les préconisations du CAE sur le SMIC

le site Médiapart dévoile le pré-rapport du Conseil d'analyse économique qui préconise de renoncer à l'indexation du SMIC sur le salaire ouvrier et suggère la mise en place d'un SMIC jeunes.

les principales propositions du rapport sont :

  1. Freiner la hausse du salaire minimum,
  2. instaurer un SMIC jeunes
  3. et renoncer à la mise sous condition des allégements de charges
voilà les propositions-chocs, et quelque peu embarrassantes, que le Conseil d'analyse économique (CAE) doit soumettre au Premier ministre dans les prochains jours, sous la forme d'un rapport intitulé « SMIC, revenu minimal et coût du travail : quelle articulation pour combiner justice sociale, incitation au travail et compétitivité ? ».

la proposition de création d'un SMIC jeune repose sur une logique néo-classique :

le niveau du SMIC pénalise l'emploi des jeunes et ne réduit pas les inégalités l'instauration d'un SMIC jeunes, faciliterait l'insertion des moins de 25 ans sur le marché du travail. Il se justifierait par des « différences de productivité » et des « considérations d'équité » entre les générations, la norme sociale voulant « qu'un jeune soit moins payé qu'un vieux, à productivité égale ». Le problème observé en Italie sur lequel travaille Louis chauvel (diaporama ici)est de savoir si pour faciliter l'insertion des jeunes un accroissement des inégalités (encore plus important que celui qui existe déja ) est souhaitable


Pour freiner la hausse du salaire minimum le rapport préconise :

une remise en cause de la procédure d'indexation : Actuellement, celui-ci est augmenté le 1er juillet, en fonction de la hausse des prix de mai à mai et de la moitié des gains de pouvoir d'achat du salaire ouvrier (SHBO). Les économistes proposent de supprimer ce deuxième critère, ce qui serait loin d'être anodin : appliquée l'an dernier, cette décision aurait limité la hausse du SMIC à 1,2 %, au lieu de 2,1 %. Certaines années, comme en 2000, la revalorisation aurait même été inférieure, de près de 2 points, à celle ayant effectivement eu lieu.


UN RAPPORT DE L'OCDE intitulé : Etude économique de l'Allemagne 2008

va dans le même sens que celui du CAE en indiquant : "En ce qui concerne la demande de main-d’œuvre, il est très important d’atténuer la rigueur de la législation de protection de l’emploi pour les contrats réguliers et d’éviter les minima salariaux trop élevés. Les mesures prévues pour restreindre encore les possibilités de retraite anticipée sont de nature à accroître les taux d’emploi des travailleurs âgés et devraient être appliquées sans tarder.

pour Télécharger la Synthèse (en pdf).

cette vision est contestée par J Monks dans libération :

"A commencer par l’effondrement du pouvoir d’achat des travailleurs qui coincide avec l’explosion des profits des actionnaires et des grands patrons. Les inégalités salariales explosent, et l’on devrait rester silencieux? Il est intolérable, scandaleux, de voir que la part des salaires a fondu de plus de 3% dans les revenus nationaux en douze ans. Ils sont passés de 60% en 1995 à 57% en 2007.

Est-il plus difficile de faire entendre ce genre de revendications à l’heure où retentissent les sirènes de la rigueur?
Non, parce que cette tendance n’est pas liée aux conséquences de la crise des subprimes. Elle est lourde et continuelle depuis le début du millénaire; dans tous les pays européens, on assiste à un moins disant social: la montée des contrats précaires, des emplois à temps partiels, la révision du code du travail, le recul de l’âge de la retraite. Les trois quarts des nouveaux emplois en France sont sur des bases de contrats à durée déterminée. Et 6 millions d’Allemands sont payés à des salaires aux deux tiers plus bas que les salaires moyens. Les mauvais emplois succèdent aux bons jobs, cette tendance est endémique. La réalité, c’est que les employeurs ont fait passer le poids des risques sur leurs salariés, tout en s’enrichissant comme jamais. Celui qui paie, ce n’est plus l’actionnaire ou le boss, c’est le travailleur. Et ça, c’est nouveau."

pour lire : «Les inégalités salariales explosent, et on devrait rester silencieux?»

Dans une tribune PA Muet écrivait :

"Le smic écrase-t-il la hiérarchie des salaires ? Non. Comme le montrent les rapports successifs du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale, la hiérarchie des salaires est comparable en France à celle des autres pays européens et beaucoup moins resserrée qu'en Europe du Nord. Le rapport du salaire moyen des 10 % de salariés les moins bien payés au salaire médian est comparable en France à celui des autres pays européens. Ce que le smic empêche, c'est l'apparition de très bas salaires conduisant à la pauvreté au travail. C'est d'ailleurs pour cette raison que dans des pays où l'on s'en remettait jusqu'ici aux seules conventions collectives pour fixer les salaires, comme l'Allemagne, on envisage désormais l'instauration d'un salaire minimum pour éviter les abus et l'apparition de travailleurs pauvres dans des secteurs peu syndiqués.(...)
En empêchant l'apparition d'emplois à très bas salaires, le smic nuit-il à l'emploi ? Comme l'ont montré nombre d'études, les allégements de cotisations sur les bas salaires ont eu pour conséquence d'empêcher que les hausses du smic ne se répercutent en augmentation du coût du travail. De ce fait, même dans la première moitié des années 2000 où le smic horaire a progressé rapidement en raison de la convergence des différents salaires minima, la hausse est restée inférieure à celle de la productivité du travail.
Les exemples étrangers ne confortent d'ailleurs guère la vision selon laquelle l'existence d'un salaire minimum réduirait l'emploi. Aucun effet n'a pu être mis en évidence au Royaume-Uni depuis l'instauration d'un salaire minimum et certains travaux soulignent même des effets opposés : l'instauration d'un salaire minimum peut dans des secteurs où existe une pénurie de main-d'oeuvre attirer des salariés et augmenter l'emploi.
"
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