CHAPITRE : LES NOUVEAUX CADRES DE L’ACTION PUBLIQUE
PARTIE I – LES POLITIQUES ECONOMIQUES FACE A LA CRISE
SECTION I : DES POLITIQUES INTERVENTIONNISTES NECESSAIRES, CAR LE MARCHE NE S’AUTOREGULE PAS : L’ANALYSE KEYNESIENNE DU ROLE DE L’ETAT.
I ) LA REMISE EN CAUSE DE L’HYPOTHESE D’AUTOREGULATION DU MARCHE.
A ) LES ANALYSES LIBERALES DES DEFAILLANCES DU MARCHE.
Postulat de base : Traditionnellement, les auteurs libéraux considèrent que dans une économie de concurrence pure et parfaite (cf. : hypothèses vues en première) le marché dispose de capacités d’autorégulation ( la régulation par les prix : cf. première ) qui assurent, dans le long terme, un équilibre stable de plein emploi. Le marché, selon la conception parétienne, assure donc une régulation optimale de l’économie.
Les conséquences : Dés lors l’intervention de l’Etat apparaît au mieux comme inutile, au pire comme source de blocage qui génère une croissance sous optimale.
Les limites : Mais les auteurs libéraux vont, dès A.Smith, se rendent compte que le marché connaît un certain nombre de défaillances ( market failures ), en particulier cela concerne 2 domaines : les effets externes et les biens collectifs.
1° ) LES BIENS COLLECTIFS
Définition : certains biens sont dits indivisibles, car ils ne peuvent faire l’objet d’une appropriation privative et peuvent donc être utilisés par plusieurs individus ( défense nationale, infrastructures routières, ... ).
Conséquences : Dès lors :
- les individus n’accepteront pas de contribuer au financement de ces biens ; ils préféreront adopter le comportement du passager clandestin (free-rider), c’est--dire refuser de contribuer au financement du bien et l’utiliser dès lors qu’il sera mis en place .
- Si l’on considère que tous les individus sont égoïstes et rationnels , ils adapteront tous le comportement du free rider; donc l’entreprise ne pourra produire le bien ou le service car personne n’acceptera de contribuer à son financement . Pourtant , ce bien peut être considéré comme indispensable par la population
Solution : l’Etat va alors se substituer au marché défaillant en finançant sa production , en contrepartie il prélèvera des impôts qui assureront son financement .
2° ) LES EFFETS EXTERNES
Définition : Il existe des cas où l’action des individus peut avoir des répercussions ( positives : vaccination qui diminue les risques d’épidémie , ou négatives : pollution ) non souhaitées par l’individu qui se répercutent sur la collectivité.
Conséquences : Comme cet effet externe ne s’opère pas dans le cadre d’une transaction marchande et qu’il est souvent difficile ( ex : pollution ) de savoir quel est l’agent qui en est responsable , le marché ne peut assurer la résorption de l’effet externe .
Solutions : Il est obligé de faire appel à une intervention de l’Etat qui va agir , soit en réglementant(ex : en imposant la vaccination afin de réduire le risque d’épidémie), soit en faisant payer l’émetteur de l’effet externe(par exemple en imposant des droits à polluer)
B ) DES CRITIQUES PLUS RADICALES .
1 – LA MYOPIE DU MARCHE.
Postulat néo-classique : Dans la théorie économique classique , les agents économiques sont guidés par des signaux ( les prix ) qui leur permettent d’optimiser leur situation .
Limites de l’analyse : mais ces prix reflètent la situation de l’économie à un instant donné du temps . Or les agents économiques prennent aujourd’hui des décisions qui engageront leur avenir ( exemple : les décisions d’investissement telles que la construction d’une usine), et le marché s’avère incapable de leur donner des informations permettant de réduire l’incertitude .
Solutions : Certains pays , dont la France ont adopté une stratégie de planification indicative et incitative ( qui n’a rien de commun avec celle de l’URSS ) visant en particulier à faciliter la circulation de l’information et à réduire l’incertitude quant aux évolutions futures .
2 - LA REMISE EN CAUSE DES HYPOTHESES DU MARCHE DE CPP.
Critiques de l’analyse néo-classique : contrairement à ce qu’affirment les auteurs libéraux , le marché n’est pas un marché de cpp :
- L’hypothèse d’homogénéité des biens apparaît plus que discutable dans un monde où les logiques d’innovations (cf. chapitre progrès technique : Schumpeter) et de différenciation (cf. le rôle des marques) sont de plus en plus importantes.
- l’hypothèse d’atomicité est remise en cause par l’existence d’oligopoles ou de monopoles qui disposent d’un pouvoir de marché qui leur permet d’influencer les prix (cf. : thème sur les fusions et les concentrations) . Cela débouche sur des situations sous-optimales ( production plus faible , prix plus élevé )
- l’hypothèse de libre circulation des biens et des facteurs de production est elle aussi remise en cause par les diverses entraves règlementaires qui sont élaborées par les Etats afin de limiter la concurrence (cf ; l’analyse du protectionnisme dans le chapitre sur la mondialisation)
- Enfin l’hypothèse de transparence (c’est àdire la circulation de l’information sans coût) est discutable en raison de l’intèrêt qu’ont les agents économiques de protéger leurs informations afin de maximiser leur satisfaction.
Les solutions : elles vont nécessiter des interventions de l’Etat qui agira :
- soit en prenant le contrôle direct des monopoles ( nationalisations ),
- soit en réglementant afin d’empêcher la constitution de monopoles ( cas américain : cf. Microsoft )
3 – LA CRITIQUE KEYNESIENNE
Critiques de l’analyse néo-classique : Keynes va développer Sa critique en montrant que :
- la régulation par les prix n’est pas optimale ,
- qu’elle débouche trop souvent sur des comportements moutonniers ( ou mimétiques) de la part des agents économiques ( qui ne sont pas alors considérés comme rationnels )
- ce qui peut plonger l’économie dans des situations de crise économique , qui sont cumulatives .
Solutions : une intervention de l’Etat s’avère alors nécessaire pour sortir l’économie de la crise. D’autant plus que Keynes conteste l’idée que les variables macro-économiques puissent être analysées comme le résultat de l’agrégation des comportements individuels .
II ) L’ANALYSE KEYNESIENNE : UNE CONCEPTION ACTIVE DU ROLE DE L’ETAT .
A ) LES POLITIQUES CONJONCTURELLES
L’objectif de la politique macro-économique : La politique macro-économique vise
· un objectif prioritaire : assurer le plein-emploi des facteurs de production , en particulier le travail .
· Elle dispose pour cela d’une cible privilégiée : la demande effective . En effet , selon Keynes , l’économie ne tend pas naturellement vers le plein-emploi , car la propension moyenne à consommer (C/R) étant inférieure à 1 , la consommation augmente moins vite que le revenu . C’est donc l’investissement qui doit compenser l’écart croissant qui se creuse entre les 2 variables (cf. chapitre investissement) .
· Keynes préconise alors une politique active qui vise à assurer le plein emploi en contrecarrant les tendances de l’économie de marché ( absence d’autorégulation ) . Il s’agit donc d’assurer une expansion durable : « le vrai remède au cycle économique ne constitue pas à supprimer les booms et à maintenir en permanence une semi-dépression , mais à supprimer les dépressions et à maintenir en permanence une situation voisine du boom » (Théorie générale )
Les moyens : Voyons maintenant quels sont les différents moyens envisagés par Keynes afin d’ assurer le boom :
· dans l’analyse keynésienne , l’investissement joue un rôle central ; c’est de son niveau que dépend le plein emploi
· Or l’investissement peut être freiné par une chute de l’efficacité marginale du capital , résultant d’anticipations sur l’évolution de la demande pessimiste de la part des entrepreneurs , mais aussi par un niveau trop élevé des taux d’intérêt ( lié à la préférence pour la liquidité ) .
· Pour éviter le freinage de l’investissement , Keynes envisage trois solutions essentiellement :
1° ) UNE POLITIQUE MONETAIRE EXPANSIVE VISANT A DIMINUER LES TAUX D’INTERET REELS
a - L’objectif :
L’objectif est de soutenir l’investissement privé en appliquant une politique monétaire expansive visant à réduire les taux d’intérêt .
b - Un effet positif :
Contrairement à ce qu’affirmeraient les libéraux , Keynes ne considère pas que cette politique soit inflationniste . En effet , :
· dès lors que tous les facteurs de production ne sont pas mis en oeuvre ( situation de sous-emploi ) ,
· une politique monétaire expansive aura un effet moteur sur la sphère réelle ( Keynes rejette donc la théorie quantitative de la monnaie quand l’économie est en situation de sous-emploi ) .
· La chute du taux d’intérêt qui résultera de cette politique monétaire permettra , à efficacité marginale du capital constante , d’augmenter la rentabilité de l’investissement .
c- mais limité :
Mais , selon Keynes , cette politique est limitée ( l’exemple du Japon aujourd’hui ) car :
· la baisse du taux d’intérêt peut être compensée par une chute plus que proportionnelle de l’efficacité marginale du capital ,
· mais surtout la baisse des taux ne saurait franchir une limite ( Keynes la qualifie de trappe à la liquidité ) , c’est-à-dire que si le taux d’intérêt devient trop faible , toute la monnaie détenue par les ménages est thésaurisée, ce qui engendre des fuites allant à l’encontre des objectifs recherchés par la politique monétaire expansive ( injecter des liquidités pour soutenir la croissance ) .
2° ) DES POLITIQUES DE SOUTIEN DE LA CONSOMMATION .
a - L’objectif :
L’objectif est de soutenir la consommation afin d’améliorer les anticipations des chefs d’entreprise sur l’évolution future de la demande effective ( modèle de l’accélérateur ) .
b - Les moyens :
Le gouvernement dispose pour cela de trois leviers essentiellement :
b1- une politique de revenu
Mesures :Il faut augmenter les salaires sur lesquels le gouvernement peut peser , c’est-à-dire en France , le SMIC et les salaires des fonctionnaires ( politique de revenu ).
Limites : Encore faut-il que cela n’augmente pas trop le coût du travail , car alors cela risque d’entraîner une augmentation du chômage , contraire à l’objectif recherché .
b2 - distribuer des prestations sociales ( une politique d’accroissement des minima sociaux par exemple) aux ménages les plus défavorisés
Mesures : En effet ceux sont ces ménages qui ont la propension à consommer la plus élevée . On peut donc considérer que les fuites vers l’épargne seront réduites et donc que l’effet multiplicateur sera plus important
Limites : Néanmoins dans un contexte de récession les ménages qui craignent le chômage peuvent avoir tendance à épargner le surplus de revenu, ce qui limite les effets de relance ;
b3 - réduire les taux d’imposition ( politique de tax cut)
Mesures : en particulier ceux pesant sur les ménages les moins aisés ( baisse du taux d’imposition sur le revenu , pb, encore faut-il qu’ils soient imposables ; ou alors baisse des taxes telles que la TVA qui frappent la consommation ), ce qui vise non pas , comme dans une perspective libérale , à augmenter l’incitation au travail et à l’épargne des ménages les plus aisés , mais à relancer la consommation (les fuites vers l’épargne seront d’autant plus élevées que la propension à épargner est forte, c’est à dire que le revenu du ménage augmente).
Limites : En France ou ù la moitié de la population n’est pas imposée sur le revenu ce type de mesure a forcément un effet limité. Seule une baisse du taux de TVA aurait un réel effet de relance mais cette mesure serait très coûteuse à court terme et nécessite l’accord de la commission européenne.
CONCLUSION :
Toutes ces mesures :
· ont l’avantage de réconcilier l’efficacité économique et la justice sociale ( cf thème : démocratie et inégalités ) .
· Néanmoins elles présentent toutes (quoique à des degrés différents) un inconvénient : l’effet multiplicateur en est réduit car une partie des ressources distribuée aux ménages sera épargnée .
3° ) UNE POLITIQUE DE RELANCE PAR LES DEPENSES PUBLIQUES .
Le principe : Le gouvernement peut se substituer à l’investissement défaillant des entreprises en augmentant ses dépenses publiques , en particulier :r en appliquant des politiques de grands travaux (investissement autonome : cf Roosevelt dans les années 30 ).
Les conséquences : L’effet de relance sur l’économie sera plus important que celui assuré par un soutien de la consommation , car il n’y a pas de fuite immédiate vers l’épargne ( les fuites n’ont lieu qu’à travers le mécanisme du multiplicateur) .
Les limites : Toutes ces politiques ont un inconvénient : elles augmentent les dépenses publiques ou diminuent les recettes ; elles engendrent donc une augmentation du déficit public
4° ) L’ANALYSE KEYNESIENNE DU DEFICIT PUBLIC .
Dans une perspective keynésienne , il faut distinguer 2 types de déficit:
a - le déficit conjoncturel
Il a un effet contracyclique qui s’exerce par le biais des stabilisateurs automatiques .
On peut distinguer le court et le long terme :
- A court terme :
· Dans le cas d’une dépression , le revenu des ménages chute , donc à taux de prélèvements obligatoires constant , les recettes publiques diminuent .
· Dans le même temps , les dépenses augmentent mécaniquement du fait de l’accroissement du chômage ( niveau de prestations sociales inchangé ) .
· Selon les keynésiens , l’augmentation du déficit ne doit pas être considérée négativement , elle permet d’éviter à l’économie de tomber dans la dépression cumulative .
- Sur le long terme : on peut envisager que les périodes de croissance et de dépression se compensent et donc que les déficits cumulés par les stabilisateurs automatiques durant les dépressions sont financés par les excédents engendrés par les booms . En effet :
· durant l’expansion , les recettes publiques augmentent ( à taux de prélèvements obligatoires constant ) ; dans le même temps le chômage diminuant , les prestations distribuées chutent , d’où baisse des dépenses ,les stabilisateurs automatiques freinent l’augmentation de la demande et donc le risque d’une croissance inflationniste . Ils exercent donc un effet contracyclique .
· pour la récession on observe les effets inverses
b - les politiques discrétionnaires :
Intérêt : Mais le gouvernement peut considérer , surtout en période de dépression , que les stabilisateurs automatiques n’exercent pas un effet suffisant : les autorités mènent alors des politiques discrétionnaires de relance qui visent à exercer un effet d’entraînement sur la demande effective par une augmentation des dépenses publiques et/ou une diminution des taux de prélèvements obligatoires ( tax cut ).
Limites : Cette politique engendre un déficit supérieur à celui qui est attendu du fait des seuls stabilisateurs automatiques . Se pose alors le problème du financement du déficit .
5° ) LES MODES DE FINANCEMENT DU DEFICIT PUBLIC
3 types de financement peuvent être envisagés :
a - une augmentation des taux de prélèvements obligatoires
Ce type de mesure serait contraire à l’objectif de relance , car elle ponctionnerait le revenu des ménages et freinerait leur demande . Ou alors , elle devrait être concentrée sur les tranches de revenu les plus élevées ( augmentation de la progressivité de l’impôt ) qui ont les propensions à consommer les plus faibles .
b - financement par l’émission de bons du Trésor
Cette mesure vise des agents non monétaires . cette solution n’est envisageable que :
· si le marché financier est très déprimé ( offre de capitaux supérieur à la demande ) donc si les taux d’intérêt sont très bas ( cf trappe à la liquidité ) ; alors l’augmentation de la demande de capitaux de l’Etat n’engendrera pas un accroissement du taux d’intérêt qui évince les entreprises .
· Dans le cas où les taux d’intérêt sont supérieurs au niveau de la trappe à la liquidité , le financement par l’emprunt qui augmente les taux d’intérêt risque d’évincer les entreprises , donc de diminuer l’investissement , ce qui est contraire à l’objectif recherché ( l’effet négatif est limité si les dépenses publiques sont des dépenses d’investissement , se substituant à l’investissement privé défaillant ).
c - le financement monétaire ( communément nommé à tort financement par la planche à billets ) :
les autorités publiques vont demander des avances à la Banque de France ou vont émettre des Bons du Trésor qu’elles vont placer auprès des agents monétaires ( Banque de France ou banque de second rang ) . Dans une perspective keynésienne ce mode de financement n’est pas obligatoirement inflationniste :
· bien qu’il engendre une augmentation de la masse monétaire en circulation , il peut n’avoir qu’un effet réduit sur l’évolution des prix si l’économie est en sous-emploi .
· En effet , elle dispose alors de capacités de production disponibles qui peuvent répondre à l’augmentation de la demande résultant de la politique de relance .
· Ce mode de financement semble d’autant plus intéressant qu’il réduit les taux d’intérêt et favorise donc l’investissement des entreprises .
Remarque : Si l’Etat ne veut pas accroître le déficit public au-delà du déficit conjoncturel , il peut appliquer une politique conforme aux préceptes de Haavelmo , c’est-à-dire qu’il va augmenter du même montant les dépenses publiques et les impôts . Contrairement à ce que l’on pourrait penser , l’effet n’est pas nul : on observe un effet multiplicateur égal au montant des dépenses publiques qui demeure toutefois inférieur à une politique de relance sans financement par l’impôt .
B ) LES POLITIQUES STRUCTURELLES .
Si l’on réalise une étude sur la longue période , la part des dépenses publiques dans le PIB et donc le taux de prélèvements obligatoires n’ont cessé d’augmenter dans tous les pays développés ( même les plus libéraux comme les USA )depuis le début du XX° siècle ( cf cours de première ) . Ceci traduit le passage de :
- l’Etat -Gendarme ou protecteur ou régalien ( qui exerce uniquement les fonctions régaliennes : armée , police , justice ; c’est l’Etat souhaité par SMITH )
- à un Etat-Providence intervenant directement dans la sphère économique et sociale .
Remarque : cette transformation du rôle de l’Etat a été mise en évidence dès la fin du XIX° siècle par A.Wagner qui a énoncé la loi de l’extension croissante de l’activité publique , connue sous le nom de loi de Wagner . Loi qui pose que plus un pays est civilisé ( développé ) , plus l’intervention de l’Etat est nécessaire et importante en raison de la complexification des sociétés . Cet interventionnisme accru de l’Etat résulte de l’incapacité du marché à s’autoréguler et des effets pervers qu’il a générés .
1° ) UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE ACTIVE .
a -Les défaillances structurelles du marché :
remarque : Même si à proprement parler Keynes n’est pas favorable à une politique de planification , s’il ne s’est intéressé qu’aux politiques conjoncturelles ( « dans le long terme , nous sommes tous morts » ) il n’en reste pas moins qu’il s’est déclaré partisan d’une socialisation de l’investissement . En effet :
· Keynes considérait que les marchés n’étaient pas capables de s’autoréguler , qu’ils adoptaient des comportements moutonniers , que les agents économiques étaient plus ou moins irrationnels .
· A tout cela la planification à la française ( mais aussi le MITI japonais , par exemple ) va ajouter que les marchés sont myopes , ne tiennent pas compte des externalités résultant de leurs activités et sont incapables de répondre à la demande en biens collectifs des ménages
b- Les solutions :
Dès lors , une politique industrielle active de l’Etat peut paraître souhaitable . Elle visera :
· tout d’abord , dans le cadre de la planification ( indicative et démocratique ) , à recueillir des informations , à établir une perspective de long terme et à prendre en compte le projet collectif assurant la cohésion nationale .
· Les autorités pourront alors soit inciter les entreprises privées à s’implanter sur des marchés porteurs , dans des régions en voie de désertification ( par une politique d’aide à l’investissement ) , soit se substituer aux entreprises pour mener à bien des projets utiles à la collectivité , par le biais des grandes entreprises nationales , par exemple .
2° ) UNE POLITIQUE SOCIALE : L’ETAT-PROVIDENCE
Constat : Comme nous l’avons vu dans le chapitre sur le lien social , le lien marchand n’est pas apte à assurer la cohésion de la société ; il s’avère incapable d’intégrer et de protéger l’individu .
Solutions : Mais le marché ayant entraîné la disparition des solidarités traditionnelles ( famille , communauté ) , l’Etat a alors été obligé de compenser les effets pervers engendrés dans la sphère marchande .
a - L’objectif de l’Etat-Providence :
L’objectif de Beveridge ( le rapport Beveridge a été à l’origine de la création de l’ Etat Providence en Angleterre après la seconde guerre mondiale) et dans une moindre mesure de la Sécurité Sociale française était de libérer la société du besoin , principalement de protéger les individus des différents risques auxquels ils sont confrontés durant leur vie ( chômage , maladie , vieillesse ) par le versement de prestations sociales compensatrices
b- Les moyens :
La Sécurité Sociale vise donc :
· essentiellement à opérer une redistribution de type horizontale , c’est-à-dire qu’elle distribue des prestations aux actifs qui ont contribué à son financement .
· Il n’en demeure pas moins que dès l’origine , et cette tendance s’est accrue avec le temps , une redistribution verticale s’est opérée en direction des ménages les plus pauvres ( ex : création du minimum vieillesse ) .
Remarque : Contrairement à ce que considèrent les auteurs libéraux , l’Etat-Providence ne peut être envisagé uniquement comme une retombée des fruits de la croissance . En effet , dans une perspective fordiste , on peut considérer que durant les 30 Glorieuses , les prestations sociales ont permis de dynamiser la demande effective et ont donc largement contribué à la croissance économique . On retrouve ici le message keynésien , selon lequel l’efficacité économique et la justice sociale sont complémentaires .
Conclusion : Cette perspective est fortement critiquée par les auteurs libéraux qui :
· considèrent que l’interventionnisme étatique est générateur de crises et doit donc être limité autant que faire se peut
· Cette vision s’appuie sur l’échec des politiques de la relance opérées durant les années 70 qui ont eu pour effet , selon les libéraux , de plonger l’économie dans la stagflation ( stagnation économique et augmentation du chômage et inflation ) .
· L’opinion libérale semble d’autant plus justifiée qu’avec la mondialisation des économies , les capacités d’action des autorités nationales sont de plus en plus limitées .
SECTION II : L’ANALYSE LIBERALE : LE NECESSAIRE RETOUR VERS UN ETAT MINIMUM .
I ) LA REGULATION PAR LE MARCHE EST OPTIMALE .
A - Principes de base :
Selon les auteurs libéraux , le marché :
· est capable de s’autoréguler , c’est-à-dire qu’il dispose de mécanismes endogènes ( la flexibilité par les prix ) qui assurent un retour à l’équilibre de long terme .
· Cet équilibre est optimal au sens de Pareto , c’est-à-dire qu’il est impossible d’améliorer la situation d’un agent sans détériorer celle d’un autre .
B - Conséquences :
Ainsi une politique visant à relancer la demande pour sortir l’économie de la crise est :
· non seulement inutile car l’économie tend inéluctablement vers le plein emploi ,
· elle est aussi dangereuse , car elle perturbe les mécanismes du marché
· Néanmoins , nous avons vu dans la section I que le marché pouvait être défaillant ( effets externes , biens collectifs ) , ce qui justifiait du point de vue libéral , une intervention limitée de l’Etat ( Smith l’avait déjà noté au XVIII° siècle dans le cas de la construction des ponts et des écoles ) .
· Mais, les auteurs libéraux ont établi un bilan très critique des interventions de l’Etat visant à corriger les défaillances du marché . Ils constatent que les politiques menées ont un bilan globalement très négatif ; ils considèrent donc que l’intervention de l’Etat est justifiée uniquement dans la mesure où elle ne crée pas plus de problèmes qu’elle n’en résout .
II ) LA CRITIQUE DES POLITIQUES DISCRETIONNAIRES DE RELANCE .
Les politiques de relance keynésienne visent à augmenter la demande effective . Elles considèrent donc que la demande effective est une variable déterminante qui exerce un rôle moteur sur l’offre .
Or les auteurs libéraux postulent , eux au contraire , conformément à la loi de SAY que c’est l’offre qui est déterminante et donc qu’il est absolument inutile de chercher à agir sur la demande ; cela ne peut générer que des effets pervers .
A ) L’ INEFFICACITE DES POLITIQUES DE RELANCE AGISSANT SUR LA DEMANDE .
Les politiques de relance de type keynésienne peuvent être de différents types comme nous l’avons vu dans la section I :
1° ) UNE POLITIQUE MONETAIRE EXPANSIVE .
Une politique monétaire expansive visant à diminuer le taux d’intérêt afin de le rendre inférieur à la productivité marginale du capital et donc inciter les entreprises à investir sera un échec pour les raisons suivantes :
a-une politique inflationniste :
le postulat traditionnel :dès lors que , l’économie est au plein emploi des facteurs de production , ( la tendance à l’équilibre est générale dans l’analyse néo-classique ) la théorie quantitative de la monnaie postule que toute augmentation de la masse monétaire en circulation se traduit par une augmentation des prix et n’a aucun effet sur la sphère réelle .
a1 – l’analyse de Milton Friedman
Présentationde la théorie de M.Friedman : il va relativiser l’ efficacité des politiques d’expansion monétaire , en distinguant le court terme et le long terme :
- à court terme : Elles peuvent , selon lui , avoir une efficacité à court terme dès lors qu’elles trompent les agents économiques . En effet ,
· les ménages font des anticipations adaptatives ( c’est-à-dire qu’ils prévoient l’ évolution future des prix , en fonction du niveau des prix atteints dans le passé ) ,
· ils peuvent donc être trompés par la politique monétaire menée par l’Etat . Ils peuvent croire que celle-ci engendre une augmentation de leur revenu .
· Dès lors ils vont augmenter leur consommation , les entreprises qui bénéficient d’une baisse des taux d’intérêt vont augmenter leur investissement : la demande s’élevant , les prix vont augmenter avec la production .
· Ceci va engendrer une augmentation de la demande de travail : les entreprises embauchant à un salaire réel inférieur ( les salaires nominaux augmentant moins vite que les prix ) .
- à moyen terme : Mais à terme , les ménages vont se rendre compte de leurs erreurs :
· ils comprennent qu’ils ont subi une baisse de leur pouvoir d’achat ( l’augmentation de leur revenu nominal a été plus que compensée par une augmentation des prix ) ,
· ceci va les inciter à réduire leur demande, dès lors les entreprises vont licencier les salariés qu’elles ont embauchés . On revient alors au taux de chômage naturel , mais avec une inflation plus élevée .
· Les ménages vont demander des augmentations de salaire , afin de compenser l’effet de l’inflation .
2 cas sont alors envisageables :
· l’Etat augmente la masse monétaire en circulation afin de distribuer des revenus aux ménages , mais la même cause aura les mêmes effets que précédemment : les prix augmentent , la production de long terme reste stable , le taux de chômage est constant au niveau du taux de chômage naturel .
· l’Etat refuse d’augmenter la masse monétaire , l’évolution dépendra alors de la capacité des salariés à imposer des augmentations de salaire ( cf plus bas politique de revenu).
Conclusion : La théorie de Friedman montre donc qu’une politique monétaire expansionniste ne peut avoir des effets que dans le court terme , dans le long terme , elle est toujours inefficace .
a2 - Les nouveaux classiques ( LUCAS et SARGENT ) : le théorème d’inefficience
Explications : ils vont encore plus loin en développant le théorème dit d’inefficience qui montre que :
· seules les variations non anticipées des agrégats monétaires auront des effets sur les grandeurs réels (investissement , croissance du revenu, etc.) .
· Or ils supposent que les anticipations des ménages ne sont pas adaptatrices mais rationnelles ( c’est-à-dire que les ménages sont capables d’anticiper les effets de la politique monétaire sur l’inflation ) ;
· ils ne vont donc pas être trompés par l’augmentation de leur revenu nominal à court terme , d’où aucun effet sur la sphère réelle : les prix augmenteront par contre proportionnellement à la masse monétaire .
Conclusion : La politique monétaire est donc :
· inefficace , non seulement à long terme mais aussi à court terme
· et elle génère , en plus , des effets pervers : les calculs des ménages peuvent être faussés par l’évolution des prix ( dans l’hypothèse des anticipations adaptatives de Friedman) , la compétitivité des entreprises peut être réduite par l’augmentation des prix , la politique monétaire peut déboucher sur la stagflation ( plus de chômage , plus d’inflation ) .
b- l’augmentation de la masse monétaire qui génère une baisse des taux d’intérêt réel va entraîner une réduction de l’incitation à épargner ( augmentation de la préférence pour le présent )
Celle ci i risque de déboucher sur une insuffisance de l’offre de capital qui va freiner les projets d’investissement des entreprises . On retrouve ici la conception néoclassique , selon laquelle l’épargne est une fonction croissante du taux d’intérêt réel et qu’elle joue un rôle central dans l’accumulation du capital et donc dans la croissance économique ( rejet de l’hypothèse keynésienne de la préférence pour la liquidité ) .
c - l’augmentation de la masse monétaire peut à court terme inciter les entreprises à investir
Explications : en effet le taux d’intérêt réel diminue et devient inférieur à la productivité marginale du capital , mais ces investissements basés sur des calculs erronés des entreprises généreront ce que F.A.Von Hayek appelle un surinvestissement ( c’est-à-dire que ces capacités de production seront inutilisées , car elles ne répondent pas véritablement à un besoin économique ) .
Conclusion : On retrouve alors la conception libérale , selon laquelle tout investissement sain ne peut être financé que par une épargne véritable , c’est-à-dire par une abstention de consommation .La politique d’expansion monétaire risque :
· à terme , d’engendrer une augmentation des taux d’intérêt nominaux ( pour compenser l’augmentation de l’inflation)
· mais alors les entreprises qui subissent une hausse de leurs coûts financiers seront peut-être tentés de la répercuter dans leurs prix ,
· ce qui aggravera les tensions inflationnistes et risquent de déboucher dans le cas d’une indexation des salaires sur les prix sur la boucle prix-salaire observable dans les années 70 ( la hausse des prix entraîne une baisse du pouvoir d’achat qui détermine une hausse des salaires nominaux ( indexation des salaires sur les prix ) ,
· d’ où hausse du coût du travail qui génère à la fois une hausse du prix de vente compensatrice et du chômage .
· Suite à l’augmentation des prix , les ménages demandent des augmentations de salaire nominaux pour compenser la perte de pouvoir d’achat : retour à la case départ ) .
2° ) UNE POLITIQUE DE RELANCE DE LA CONSOMMATION .
Comme nous l’avons vu dans l’analyse keynésienne , cette politique peut être développée selon 3 axes :
a - une politique de revenu visant à augmenter les salaires des ménages ,
Objectifs visés par la politique : En augmentant les salaire en particulier des plus faibles , cette politique vise un objectif de justice sociale et de relance de la demande .
Les répercussions selon les libéraux : Cette politique est un échec , car :
· elle augmente le coût du travail et risque de rendre le taux de salaire réel supérieur à la productivité marginale du travail , d’où augmentation du chômage en particulier pour les catégories les moins qualifiées ou n’ayant pas d’expérience professionnelle .Ainsi une politique généreuse a priori va à l’encontre des objectifs recherchés : elle détériore la situation des plus pauvres . Elle est inefficace et injuste socialement , substituant à des inégalités de revenu qui peuvent assurer progressivement une augmentation du bien-être , le chômage .
· si les entreprises , afin de ne pas subir de détérioration de leurs profits , augmentent leur prix , alors cela risque de déboucher sur des tensions inflationnistes ( cf plus haut ) .
· la théorie du revenu permanent de M.Friedman montre que ce n’est pas parce que les ménages ont vu leur revenu augmenter pendant une année , qu’ils vont accroître leur consommation . Ils peuvent considérer que cette augmentation du revenu n’est que transitoire . Dès lors , la majeure partie du revenu supplémentaire sera épargnée , ce qui n’aura aucun effet sur la demande . On retrouve ici la critique libérale qui considère que la consommation n’est pas une fonction croissante du revenu ; la théorie de la propension moyenne à consommer étant fausse , les effets du multiplicateur sont plus qu’incertains .Les ménages n’augmenteront réellement leur consommation que dans le cas où ils considèrent que leur revenu va continuer à s’élever car la croissance économique est forte , car les conditions de l’offre sont saines : on retrouve ici la loi de Say , selon laquelle c’est l’offre qui détermine la demande .
b- une politique de distribution de prestations sociales :
Objectifs recherchés : cette politique vise à réduire les inégalités et à augmenter la consommation des ménages les plus pauvres .
Répercussions selon les libéraux : Mais elle génère de nombreux effets pervers :
- elle est désincitative au travail . En effet :
· les ménages les plus pauvres ne voient pas quel serait l’intérêt pour eux de retrouver du travail alors qu’en ne faisant rien ils gagnent un tout petit peu moins et non pas à payer de prélèvements obligatoires . Cette politique incite donc les assistés à demeurer assistés .
· Mais , en plus , elle risque d’augmenter le nombre de prestataires , puisque les ménages qui en travaillant perçoivent un salaire un tout petit peu plus élevé que les assistés vont alors être incités à abandonner leur travail et à demander des aides ( cf thème efficacité et justice sociale )
- le nombre de prestataires augmentant , leur poids dans la population s’élevant , ils vont requérir des augmentations de prestations qui ont de grandes chances d’être acceptées ( les hommes politiques voulant se faire réélire ont tout intérêt à satisfaire les demandes des prestataires ). Mais alors le coût des prestations va augmenter et il va bien falloir trouver un moyen de les financer ( cf plus bas ) .
- l’augmentation de la consommation qui pourrait résulter de l’augmentation des prestations sociales se heurte à la théorie du revenu permanent ( cf plus haut ) ; elle est de toute façon inefficace dès lors que les capacités d’offre ne sont pas disponibles à court terme .
c - une politique de réduction des taux de prélèvements obligatoires :
c’est la politique qui paraît la moins critiquable aux auteurs libéraux . Mais les effets recherchés seront radicalement différents de
ceux proposés par les keynésiens . En effet , :
· il ne s’agit pas d’accroître le revenu disponible des ménages ( en particulier celui des moins favorisés ) afin de leur permettre de consommer ,
· mais d’inciter par une réduction des montants prélevés sur le travail et l’épargne les ménages à épargner , à investir , donc à développer les capacités d’offre ( cf théorie de Laffer , plus bas).
· La baisse de la pression fiscale devra alors surtout concerner les catégories les plus aisées .
3° ) UNE AUGMENTATION DES DEPENSES PUBLIQUES .
objectif visé par les keynésiens: Dans la perspective keynésienne , elle apparaît comme la plus efficace , car elle ne subit pas de fuites dues à l’augmentation de l’épargne , comme c’est le cas pour les politiques visant à accroître la consommation des ménages .
les répercussions selon les libéraux : Dans une perspective libérale , elle est considérée comme inefficace et générant des effets pervers :
a - les dépenses publiques , en particulier les dépenses d’infrastructure ,sont considérées par Keynes comme se substituant à un investissement privé défaillant .
En réalité , il n’en n’est rien : selon les auteurs libéraux , :
· si les entreprises n’investissent pas , c’est parce que les conditions de rentabilité ( rentabilité économique , taux d’intérêt ) ne sont pas bonnes .
· Il faut donc restaurer les conditions de l’offre et non pas relancer la demande qui , se heurtant , à des capacités d’offre rigides générera de l’inflation .
b - les dépenses publiques sont considérés par les libéraux comme des dépenses improductives
Ces dépenses étant improductives ont donc une efficacité économique très réduite. Dès lors , elles ne restaurent en rien les conditions de l’offre et n’assurent pas de sortie de crise
c - puisqu’il n’ y a pas d’effet multiplicateur , les dépenses publiques n’assurent pas de rentrées fiscales
Celles ci étaient censés, selon les keynésiens, provenir de l’augmentation des revenus à taux de pression fiscale constant . Se pose alors le problème du déficit budgétaire et de son financement.
B ) LE DEFICIT BUDGETAIRE ET SON FINANCEMENT .
1° ) UN CONSTAT .
Les finances publiques ont connu une dérive :
· pour les 7 pays industrialisés , le déficit des administrations publiques est passé de 0,2%(c'est-à-dire un excédent)du PIB en 1973 à -3,5% du PIB en 92 ( multiplication par 17 ) .
· Pour la France , il est passé de 0,6% en 73 à -4,2% en 96 une améliration s’est opérée jusqu’en 2000 ou le taux chute à –1.5% pour remonter jusqu’à 4% en 2003, il se maintient à un niveau élevé (supérieur aux critères de Maastricht) cf fin du chapitre)
· Cet accroissement des déficits publics pour tous les pays s’expliquent en partie par le jeu des stabilisateurs : la moindre croissance économique engendre une hausse des dépenses et une réduction des recettes .
· Mais la croissance du déficit ne peut s’expliquer uniquement par ce facteur . On observe , en effet , une croissance du déficit budgétaire structurel résultant des politiques budgétaires discrétionnaires .
Conséquences : Cette explosion des déficits entraîne une forte croissance du besoin de financement de l’Etat ( au sens large , y compris les caisses de Sécurité Sociale ) . Le mode de financement choisi par le gouvernement va alors avoir des effets très importants sur l’économie .
2° ) LES MODES DE FINANCEMENT DES DEFICITS PUBLICS .
a - un financement monétaire
Constat : Durant les années 70 , la majorité des gouvernements ont mené des politiques budgétaires actives qui ont engendré des déficits croissants , conformément aux préceptes keynésiens .
Conséquences : Ces déficits ont été financés par la cession de titres auprès de la Banque Centrale et les banques de second rang , ce qui a engendré une croissance de la masse monétaire supérieure à la croissance du PIB réel .
Répercussions : Ceci a entraîné une chute des taux d’intérêt réel qui aurait dû , selon les keynésiens relancer les taux d’investissement .
Effets pervers de ce mode de financement : Il n’en a rien été , selon les libéraux , la croissance de la masse monétaire ayant engendré une augmentation de l’inflation ( Friedman : « l’inflation a toujours une origine monétaire » ) . Aussi , suite aux effets pervers résultant de ce mode de financement , le financement monétaire a été abandonné au début des années 80 .
b - un financement par l’endettement
Constat : on constate que l’accroissement du déficit a entraîné pour tous les pays une augmentation du ratio dettes publiques / PIB . L’endettement net est ainsi passé entre 74 et 92 de 17% à 34% pour les pays du G7 .Pour l’année 96 , la dette publique brute par rapport au PIB atteint 55% en France , 60% en Allemagne , 121 % en Italie , 132% en Belgique ( pour satisfaire aux critères de Maastricht , le ratio doit être inférieur ou égal à 60% ) .
Conséquences : Cette politique n’est pas sans inconvénient : « le renoncement aux politiques inflationnistes a eu pour conséquence le non recours à la création monétaire génératrice d’inflation pour financer la dette publique . Les Etats s’adressent aujourd’hui au marché financier , ce qui contribue à maintenir une relative tension sur les taux d’intérêts . » ( Cahiers français , n°279 , janvier 97 : J.F Peretti -Wattel ) .
Répercussions : on constate ainsi que les taux d’intérêt réel qui étaient négatifs durant les années 60-70 , sont devenus très largement positifs , à partir des années 80 , suite à la simultanéité des politiques monétaires restrictives et des déficits budgétaires croissants , ce qui n’a pas été sans générer des effets pervers :
·
PARTIE I – LES POLITIQUES ECONOMIQUES FACE A LA CRISE
SECTION I : DES POLITIQUES INTERVENTIONNISTES NECESSAIRES, CAR LE MARCHE NE S’AUTOREGULE PAS : L’ANALYSE KEYNESIENNE DU ROLE DE L’ETAT.
I ) LA REMISE EN CAUSE DE L’HYPOTHESE D’AUTOREGULATION DU MARCHE.
A ) LES ANALYSES LIBERALES DES DEFAILLANCES DU MARCHE.
Postulat de base : Traditionnellement, les auteurs libéraux considèrent que dans une économie de concurrence pure et parfaite (cf. : hypothèses vues en première) le marché dispose de capacités d’autorégulation ( la régulation par les prix : cf. première ) qui assurent, dans le long terme, un équilibre stable de plein emploi. Le marché, selon la conception parétienne, assure donc une régulation optimale de l’économie.
Les conséquences : Dés lors l’intervention de l’Etat apparaît au mieux comme inutile, au pire comme source de blocage qui génère une croissance sous optimale.
Les limites : Mais les auteurs libéraux vont, dès A.Smith, se rendent compte que le marché connaît un certain nombre de défaillances ( market failures ), en particulier cela concerne 2 domaines : les effets externes et les biens collectifs.
1° ) LES BIENS COLLECTIFS
Définition : certains biens sont dits indivisibles, car ils ne peuvent faire l’objet d’une appropriation privative et peuvent donc être utilisés par plusieurs individus ( défense nationale, infrastructures routières, ... ).
Conséquences : Dès lors :
- les individus n’accepteront pas de contribuer au financement de ces biens ; ils préféreront adopter le comportement du passager clandestin (free-rider), c’est--dire refuser de contribuer au financement du bien et l’utiliser dès lors qu’il sera mis en place .
- Si l’on considère que tous les individus sont égoïstes et rationnels , ils adapteront tous le comportement du free rider; donc l’entreprise ne pourra produire le bien ou le service car personne n’acceptera de contribuer à son financement . Pourtant , ce bien peut être considéré comme indispensable par la population
Solution : l’Etat va alors se substituer au marché défaillant en finançant sa production , en contrepartie il prélèvera des impôts qui assureront son financement .
2° ) LES EFFETS EXTERNES
Définition : Il existe des cas où l’action des individus peut avoir des répercussions ( positives : vaccination qui diminue les risques d’épidémie , ou négatives : pollution ) non souhaitées par l’individu qui se répercutent sur la collectivité.
Conséquences : Comme cet effet externe ne s’opère pas dans le cadre d’une transaction marchande et qu’il est souvent difficile ( ex : pollution ) de savoir quel est l’agent qui en est responsable , le marché ne peut assurer la résorption de l’effet externe .
Solutions : Il est obligé de faire appel à une intervention de l’Etat qui va agir , soit en réglementant(ex : en imposant la vaccination afin de réduire le risque d’épidémie), soit en faisant payer l’émetteur de l’effet externe(par exemple en imposant des droits à polluer)
B ) DES CRITIQUES PLUS RADICALES .
1 – LA MYOPIE DU MARCHE.
Postulat néo-classique : Dans la théorie économique classique , les agents économiques sont guidés par des signaux ( les prix ) qui leur permettent d’optimiser leur situation .
Limites de l’analyse : mais ces prix reflètent la situation de l’économie à un instant donné du temps . Or les agents économiques prennent aujourd’hui des décisions qui engageront leur avenir ( exemple : les décisions d’investissement telles que la construction d’une usine), et le marché s’avère incapable de leur donner des informations permettant de réduire l’incertitude .
Solutions : Certains pays , dont la France ont adopté une stratégie de planification indicative et incitative ( qui n’a rien de commun avec celle de l’URSS ) visant en particulier à faciliter la circulation de l’information et à réduire l’incertitude quant aux évolutions futures .
2 - LA REMISE EN CAUSE DES HYPOTHESES DU MARCHE DE CPP.
Critiques de l’analyse néo-classique : contrairement à ce qu’affirment les auteurs libéraux , le marché n’est pas un marché de cpp :
- L’hypothèse d’homogénéité des biens apparaît plus que discutable dans un monde où les logiques d’innovations (cf. chapitre progrès technique : Schumpeter) et de différenciation (cf. le rôle des marques) sont de plus en plus importantes.
- l’hypothèse d’atomicité est remise en cause par l’existence d’oligopoles ou de monopoles qui disposent d’un pouvoir de marché qui leur permet d’influencer les prix (cf. : thème sur les fusions et les concentrations) . Cela débouche sur des situations sous-optimales ( production plus faible , prix plus élevé )
- l’hypothèse de libre circulation des biens et des facteurs de production est elle aussi remise en cause par les diverses entraves règlementaires qui sont élaborées par les Etats afin de limiter la concurrence (cf ; l’analyse du protectionnisme dans le chapitre sur la mondialisation)
- Enfin l’hypothèse de transparence (c’est àdire la circulation de l’information sans coût) est discutable en raison de l’intèrêt qu’ont les agents économiques de protéger leurs informations afin de maximiser leur satisfaction.
Les solutions : elles vont nécessiter des interventions de l’Etat qui agira :
- soit en prenant le contrôle direct des monopoles ( nationalisations ),
- soit en réglementant afin d’empêcher la constitution de monopoles ( cas américain : cf. Microsoft )
3 – LA CRITIQUE KEYNESIENNE
Critiques de l’analyse néo-classique : Keynes va développer Sa critique en montrant que :
- la régulation par les prix n’est pas optimale ,
- qu’elle débouche trop souvent sur des comportements moutonniers ( ou mimétiques) de la part des agents économiques ( qui ne sont pas alors considérés comme rationnels )
- ce qui peut plonger l’économie dans des situations de crise économique , qui sont cumulatives .
Solutions : une intervention de l’Etat s’avère alors nécessaire pour sortir l’économie de la crise. D’autant plus que Keynes conteste l’idée que les variables macro-économiques puissent être analysées comme le résultat de l’agrégation des comportements individuels .
II ) L’ANALYSE KEYNESIENNE : UNE CONCEPTION ACTIVE DU ROLE DE L’ETAT .
A ) LES POLITIQUES CONJONCTURELLES
L’objectif de la politique macro-économique : La politique macro-économique vise
· un objectif prioritaire : assurer le plein-emploi des facteurs de production , en particulier le travail .
· Elle dispose pour cela d’une cible privilégiée : la demande effective . En effet , selon Keynes , l’économie ne tend pas naturellement vers le plein-emploi , car la propension moyenne à consommer (C/R) étant inférieure à 1 , la consommation augmente moins vite que le revenu . C’est donc l’investissement qui doit compenser l’écart croissant qui se creuse entre les 2 variables (cf. chapitre investissement) .
· Keynes préconise alors une politique active qui vise à assurer le plein emploi en contrecarrant les tendances de l’économie de marché ( absence d’autorégulation ) . Il s’agit donc d’assurer une expansion durable : « le vrai remède au cycle économique ne constitue pas à supprimer les booms et à maintenir en permanence une semi-dépression , mais à supprimer les dépressions et à maintenir en permanence une situation voisine du boom » (Théorie générale )
Les moyens : Voyons maintenant quels sont les différents moyens envisagés par Keynes afin d’ assurer le boom :
· dans l’analyse keynésienne , l’investissement joue un rôle central ; c’est de son niveau que dépend le plein emploi
· Or l’investissement peut être freiné par une chute de l’efficacité marginale du capital , résultant d’anticipations sur l’évolution de la demande pessimiste de la part des entrepreneurs , mais aussi par un niveau trop élevé des taux d’intérêt ( lié à la préférence pour la liquidité ) .
· Pour éviter le freinage de l’investissement , Keynes envisage trois solutions essentiellement :
1° ) UNE POLITIQUE MONETAIRE EXPANSIVE VISANT A DIMINUER LES TAUX D’INTERET REELS
a - L’objectif :
L’objectif est de soutenir l’investissement privé en appliquant une politique monétaire expansive visant à réduire les taux d’intérêt .
b - Un effet positif :
Contrairement à ce qu’affirmeraient les libéraux , Keynes ne considère pas que cette politique soit inflationniste . En effet , :
· dès lors que tous les facteurs de production ne sont pas mis en oeuvre ( situation de sous-emploi ) ,
· une politique monétaire expansive aura un effet moteur sur la sphère réelle ( Keynes rejette donc la théorie quantitative de la monnaie quand l’économie est en situation de sous-emploi ) .
· La chute du taux d’intérêt qui résultera de cette politique monétaire permettra , à efficacité marginale du capital constante , d’augmenter la rentabilité de l’investissement .
c- mais limité :
Mais , selon Keynes , cette politique est limitée ( l’exemple du Japon aujourd’hui ) car :
· la baisse du taux d’intérêt peut être compensée par une chute plus que proportionnelle de l’efficacité marginale du capital ,
· mais surtout la baisse des taux ne saurait franchir une limite ( Keynes la qualifie de trappe à la liquidité ) , c’est-à-dire que si le taux d’intérêt devient trop faible , toute la monnaie détenue par les ménages est thésaurisée, ce qui engendre des fuites allant à l’encontre des objectifs recherchés par la politique monétaire expansive ( injecter des liquidités pour soutenir la croissance ) .
2° ) DES POLITIQUES DE SOUTIEN DE LA CONSOMMATION .
a - L’objectif :
L’objectif est de soutenir la consommation afin d’améliorer les anticipations des chefs d’entreprise sur l’évolution future de la demande effective ( modèle de l’accélérateur ) .
b - Les moyens :
Le gouvernement dispose pour cela de trois leviers essentiellement :
b1- une politique de revenu
Mesures :Il faut augmenter les salaires sur lesquels le gouvernement peut peser , c’est-à-dire en France , le SMIC et les salaires des fonctionnaires ( politique de revenu ).
Limites : Encore faut-il que cela n’augmente pas trop le coût du travail , car alors cela risque d’entraîner une augmentation du chômage , contraire à l’objectif recherché .
b2 - distribuer des prestations sociales ( une politique d’accroissement des minima sociaux par exemple) aux ménages les plus défavorisés
Mesures : En effet ceux sont ces ménages qui ont la propension à consommer la plus élevée . On peut donc considérer que les fuites vers l’épargne seront réduites et donc que l’effet multiplicateur sera plus important
Limites : Néanmoins dans un contexte de récession les ménages qui craignent le chômage peuvent avoir tendance à épargner le surplus de revenu, ce qui limite les effets de relance ;
b3 - réduire les taux d’imposition ( politique de tax cut)
Mesures : en particulier ceux pesant sur les ménages les moins aisés ( baisse du taux d’imposition sur le revenu , pb, encore faut-il qu’ils soient imposables ; ou alors baisse des taxes telles que la TVA qui frappent la consommation ), ce qui vise non pas , comme dans une perspective libérale , à augmenter l’incitation au travail et à l’épargne des ménages les plus aisés , mais à relancer la consommation (les fuites vers l’épargne seront d’autant plus élevées que la propension à épargner est forte, c’est à dire que le revenu du ménage augmente).
Limites : En France ou ù la moitié de la population n’est pas imposée sur le revenu ce type de mesure a forcément un effet limité. Seule une baisse du taux de TVA aurait un réel effet de relance mais cette mesure serait très coûteuse à court terme et nécessite l’accord de la commission européenne.
CONCLUSION :
Toutes ces mesures :
· ont l’avantage de réconcilier l’efficacité économique et la justice sociale ( cf thème : démocratie et inégalités ) .
· Néanmoins elles présentent toutes (quoique à des degrés différents) un inconvénient : l’effet multiplicateur en est réduit car une partie des ressources distribuée aux ménages sera épargnée .
3° ) UNE POLITIQUE DE RELANCE PAR LES DEPENSES PUBLIQUES .
Le principe : Le gouvernement peut se substituer à l’investissement défaillant des entreprises en augmentant ses dépenses publiques , en particulier :r en appliquant des politiques de grands travaux (investissement autonome : cf Roosevelt dans les années 30 ).
Les conséquences : L’effet de relance sur l’économie sera plus important que celui assuré par un soutien de la consommation , car il n’y a pas de fuite immédiate vers l’épargne ( les fuites n’ont lieu qu’à travers le mécanisme du multiplicateur) .
Les limites : Toutes ces politiques ont un inconvénient : elles augmentent les dépenses publiques ou diminuent les recettes ; elles engendrent donc une augmentation du déficit public
4° ) L’ANALYSE KEYNESIENNE DU DEFICIT PUBLIC .
Dans une perspective keynésienne , il faut distinguer 2 types de déficit:
a - le déficit conjoncturel
Il a un effet contracyclique qui s’exerce par le biais des stabilisateurs automatiques .
On peut distinguer le court et le long terme :
- A court terme :
· Dans le cas d’une dépression , le revenu des ménages chute , donc à taux de prélèvements obligatoires constant , les recettes publiques diminuent .
· Dans le même temps , les dépenses augmentent mécaniquement du fait de l’accroissement du chômage ( niveau de prestations sociales inchangé ) .
· Selon les keynésiens , l’augmentation du déficit ne doit pas être considérée négativement , elle permet d’éviter à l’économie de tomber dans la dépression cumulative .
- Sur le long terme : on peut envisager que les périodes de croissance et de dépression se compensent et donc que les déficits cumulés par les stabilisateurs automatiques durant les dépressions sont financés par les excédents engendrés par les booms . En effet :
· durant l’expansion , les recettes publiques augmentent ( à taux de prélèvements obligatoires constant ) ; dans le même temps le chômage diminuant , les prestations distribuées chutent , d’où baisse des dépenses ,les stabilisateurs automatiques freinent l’augmentation de la demande et donc le risque d’une croissance inflationniste . Ils exercent donc un effet contracyclique .
· pour la récession on observe les effets inverses
b - les politiques discrétionnaires :
Intérêt : Mais le gouvernement peut considérer , surtout en période de dépression , que les stabilisateurs automatiques n’exercent pas un effet suffisant : les autorités mènent alors des politiques discrétionnaires de relance qui visent à exercer un effet d’entraînement sur la demande effective par une augmentation des dépenses publiques et/ou une diminution des taux de prélèvements obligatoires ( tax cut ).
Limites : Cette politique engendre un déficit supérieur à celui qui est attendu du fait des seuls stabilisateurs automatiques . Se pose alors le problème du financement du déficit .
5° ) LES MODES DE FINANCEMENT DU DEFICIT PUBLIC
3 types de financement peuvent être envisagés :
a - une augmentation des taux de prélèvements obligatoires
Ce type de mesure serait contraire à l’objectif de relance , car elle ponctionnerait le revenu des ménages et freinerait leur demande . Ou alors , elle devrait être concentrée sur les tranches de revenu les plus élevées ( augmentation de la progressivité de l’impôt ) qui ont les propensions à consommer les plus faibles .
b - financement par l’émission de bons du Trésor
Cette mesure vise des agents non monétaires . cette solution n’est envisageable que :
· si le marché financier est très déprimé ( offre de capitaux supérieur à la demande ) donc si les taux d’intérêt sont très bas ( cf trappe à la liquidité ) ; alors l’augmentation de la demande de capitaux de l’Etat n’engendrera pas un accroissement du taux d’intérêt qui évince les entreprises .
· Dans le cas où les taux d’intérêt sont supérieurs au niveau de la trappe à la liquidité , le financement par l’emprunt qui augmente les taux d’intérêt risque d’évincer les entreprises , donc de diminuer l’investissement , ce qui est contraire à l’objectif recherché ( l’effet négatif est limité si les dépenses publiques sont des dépenses d’investissement , se substituant à l’investissement privé défaillant ).
c - le financement monétaire ( communément nommé à tort financement par la planche à billets ) :
les autorités publiques vont demander des avances à la Banque de France ou vont émettre des Bons du Trésor qu’elles vont placer auprès des agents monétaires ( Banque de France ou banque de second rang ) . Dans une perspective keynésienne ce mode de financement n’est pas obligatoirement inflationniste :
· bien qu’il engendre une augmentation de la masse monétaire en circulation , il peut n’avoir qu’un effet réduit sur l’évolution des prix si l’économie est en sous-emploi .
· En effet , elle dispose alors de capacités de production disponibles qui peuvent répondre à l’augmentation de la demande résultant de la politique de relance .
· Ce mode de financement semble d’autant plus intéressant qu’il réduit les taux d’intérêt et favorise donc l’investissement des entreprises .
Remarque : Si l’Etat ne veut pas accroître le déficit public au-delà du déficit conjoncturel , il peut appliquer une politique conforme aux préceptes de Haavelmo , c’est-à-dire qu’il va augmenter du même montant les dépenses publiques et les impôts . Contrairement à ce que l’on pourrait penser , l’effet n’est pas nul : on observe un effet multiplicateur égal au montant des dépenses publiques qui demeure toutefois inférieur à une politique de relance sans financement par l’impôt .
B ) LES POLITIQUES STRUCTURELLES .
Si l’on réalise une étude sur la longue période , la part des dépenses publiques dans le PIB et donc le taux de prélèvements obligatoires n’ont cessé d’augmenter dans tous les pays développés ( même les plus libéraux comme les USA )depuis le début du XX° siècle ( cf cours de première ) . Ceci traduit le passage de :
- l’Etat -Gendarme ou protecteur ou régalien ( qui exerce uniquement les fonctions régaliennes : armée , police , justice ; c’est l’Etat souhaité par SMITH )
- à un Etat-Providence intervenant directement dans la sphère économique et sociale .
Remarque : cette transformation du rôle de l’Etat a été mise en évidence dès la fin du XIX° siècle par A.Wagner qui a énoncé la loi de l’extension croissante de l’activité publique , connue sous le nom de loi de Wagner . Loi qui pose que plus un pays est civilisé ( développé ) , plus l’intervention de l’Etat est nécessaire et importante en raison de la complexification des sociétés . Cet interventionnisme accru de l’Etat résulte de l’incapacité du marché à s’autoréguler et des effets pervers qu’il a générés .
1° ) UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE ACTIVE .
a -Les défaillances structurelles du marché :
remarque : Même si à proprement parler Keynes n’est pas favorable à une politique de planification , s’il ne s’est intéressé qu’aux politiques conjoncturelles ( « dans le long terme , nous sommes tous morts » ) il n’en reste pas moins qu’il s’est déclaré partisan d’une socialisation de l’investissement . En effet :
· Keynes considérait que les marchés n’étaient pas capables de s’autoréguler , qu’ils adoptaient des comportements moutonniers , que les agents économiques étaient plus ou moins irrationnels .
· A tout cela la planification à la française ( mais aussi le MITI japonais , par exemple ) va ajouter que les marchés sont myopes , ne tiennent pas compte des externalités résultant de leurs activités et sont incapables de répondre à la demande en biens collectifs des ménages
b- Les solutions :
Dès lors , une politique industrielle active de l’Etat peut paraître souhaitable . Elle visera :
· tout d’abord , dans le cadre de la planification ( indicative et démocratique ) , à recueillir des informations , à établir une perspective de long terme et à prendre en compte le projet collectif assurant la cohésion nationale .
· Les autorités pourront alors soit inciter les entreprises privées à s’implanter sur des marchés porteurs , dans des régions en voie de désertification ( par une politique d’aide à l’investissement ) , soit se substituer aux entreprises pour mener à bien des projets utiles à la collectivité , par le biais des grandes entreprises nationales , par exemple .
2° ) UNE POLITIQUE SOCIALE : L’ETAT-PROVIDENCE
Constat : Comme nous l’avons vu dans le chapitre sur le lien social , le lien marchand n’est pas apte à assurer la cohésion de la société ; il s’avère incapable d’intégrer et de protéger l’individu .
Solutions : Mais le marché ayant entraîné la disparition des solidarités traditionnelles ( famille , communauté ) , l’Etat a alors été obligé de compenser les effets pervers engendrés dans la sphère marchande .
a - L’objectif de l’Etat-Providence :
L’objectif de Beveridge ( le rapport Beveridge a été à l’origine de la création de l’ Etat Providence en Angleterre après la seconde guerre mondiale) et dans une moindre mesure de la Sécurité Sociale française était de libérer la société du besoin , principalement de protéger les individus des différents risques auxquels ils sont confrontés durant leur vie ( chômage , maladie , vieillesse ) par le versement de prestations sociales compensatrices
b- Les moyens :
La Sécurité Sociale vise donc :
· essentiellement à opérer une redistribution de type horizontale , c’est-à-dire qu’elle distribue des prestations aux actifs qui ont contribué à son financement .
· Il n’en demeure pas moins que dès l’origine , et cette tendance s’est accrue avec le temps , une redistribution verticale s’est opérée en direction des ménages les plus pauvres ( ex : création du minimum vieillesse ) .
Remarque : Contrairement à ce que considèrent les auteurs libéraux , l’Etat-Providence ne peut être envisagé uniquement comme une retombée des fruits de la croissance . En effet , dans une perspective fordiste , on peut considérer que durant les 30 Glorieuses , les prestations sociales ont permis de dynamiser la demande effective et ont donc largement contribué à la croissance économique . On retrouve ici le message keynésien , selon lequel l’efficacité économique et la justice sociale sont complémentaires .
Conclusion : Cette perspective est fortement critiquée par les auteurs libéraux qui :
· considèrent que l’interventionnisme étatique est générateur de crises et doit donc être limité autant que faire se peut
· Cette vision s’appuie sur l’échec des politiques de la relance opérées durant les années 70 qui ont eu pour effet , selon les libéraux , de plonger l’économie dans la stagflation ( stagnation économique et augmentation du chômage et inflation ) .
· L’opinion libérale semble d’autant plus justifiée qu’avec la mondialisation des économies , les capacités d’action des autorités nationales sont de plus en plus limitées .
SECTION II : L’ANALYSE LIBERALE : LE NECESSAIRE RETOUR VERS UN ETAT MINIMUM .
I ) LA REGULATION PAR LE MARCHE EST OPTIMALE .
A - Principes de base :
Selon les auteurs libéraux , le marché :
· est capable de s’autoréguler , c’est-à-dire qu’il dispose de mécanismes endogènes ( la flexibilité par les prix ) qui assurent un retour à l’équilibre de long terme .
· Cet équilibre est optimal au sens de Pareto , c’est-à-dire qu’il est impossible d’améliorer la situation d’un agent sans détériorer celle d’un autre .
B - Conséquences :
Ainsi une politique visant à relancer la demande pour sortir l’économie de la crise est :
· non seulement inutile car l’économie tend inéluctablement vers le plein emploi ,
· elle est aussi dangereuse , car elle perturbe les mécanismes du marché
· Néanmoins , nous avons vu dans la section I que le marché pouvait être défaillant ( effets externes , biens collectifs ) , ce qui justifiait du point de vue libéral , une intervention limitée de l’Etat ( Smith l’avait déjà noté au XVIII° siècle dans le cas de la construction des ponts et des écoles ) .
· Mais, les auteurs libéraux ont établi un bilan très critique des interventions de l’Etat visant à corriger les défaillances du marché . Ils constatent que les politiques menées ont un bilan globalement très négatif ; ils considèrent donc que l’intervention de l’Etat est justifiée uniquement dans la mesure où elle ne crée pas plus de problèmes qu’elle n’en résout .
II ) LA CRITIQUE DES POLITIQUES DISCRETIONNAIRES DE RELANCE .
Les politiques de relance keynésienne visent à augmenter la demande effective . Elles considèrent donc que la demande effective est une variable déterminante qui exerce un rôle moteur sur l’offre .
Or les auteurs libéraux postulent , eux au contraire , conformément à la loi de SAY que c’est l’offre qui est déterminante et donc qu’il est absolument inutile de chercher à agir sur la demande ; cela ne peut générer que des effets pervers .
A ) L’ INEFFICACITE DES POLITIQUES DE RELANCE AGISSANT SUR LA DEMANDE .
Les politiques de relance de type keynésienne peuvent être de différents types comme nous l’avons vu dans la section I :
1° ) UNE POLITIQUE MONETAIRE EXPANSIVE .
Une politique monétaire expansive visant à diminuer le taux d’intérêt afin de le rendre inférieur à la productivité marginale du capital et donc inciter les entreprises à investir sera un échec pour les raisons suivantes :
a-une politique inflationniste :
le postulat traditionnel :dès lors que , l’économie est au plein emploi des facteurs de production , ( la tendance à l’équilibre est générale dans l’analyse néo-classique ) la théorie quantitative de la monnaie postule que toute augmentation de la masse monétaire en circulation se traduit par une augmentation des prix et n’a aucun effet sur la sphère réelle .
a1 – l’analyse de Milton Friedman
Présentationde la théorie de M.Friedman : il va relativiser l’ efficacité des politiques d’expansion monétaire , en distinguant le court terme et le long terme :
- à court terme : Elles peuvent , selon lui , avoir une efficacité à court terme dès lors qu’elles trompent les agents économiques . En effet ,
· les ménages font des anticipations adaptatives ( c’est-à-dire qu’ils prévoient l’ évolution future des prix , en fonction du niveau des prix atteints dans le passé ) ,
· ils peuvent donc être trompés par la politique monétaire menée par l’Etat . Ils peuvent croire que celle-ci engendre une augmentation de leur revenu .
· Dès lors ils vont augmenter leur consommation , les entreprises qui bénéficient d’une baisse des taux d’intérêt vont augmenter leur investissement : la demande s’élevant , les prix vont augmenter avec la production .
· Ceci va engendrer une augmentation de la demande de travail : les entreprises embauchant à un salaire réel inférieur ( les salaires nominaux augmentant moins vite que les prix ) .
- à moyen terme : Mais à terme , les ménages vont se rendre compte de leurs erreurs :
· ils comprennent qu’ils ont subi une baisse de leur pouvoir d’achat ( l’augmentation de leur revenu nominal a été plus que compensée par une augmentation des prix ) ,
· ceci va les inciter à réduire leur demande, dès lors les entreprises vont licencier les salariés qu’elles ont embauchés . On revient alors au taux de chômage naturel , mais avec une inflation plus élevée .
· Les ménages vont demander des augmentations de salaire , afin de compenser l’effet de l’inflation .
2 cas sont alors envisageables :
· l’Etat augmente la masse monétaire en circulation afin de distribuer des revenus aux ménages , mais la même cause aura les mêmes effets que précédemment : les prix augmentent , la production de long terme reste stable , le taux de chômage est constant au niveau du taux de chômage naturel .
· l’Etat refuse d’augmenter la masse monétaire , l’évolution dépendra alors de la capacité des salariés à imposer des augmentations de salaire ( cf plus bas politique de revenu).
Conclusion : La théorie de Friedman montre donc qu’une politique monétaire expansionniste ne peut avoir des effets que dans le court terme , dans le long terme , elle est toujours inefficace .
a2 - Les nouveaux classiques ( LUCAS et SARGENT ) : le théorème d’inefficience
Explications : ils vont encore plus loin en développant le théorème dit d’inefficience qui montre que :
· seules les variations non anticipées des agrégats monétaires auront des effets sur les grandeurs réels (investissement , croissance du revenu, etc.) .
· Or ils supposent que les anticipations des ménages ne sont pas adaptatrices mais rationnelles ( c’est-à-dire que les ménages sont capables d’anticiper les effets de la politique monétaire sur l’inflation ) ;
· ils ne vont donc pas être trompés par l’augmentation de leur revenu nominal à court terme , d’où aucun effet sur la sphère réelle : les prix augmenteront par contre proportionnellement à la masse monétaire .
Conclusion : La politique monétaire est donc :
· inefficace , non seulement à long terme mais aussi à court terme
· et elle génère , en plus , des effets pervers : les calculs des ménages peuvent être faussés par l’évolution des prix ( dans l’hypothèse des anticipations adaptatives de Friedman) , la compétitivité des entreprises peut être réduite par l’augmentation des prix , la politique monétaire peut déboucher sur la stagflation ( plus de chômage , plus d’inflation ) .
b- l’augmentation de la masse monétaire qui génère une baisse des taux d’intérêt réel va entraîner une réduction de l’incitation à épargner ( augmentation de la préférence pour le présent )
Celle ci i risque de déboucher sur une insuffisance de l’offre de capital qui va freiner les projets d’investissement des entreprises . On retrouve ici la conception néoclassique , selon laquelle l’épargne est une fonction croissante du taux d’intérêt réel et qu’elle joue un rôle central dans l’accumulation du capital et donc dans la croissance économique ( rejet de l’hypothèse keynésienne de la préférence pour la liquidité ) .
c - l’augmentation de la masse monétaire peut à court terme inciter les entreprises à investir
Explications : en effet le taux d’intérêt réel diminue et devient inférieur à la productivité marginale du capital , mais ces investissements basés sur des calculs erronés des entreprises généreront ce que F.A.Von Hayek appelle un surinvestissement ( c’est-à-dire que ces capacités de production seront inutilisées , car elles ne répondent pas véritablement à un besoin économique ) .
Conclusion : On retrouve alors la conception libérale , selon laquelle tout investissement sain ne peut être financé que par une épargne véritable , c’est-à-dire par une abstention de consommation .La politique d’expansion monétaire risque :
· à terme , d’engendrer une augmentation des taux d’intérêt nominaux ( pour compenser l’augmentation de l’inflation)
· mais alors les entreprises qui subissent une hausse de leurs coûts financiers seront peut-être tentés de la répercuter dans leurs prix ,
· ce qui aggravera les tensions inflationnistes et risquent de déboucher dans le cas d’une indexation des salaires sur les prix sur la boucle prix-salaire observable dans les années 70 ( la hausse des prix entraîne une baisse du pouvoir d’achat qui détermine une hausse des salaires nominaux ( indexation des salaires sur les prix ) ,
· d’ où hausse du coût du travail qui génère à la fois une hausse du prix de vente compensatrice et du chômage .
· Suite à l’augmentation des prix , les ménages demandent des augmentations de salaire nominaux pour compenser la perte de pouvoir d’achat : retour à la case départ ) .
2° ) UNE POLITIQUE DE RELANCE DE LA CONSOMMATION .
Comme nous l’avons vu dans l’analyse keynésienne , cette politique peut être développée selon 3 axes :
a - une politique de revenu visant à augmenter les salaires des ménages ,
Objectifs visés par la politique : En augmentant les salaire en particulier des plus faibles , cette politique vise un objectif de justice sociale et de relance de la demande .
Les répercussions selon les libéraux : Cette politique est un échec , car :
· elle augmente le coût du travail et risque de rendre le taux de salaire réel supérieur à la productivité marginale du travail , d’où augmentation du chômage en particulier pour les catégories les moins qualifiées ou n’ayant pas d’expérience professionnelle .Ainsi une politique généreuse a priori va à l’encontre des objectifs recherchés : elle détériore la situation des plus pauvres . Elle est inefficace et injuste socialement , substituant à des inégalités de revenu qui peuvent assurer progressivement une augmentation du bien-être , le chômage .
· si les entreprises , afin de ne pas subir de détérioration de leurs profits , augmentent leur prix , alors cela risque de déboucher sur des tensions inflationnistes ( cf plus haut ) .
· la théorie du revenu permanent de M.Friedman montre que ce n’est pas parce que les ménages ont vu leur revenu augmenter pendant une année , qu’ils vont accroître leur consommation . Ils peuvent considérer que cette augmentation du revenu n’est que transitoire . Dès lors , la majeure partie du revenu supplémentaire sera épargnée , ce qui n’aura aucun effet sur la demande . On retrouve ici la critique libérale qui considère que la consommation n’est pas une fonction croissante du revenu ; la théorie de la propension moyenne à consommer étant fausse , les effets du multiplicateur sont plus qu’incertains .Les ménages n’augmenteront réellement leur consommation que dans le cas où ils considèrent que leur revenu va continuer à s’élever car la croissance économique est forte , car les conditions de l’offre sont saines : on retrouve ici la loi de Say , selon laquelle c’est l’offre qui détermine la demande .
b- une politique de distribution de prestations sociales :
Objectifs recherchés : cette politique vise à réduire les inégalités et à augmenter la consommation des ménages les plus pauvres .
Répercussions selon les libéraux : Mais elle génère de nombreux effets pervers :
- elle est désincitative au travail . En effet :
· les ménages les plus pauvres ne voient pas quel serait l’intérêt pour eux de retrouver du travail alors qu’en ne faisant rien ils gagnent un tout petit peu moins et non pas à payer de prélèvements obligatoires . Cette politique incite donc les assistés à demeurer assistés .
· Mais , en plus , elle risque d’augmenter le nombre de prestataires , puisque les ménages qui en travaillant perçoivent un salaire un tout petit peu plus élevé que les assistés vont alors être incités à abandonner leur travail et à demander des aides ( cf thème efficacité et justice sociale )
- le nombre de prestataires augmentant , leur poids dans la population s’élevant , ils vont requérir des augmentations de prestations qui ont de grandes chances d’être acceptées ( les hommes politiques voulant se faire réélire ont tout intérêt à satisfaire les demandes des prestataires ). Mais alors le coût des prestations va augmenter et il va bien falloir trouver un moyen de les financer ( cf plus bas ) .
- l’augmentation de la consommation qui pourrait résulter de l’augmentation des prestations sociales se heurte à la théorie du revenu permanent ( cf plus haut ) ; elle est de toute façon inefficace dès lors que les capacités d’offre ne sont pas disponibles à court terme .
c - une politique de réduction des taux de prélèvements obligatoires :
c’est la politique qui paraît la moins critiquable aux auteurs libéraux . Mais les effets recherchés seront radicalement différents de
ceux proposés par les keynésiens . En effet , :
· il ne s’agit pas d’accroître le revenu disponible des ménages ( en particulier celui des moins favorisés ) afin de leur permettre de consommer ,
· mais d’inciter par une réduction des montants prélevés sur le travail et l’épargne les ménages à épargner , à investir , donc à développer les capacités d’offre ( cf théorie de Laffer , plus bas).
· La baisse de la pression fiscale devra alors surtout concerner les catégories les plus aisées .
3° ) UNE AUGMENTATION DES DEPENSES PUBLIQUES .
objectif visé par les keynésiens: Dans la perspective keynésienne , elle apparaît comme la plus efficace , car elle ne subit pas de fuites dues à l’augmentation de l’épargne , comme c’est le cas pour les politiques visant à accroître la consommation des ménages .
les répercussions selon les libéraux : Dans une perspective libérale , elle est considérée comme inefficace et générant des effets pervers :
a - les dépenses publiques , en particulier les dépenses d’infrastructure ,sont considérées par Keynes comme se substituant à un investissement privé défaillant .
En réalité , il n’en n’est rien : selon les auteurs libéraux , :
· si les entreprises n’investissent pas , c’est parce que les conditions de rentabilité ( rentabilité économique , taux d’intérêt ) ne sont pas bonnes .
· Il faut donc restaurer les conditions de l’offre et non pas relancer la demande qui , se heurtant , à des capacités d’offre rigides générera de l’inflation .
b - les dépenses publiques sont considérés par les libéraux comme des dépenses improductives
Ces dépenses étant improductives ont donc une efficacité économique très réduite. Dès lors , elles ne restaurent en rien les conditions de l’offre et n’assurent pas de sortie de crise
c - puisqu’il n’ y a pas d’effet multiplicateur , les dépenses publiques n’assurent pas de rentrées fiscales
Celles ci étaient censés, selon les keynésiens, provenir de l’augmentation des revenus à taux de pression fiscale constant . Se pose alors le problème du déficit budgétaire et de son financement.
B ) LE DEFICIT BUDGETAIRE ET SON FINANCEMENT .
1° ) UN CONSTAT .
Les finances publiques ont connu une dérive :
· pour les 7 pays industrialisés , le déficit des administrations publiques est passé de 0,2%(c'est-à-dire un excédent)du PIB en 1973 à -3,5% du PIB en 92 ( multiplication par 17 ) .
· Pour la France , il est passé de 0,6% en 73 à -4,2% en 96 une améliration s’est opérée jusqu’en 2000 ou le taux chute à –1.5% pour remonter jusqu’à 4% en 2003, il se maintient à un niveau élevé (supérieur aux critères de Maastricht) cf fin du chapitre)
· Cet accroissement des déficits publics pour tous les pays s’expliquent en partie par le jeu des stabilisateurs : la moindre croissance économique engendre une hausse des dépenses et une réduction des recettes .
· Mais la croissance du déficit ne peut s’expliquer uniquement par ce facteur . On observe , en effet , une croissance du déficit budgétaire structurel résultant des politiques budgétaires discrétionnaires .
Conséquences : Cette explosion des déficits entraîne une forte croissance du besoin de financement de l’Etat ( au sens large , y compris les caisses de Sécurité Sociale ) . Le mode de financement choisi par le gouvernement va alors avoir des effets très importants sur l’économie .
2° ) LES MODES DE FINANCEMENT DES DEFICITS PUBLICS .
a - un financement monétaire
Constat : Durant les années 70 , la majorité des gouvernements ont mené des politiques budgétaires actives qui ont engendré des déficits croissants , conformément aux préceptes keynésiens .
Conséquences : Ces déficits ont été financés par la cession de titres auprès de la Banque Centrale et les banques de second rang , ce qui a engendré une croissance de la masse monétaire supérieure à la croissance du PIB réel .
Répercussions : Ceci a entraîné une chute des taux d’intérêt réel qui aurait dû , selon les keynésiens relancer les taux d’investissement .
Effets pervers de ce mode de financement : Il n’en a rien été , selon les libéraux , la croissance de la masse monétaire ayant engendré une augmentation de l’inflation ( Friedman : « l’inflation a toujours une origine monétaire » ) . Aussi , suite aux effets pervers résultant de ce mode de financement , le financement monétaire a été abandonné au début des années 80 .
b - un financement par l’endettement
Constat : on constate que l’accroissement du déficit a entraîné pour tous les pays une augmentation du ratio dettes publiques / PIB . L’endettement net est ainsi passé entre 74 et 92 de 17% à 34% pour les pays du G7 .Pour l’année 96 , la dette publique brute par rapport au PIB atteint 55% en France , 60% en Allemagne , 121 % en Italie , 132% en Belgique ( pour satisfaire aux critères de Maastricht , le ratio doit être inférieur ou égal à 60% ) .
Conséquences : Cette politique n’est pas sans inconvénient : « le renoncement aux politiques inflationnistes a eu pour conséquence le non recours à la création monétaire génératrice d’inflation pour financer la dette publique . Les Etats s’adressent aujourd’hui au marché financier , ce qui contribue à maintenir une relative tension sur les taux d’intérêts . » ( Cahiers français , n°279 , janvier 97 : J.F Peretti -Wattel ) .
Répercussions : on constate ainsi que les taux d’intérêt réel qui étaient négatifs durant les années 60-70 , sont devenus très largement positifs , à partir des années 80 , suite à la simultanéité des politiques monétaires restrictives et des déficits budgétaires croissants , ce qui n’a pas été sans générer des effets pervers :
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