Corrigé de la dissertation croissance et développement durable sont-ils compatibles


Sujet du bac de pondichéry 2007 : Une croissance élevée est-elle compatible avec un développement durable ?


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Correction du sujet :

Problématique : Les économistes néo-classiques sont particulièrement optimistes en ce qui concerne la soutenabilité de notre modèle de croissance productiviste .Il serait ainsi possible, grâce à l’internalisation des externalités et en particulier au rôle positif du progrès technique, de concilier à la fois croissance et développement durable au niveau mondial. L’ensemble des pays de la planète pourrait ainsi connaître pendant une période longue une augmentation du PIB qui assurerait la satisfaction des besoins actuels de la population tout en limitant les répercussions de la croissance actuelle sur l’environnement, ce qui permettrait de répondre aux besoins des générations futures . Or , cette vision semble beaucoup trop optimiste : la généralisation au niveau mondial du modèle occidental (de croissance productiviste entraînerait des dégradations de l’environnement à court et long terme . Dés lors comment transformer le modèle de croissance pour assurer une augmentation du bien-être de l’ensemble de la population durable.

I – Pour les économistes néo-classiques , le modèle de croissance productiviste basé sur le marché permet de concilier croissance et développement durable

  1. Les effets la croissance sur l’environnement sont uniquement à court terme

1. Constat

Les auteurs libéraux sont bien conscients des effets pervers de la généralisation de la croissance dans le monde : en une décennie (doc 1 ), on observe une accélération du taux de croissance du PIB qui est passé de 3,4% par an en moyenne entre 1988 et 1997 à 4,1% par an en moyenne dans la période 98-2007 . Cette accélération concerne les pays du monde les plus peuplés : la Chine ( une croissance annuelle moyenne de 9% ) et l’Inde ( 6% )

Certes , à court terme ,cela génère des tensions sur les ressources naturelles (épuisement des ressources non renouvelables) et une augmentation de la pollution (augmentation des rejets de GES) .

2. Explications

Les économistes néo-classiques (grosman et Krueger) ont adapté la courbe de Kuznets qui établie une relation de corrélation entre croissance et inégalité aux répercussions de la croissance sur l’environnement . Jusqu’ à un certain seuil de PIB/habitant , la croissance se traduit par une raréfaction des ressources naturelles car la croissance est de type extensive : pour produire plus , il faut davantage de facteurs de production donc un gaspilage de ressources. C’est ce qui se passe pour l’Asie entre 1973 et 1979 ( doc 5 ) : pour produire davantage , elle doit utiliser davantage de ressources naturelles,l’intensité énergétique est faible ( doc 5 ) . Il y a aussi une augmentation de la pollution due aux effets externes .

  1. La croissance ne se traduit pas par une dégradation durable de l’environnement

    1. Constat

Mais à moyen et long terme , la croissance se traduit par une meilleure préservation de l’environnement conformément à la courbe environnementale de Kuznets .Car , à partir d’un certain seuil de richesses, la relation inverse apparaît : la croissance est corrélée avec une diminution de la pollution et une meilleure préservation de l’environnement .

    1. Explications

C’est la croissance elle-même qui permet de concilier satisfaction des besoins présents et futurs . En effet la croissance a des conséquence à la fois sur l’offre et la demande de biens.

a. Les conséquences de la croissance sur l’offre

L’utilisation accrue de ressources naturelles générée par l’augmentation du PIB oblige les entreprises à innover. En effet, conformément à la loi de l’offre et de la demande ,si la demande d’une ressource est supérieure à son offre , le prix doit augmenter , comme cela se passe aujourd’hui pour le pétrole . Dans ces conditions , pour éviter une baisse trop forte des profits , il devient rationnel pour une entreprise d’opérer de la RD pour innover . Ainsi, comme l’écrit G.Girmens ( doc2) : « le progrès technique donne souvent des moyens de dépasser ces limites », puisque grâce à lui , l’économie passe à une croissance intensive . Il faut donc selon Solow non réduire la croissance car c’est gràce à elle que les entreprises innoveront développeront de nouveaux produits moins polluants

Ces innovations peuvent permettre soit de trouver de nouvelles sources d’énergie ou de matières premières ( par exemple , le nucléaire , le plastique) ,soit d’économiser ces ressources .Le rôle de la croissance sur l’utilisation des ressources peut se voir grâce à analyse longitudinale de l’intensité énergétique , c’est-à-dire la quantité d’énergie nécessaire pour produire 1000 $ de PIB en dollars de 1999 : depuis 1973 , cette intensité energétique a fortement augmenté pour tous les pays . Elle est passée de 0 ,4 en 73 à 0,27 en 98 pour les EU (doc 5) . Cela veut dire que pour produire la même quantité de richesses , les EU utilisent moins d’énergie puisque le progrès technique permet d’économiser les ressources rares , ce qui libère des ressources pour les générations futures .

La réduction de la pollution peut donc s’obtenir en jouant sur le calcul rationnel des entreprises . Le problème de la pollution est une question d’effet externe , c’est-à-dire une conséquence involontaire de l’action rationnelle des individus . La pollution n’a donc pas de prix, d’autant plus qu’elle est diffuse et qu’elle concerne des biens libres (air eau, etc).Les entreprises ne voient donc pas l’intérêt à la réduire . La solution serait la création de marché à polluer qui internaliserait les externalités (ici la pollution) et les ferait entrer dans le calcul rationnel de l’entreprise . Ainsi l’Etat garant de l’intérêt général doit instaurer un marché des droits à polluer (distribuer des permis de pollution en quantité »s décroissantes) et laisser le marché s’autoréguler : plus le prix de la pollution sera élevée , plus les entreprises seront incitées à réduire leur niveau de pollution pour réduire leurs coûts , voire augmenter leurs recettes ,car elles pourraient vendre leurs droits à polluer non utilisés (à partir d’un calcul coût bénéfice : cf cours).

La question paraît plus délicate si l’on se situe au niveau des PVD qui ont besoin de polluer pour décoller (cf ; la position de la chine aujourd’hui) , pourtant les pays du nord pourraient transférer au pays du sud des technologies propres qui permettraient de réduire les émissions tout en bénéficiant au nord qui pourraient bénéficier de débouchés, mais aussi préserver leur modèle de croissance tout en le généralisant à l’ensemble des nations. Ce principe parît vérifiée par la courbe de Grosman et Krueger : la chine demain connaitra un pic de pollution plus bas que la corée dans lers années 80 qui elle-même a connu des pics plus bas que le Japon (années 70), ou le Royaume uni (début XXème)

b. Les conséquences de la croissance sur la demande

A ces transformations de la production s’ajoutent des changements de la structure de la demande .En effet , l’augmentation du PIB se traduit par une augmentation des revenus qui entraîne une modification de la demande des ménages .

D’après les lois d’Engel , quand le revenu augmente , la part du budget consacré aux dépenses de biens matériels diminue au profit de la demande de services . Or celle-ci est nettement moins polluante et gourmande de ressources naturelles que la production de biens .La croissance se traduit donc automatiquement par une réduction de la pollution .

Cet effet est renforcé par le changements de valeurs de la population résultant de la croissance . En effet , quand les ménages sont pauvres , leur objectif est d’assurer leur satisfaction matérielle . Avec la croissance, celle-ci est acquise et leurs revendications ne sont plus les mêmes .Ils ne souhaitent plus avoir de nouveaux biens , mais ont des demandes qualitatives : égalité , meilleur environnement (cf la pyramide de Mac Gregor vue en cours) . Ils vont donc faire pression sur les gouvernements pour assurer une baisse de la pollution . Cette pression des opinions publiques sur les Etats se remarque avec la signature du protocole de Kyoto en 98 et son entrée en vigueur en 2005 (doc 4 ) . « Le protocole de Kyoto repose sur un principe relativement simple :les pays développés et en transition se sont engagés sur un objectif global de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2% en 2008-2012 par rapport au niveau de 1990 » . Cet effort est important puisque « cela représente une diminution de 20 % par rapport au niveau d’ émissions anticipé pour 2010 si aucune mesure de contrôle n’avait été adoptée » .

c. La synthèse de ces deux effets sur le développement durable

Ainsi , pour les économistes libéraux , il n’ y a aucune raison de s’inquiéter : les effets positifs de la croissance vont permettre à la fois de produire plus et de permettre aux pays pauvres d’Afrique et d’Asie de satisfaire les besoins actuels de leur population tout en laissant des ressources naturelles et un environnement de qualité pour répondre aux exigences des générations futures .

II- Mais cette vision est trop optimiste : la croissance soutenue dans la logique du modèle productiviste n’assure pas automatiquement le développement durable

Or cette vision semble trop optimiste . En effet , les solutions envisagées sont insuffisantes pour répondre aux défis de la pollution qui se retrouve à long terme , car la croissance est une condition nécessaire mais non suffisante pour assurer le développement durable .

  1. Constat

Ainsi , on ne pourrait plus assurer à la fois satisfaction des besoins présents et futurs . Car le modèle de croissance productiviste occidental dont le but est de produire toujours plus se heurterait à 2 écueils : le manque de ressources naturelles et la dégradation de l’environnement .

1. Une raréfaction des ressources naturelles

La croissance productiviste entraîne une augmentation de la demande de ressources naturelles , l’écart entre offre et demande va devenir croissant ( doc 1 ) .Ainsi ,en 1970 , les découvertes de réserves de pétrole excédaient de 50 milliards de barils la consommation de pétrole .Depuis cette date , l’excédent de l’offre sur la demande tend à diminuer pour à partit de 1985 s’inverser . Depuis le début des années 80 , la consommation de pétrole est supérieure aux réserves . En 2005 , il manque 20 milliards de barils .

2. Une dégradation de l’environnement

La surexploitation du pétrole n’est pas isolée ; elle est reliée à une surexploitation générale de la planète que l’on peut mesurer par l’empreinte écologique (doc 6 ).Celle-ci est la surface utilisée par un individu pour subvenir à ces besoins et pour résorber la pollution rejetée par ces activités .

La surface qui permet d’assurer le développement durable est de 1,9 hectares : en dessous de ce seuil , les générations présentes laissent une planète en bon état aux générations futures . Or , d’après le WWF , ce n’est plus le cas aujourd’hui : « l’empreinte écologique du consommateur moyen était de 2,3 hectares par personne en 1999 . Cela veut dire que les générations présentes surexploitent la terre et vont l’appauvrir .

Ce phénomène est renforcé par le fait que ce chiffre soit une moyenne . On remarque en effet une grande disparité dans les empreintes écologiques : « alors que le consommateur africain ou asiatique moyen disposait de moins de 1,4 hectares par personne en 1999 , l’empreinte de l’européen occidental moyen atteignait les 5 hectares et celle du nord-américain moyen était de près de 9,6 hectares » ( doc 6 ) . Ainsi , plus un pays est riche , plus son utilisation de la planète est forte . Contrairement à ce qu’affirment les libéraux , la croissance se traduit par une dégradation de l’environnement . Notre croissance actuelle empêchera donc les générations futures de satisfaire leurs besoins essentiels puisqu’ils n’auront plus de ressources naturelles dans un contexte dégradé .

  1. Explications :croissance économique soutenue (modèle productiviste) et développement durable apparaissent comme contradictoires

Contrairement aux affirmations des libéraux , la croissance actuelle empêchera la croissance future . Leur erreur provient en grande partie de la surestimation des effets positifs du progrès technique : le progrès technique peut jouer un rôle ,mais limité

    1. Le progrès technique est insuffisant pour économiser les ressources naturelles

Car le progrès technique est primordial mais n’est pas suffisant pour solutionner les défis auxquels le monde est confronté : il permet certes d’économiser les ressources , mais les gains dus au progrès technique se révèlent insuffisants car on constate : que cette réduction de l’intensité énergétique génère un effet rebond . Les pays , profitant de ces gains de d’efficacité , vont consommer davantage de ressources pour produire davantage (ex les 4-4 gros consommateurs d’énergie) . Certes , on gagne en terme d’intensité unitaire , mais on perd en termes d’énergie totale utilisée .

Le progrès technique nécessite un temps pour être mis sur le marché , or on peut s’interroger sur la capacité de l’économie à trouver un substitut crédible et rentable au pétrole dans le court terme..

    1. Les effets de la pollution sont à long terme

La loi de l’offre et de la demande n’assure donc pas automatiquementun développement durable . La régulation par le marché est défaillante . Ces limites sont encore plus visibles quand on étudie les effets réels des marchés de droits à polluer , censés réduire la pollution grâce à l’instauration du prix de la pollution .L’Etat soumis aux lobbis des entreprises qui menacent de délocaliser ou de licencier si le coût de la pollution nuit à la compétitivité a distribué trop généreusement les droits. Mais aussi le marché ne peut arriver à diminuer la pollution du fait des caractéristiques mêmes de la pollution :elle cumule ses effets dans le long terme et certains effets sont irréversibles. La pollution actuelle s’ajoute à celle passée et met des siècles avant de disparaître . Ce type de conséquences ne peut être appréhendé par l’entreprise car elle recherche son profit maximum à court terme (myopie du marché) .

    1. Il faut donc faire un choix

Ainsi , un arbitrage doit être effectué : soit continuer à augmenter la production et accepter d’empêcher les générations futures de subvenir à leurs besoins , soit stopper notre croissance productiviste pour assurer une protection de l’environnement . Dans ce cas , une croissance zéro comme le préconisait le club de Rome dans les années 70 ne paraît pas suffisant , puisque cela impliquerait de laisser les plus pauvres dans leur état de pauvreté . La solution serait alors la décroissance : selon latouche et N Georgesu Roegen (cf cours) les pays riches devraient réduire leur quantité de richesses créées pour permettre aux populations les plus pauvres de connaître une augmentation du niveau de vie et la satisfaction des besoins élémentaires . L atouche en particulier conteste la notion même de développement durable qui n’est selon lui qu’un oxymore.

Mais à voir les problèmes générés par un ralentissement de la croissance dans les PDEM (cf le rique de récession du à la crise des subprime) ,on peut se demander si cette stratégie serait acceptée par les habitants des pays riches qui selon certains sociologues sont dépendants de la consommation (Baudrillard).

  1. (ou partie III)La solution : un nouveau modèle de croissance ?

Il faudrait alors instaurer un nouveau modèle de croissance qui rompt avec le modèle productiviste développé durant les trente glorieuse Pour cela il seraity nécessaire d’adopter d’autres modèles productifs , par exemple définir dés la conception du produit des éléments recyclables et favoriser les activités de services , basées sur la personne et moins polluante .

Mais aussi il faudrait abandonner nos indicateurs de richesses et en définir d’autre ce qui semble être le but de la commission composée de J Stiglitz et A Sen dont la mission est de proposer des substituts au PIB



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