QSTP premiére : classe et culture ouvrière existent-elles encore ?

QUESTION DE SYNTHESE ETAYEE PAR UN TRAVAIL PREPARATOIRE


Il est demandée au candidat :
1 – De conduire le travail préparatoire qui fournit les éléments devant être utilisés dans la synthèse

2 – De répondre à la question de synthèse :
Par une argumentation assortie d’une réflexion critique
En faisant appel à ses connaissances personnelles
En composant un introduction, un développement , une conclusion pour une longueur de l’ordre de trois pages

Ces deux parties sont d’égale importance pour la notation

Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l’expression et du soin apporté à la présentation.


Thème du programme- classes et stratifications sociales

TRAVAIL PREPARATOIRE (40 points) :

1) Après avoir donné le mode de lecture et de calcul du chiffre entouré, opérez une analyse méthodique du graphique, quelle conclusion pouvez vous en tirer (document 1) (6 points)
2) pourquoi l’auteur parle t’il de génération singulière, dans quel contexte est-elle apparue, a t’elle disparue ? (doc2)( 9 points)
3) Montrez que du temps de la classe ouvrière, il existait une culture ouvrière, dotée d’institutions propres qui assuraient la transmission de normes et de valeurs spécifiques par la socialisation (doc 2) (9 points)
4) Vous montrerez que bien que les conditions de travail ne se soient pas améliorées, les ouvriers ont disparu du paysage social, vous en présenterez les raisons (doc 3) (9 points)
5)vous expliquerez pourquoi l’on peut parler de désagrégation de la culture ouvrière, en distinguant les différentes étapes ; (doc4) (9 points)


QUESTION DE SYNTHESE (40 points) : APRES AVOIR MONTRE DANS UNE PREMIERE PARTIE QUE DURANT LES ANNEES 1930-1960 IL A EXISTE UNE CLASSE OUVRIERE PORTEUSE D’UNE CULTURE PROPRE TRANSMISE PAR DES INSTANCES DE SOCIALISATION ET DE CONTROLE SPECIFIQUES. VOUS MONTREREZ QUE DEPUIS LES ANNEES 60 DE PROFONDES TRANSFORMATIONS ONT EU LIEU QUI CONDUISENT A METTRE EN QUESTION LA PERTINENCE DU CONCEPT DE CLASSE ET DE CULTURE OUVRIERE.


DOSSIER DOCUMENTAIRE :

DOCUMENT 1 :


SOURCE : Le cédérom d'alternatives économiques , 10ème édition

DOCUMENT 2 :
Dévalorisation du travail ouvrier, affaiblissement de la résistance collective,affrontement des générations à l'usine et dans les familles, crise du militantisme syndical et politique, montée des tensions racistes sur fond de chômage de masse et de vulnérabilité croissante : un certain «groupe ouvrier» a vécu, celui des ouvriers d'industrie, organisés syndicalement et constitués politiquement, héritiers, en quelque sorte, de la «génération singulière'» qui s'était construite dans les luttes sociales de 1936 et de l'immédiat après-guerre. Sans vouloir céder ici à l'illusion rétrospective et largement anachronique d'un âge d'or ouvrier - la condition ouvrière a toujours été une condition subie, soumise à la nécessité -, il n'en reste pas moins que les ouvriers du temps de la «classe ouvrière» disposaient d'un capital politique accumulé (les partis «ouvriers», les syndicats), d'un ensemble de ressources culturelles (des associations se référant sans honte au mot ouvrier) et symboliques (la fierté d'être ouvrier, le sentiment d'appartenir à la «classe»), qui permettaient de défendre collectivement le groupe, y compris les «conservateurs», limitant ainsi l'emprise de la domination économique et culturelle.
Il existait aussi, hors de l'usine, ce qu'on peut appeler une « société ouvrière » qui .permettait à ses membres de vivre dans un entre-soi protecteur et rassurant au sein duquel s'épanouissait une culture Spécifique dont les traits étaient proches de ceux décrits par Richard Hoggart', à propos des ouvriers anglais des années 1950 : opposition entre le inonde des autres (« Eux ») et le «Nous» communautaire, liberté accordée aux enfants et réalisme scolaire, repartition traditionnelle des rôles dans le couple. Dans ce monde intégré, diverses instances de socialisation (cercles laïques, jeunesse communiste ou jeunesse ouvrière chrétienne, colonies de vacances, activités culturelles et de loisir des comités d'entreprise) encadraient la jeunesse dans les zones urbaines et contribuaient à la transmission des mêmes valeurs. Cette longue période durant laquelle l'existence de la classe ouvrière apparut comme une évidence semble aujourd'hui révolue. •
SOURCE : Stéphane Beaud, Michel Pialoux,retour sur la condition ouvrière, fayard , 1999,p.417-418.

DOCUMENT 3 :
Le processus de réhabilitation de l'entreprise à l'oeuvre depuis le début des années 1980, qui a étroitement coïncidé avec les «adieux au prolétariat» de nombreux intellectuels «marxistes», a fait apparaître les ouvriers comme des obstacles à la modernisation de l'industrie, comme les héritiers d'un passé révolu, menant nécessairement des combats d'arrière-garde. Progressivement et insensiblement, ils ont quitté l'horizon mental des faiseurs d'opinion (intellectuels, journalistes, hommes politiques, etc.), et cela au moment où, en raison même de l'affaiblissement des formes de résistance collective, le travail s'est intensifié dans les ateliers, où les relations sociales au travail se sont détériorées, où les ouvriers ont été pour ainsi dire transformés en simple variable d'ajustement, réduits à une composante de la masse salariale qu'il faut comprimer toujours plus. Au cours de ces quinze dernières années, la «question ouvrière» a été véritablement refoulée.Leur porte-parole (les syndicats ouvriers, les délégués à l'usine, les militants associatifs, le «Parti»), qui avait vocation à les représenter dans l'espace public, a considérablement perdu de son influence. L'image que le groupe ouvrier se faisait de lui-même s en est trouvée ternie. Cette crise de la représentation a fortement contribué a la
non-visibilité du groupe. Disons-le brutalement : les ouvriers, qui avaient pour eux la force du nombre, ont peu à peu cessé d'être craints et ne font plus peur aux dirigeants. Il s'agit là d'une rupture importante dans l'histoire des rapports de classe. Elle signifie que les digues construites au fil du temps par le mouvement ouvrier pour s'opposer à l'exploitation, doter le groupe d'une conscience de classe et mieux résister à
la domination symbolique ont très largement cédé. •
SOURCE :Stéphane Beaud, Michel Pialoux,op. cit., p. 15-16.

DOCUMENT 4 :

Avec la généralisation de la protection sociale et sanitaire, l'extension du travail féminin qui procure un deuxième salaire, les ouvriers ont pu entrer dans un rapport gestionnaire à leur propre existence. D'autres facteurs les ont obligés à développer cette capacité de gestion; par exemple, la mensualisation les a contraints d'apprendre à gérer leurs revenus sur un mois. De la même manière, quand la consommation s'est développée, elle a contraint les ouvriers d'apprendre à gérer des investissements dans des biens durables, d'abord la voiture, puis le logement. On a assisté à une déprolétarisation, au moins dans la consommation (près de la moitié des familles ouvrières sont propriétaires de
leur logement). Enfin, ça a été l'explosion scolaire, la généralisation de l'entrée des fils d'ouvriers dans le secondaire, d'où l'accès à la mobilité sociale. Un enfant d'ouvrier sur deux a accédé au salariat non ouvrier. De plus en plus d'ouvriers suivent de très près la scolarité de leurs enfants. C'est une véritable révolution. Tout cela a désagrégé la tradition culturelle ouvrière et s'est manifesté dès 68 dans l'aspiration de la jeune génération à l'émancipation individuelle, y compris par rapport aux formes traditionnelles d'organisation ouvrière. Depuis lors, la crise a tout à la fois stimulé le développement de cette aspiration et creusé les écarts au sein de la classe. •
SOURCE : Jean-Pierre Terrail,•La forteresse vide*,in Ouvriers, Ouvrières,Autrement, 1992, p. 152.

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