Malgé la crise des subprimes Goldman Sachs a annoncé un bénéfice net annuel record de 11,6 milliards de dollars (soit 8 milliards d'euros) pour son exercice clos au 30 novembre.
À bénéfices exceptionnels, rémunérations exceptionnelles : son président devrait percevoir 70 M$, tandis que trois responsables de l’activité trading sur produits structurés pourraient toucher chacun entre 5 et 15 M$, croit savoir le Wall Street Journal. Les bonus sont en augmentation d’environ 30 % pour les traders,
Toutefois nombreux sont les banquiers qui ne fêteront pas cet événement, des centaines d’entre eux travaillant sur les crédits hypothécaires ayant été licenciés cet été
Jérôme Kerviel n’a certes pas détourné d’argent, mais ses actes semblent n'en avoir pas moins été motivés par l’appât du gain. Quel aurait été son bonus si, avec un peu de chance, il avait effectivement fait gagner à la Société générale 1,5 milliard d’euros au 31 décembre 2007, comme il l’a affirmé ? C’est un peu : "Face je gagne, pile, la banque perd".
Comment expliquer cette rémunération des traders ? Est elle justifiée ?
Pourquoi les banquiers gagnent-ils autant que les footballeurs ?
En 2006, près de cinq salariés de banques françaises auraient eu une rémunération supérieure à celle du sportif le mieux payé (Thierry Henry avec 13 M€), supérieure donc à 400 fois le salaire moyen. Ce chiffre est trois fois plus élevé que la rémunération du PDG le mieux payé de France. La City de Londres ou Wall Street donnent des chiffres plus élevés encore. Comment expliquer cette vertigineuse spirale ?
Trois pistes d'explication commencent à émerger. La première piste met en avant ce qu'on peut appeler l'effet Pavarotti. Si le talent de feu Pavarotti est disons 10% meilleur que le second meilleur chanteur d'opéra, il sera mieux classé par l'amateur qui cherche dans le bac à disques. Ses ventes dépasseront de plus de 10% celles de son suivant immédiat. Le chanteur fonctionnant à coût fixe, la notoriété donne un très fort effet de levier. C'est l'illustration sur le marché du travail de ce qu'on appelle communément la prime au gagnant, où le meilleur rafle la mise.
O Godecot dans un article plus critique écrit lui : "Cette rente du secteur de la finance est-elle réalisée uniquement au détriment des autres secteurs de l’économie, donc des clients ?
C’est là une particularité de la finance et de certains de ses salairés, traders et vendeurs… chefs de salle.
En attachant à leur personne, tant les compétences, le savoir faire, ce que l’on appelle le capital humain, les clients, les équipes, ces working rich ont inversé à leur profit le processus de répartition de la valeur ajoutée au sein de l’entreprise. Toutes les autres composantes sont mises à contribution pour sponsoriser les bonus. C’est vrai des autres travailleurs comme des actionnaires. Il existe ainsi des mécanismes de comptabilité qui masquent le coût d’une salle de marché et au contraire augmentent la rentabilité apparente, et légitiment au final les rémunérations des traders et leur pouvoir. On assiste du coup à une moins bonne rémunération des autres salariés cantonnés dans les fonctions supports déconsidérées. Le pire, en tout cas pour les actionnaires des établissements financiers, est que les managements sont démunis face à un tel phénomène. Certes les traders leur font gagner beaucoup d’argent, mais ils pourraient en gagner beaucoup plus si les bonus ne venaient pas grever leur retour sur capital. Ces salariés des salles de marché « exploitent » certes en un sens aussi d’autres salariés, mais dans la mesure où ces travailleurs soumettent les capitalistes, ils peuvent aussi être vus, paradoxalement, comme l’avant garde du prolétariat… "
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