Les leçons à tirer de la réforme du welfare state américain

DIX ANS APRÈS LA RÉFORME DU WELFARE AMÉRICAIN
Hélène PÉRIVIER

Depuis la fin des années 1980, l’aide sociale américaine a changé. La montée en charge du crédit d’impôt, EITC (Earned Income Tax Credit)1, qui associe le droit à l’aide publique au devoir de travailler, a enclenché le passage du Welfare au Workfare. Le vote du Personal Responsibility and Work Opportunity Reconciliation Act (PRWORA), le 22 août 1996, a entériné cette transition. Les fondements de l’aide sociale ont été bouleversés, Bill Clinton en appelant à la fin du Welfare traditionnel (« The end of the Welfare as we know it »). Lesdispositifs sociaux, qui pour certains dataient des années 1930, ont laissé place à d’autres, qui exigent des bénéficiaires une implication sur le marché du travail. Dix ans après son vote, le bilan du nouveau dispositif est l’objet de controverses. Certains voient dans ces orientations de l’État providence la clé de voûte d’une politique efficace de lutte contre la pauvreté. D’autres, plus sceptiques, dénoncent les effets pervers d’une politique sociale qui laisse de côté des personnes inemployables et dont les bons résultats dépendent du dynamisme du marché du travail.
Ce débat permet d’ouvrir des pistes de réflexion pour la France.
Mais aussi :
Pourquoi l.Europe redistribue-t.elle plus que les Etats-Unis? Au delà du
médian égoïste
résumé
Dans l.approche standard en économie dite de "l.électeur médian égoïste", le niveau
de redistribution dans une société démocratique est censé croître avec l.inégalité de la
distribution du revenu. Or les nombreuses études empiriques menées sur la question
invalident cette relation. Dans cet article, nous soutenons que l.échec de "l.électeur
médian égoïste" est en premier lieu dû à l.hypothèse d.une nature humaine exclu-
sivement égoïste. En nous inspirant tant d.Adam Smith que des sciences cognitives
modernes, nous supposons que l.homme est caractérisé non seulement par un instinct
égoïste mais aussi par un instinct moral. Nous caractérisons alors la démocratie par
la recherche du consensus (ici autour de la redistribution) et non plus par la volonté
d.une majorité imposée à une minorité comme dans l.approche standard. Dans cette
recherche de consensus, le niveau de redistribution est alors la résultante d.une in-
teraction complexe entre inégalité et inéquité dans la distribution du revenu. Nous
soutenons également que les di¤érences observées dans la redistribution du revenu aux
Etats-Unis et en Europe sont dues à la nature di¤érente de leur régime démocratique.

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