Thème 3 : la courbe de phillips et sa remise en cause par M Friedman





Thème 3 du marché du travail : la courbe de Phillips et sa remise en cause par M.Friedman

Document 1 :
A:
En 1958, l'économiste néo-zélandais A. W. Phillips publie un article dans lequel il montre, statistiques anglaises sur un siècle à l'appui, que l'augmentation des salaires et la baisse du taux de chômage vont de pair. Cette courbe illustre une thèse keynésienne fondamentale : l'injection de pouvoir d'achat dans l'économie, sous forme de crédit ou de dépense publique, est génératrice d'activité supplémentaire, donc d'embauches. Certes, cela s'accompagne d'une certaine hausse des salaires, puis des autres prix, donc d'inflation. Par conséquent, les autorités publiques ont un choix à faire : plus elles souhaitent réduire le chômage, plus elles doivent accepter une hausse des prix conséquente. Entre le mal du chômage et le mal de l'inflation, à elles de décider du compromis qui leur paraît le meilleur .
Source : Source : D.Clerc , le chômage est-il incurable ? Alter éco , n°171
B : http://dornbusch.free.fr/carre/carre.pps ( diapositive 1)
Questions :
  1. Explicitez la relation mise en évidence par Phillips . Relève-t-elle d’une analyse empirique ou théorique ?
  2. En quoi correspond-elle à la logique keynésienne ? Quel va être l’apport de Lipsey ?

Document 2 :

Cet extraordinaire succès doit peu à Phillips lui-même - dont on n'entendra plus jamais parler - et beaucoup à Franco Modigliani, un économiste américain (parent du peintre), keynésien et libéral : si l'on retire de la hausse des salaires, fait-il remarquer, les gains de productivité par salarié, on obtient la progression du coût salarial unitaire de production. Si celui-ci augmente, les prix suivent tôt ou tard. La relation entre taux de chômage et hausse des salaires peut donc être transformée en relation entre taux de chômage et hausse des prix. La courbe de Phillips signifie alors qu'on peut choisir entre chômage et inflation : pour réduire le taux d'inflation, il faut augmenter le taux de chômage, et pour réduire le taux de chômage, il faut se résigner à une hausse des prix plus forte.
Un gouvernement peut arbitrer entre chômage et inflation, mais il ne peut pas espérer réduire les deux à la fois. C'est l'illustration économique de ces bons vieux dilemmes que l'on aime tant, du style boire ou conduire, cigale ou fourmi, tête bien faite ou tête bien pleine, etc. Et, parmi tous les taux de chômage imaginables, il y en a un et un seul, pour lequel le rythme d'inflation ne s'accélère pas : le Nairu, Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment, le taux de chômage permettant de ne pas accélérer le taux d'inflation. Tomber en-dessous de ce taux, né sous la plume de Modigliani, c'est tomber dans le piège d'une inflation qui s'accélère ; le dépasser, c'est au contraire ouvrir la porte à une décélération de l'inflation.
Un pays qui ne veut pas voir ses prix s'envoler peut réduire, par une politique économique appropriée, le taux de chômage jusqu'à ce niveau. Mais s'il veut le réduire en deçà, il devra le payer d'une inflation accrue. Conclusion : on peut sans doute réduire, voire éliminer, le chômage. Mais les conséquences en termes de hausse des prix deviendront vite tellement lourdes, que mieux vaut y renoncer et vivre avec le Nairu. On aura certes du chômage, mais l'inflation demeurera constante. Le chômage est le prix à payer pour empêcher une inflation cancéreuse. Quant au niveau du taux du Nairu, il dépend en fin de compte d'une variable essentielle, sinon unique : les gains de productivité. Plus ils sont élevés, moins les hausses de salaire sont inflationnistes, donc plus il est possible de stabiliser le rythme d'inflation à un niveau de chômage réduit.
Source : D.Clerc , le chômage est-il incurable ? Alter éco , n°171
Questions :


  1. L’exemple américain des années 60 à 69 vérifie-t-il la courbe de Phillips ?
  2. Définissez le NAIRU , De quoi dépend-il ?
  3. Quelle politique préconise alors Modigliani pour lutter contre le chômage ?

Document 3 :
A :


B :
Questions :
  1. En quoi les deux graphiques permettent-ils de relativiser l’intérêt de la courbe de Phillips ?

Document 4 :

A:
Voilà qui ne faisait pas les affaires de Milton Friedman, le super-économiste libéral et monétariste : n'avait-il pas écrit, dans la quasi-totalité de ses livres et dans bon nombre de ses articles, que " l'inflation est partout et toujours un phénomène monétaire " ? S'il en est ainsi, le chômage n'exerce aucune influence. Notre futur prix Nobel va donc, en 1968, l'année où il préside l'Association des économistes américains, prononcer au congrès de cette association une allocution qui fera date. Il raisonne en trois temps. Premier temps : il existe un taux de chômage naturel. Il ne résulte pas du rapport de forces plus ou moins grand dont les salariés bénéficient pour arracher des hausses de salaire, mais de toutes les imperfections du marché (des biens autant que du travail), qui éloignent une économie concrète de la situation de concurrence parfaite, ainsi que des " coûts de collecte de l'information sur les emplois vacants ", les " coûts de mobilité ", etc. Tout cela fait que, même lorsqu'il n'existe pas du tout d'inflation, le taux de chômage dans une société donnée n'est pas nul. Et il est d'autant plus élevé que la société en question est plus éloignée du marché de concurrence parfaite.

Deuxième temps : pour réduire ce taux de chômage naturel, le gouvernement est tenté d'agir, notamment en gonflant la demande par un crédit plus facile ou un déficit budgétaire accru, selon les vieux préceptes keynésiens. Que va-t-il se passer alors ? Une demande qui se gonfle engendre effectivement un courant d'embauches, donc une réduction du taux de chômage. D'où inévitablement une hausse des prix, en raison de l'émission de monnaie que cette politique de stimulation de la demande suscite. Les employeurs voient vite qu'il devient intéressant d'embaucher : le salaire réel diminue, puisque le taux de salaire est inchangé alors que les prix montent. Mais les salariés, avec un temps de retard, finissent par se rendre compte qu'ils ont perdu en pouvoir d'achat+. Ils vont donc réclamer des hausses de salaires, lesquelles vont réduire d'autant l'embauche et susciter des licenciements. Au bout d'un certain temps, la société est revenue à son point de départ. La relance de la demande a provoqué de l'inflation, mais pas de réduction - sinon momentanée - du taux de chômage.

D'où le troisième temps, en forme de conclusion : le taux de chômage naturel ne peut être réduit à long terme. C'est une constante sur laquelle on ne peut agir que de façon structurelle, en se rapprochant de la concurrence parfaite, en éliminant les rigidités de l'économie. La courbe de Phillips et le Nairu n'existent pas, seul existe un taux de chômage naturel. De fait, les années 70 vont montrer que l'on peut avoir à la fois plus d'inflation et plus de chômage. Le phénomène de la stagflation rend la courbe de Phillips obsolète et assure le triomphe de Friedman.
Source :D clerc, op cité.

B:
Source : http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/secosoc/article.php3?id_article=114
Questions :

  1. Pourquoi Friedman va-t-il remettre en cause le NAIRU développé par Modigliani ?
  2. Définissez le taux de chômage naturel . De quoi dépend-il ?
  3. Quels sont les effets pervers générés par les politiques keynésiennes ?
  4. Quelle forme a alors la courbe de Phillips ?
  5. Quelle politique préconise-t-il alors ?

Document 5 :
Source :
http://www2b.ac-lille.fr/seslille/outils/prem/trcom/DOSSIER/monetarisme.ppt


Document 6 :
Source :
http://www2b.ac-lille.fr/seslille/outils/prem/trcom/DOSSIER/monetarisme.ppt

Document 7 :
Le chômage résulte des imperfections du marché : le niveau des salaires se fixe au-dessus du niveau qui permettrait le plein-emploi et les entreprises s'adaptent, embauchent moins qu'elles ne le feraient à un taux de salaire moindre, si bien qu'il en résulte un taux de chômage d'équilibre. Les raisons de ce déséquilibre sont diverses : les coûts de rotation du personnel, le risque d'embaucher des candidats moins efficaces, le désir de conserver le personnel en place, formé et expérimenté, tout cela fait que les firmes préfèrent accepter de payer les salaires exigés par le personnel en place plutôt que de recruter des chômeurs (analyse insiders/outsiders). Fixer des salaires élevés amène les salariés à travailler davantage, de peur de perdre leur emploi (analyse du salaire d'efficience). La négociation avec les syndicats porte sur les rémunérations et l'entreprise détermine ensuite le nombre de salariés (modèle de négociation salariale), le taux d'indemnisation incite une partie des chômeurs à ne pas rechercher activement un emploi (analyse du chômage volontaire), etc.
La conséquence de toutes ces pratiques est donc l'existence d'un taux de chômage d'équilibre. Celui-ci a tendance à augmenter en raison du phénomène d'hystérèse (ou hystérésis), comme l'a appelé Phelps : les chômeurs tendent à perdre leurs compétences, leur employabilité, leur capital humain. Le chômage passé " s'ossifie " peu à peu. Les bataillons de chômeurs grossissent avec le temps, mais un nombre croissant d'entre eux sont en réalité hors jeu. Aussi, conclut Phelps, le chômage d'équilibre n'est jamais très éloigné du chômage effectif.
Source : D.Clerc , op cité
Questions :

  1. Le passage souligné vérifie-t-il la logique développée par Friedman ?
  2. Donnez des exemples d’imperfection
  3. De quoi dépend selon Phelps le taux de chômage d’équilibre ?





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