La CNUCED vient de mettre en ligne le Rapport sur l’économie de l’information
Le rapport constate que :
"Le large accès au savoir qui caractérise la diffusion des connaissances sur Internet et le fait que les communications électroniques ignorent les distances et les frontières nationales en matière de transactions commerciales et financières, laissent présager des avantages économiques pour les pays pauvres, (...)
Les technologies de l´information et de la communication (TIC) permettent de dégager des gains d´efficacité tels qu´elles sont en train de modifier les modes de fonctionnement des entreprises et des économies, d´après les conclusions du Rapport 2007-2008 sur l´économie de l´information . La technologie sans fil, en s´affranchissant des distances, permet de nouveaux modes d´organisation de la production et de la consommation, caractérisés par une plus grande flexibilité, une réduction des coûts de transaction, une plus grande rapidité et précision dans les communications entre agents économiques.(...)
À une époque où l´innovation compte plus que jamais, rapidité et facilité de diffusion des connaissances par la communication électronique permettent aux idées nouvelles de surgir d´endroits multiples, ce qui rend moins nécessaire la centralisation de la production d´idées à l´intérieur de l´entreprise. Cela veut dire aussi que l´entreprise aura plus de difficultés à en maintenir le contrôle. L´innovation utilisant les TIC met l´accent sur l´interconnexion, la flexibilité et la décentralisation. D´après les auteurs du rapport, les produits intellectuels créés en commun et améliorés par des sources multiples (modèle des produits libres) illustrent une tendance nouvelle dont l´influence ne cesse de croître. Si cela soulève des questions quant au choix des régimes de droits de propriété intellectuelle, cela permet également aux entreprises des pays en développement d´avoir accès à moindre coût et plus rapidement à des connaissances qu´elles peuvent utiliser pour fabriquer et vendre des produits compétitifs.
D´après le rapport, le rythme rapide de l´innovation dans le secteur des TIC a contribué à faire baisser le coût de l´accès à ces technologies, ce qui a donné la possibilité à des populations pauvres de les utiliser pour exercer des activités lucratives et améliorer leurs connaissances. "
Mais pour que ces technologies profitent aux pays pauvres :
"Les pays en développement ont fréquemment besoin de réformes juridiques et institutionnelles, ainsi que d´infrastructures technologiques pour se mettre à niveau dans les domaines du commerce électronique et des services bancaires électroniques.
Le développement économique passe par des politiques gouvernementales favorisant les systèmes nationaux de connaissance et encourageant la compétitivité économique. Il faudrait accorder une importance toute particulière à la formation et à l´éducation, dans la mesure où l´économie nationale tire davantage de bénéfices des formations supérieures. Le rôle particulier des TIC comme catalyseur de l´innovation doit être encouragé, selon les auteurs du rapport, et être appuyé par le développement d´une infrastructure adéquate, la création d´un environnement sûr pour l´utilisation des TIC, l´instauration d´un régime de propriété intellectuelle propice au développement et la mise en œuvre de politiques de concurrence.
La responsabilité des pays du nord qui défendent par des brevets leurs avance technologique peut aussi freiner le rattrappage
"Les auteurs du rapport estiment qu´en raison de l´ampleur des retombées positives des TIC, les obstacles aux flux internationaux de connaissances peuvent être très préjudiciables aux pays pauvres, dont les ressources humaines et financières sont limitées.
La CNUCED préconise donc :
"Ils proposent des mesures devant permettre un transfert plus efficace de connaissances et de technologie vers les pays en développement, à savoir un assouplissement de la législation relative aux droits de propriété intellectuelle, l´adoption de modèles en accès libre, l´établissement de partenariats internationaux dans le domaine de la recherche-développement avec la participation de pays en développement et un accroissement de l´aide au renforcement des capacités scientifiques et technologiques nationales."
La situation paraît d'autant plus favorable que selon le rapport :
"La majorité des puces d´ordinateurs, des téléphones, des ordinateurs portables, des écrans de télévision, des lecteurs de DVD et autres produits électroniques et de télécommunication sont désormais fabriqués dans les pays en développement. La part de ces pays dans les exportations de services liés aux technologies de l´information et de la communication (TIC) est aussi en augmentation. Cela tient surtout à la forte croissance des deux plus grandes puissances économiques du monde en développement, la Chine et l´Inde.
La Chine est le premier exportateur de biens et l´Inde est en tête des ventes mondiales de services dans le secteur des TIC.
le rapport explique :
" comment les TIC se développent plus rapidement que beaucoup d´autres secteurs au niveau mondial et se déplacent de plus en plus vers les pays en développement, principalement ceux d´Asie. Ce secteur comprend non seulement l´assemblage des matériels ou biens de consommation électroniques, mais aussi la prestation de services dans des domaines tels que les conseils portant sur les logiciels et les technologies de l´information, les télécommunications et les centres d´appels. Ces dernières activités ont pris un essor considérable dans les pays en développement, qui recherchent de nouvelles niches commerciales et de nouvelles sources d´emploi dans le secteur des services. Dans des pays tels que le Maroc, le Ghana et l´Égypte, les politiques de développement mises au point par les gouvernements ont stimulé l´activité économique et l´emploi dans les TIC.
D'ailleurs selon le Selon rapport :
".Selon le rapport, les activités relatives aux TIC continueront de se déplacer des pays développés vers les pays en développement (graphique 1). Et ces technologies sont appelées à jouer un rôle de plus en plus important dans les échanges Sud-Sud ? c´est-à-dire entre pays en développement. L´impressionnante expansion économique de certains grands pays en développement, notamment la Chine, l´Inde et le Mexique, a des incidences considérables sur les résultats du secteur des TIC dans les autres pays du Sud.
En valeur, le commerce Sud-Sud de biens liés aux TIC a dépassé les échanges Sud-Nord en 2004 (graphique 2). Atteignant un montant de 410 milliards de dollars des États-Unis, il a en outre presque rattrapé celui du commerce Nord-Nord (450 milliards de dollars É.-U.) et l´a probablement dépassé en 2006. Selon le rapport, les pays en développement ont d´importants besoins en matière de TIC, et la demande y est donc élevée.
Les exportations mondiales de services fondés sur les TIC ont augmenté plus vite que l´ensemble des exportations de services pendant la période 2000-2005. Elles s´élevaient à 1 100 milliards de dollars É.-U en 2005, et représentaient environ 50 % des exportations totales de services, contre 37 % en 1995, ouvrant ainsi de nouveaux débouchés à l´exportation pour les pays en développement.
L´activité la plus dynamique du secteur a trait aux services informatiques et informationnels, dont les exportations ont augmenté six fois plus vite que le total des exportations de services entre 1995 et 2004. La part des pays en développement dans ces exportations est passée de 4 % en 1995 à 28 % en 2005 (graphique 3). Le plus frappant est qu´en 2005 (dernière année pour laquelle sont disponibles des chiffres comparables au niveau mondial), les exportations des pays en développement ont atteint le niveau correspondant aux exportations de services informatiques des pays de l´OCDE en 1998. Autrement dit, elles n´avaient que sept ans de retard et probablement moins en 2007. Cela s´explique en grande partie par la domination de l´Inde sur le marché mondial des services liés aux TIC.
Ceci tradurait donc un processus de rattrappage accéléré des PVD et donc un processus de convergence économique dont la chine et l'Inde sont représentatifs :
"Ces technologies ont joué un rôle déterminant dans l´expansion des économies chinoise et indienne. La Chine se spécialise dans la production de biens liés aux TIC, qui a augmenté de manière spectaculaire entre 2000 et 2005. En 2004, la valeur ajoutée du secteur a atteint 7,5 % de son PIB, en hausse de 30 % par rapport à 2003. Le secteur des TIC est prépondérant dans le commerce extérieur du pays, représentant 34,4 % du total des échanges en 2006. La Chine a rattrapé les États-Unis en 2004, et est devenue le plus gros exportateur mondial de produits liés aux TIC. En 2006, ses exportations ont atteint 299 milliards de dollars É.-U.
L´Inde est le plus gros exportateur mondial de services liés aux TIC et le principal marché pour la délocalisation des systèmes de gestion. En 2006, le secteur des TIC représentait 5,4 % du PIB, en augmentation de 4,8 % par rapport à 2005 (la part de l´agriculture dans le PIB était de 18 %). Le montant des seules exportations de logiciels dépassait celui des investissements étrangers directs (la même année) dans un pays qui est aussi une des principales destinations des IED. Essentiellement grâce aux TIC, la part des services dans les exportations totales du pays est passée de 18 % en 1995 à 37 % en 2006.
Ce phénomène est accéléré par les IDE (qualifiés d'IED dans le rapport) :
"Les IED dans le secteur des TIC sont aussi en forte progression, les pays en développement devenant de plus en plus une destination pour ces investissements. Alors que la plupart des flux d´IED sont dirigés vers les pays émergents d´Asie, ils représentent une part plus importante des PIB des pays en développement qui sont plus petits. Le secteur de l´électronique a notamment enregistré d´importantes entrées d´IED. Les flux d´investissements Sud-Sud dans le secteur des télécommunications sont aussi en augmentation et proviennent essentiellement de grandes sociétés transnationales de pays comme l´Afrique du Sud, la Malaisie et le Mexique.
La délocalisation de la production de biens et de services liés aux TIC devrait se poursuivre, essentiellement vers les pays en développement. "
Néanmoins la concurrence va s'exacerber :
"Mais, dans le même temps, la concurrence va s´accentuer et les pays désireux d´attirer les IED et les activités délocalisées devront investir dans la formation de leur main-d´œuvre et dans leurs infrastructures de télécommunication et améliorer les conditions d´investissement.
Le rapport insiste sur le fait que des politiques publiques rationnelles peuvent contribuer à l´essor du secteur des TIC dans les pays en développement."
ANNEXE
Tableaux et graphiques
Graphique 1. Exportations mondiales de biens liés aux TIC, 1996-2005
Source:UN COMTRADE.
Graphique 2. Destination des exportations de biens liés aux TIC des pays développés et des pays en développement, 1996-2005
Source:UN COMTRADE.
Le rapport est moins positif sur la diffusion des technologies dans les pays du sud en particulier les PMA :
"La diffusion des technologies de l´information et de la communication (TIC) dans les pays en développement s´intensifie. Cependant, à l´exception des pays d´Asie de l´Est, qui sont à la frontière entre pays "développés" et pays "en développement" (surtout la République de Corée et Singapour), les seconds sont largement distancés par les premiers en matière d´application des TIC et de leur utilisation par les entreprises.
Parmi les TIC, la téléphonie mobile est la technologie la plus utilisée dans les pays en développement. Le nombre d´abonnés y a pratiquement triplé au cours des cinq dernières années et ceux-ci représentent désormais 58 % environ des abonnés. C´est dans les pays en développement d´Asie et d´Afrique que le taux de pénétration de la téléphonie mobile progresse le plus vite. Entre 2005 et 2006, la proportion des abonnés au Ghana est passée de 8% à 23% de la population et de 1% à 4% au Népal. Le "commerce mobile", à savoir l´achat et la vente de biens et services grâce à des appareils portatifs sans fil, se développe. Et l´explosion des paiements et des services bancaires mobiles devrait stimuler ce commerce, à condition d´instaurer un cadre réglementaire propice.
L´utilisation et la pénétration d´Internet continuent de progresser dans le monde, mais les pays développés représentent encore la majorité des internautes et enregistrent le taux de pénétration le plus élevé. En 2002, le taux d´accès à Internet dans les pays développés était 10 fois plus élevé que dans les pays en développement, contre six fois en 2006. Les pays en transition étaient le groupe de pays qui affichait la plus forte augmentation annuelle du taux de pénétration d´Internet entre 2002 et 2006. Le Bélarus et la Croatie enregistrent des taux de pénétration plus élevés que plusieurs pays développés, soit 57 % et 35 % respectivement. Plusieurs pays en développement s´emploient activement à généraliser l´utilisation d´Internet en adoptant des mesures destinées à accroître l´accès aux TIC et les compétences y relatives, en réformant la réglementation afin de stimuler la concurrence et de proposer des services à des prix compétitifs, en réalisant des investissements dans l´infrastructure des TIC et en favorisant la production dans ce secteur.
Même si les données disponibles montrent que le nombre d´abonnés aux services Internet à haut débit a progressé rapidement dans le monde entier, la plus grande partie de ces abonnés se trouve encore dans les pays développés et l´écart avec les pays en développement concernant le taux de pénétration du haut débit s´est creusé depuis 2002. Sept des 10 pays où ce taux est le plus élevé se situent en Europe. Il existe deux exceptions parmi les pays en développement, à savoir la République de Corée et Hong Kong (Chine), où les TIC sont largement diffusées. Un accès à Internet à haut débit permet d´adopter des applications qui ont des effets bénéfiques sur la productivité des entreprises et, compte tenu de l´évolution rapide de la technologie, il est important que les pays en développement rattrapent leur retard.
L´utilisation des TIC à des fins commerciales peut grandement contribuer à créer des activités rémunératrices et à accroître la productivité des entreprises. En moyenne, 34 % des entreprises européennes ont procédé à une intégration automatisée de leurs systèmes de gestion internes. Toutefois, les entreprises des pays en développement sont encore peu nombreuses à avoir adopté les TIC: seules quelques-unes d´entre elles possèdent un Intranet ou un Extranet, ce qui est souvent la première étape vers l´intégration automatisée des systèmes de gestion. Par exemple, une entreprise peut utiliser les TIC pour gérer ses approvisionnements. En améliorant l´échange d´informations avec ses fournisseurs, notamment grâce à des systèmes qui permettent d´automatiser le réapprovisionnement, elle peut optimiser ses stocks. Les entreprises dont les communications sont plus rapides et plus étendues peuvent affiner leurs plans de production et leurs prévisions de chiffre d´affaires à court et à long terme.
Pour illustrer les effets bénéfiques de l´utilisation des TIC par les entreprises des pays en développement, la CNUCED et l´Office national de statistique thaïlandais ont procédé à une analyse qui, pour la première fois dans un pays en développement, consistait à évaluer quantitativement l´impact de l´utilisation des TIC sur la productivité du travail dans les activités de production des petites et moyennes entreprises (PME).
Il ressort de cette étude que l´utilisation des TIC par les entreprises thaïlandaises va de pair avec une hausse considérable du chiffre d´affaires par salarié. Contrairement à ce qui se passe dans les pays développés, l´utilisation de TIC élémentaires ? telles que l´emploi d´ordinateurs ? peut être à l´origine de fortes disparités en matière de productivité du travail. Les différences dans le degré d´utilisation des ordinateurs en Thaïlande se traduisaient par de grands écarts de productivité entre les entreprises. Une augmentation de 10 % de la proportion des salariés utilisant des ordinateurs entraînait une hausse de 3,5 % de la productivité du travail (contre 1,8 % dans les entreprises finlandaises). Une corrélation a été constatée entre l´accès à Internet et l´existence d´un site Web, d´une part, et un chiffre d´affaires plus élevé par salarié, d´autre part, en Thaïlande, le coefficient étant comparable à celui observé dans des pays développés: soit une augmentation de 4 % à 6 % liée à l´utilisation d´Internet en Thaïlande contre une hausse de 5 % aux États-Unis.
L´exemple thaïlandais confirme l´hypothèse selon laquelle les entreprises des pays en développement peuvent profiter autant que celles des pays développés de l´utilisation des TIC."
Tableaux
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