la compétitivité de l'économie française en 2006 par le COE-Rexécode

le COE-Rexecode vient de faire paraître :la compétivité française en 2006.

Introduction
La compétitivité de l’économie française recule. Le principal indicateur que nous retenons pour mesurer l’évolution de la compétitivité est la part de marché à l’exportation. Cette part de marché compare les exportations réalisées par les unités de production implantées sur le territoire français à celles réalisées par l’ensemble des unités de production européennes. La comparaison de la dynamique des exportations françaises à celles de nos concurrents européens permet d’éviter les difficultés d’interprétation liées aux évolutions, favorables ou défavorables, de taux de change de l’euro. Cet indicateur met en évidence une tendance au recul des parts de marché à l’exportation de la France. Celle-ci est apparue à partir de l’année 1999. Elle ne s’est pas arrêtée depuis, sauf de manière transitoire.Après cinq ans de baisse, le poids des
exportations françaises dans les exportations de la zone euro s’était stabilisé de la mi-2005 au printemps 2006. Mais, depuis le printemps dernier, la tendance longue au recul de la part de marché des exportations françaises a repris. Les seules exportations françaises de marchandises en valeur ont ainsi reculé de 0,9 % l’an durant l’été. En revanche, elles ont continué de progresser vivement dans l’ensemble de la zone euro (7,5 % l’an au cours de la même période). Le recul des parts
de marché à l’exportation s’accompagne d’une forte pénétration de notre marché intérieur par les produits étrangers. Il ne se limite pas aux seules branches industrielles mais il s’étend aux échanges internationaux de services. Cet affaiblissement de la compétitivité extérieure participe à la réduction progressive de l’écart des niveaux de vie (PIB par habitant) entre la France et le niveau de vie moyen dans la zone euro, en défaveur de la France.
L’examen des déterminants habituels de la compétitivité n’apporte pas d’explications très convaincantes de ce recul tendanciel. Les structures de spécialisation sectorielle et géographique des exportations françaises n’ont joué qu’un rôle mineur dans l’évolution défavorable des parts de marché à l’exportation. En dépit d’un écart d’évolution des coûts salariaux défavorable à la France (tout particulièrement par rapport à l’Allemagne), il apparaît également que le prix moyen des exportateurs français n’a pas augmenté plus rapidement que celui de l’ensemble des exportateurs européens depuis la fin des années 1990.
L’explication de l’érosion de la compétitivité du territoire peut être aussi recherchée dans l’évolution de la compétitivité qualifiée de « hors-prix » ou dans le positionnement moyen du système productif dans la gamme de produits échangés. Toutefois, ces éléments restent peu conclusifs. La compétitivité « hors-prix » ne se serait pas dégradée de manière significative au cours des années récentes. Le positionnement technologique des produits exportés n’est pas plus défavorable pour la France que dans le cas de l’Allemagne. Par ailleurs, il est difficile de voir dans le déficit récurrent d’entreprises de taille moyenne le principal facteur causal de la rupture des parts de marché tant celle-ci s’est opérée brutalement.
Une piste d’explication reste encore peu explorée dans les modèles d’interprétation de la compétitivité. Les contraintes d’offre sont en effet mal prises en compte par les modèles simples de compétitivité. Ceux-ci se limitent à examiner les évolutions relatives de prix et de coûts. La simultanéité de la rupture dans les parts de marché avec la réduction du temps de travail invite à recourir à d’autres approches plus centrées sur l’offre. L’impact macroéconomique de la réduction du temps de travail sur l’évolution de la compétitivité extérieure de la France n’a pas encore été étudié dans tous ses aspects.
De même, les modèles habituels de la compétitivité relèguent souvent au second plan les divergences d’évolution des marges des entreprises. Or, une comparaison rapide des évolutions de ces dernières entre les différents pays européens souligne clairement que les pays qui ont vu leurs parts de marché à l’exportation s’éroder le plus fortement dans les
années récentes (France, Italie) sont également ceux qui ont vu le taux de marge des entreprises installées sur le territoire s’effriter. Dans le cas de la France, la baisse relative des prix à l’exportation dans un contexte où les
coûts salariaux progressaient un peu plus vite que dans l’ensemble de la zone euro s’est traduite par un écrasement des marges. Ainsi, en 2005, l’excédent brut d’exploitation des entreprises du secteur industriel manufacturier est-il encore inférieur de près de 17 % au niveau qui était le sien en 2000. l’inverse, l’amélioration de la compétitivité en Allemagne s’est accompagnée d’un rétablissement spectaculaire des marges des entreprises. Ce rétablissement du résultat des entreprises allemandes contribue à la réaccélération des dépenses d’investissement productif Outre-Rhin. En comparaison, la progression de l’investissement des sociétés peine à accélérer en France. L’investissement dans l’industrie en France se marginalise. Son poids dans le PIB est tombé à moins de 2 % en 2006. Il était le double il y a vingt ans. Cette faiblesse de l’investissement industriel en France se traduit depuis 2003 par une contraction de la base productive de l’industrie manufacturière.
Le risque est qu’un processus auto-entretenude perte de compétitivité extérieure de la France par insuffisance d’investissement ne soit engagé.

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