le 8 mars journée de la femme


Le 8 mars, journée internationale des femmes, est toujours l’occasion de parler des femmes : une fois par an, mais… une fois par an seulement. Cette année, en pleine campagne électorale, on peut parier que ce sera davantage le cas encore. Électorat oblige. En cette période, il est aussi de bon ton de se préoccuper des plus défavorisés. Les femmes en situation de précarité, de plus en plus nombreuses, sont l’objet de plus d’ « attentions ».
Les femmes ont investi le marché du travail. Leur volonté d’indépendance financière, d’indépendance tout court, les a conduites, à partir des années 1960, à s’insérer dans les études et dans l’emploi, bien plus massivement qu’elles ne l’avaient fait auparavant. La croissance économique des Trente Glorieuses a facilité cette insertion, en même temps qu’elle en a résulté. De force d’appoint, les femmes sont devenues partie prenante de la population active. L’évolution des marchés du travail depuis les années 1980 et surtout 1990, marquée par la croissance molle qu’ont connue la plupart des économies européennes a modifié les modes d’insertion individuelle dans l’activité, et en tout premier lieu ceux des femmes (
Revue de l’OFCE, n° 90). La montée du chômage a distendu les liens à l’emploi, rendu plus floues les frontières entre l’activité et l’inactivité, changé les caractéristiques des emplois. Le développement structurel de certaines activités, notamment tertiaires, a renforcé cette évolution de la nature des emplois.
La précarité résulte d’abord de situations d’instabilité et de discontinuité, imposées ou « choisies » sous contrainte : ce sont les ruptures de parcours qui créent la précarité ou son risque. Or les femmes sont majoritaires dans les contrats à durée déterminée, les dispositifs de la politique de l’emploi, etc. Ce n’est pas pour elles, à l’inverse des hommes, une voie d’accès à l’emploi stable. Mais la précarité résulte aussi de la stabilité dans le sous-emploi, en particulier par les temps partiels imposés et les emplois non qualifiés, où les femmes sont surreprésentées (
Lettre de l’OFCE n°263, rapport de mission).

F Milewski a fait écrit dans la revue de l'OFCE un article : "femmes top modèle des inégalités"

Les discriminations dont les femmes font l’objet dans les pays européens sont à la fois similaires et différentes. Leurs multiples facettes peuvent être analysées à partir d’une typologie de pays, qui aide à dégager les traits communs, mais qui ne rendent compte qu’approximativement des différences produites par des histoires sociales singulières.
Les progrès historiques de l’insertion des femmes sur le marché du travail sont indéniables : les taux d’emploi des femmes et des hommes se sont rapprochés. Mais de profondes inégalités demeurent : par exemple, le taux de chômage féminin reste supérieur à celui des hommes dans la plupart des pays, même si les écarts se sont réduits. De nouvelles inégalités sont apparues : précarisation de l’emploi, insertion par des temps partiels, imposés par les employeurs ou contraints par l’insuffisance des modes de garde des enfants, tant en qualité qu’en quantité. Les femmes sont plusvulnérables que les hommes sur le marché du travail, si bien que les formes d’emploi flexibles les concernent davantage. Mais parce qu’elles représentent près de la moitié de la population active (46 % en France, 44 % dans l’Union européenne à 15), c’est l’ensemble du marché du travail qui est atteint. Leur activité est ainsi, tour à tour, un enjeu pour la croissance économique, afin de compenser le recul à venir de la population active, ou un moyen de rendre plus flexibles les marchés du travail.
Seule une approche pluridisciplinaire, économique, sociale, politique et institutionnelle peut permettre de comprendre la manière dont se forgent les discriminations en Europe. Les inégalités tiennent d’abord au cadre social dans son ensemble : l’école et la famille dès l’enfance, l’inégal partage des tâches familiales conditionnent la division sexuelle des rôles sociaux et influencent les comportements des femmes elles-mêmes, dans les choix d’orientation, puis dans les représentations qu’elles ont de leur rôle. La sphère professionnelle reproduit des inégalités et en produit de nouvelles. La compréhension des mécanismes à l’oeuvre et de l’articulation entre les sphères professionnelle et privée permet de s’interroger sur les moyens de promouvoir l’égalité et sur le rôle des politiques publiques. En particulier, la cohérence des objectifs est questionnée et le débat sur l’efficacité de mesures incitatives ou contraignantes est soulevé.
Et aussi : Egalité hommes femmes (INSEE mars 2007) jeudi 8 mars 2007.
Economie et Statistique n°398-399 - mars 2007
Au sommaire :
L’égalité entre les hommes et les femmes : entre avancées et résistances Différentiels sociaux et familiaux de mortalité aux âges actifs : quelles différences entre les femmes et les hommes ? Homogamie socioprofessionnelle et ressemblance en termes de niveau d’études : constat et évolution au fil des cohortes d’unions L’implication des parents dans la scolarité des filles et des garçons : des intentions à la pratique L’activité féminine en France : quelles évolutions récentes, quelles tendances pour l’avenir ? L’écart des salaires entre les femmes et les hommes peut-il encore baisser ? Disparités de retraite entre hommes et femmes : quelles évolutions au fil des générations ?
(...) pour accéder à
la page du sommaire

et : Des insultes aux coups : hommes et femmes inégaux face à la violence
Zohor Djider et Solveig Vanovermeir, Insee
En 2005 et 2006, près de 9 % des femmes et des hommes âgés de 14 ans et plus déclarent avoir été victimes d’une agression ou d’actes de violence au cours des deux dernières années. Les premières victimes de la violence sont les jeunes hommes : agressions physiques, vols violents, injures, bagarres. Les femmes sont plus souvent victimes de violences verbales. Une femme victime sur six est agressée chez elle ou à proximité de son domicile. Le sentiment d’insécurité dans le quartier ou au domicile est plus fortement ressenti par les femmes, qu’elles aient ou non été victimes d’agressions. Vivre seul, être chômeur ou inactif ou peu diplômé renforcent également le sentiment d’insécurité, que ce soit dans le quartier ou à domicile. Ces chiffres n’englobent que partiellement les violences intrafamiliales : d’une part, la sous-déclaration de ce type de faits est probable et d’autre part, ils ne font pas l’objet d’un questionnement spécifique.
N° 1124 - mars 2007
et enfin : 2007-10.3 - Hommes et femmes cadres en 2002 : inégalités d’accès aux emplois et inégalités salariales
5 mars 2007

Cet article se rattache à :
Salaire
En 2002, seulement 15 % des femmes qui travaillent dans une entreprise de 10 salariés ou plus sont cadres, contre 23 % des hommes. Lorsqu'elles sont cadres, les femmes perçoivent, en moyenne, un salaire horaire 20 % inférieur à celui de leurs homologues masculins. Les différences de caractéristiques observables entre hommes et femmes, comme le diplôme ou l'expérience, justifient une faible part de ces écarts. En revanche, la situation familiale des salariés explique une part importante de l'écart d'accès aux emplois de cadres et des inégalités salariales entre les hommes et les femmes, évalués « toutes choses égales par ailleurs ».
Les femmes ont une probabilité plus faible que les hommes d'occuper un emploi de cadre ; cet écart de probabilité atteint 29 % parmi les hommes et les femmes vivant en couple avec ou sans enfant alors qu'il se réduit à 13 % parmi les hommes et les femmes sans enfant vivant seuls. Pour ce dernier groupe de salariés, l'écart de salaire horaire moyen entre les hommes et les femmes, évalué « toutes choses égales par ailleurs », alors qu'il n'est pas significatif, est de 19 % pour l'ensemble des cadres.
2007-10.3 - Hommes et femmes cadres en 2002 : inégalités d’accès aux emplois et inégalités salariales (doc mars 2007) (110 ko)

0 commentaires: