QSTPN°2 en première : culture et socialisation: le cas de l'armée

En ligne le corrigé de la qstp donné ce matin en devoir :


Question de synthèse n°2 première 2007-2008 – culture et socialisation

I. Dossier documentaire

Document 1

A :
- La négation de toute singularité :L'identité personnelle est affectée notamment à travers les modes de présentation de soi : prénom censuré au profit du seul nom, situé au sein d'une classe d'appartenance («Chasseur X», «Dragon Y»...), elle-même incluse dans une hiérarchie légitime située au-dessus des individus («mon colonel» à comparer avec «mon père», la «mère supérieure», le «camarade-secrétaire»...); perte des effets personnels en échange d'un uniforme doté d'une fonction patente de nivellement à quoi s'ajoute la coupe de cheveux «réglementaire». La sphère privée est mesurable par ce qui reste : quelques photographies, un colis de victuailles, un transistor, un livre (non «subversif»)... mais le volume est, de toutes façons, limité par l'espace strictement octroyé dans l'armoire standardisée qui doit être rangée réglementairement et qui est constamment à la merci d'une inspection.

- La dépossession du temps et de l’espace : L'organisation du temps et la limitation des déplacements dans l'espace interne de l'institution marquent la «perte d'autonomie» de l'individu: l'institution s'emploie à occuper à plein temps — surtout dans la phase initiale de socialisation — un individu qui ne doit plus s'appartenir. D'où ces successions de moments précipités (appels impromptus, punitions exceptionnelles, corvées régulières, marches, courses) et de moments d'attente interminables (queues, gardes...) : elles contribuent à entretenir cette disponibilité permanente en vue des missions éventuelles dont le sacrifice personnel constitue plus ou moins le fond permanent. (… )

· L'obéissance inconditionnelle :L'ordre absurde ou contradictoire a une fonction de dressage d'autant plus éminente qu'il ne vaut pas pour son contenu impossible à réaliser mais uniquement pour sa qualité formelle d'ordre («il le faut», «il n'y a pas à discuter»...). L'ordre, digne d'être exécuté du seul fait d'avoir été émis par un agent autorisé de l'institution, révèle sous forme extrême et épurée la relation de dépendance hiérarchique: «A Saint-Cyr, pour nous imprégner de cette idée que tout ordre, quel qu'il soit, même s'il paraît idiot — ce dont l'inférieur n'est pas juge — surtout s'il paraît idiot et même s'il l'est carrément, doit être exécuté « sans hésitation » ni murmure, on a inventé les brimades». (Lt-Col.Federphil, Nos vingt ans à Saint-Cyr Paris , 1933
Source : L Pinto, initiation à la pratique sociologique, Dunod, 1989.

B :Ce 12 janvier 2004, 91 élèves de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, néophytes en montagne – certains n’ont jamais vu la neige – s’élancent pour trois jours vers le col de Restefond. A 13 h 30, Christian Heintz, du CIECM (Centre d’instruction et d’entraînement au combat en montagne) de Barcelonnette, modifie le programme : comme il fait mauvais, on annule le bivouac prévu et on continue en raquettes vers le sommet, pour dormir au chaud dans les casernes de Restefond. On fait donc en un seul jour ce qui était prévu en deux. «Décision incohérente, déraisonnable», affirme un expert en montagne, François Le Ray. ( … ). Il serait temps de réclamer des secours. Non.( … )

«Ces deux officiers ne se sont pas alimentés correctement», tempère le capitaine Lefebvre, qui conteste toute culpabilité : «On oublie la responsabilité individuelle de chacun. Ils devaient se protéger.» L’armée a tenté des explications : les Africains auraient «un instinct de survie moins développé que les Européens», selon un gradé. Un avocat évoque une «superstition» qui aurait empêché un des deux décédés de rentrer dans son igloo de fortune. Ces arguments ne tiennent pas mais ils sous-tendent un drôle de raisonnement : seuls des Africains sont morts, donc c’est leur faute. Le général Oberto pointe, dans un rapport interne, «le facteur majeur de discontinuité», selon les termes du réquisitoire : «Le comportement difficile à anticiper et à maîtriser de certains stagiaires africains plus vulnérables au froid.» ( … )

Surtout, les gradés auraient dû respecter la loi de la montagne : on avance au rythme du plus faible. Mais les faibles, à l’armée et à Saint-Cyr… «Il y a dans cette école une pression pour surmonter les épreuves», dit un gendarme enquêteur. Pour l’armée, malgré les imprudences relevées par l’enquête pénale, le lieutenant-colonel Heintz n’a commis aucune faute professionnelle. Le général Thorette a pris «la décision de [ le] sanctionner sévèrement» en lui interdisant toute responsabilité dans des exercices en montagne pendant trois ans. Puis il a été promu. Mise en cause, l’armée fait bloc.

Source : M.Henry ,Dans le froid du col de Restefond, «c’était creuse ou crève» , Libération, mercredi 21 novembre 2007

Document 2 :Cette recherche met ainsi à jour une adaptation de l’exercice du commandement militaire qui tend à converger vers un modèle plus managérial ou plus industriel pour reprendre l’idée de Charles C. Moskos. La professionnalisation des armées se traduit par une “technicisation” et une spécialisation des métiers militaires. Cette standardisation des savoirs brouille les cartes d’une lecture traditionnelle des métiers militaires jusqu’ici déterminés suivant le principe de la polyvalence et de l’interchangeabilité. En outre, ceci produit de la mise en concurrence des savoirs et aboutit à une reconnaissance organisationnelle des individus par les compétences qu’ils ont acquises. Dès lors, les relations sociales et professionnelles ne peuvent plus faire l’impasse sur l’individu. D’une part, la modification des règles de gestion du personnel militaire conduit à cette personnalisation. D’autre part, la volonté des individus de comprendre ou d’être associés aux décisions produit un commandement plus “participatif” et plus explicatif. La contractualisation généralisée des militaires concourt bien en cette direction. Deux groupes d’acteurs sont alors en tension au sein des armées. D’un côté, les “institués” ; de l’autre, les “organisés”. Les premiers manifestent une adhésion puissante aux valeurs de l’institution. Ils s’avèrent être très critiques à l’égard du recrutement, du manque de moyens et de l’évolution de leur armée. Les seconds ont une ancienneté généralement plus faible. Ils sont très critiques à l’égard des rituels militaires qui leur font perdre du temps, très nuancés sur le mode de socialisation et de commandement qui leur donnent le sentiment d’une infantilisation voire d’un traitement irrespectueux. Ils manifestent une démotivation certaine en raison des sacrifices qu’occasionne le service des armes sur leur vie personnelle et remettent en cause la légitimité de l’autorité du supérieur lorsque celle-ci ne repose pas sur des compétences

Source :S.Jakubowski , La professionnalisation de l’armée française , L’Harmattan , in http://www.armees.com/La-professionnalisation-de-l-armee-francaise-consequences-sur-l-autorite,26094.htmlBas du formulaire

Document 3 :De 7% en 1999, le pourcentage de femmes dans l’armée de terre est passé à 9% en 2001et le nombre de candidatures féminines ne cesse de croître au point de dépasser, en proportion, celui des hommes. La féminisation des armées peut apparaître, en première analyse, comme un phénomène connu et maîtrisé. C’est oublier que le contexte dans lequel elle prend place a changé. Elle s’inscrit dans les transformations de l’institution militaire, aux côtés d’autres changements qui interagissent tels que la fin de la conscription, l’évolution de la politique de défense et des pratiques de gestion des ressources humaines. La féminisation n’est pas qu’une question d’augmentation d’effectifs. Il s’agit d’intégrer des femmes dans un métier traditionnellement masculin.

Dans leur étude, Daniel Loriot, Guy Friedmann et Leïla Benkara examinent les différentes formes d’engagement des femmes qui déterminent leur choix du métier des armes et les processus d’intégration et de socialisation des femmes dans l’armée de terre. ( …)

La légitimité de l’autorité repose encore sur des attributs physiques sexuellement déterminés et regroupés sous le terme de virilité. Dépossédées de ces attributs, les femmes militaires proposent un modèle d’autorité fondé sur le respect, l’écoute et la relation de proximité. D’après les auteurs, les femmes seraient les initiatrices d’une autre façon d’être et de faire qui commencerait à se faire jour. L’influence féminine serait susceptible de transformer les modalités de commandement, la relation à l’autorité et la capacité d’écoute.

Source : Caroline Verstappen , la féminisation de l’armée de terre , la gestion face aux identités ministère de la Défense , in http://www.c2sd.sga.defense.gouv.fr/IMG/pdf/c2sd_synth_loriot_choix_femmes.pdf

II. Travail préparatoire

1) Après avoir défini le terme sous-culture caractérisez la sous-culture développée par l’armée ( doc 1 , A et B )

2) Après avoir défini le terme socialisation , présentez les méthodes de socialisation opérées par l’armée . A quelles conception de l’individu et à quelles analyses de la socialisation se rattachent-elles ? ( doc 1 A et B )

3) Après avoir défini le terme socialisation secondaire , indiquez quels sont les buts de l’armée en pratiquant de telles méthodes de socialisation .( docs 1 A et B)

4) En quoi la professionnalisation des armées remet-elle en cause les méthodes de socialisation traditionnelles de l’armée ? A quelle conception de l’individu et de la socialisation se réfèrent ces nouvelles méthodes ?

5) Après avoir défini les termes statut et rôle , vous montrerez que la sous-culture traditionnelle féminine est en contradiction avec la sous-culture de l’armée ( doc 3 )

6) Montrez que l’arrivée massive des femmes dans l’armée change les modèles de socialisation et de commandement ( doc 3 )

III. Question de synthèse

Dans une première partie , vous montrerez que l’armée est un agent de socialisation secondaire , transmettant une culture spécifique avec des méthodes particulières dans le but de constituer un groupe homogène , conformément aux analyses traditionnelles de la socialisation . Dans la seconde partie , vous montrerez que , en raison de la professionnalisation et de la féminisation des armées les méthodes de socialisation évoluent ; elles correspondent aux analyses modernes et interactionnistes de la socialisation


Correction de la question de synthèse n° 2 2007- 2008 – culture et socialisation

I. L’armée est un agent de socialisation secondaire

Guy Rocher définit la socialisation comme « étant le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socio-culturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expérience et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre » . G.Rocher met ainsi en évidence que le processus d’acquisition de valeurs , normes , modèles de comportement dure toute la vie , chaque fois que l’individu change de groupe . L’armée est ainsi un agent de socialisation secondaire , dans le sens où l’armée souhaite incorporer un individu déjà socialisé dans un nouveau groupe . En effet , entrent dans l’armée des individus majeurs , ayant donc déjà reçus une socialisation . L’armée va resocialiser l’individu : lui donner une nouvelle sous-culture grâce à des méthodes de socialisation particulières pour former un groupe homogène

A. Des méthodes de socialisation traditionnelles

1. Une sous-culture spécifique

a) Définition de la sous-culture

L’armée développe une sous-culture spécifique . On peut définir le terme sous-culture comme le système de valeurs , normes et modèles de comportements, propre à un groupe social (les jeunes, les ouvriers, les occitans, etc.) qui lui permet de se différencier et d’intégrer ses membres en développant une conscience collective sans pour autant s’opposer à la culture de la société.

L’armée développe des valeurs , c’est-à-dire des manières d’être ou d’agir qu’une personne ou une collectivité reconnaît comme idéales et qui rend estimables les êtres ou les conduites auxquels elle est attribuée ; des normes que l’on peut définir comme les normes sont des règles de conduite très largement suivies dans une société ou un groupe donné, dont la non-observance entraîne des sanctions diffuses ou explicites , des pratiques sociales qui sans s’opposer vraiment à celles de la culture de la société française sont différentes

b) Présentation de la sous-culture de l’armée

La valeur suprême dans la hiérarchie est le respect de la hiérarchie : on doit obéir à son chef . Ainsi , dans l’armée , ce qui définit un individu , c’est son grade : « chasseur X » , « Dragon Y » ( doc 1 A) .

Du respect de la hiérarchie découle une autre valeur : l’obéissance totale aux ordres . La norme qui en découle est qu’un soldat doit obéir à n’importe quel ordre , même stupide « du seul fait d’avoir été émis par un agent autorisé de l’exécution » ( doc 1 A ) . Ainsi , lors de la sortie en montagne à Saint-Cyr , aucun militaire ( pourtant tous officiers ) n’ a remis en cause le fait que l’exercice continue malgré des conditions climatiques extrêmes ( doc 1 B )

A ces valeurs collectives s’ajoute des idéaux liées aux comportements des individus . Le soldat doit être prêt à se sacrifier pour le groupe et la patrie : il doit donc être courageux . Les normes pour atteindre cet idéal sont alors la force , quelle soit mentale ou physique . Cela entraîne un mépris des faibles dans l’armée : lors de la sortie en montagne , cette survalorisation du courage et de la force physique a entraîné la mort de 2 soldats , ceux qui étaient les plus faibles ( doc 1 B ) . M.Henry dans Libération écrit ainsi : « mais les faibles , à l’armée et à Saint-Cyr , … » ( doc 1 B )

Ce classement entre forts et faibles se doublent à l’armée d’un racisme à peine voilé : les deux soldats morts lors de cette sortie sont africains ; s’ils sont décédés , c’est justement parce qu’ils sont africains : selon l’armée , « les Africains auraient un « instinct de survie moins développé que les Européens » » ( doc 1 B ) .

Ces caractéristiques culturelles ne sont pas réellement celles de la culture dominante qui prône une égalité entre les individus et le respect des différences . Cette différence explique qu’après la mort de 2 officiers africains , les familles aient porté plainte contre l’armée , ce qui s’est traduit par un procès .

2. Transmise par des méthodes traditionnelles

a) La conception particulière de l’individu

C’est pour cela que l’armée pour faire intégrer aux soldats cette sous-culture , développe des moyens de socialisation spécifiques qui ont tous en commun de reposer sur une conception particulière de l’individu : l’individu est un être imparfait , qui doit donc être réformé et subir un conditionnement qui lui est imposé ( l’individu est considéré comme passif) afin de pouvoir être intégré à la société . En effet , l’objectif de l’armée est le « dressage » ( doc 1 A ) des individus comme celui d’un animal

b) Génère des processus de socialisation spécifiques

3 grands types de méthodes peuvent être mises en évidence .

La première est l’application de sanctions ou de punitions quand le soldat ne se conforme pas aux comportements souhaités. Ainsi , il y a des « punitions exceptionnelles » ( doc 1 A ) .

La deuxième consiste à répéter les mêmes gestes qui sont destinés à développer chez le militaire des réflexes conditionnés et des habitudes . Ainsi , le quotidien d’un soldat est rythmé de manière très particulière par « des successions de moments précipités ( appels impromptus , corvées régulières , courses , marches ) et des moments d’attente interminables) ( doc 1 A )

La dernière méthode est l’utilisation de brimades . Ainsi , le lieutenant –colonel Ferderphil écrit en 1993 : « pour nous imprégner de cette idée que tout ordre , quel qu’il soit , doit être exécuté sans hésitation , ni murmures , on a inventé les brimades » ( doc 1 A) . Les supérieurs donnent des ordres idiots et les soldats s’ils ne les respectent pas sont humiliés . Ces humiliations répétées permettent alors d’intégrer la règle de base de l’armée : obéir .

B. Dans le but de former un groupe homogène

Toutes ces méthodes de socialisation ont un seul objectif : former un groupe homogène , car l’armée reste un groupe de type holiste .En effet , l’armée veut mettre en évidence l’unité et l’identité du groupe . Ainsi tout ce qui pourrait distinguer les soldats est interdit : les soldats ont peu de liberté et ont peu d’espace pour mettre en évidence leur personnalité : « la sphère privée est mesurable par ce qui reste : quelques photographies , un colis de victuailles , un transistor , un livre , mais le volume est limité pat l’espace strictement octroyé dans l’armoire standardisée » ( doc 1A) .

En revanche , de nombreux éléments sont utilisés pour symboliser l’appartenance au groupe : « un uniforme doté d’une fonction patente de nivellement à quoi s’ajoute la coupe de cheveux réglementaire ( doc 1 A ) . Les soldats se ressemblent tous , il peut donc naître un sentiment fort d’identité et d’appartenance au groupe . L’armée assure donc une forte pression sur les individus pour les rendre semblables .

Mais la contrepartie de cette contrainte est une protection très forte des membres par le groupe . Ainsi , après la mort des 2 officiers dans les Alpes , « le général Thorette a pris la décision de le sanctionner sévèrement , en lui interdisant toute responsabilité dans les exercices en montagne pendant 3 ans . puis il a été promu . » ( doc 1 B ) . Dans un groupe de nature holiste , attaquer un individu , c’est attaquer le groupe . « L’armée fait bloc » ( doc 1B )

C. Conformément aux analyses déterministes de la socialisation

Ces méthodes de socialisation correspondent bien à l’analyse développée par E. Durkheim La culture est un tout relativement cohérent et homogène - qui préexiste aux individus qui composent la société ; ceux ci ne peuvent s’intégrer que s’ils maîtrisent et appliquent le système de valeurs et de normes définies par la société . La socialisation aura pour fonction de constituer en chaque individu l’être social qui exprime non pas la personnalité individuelle mais le groupe dont-il fait partie. La conception de la socialisation développée par Durkheim repose donc sur le postulat que l’enfant est un être vierge et passif donc très malléable que le groupe doit socialiser en lui inculquant méthodiquement un système de normes qu’il intériorisera et respectera

Ainsi , l’armée souhaite « désocialiser » l’individu , c’est-à-dire extraire les valeurs et les normes qu’il a intégré pendant l’enfance pour lui en faire acquérir d’autres . Cette resocialisation est une obligation pour l’armée dans la mesure où les rôles du soldat sont spécifiques : défendre la patrie et se battre .

II. L’évolution des méthodes de socialisation

Or aujourd’hui , cette fonction semble moins importante , car l’armée a changé du fait de la professionnalisation et de la féminisation . Les méthodes de socialisation se modifient et se rapprochent des méthodes modernes .

A. Les transformations de l’armée

1. La professionnalisation de l’armée

La fin de la conscription a modifié l’armée : elle n’ a plus à encadrer tous les jeunes français pendant un an . Le rôle de l’armée change alors : il n’ y a plus besoin de personnels encadrant sans réelle qualification technique . En revanche l’armée a besoin de personnel de plus en plus qualifié disposant de compétences techniques pointues . Ainsi « la professionnalisation des armées se traduit par une « technicisation » et une spécialisation des métiers militaires » ( doc 2 )

2. la féminisation de l’armée

Une autre évolution s’ajoute à cette professionnalisation des armées : la féminisation . D’une armée uniquement composée d’hommes jusqu’au début des années 70 , on est passé à une situation où la part des femmes dans l’armée augmente : « de 7% en 1999 , le pourcentage de femmes dans l’armée de terre est passé à 9% en 2001 et le nombre de candidatures féminines ne cesse de croître au point de dépasser , en proportion , celui des hommes » ( doc 3 ) .

Or , la sous-culture féminine traditionnelle est en contradiction avec celle développée par l’armée . Les valeurs attachées aux femmes sont la douceur , la sensibilité , la fragilité ; les normes seront donc d’être attentive aux autres , calme , et d’avoir un besoin de protection .

B. Modifient les méthodes de socialisation

Ces transformations dans l’armée conduisent automatiquement à une remise en cause des méthodes traditionnelles de socialisation et à l’adoption de nouvelles méthodes .

1. Une remise en cause des méthodes traditionnelles

Ces nouveaux venus dans l’armée remettent en cause les fondements de la culture de l’armée : l’obéissance à l’ordre , les pratiques rituelles et le respect de la force .

La première critique provient principalement des « organisés » ( doc 2 ) : ceux qui sont entrés dans l’armée du fait de leur qualification . Ils rejettent un mode de socialisation basé sur une passivité extrême de l’individu : « ils sont très nuancés sur le mode de socialisation et de commandement qui leur donnent un sentiment d’infantilisation » ( doc 2 ) . En effet , comme ils ont des compétences , ils considèrent qu’ils sont aptes à réfléchir par eux-mêmes . Ils vont alors refuser l’ « obéissance inconditionnelle » ( doc 1 ) : ils n’ acceptent un ordre et l’autorité du supérieur que si celui-ci détient en plus de son grade une qualification .

Les rites que l’on peut définir comme des pratiques codifiées obéissant à des règles précises qui symbolisent la communion des membres d’une collectivité, leur acceptation d’un certain ordre des choses, leur intégration à la société sont aussi critiqués car ils n’en voient pas le symbole , mais les considèrent comme « une perte de temps »

La seconde critique provient des femmes . En effet , comme elles ne peuvent bâtir leur autorité sur leur force physique , elles vont développer de nouvelles méthodes de commandement et de socialisation .

2. L’adoption de nouvelles méthodes

Ces nouvelles méthodes partent d’une nouvelle conception de l’individu .

a) Une nouvelle conception de l’individu

Celle-ci donne une image beaucoup plus positive de l’individu Celui-ci n’est plus passif ; il est au contraire un acteur social qui par les relations qu’il va entretenir avec son environnement, va participer au processus de socialisation

b) Débouche sur de nouvelles méthodes de socialisation

Ainsi , même si les méthodes traditionnelles de socialisation restent dominantes dans l’armée , de nouvelles méthodes apparaissent tout de même .

Les militaires qualifiés souhaitent un autre modèle d’autorité et donc de socialisation du fait « de la volonté des individus de comprendre ou d’être associés aux décisions « ( doc 3 ) . Les soldats ne veulent plus obéir pour obéir , mais obéir en fonction des ordres qu’ils comprennent et auxquels ils adhèrent .

De même , « l’intégration des femmes dans un métier traditionnellement masculin » ( doc 3 ) oblige à passer à des méthode de socialisation différentes . La socialisation ne serait plus basée sur l’autorité , mais sur l’écoute et la capacité à dialoguer ( doc 3 ) .

Ainsi ces méthodes ont des points communs avec les techniques modernes de socialisation , notamment avec la socialisation par ‘observation puisque l’individu ne reproduit pas systématiquement le comportement observé . Il ne fait pas qu’assimiler bêtement ce qu’il reçoit de son environnement, il réfléchit, il intègre, il donne un sens à ce qu’il perçoit des ordres militaires .

C.Correspondent aux analyses modernes de la socialisation

Ces nouvelles méthodes de socialisation dans l’armée correspondent ainsi aux analyses interactionnistes qui proposent une définition de la socialisation comme acquisition d’un code symbolique résultant de transactions entre l’individu et la société . A Percheron est ainsi conduite à distinguer deux processus différents et complémentaires de socialisation ; Le premier est l’assimilation par laquelle l’individu cherche à modifier son environnement afin de le rendre plus conforme à ses désirs et donc à diminuer son insatisfaction et l’anxiété qui en résulte . Ainsi , les « nouveaux » militaires vont remettre en cause le type de commandement traditionnel de l’armée ( doc 2 ). Le second est l’accommodation par laquelle l’individu tend à se modifier pour répondre aux contraintes et pression de son environnement : c’est le cas femmes qui essayent de gommer leurs caractéristiques trop féminines pour être intégré dans un mode traditionnellement masculin ( doc 3 )

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