Sujets et corrigés du bac Blanc

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et leurs corrigés :

Correction de la question de synthèse

I – Travail préparatoire

  1. Aux Etats-Unis , en 2007 , le rapport interdécile est de 15,9 : les revenus des 10 % les plus riches sont 15,9 fois supérieurs à ceux des 10 % les plus pauvres : Revenus des 10% les plus riches

Revenus des 10% les plus pauvres

En Corée du Sud en 2007 , le taux d’ouverture est de 41 % : la moyenne des importations et des exportations est de 41 % du PIB : ( M+X) /2 x 100

PIB

  1. Il n’ y a pas de relation systématique entre indicateurs d’ouverture et d’inégalité :
    • Des pays peu ouverts peuvent avoir des inégalités fortes : les EU ont un taux d’ouverture faible ( 12,5 % du PIB ) et des inégalités fortes pour un PDEM : un rapport interdécile de 15,9 et un coefficient de Gini de 40,8 % ( éloigné de 0 )
    • Le Japon qui a un même taux d’ouverture ( 12% ) a des inégalités très faibles : un rapport interdécile de 4,5 un coefficient de Gini de 24,9 %
    • Des pays très ouverts peuvent avoir des inégalités fortes : la Bolivie a un taux d’ouverture fort ( 34,5% du PIB et des inégalités fortes ( un rapport interdécile de 168,1)
    • Ou très faibles : la Corée du Sud a un taux d’ouverture de 41% et un rapport interdécile de 7,8

  1. La trajectoire des pays d’Asie du sud-est confirme l’analyse libérale qui considère que l’insertion dans le commerce mondial est le seul moyen pour augmenter les richesses , améliorer le sort de la population et réduire les inégalités .

A priori , le document B vérifie cette affirmation : depuis le début des années 80 , caractérisé par une accélération de la mondialisation , les inégalités dans le monde ( Chine comprise) ont diminué : le coefficient de Gini est passé de 0,62 en 80 à 0,52 en 1998 .

Mais cette réduction mondiale des inégalités s’explique essentiellement par la croissance et le développement de la Chine . Quand on étudie les données hors Chine , on se rend compte que les inégalités dans le monde ( coef de Gini passe de 0,5 en 82 à 0,57 en 98 ) et entre pays ( le coef de Gini passe de 0,42 à 0,47 ) ont augmenté

  1. Certes , pour l’auteur , la mondialisation peut être une condition nécessaire pour assurer la réduction des inégalités : les pays d’Asie du sud-est en sont la preuve . La réduction des inégalités a été assurée par l’insertion dans les échanges internationaux par le biais de 2 canaux : la stratégie de promotion d’exportations leur a permis d'accroître leurs recettes d’exportations et donc leur croissance économique ; l’appel aux IDE leur a permis d’accéder aux technologies modernes . Cela leur assure alors un rattrapage des pays riches .

Mais ce n’est pas une condition suffisante : d’autres facteurs doivent être pris en compte et doivent être un préalable pour que l’ouverture se traduise par une réduction des inégalités .Les effets de l’ouverture sur les inégalités dépendent en fin de compte des politiques économiques et de la manière dont sont répartis les fruits de la croissance . Si l’Etat les utilise pour financer des dépenses d’infrastructures scolaires ou sanitaires , les inégalités diminuent . Si l’augmentation des richesses ne profitent qu’à une minorité , les inégalités restent stables voire augmentent .

Tous les pays ne connaissent donc pas une réduction des inégalités avec l’insertion dans le commerce mondial : les pays à faible revenu ne connaissent pas de corrélation entre ouverture et réduction des inégalités .

  1. L’auteur du texte utilise la théorie de la dégradation des termes de l’échange de Prebisch et Singer pour expliquer que l’ouverture n’améliore pas rapidement et durablement le sort de la population .

D’après l’analyse libérale , chaque pays doit se spécialiser dans une production . Selon Ricardo , le pays se spécialise là où il a un avantage comparatif , c’est-à-dire là où ses coûts relatifs sont les plus faibles . Heckser-Ohlin dans la théorie des dotations factorielles considèrent que les coûts de production relatifs les plus faibles se trouvent pour la production qui utilise relativement plus le facteur de production bon marché car abondant .

Ainsi , les PVD bien dotés en ressources naturelles vont se spécialiser dans la production de biens primaires . Certes dans un premier temps cette insertion internationale est positive puisqu’elle génère une hausse des recettes d’exportation et de la croissance . Mais ces effets positifs ne sont pas durables . En effet , le marché des produits de base ( excepté pour le pétrole) est globalement excédentaire : la demande y est supérieure à l’offre . Le prix des produits primaires tend donc à baisser . Parallélement , le marché des biens manufacturés est un marché demandeur : la demande y est plus forte que l’offre , les prix tendent à augmenter .

Ainsi , les pays qui se sont spécialisés dans les produits primaires voient leurs recettes d’exportation diminuer : même si les quantités exportées augmentent , comme le prix diminue , la valeur baisse . Mais la valeur de leur importation augmente . Il y a alors dégradation des termes de l’échange : le prix des exportations diminue alors que celui des importations augmente : le pays doit toujours exporter davantage pour obtenir la même quantité de biens importés . Cela génère alors une croissance appauvrissante ( théorie de l’échange inégal d’A.Emmanuel ) : le pays augmente sa production , mais elle n’en voit pas les conséquences positives : celle-ci lui sert à acheter la même quantité d’importations .

  1. Le passage souligné critique la courbe de Kuznets qui relie PIB/hab et inégalités . Cette courbe a une forme de U renversé : quand le PIB/hab est faible , il y a peu d’inégalités car tout le pays étant pauvre , le surplus que pourrait s’approprier une minorité est réduit ; ensuite quand le PIB/hab augmente , les inégalités s’accroissent car certaines régions ( façade pacifique en Chine ) et catégories ( dans l’industrie et les services ) profitent de la croissance , alors que d’autres ( les paysans dans l’intérieur des terres en Chine ) perpétuent les modes de production traditionnels et ne bénéficient pas de la croissance . Puis dans un second temps , croissance et réduction des inégalités sont corrélées , notamment grâce à la généralisation du nouveau modèle de croissance à l’ensemble de l’économie et l’apparition de valeurs post-matérialistes.

Or , selon certaines études , il faudrait parler de courbe en U : entre 1945 et le début des années 70 , les inégalités dans les PDEM et certains PED ont baissé : le pourcent le plus riche gagnait près de 20% des revenus au début du siècle en France et aux EU ; à la fin des années 70 , ce n’était plus que 8% . Mais depuis cette date , les inégalités réaugmentent .

  1. Tout au long du XX° siècle , les inégalités internes et internationales ont évolué dans des sens différents :

- Au XIX° siècle , les inégalités de revenu étaient surtout des inégalités à l’intérieur d’un pays

- Jusqu’à la première moitié du XX° , les inégalités à l’intérieur d’un pays ont diminué , alors que celles entre pays ont augmenté ( en raison de la régulation fordiste dans les PDEM et du développement du sous-développement dans certains PVD )

- Au cours des 20 dernières années , c’est le contraire qui s’est produit : les inégalités entre pays diminuent , alors que celles à l’intérieur des pays augmentent ( crise de la régulation fordiste et développement d’un modèle libéral dans les PDEM , croissance des pays d’Asie du sud-est , en particulier )

II- Question de synthèse

I. Selon les libéraux , l’insertion dans la mondialisation est une condition nécessaire et suffisante pour assurer la réduction des inégalités

Selon les libéraux l’ouverture assure de la croissance qui génère automatiquement développement et réduction des inégalités tant à l’intérieur du pays qu’entre pays. On note en effet une corrélation entre ouverture des économies et réduction des inégalités

A. Constat

1. La réduction des inégalités entre pays au niveau mondial

Depuis le début des années 80 , marqué par une accélération de la mondialisation , les inégalités au niveau du monde diminuent : le coef de Gini est passé de 0,62 en 1980 à 0,52 en 1998 ( doc 2 B )

2. La réduction des inégalités au sein d’un pays

Cette réduction des inégalités au niveau mondial est corrélée avec une diminution des inégalités à l’intérieur des pays

a. Analyse longitudinale ( doc 4 )

Pour les PDEM , on note une réduction des inégalités tout au long du début de la première moitié du XX° siècle : « en France et aux EU , le pour cent le plus riche de la population gagnait près de 20% de la masse salariale totale des revenus du pays au début du siècle précédent , jusqu’à la fin des années 70 , ce rapport avait fondu jusqu’à environ 8% »

b. Analyse transversale ( doc 1 )

Les pays peu ouverts sont inégalitaires : les EU ont un taux d’ouverture de 12,5% , et les 10% les plus riches gagnent 16 fois plus que les 10% les plus pauvres .

En revanche , les pays fortement insérés dans le commerce mondial sont peu inégalitaire : le taux de couverture de la Corée du Sud est de 41% et le revenu des 10% les plus riches est 7,8 supérieur à celui des 10% les plus pauvres .( doc 1 )

Cette relation de corrélation est transformée en relation de causalité par les auteurs libéraux : l’ouverture des économies génère de la croissance qui entraîne une réduction des inégalités

B. Explications

1. L’ouverture génère de la croissance

- selon Ricardo , l’ouverture entraîne une augmentation de la concurrence : les pays doivent abandonner certaines activités peu compétitives et se concentrer sur d’autres ; chaque pays se spécialise donc .Cette spécialisation repose sur un avantage comparatif : le pays se spécialise dans la production où le coût relatif est le plus faible

- d’après Heckser-Ohlin , le coût relatif dépend de la dotation factorielle : le pays doit produire le bien qui utilise de manière relativement importante le facteur bon marché qui d’après la loi de l’offre et de la demande est le facteur de production abondant

- ainsi , les pays abandonnent les productions sur lesquelles ils n’étaient pas efficaces et concentrent leurs efforts sur les activités où ils sont les plus productifs : cette allocation optimale des facteurs de production engendre ainsi une augmentation générale de la productivité

- celle-ci permet alors de produire davantage avec la même quantité de facteurs de production : il y a donc croissance économique intensive : les pays d’Asie du sud-est en sont un bon exemple avec leur stratégie de promotion des exportations qui leur a permis de rattraper les pays riches ( doc 2)

2. Qui assure la réduction des inégalités

La mondialisation et la croissance entraînent alors une réduction des inégalités tant au niveau mondial qu’à l’intérieur d’un pays

a. Une réduction des inégalités entre pays

v Car ce sont les plus pauvres qui gagnent le plus à l’échange international

- Cela est expliqué par J.S.Mill quand il détermine le rapport d’échange international . Certes avant l’échange international , chaque pays a son propre rapport . Dès que les pays commercent , il n’y en a plus qu’un , compris entre les deux rapports d’échange nationaux . La fixation de celui-ci repose sur la loi de l’offre et de la demande d’après Mill . Plus un produit sera demandé et plus son offre sera faible , plus le prix sera élevé

- ce sont ainsi les plus pauvres qui vont gagner à l’échange : comme ils ont des revenus faibles , ils ont des capacités de production limités ; ils ne peuvent donc pas exporter beaucoup . De même leurs capacités d’achat sont faibles : ils importent peu .

- dans ces conditions , le rapport d’échange sera favorable aux pays pauvres : la valeur de leurs exportations augmente plus vite que celle des pays riches ; leur croissance économique est alors plus rapide que celle des pays développés , ce qui leur permet de rattraper peu à peu leur retard .

v Car les rémunérations des facteurs de production se rapprochent

- la mondialisation entraîne donc une transformation des prix des produits , elle engendre aussi une évolution du prix des facteurs de production

- En effet , au départ , d’après HO , chaque pays se spécialise dans la production qui utilise relativement plus du facteur bon marché et relativement moins du facteur cher . Or en se spécialisant , selon Samuelson , la demande du facteur abondant augmente , il devient alors relativement rare et donc cher . En revanche , la demande du facteur rare diminue , il devient relativement abondant et son prix diminue .

- ainsi selon Stolper une convergence des économies apparaît : les pays au départ riches en travail avaient des niveaux de salaires faibles et des taux d’intérêt fort ; les pays riches en capital des taux d’intérêt faibles et des salaires élevés . La mondialisation entraîne chez les pays riches en travail une hausse des salaires et une baisse des taux d’intérêt , chez les pays riches en capital une hausse des taux d’intérêt et une baisse des salaires . Ainsi , peu à peu , la mondialisation entraîne une égalisation des rémunérations des facteurs de production au niveau mondial

b. Une réduction des inégalités à l’intérieur des pays

v La croissance génère une réduction des inégalités

- c’est la courbe de Kusnets : à partir d’un certain seuil de PIB/hab , les inégalités diminuent . Car :

- les plus riches acceptent de partager car la croissance économique est assez forte pour permettre une augmentation rapide de tous les revenus

- d’autant plus que les valeurs post-matérialistes deviennent dominantes : l’objectif n’est plus quantitatif ( avoir beaucoup de bien ) , mais qualitatif . Les valeurs comme l’égalité apparaissent

v Accentuée par l’ouverture

- ces valeurs développées par les PDEM vont se propager dans les autres pays par la mondialisation

- car celle-ci ne concerne pas seulement les échanges de biens et services , mais aussi les hommes et les idées . La mondialisation culturelle entraîne ainsi l’adoption des valeurs occidentales comme la liberté et l’égalité dans tous les pays du monde .

Ainsi , selon les libéraux l’ouverture est une condition nécessaire et suffisante pour assurer croissance et réduction des inégalités . Cette conception paraît toutefois beaucoup trop optimiste : il n’ y a en effet pas de corrélation systématique entre ouverture et réduction des inégalités . Car le modèle des libéraux repose sur des hypothèses très contraignantes qui ne correspondent pas à la réalité .

II. Mais en réalité , elle n’est ni suffisante , ni nécessaire

A. L’ouverture n’est pas suffisante pour assurer la réduction des inégalités

1. Constat ( doc 1 )

On remarque , en effet , qu’un même niveau de taux d’ouverture peut être corrélé avec des niveaux d’inégalités très différentes : Japon et EU ont le même taux d’ouverture ( 12% ) , mais le rapport interdécile est 3 fois plus élevé aux EU qu’au Japon ( 15,9 contre 4,5 ) et le coefficient de Gini y est plus élevé .

Il n’ y a donc pas de relation automatique entre hausse du taux d’ouverture et réduction des inégalités : la Bolivie a un taux d’ouverture plus élevé que la France ( 34,5% contre 26 % ), mais des inégalités beaucoup plus fortes ( rapport interdécile de 168,1 contre 9 )

2. Explications

Cela montre donc que l’ouverture peut assurer une certaine réduction des inégalités , mais que d’autres facteurs ont aussi une influence . Pour que la croissance générée par l’ouverture se traduise par une réduction des inégalités , certaines conditions sont nécessaires . Il faut notamment que l’Etat intervienne pour que les fruits de la croissance soient répartis équitablement : si une minorité reçoit toute l’augmentation des revenus , les inégalités absolues et relatives vont s’accroître . Le rôle de l’Etat est alors d’opérer des prélèvements sur les plus riches pour financer des dépenses d’infrastructures sanitaires et sociales et d’effectuer une redistribution des revenus .

B. L’ouverture peut entraîner une augmentation des inégalités

Pire l’ouverture peut engendrer une hausse des inégalités entre et à l’intérieur des pays

1. Une augmentation des inégalités entre pays

a. Constat

On remarque qu’en étudiant les inégalités sans la Chine qui a connu une croissance économique exceptionnelle ces dernières années , les inégalités mondiales augmentent depuis le début des années 70 ( doc 2 B) : le coefficient de Gini des inégalités entre pays est passé de 0,42 en 74 à 0,48 en 98

b. Explications : la thèse de la croissance appauvrissante

Cela montre donc que tous les pays ne profitent pas de la même manière de la mondialisation comme l’expliquent Prebisch et Singer ( doc 3 ) . En effet « l’ouverture n’est pas la garantie absolue d’une développement rapide et durable » . Tout dépend du type de spécialisation . Or , d’après HOS , un pays doit se spécialiser dans la production où il a un avantage naturel .

Un pays riche en ressources naturelles doit concentrer tous ses efforts dans cette activité . Certes , à court terme , ses recettes d’exportation et sa croissance augmentent . Mais à moyen et long terme sa situation se dégrade , car les marchés des ressources naturelles sont globalement offreurs : il y a un grand nombre de producteurs et un nombre plus restreint d’acheteurs du fait de la saturation en biens alimentaires et des innovations technologiques qui visent à remplacer les matières premières . Le prix des ressources naturelles ( excepté le pétrole ) tend donc à baisser .

La situation est totalement inverse pour les pays industrialisés : les marchés de produits industriels sont globalement demandeurs : peu de pays offrent ( les seuls pays industrialisés ) et beaucoup de pays en achètent . Le prix de ces produits va alors augmenter .

La mondialisation a alors des effets divergents pour les 2 types de pays : les pays pauvres spécialisés dans les ressources naturelles connaissent une détérioration des termes de l’échange puisque le prix des exportations augmente moins vite que le prix des importations . Le pays doit exporter toujours plus pour obtenir la même quantité de biens importés : c’est la croissance appauvrissante : ces pays augmentent leur production , mais elle profite aux pays riches qui eux connaissent une amélioration des termes de l’échange . En effet , pour les pays industrialisés , le prix des exportations augmente plus vite que le prix des importations : ils exportent toujours moins pour obtenir la même quantité d’importations . C’est ce qui s’est passé pour la France dont l’indice des termes de l’échange est passé de 100 en 2000 à 111 en 2005 ( doc 1 )

A ces inégalités entre pays , il faut ajouter les inégalités à l’intérieur des pays : « au début du XXI° siècle , l’inégalité entre les revenus à l’échelle mondiale provient à quelques 60 % des inégalités internationales et à 40% environ de celles existant entre pays » ( doc 4 )

2. Une augmentation des inégalités à l’intérieur des pays

a. Constat ( doc 4 )

Depuis la fin des années 70 et le début des années 80 , les inégalités dans les pays industrialisés et certains PED augmentent .

b. Explications : la remise en cause de la courbe de Kuznets

C’est donc la remise en cause de la courbe de Kuznets : la relation entre PIB/hab et inégalités n’aurait pas la forme d’un U renversé , mais celle d’un U .

La mondialisation ne ferait donc pas comme l’affirment les libéraux uniquement des gagnants . En réalité , c’est un jeu à somme positive , mais dans lequel il peut y avoir des perdants . Dans les PDEM , les perdants sont les personnes peu qualifiées qui sont en concurrence avec la main d’œuvre bon marché des pays émergents . 2 solutions s’offrent alors aux PDEM : soit adopter la solution américaine qui pour conserver des emplois diminue les salaires , il y a alors création de travailleurs pauvres ; soit adopter la solution française qui conserve le SMIC et décourage les entreprises d’embaucher , il y a alors augmentation du chômage . En revanche , les plus qualifiés y gagnent , au moins pour un temps : leurs qualifications sont rares et ils voient leur salaire augmenter .

C. Un protectionnisme sélectif et à court terme peut donc se révéler utile

L’ouverture n’est donc pas obligatoirement synonyme de réduction des inégalités . Il est parfois intéressant de mener des politiques protectionnistes , certes non de manière durable , mais de manière temporaire .

1. Pour les PVD , un protectionnisme éducateur

Les PVD n’ont pas intérêt à long terme à se spécialiser dans l’exportation des ressources naturelles . Mais comme ils sont en retard , ils sont pas compétitifs pour la production de biens industriels . La solution selon List est de mettre en place des barrières douanières permettant aux industries de devenir plus efficaces . Cela permettrait ainsi aux PVD de rattraper leur retard économique .

2. Pour les PDEM , un protectionnisme défensif ou stratégique

Pour éviter la hausse des inégalités dans leur pays , les PDEM peuvent mettre en place 2 formes de protectionnisme complèmentaires .

Le premier est un protectionnisme défensif visant à atténuer les effets de la mondialisation sur les industries sénescentes : les barrières douanières doivent permettre une reconversion des équipements et des hommes .

Le second est un protectionnisme offensif comme celui proposé par Krugman : donner des subventions pour générer des pôles de compétitivité dans des industries de pointe


La correction de la dissertation : le corrigé des concepteurs :

Corrigé de la dissertation bac blanc 2008

Instructions officielles :

Thème : Travail et emploi

PROGRAMME

NOTIONS ESSENTIELLES

NOTIONS

COMPLÉMENTAIRES

Croissance, progrès technique

et emploi

Marché (de biens et services),

salariat, salaire, coût du travail,

marché du travail, chômage,

précarité, flexibilité

Rendements croissants,

marchés interne/externe du

travail

Indications complémentaires

On montrera comment s'articulent gains de productivité et extension des marchés en examinant les rôles de la formation des prix et de la demande de biens et services : l'accent sera mis sur les effets de la baisse des prix et de l'augmentation des revenus réels. On soulignera que ces mécanismes qui déterminent la croissance économique en rendant compatible l'accroissement de l'offre avec celui de la demande peuvent se révéler défaillants, auquel cas la demande ne suit pas l'offre et le chômage se développe. Cette question sera discutée en se référant aux conditions de la répartition de la valeur ajoutée (rapports de forces, choix de politique économique).

On discutera de la relation qu'entretient le progrès technique avec l'emploi. On s'interrogera sur les conditions dans lesquelles les gains de productivité, associés aux nouvelles technologies, peuvent se traduire par des baisses de prix et des hausses de salaires entraînant des accroissements de la demande et du volume de l'emploi. Cela permettra de montrer que les nouvelles technologies n'ont pas par elles-mêmes d'effets négatifs sur le volume de l'emploi à moyen et long terme.

La question de la flexibilité du travail sera débattue dans ses différentes dimensions (adaptabilité des conditions de travail dans l'entreprise, mobilité professionnelle et géographique, variabilité des salaires) en relation avec les conditions de la croissance. En s'appuyant sur des exemples, on soulignera la complexité des relations entre' la flexibilité et l'emploi. On pourra ainsi montrer que, lorsqu'elle permet une meilleure affectation des ressources, la flexibilité est favorable à l'emploi et la croissance, alors qu'elle leur devient défavorable quand elle conduit à une amplification des inégalités. C'est ce qu'on observe quand une vulnérabilité accrue de la main d'œuvre devient préjudiciable à la demande et à l'acquisition de nouvelles qualifications.

Éléments de corrigé

Approche du sujet

Le sujet

Le marché du travail en France est marqué depuis le début des années 80 par le maintien d'un taux de chômage à un niveau élevé. La création d'emplois (notion de création nette = création d'emplois – disparition d'emplois c'est à dire augmentation du stock d'emplois) est insuffisante pour donner un emploi à l'ensemble de la population active. Face à la concurrence internationale croissante, il faut trouver des solutions efficaces pour créer les emplois nécessaires en améliorant la compétitivité de nos entreprises. Pour les libéraux, la diminution du coût du travail (salaires + cotisations sociales) permet d'améliorer la rentabilité et la compétitivité de nos entreprises et ainsi de créer des emplois.

La problématique :

Dans un contexte de mondialisation ( concurrence exarcerbée er risque de délocalisations) , la baisse du coût du travail ( baisse des salaires et/ou baisse des cotisations sociales et/ou augmentation de l’efficacité du travail) est certes une condition nécessaire mais est-elle suffisante , en particulier ne risque-t-elle pas de générer des effets pervers ( démotivation , baisse de la qualité de la main d’œuvre nuisant à la compétitivité hors-prix ?


Analyse du dossier documentaire : les exigences du correcteur

Document 1

  • Nécessité de diminuer le coût du travail pour certaines catégories de salariés.
  • Politique de diminution des cotisations sociales depuis 93 sur les bas salaires.
  • Elle a des effets pervers : difficultés de financement de la protection sociale.

Document 2

  • Capacité à lire le graphique.
  • La politique de réduction du coût du travail débouche depuis 94 sur des créations d'emplois non qualifiés.
  • Effet indirect positif sur la création d'emplois qualifiés du fait de l'amélioration de la rentabilité de l'entreprise (à valoriser).
  • S'interroger sur l'impact d'autres éléments : exemple rôle joué par la croissance économique (à valoriser).

Document 3

  • Impossibilité d'avoir une compétitivité prix correcte par rapport à certains PED même en réduisant le coût du travail 4 nécessité de jouer sur la compétitivité hors-prix.
  • La réduction du coût du travail est surtout efficace pour la création d'emplois de proximité avec un faible niveau de qualification.

Document 4

  • Capacité à lire les indices.
  • Le coût du travail en France est beaucoup plus élevé que celui des pays du sud de l'Europe è concurrence directe dans le cadre de l'UE.
  • Mais il est proche de celui des PDEM de niveau de développement équivalent.
  • Par ailleurs, il faut tenir compte également du niveau de productivité horaire qui est meilleur en France que dans les autres pays à coût du travail plus faible.
  • Enfin, il est très difficile d'établir un lien direct entre niveau du coût du travail et niveau de chômage (exemple : Japon/Espagne)

Document 5

  • Notion de création nette d'emplois.
  • Le poids dans nos échanges des pays émergents qui ont un coût du travail très faible est très limité è ces échanges ne sont donc pas la source de destruction massive d'emplois en France.
  • D'une manière générale les échanges internationaux ne suppriment pas des emplois en France è le manque d'emplois n'est donc pas dû exclusivement à un niveau trop élevé de nos coûts salariaux par rapport aux autres pays.

Document 6

  • La politique de baisse des coûts du travail (flexibilité salariale) dégrade les conditions de travail et entraîne une montée des conflits.
  • Elle peut également être responsable de l'affaiblissement de la demande intérieure qui pèse sur la croissance et donc sur l'emploi (référence à Keynes à valoriser).

Proposition de plan

I/ Une baisse du coût du travail peut permettre de créer des emplois

A. Un coût du travail trop élevé en France conduit à des pertes d'emplois

1) L'analyse libérale

  • Pour l'analyse libérale, seule une flexibilité du coût du travail à la baisse peut permettre une augmentation de la demande de travail de la part des entreprises.
  • Le coût marginal du travail pour les salariés non qualifiés est supérieur à leur productivité marginale chômage des jeunes, des salariés âgés peu ou mal qualifiés (document 2) (à valoriser).
  • D'une manière générale, le coût du travail trop élevé dégrade la rentabilité des entreprises et les pousse à modifier leur combinaison productive en substituant du capital au travail lorsque les conditions techniques sont réunies (à valoriser).
  • Mais aussi comme elles sont soumises à la concurrence étrangère : le coût du travail doit être inférieur à celui des concurrents sous peine de délocalisation des usines , le cotisation sociales sont un réel handicap pour les entreprises françaises et des pays européens en raison de l’absence d’Etat Providence dans les PVD ou NPI

2) Sa vérification en France.

  • Le coût du travail des Français par rapport à certains pays est beaucoup trop élevé même au sein de l'Europe (exemples : Portugal, Espagne, document 4)
  • et surtout par rapport à la Chine ou à l'Inde (documents 3 et 6).

Dans un contexte d'économie mondialisée, cela entraîne un manque de compétitivité des entreprises françaises par rapport aux entreprises étrangères= délocalisation ou augmentation de l'intensité capitalistique. Ceci est surtout vrai pour le travail non qualifié.

B. Il faut donc réduire le coût du travail pour créer des emplois.

1) Les solutions préconisées.

On cherche à diminuer le coût du travail tout en préservant le salaire net perçu par les salariés ce qui se traduit par :

  • Subventions de l'État pour favoriser l'employabilité de certains travailleurs : les femmes à temps partiel, les jeunes, les salariés âgés, les non qualifiés dont la productivité marginale est inférieure au salaire minimum pour les libéraux (document 1) ;
  • Diminution des charges sociales sur les bas salaires depuis 1993 (document 1) pour encourager la création d'emplois non qualifiés en particulier dans les services de proximité (document 3).

2) Les résultats de cette politique de réduction du coût du travail.

Alors que l'on constatait une diminution des emplois non qualifiés de 1984 à 1994, les politiques d'exonération de cotisations sociales sur les bas salaires mises en place à partir de 1993 ont permis une augmentation des emplois non qualifiés depuis 1994 (document 2). En améliorant la rentabilité globale des entreprises, elles ont d'ailleurs également été favorables à la création d'emplois qualifiés depuis 1994 (document 2).

Il Mais la baisse du coût du travail n'a qu'une efficacité limitée et peut avoir des effets pervers sur la création d'emplois.

A. La baisse du coût du travail n'a qu'une efficacité limitée sur la création d'emplois.

1) La baisse du coût du travail ne sera jamais suffisante pour concurrencer le niveau du coût du travail dans les PED‑

On ne peut concurrencer les PED sur la production de biens utilisant des emplois non qualifiés car leurs coûts salariaux sont beaucoup plus faibles que les nôtres (document 3). De plus, nos échanges se font essentiellement avec les PDEM (document 6) et nos coûts salariaux ne sont pas plus élevés que ceux de nos principaux concurrents (document 4, Allemagne, Pays-Bas, R.U., USA). On s'aperçoit d'ailleurs dans le document 6 que le commerce international n'est pas destructeur net d'emplois en France.

2) Le coût du travail n'est pas le seul élément à prendre en compte dans la compétitivité de nos produits.

Il faut également tenir compte de la productivité horaire des salariés qui, plus élevée dans certains pays, permet de rester compétitif malgré des coûts salariaux élevés (Pays-Bas et a contrario Espagne). De plus, il vaut mieux se spécialiser dans les emplois très qualifiés pour produire des biens à haute valeur ajoutée qui sont le créneau le plus porteur sur le marché international. On s'aperçoit d'ailleurs que le potentiel de croissance des emplois qualifiés est important (document 2).

Ceci explique qu'il est très difficile de faire un lien direct entre niveau de coût de travail et taux de chômage (document 4).

B. La baisse du coût du travail peut avoir des effets pervers.

1) Au niveau de l'entreprise.

  • Elle peut entraîner le découragement et la démotivation des travailleurs ce qui entraîne une diminution de la productivité du travail (analyse du salaire d'efficience, à valoriser).
  • La diminution ou la stagnation des salaires joue un rôle dépressif sur la demande des ménages (document 5) ce qui limite les débouchés des entreprises et peut entraîner un chômage keynésien.
  • Elle peut ne pas encourager les entreprises à moderniser leur appareil productif pour le rendre plus compétitif.

2) Au niveau des salariés.

  • Elle dégrade les conditions de travail (document 5).
  • En étant centrée sur les salariés non qualifiés, la politique de réduction du coût du travail peut entraîner une augmentation des inégalités (développement des emplois de proximité – document 3) et des effets de seuil (à valoriser).
  • La diminution des cotisations sociales des entreprises accroît les difficultés de financement de la protection sociale (document 1) et oblige à revoir à la baisse les dépenses sociales ce qui peut entraîner pour les salariés une moins bonne couverture des risques sociaux et une dégradation de la qualité du capital humain (à valoriser).

Conclusion

Plusieurs types d'ouvertures sont possibles sur ce sujet :

  • Dans un contexte d'économie mondialisée comment la France peut-elle concilier création d'emplois et maintien de conditions de travail non précaires ?
  • Dans un contexte d'économie mondialisée, pour créer des emplois, il faut davantage miser sur l'amélioration de la compétitivité structurelle par une politique dynamique en matière de recherche et développement.


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