Le dictionnaire un outil respectant la neutralité ?


LE DICTIONNAIRE UN OUTIL DE REFERENCE NEUTRE ?

INTRODUCTION :

LES PRENOTIONS.

Définissez les termes : blanc et noir .
A quel type de source faites vous appel pour trouver une définition précise de ces termes ?
Faites vous confiance à cette source, pourquoi ?

UNE POLEMIQUE :

Document 1 :
Définition du Petit Robert 2007 :
COLONISATION. 1: Le fait de peupler de colons, de transformer en colonie. La colonisation de l'Amérique, puis de l'Afrique, par l'Europe. 2 : Mise en valeur, exploitation des pays devenus colonies.
COLONISER. 1: Peupler de colons. 2: Faire de (un pays) une colonie. Coloniser un pays pour le mettre en valeur, en exploiter les richesses.»
A/:
Le
Petit Robert de la langue française fêtait en fanfare la sortie de son édition 2007, la quarantième. Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a terni la fête mardi en dénonçant la définition du terme «colonisation» figurant dans le dictionnaire et qui établit que la colonisation d’un pays correspond à une «mise en valeur, exploitation des pays devenus colonies». Patrick Lozes, le président du Cran, explique à Libération.fr pourquoi il souhaite que toutes les éditions 2007 du Petit Robert soient retirées des ventes.

Que reprochez-vous à cette définition?
Ce qui nous fait bondir, c’est que le dictionnaire, aux entrées «colonisation» et «colonisé», parle de «mise en valeur». On y voit là une manière de cautionner les «bienfaits» de la colonisation. Or, après la tempête autour de la loi du 23 février 2005 (dont l’article 4, alinéa 2 établissait le «rôle positif» de la colonisation, avant d’être abrogé par décret en mars 2006, ndlr), ce n’est pas acceptable. Le Petit Robert est une référence. Et le premier réflexe, ce n’est jamais de contester un dictionnaire mais de prendre son contenu pour argent comptant. Or, faire croire, en 2006, que la colonisation a eu un effet positif, c’est prendre à son compte l’opinion des parlementaires de l’UMP.

Pourquoi se révolter maintenant alors que dans les éditions de 1972, 1993 et 2003, par exemple, le terme est déjà défini de cette manière?Le Cran s’étant constitué en 2005, on ne va pas parler des années précédant sa création et ce, même si cette définition contestable n’a effectivement pas changé depuis plus de vingt ans. Si nous nous manifestons aujourd’hui, c’est pour éclairer le pays sur les injustices qu’il tolère et pour vaincre l’immobilisme. Les populations dont nous défendons les intérêts, souvent d’anciens colonisés, se veulent légitimes dans un pays qui est depuis longtemps le leur! Le problème est que lorsque l’on instille dans les esprits que la colonisation était un bienfait, ça conforte ceux qui pensent que tous les hommes ne sont pas égaux…

Que réclamez vous ? Nous avons écrit à Alain Rey, qui dirige l’édition du Petit Robert. Nous attendons une réponse. Nous considérons qu’il en va de l’honneur de la direction de ce dictionnaire de ne pas entrer dans une argumentation mais de retirer d’office de la vente toutes les éditions du Petit Robert 2007. En outre, nous réclamons la mise en place d’un groupe de travail pour trouver une définition qui n’est pas contestable de la colonisation. Et c’est possible. Par exemple, le Larousse, lui, n’utilise pas l’expression «mise en valeur».

B :
Dans la soirée, le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) se joint à cette demande et élève «une vigoureuse protestation» contre ces «définitions (qui) ne sont ni plus ni moins qu’une caution et une justification de la colonisation». Mouloud Aounit, le secrétaire général du Mrap, va plus loin. Il appelle au boycott du dictionnaire dont les définitions «subjectives» sont «méprisantes, porteuses d’un certain racisme». Elles manifestent qu’«une crampe mentale atteint ceux qui pensent que le colonialisme est un bienfait. Mais la glorification de l’Histoire française, c’est fini. Maintenant, les victimes et les enfants de victimes exigent que l’on regarde le passé colonial dans toutes ses dimensions, y compris les ravages qu’il a créés.»C :
La polémique autour de ces deux définitions, publiées dans l’édition 2007 du «Nouveau Petit Robert de la langue française», s'amplifie. Mercredi, Alain Rey, qui a dirigé la publication de la quarantième édition du dictionnaire, a réagi aux attaques lancées la veille par le Cran, le Conseil représentatif des associations noires. Devant la réaction de Patrick Lozès, son président, qui avait dénoncé les définitions “positives» de la colonisation, l'amoureux des mots et de leur histoire s'étonne. Et ce d’autant plus qu’il «partage par ailleurs l’idéologie de ces associations».Ce qui chagrine Rey, c’est «l’inculture économique que ces attaques manifestent. Il faudrait avant tout qu’elles (les associations, ndlr) ouvrent le Petit Robert à l’entrée "valeur". C’est un terme qui relève de la sphère financière, qui n’a en soi pas de connotation positive ou négative. La mise en valeur d’une station de sport d’hiver ne veut pas dire qu’on va s’occuper de la nature, mais qu’on l’aménage pour se faire du fric! Et qu’était la colonisation de nouvelles terres sinon l’exploitation, la mise en valeur de ses richesses, au bénéfice des colons? Au-delà de ça, si on n’a pas le droit de parler des côtés positifs d’une chose qui est globalement négative, c’est une forme de révisionnisme!» D : Cette nouvelle polémique sur la colonisation survient moins d’un an après le débat suscité par la mention du «rôle positif» de la colonisation à l’article 4, alinéa 2 de la loi du 23 février 2005, présentée par l’UMP. Les intellectuels s'étaient déchirés autour de cette controverse qu’on aurait pu croire enterrée avec l’abrogation, par décret, de l’article litigieux, en mars 2006. Elle n’était en réalité qu’assoupie. «C’est évident, cette nouvelle affaire est un miroir grossissant de l’extrême sensibilité de la société à ce sujet», analyse Mouloud Aounit.Et, pour le Cran comme le Mrap, c’est bien l’esprit de la loi de février que l’on retrouve dans les formulations du Petit Robert 2007. Outre le retrait des dictionnaires des rayons des librairies, ils réclament la mise en place d’un groupe de travail pour trouver «une définition de la colonisation qui n’est pas contestable», selon Patrick Lozès. Alain Rey évoque de son côté la possibilité d’échanger l’exemple pointé du doigt dans l’entrée «coloniser» par une citation d’Aimé Césaire. Tirée du «Discours sur le colonialisme».
Source : libération .fr, 7/09/06.
Questions :
· Pourquoi P Lozes et M Aounit contestent- t’ils la définition du terme colonisation ? (A et B)
· Quelles seraient les répercussions de la définition si rien n’était fait pour la mettre en cause ? (A et B)
· Que rétorque A Rey le linguiste responsable de l’édition du Petit Robert ? (C)
· Quelles sont les solutions envisagées pour mettre un terme à la polémique (D)
· A partir de l’explication de la phrase soulignée, peut-on considérer qu’un dictionnaire puisse être neutre et objectif ?

I L’ANALYSE DE LA LINGUISTE MARINA YAGUELLO

Document n° 2 :
La langue est un système symbolique engagé dans des rapports sociaux; aussi faut-il rejeter l'idée d'une langue « neutre » et 'souligner les rapports conflictuels. En effet, la langue n'est pas faite uniquement pour faciliter la communication; elle permet aussi la censure, le mensonge, la violence, le mépris, l'oppression, de même que le plaisir, la jouissance, le jeu, le défi, la révolte. Elle est ainsi tantôt lieu de refoulement (par l'intériorisation des règles et des tabous), tantôt lieu de défoulement ou exutoire.
Le rapport de l'individu à la langue passe par son rapport à la société. Parmi les paramètres de la variation, classe sociale, groupe ethnique, âge, profession, région, etc., il convient de faire sa place à la différenciation sexuelle. La langue est aussi, dans une large mesure (par sa structure ou par le jeu des connotations ou de la métaphore), un miroir culturel, qui fixe les représentations symboliques, et se fait l'écho des Préjugés et des stéréotypes, en même temps qu'il alimente et entretient ceux-ci.
Cela pose d'ailleurs le problème, déjà évoqué plus haut, de la sélection des mots admis ou rejetés. Le dictionnaire n'est pas, de toute évidence, un inventaire complet de la langue, car encore faut-il savoir de quelle langue il s'agit. Là langue n'étant pas homogène socialement, le lexicographe y découpe, arbitrairement pour une large part, une zone correspondant au « bon usage » avec par-ci, par-là, quelques hardiesses. Que de mots bien français, bien courants, qu'impitoyablement il rejette!
Tout mot associe une composante dénotaiwe (c'est ce qu'on appelle, tout bêtement, le « sens » d'un mot) à une composante connotative (les différentes valeurs de ce mot situées sur des échelles d'appréciation morale, sociale ou esthétique telles que vil / prestigieux, bon / mauvais, beau / laid, laudatif/insultant, etc.) et enfin une composante associative (place du mot dans un champ sémantique, relations de complémentarité, d'analogie, d'antinomie (ainsi, le champ associatif de femme comprendrait-il féminité,maternité, enfant, mari, maison, putain, etc.). En règle générale, seule la valeur dénotative du mot figure dans le dictionnaire. Les connotations se cachent dans les exemples d'emploi et dans les citations; quant aux associations, elles apparaissent dans les renvois analogiques ou antinomiques.
SOURCE : M Yaguello, les mots et les femmes, PBP, 1992.
1. Quelles sont les prénotions qui selon M Yaguello caractérisent l’appréhension de la langue et des dictionnaires ?
2. Comment les contestent-elles
3. Définissez composante dénotative et connotative ? quelle est celle qui devrait caractériser un dictionnaire neutre ?


II – ANALYSE DES DICTIONNAIRES .


Document 3 : sélectionner un dictionnaire de la fin du 19 ème siècle : allez sur

Article "Nègre" du Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Larousse de 1872 [modifier]

« C’est en vain que quelques philanthropes ont essayé de prouver que l’espèce nègre est aussi intelligente que l’espèce blanche. Quelques rares exemples ne suffisent point à prouver l’existence chez eux de grandes capacités intellectuelles. Un fait incontestable et qui domine tous les autres, c’est qu’ils ont le cerveau plus rétréci, plus léger et moins volumineux que l’espèce blanche, et comme, dans toute la série animale, l’intelligence est en raison directe des dimensions du cerveau, du nombre et de la profondeur des circonvolutions, ce fait suffit pour prouver la supériorité de l’espèce blanche sur l’espèce noire. Mais cette supériorité intellectuelle, qui selon nous ne peut être révoquée en doute, donne-t-elle aux blancs le droit de réduire en esclavage la race inférieure ? Non, mille fois non. Si les nègres se rapprochent de certaines espèces animales, par leurs formes anatomiques, par leurs instincts grossiers, ils en diffèrent et se rapprochent des hommes blancs sous d’autres rapports et nous devons en tenir grand compte. Ils sont doués de la parole, et par la parole nous pouvons essayer de les élever jusqu’à nous, certains d’y réussir dans une certaine limite. Du reste, un fait physiologique que nous ne devons jamais oublier, c’est que leur race est susceptible de se mêler à la nôtre, signe sensible et frappant de notre commune nature. Leur infériorité intellectuelle, loin de nous conférer le droit d’abuser de leur faiblesse, nous impose le devoir de les aider et de les protéger. »

Pierre Larousse , Article Nègre, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle (1872)


et un autre du du début du 20 ème : distribué en cours
Source : Larousse universel en 2 volumes,édition de 1922.

Document n°4 : dictionnaire petit larousse dans une version récente au CDI

DOCUMENT N° 5:

BLANC, BLANCHE adj. et n. est issu (v. 950) d'un germanique "blank «brillant, clair», reconstruit d'après l'ancien haut allemand blanc «brillant, blanc», l'ancien norrois blakkr «pâle», le vieil anglais blanc a substantivé pour «coursier, étalon (blanc)». L'origine du mot germanique demeure obscure : on a évoqué une forme nasalisée du germanique "bitte-an, «briller», restitué par l'ancien saxon blikan, l'ancien norrois blikja, blika, lui-même considéré comme une variante de la racine "blatte- «blanc» (-> blafard). Cette hypothèse permet de remonter à une racine indoeuropéenne, mais elle se heurte à l'absence de formes intermédiaires de type °blink, "blinch. Le mot germanique est passé directement dans les domaines gallo-romans (ancien provençal blanc, 12 ème s.) et italien : latin médiéval blancus (v. 942), italien bianco (XIIIe s.) ; l'ancien catalan blanc (1176) est plus probablement issu du germanique qu'emprunté à l'ancien provençal. Ainsi, l'aire géographique du mot exclut l'hypothèse d'une origine francique. Il semble que l'adjectif, comme d'autres noms de couleur de même origine (cf. brun, fauve, gris), ait été employé par les soldats germains pour qualifier la robe du cheval. Il a éliminé les deux adjectifs latins albus «d'un blanc mat» (-» albe, aube), et candidus «d'un blanc éclatant» (-»• candide). L'anglais blante (v. 1325) est emprunté au français, de même que le portugais branco et l'espagnol bianco.
•Dès les premiers textes, blanc s'applique objectivement à ce qui est d'une couleur combinant toutes les fréquences du spectre et produisant une impression visuelle de clarté neutre : il qualifie notamment les vêtements et, par métonymie, les personnes qui portent des vêtements blancs (1174, frères blancs), diverses matières naturelles et produits fabriqués. Le sens étymologique de «brillant, luisant» (1080), usité en ancien français pour qualifier une arme, un métal, a pratiquement disparu sauf dans l'expression armes blanches (attestée en 1690) qui englobait les armes défensives ni bronzées, ni dorées, ni gravées, avant de s'appliquer (1694) aux armes à lames par opposition aux armes à feu. Par extension, le sens se déplaçant vers une valeur privative ou négative, blanc qualifie ce qui est incolore ou peu coloré, souvent dans des syntagmes qui s'opposent à d'autres formés avec noir, rouge ou gris; c'est le cas de vin blanc (v. 1172-1175), «vin clair fait avec des grains de raisin sans leur peau», usuel et substantivé (ci-dessous), raisin blanc (autrefois vigne blanche en Bourgogne, 1207). On trouve aussi viande blanche, opposé à viande rouge, pain blanc, opposé à pain noir. Employé comme qualificatif de la peau humaine, le mot signifie à la fois «pâle» (xiv8 s., être blanc de peur) et spécialement «peu pigmenté» (1545), de la race blanche et substantivement «personne de race blanche» (ci-dessous). -De bonne heure, l'adjectif BLANC se charge de la valeur symbolique de «non terni,pur» (v. 1180, en Flandres), dont procède, par un développement analogue à celui de candide, le sens moral d'«innocent» (v. 1456-1463, Villon ou, selon T. L. F., contestant l'interprétation du texte de Villon, XVIIe s.). Il réalise la valeur négative de «manque» dans un certain nombre d'emplois, surtout dans des locutions postérieures au xvf siècle : vers blanc (1714) est un calque de l'anglais blank verse «vers non rimé», employé pour la première fois (av. 1547) à propos du pentamètre iambique, vers de la poésie épique et dramatique anglaise. o Vent blanc 18 ème s s'est dit d'un vent qui n'est pas suivi de pluie. oVoix blanche (1836) et chou blanc (1835) sont enregistrés dans les dictionnaires du 19ème siècle.
Blanc est substantivé au masculin comme nom de la couleur blanche (1080). Par métonymie, il désigne la partie blanche de qqch., seul (v. 1210) et dans des syntagmes comme blanc de l'œil (v. 1256 au pluriel), blanc d'œuf (v. 1265), qui s'oppose à jaune, blanc de poulet (1534; 14ème s., blanc de chapon). o Le nom s'est appliqué à une étoffe, un vêtement blanc (v. 1230). Collectivement en commerce, le blanc désigne le linge blanc (1866) et, par extension, le linge en général, o Avec la même valeur privative que l'adjectif, un blanc désigne la partie non écrite d'un texte (1307, «marge»). En blanc se dit d'un document où certains termes essentiels sont laissés en réserve (1657) et en typographie d'un espace non écrit (1751). oPar extension, le mot s'applique aussi à l'interruption momentanée d'un texte sonore ou d'un document visuel, o II désigne aussi la partie centrale de la cible (1507-1508), développant par métonymie le sens de «cible» (1540) qui ne s'est pas maintenu, et entre dans la locution de butte en blanc (1690), devenue de but en blanc, usitée de nos jours avec le sens figuré de «brusquement», o Par une autre métonymie, il désigne aussi un pigment blanc (v. 1340, blanc d'Espagne), sens donnant lieu à divers emplois techniques, spécialement en cosmétique. oDu blanc s'emploie familièrement depuis le XVIe s. (1553) pour «vin blanc», d'où un coup de blanc, un petit blanc pour «verre de vin blanc», et l'expression blanc de blancs 20ème s.) à propos d'un vin blanc fait avec du raisin blanc. <• Par ellipse du substantif accompagnant l'adjectif blanc dans certains syntagmes, il désigne une personne de race blanche (1678-1679), les Blancs s'employant notamment pour les personnes d'origine européenne par opposition aux autochtones d'autres races, dans le contexte colonial, aux 19 et 20 èmes siècles. La locution adverbiale à blanc signifie proprement «jusqu'à devenir blanc» (16 ème s.) ; avec sa variante au blanc (XVIe s.), elle a plusieurs sens propres et figures au XVIe s. avant de se restreindre à quelques emplois, dans chauffer à blanc (16 èmes.), jusqu'à ce que le métal chauffé, de rouge, devienne blanc, et dans saigner à blanc (1798, jusqu'au blanc), également employé au sens figuré de «soutirer à qqn tout son argent» (1863). NOIR, NOIRE adj. et n. est issu, sous la forme neir (1080), puis noir (1160), du latin de même sens niger, employé au physique et au moral comme le grec mêlas (-> mélancolie), à opposer à candidus et albus «blanc» (-> candide, aube). Niger n'a pas d'étymologie connue ; du reste, il n'existe pas de mot indoeuropéen commun attesté pour «noir». • L'adjectif est employé dès les premiers textes avec son sens concret, «de teinte très foncée, qui ne refléchit pas la lumière», et qualifie spécialement les vêtements de deuil (1393). Un emploi fréquent est café noir (opposé à café au lait, café crème} substantivé en un noir (1859, un petit noir}. - Outre ces emplois au sens initial, noir, dès les premiers textes, sert à qualifier une personne de race noire, emploi qui aboutit à une substantivation (1556): un
Noir, une Noire, en concurrence avec Nègre*, mais qui l'emportent sur nègre en français moderne. Les autres valeurs concrètes sont attestées avant le 13 èmenoir exprime l'idée de «privé de lumière, plongé dans l'obscurité» (1120), par exemple dans la locution courante il fait noir (av. 1350), dans cabinet noir (1835) et dans le vocabulaire de l'optique avec chambre noire (1758). un autre emploi en physique est corps noir (1904). -»Par extension, il qualifie ce qui est très foncé (1160), par exemple dans œil au beurre noir (1546), voire très sale ( 1690, noir de crasse}. L'idée de «noirci par une substance salissante» se retrouve par exemple dans pied*noir. Il indique également ce qui est plus foncé dans son genre (1174) dans des expressions comme pain noir (1343) en opposition avec blanc, savon noir (1530), et aussi bile noire (apr. 1550), d'où figurément humeur noire (1604). —Depuis 1898, il qualifie, alors dans l'argot des typographes, une personne ivre, peut-être parce que l'ivresse entraîne un obscurcissement des idées, plutôt que par renchérissement sur le synonyme gris qui, à cette époque, n'est plus d'un emploi populaire.
Les premiers emplois abstraits de noir remontent au xn" s. : l'adjectif qualifie moralement ce qui est méchant, mauvais (v. 1120) en fonction d'une association du mal et de la couleur noire qui marque aussi bien l'antiquité païenne que le christianisme. Il entre ainsi avec la valeur de «blasphématoire et néfaste» dans messe noire (1630), magie noire (1857-1867), avec celle de méchanceté dans bête noire (1750), surtout être la bête noire de qqn «ce qu'il déteste» ; avec l'idée de malheur et de tristesse dans roman noir(1816), humour noir (1939). oNoir qualihe également ce qui est triste, assombri par la mélancolie (1160-1174). o L'adjectif peur avoir la valeur secondaire de «coléreux» selon la typologie du caractère mélancolique (cf. bile), dans neire ire (1175), devenu cholère noire (1563) puis colère noire et dans regarder noir (1640), ancienne forme concise de la locution moderne regarder d'un air d'un œi/ noir. -Les autres sens abstraits de noir sont apparus ultérieurement: ce sont «entaché dans sa réputation» (1678) et «mystérieux caché, clandestin» ( 1702), ce dernier souvent avec une idée accessoire de suspicion, de clandestinité dans les syntagmes liste noire, caisse noire (1882), marché noir (1941), travail noir (1963), aussi travail, travail1er au noir par substantivation.„
Dès la première moitié du 12 ème s., noir est substantive pour désigner la couleur noire (le noir) et, plus spécialement, la couleur du deuil (v. 1375). par métonymie, il désigne concrètement la partie noire dune chose (1130), en particulier le centre de la cible (1704) et une matière colorante noire (1260) noir de chaudière}, o II se dit aussi, en relation avec 1 adjectif, pour les ténèbres, l'obscurité (v. 1200) par exemple dans être, rester dans le noir. o Depuis le 18 ème s. seulement ( 1756), il exprime comme l'adjectif une notion de «tristesse» dans la locution broyer du noir (cf. cafard). » Concrètement noir n m désigne la partie noire d'une chose et spécialement une maladie des plantes (1818)

Source : Dictionnaire historique Robert

Questions :

  1. à partir des documents 2 et 3 en étudiant les définitions des termes blanc ou noir suivant la partie de groupe à laquelle vous appartenez, en utilisant les dictionnaires :
  • Larousse universel 1926
  • Petit Larousse récent
  • Dictionnaire historique Le robert (Précisez l’époque d’apparition)

Faites apparaître à chaque fois :

  • La Composante dénotative
  • La Composante Connotative positive
  • La Composante Connotative négative

Comparez les composantes connotatives négatives et positives pour le blanc et le noir que pouvez vous en conclure ?


III - LA DIMENSION SYMBOLIQUE DU NOIR ET DU BLANC

Document 6 A: le blanc
Il reste que, dans notre vocabulaire, le blanc est associé à l'absence, au manque: une page blanche (sans texte), une voix blanche (sans timbre), une nuit blanche (sans sommeil), une balle à blanc (sans poudre), un chèque en blanc (sans montant) ... Ou encore: «J'ai un blanc!»
Le lexique en a effectivement gardé la trace. Mais, dans notre imaginaire, nous associons spontanément le blanc à une autre idée: celle de la pureté et de l'innocence. Ce symbole-là est extrêmement fort, il est récurrent dans les sociétés européennes et on le retrouve en Afrique et en Asie. Presque partout sur la planète, le blanc renvoie au pur, au vierge, au propre, à l'innocent... Pourquoi? Sans doute parce qu'il est relativement plus facile de faire quelque chose d'uniforme, d'homogène, de pur avec du blanc qu'avec les autres couleurs
Alors que la Vierge a été longtemps associée au bleu, Dieu lui-même est resté perçu comme une lumière... blanche. Les anges, ses messagers, sont également en blanc... Ce symbolisme s'est renforcé avec l'adoption, en 1854, du dogme de l'Immaculée Conception (le blanc devenant la seconde couleur de la Vierge). Les souverains, qui tenaient leur autorité du pouvoir divin, ont également adopté la couleur blanche, et l'ont choisie comme une manière de se distinguer dans les armées très colorées: ainsi sont blancs l'étendard et l'écharpe royaux, la cocarde de Louis XVI, le panache et le cheval d'Henri IV... Aujourd'hui encore, les membres de certaines sectes, adorateurs de la lumière ou quêteurs d'un Graal moderne, choisissent cette couleur pour leurs rituels
Et du regard des autres sociétés... A ce titre, il n'est sans doute pas anodin de se penser comme des «Blancs». Aurions-nous, par là, l'ambition de nous croire «innocents»?
Je le crois. Nous nous pensons innocents, purs, propres, divins parfois, et peut-être même un peu sacrés... L'homme blanc n'est pas blanc, bien sûr. Pas plus que le vin blanc. Mais nous sommes extrêmement attachés à ce symbole qui flatte notre narcissisme... Les Asiatiques, eux, voient dans notre blancheur une évocation de la mort: l'homme blanc européen a un teint si morbide à leurs yeux qu'il est réputé sentir véritablement le cadavre. Chacun perçoit les autres en fonction de sa propre symbolique. En Afrique, où il est important d'avoir la peau brillante et luisante (soit naturellement, soit artificiellement), la peau mate et sèche des Européens est vue comme maladive. Chaque regard est culturel. Nos préjugés sociaux se jouent dans le sentiment de notre propre couleur.
Source : M Pastoureau, article le blanc, in l’express.fr.


Document 6B : le noir
Spontanément, nous pensons à ses aspects négatifs: les peurs enfantines, les ténèbres, et donc la mort, le deuil. Cette dimension est omniprésente dans la Bible: le noir est irrémédiablement lié aux funérailles, aux défunts, au péché et, dans la symbolique des couleurs propres aux quatre éléments, il est associé à la terre, c'est-à-dire aussi à l'enfer, au monde souterrain... Mais il y a également un noir plus respectable, celui de la tempérance, de l'humilité, de l'austérité, celui qui fut porté par les moines et imposé par la Réforme. Il s'est transformé en noir de l'autorité, celui des juges, des arbitres, des voitures des chefs d'Etat (mais cela est en train de changer), etc. Et nous connaissons aujourd'hui un autre noir, celui du chic et de l'élégance.
Il y a un bon noir et un mauvais noir, voilà tout! Dans les sociétés anciennes, on utilisait deux mots pour le qualifier: en latin, niger, qui désigne le noir brillant (il a donné le français «noir»), et ater (d'où vient «atrabilaire», qualifiant la bile noire), qui signifie noir mat, noir inquiétant. Cette distinction entre brillant et mat était très vive autrefois, et elle l'est encore pour les Noirs africains (que les Français appellent parfois «Blacks», comme si le mot anglais avait moins de consonances coloniales): une belle peau doit être la plus brillante possible, le mat évoquant la mort et l'enfer. Nos ancêtres étaient incontestablement plus sensibles que nous aux différentes nuances de noir. D'autant plus que, pendant longtemps, il leur a été difficile de fabriquer cette couleur. (….)
En Asie, si le noir est également associé à la mort et à l'au-delà, le deuil se porte en blanc. Pourquoi? Parce que le défunt se transforme en un corps de lumière, un corps glorieux; il s'élève vers l'innocence et l'immaculé. En Occident, le défunt retourne à la terre, il redevient cendres, il part donc vers le noir. Déjà, chez les Romains, le vêtement de deuil était gris, couleur de cendre. Le christianisme a cultivé ce symbole: il a toujours associé le deuil au sombre (qui a pu être aussi brun, violet ou bleu foncé). Jusqu'au XVIIe siècle, seuls les aristocrates pouvaient s'offrir un habit de deuil, le noir étant très coûteux. Progressivement, la paysannerie suivra. (…) La couleur a pu être considérée comme transgressive. Savez-vous que, dans les années 1920, la technique du cinéma en couleurs était bien au point et que son développement aurait pu commencer plus tôt? Ce qui l'a retardé, ce sont des raisons économiques, mais aussi morales: à l'époque, certains esprits estimaient que les images animées étaient futiles et indécentes. Que dire, alors, si elles avaient été en couleurs! C'était trop osé pour la société du moment. Pour des raisons similaires, Henry Ford, grand protestant puritain, a refusé de vendre ses Ford T autrement que noires (alors que ses concurrents produisaient des voitures de différentes teintes). Mais, parfois, les codes s'inversent. Aujourd'hui, les scientifiques, d'un côté, et les artistes, de l'autre, reconnaissent finalement que le noir est, comme le blanc, une couleur à part entière. Et maintenant que la couleur est omniprésente, c'est le noir et blanc qui devient révolutionnaire!
Source : M pastoureau,articles le noir, in l’express.fr
Questions :

  1. Précisez la dimension symbolique du blanc puis du noir.
  2. montrez que les symboles ne sont pas identiques en fonction des sociétés, expliquez pourquoi .

CONCLUSION : et la carthographie

Allez sur le
site :
Visions cartographiques : Nègres, Noirs.... Du bon usage des mots en cartographie

lisez le texte de Peggy Pierrot et Philippe Rekacewi
  • que pouvez vous en conclure sur la neutralité des cartes ?