QSTP Chômage et politique sociale







Epreuve de Sciences Economiques et Sociales


QUESTION DE SYNTHESE ETAYEE PAR UN TRAVAIL PREPARATOIRE


II est demandé au candidat :
1 - De conduire le travail préparatoire qui fournit des éléments devant être utilisés dans la synthèse.
2 - De répondre à la question de synthèse :
- par une argumentation assortie d'une réflexion critique, répondant à la problématique
donnée dans l'intitulé,
- en faisant appel à ses connaissances personnelles,
- en composant une introduction, un développement, une conclusion pour une longueur
de l'ordre de trois pages .
Ces deux parties sont d'égale importance pour la notation.
Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation

Thème du programme : travail et emploi

TRAVAIL PREPARATOIRE (10 points)

1) Après avoir rappelé la définition du taux d’emploi, comment pouvez vous caractériser celui de la France par rapport à ses partenaires? Quelle explication peut fournir le document 1 B ? (documents 1 A et 1 B) ( 2 point)
2 ) Après avoir rappelé la définition du taux de chômage naturel , vous expliquerez quel impact a pu avoir l’assurance chômage sur son évolution ? (document 2) (2 points)
3) A quelle logique théorique appartiennent les explications développées par Minc et Maarek , justifiez votre réponse ? (document 3) (1.5 point)
4) quelles solutions préconisent-ils pour réduire le chômage en France ? (document3) (1.5 point)
5) Expliquez la phrase soulignée (document 4) (1.5 point)
6) Quelles sont les limites du Workfare anglo-saxon ? (document 4) (1.5 point)

QUESTION DE SYNTHESE : Après avoir montré, dans une première partie, les effets pervers générés par les politiques sociales et les solutions permettant d’y remédier, vous relativiserez dans une seconde partie .

DOSSIER DOCUMENTAIRE :

Document 1
Source : travailler moins, travailler mieux, Alternatives économiques HS n°62, déc. 2004

Document 2 :
Une augmentation de l’assurance chômage a deux effets sur le taux naturel :
Elle fait augmenter le taux de chômage à cause d’un effet plancher sur les salaires.
Et elle risque de diminuer l’intensité de recherche d’un emploi, entraînant une augmentation supplémentaire du taux naturel.
Comprenons nous bien : un système d’allocation chômage est hautement désirable. Mais il y a peu de doute qu’un système d’assurance chômage généreux augmente le taux de chômage naturel. Une variable souvent utilisée pour mesurer la générosité du système d'assurance-chômage est le « taux de remplacement », c'est-à-dire le rapport de l'allocation chômage au salaire. (...) On voit que les pays les plus généreux sont aussi ceux qui ont eu le plus de difficulté à réagir pour résorber le chômage
Source : O Blanchard, peut-on éliminer le chômage en Europe, in pbs économiques, 21 juillet 2004.

Document 3 :
Il est encore possible d'abaisser le montant ou la durée des allocations chômage, responsables d'un chômage volontaire. La phrase suivante résume parfaitement la philosophie de la commission Minc en ce domaine : «Tel que l'envisage la commission, le principe d'équité, le droit à l'indemnisation du chômage a pour contrepartie le devoir de rechercher un emploi et l'effort de réinsertion » [Minc]. Maarek [1994, p.110] estime pour sa part que «les bénéficiaires de l'assurance chômage peuvent également présenter des risques de moralité"à l'égard de cette assurance, s'ils affichent des exigences excessives pour décliner des offres d'emploi tant qu'ils bénéficient d'une bonne protection » .
Après avoir affirmé que le coût du travail non qualifié était trop élevé, l'idée d'un nécessaire écart entre le salaire minimum et les ressources alternatives ne peut que déboucher sur des propositions visant à abaisser le montant et la durée de l'allocation chômage - ou encore à réduire le niveau des autres revenus de remplacement, tels que le RMI, relativement au Smic L'incitation au travail de ceux qui bénéficient de revenus de non activité serait d'autant plus stimulée que l'écart relatif entre ces revenus et le salaire net perçu dans l'activité est important. Dans le même ordre d'idée, pour rendre attractifs les emplois faiblement qualifiés, Saint-Étienne [1996] propose de réduire le coin social-fiscal associé au Smic (c'est-à-dire les charges sociales) tout en accroissant le salaire net versé, ce qui permettrait à la fois une baisse du coût du travail et un effet d'attraction sur les chômeurs grâce à la hausse du salaire net. L'agrandissement de l'écart entre le Smic et les revenus de remplacement supposerait également dans ce cas une réduction du montant du RMI.
Quelles que soient leurs nuances, ces thèses stigmatisent la faible incitation à la recherche d'emploi qu'exercent des revenus de remplacement ( RMI, assurance chômage ) sur ceux qui les touchent.
Source : Hoang-Ngoc Liêm, salaires et emploi, une critique de la pensée unique, Syros.

Document 4 :
Les bons élèves de la classe, ceux qui ont renoué avec le plein-emploi - les Pays-Bas et le Danemark - ne sont pas ceux qui ont le plus réduit leurs dépenses de politiques de l'emploi, ni les garanties de revenu accordées aux chômeurs, ni enfin, le niveau des minima sociaux. Au Danemark, constatant que les chômeurs occupant des emplois occasionnels retombaient dans le chômage, l'Etat et les partenaires sociaux ont voulu lutter contre cette situation et préserver une norme d'emploi de qualité pour tous. Depuis 1994, tout chômeur qui, au bout d'un an, n'a pas retrouvé par lui-même un tel emploi de qualité doit faire un choix :soit il se maintient dans un temps partiel (ou toute forme d'activité occasionnelle) et perd alors son droit à indemnité, soit il quitte cet emploi occasionnel et entre dans un programme d'activation qui doit lui permettre d'accéder à un emploi à plein temps payé correctement. Ce programme peut durer trois ans, pendant lesquels le chômeur dispose soit de son allocation, soit d'un salaire conventionnel (selon l'emploi occupé). Dans le même temps, les dépenses passives n'ont pas été diminuées : 80 % des chômeurs sont indemnisés au Danemark (contre 40 % en France), et les allocations, élevées (90 % de l'ancien salaire plafonné), peuvent être versées durant quatre ans. Avec le recul, cette reforme a permis d'élever le taux d'emploi, dans un contexte de reprise, sans recourir aux petits boulots. En outre, ce haut niveau d'indemnisation et de protection sociale constitue la condition d'un marché du travail flexible, car facilitant une mobilité assortie de garanties. Il a permis, comme en Suède, de réduire les inadéquations entre offre et demande de travail.
Enfin, au Royaume-Uni, l'activation a d'abord pour objectif de comprimer les dépenses d'indemnisation, ce qui facilite la dérégulation du marché du travail. Après avoir subventionné le développement de bas salaires, puis avoir, comme aux Etats-Unis, transformé cette subvention en impôt négatif, c'est-à-dire en complément de revenu aux travailleurs et ménages pauvres, les gouvernements conservateurs ont fortement réduit les taux de couverture et d'indemnisation. Mais, puisque cela ne suffisait pas à faire accepter n'importe quel emploi par tes chômeurs, des contrôles de plus en plus sévères ont été pratiqués, afin d'obliger les chômeurs à prendre y compris les petits boulots, à moins de perdre leur allocation. Une situation équivalente au workfare américain, qui s'est traduite dans les deux pays par un important retrait du marché du travail de la part des hommes peu qualifiés (les femmes seules avec enfant se retrouvant de fait obligées d accepter les emplois). Mais cela ne suffit pas à lutter contre la pauvreté. T Blair a d’ailleurs choisi d’augmenter aussi le SMIC.
Source : C Terochewski, le plein emploi sans les petits boulots, alter économiques.




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