le point sur la crise selon l'OCDE

l'OCDE vient de mettre en ligne : les dernières perspectives économiques

les Perspectives économiques de l'OCDE analysent les tendances qui marqueront les deux prochaines années et examinent les politiques économiques requises pour favoriser une croissance forte et durable dans les pays membres. En complément des thèmes traités régulièrement, on trouvera dans cette édition un chapitre analytique intitulé Incertitudes sur l’offre et leurs implications pour la politique économique qui aborde les questions suivantes :

  • Les chocs récents qui ont affecté les marchés du pétrole et du crédit ont-ils modifié la capacité de production des économies de l’OCDE d’une manière notable ? Dans quelle mesure les réformes structurelles peuvent-elles atténuer les effets de ces chocs ?
  • Comment les politiques économiques peuvent-elles répondre à l’incertitude engendrée par ces chocs ?

l'OCDE constate que l'on risque d'être confronté à une période de stagflation :

"Ce sont plusieurs trimestres de faible croissance qui s’annoncent pour la plupart des économies de l’OCDE. Dans le même temps, l’inflation globale pourrait rester forte pendant une certaine période. Ce scénario est le résultat conjugué de la tourmente qui s’est emparée des marchés de capitaux, du refroidissement des marchés du logement et de la forte hausse des prix des matières premières. Les projections que l’on trouvera dans cette livraison des Perspectives économiques de l’OCDE sont porteuses aussi bien de risques à la hausse que de risques à la baisse et elles sont caractérisées par les grandes tendances suivantes :
  • L’activité aux États-Unis va pour l’essentiel stagner durant toute l’année 2008 avant de se redresser avec la fin de l’ajustement dans le secteur du logement, la normalisation des conditions de crédit et les effets de l’assouplissement monétaire antérieur. Dans un contexte de sous-utilisation marquée des capacités et à supposer que les prix des matières premières restent inchangés, l’inflation va nettement s’atténuer. La croissance vigoureuse des exportations, favorisée par la dépréciation récente du dollar, va contribuer à ramener le déficit extérieur aux alentours de 4½ pour cent du PIB l’an prochain.
  • L’activité dans la zone euro va être freinée durant toute l’année par le resserrement des conditions de crédit, la contraction des revenus réels, la décélération de la croissance des marchés d’exportation et des pertes de parts de marché. La croissance va se redresser progressivement avec la dissipation de ces facteurs, même si le recul de l’investissement résidentiel va peser négativement sur l’activité tout au long de l’année. Malgré l’appréciation du cours de change, les tensions inflationnistes sont fortes et, l’utilisation des capacités tendant à se situer un peu en deçà de son niveau normal, il faudra attendre la fin de la période de projection pour que l’inflation revienne à 2 %.
  • Le Japon a été moins directement affecté par la tourmente financière, mais son expansion est pour le moment freinée par le ralentissement de la croissance des exportations, le faible niveau des revenus des ménages ainsi qu’une certaine hésitation des entreprises à investir. À mesure que la croissance va retrouver son dynamisme, l’inflation va progressivement s’accélérer pour s’établir à un taux d’environ ½ pour cent."
l'incertitude est grande :

"La situation économique actuelle est particulièrement instable et la marge de risque autour des prévisions est large
. Dans ces conditions, la politique économique des pays de l’OCDE doit tenir compte de l’importance grandissante des économies hors OCDE, de l’influence du renchérissement de l’énergie et du crédit sur l’offre dans les économies de l’OCDE, de la possibilité d’un décrochage des anticipations d’inflation et des incertitudes entourant les effets de l’évolution des marchés de capitaux sur la croissance et l’inflation.

les effets de la mondialisation seront moins positifs qu'ils ne l'ont été par le passé :
"Jusqu’ici, la mondialisation a été un moteur important du cycle de l’activité économique, les économies non membres de l’OCDE exportant à la fois leurs produits manufacturés bon marché et leurs excédents d’épargne, ce qui a contribué à maintenir les taux d’intérêt des pays de l’OCDE à un niveau bas, stimulant la demande et les prix des actifs. Actuellement, la forte croissance observée en dehors de la zone de l’OCDE explique pour une part importante la cherté des matières premières. En outre, à l’avenir, la croissance toujours vigoureuse des importations de la part des pays non membres de l’OCDE permettra de protéger l’activité dans la zone de l’OCDE. Cela étant, la vigueur de la demande hors OCDE suscite des tensions inflationnistes dans ces pays et entretient aussi les tensions sur les marchés des matières premières.
Dans les pays de l’OCDE, la politique macroéconomique et plus particulièrement la politique monétaire doivent prendre en compte le fait que les pays non membres vont sans doute être une source importante de demande tout en ne faisant plus autant figure de source de désinflation que par le passé."

la question du développement durable cumulée avec les effets pervers générées par la dérégulation des marchés financiers risquent de freiner la croissance potentielle des pays de l'OCDE :

"La politique macroéconomique fait en outre face à une évaluation plus floue qu’auparavant des capacités d’offre des économies de l’OCDE. La mondialisation comme les réformes structurelles ont par le passé favorisé une augmentation des taux de croissance potentielle et vont, espérons-le, continuer dans ce sens. Mais la forte hausse des prix de l’énergie et du coût du capital résultant des événements intervenus sur les marchés de capitaux pourraient saper la croissance potentielle."

un rique de prophétie créatrice en raison d'anticipations inflationnistes à la hausse peut remettre en cause la stabilité des prix :

"Les signes tendant à montrer que les anticipations d’inflation pourraient avoir tendance à s’accroître appellent également à la prudence. Un bon ancrage de ces anticipations constitue un atout majeur pour l’action des pouvoirs publics acquis, dans bien des cas, au prix d’un douloureux processus de désinflation au cours des précédentes décennies. La confiance dans la stabilité des prix peut certes être renforcée en recourant à divers mécanismes institutionnels associés à une communication soigneuse, mais le meilleur moyen de consolider cette confiance consiste à assurer concrètement cette stabilité."

heureusement la crise des subprimes est selon l'OCDE derrière nous ( ?) :
"L’influence exercée par les marchés de capitaux sur la croissance reste difficile à évaluer. Il y a actuellement de plus fortes chances que le paroxysme de la perturbation des marchés soit désormais dépassé",
l'OCDE tempère néanmoins son optimisme :

"mais c’est loin d’être une conclusion acquise. Et quand bien même ce serait le cas, les effets de cette phase sur la croissance risquent de perdurer. L’incertitude est exacerbée par le probable effet en retour de la détérioration des conditions de croissance sur les marchés des capitaux et par le fait que les problèmes au sein des institutions financières peuvent être résolus de différentes façons. À cet égard, il paraît souhaitable de remédier à la pénurie de fonds propres au moyen d’injections d’argent frais et de cessions d’actifs plutôt que par une compression du crédit. Même si une normalisation plus lente que prévu des marchés de capitaux ne saurait être exclue, on ne peut pas plus exclure un rétablissement plus rapide surtout si une amélioration de la confiance venait à créer une interaction positive entre les prix des actifs financiers et les bilans des institutions financières. Les banques centrales doivent se préparer à ces deux éventualités."

l'OCDE pointe la nécessité de remettre en cause au moins en partie la dérégulation en imposant des règles prudentielles :

"En dehors du traitement des répercussions de la crise actuelle des marchés de capitaux sur la demande, il conviendra de réexaminer le régime de contrôle prudentiel de ces marchés."

En complément sur le site de Natixis :

L’amélioration des marchés financiers est nette. Elle est raisonnable compte tenu des politiques économiques mises en place : déficits publics, injections multiples de liquidités sous diverses formes par les banques centrales, élargissement de la liste des actifs pris en collatéral par les banques centrales, soutien des emprunteurs, en immobilier puis en cartes de crédit, aux États-Unis. Elle est raisonnable, aussi, puisque les effets immédiats de la crise du subprime (pertes des banques, défauts d’emprunteurs) vont bientôt disparaître, enfin parce que la profitabilité des entreprises non financières reste forte. Mais il ne faudrait pas que les marchés financiers imaginent que toutes les difficultés ont disparu : le retour de la croissance sera lent et limité, pour de multiples raisons, aux Etats-Unis et en Europe, et les marchés financiers et les banques vont souffrir du ralentissement économique ; le redémarrage des marchés est aussi lié à l’abondance de la liquidité mondiale, qui doit faire attendre le démarrage de nouvelles crises dans le futur.
La vitesse avec laquelle les marchés financiers sont passés à une perception très positive de l’économie américaine, ce qui s’est vu à la parité du dollar, n’est donc pas raisonnable. La vitesse des marchés n’est pas celle de l’économie.

pour lire l'article : Les marchés financiers doivent-ils autant se réjouir ?

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