ECJS - THEME DE REFLEXION POUR LE PROJET DE VISITE A ORADOUR ET L’ETUDE DE RACE ET HISTOIRE
CE THEME S'INSCRIT DANS LE CADRE DU PROJET FRANCAIS HISTOIRE GEOGRAPHIE SES MENEE EN PREMIERE ESA CETTE ANNEE ET VISE A PREPARER LES ELEVES A LA LECTURE DE RACE ET HISTOIRE DE C LEVI-STRAUSS ET A REFLECHIR SUR LES FACTEURS QUI ONT PU EXPLIQUER LES ATROCITES COMMISES A ORADOUR A PARTIR DE L'ETUDE DU FILM DUBATAILLON 101
PARTIE I – UNE BREVE ANALYSE DE L’HISTOIRE DE LA NOTION DE RACISME
Document 1 :
l'auto-défînition raciale de la noblesse française à partir du milieu du 16ème siècle (1560 : Jacques de Silly, Harangue de par la Noblesse de toute la France, dirigée contre les anoblissements), qui postule une différence de nature entre le sang des roturiers et le sang des gentilshommes français, celui-ci étant doté de vertus provenant d'une hérédité germanique, plus précisément celle de la race conquérante et supérieure symbolisée par les Francs ; la qualité du liquide séminal de la noblesse étant supérieure à celle du sperme roturier, la pureté du sang est condition de survie de la noblesse, et les mésalliances, mélanges des sangs, sont dénoncées comme destructives : « Le mélange de sang roturier laisse toujours des taches [je souligne] dans une famille noble. » C'est le « préjugé de race » à proprement parler, qui s'exprime dans la « théorie des deux races » . Hannah Arendt a mis en évidence la centralité du postulat d'une différence dans l'origine : « Soucieux de rendre à la noblesse une primauté sans conteste, Boulainvilliers proposait à ses semblables, les nobles, de nier avoir une origine commune avec le peuple français, de briser l'unité de la nation et de se réclamer d'une distinction originelle, donc éternelle ». On notera, encore avec H. Arendt, que le pré-racisme de Boulainvilliers aura eu, en son contexte politique, un sens antinationaliste : s'il distingue et oppose une « race » d'aristocrates et une « nation » de citoyens, « s'il invente deux peuples différents au sein de la France, c'est pour s'opposer à la nouvelle idée nationale telle qu'elle était représentée dans une certaine mesure par l'alliance de la monarchie absolue et du Tiers-État. Boulainvilliers est antinationaliste à une époque où l'identité nationale était ressentie comme neuve et révolutionnaire »
Source : P.A Taguieff, les fins de l’antiracisme, michalon, 1995.
Questions :
En quoi l’auto-définition de la noblesse relève t’elle d’une conception raciale, quelle catégorie sociale vise t’elle à dévaloriser, sur quels principes s’appuient-elle pour justifier sa prétention à une présupposée supériorité
Dans quel contexte sont apparues ces définitions, quels objectifs visent-elles ?
Document 2 :
« Quand Buffon, Linné appelaient de leurs vœux une description des hommes concrètes rencontrés par les voyageurs, leur naturalisme se teintaient d’humanisme philosophique. La différence des nations, dans la variation de leur couleur de peau ou la bizarrerie de leurs mœurs, n'entraînait chez eux aucun doute quant à l'unité de l'homme, dût-il être ensauvagé ou «dégénéré» sous des climats extrêmes. L'essence de l'homme, fondée sur des attributs inaliénables tels la raison, le langage, la sociabilité, était en quelque sorte une donnée brute de l'expérience. En dépit de jugements de valeurs moraux ou esthétiques souvent péjoratifs, le sauvage, l'homme des confins du monde exploré, restait partie prenante d'une Humanité dont on savait la divine variation. On voulait connaître l'homme réel, on ne doutait ni de l'universalité de sa nature fondamentale ni de sa destinée, non plus que de sa capacité à accéder à l'ordre normal, civilisé, de sa classe zoologique. Ce type d'assurances, égalité potentielle ou fraternité dans l'origine de tous les hommes, qui animait les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme, ordonne encore les objectifs scientifiques de la première association destinée à promouvoir les études anthropologiques : la Société des observateurs de l'homme (1799-1805). (…) En effet, les grands théoriciens des Lumières soutiennent l'unité et la perfectibilité de l'espèce humaine et considèrent que les différences entre Blancs et Noirs, Jaunes ou Lapons, représentent de simples «variétés» résultant de l'action, séparée ou conjointe, des «climats», de la nourriture et du mode de vie dominant. Or le concept de «race» s'oppose terme à terme à celui de «variété». La race est fixe, héréditaire, discrète, elle témoigne d'une ascendance distincte, alors que la variété des hommes, telle qu'étudiée par Buffon ou Blumenbach, atteste la plasticité de leur organisation. La variation, soumise aux vicissitudes du temps et des climats, peut se stabiliser pour une période plus ou moins longue mais elle reste, de soi, toujours réversible. Au sens littéral, une nation blanche peut se noircir, se «négnfier» dans la série des générations en se transportant sous d'autres latitudes plus chaudes. Elle peut dégénérer moralement et perdre la vertu de ses ancêtres par l'effet d'un genre de vie contraire à sa civilisation agricole et industrielle. Mais la «dégénération» physique ou morale n'est pas fatale car elle est relative à des circonstances locales et changeantes.
Source : C Blanckaert, le système des races, in l e 19 ème siècle sous la directin d’I Poutrin.
Questions :
- Quelle conception de l’espèce humaine développent les philosophes des lumières ? La notion de races humaines leur paraît-elle acceptable ?
- Expliquez la phrase soulignée , peut-on dire que les différences existantes entre les groupes humains soient figées ?
- Quelle conception développe alors la révolution française ?
Document 3 :
Le système des races, au XIXe siècle, s'avère essentialiste. Il consacre la pluralité des origines de l'humanité et le fatalisme ethnique alors que la doctrine précédente, connue sous le nom de «monogénisme» (ce terme est tardif, il apparaît probablement, comme son antonyme le «polygénisme», en 1857), considère la « dégénération » comme un simple accident qui n'attente en rien à la souveraine dignité de l'espèce humaine. Les monogénistes vont donc régulièrement rappeler que les groupes géographiques sont reliés par une infinité de nuances intermédiaires. Aucun critère discriminatoire absolu ne sera invoqué à l'appui de l'isolement ou de la typologie des races, avant le retour en force du modèle racial au tournant du siècle positiviste.
Le XVIIIe siècle se caractérisait par le monogénisme, le XIXe siècle sera polygéniste et raciologique, tout particulièrement en France.(…)
les savants « positivistes » refusant de subordonner leur recherche aux credos des Églises, verront dans l'affirmation de la pluralité des origines de l'homme le moyen d'affranchir leur domaine de la tutelle séculaire de la religion. Cette compétition idéologique, facteur de libre examen, n'apparaît pas incidente mais structurelle dans le développement de la pensée hiérarchique et raciale.
Dès le début du siècle, disons entre 1800 et 1825, le concept de race est impatronisé et presque légalisé par les historiens libéraux, défenseurs des valeurs éternelles de la nation gauloise. La critique républicaine des monarchistes, qu'illustreront par exemple Guizot ou les frères Thierry, mit en contraste les Celtes « gaulois » et leurs adversaires et envahisseurs «franks». Les intellectuels bourgeois feront donc usage, à des fins de critique politique, d'une philosophie raciale de l'histoire, basée sur la «lutte de races», les conflits sociaux et les épisodes de conquête militaire. Cette généalogie nationale, à visée patriotique, supposait la prise en compte des «grandes masses d'hommes» : d'un côté, le Tiers-Etat sorti des serfs vaincus de la Gaule archaïque; de l'autre, la noblesse, d'extraction germanique, régnant par droit de conquête, usurpant le pouvoir du plus grand nombre.(…)
Les polygénistes feront de la race une puissance, l'expression d'une force vitale. Chaque race, diront-ils, cantonnée dans une zone géographique circonscrite (son «centre de création»), actualise ses virtualités propres, exclusives et divergentes. L'explication raciologique permettait par là de réexaminer l'énigme des «sauvages» : toutes les races n'étaient pas destinées à la Civilisation comme le XVIIIe siècle progressiste s'en était convaincu. Si le sauvage américain, africain ou australien persévérait dans ses pratiques, en dépit des efforts de la colonisation et de l'évangélisation, c'est qu'il matérialisait dans son existence un potentiel inné qui le singularisait dans le genre humain. Le thème philosophico-naturaliste de la chaîne des êtres fonda cette lecture hiérarchique et différentialiste en justifiant le déficit intellectuel, moral et social des sauvages par leur position «inférieure» dans l'échelle des «formes» et des «âmes» qui culminait dans l'humanité blanche.Le modèle racial reposait donc sur l'hérédité continue des caractères, la fixité presque absolue des traits physiques, mentaux et culturels
Source : C Blanckaert, op cité.
Questions :
- Définissez conception monogéniste et polygéniste, quelle conception était la plus valorisée par les philosophes des lumières ?
- Quel changement a-t-on pu observer au cours du 19 ème, quelles sont les raisons qui peuvent expliquer cette évolution ?
- Expliquez le passage souligné , en quoi s’oppose t’il à la conception développée par les philosophes des lumières ?
Document 4 :
Le nègre est une monstruosité intellectuelle, en prenant ici ce mot dans son acception scientifique.(…) ... Eh bien ! le nègre est un blanc dont le corps acquiert la forme définie de l'espèce, mais dont l'intelligence tout entière s'arrête en chemin. Voyez ce qui se passe aux Etats-Unis dans ces écoles où les enfants des trois races reçoivent le même enseignement. Jusqu'à l'âge de dix ou douze ans, le jeune nègre se montre l'égal du blanc et du Caraïbe ; mais, à mesure qu'il avance en âge et que son corps devient celui d'un homme, son esprit reste enfant. Il y a dans son intelligence, comme disent les physiologistes en parlant des organes, arrêt de développement. Ainsi, homme fait au physique, le nègre n'est au moral qu'un enfant. De là cet amour du plaisir, cette horreur du travail, cette imprévoyance de l'avenir, cette tendance à employer la force brutale, ce respect involontaire qu'elle imprime. De là aussi cette cruauté irréfléchie qui le porte à tourmenter les êtres faibles, qui lui fait trouver un divertissement jusque dans les souffrances de ses camarades, et s'allie parfois à une bonté toute naïve. Tous ces traits de caractère s'observent chez les enfants de la race blanche : chez eux, ils se modifient et s'effacent par les progrès de l'âge, par l'influence de l'éducation; ils persistent chez le nègre pendant toute sa vie.(…) Peut-on espérer de voir jamais le nègre sortir de cet état d'infériorité ? Un temps viendra-t-il où l'enfant devenu homme pourra marcher tête levée et traiter d'égal à égal avec le blanc ? Cette régénération nous semble fort douteuse partout ; elle est impossible aux Etats-Unis, dans les colonies. Les caractères de race sont quelque chose de stable et qui se perpétue, qui tend plutôt à déchoir qu'à se perfectionner.
Source : A. De Quatrefages, «La Floride», Revue des Deux-Mondes,1er mars 1843.
Questions :
- Comment Quatrefages définit-il le « nègre » par rapport au « blanc »
- Peut-on selon Quatrefages envisager grace à l’éducation un développement de « l’intelligence des noirs » ?
- Quatrefages développe t’il une conception monogéniste ou polygéniste ? Justifiez votre réponse ?
Document 5 :
Si l'on s'en tient à la configuration idéologique raciste au sens strict, telle qu'elle se formule au cours du XIXe siècle, on peut la caractériser par le type idéal suivant :
le rejet de l'universel, rejet soit de l'unité de l'espèce humaine, soit de l'unité morale du genre humain, soit de la communauté de communication entre tous les hommes (horizon ou idéal) ; ou simplement négation du fait de sens commun de la co-reconnaissance des individus comme des <> ;
la catégorisation fixe des individus, lesquels sont réduits à n'être que des représentants de leurs ethnies, races, nations ou cultures d'origine (essentialisme) ;
1'' absolutisation des différences collectives : les frontières entre races ou communautés culturelles sont érigées en barrières infranchissables, d'où les thèses d'incommunicabilité, d'inconvertibilité et d'' inassimilabilité ;
la naturalisation des différences, soit par biologisation scientiste, soit par attribution à la <> de toutes les caractéristiques de la zoologique (chaque individu, enfermé dans sa <> comme dans une , pense et agit selon un strict déterminisme culturel) ;
la réinterprétation inégalitaire des différences, projetées sur une échelle universelle de valeurs (pseudo-universalisme).
A ne considérer que les quatre premiers traits, nous avons construit le type idéal du racisme différentialiste, qui peut se formuler soit sur une base biologique (chaque race est une quasi-espèce zoologique), soit sur une base culturaliste. Si l'on ajoute le cinquième trait, l'on obtient le type idéal du racisme inégalitaire, qui réintroduit de l'universel en situant les entités raciales ou culturelles sur une échelle unique de valeurs. Le racisme différentialiste se réfère à un mythe de pureté, sa passion motrice relève de la hantise du métissage, ses prescriptions principales sont
la séparation entre les groupes,
l'interdit portant sur les mélanges,
voire l'extermination de certains groupes, perçus comme intrinsèquement impurs.
Alors que le racisme inégalitaire est ordonné aux intérêts économiques et politiques des groupes se percevant comme supérieurs, ou se donnant pour l'humanité même : les objectifs de domination et d'exploitation des <> sont incompatibles avec la visée d'extermination des <>. La politique nazie a précisément été prise entre les deux systèmes de normes contradictoires :
le génocide des juifs a illustré la logique <> du racisme différentialiste,
alors que la logique < économique > du racisme inégalitaire eût conduit à surexploiter le travail des internés et déportés, juifs ou non, sans menacer directement leur vie.
Source : P.A. Taguieff, op cité
Questions :
- Définissez avec vos propres termes le racisme différentialiste, puis le racisme inégalitaire
- Montrez que chaque conception conduit à l’application de mesures spécifiques qui sont en partie contradictoires
Document 6 :
Selon Lévi-Strauss, deux types de sociétés peuvent être distingués :
« Celles qui pratiquent l'anthropophagie, c'est-à-dire qui voient dans l'absorption de certains individus détenteurs de forces redoutables, le seul moyen de neutraliser celles-ci et même de les mettre à profit ;
et celles qui, comme la nôtre, adoptent ce qu'on pourrait appeler l’ anthropoémie (du grec émein, vomir) ; placées devant le même problème, elles ont choisi la solution inverse, consistant à expulser ces êtres redoutables hors du corps social en les tenant temporairement ou définitivement isolés, sans contact avec l'humanité, dans des établissements destinés à cet usage.
A la plupart des sociétés que nous appelons primitives, cette coutume inspirerait une horreur profonde ; elle nous marquerait à leurs yeux de la même barbarie que nous serions tentés de leur imputer en raison de leurs coutumes symétriques. »
Source : PA Taguieff, la force du préjugé, tel gallimard
Questions :
1. complétez le tableau suivant
Sociétés anthropophages Sociétés anthropoémiques
Forme
d’exclusion
Type de société
Objectifs recherchés
2. Expliquez la phrase soulignée, à quelle analyse vue en cours fait-elle référence ?
PARTIE II –L’ANALYSE DE CLAUDE LEVI-STRAUSS : RACE HISTOIRE ET CULTURE
Document 7 :
L'humanité ne se développe pas sous le régime d une uniforme monotonie, mais à travers des modes extraordinairement diversifiés de sociétés et de civilisations; cette diversité intellectuelle, esthétique, sociologique, n'est unie par aucune relation de cause à effet à celle qui existe, sur le plan biologique, entre certains aspects observables des groupements humains(…)
On ne saurait trop insister sur un fait : si la sélection permet aux espèces vivantes de s'adapter à un milieu naturel ou de mieux résister à ses transformations, quand il s'agit de l'homme, ce milieu cesse d'être naturel au premier chef ; il tire ses caractères distinctifs de conditions techniques, économiques, sociales et mentales qui, par l'opération de la culture, créent à chaque groupe humain un environnement particulier.
A l'origine de l'humanité, l'évolution biologique a peut-être sélectionné des traits pré culturels tels, que la station debout, l'adresse manuelle, la sociabilité, la pensée symbolique, l'aptitude à vocaliser et à communiquer. En revanche et dès que la culture existe, c'est elle qui consolide ces traits et les propage ; quand les cultures se spécialisent, elles consolident et favorisent d'autres traits, comme la résistance au froid ou à la chaleur pour des sociétés qui ont dû, de gré ou de force, s'adapter à des extrêmes climatiques, les dispositions agressives ou contemplatives, l'ingéniosité technique, etc. Tels que nous les saisissons au niveau culturel, aucun de ces traits ne peut être clairement rattaché à une base génétique
Source : C Lévi-Strauss ,race, histoire et culture in http://www.unesco.org/courier/2001_12/fr/droits2.htm
Questions :
- Comment C Lévi-Strauss caractérise t’il la culture
Une ou plurielle - Déterminé par la nature ou complémentaire à la culture ?
Document 8 :
le relativisme culturel, dont Lévi-Strauss rappelle qu'il est , et qui <>. Bref, les cultures sont non pas inégales mais différentes : certaines se rencontrent, se fécondent et se stimulent mutuellement, engendrant ce qu'on nomme progrès ; d'autres demeurent isolées, et ne sortent pas d'une <> . Mais <>. C'est pourquoi cil est souhaitable que les cultures se maintiennent diverses, ou qu'elles se renouvellent dans la diversité >. Il faut néanmoins <>
Non seulement la défense de la différence ou de la spécificité culturelle doit être considérée comme étrangère au racisme, mais elle doit être posée comme nécessaire et souhaitable. Telle est la perspective de Lévi-Strauss : <>
Source : PA Taguieff, les fins de l’antiracisme , op cité
Questions :
- Comment C Lévi-Strauss caractérise t’il le relativisme culturel ?
- Quelle conception de la culture peut-il alors développer ?
- Quel est le prix qu’il faut alors consentir à payer ?
Document 9 :
L'Europe de la Renaissance était le lieu de rencontre et de fusion des influences les plus diverses: les traditions grecque, romaine, germanique et anglo-saxonne; les influences arabe et chinoise. L'Amérique précolombienne ne jouissait pas, quantitativement parlant, de moins de contacts culturels puisque les deux Amériques forment ensemble un vaste hémisphère. Mais, tandis que les cultures qui se fécondent mutuellement sur le sol européen sont le produit d'une différenciation vieille de plusieurs dizaines de millénaires, celles de l'Amérique, dont le peuplement est plus récent, ont eu moins de temps pour diverger ; elles offrent un tableau relativement plus homogène. Aussi, bien qu'on ne puisse pas dire que le niveau culturel du Mexique et du Pérou fût, [en 1492], inférieur à celui de l'Europe (nous avons même vu qu'à certains égards il lui était supérieur), les divers aspects de la culture y étaient peut-être moins bien articulés. (...) Leur organisation peu souple et faiblement diversifiée explique vraisemblablement leur effondrement devant une poignée de conquérants. Et la cause profonde peut en être cherchée dans le fait que la "coalition" culturelle américaine était établie entre des partenaires moins différents entre eux que ne l'étaient ceux de l'Ancien Monde.
L'exclusive fatalité, l'unique tare qui puissent affliger un groupe humain et l'empêcher de réaliser pleinement sa nature, c'est d'être seul.
Source : C Lévi-Strauss ,race, histoire et culture in http://www.unesco.org/courier/2001_12/fr/droits2.htm
Questions :
- Expliquez la dernière phrase du document 8 en vous appuyant sur le document 9
Document 10 :
le premier trait du racisme selon Lévi-Strauss, est<>. A la question: , Lévi-Strauss répond en 1988: <>
Par contre l'ethnologue enchaîne sur la normalité des attitudes humaines marquant des préférences ou des attraits, des antipathies ou des aversions : « Mais que des cultures, tout en se respectant, puissent se sentir plus ou moins d'affinités les unes pour les autres, c'est une situation de fait qui a existé de tout temps. Elle est dans la normale des conduites humaines . En la dénonçant comme raciste, on risque de faire le jeu de l'ennemi, car beaucoup de naïfs se diront : Si c'est cela le racisme, alors je suis raciste »
La thèse lévi-straussienne est qu'il y a une différence de nature entre l'ethnocentrisme, universel et légitime, et le racisme,
méthode moderne d'oppression ou d'extermination condamnable. Jusqu'ici, la dissociation du racisme et de l'ethnocentrisme s'est opérée selon un clivage moral fondé sur le savoir ethnographique : le racisme est anormal et condamnable, l'ethnocentrisme est normal et souhaitable dans certaines limites . Il faut donc faire intervenir un second critère disrinctif. Le second trait du racisme, selon Lévi-Strauss, est qu'il représente une <>, dont la thèse centrale est le déterminisme génétique des caractères culturels. Avec ce deuxième trait, la modernité du racisme apparaîtra plus clairement. Lévi-Strauss introduit sa définition de la façon suivante : <>
- Quels sont les deux traits par lesquels C Léci-Strauss caractérise le racisme
- l’ethnocentrisme peut-il être assimilé au racisme ?
Document 11 :
Dans toutes ces hypothèses, la contribution que l'ethnologue peut apporter à la solution du problème racial se révélerait dérisoire et il n'est pas certain que celle qu'on irait demander aux psychologues et aux éducateurs se montrerait plus féconde, tant il est vrai que, comme nous l'enseigne l'exemple des peuples dits primitifs, la tolérance réciproque suppose réalisées deux conditions que les sociétés contemporaines sont plus éloignées que jamais de connaître: d'une part, une égalité relative, de l'autre, une distance physique suffisante.
Sans doute nous berçons-nous du rêve que l'égalité et la fraternité régneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité. Mais si l'humanité ne se résigne pas à devenir la consommatrice stérile des seules valeurs qu'elle a su créer dans le passé (...), elle devra réapprendre que toute création véritable implique une certaine surdité à l'appel d'autres valeurs, pouvant aller jusqu'à leur refus, sinon même leur négation. Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l'autre, s'identifier à lui, et se maintenir différent. Pleinement réussie, la communication intégrale avec l'autre condamne, à plus ou moins brève échéance, l'originalité de sa et de ma création. Les grandes époques créatrices furent celles où la communication était devenue suffisante pour que des partenaires éloignés se stimulent, sans être cependant assez fréquente et rapide pour que les obstacles indispensables entre les individus comme entre les groupes s'amenuisent au point que des échanges trop faciles égalisent et confondent leur diversité.
Source : C Lévi-Strauss ,race, histoire et culture in http://www.unesco.org/courier/2001_12/fr/droits2.htm
Questions :
- Quelles sont les deux conditions qui doivent être réunies pour assurer une tolérance réciproque ?
- La vision développée par C Lévi-Strauss est –elle optimiste ?
PARTIE III L'EXPERIENCE DE STANLEY MILGRAM : ETUDE DU FILM « ABRAHAM ET LE BATAILLON DES ASSASSINS »
Le film est visionné en cours et le questionnaire distribué et discuté avec les élèves vise à préparer la prise de notes
I - ANALYSE DE L'EXPERIENCE DE MILGRAM
- Dans quel contexte cette expérience a-t-elle été réalisée ( où , par qui ? )
- Comment cette expérience a-t-elle été présentée aux différents participants ?
- Les volontaires correspondent-ils à un profil spécifique ?
- Comment se comportent , au cours de l'expérience, les différents volontaires ( refusent-ils de continuer , rusent-ils avec le scientifique , donnent-ils l'apparence de comprendre les répercussions de leur action )?
- Finalement quelles sont les proportions des individus ayant poursuivi l'expérience jusqu'au bout ?
- Quelles sont les raisons avancées , a posteriori , par les individus pour justifier leur comportement ? Comment pouvez-vous les rattacher au cours ?
B - ANALYSE DE L’HISTOIRE ET DU COMPORTEMENT DU BATAILLON 101
- Quels sont les hommes qui composent ce bataillon ?
- Dans quel contexte ont-ils agi ?
- Ont-ils été forcé à agir ainsi ? Comment peut-on comprendre leur comportement ?
C - SYNTHESE
1- En quoi l'expérience de Milgram permet-elle de mieux expliquer le comportement du bataillon 101 ?
2- quelles en sont les limites ?
3- Peut-on dire que l'expérience historique serve de leçon ?