Les indicateurs mondiaux de la gouvernance font apparaître les gains réalisés en Afrique subsaharienne. | ||
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Le 10 juillet 2007 – Ces dix dernières années, des pays du monde entier, notamment parmi les plus pauvres d’Afrique, ont accompli des « progrès remarquables » en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption, comme le révèle le tout dernier rapport sur les indicateurs mondiaux de la gouvernance (Worldwide Governance Indicators) publié par l’Institut de la Banque mondiale et la vice-présidence du groupe Économie du développement de la Banque mondiale. Des pays aussi disparates que l’Indonésie, le Tadjikistan, la Serbie et la Slovaquie, ont enregistré des améliorations notables sur le plan de la gouvernance au cours de la dernière décennie. L’Afrique n’est pas en reste puisque des pays tels que le Niger, la Sierra Leone, l’Angola, la République démocratique du Congo, le Liberia, la Tanzanie et le Rwanda ont fortement progressé dans plusieurs dimensions de la gouvernance depuis 1998. Et même sur une période aussi brève que depuis 2002, des améliorations sensibles ont été enregistrées dans certains aspects de la gouvernance, en particulier au Liberia, en Angola, en Argentine et en Géorgie. Les gains obtenus dans des pays répartis sur les six continents sont des « nouvelles encourageantes », d’après Daniel Kaufmann, Directeur de la gouvernance mondiale à l’Institut de la Banque mondiale et coauteur du rapport. Il a toutefois reconnu que, « en moyenne, rien ne prouve que la gouvernance à l’échelle mondiale ait sensiblement progressé au cours de la dernière décennie. Le tableau actuel est très diversifié. Il faut se réjouir que certains pays, notamment parmi les plus pauvres d’Afrique, aient décidé d’évoluer dans le bon sens et montrent au monde entier qu’il est possible de s’engager dans une politique de réforme de la gouvernance en un espace de temps relativement court – parfois en moins d’une décennie. Toutefois, d’autres pays n’ont pas suivi le mouvement ou ont même vu leur situation se détériorer. » Durant cette même période, la gouvernance s’est manifestement dégradée dans des pays tels que la Côte d'Ivoire, le Zimbabwe et le Venezuela. Le rapport souligne que les indicateurs ne constituent pas un classement précis des pays sur le plan international. Selon un rapport intitulé « A Decade of Measuring the Quality of Governance » (Une décennie passée à mesurer la qualité de la gouvernance) et qui accompagne le recueil annuel détaillé des indicateurs, « les décideurs politiques et les universitaires conviennent de l’importance d’une bonne gouvernance pour le développement économique». [L]e « dividende en termes de développement » qui s’en dégage est énorme. S’appuyant sur les indicateurs mondiaux, les chercheurs estiment que, pour une amélioration de la gouvernance d’un écart-type, le revenu est pratiquement triplé sur le long terme et la mortalité infantile recule de deux tiers. » Selon l’Institut de la Banque mondiale, les recherches démontrent l’importance d’une bonne gouvernance pour assurer l’efficacité de l’aide en général, ainsi que la réussite ou l’échec des projets de la Banque mondiale en particulier. Le rapport complet sur les indicateurs mondiaux de la gouvernance, intitulé « Governance Matters VI » (Questions de gouvernance 2006), indique comment sont établis les six indicateurs globaux. Basés sur 33 sources de données individuelles et des centaines de variables, ils rendent compte de la perception de dizaines de milliers de ménages et d’entreprises interrogés dans le cadre d’enquêtes d’opinion, et incluent des centaines d’organisations non gouvernementales, des experts du secteur public et des fournisseurs d’informations sur les entreprises commerciales dans le monde entier. Les indicateurs mesurent les composantes suivantes : Être à l’écoute et rendre compte, Stabilité politique et absence de violence et terrorisme, Efficacité des pouvoirs publics, Qualité de la réglementation, État de droit et Maîtrise de la corruption. Le nouveau recueil et rapport 2007, ainsi que le site Web entièrement remanié et interactif, présentent tous les résultats des indicateurs de gouvernance, qui portent sur 212 pays et territoires pour la période de 1996 à 2006. Les indicateurs mondiaux de la gouvernance sont le fruit d’un projet de recherche effectué sur une période de dix ans et ne représentent pas un classement officiel établi par la Banque mondiale. De même, ils ne reflètent pas nécessairement l’opinion officielle de la Banque et ne sont pas pris en considération lors de la répartition des ressources financières entre les pays. « Celle-ci dépend des évaluations de la politique et des institutions nationales des pays membres de l’IDA [l’Association internationale de développement, une branche de la Banque mondiale], dont se chargent depuis longtemps les représentants de l’IDA, » a déclaré Aart Kraay, coauteur du rapport. Kaufmann, Kraay et un troisième coauteur, Massimo Mastruzzi, soucieux de faire preuve de transparence dans leur travail, signalent que le site Web nouvellement refondu sur les indicateurs mondiaux de la gouvernance (www.govindicators.org) offre un accès complet aux indicateurs individuels qui sous-tendent les indicateurs composites. Ils recommandent aussi d’éviter toute comparaison superficielle ou simplification hâtive qui mettraient en valeur les petites différences survenant avec le temps et d’un pays à l’autre. Selon eux, les utilisateurs doivent tenir compte des marges d’erreur clairement indiquées à côté des scores de chaque pays. Les données indiquées visent à établir une norme de transparence, expliquent les auteurs, notant qu'ils ont soumis leurs exposés sur les indicateurs mondiaux de la gouvernance à des publications revues par des comités de lecture et des publications de chapitres dans des livres. Les indicateurs mondiaux de la gouvernance ont soulevé des débats et des discussions, aussi bien à propos de leurs potentiels que de leurs limites concernant le suivi de la gouvernance nationale et l’appui aux stratégies d’un pays particulier en matière de réformes. Les auteurs soulignent que les données sur les indicateurs composites ne sont qu’un point de départ permettant d’identifier les points forts, les vulnérabilités et les tendances générales du mode de gouvernance d’un pays et de réfléchir à la situation dans des contextes politiques spécifiques. Selon eux, la prochaine étape majeure consistera à examiner les sources de données individuelles et les variables qui ont permis d’élaborer les indicateurs mondiaux de la gouvernance, afin d’obtenir un tableau plus ventilé. Il serait aussi judicieux de s’appuyer sur un système de mesures nationales et des outils d’évaluation complémentaires, tels que les diagnostics sur la gouvernance et la lutte anti-corruption au niveau national, qui ont déjà été réalisés dans plus de 20 pays en collaboration avec des parties prenantes et des institutions nationales. www.worldbank.org/wbi/governance/diagnostics Kaufmann a indiqué que les pays en développement ne sont pas les seuls à être touchés par des problèmes de gouvernance. Selon lui, les tout derniers indicateurs mondiaux montrent qu’un certain nombre d’économies émergentes affichent de meilleurs résultats sur le plan de la gouvernance et du contrôle de la corruption que quelques pays riches industrialisés. Il cite notamment les travaux de recherche qui font apparaître que de nombreuses multinationales ayant leur siège dans un pays de l’OCDE font encore usage de pots de vin sur les marchés émergents. Il a ajouté que, « même si les indicateurs mondiaux de la gouvernance n’évaluent les pays que sur le plan de la gouvernance, à l’exclusion des institutions financières internationales, nous reconnaissons expressément que nous devons mettre en pratique ce que nous prêchons, nous efforcer d’instaurer des normes de gouvernance exemplaires au sein de notre propre institution, afin de promouvoir une politique de réformes et un réel changement sur le plan de la gouvernance interne. » | ||
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