir de pôle d’entraînement tirant toute l’économie , suite à l’introduction d’une innovation majeure qui a été à l’origine d’un déséquilibre. Schumpeter distingue 3 révolutions qui se sont succédées. Chaque révolution est caractérisée par une augmentation des innovations

- la phase B : durant cette phase , il ne se produit plus que des innovations mineures ou incrémentales , le progrès technique se généralisant peu à peu , le dynamisme économique diminue , la croissance économique chute ,on rentre alors dans une phase de récession .

Relativisation de l’analyse de Schumpeter : Néanmoins, si les analyses de Schumpeter sont séduisantes , elles sont difficiles à confirmer :

- en particulier l’hypothèse de régularité des cycles est très fragile . En effet , on ne constate pas obligatoirement de cycle de progrès technique , en particulier de chute du progrès technique durant les phases de récession .

- Au contraire , l’auteur en vient à inverser la relation de causalité : ce n’est plus la crise qui favoriserait l’introduction du progrès technique , c’est au contraire le progrès technique qui en s’accélérant dévaloriserait les secteurs anciens et bouleverserait donc la structure de production .

- Aujourd’hui , la thèse de Schumpeter est considérée comme trop simpliste . En effet , si elle a mis en évidence le rôle du progrès technique , elle est considérée comme faisant preuve d’un déterminisme technologique moniste ( c’est-à-dire qu’elle fait appel à un seul facteur )en particulier elle sous-estime les conditions qui vont permettre l’émergence du progrès technique : le système de valeurs , les interventions publiques ( Schumpeter surestime le rôle de l’entrepreneur)

III - LES THEORIES DE LA CROISSANCE ENDOGENE : P ROMER (4 p 43)

La croissance endogène : une synthèse : « les théories nouvelles de la croissance ,dans un cadre d’équilibre général néo-classique ont reprise certaines idées de Schumpeter. » :

- de Schumpeter , elles retiennent « à la fois le rôle considérable du progrès technique dans la croissance de long terme et son caractère endogène » .

- des néo-classiques , elles retiennent les effets externes qui vont conduire à des apprentissages non intentionnels qui vont faire bénéficier la collectivité de rendements croissants et générer une croissance économique de long terme .

Selon Romer à long terme la croissance ne dépend pas du taux d’investissement, mais du progrès technique qui est d’autant plus intense que le nombre de chercheurs est élevé et que le stock de connaissances est important.

Le rôle des effets externes : Les effets externes passent par l’intermédiaire de plusieurs canaux :

- la R-D est la source de deux externalités essentielles :

· les chercheurs sont d’autant plus productifs que le stock des connaissances accumulées est déjà important ; chaque entreprise bénéficie donc gratuitement des efforts de recherche ayant débouché sur l’accumulation des connaissances menée par les agents économiques du pays : Isaac Newton disait « j’ai vu plus loin parce que j’étais assis sur les épaules de géant »

· le progrès technique représente un coût fixe . En effet , quelle que soit la production vendue , les dépenses engagées par l’entreprise afin d’innover seront identiques . Dès lors , plus l’entreprise bénéficie de débouchés croissants , plus les économies d’échelle dont elle bénéficiera seront importantes . L’entreprise en profitera certes pour augmenter ses profits , mais elle les répercutera aussi dans une baisse des prix . Les entreprises qui acquièrent des machines bénéficient donc « de l’intégralité de la technologie alors qu’ils n’en paient qu’une fraction du coût » ; Dans le cas d’un logiciel le coût de reproduction est quasiment inexistant (un cd rom)

- la pratique : « c’est alors l’apprentissage qui est le mécanisme de la productivité , l’augmentation du savoir dépend de l’investissement cumulé » . Dans un pays , les capacités d’innovation résultent non seulement de l’effort d’innovation réalisé par chaque entreprise , de la diffusion de l’innovation et des effets d’apprentissage qui en résultent, mais est aussi fonction des interactions qui existent entre les efforts de recherche menée par les différentes entreprises ou par l’Etat qui bénéficie gratuitement à l’ensemble de la collectivité.

- Le capital humain comme l’a théorisé E Lucas le capital humain va être à l’origine d’externalités positives.En effet les individus formés sont plus performants, font bénéficier ceux qui travaillent avec eux de leur savoir et contribuent donc à accroître la productivité. Il existe même un processus cumulatif de croissance : chacun est d’autant plus efficace , a une productivité élevée et des connaissances plus développées que le milieu dans lequel il évolue est lui-même d’un haut niveau en capital humain ,avec des personnes exigeantes.

Les théories de la croissance endogène appellent trois remarques essentielles :

Remarque 1 : les théories de la croissance endogène vont permettre de justifier un recours à l’intervention étatique qui a pourtant été fortement critiquée par les théories libérales car le progrès technique est un bien public ou collectif , cumulatif et non rival : la main invisible du marché ne suffit pas à assurer la croissance maximale à long terme (15 et 16 p 46):

- Le progrès technique est un bien non rival car contrairement aux produits économiques habituels il ny a pas de rivalité physique entre les usagers, la connaissance ne s’use pas physiquement , bien au contraire c’est le non usage d’une connaissance qui menace son existence. L’histoire des techniques a tendance à s’accélerer parce que chaque idée nouvelle apparaît d’autant plus facilement qu’elle s’appuie sur un stock important d’idées antérieures.

- Or, si on laisse le marché s’autoréguler , celui-ci passe par des phases de récession durant lesquelles le taux d’investissement et l’effort de R-D des entreprises sont réduits ( du fait de la faiblesse des débouchés anticipés par les entreprises , cf. Keynes ) . Ceci handicape la croissance potentielle future , car l’accumulation de connaissance stagne

- En effet , suite à la réduction de l’effort d’innovation des entreprises , le stock de connaissances et les effets d’apprentissage sont plus réduits , donc les innovations sont plus coûteuses , la croissance économique potentielle du pays sera plus réduite ( la croissance de demain est fonction de la croissance passée ) .

Il apparaît alors nécessaire de :

- réguler le marché , en particulier l’Etat peut mettre en place des politiques contracycliques d’investissement et de R-D qui permettent de compenser la réduction de l’effort des entreprises et donc d’accroître la croissance future .

- L’exemple américain est à cet égard représentatif : la révolution conservatrice menée au début des années 80 s’est traduite par des coupes drastiques dans les budgets publics américains , en particulier dans ceux d’infrastructure , d’éducation et de formation . Or comme l’écrivent P.Combemale et A.Parienty : « lorsqu’une partie de la population devient analphabète , et que les routes deviennent impraticables , on découvre l’utilité des dépenses publiques . Plus précisément , on montre que des interventions publiques bien ciblées s’avèrent très efficaces , y compris lorsqu’on tient compte de leur financement par prélèvements obligatoires »

Remarque 2 : Si la recherche fondamentale relève du secteur public afin que chacun puisse librement accéder à ses résultats, le changement technique, selon P Romer sera d’autant plus intense que :

- les innovateurs en espèrent un profit élevé, le progrès technique ne tombe pas du ciel , il est produit et son niveau de production dépend de la rémunération attendue sous forme de droits de propriété, donc de rente de monopole ce qui implique une concurrence imparfaite.

- Or selon Romer le marché ne rémunère pas suffisamment les externalités de connaissances générées par le progrès technique. La rente privée que perçoit l’innovateur (les droits issus du brevet) est bien inférieure aux bénéfices sociaux que la population en retire (ex : la découverte d’un nouveau vaccin) . Le marché qui ne rémunère pas assez les innovateurs risque alors de freiner l’effort de R et D par rapport à ce qu’il devrait être pour assurer une croissance économique plus forte.

- La responsabilité de l’Etat est alors selon Romer de veiller à une fiscalité compensatrice (moindre taxation des bénéfices issus de l’innovation), de ne pas décourager les innovateurs sous prétexte de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles et de mettre en place des infrastructures (en particulier juridiques) qui encouragent la R et D.

Remarque 3 : on peut opposer deux modèles :

- le premier qui se traduit par un cercle vertueux : le stock de connaissances accumulé par le pays est important : les entreprises bénéficient donc d’un capital de savoir-faire de départ élevé , d’effets d’apprentissage qui vont rendre leurs efforts de R-D plus faciles et moins coûteux . Elles vont donc être incitées à innover , ce qui va à nouveau accroître le stock de connaissances et générait des effets d’apprentissage . Ainsi , on sait que les pays qui innovent le plus aujourd’hui sont des pays qui bénéficient déjà d’un capital d’innovation élevé : les PDEM , en particulier les Etats-Unis et le Japon .

- le second qui se traduit par un cercle vicieux va concerner au contraire les PVD qui n’ont pas de tradition innovatrice , pas de formation spécialisée dans la recherche . Les effets d’apprentissage et le stock de départ sont donc réduits , l’effort de R-D sera donc d’autant plus coûteux et incertain , alors que les entreprises ne sont pas assurées de la rentabilité de leur découverte : les débouchés sont réduits .

conséquences : Dès lors , l’effort de R-D des PVD est faible , ce qui accroît l’écart entre les PDEM et les PVDet donc le différentiel de croissance, et finalement creuse les inégalités .

Solutions : Certains auteurs sont alors favorables à un transfert de technologie des pays riches vers les PVD afin de constituer un capital de connaissances au départ ; d’autres leur répondent qu’il faut encore que ces technologies soient adaptées au pays(cf thèse des technologies appropriées : chapitre mondialisation)

SECTION IV - UNE COMPARAISON INTERNATIONALE .

I - UN EFFORT DE RD INEGAL (ex 4 p 47)

l’effort de RD est très inégalement réparti :

- typologie pour l’année 70 :

· France et Japon aux alentours de 1,8 % du PIB ,

· Allemagne : 2,1 % du PIB , EU : 2,1% du PIB

- périodisation :

· première période : 70-79 : la part des dépenses de RD stagne au Japon et en France autour de 1,8 , se stabilise en Allemagne autour de 2,2 , chute aux USA de 2,8 à 2,3 %

· deuxième période : 79-85 : en France , il progresse de 1,8 à 2,3 ( +0,5 point), au Japon de 1,8 à 2,6 ( +0,8 point ) , en Allemagne de 2,2 à 2,8 ( +0,6) et aux EU la tendance inverse puisque la part regagne 0,5 point .On observe donc dans tous les pays une forte augmentation de l’effort de recherche qui traduit le développement de la concurrence par l’innovation .

· troisième période : 85-90 : l’effort se stabilise aux USA et en Allemagne autour de 2,8 , le Japon après une pause durant l’année 85 poursuit ses efforts et dépasse les EU et l’Allemagne ( 2,9 ) . Quant en France , elle poursuit ses efforts mais reste en retard : son effort est seulement de 2,4% du PIB .

· quatrième période durant les années 90 : la France accroit son effort et rattrappe le japon (3 % du PIB EN 98), l’effort de recherche aux USA se stabilise à 2.8 % , mais chute en Allemagne (à 2.3%) et au RU ( 1.8%)

· En 2001, le RU consacre 1.9% de son PIB à la R et D, la France2.2, l’Allemagne 2.5, les USA 2.8, le Japon 3.1, la suède 4.3.

- taille du pays :Il faut néanmoins tenir compte de la taille du pays :

nombre et part de chercheurs en 2003

2003



Effectif de chercheurs*

Part des chercheurs / population active


milliers

États-Unis**

1 261

9,0

Chine

862

Japon

675

10,1

Fédération de Russie

487

Allemagne

e 265

e 6,7

France

193

7,1

Royaume-Uni***

158

5,5

Suède***

46

10,3

· la France consacre 3 % de son PIB à la R et D , ce qui représente 28 milliards de dollars en PPA, les USA qui ne consacrent que 2.8 % dépensent 226.6 milliards de dollars en PPA soit 11 fois plus que les dépenses françaises .

· Or ce qui est important pour mesurer la compétitivité d’innovation d’un pays et donc sa capacité concurrentielle, ceux sont finalement les sommes qu’il peut mobiliser beaucoup plus que l’effort qu’il réalise .

· Cela se traduit d’ailleurs en nombre de chercheurs : la Suède malgré un effort de recherche par rapport au PIB très élevé ( plus de 4 % du PIB) n’est capable d’aligner que 29 000 chercheurs c’est à dire plus de deux fois moins que l’Italie (76 000 ) qui pourtant ne consacre que 1,1 % de son PIB à la recherche

II - LES REPERCUSSIONS DE CETTE INEGALITE DANS L’EFFORT DE RECHERCHE

Périodisation :

- En 70 :

· les EU représentent à aux seuls les trois quarts des dépôts de brevets sur le marché américain qui est le marché sur lequel la concurrence est la plus forte .

· Tous les autres pays sont à la traîne , en particulier la France qui dépose seulement 3 brevets sur 100 .

- Entre 70 et aujourd’hui :

· la part des brevets déposée par les Américains s’effondre puisqu’elle passe des trois quarts à la moitié ,

· la perte américaine ne profite pas à la France et à l’Allemagne dont les parts stagnent (respectivement 3 et 8 %) .

· Par contre le Japon voit sa postions augmenter très fortement puisque sa part est multipliée par 5 en 20 ans , ce qui traduit bien la très forte augmentation de l’effort de recherche de ce pays .

· plus inquiétant encore en 2001 la France dépose moins de brevets sur le marché US que Taiwan (4456 contre 6545) alors qu’en 1981 la France en déposait 2281 et Taiwan seulement 87.

Remarque :L’OCDE propose un indicateur alternatif, appelé le « nombre de familles triadiques », qui correspond à des brevets déposés simultanément auprès des principaux offices de brevets : Office européen des brevets (OEB), Office de brevets japonais (JPO) et USPTO. Ces brevets sont donc le plus souvent des brevets de grande valeur

- Ceci se traduit , si l’on établit un test de la puissance technologique des grandes entreprises par le fait que :

· les 4 premières sont japonaises ,

· les quatre suivantes américaines ,

· la première européenne est douzième ( Philips ) ,

· la première allemande vingtième ,

· la première française (Thomson ) quarante-huitième .

- Néanmoins :

· les USA conservent une suprématie dans la recherche qui se traduit par un taux de couverture de la balance des paiements technologiques très élevé : 394 % ,

· c’est à dire plus de 3,5 fois plus fort que celui des japonais.

· Surtout au cours des années 90 le dynamisme de la recherche américaine a été telle que l’avance technologique dont bénéficie ce pays s’est accrue.

Conclusion : La situation de l‘Europe est inquiétante puisque la France , l’Allemagne et L’Italie ont une balance des paiements technologiques déficitaires (leur taux de couverture étant inférieur à 1OO %)

III - LES EXPLICATIONS

A - UNE STRUCTURE DE RECHERCHE DIFFERENTE

1 - le financement de la recherche (5 p 47)

On peut opposer 3 modèles :

- le modèle européen : la part de la recherche financée par

· les administrations publiques est réduite comparée à ses partenaires 67.3% , mais elle est dominée par l’investissement civil ( 59.8 % pour le public civil, 7.5% pour le public militaire)

· la part des entreprises ne représente que 33%

- les EU , l’investissement :

· financé par le public représente 82 % du total, mais la part du militaire est forte( 20% du total) ,

· les entreprises ne financent que20 % du total

- Au Japon : la part financée par :

· les entreprises est plus élevée qu’aux USA (26% au lieu de 20%)

· celle financée par les administrations représente 74 % du total le japon se différenciant par une recherche militaire quasiment inexistante : 1 % .

2 – le financement de la R et D

Le financement de la R et D est très différent de celui de la recherche fondamentale car on se situe au niveau des innovations de marché, la part du financement opérée par les entreprises va donc augmenter . On peut opposer trois modèles :

- la part de la R et D financée par les entreprises est supérieure à 70 % : Japon et Finlande

- la part de la R et D financée par les entreprises est comprise entre 60 et 70 % : Allemagne, Suède , USA.

- La part financée de la R et D financée par les entreprises est inférieur à 52% : France et RU.

B - DES MODELES DIFFERENTS .

1 - le modèle américain

Le paradoxe Américain :

- En apparence les EU sont un modèle de pays libéral .En réalité , l’intervention de l’Etat , en particulier par le biais de la recherche militaire , est considérable .L’Etat va donc orienter l’effort de recherche mené par les entreprises ( cf. le programme pour aller sur la lune de Kennedy , programme guerre des étoiles de Reagan, le rôle du pentagone dans le lancement d’internet )

- Néanmoins , ceci n’empêche pas que les entreprises exercent un rôle important dans la recherche , en particulier dans son orientation . Alors qu’en France , les chercheurs se consacrent principalement à la recherche fondamentale qui ne comporte pas véritablement de débouchés économiques , aux EU , les chercheurs en particulier dans les universités sont associés aux entreprises , créent des entreprises et font de la R-D qui débouche sur la production de biens innovants .

2 - le modèle japonais

Dans les années 50 , les Japonais copient l’occident ; dans les années 60 , ils améliorent les produits occidentaux par des innovations mineures ; à partir des années 70 , les innovations incrémentales se sont développées . La force du Japon repose donc sur 4 points

- un effort de formation de la main-d’œuvre très important

- comme pour l’Allemagne , une des chances du Japon a été de se voir interdire après la guerre de 39-45 de mener des recherches militaires qui , étant secrètes n’irriguent pas le tissu économique ( handicap de la France et des EU). Le Japon a pu alors se concentrer sur la recherche civile et déposer des brevets profitant directement aux entreprises

- un effort de R-D résultant d’un taux d’épargne très élevé

- le MITI : le Ministère de l’Industrie va coordonner l’action de recherche des entreprises en orientant l’effort de recherche vers les marchés qui sont les plus porteurs , c’est-à-dire que le MITI ne se substitue pas aux entreprises , mais qu’il vient en complément des entreprises en gouvernant par ce que l’on a appelé l’administration guidance qui est basée sur des mesures incitatives .

3 - le modèle européen

La recherche européenne est relativement peu performante (cf. l’informatique française) . Ceci résulte essentiellement de 2 tendances :

- chaque pays européen a voulu développer sa propre recherche , ses propres normes technologiques afin de bénéficier de champions nationaux qui pourraient être compétitifs sur le marché mondial . Ceci se traduit au niveau européen par des déséconomies d’échelle : plusieurs pays menant la même recherche et arrivant séparément au même résultat

- chaque pays a voulu être présent partout : les efforts de recherches ont donc été dilués . Or ,plus la taille est restreinte , plus l’effort de recherche doit être concentré , ce qui nécessite une spécialisation sur des créneaux .

conséquences : Face à cette situation d’échec relatif , 2 tendances peuvent être anticipées :

- le modèle anglais à l’époque de Thatcher ultra libéral : qui conduit à une retraite pure et simple : l’Etat diminuant son effort de recherche et le déléguant aux entreprises étrangères , ce qui à terme nuirait à la compétitivité du pays

- poursuivre les efforts de recherche , mais non plus au niveau national , au niveau européen , ce qui permettrait de mobiliser des capitaux beaucoup plus importants ( d’où économies d’échelle ) , d’éviter une concurrence inefficace , permettrait de lutter à armes égales avec les Américains , mais nécessiterait de la part de chaque pays un effort de spécialisation , c’est-à-dire l’abandon de certains créneaux , une division internationale de la recherche et de la production s’opérant au niveau européen .L’égoïsme de chaque pays conduit au pessimisme ; par contre , l’exemple d’Airbus ou le développement des accords entre firmes européennes, les mouvements de concentration permettent d’être plus optimistes .

IV - LA SITUATION SPECIFIQUE DES PVD

Comme nous l’avons vu dans la croissance endogène, les PVD ont accumulé un tel retard dans l’effort de recherche que l’innovation est très réduite et la croissance potentielle faible.

- Dès lors, il peut sembler utile d’opérer des transferts de technologie, c’est-à-dire que les pays du Nord vont à titre gracieux ( envoi de formateurs, assistance technique,... par l’Etat ) ou contre rémunération ( vente de brevets,... ) exporter vers les PVD les technologies qu’ils ont accumulé, permettant ainsi aux PVD de réaliser le saut technologique nécessaire au décollage et à la croissance endogène.

- Cette solution a été critiquée pendant longtemps ; un certain nombre de pays considérant que cela conduisait à une dépendance des PVD envers les PDEM et que ces technologies étaient de toutes façons non appropriées à la situation des PVD (cf. thèse des technologies appropriées).

- aujourd’hui, la situation semble s’être inversée : les PVD sont très demandeurs, en particulier se concurrencent pour attirer les multinationales et leur technologie .

- Il n’en reste pas moins que, malgré certaines réussites d’autant plus citées qu’elles sont rares, l’écart technologique n’a cessé de croître entre PVD et PDEM, les efforts de formation des PVD étant souvent contrariés par la fuite des cerveaux vers les pays riches. Le PNUD note ainsi : « entre 85 et 90, l’Afrique a perdu 60 000 cadres moyens et supérieurs. Entre 72 et 85, la Chine, la Corée, l’Inde et les Philippines ont envoyé aux USA 145 000 travailleurs dotés d’un bagage scientifique

- Néanmoins l’exemple japonais au 19ème siècle montre qu’il n’y a pas de fatalité au retard technologique . En effet le Japon , à commencer par emprunter des technologies aux pays européens , en important des machines qu’il copiait, ce qui lui a permis de connaître un décollage économique d’autant plus rapide qu’il a pu très rapidement avoir accès aux technologies les plus modernes , sans avoir à passer par les étapes qu’avaient connu les pays ayant décollé les premiers . Peu à peu le Japon a pu ainsi rattraper son retard opérer une remontée de filière : c’est à dire passer des filières les moins rentables (textile , etc.) aux filières dégageant le plus de valeur ajoutée (production de machines, etc.). Les NPI d’Asie sont aujourd’hui en train d’appliquer la même stratégie : La Corée du Sud consacre 3% de son PIB à la R et D et dépose 3763 brevets au USA en 2001( 18 seulement en 1981) c'est-à-dire beaucoup plus que l’Italie (1978 en 2001) et rattrappe la France (4456) et le RU (4356).

Il faut cependant relativiser et insister sur le rôle relativement faible du progrès technique dans le décollage de la croissance des NPI qui amène P Krugman à écrire que « les dragons doivent leur richesse plus à leur transpirationqu’à leur inspiration ». Ceci peut être expliqué par la réticence des PDEM à diffuser leur technologie les plus modernes vers les dragons

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je suis tombée sur votre blog par hasard et je voudrai vous remercier énormément pour ces cours et ces fiches. Je suis une élève de T.ES et cette année j'ai eu un prof incompétent et inexpérimenté donc vos cours m'aident beaucoup. Encore une fois merci pour ce blog. ^__^