UN CHOCOLAT POUR UN KRACH ?


Sur le site contre info : Au bord du gouffre, par Paul Krugman

Voilà deux semaines que les très mauvaises nouvelles se succèdent à un rythme accéléré. Des secteurs entiers des marchés du crédit sont à l’arrêt. Les conséquences de la crise financière sur l’économie réelle s’aggravent de jour en jour. La crise menaçant d’échapper à tout contrôle, il faudrait agir résolument et rapidement. Pourtant, les responsables du moment ne sont pas à la hauteur de la situation et quatre mois nous séparent encore de l’entrée en fonction de la nouvelle équipe à la Maison Blanche. Quatre mois durant lesquels pas mal de choses peuvent - et vont sans doute - mal tourner, avertit Krugman.

Par Paul Krugman, New York Times, 2 octobre 2008

Voilà trois semaines de cela, il était encore possible d’affirmer que l’état de l’économie américaine, bien que franchement médiocre, n’était pas catastrophique. Que le système financier, bien que soumis au stress, ne s’effondrait pas et que les difficultés de Wall Street n’avaient que peu d’impacts sur Main Street, l’économie réelle.

Mais c’était il y a trois semaines.

Les nouvelles en provenance de la finance et de l’économie depuis la mi-septembre ont été vraiment très, très mauvaises. Et ce qui est vraiment effrayant, c’est que nous abordons cette période de crise grave sous la conduite de responsables affaiblis et en proie à la confusion.

Cette avalanche de mauvaises nouvelles a débuté le 14 septembre. Henry Paulson, le secrétaire au Trésor, pensait qu’il pourrait s’en tirer en laissant faillir la banque d’investissement Lehman Brothers. Il a eu tort. Les investisseurs ont été piégés par l’effondrement de Lehman. Comme l’a écrit The Times, Lehman est devenue « Le piège à cafard des investisseurs de Wall Street : ils sont entrés, mais ils ne peuvent plus sortir. » Sur les marchés financiers, leur sort a semé une panique qui depuis n’a fait que croître. Les thermomètres du stress financier sont montés en flèche, indiquant une fièvre carabinée, et des pans entiers du système financier ont tout simplement vu disparaître toute activité.

Il devient de plus en plus évident que cet effondrement de la finance se propage sur Main Street. Les petites entreprises ont du mal à lever des fonds et se voient couper leurs lignes de crédit. Les chiffres de l’emploi et de la production industrielle se sont fortement aggravés, ce qui suggère qu’avant même la chute de Lehman l’économie, déjà en ralentissement depuis l’an dernier, était en chute libre.

Jusqu’à quel point cette situation est-elle grave ? Des commentateurs habituellement modérés sont maintenant apocalyptiques. Ce jeudi, le trader John Jansen notait sur son blog que les conditions actuelles sont « l’équivalent financier du règne de la Terreur durant la Révolution Française », et Joel Prakken, de Macroeconomic Advisers, écrit que l’économie semble être au « bord de l’abîme ».

Et ceux qui devraient nous conduire loin de cet abîme sont partis déjeuner...


Ou bien mangent-ils du chocolat ? :


SUR LE SITE DE LIBERATION : LA SOLUTION AU KRACH ?


061008

Le grand magasin britannique Selfridge's a lancé dimanche un nouveau chocolat de luxe baptisé Credit crunch, terminologie anglaise utilisée pour caractériser la crise financière internationale qui sévit depuis plusieurs mois.
«Même si les gens cherchent à dépenser un peu moins en ce moment, ils veulent quand même se faire des petits plaisirs en s'offrant des choses de qualité et luxueuses», souligne le directeur du département alimentation et restauration du grand magasin.
«Le chocolat de qualité est la solution nec plus ultra, car il est relativement peu coûteux, donne satisfaction instantanément et vous aide réellement à vous sentir mieux», a-t-il ajouté.

Londres, le 5 octobre 2008 (d’après AFP)

• Dessin Eloi Valat

Jacques Dutronc chantait déja dans les années 70 :



En effet après nous avoir dit que la France et l'Europe n'avaient rien à craindre : le ministre de l'économie au mois de juillet 2008 insistait sur la bonne santé des banques françaises et européennes et sur le fait qu'elles n'étaient pas confrontées à des problèmes de liquidité, l'économie française devait croître à un rythme annuel de 1.7 % :





Aujourd'hui le krach boursier est une réalité :

sur le site du Monde :

Paris et Londres perdaient 9,77 % et 8,5 % en milieu d'après-midi. La Bourse de New York a ouvert en forte baisse. Toutes les Bourses mondiales s'effondrent.

sur celui de la tribune :

baisse

Krach à la Bourse de Paris

A une heure de la fin séance, le CAC chute de 9,23% à 3.704 points. Un plongeon historique. La tempête qui ravage la finance mondiale depuis plusieurs semaines maintenant ne... Lire

le plus inquiétant est sans doute comme le note PJorion : tout le monde a peur


3 octobre 2008 12:36

TED spread, OIS Libor spread,. Ces sigles abscons, ces indicateurs jusqu’alors connus des seuls spécialistes, décrivent pourtant une réalité très simple : celle du marché du crédit interbancaire où les établissements négocient les prêts à court terme qui sont la pierre angulaire de l’ensemble de l’activité du secteur. Ils indiquent quels sont les écarts de taux - donc les surcoûts - entre les prêts sur le marché interbancaire et le taux directeur de la Fed ou le rendement des bons du Trésor de durée équivalente. En temps normal, mesurée par le TED, cette surprime avoisinait 0,3%. Depuis peu, elle est supérieure à 3,5%. Pourquoi ? Tout simplement parce que les banques ont peur que les établissements emprunteurs fassent défaut. Les spreads, sont une mesure du risque, de la perte de confiance, en un mot de la peur. Depuis la faillite de Lehman, tout le monde se demande : à qui le tour ? Et le marché du crédit interbancaire est en voie de paralysie. Bien que la plupart des médias continuent à ne s’intéresser qu’aux emballements maniaco-dépressifs et grégaires qui sont la règle dans les marchés boursiers, si vous voulez vraiment savoir où nous en sommes, suivez plutôt le TED spread. C’est l’un des meilleurs thermomètres de cette crise. Paul Jorion nous propose aujourd’hui un zoom avant sur cette courbe de température.

Finalement une petite réflexion philosophique permettrait de prendre du recul : vu sur le café pédagogique :

La philosophie et la crise

Les spécialistes de la crise ne sont pas ceux qu'on croit. Ce sont les philosophes. Le site académique de Nantes nous invite à y réfléchir. "Comment aborder le problème de notre devenir en temps de crise ? Cette ressource propose plusieurs réflexions philosophiques et fiches de lectures associées sur le thème de la crise comprise comme un moment singulier de l'existence des hommes et du monde où l'ordre habituel des choses se met à vaciller et menace même de retourner au chaos".

Le site nous invite à naviguer entre des documents multimédias accompagnés de questions pour aborder un bilan personnel. Cette page est prolongée d'une réflexion sur les figures ethétiques de la crise (tragique, baroque, kitsch) appuyée elle sur des documents multimédias.

Sur le site nantais

L'art et la crise



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