un excellent rapport du CES (très complet sur : LA CROISSANCE POTENTIELLE ET LE
DÉVELOPPEMENT

Le fait que les États-Unis bénéficient depuis une quinzaine d’années d’une
croissance plus dynamique que l’Europe et recreusent ainsi leur avance en
termes de niveau de vie alimente une réflexion sur l’existence d’un « décrochage
européen ». On rappellera toutefois que cette thèse du « déclin » européen avait
été précédée, il y a deux ou trois décennies, de la thèse inverse du « déclin »
américain, suscitée par la dynamique plus forte à l’oeuvre à l’époque sur le
« Vieux Continent » mais aussi au Japon. On pourrait, dans ces conditions,
considérer que ce renversement de tendance traduit simplement un décalage dans
la « conjoncture longue » entre les deux rives de l’Atlantique et espérer que les
progrès de productivité constatés depuis le milieu des années 1990 aux
États-Unis se manifesteront tôt ou tard en Europe.
Il n’en reste pas moins que c’est sur la base du « retard » que prenaient
alors les Quinze que les chefs d’État et de gouvernement européens ont décidé à
Lisbonne, en mars 2000, de donner à l’Union l’objectif stratégique consistant à
devenir, à l’échéance de 2010, « l’économie de la connaissance la plus
compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance
économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative
de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ». La médiocrité des résultats
obtenus a conduit le Conseil européen du printemps 2005 à une réduction des
ambitions initiales de cette stratégie et à un « recentrage » de ses priorités sur des
aspects économiques qui n’est pas sans provoquer des inquiétudes quant à la
poursuite effective des objectifs sociaux et environnementaux de l’Union.
Notre époque est marquée par les bouleversements dus à l’accélération des
mutations technologiques, à la montée des pays émergents, à la globalisation et à
la financiarisation de l’économie, par le maintien ou l’aggravation des inégalités
entre certaines zones et à l’intérieur de certains pays, par des atteintes croissantes
à l’environnement. L’évolution démographique se traduit par la montée du poids
d’autres pays dans la population mondiale et par un vieillissement de la
population qui touche notamment l’Europe, la France bénéficiant cependant
d’une situation plus favorable que d’autres pays de l’Union en raison d’un taux

de natalité supérieur. L’allongement de la durée de vie, fruit d’un progrès de
civilisation, tend à réduire la proportion d’actifs et crée des besoins croissants de
santé et de prise en charge des personnes âgées.
Il en résulte pour notre pays comme pour l’Europe dans son ensemble
plusieurs défis qui doivent être relevés si l’on souhaite promouvoir un
développement durable et solidaire : retrouver les voies d’une croissance plus
dynamique ; lutter contre le chômage de masse ; consolider la cohésion et la
protection sociales ; être à l’initiative dans la protection de l’environnement

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