TD - APPRENTISSAGE DE LA DISSERTATION
ETAPE I – ANALYSE APPROFONDIE DE L’INTITULE DU SUJET
La série suivante de sujet vous est distribuée :
Après avoir montré qu’en théorie la concurrence est le meilleur système , assurant la plus grande efficacité économique, vous montrerez qu’en réalité elle présente de nombreuses limites qui conduisent dés son la révolution industrielle au développement de nouvelles formes de régulation du marché.
Comparez les avantages et les inconvénients de la concurrence et de la concentration
Analysez les déterminants qui expliquent la remise en cause de la concurrence pure et parfaite et le développement d’un mouvement de concentration depuis les années 80.
Quels liens pouvez vous faire apparaître entre la concentration et la croissance économique ?
La régulation par un marché de CPP est-elle viable ?
A partir de ces intitulés de sujet et en vous aidant de la méthodologie distribuée en cours :
1. Recensez les termes qui permettent :
- d’identifier la nature du travail demandé
- de délimiter le champ spatio-temporel
- d’identifier les mots clés et de les définir précisément en vous appuyant sur vos connaissances
2. réalisez l’étude du libellé du sujet
- quelle catégorie de sujet
- quel est le travail demandé
- quel est le type de plan possible
ETAPE 2 ANALYSE D'UN SUJET
SUJET – INTERETS ET LIMITES DE LA COMPTABILITE NATIONALE :
SUJET DE REFLEXION : LE PIB EST-IL UN BON INDICATEUR DE LA CROISSANCE ET DU BIEN-ETRE D’UNE POPULATION ?
QUESTIONS :
1 - Construisez le tableau suivant en vous aidant de tous les documents du dossier
Sous-parties du plan Références du document
Le PIB représente un progrès
Le PIB est le meilleur indicateur
de la richesse et du bien-être matériel
dont on dispose, on ne peut s’en passer
Il n’est plus adapté à l’évolution de notre
société
C’est un indicateur qui comporte des
faiblesses structurelles et qui est
idéologiquement connoté,
2 – A partir de l’ébauche de plan élaboré dans le tableau , retrouvez la problématique qui corresponde
DOSSIER DOCUMENTAIRE
DOCUMENT 1 :
La comptabilité nationale et, avec elle, l'évaluation du PIB sont apparus après la Seconde Guerre mondiale, à un moment où la priorité était de reconstruire et de moderniser le pays. Dans ce contexte « fordiste », caractérisé par une production et une consommation de masse de biens fortement standardisés, le taux de croissance du PIB était perçu par la grande majorité des concitoyens comme l'indice essentiel de réussite de notre société. Tout accroissement de celui-ci semblait alors signifier une avancée vers une meilleure satisfaction des besoins de chacun. Le taux de croissance du PIB était tout à la fois synonyme de progrès et de bonheur. L'économie du « bien être » s'affirmait, selon le mot de Jean Gadrey, comme une économie du « beaucoup avoir ».
La comptabilité nationale a ainsi pu servir de support à une idéologie productiviste, faisant de la croissance de la production matérielle l'horizon ultime de notre société. En ce sens, cette course à la croissance que nous avons connue durant les Trente glorieuses n'est pas si lointaine du productivisme soviétique, la concurrence des systèmes aidant. Pour autant, l'élaboration de ces « comptes de la puissance », pour reprendre le titre du beau livre de François Fourquet , a aussi permis d'améliorer la transparence de notre société. En identifiant quels secteurs produisaient combien de richesses, la comptabilité nationale a permis aux pouvoirs publics et aux agents privés de mieux maîtriser le fonctionnement de l'économie. Elle a également amélioré la perception de la façon dont cette richesse était répartie entre entreprises et ménages et au sein de ceux-ci selon la nature de leurs revenus.
Aujourd'hui encore, les évaluations de la croissance du PIB occupent une place majeure dans le débat économique et social, dans la mesure où il fonde de multiples décisions qui ont un impact essentiel sur la répartition des revenus et donc des richesses marchandes : la fixation des minima sociaux, du Smic, les négociations salariales sont directement influencées par l'évolution de la croissance du PIB.
SOURCE : L.Toubal et P.Fremaux , comment mesurer la richesse ? Alter éco , juin 2001
DOCUMENT 2 :
Le PIB prend en compte toutes les richesses validées par le marché - partant de l'idée que si un bien ou un service est vendu, c'est qu'une utilité lui est reconnue - ; il intègre également tous les biens et les services produits par la collectivité et financés par prélèvements obligatoires — il comptabilise ce que la collectivité produit à côté du marché, bien souvent pour en corriger les effets. Le PIB propose ainsi une conception de la richesse qui reflète à la fois les libres choix des individus qui dépensent leur argent, mais aussi les choix collectifs, validés démocratiquement et qui sont de ce fait préjugés utiles à la société.
Sur ces bases, on peut s'interroger, comme le fait Albert Hirschmann , sur ce qui pourrait fonder une vision du bien collectif qui soit réellement supérieure — sur le plan de l'éthique et de la morale - au système de valeurs implicite que prend en compte le PIB. Pour être imparfait, le PIB reflète les deux principaux mécanismes par lesquels se construit le lien social dans les démocraties de marché : l'expression libre de chacun via les mécanismes du marché et l'expression démocratique qui fonde l'action de l'Etat.
L'argument ne manque pas de poids. Il y a eu suffisamment de régimes, au cours du XXe siècle, qui voulaient faire le bien du peuple malgré lui, pour se méfier de tous ceux qui voudraient décréter ce qu est une « vraie » richesse et ce qui ne l'est pas, en imposant à la société leur propre échelle de valeurs, par l'intermédiaire de tel ou tel indicateur.
SOURCE : L.Toubal et P.Fremaux, op cité
DOCUMENT 3 :
On reproche souvent au produit intérieur brut de ne pas « tout » évaluer. Il oublierait ainsi l'économie « souterraine », « non officielle » ou informelle (travail au noir, c'est-à-dire effectué sans que soient acquittés les impôts et cotisations sociales dus et sans respecter la législation du travail) et la fraude ou l'évasion fiscale. C'est inexact. Les comptables nationaux s'efforcent d'introduire une évaluation de ces activités ; ce n'est généralement bien sûr ni simple, ni très précis ; mais pas toujours ; en France, par exemple, les vols dans les magasins sont assez bien évalués globalement ( ils augmentent le revenu des ménages et leur consommation) et la « méthode italienne » dont l'utilisation se généralise en Europe permet de beaucoup mieux cerner l’ ampleur du travail au noir. En 1995 les corrections pour travail au noir, fraude, etc. représentaient 6,5 % du PIB français, c'est-à-dire trois fois la valeur ajoutée de l'agriculture.
Le nouveau système de comptabilité nationale défini par l'ONU en 1993 va plus loin puisqu'il prévoit d'intégrer dans le PIB les activités illégales, c'est-à-dire la production de biens ou de services interdits par la loi (drogues interdites et autres activités qui ne peuvent pas être exercées autrement que clandestinement), ce qui devrait rendre un peu plus réalistes les comptes nationaux de pays tels que la Colombie. Les pays de l'Union européenne ont décidé de ne pas évaluer cette production illégale parce qu'elle n'y joue qu'un rôle marginal. __
Tous ces reproches sont fondés mais manquent leur cible. Reprocher au PIB d'être un mauvais indicateur du bien-être ou de la production utile est vain parce que le PIB n'a jamais été construit dans cette perspective : ce n'est pas un bonheur intérieur brut (BIB), mais d'abord et avant tout un indicateur pour la politique économique, notamment conjoncturelle. Dans cette perspective, c'est moins son niveau que sa variation relative qui intéresse l'économiste. Sur longue période , cette variation est elle-même très délicate à interpréter car les conditions de vie et les produits changent trop pour qu'on puisse considérer qu'on mesure la croissance d'un ensemble homogène.
Nous sommes dans une société qui veut toujours réduire le qualitatif à du quantitatif, et le quantitatif à du monétaire. Pourquoi participerions-nous à ce réductionnisme ? N'est-ce pas un symptôme d'aliénation que de revendiquer que le PIB aille encore plus loin dans cette réification des rapports sociaux ? Faudrait-il mesurer tous nos actes, y compris les plus intimes, aux prix du marché pour que le PIB ait un sens ?
Pour tenter des comparaisons de « bien-être », nécessairement très approximatives, mieux vaut laisser tomber le PIB, qui est un indicateur de moyens (les biens et services sont des résultats de l'activité productive, mais des moyens pour satisfaire des besoins individuels et collectifs), et construire un indicateur de résultats (espérance de vie, espérance de vie sans incapacité, illettrisme, etc.).
SOURCE : J.P.Piriou , Le PIB n'est pas un BIB , la decouverte, 1999
DOCUMENT 4 :
Au total, le PIB, en tant qu'indicateur, valide l'ordre économique et social existant. En prenant en compte sans nuances l'ensemble des biens et des services vendus ou financés par la collectivité, il présume l'utilité de tout ce que produit l'ordre marchand et néglige les ichesses produites en dehors. Comme l'explique la philosophe Dominique Méda dans Qu 'est-ce que la richesse ? « notre focalisation - récente [à l'échelle de l'histoire] –sur la production a eu pour conséquence (...) de soumettre l'ensemble des espaces et temps sociaux à la seule logique marchande3
SOURCE : L Toubal et P Frémeaux, op cité
DOCUMENT 5 :
L'approche de l'école anglo-saxonne est principalement quantitative, ce qui a souvent pour conséquence de réduire l'étude du développement à l'étude du produit national brut (PNB), de son évolution et de sa répartition. De la sorte, elle confond croissance et développement. Partant de là, certains auteurs dont Simon Kuznets considèrent que le développement peut se réduire à l'examen du PNB (ou du PIB) par habitant. L'aspect multiforme du développement n'est pas nié, mais les auteurs de l'école anglo-saxonne considèrent que l'examen du PIB par habitant reste encore le meilleur moyen d'appréhender l'ensemble des dimensions du développement. Comme le souligne J. Brutor (1965) : «l'idée que le développement est une notion multidimensionnelle est importante, mais il n'est pas nécessaire de rechercher avec une insistance telle une mesure multidimensionnelle. Dans presque tous les cas, le produit par tête est un substitut efficace». .
Source : P Gaudron, économie du développement, hachette.
DOCUMENT 6 :
Depuis trente ans, le produit de chaque heure de travail a beaucoup plus augmenté en Europe qu'aux Etats-Unis. Autrement dit, la croissance de la productivité y a été bien plus élevée. En France, la productivité horaire dépasse même le niveau américain. Comment est-il possible dans ces conditions que notre niveau de vie ait cessé de rattraper celui des Américains ? L'augmentation de la productivité a été compensée par une baisse du nombre d'heures travaillées, dans une proportion comparable Ainsi, entre 1970 et 2000, la productivité, mesurée par le produit par heures travaillées, a augmenté de 83 en France, contre 38 aux Etats-Unis. Mais, dans le même temps, le nombre d'heures travaillées pour chaque habitant a diminué de 23 chez nous, alorsqu'il augmentait de 26 là-bas. Résultat, le PIB par habitant a enregistré à peu près la même progression de part et d'autre de l'Atlantique.
Au total, l'écart de niveau de vie s'est donc maintenu : le retard européen ne tient pas à une moindre efficacité productive, mais à une moindre utilisation du facteur travail. Les Européens travaillent moins : ils sont moins nombreux à travailler et ceux qui ont un emploi travaillent moins longtemps dans l'année et moins longtemps dans la vie. La divergence dans le nombre d'heures travaillées par habitant de part et d'autre de l'Atlantique est « en train de devenir un déterminant majeur des performances relatives de croissance », note aussi l'OCDE dans les dernières Perspectives de l'emploi.
Que faut-il en conclure ? Pour le FMI, c'est clair : il faut travailler plus. L'augmentation de la quantité de travail doit être la priorité absolue pour la zone euro, et ce par tous les moyens. Et de saluer les accords d'allongement du temps de travail conclus récemment en Allemagne et en France.
Mais on peut, à partir du même constat, tirer des conclusions opposées. C'est ce que fait notamment Olivier Blanchard, professeur d'économie au Massachusetts Institute ofTechnology (MIT), dans un récent article qui prend la vulgate catastrophiste à rebrousse-poil. Selon lui, il faut voir dans le décrochage européen l'expression d'un choix de société et non une défaillance économique. « Les niveaux de productivité sont aujourd'hui à peu près les mêmes dans l'Union européenne et aux Etats-Unis. La principale différence est que l'Europe a utilisé une partie de la hausse de productivité pour augmenter le temps de loisir plutôt que le revenu, tandis que les Etats-Unis ont fait l'inverse. »Cet argumentaire a le mérite de rappeler que le niveau de PIB par habitant n'est pas un objectif en soi. Une société peut préférer une durée du travail plus faible quitte à limiter son revenu par habitant, sans que cela lui procure moins de bien-être. Le PIB ne mesure pas en effet la satisfaction liée au libre usage de son temps. Il ne valorise pas non plus le produit du travail non rémunéré que l'on effectue durant le temps libre et dont l'importance varie beaucoup d'un pays à l'autre
DOCUMENT 7 :
Source : Le baromètre des inégalités et de la pauvreté (Bip 40) en France :
www.bip40.org
DOCUMENT 8 :
Source : le cédérom alter éco , 10ème édition
Document 9 :
SOURCE : Ingleheart et Kinemann, genes, culture and hapiness, MIT press, 2000.
DOCUMENT 10 :
SOURCE : L Maurin, le PIB, mesure de la richesse, in alter éco, HS n° 56, 2003.