chapitre investissement et croissance

PARTIE II - DEFINITIONS ET MESURES DE L’INVESTISSEMENT

INTRODUCTION : DISTINCTION INVESTISSEMENT-CAPITAL ET ACCUMULATION.

Les trois termes ne sont pas synonymes :

· le capital est un stock, c’est-à-dire que :

- l’on se fixe à un instant donné du temps et qu’on dénombre les moyens de production que l’entreprise détient à cette date.

- Mais ce stock résulte des flux qui ont été réalisés durant les périodes précédentes.

-

· l’accumulation du capital :

- si le capital est un stock, l’investissement est un flux.

- Mais un investissement ne correspond pas forcément à une augmentation du stock de capital, ce qui correspond à la définition de l’accumulation du capital.

distinction investissements bruts des investissements nets :

· Les investissements bruts correspondent aux flux d’entrée du capital.

· mais au moment même où les entreprises introduisent de nouveaux moyens de production, elles détruisent du capital, qui est devenu obsolète ou usé, ce sont les déclassements ( les flux de sortie). L’investissement net sera alors la différence entre les flux d’entrée : l’investissement brut et les flux de sortie ( les déclassements ).

· Deux cas doivent alors être distingués :

· Tant que l’investissement net est positif, le stock de capital s’accroît, les entreprises accumulent du capital.

· Au contraire, si l’investissement net est négatif, soit parce que l’investissement brut est faible, soit parce que les déclassements sont élevés, alors les entreprises réduisent leur stock de capital.

SECTION I - DEFINITION ET MESURE DU CAPITAL.

INTRODUCTION : La richesse des nations selon la Banque mondiale

Les limites du PIB ont conduit des économistes et des organismes nationaux et internationaux à proposer d'autres indicateurs. La Banque mondiale a récemment présenté une évaluation de la richesse des nations en s'inspirant de la distinction entre flux et stock et des travaux sur la notion de développement soutenable. Elle propose un classement des pays selon leur stock de capitaux et non selon leur PIB. L'idée est que le capital physique ne constitue pas la seule composante de la richesse productive d'un pays. L'évaluation doit être complétée par la prise en compte de la richesse humaine et de la richesse naturelle. Pour évaluer ainsi la richesse d'une nation, on calcule la valeur de trois types de capitaux :

· les actifs naturels, soit la valeur de la terre, de l'eau, du bois, de l'or et d'autres matières premières ;

· les capitaux produits, soit la valeur des machines, des usines, des routes et des chemins de fer ;

· les ressources humaines, soit la valeur représentée par " la capacité productive des individus, appréhendée par les niveaux d'éducation et de nutrition ".

Selon l'évaluation de la Banque mondiale pour 192 pays, le capital physique représente seulement 16 % de la richesse totale, le capital naturel est plus important avec 20 % des richesses. Et le capital humain compte encore davantage puisqu'il représente jusqu'à 64 %. Toutefois, comme le montre le tableau, la composition varie selon les régions du monde.

Sources de richesse par région

Ressources humaines

Capitaux produits

Capital naturel

Monde

64

16

20

Pays à haut revenu

67

16

17

Pays en développement




Afrique Sub-saharienne

31

17

52

Afrique de l'Est et du Sud

33

14

52

Afrique de l'Ouest

25

25

50

Inde et Chine

73

18

9

Autre Asie

75

13

12

Asie de l'Est et Pacifique

75

13

12

Asie du Sud

76

16

9

Amérique latine et Caraïbes

50

15

35

Moyen Orient et Afrique du Nord

39

29

32

Europe de l'Est

41

16

43

Source : The World Bank (1995), Monitoring environmental progress - A report on work in progress, septembre.

La domination du capital humain est particulièrement marquée dans les pays à revenu élevé. Dans certains d'entre eux tels que le Japon, l'Allemagne ou bien encore la Suisse, il représente jusqu'à 80 % du capital total. A l'inverse en Afrique sub-saharienne, plus de la moitié de la richesse réside toujours dans les ressources naturelles.

Pour mesurer l'évolution de la richesse au cours du temps, la Banque mondiale utilise en outre un taux d'" épargne globale ". Les pays qui enregistrent les meilleurs résultats sont Hong-Kong, le Japon, la République de Corée et Singapour. A l'inverse, l'Afrique sub-saharienne tend à " désépargner " depuis la fin des années 70.

Le capital est un terme difficile à définir parce qu’il est polysémique, c’est-à-dire que l’on désigne sous un même nom des réalités différentes :

I - LE CAPITAL AU SENS FINANCIER DU TERME

En un premier sens on peut parler de capital financier :

· A l’origine, on appelle capital le principal d’une dette, c’est-à-dire la somme prêtée par opposition aux intérêts, qui, eux représentent la rémunération du prêteur.

· Par extension, on désigne sous le terme capital, tout placement d’argent, sous forme d’épargne, de valeurs mobilières, de propriété immobilière ; le capital, en ce sens, est un patrimoine ( stock de valeur en un instant donné du temps qui rapportera à son propriétaire un revenu, un flux ).

II - LE CAPITAL AU SENS TECHNIQUE DU TERME

Le capital peut être aussi pris au sens technique du terme : il désigne alors selon D.CLERC : «l’ensemble des moyens de production durables , c’est-à-dire dont la durée de vie anticipée est supérieure ou égale à un an , grâce auxquels une société accroît l’efficacité du travail de ses membres » .

On distinguera alors le capital productif et le capital improductif :

· Le capital peut être productif (c’est-à-dire qu’il sert directement dans des activités de production : machines, usines ) ;

· le capital peut être considéré comme improductif, c’est-à-dire qu’il ne sert pas à des opérations de production au sens strict ,il fournit à la collectivité des équipements sous forme d’infrastructures , qui la rendront plus efficaces (réseaux routiers , construction d’écoles , d’hôpitaux ) . On parlera alors de capital improductif, car il ne contribue pas directement à la production. On intégrera dans le capital improductif la construction de logements dont la durée de vie est longue

III - LE CAPITAL AU SENS COMPTABLE DU TERME .

Le capital peut avoir un sens comptable : on retiendra ici l’apport réalisé par différentes personnes sous la forme d’argent ou en nature ( brevets , terrains , immeubles ) qui serviront de capital de départ à l’entreprise . On parle alors de capital social : il est divisé en actions (société anonyme ) ou en parts sociales ( SARL , .... ) qui représentent chacune l’apport des propriétaires au capital de l’entreprise et qui sont donc un signe de propriété d’une partie de l’entreprise .


On constate à partir de ce graphique que suite au krach boursier de 1929, le financement par l’émission d’action a fortement diminué.

On a assisté à un développement de la finance intermédiée , c’est à dire que les banques servent d’intermédiaire entre les ménages qui épargnent et les entreprises qui s’endettent pour investir (cf cours de première)

IV - LE CAPITAL HUMAIN .



Aujourd’hui, on considère que le capital accumulé par une nation ou une entreprise ne se limite plus à l’acquisition de biens de production . En effet , la compétitivité de l’entreprise repose en partie sur le stock de qualifications et de connaissances , c’est-à-dire sur le niveau d’éducation et d’expérience permettant aux travailleurs d’accroître l’efficacité du capital physique . On appelle ce stock de capital le capital humain ( cf. chapitre marché du travail ) .

CONCLUSION :

Le capital est donc une notion recouvrant sous un même nom des réalités très différentes . Pourtant elles semblent avoir , au moins , un point commun : « c’est que chaque fois , le capital engendre un plus : plus de production avec le capital technique , des bénéfices espérés avec le capital comptable , un intérêt ou un loyer avec le capital financier » (D.Clerc ) . Toute la question est alors de savoir si ce plus apporté par le capital résulte directement de la contribution du capital à la production ou bien s’il ne résulte que de la vertu que possède le capital de rendre le travail plus productif . On oppose ici 2 courants de pensée :

· le courant marxiste considère que seul le travail crée de la valeur . Le capital ne serait dans un sens que du travail passé accumulé qui rendrait le travail actuel plus productif . Marx peut alors en conclure , selon D.Clerc , « le capital rapporte au sens où un chien de chasse rapporte le gibier : il ne crée rien , mais il donne à son propriétaire le droit à une part de ce qu’a créé celui qui s’en est servi »

· le courant libéral ( classiques et néo-classiques ) considère que le capital est un facteur de production qui a contribué à la réalisation des biens et des services , il est donc normal que le capital reçoive une rémunération qui soit proportionnelle à la contribution qu’il a apportée . Ainsi , l’analyse néo-classique considère-t-elle que chaque facteur de production ( travail et capital ) est rémunéré en fonction de sa productivité marginale .

SECTION II - DEFINITION ET MESURE DE L’INVESTISSEMENT (1 p 56)

On peut définir l’investissement en fonction de plusieurs critères :

· en fonction de l’agent qui investit

· en fonction du type d’investissement réalisé

I - L’INVESTISSEMENT EN FONCTION DE L’AGENT

On peut distinguer trois types d’agent qui réaliseront des investissements différents :

TYPE D’AGENT

TYPE DE BIEN

OBJECTIF DE L’INVESTISSEMENT

les entreprises

bâtiments , terrains , machines et matériels auquel on pourrait ajouter l’investissement immatériel

améliorer l’efficacité productive de l’entreprise

les administrations privées ou publiques

les achats de bâtiments , terrains , gros matériel par les collectivités

réaliser des équipements collectifs afin de produire des services non marchands fournis gratuitement aux usagers ou à un prix inférieur de 50% à leur coût

les ménages

achats de terrains et de logements

se loger tout en épargnant puisque la valeur du bien se conserve dans le long terme et que l’on pourra en tirer un revenu si on le loue

Le type d’agent joue donc un rôle essentiel dans la classification de l’investissement réalisé : ainsi

· Si une entreprise construit un immeuble , il sera comptabilisé dans l’investissement productif.

· Si c’est une administration , dans l’investissement collectif .

· Mais aussi , si une entreprise individuelle achète une voiture pour son activité ( ex : un boulanger pour livrer son pain ) , cela sera comptabilisé dans l’investissement productif .

· Au contraire , si le boulanger acquiert une voiture pour ses déplacements privés , cet achat sera comptabilisé comme une consommation durable .

II - LES DIFFERENTS TYPES D’INVESTISSEMENT ET LEUR MESURE .

A ) LA DISTINCTION CAPITAL FIXE- CAPITAL CIRCULANT .

La distinction entre les deux types de capital s’opère en fonction de l’incorporation au produit :

· le capital circulant qui est détruit au cours du processus de production est incorporé totalement au produit . La comptabilité nationale comptabilise le capital circulant ( matières premières , ...) dans la rubrique consommations intermédiaires . Elle ne l’assimile donc pas à du capital puisque sa durée de vie est inférieure ou égale à un an .

· le capital fixe dont la durée de vie est supérieure à un an n’est que partiellement incorporé aux biens à la production des quels il a contribué au cours des différents processus de production . Le capital fixe ne s’use donc que progressivement .

B - LA DISTINCTION INVESTISSEMENT BRUT- INVESTISSEMENT NET .

Définition de l’amortissement du capital : L’investissement en capital fixe consiste en achats de biens qui ne sont pas détruits au cours du processus de production Il n’en reste pas moins :

· qu’à chaque processus le capital connaît une usure physique .

· Au cours du temps , il connaît aussi une obsolescence technique ( dépassé technologiquement ) .

· On peut donc dire que le capital perd de la valeur ( on appelle cela la consommation de capital fixe )

· les entreprises devront donc à un moment donné remplacer leur capital venant à échéance , on appelle cela l’amortissement du capital .

Ceci conduit à distinguer l’investissement brut de l’investissement net :

· l’investissement brut ou FBCF ( Formation Brute de Capital Fixe ) (2 p 56) désigne la valeur des biens durables qui sont acquis pour être utilisés pendant au moins un an dans le processus de production . Cet investissement ne se traduit pas obligatoirement par une augmentation du potentiel productif de l’entreprise équivalente aux nouveaux investissements . En effet , une partie de ceux-ci servent à remplacer les machines usées ou obsolètes . Ces investissements dits de remplacement correspondent aux amortissements , puisqu’ils sont achetés grâce aux sommes mises de côté par l’entreprise pour faire face à ces renouvellements

· l’investissement net ou FNCF désigne alors uniquement l’investissement nouveau permettant une augmentation du volume du capital technique de l’entreprise . Il exclu donc les amortissements :

FNCF = FBCF – amortissement

C – LA MESURE : LE TAUX D’INVESTISSEMENT BRUT OU NET

Il vise à mesurer l’effort d’investissement d’un pays, en particulier sa capacité à accroitre sa compétitivité et à répondre aux variations des commandes

Le taux d’investissement brut est le rapport entre l’investissement brut (la FBCF) et la valeur ajoutée :

FBCF x 100

PIB

Le taux d’investissement net :

FNCF x 100

PIN


C - LES DIFFERENTS TYPES D’INVESTISSEMENT PHYSIQUE .

On distingue trois types d’investissement qui répondent à des motivations différentes et ont des effets opposés sur l’emploi :


DEFINITION

MOTIVATION

EFFET SUR L’EMPLOI

INVESTISSEMENT DE REMPLACEMENT

il correspond à l’amortissement , puisqu’il est acquis grâce aux sommes mises de côté par l’entreprise pour faire face au renouvellement du capital

Remplacer les machines usées ou victimes de l’obsolescence , tout en sachant qu’elles ne sont pas remplacées à l’identique , que généralement les machines neuves sont plus productives , intègrent du progrès technique

Pas d’effet évident

INVESTISSEMENT DE CAPACITE

C’est un investissement destiné à accroître les capacités de production de l’entreprise

il a pour objectif de répondre à une augmentation de la demande que reçoivent les entreprises

Puisque qu’il consiste à rajouter de nouvelles machines à celles déjà existantes afin de produire plus , il se traduit généralement par des créations d’emploi

INVESTISSEMENT DE PRODUCTIVITE

il vise à introduire des machines plus productives intégrant le progrès technique

les entreprises cherchent donc à bénéficier de gains de productivité et donc à produire à moindre coût

l’effet sur l’emploi est généralement négatif à court terme , car les entreprises cherchent ainsi à économiser de la main-d’œuvre

Remarque : La distinction entre ces différents types d’investissement est en partie factice . Un investissement combine généralement 2 caractéristiques :

· il vise à augmenter le potentiel productif de l’entreprise

· tout en introduisant des machines plus productives .

Constat :

Analyse de la nature des investissements matériels pour la période 1990-2004

Motifs de FBCF dans l’industrie en %

1990

1993

1995

2000

2004

Renouvellement

27

27

26

21

27

Modernisation

26

30

25

24

24

Autres (sécurité, condition de travail…)

18

18

20

17

19

Extension des capacités

16

12

15

23

15

Introduction de nouveaux produits

13

13

14

15

15

Source : Insee, rexecode.

- Evolution de l’investissement de capacité :

· On constate qu’au début des années 70 , l’investissement de capacité représente presque 50 % de l’investissement du total de l’investissement productif . En effet , la croissance économique est forte , supérieure à 5 % par an en moyenne . Les entreprises anticipent donc un accroissement de la demande et augmentent donc leurs capacités de production .

· Entre 74 et 81 , le taux de croissance de l’économie s’effondre , passant de 5 % à moins de 1% par an . La part des investissements de capacité diminue donc , elle se maintient à un niveau bas ( moins de 40% du total ) jusqu’en 87 , car la croissance économique est atone ( moins de 2 % par an ) .

· Entre 87 et 89 , la croissance remonte à 4 % par an , l’investissement de capacité voit donc sa part augmenter ( il revient donc aux alentours de 40% ) .

· Mais , dès 90 , le taux de croissance s’effondre , passant de 4 à moins de 1% , la part de l’investissement de capacité diminue à un niveau jamais atteint aux alentours de 15 % (12% en 1993)

· A la fin des années 90 la reprise de la croissance entraine une remontée de la part des investissements de capacité qui se situe aux alentours de 25% en 2000.

· Les années 2000 : mais un retournement de tendance s’opère au cours des années 2002-2005 : la faiblesse de la croissance détermine une chute de la part des investissements de capacité.

- Evolution de l’investissement de remplacement :

· La part de l’investissement de remplacement est plus ou moins stable sur la période (entre 25 et 28% du total) : elle augmente généralement quand les investissements résultant d’une période d’accumulation du capital forte arrivent à échéance et inversement .

- Evolution de l’investissement de productivité :

· L’investissement de productivité est le grand gagnant de la période. Excepté entre 87 et 89 , il a vu sa part augmenter fortement , passant de moins de 25 % à plus de 40% .Dans un contexte de faible croissance économique , les entreprises cherchent à gagner des parts de marché en produisant à plus faible coût que leurs concurrents , grâce aux gains de productivité résultant de l’investissement de productivité .

D - INVESTISSEMENT AUTONOME- INVESTISSEMENT INDUIT .

n L’investissement induit est généralement un investissement de capacité . En effet , c’est un investissement qui est motivé par l’accroissement constaté ou anticipé de la demande que reçoivent les entreprises . Cet investissement est donc largement déterminé par l’évolution de la croissance économique . Dans les périodes d’expansion , il est fort ; dans celles de récession , il est faible .

n L’investissement autonome :


pour compenser les fluctuations d’investissement induits, sont lancés généralement par l’Etat des investissements autonomes qui eux sont indépendants des variations de la demande. Ils consistent généralement en des programmes d’investissements publics contracycliques , c’est-à-dire qui visent à aller à l’encontre des tendances naturelles de l’économie .On constate ainsi , que dans les années 70 les grandes entreprises nationales ont lancé des campagnes d’investissement afin de compenser la chute du taux d’investissement privé résultant de l’entrée en crise . L’investissement autonome répond généralement à des préoccupations de long terme ou structurelles ; ils visent ainsi à améliorer l’efficacité et la compétitivité de l’économie( investissement stratégique) , l’innovation ou à mettre en oeuvre des infrastructures ( politique de grands travaux ) .

E - DISTINCTION INVESTISSEMENT MATERIEL-INVESTISSEMENT IMMATERIEL (3 p 57)

Définition de l’investissement immatériel :



· Le Conseil National de l’Information Statistique définit donc « un investissement immatériel comme une dépense qui , bien qu’inscrite en charge d’exploitation, développe la capacité de production et valorise l’entreprise en s’accumulant sous la forme d’un capital amortissable sur une production future et en constituant une valeur patrimoniale cessible sur le marché » .

· Pour l’OCDE « l’investissement immatériel recouvre toutes les dépenses de long terme autres que l’achat d’actifs fixes que les entreprises consentent dans le but d’améliorer leurs résultats . » . On distingue 4 types d’investissement immatériel :

- la Recherche et le Développement ( R-D ) .

- les dépenses de formation de la main d’œuvre

- la publicité

- les dépenses de logiciel

Constat : Aujourd’hui encore , les investissements immatériels ne sont pas comptabilisés dans la FBCF ( sauf les logiciels, les dépenses de prospection minière, les œuvres littéraires et artistiques , ainsi que les dépenses militaires pouvant servir à des fins civils : cf. 2 p 56 ) qui prend essentiellement en compte les biens physiques . Ils sont considérés comme étant une dépense courante .

Evolution prévisible : Mais , une tendance récente conduit à les assimiler à des investissements , car ils sont considérés comme des dépenses consenties pour améliorer à terme les résultats de l’entreprise .

Raisons expliquant l’évolution : La prise en compte de l’investissement immatériel est d’autant plus nécessaire que (5 p 58):

· il influe sur l’efficacité de la production , sur le rythme de renouvellement des produits ou sur les ventes .

· Il apparaît donc comme un des éléments déterminants de la compétitivité-prix et hors-prix des entreprises.

· son taux de croissance a été beaucoup plus rapide que celui de la FBCF) : entre 74 et 99 , la valeur de l’investissement matériel a été multipliée par 5 , alors que celle de l’investissement immatériel l’a été par 13 . La part de l’investissement immatériel représente donc 50 % de l’investissement matériel , il n’en représentait que 21,2 % en 74 . De plus , dans l’industrie , l’immatériel représente 143% de l’investissement matériel , et jusqu’à 6 ou 7 fois plus dans certaines branches .

· on observe depuis plusieurs années une faible croissance , voire une diminution du taux d’investissement qui est basé sur la FBCF ( FBCF / PIB x 100 ) . Ceci ne signifie pas forcément que l’effort d’investissement des entreprises diminue . On peut en effet penser que les entreprises substituent en partie désormais à des investissements matériels des investissements immatériels .

Conclusion : Dès lors , l’inquiétante faiblesse de l’effort d’accumulation des pays développés depuis quelques années serait en partie fictif , puisqu’il résulterait principalement du développement de l’investissement immatériel .

PARTIE III : ACCUMULATION, INVESTISSEMENT ET CAPITAL :L’ANALYSE THEORIQUE DE L’INVESTISSEMENT

INTRODUCTION – L’OPPOSITION DES LOGIQUES NEO-CLASSIQUE ET KEYNESIENNE

La décision d’investissement est une décision complexe parce que :

· elle est prise à partir d’une réflexion anticipant l’évolution économique générale en particulier le dynamisme de la croissance, l’augmentation des commandes, donc la nécessité de réaliser des investissements de capacité pour répondre à l’accroissement des débouchés

· mais elle est aussi dépendante de la santé de l’entreprise : c'est-à-dire de sa capacité à dégager des profits mais aussi des contraintes financières qu’elle subie (le taux d’intérêt, sa capacité à s’endetter)


(JPG)

Nous allons voir dans un premier temps que deux grandes logiques s’opposent ( la réalité est plus complexe) :

- la logique keynésienne qui s’intéresse essentiellement (mais pas seulement) aux conditions de la demande

- la logique néo-classique qui considère que les variables de l’offre sont primordiales.

Le tableau suivant propose une approche simplifiée des principaux points d’opposition entre les deux logiques (rappel du cours de première):


ANALYSE NEO-CLASSIQUE

ANALYSE KEYNESIENNE

Conception de la nature humaine

L’individu est naturellement un homo oeconomicus :

· rationnel

· égoïste

Conception :

· anhistorique

· asociale

L’individu est rationnel , mais sa rationalité est limitée :

· l’individu imite les autres dans un environnement incertain ( comportements moutonniers )

· prise en compte de la dimension historique et sociale

Conception du marché

Le marché existe , c’est un marché de CPP qui vérifie les hypothèses :

· transparence

· atomicité

· homogénéité

· mobilité des facteurs

· libre-circulation

Les différents marchés ( travail , bien , monnaie , capital ) sont interdépendants et assurent un retour à l’équilibre de plein emploi qui est stable dans le long terme , grâce à des capacités d’autorégulation ( les mouvements de prix )

· Keynes : « Il se peut que la théorie classique décrive la manière dont nous aimerions que notre économie se comportât. Mais supposer qu’elle se comporte ainsi c’est supposer toutes les difficultés résolues » .

· L’économie n’est pas constituée d’un ensemble de marchés interdépendants disposant de capacités d’autorégulation (rigidité des prix à court terme)

Cadre du raisonnement

Microéconomique : l’équilibre résulte de l’agrégation des comportements individuels ( cf A.Smith : la main invisible )

Macroéconomique : les grandes fonctions ou agrégats économiques s’imposent aux agents économiques

SECTION I - L’ANALYSE NEO-CLASSIQUE DE L’INVESTISSEMENT

I - LA RELATION INVESTISSEMENT -TAUX D’INTERET

On s’appuiera sur les connaissances issues des cours de première sur la monnaie et sur la régulation par le marché (loi de l’offre et de la demande)

A - LES DETERMINANTS DE L’OFFRE DE CAPITAL .

Postulat de base :

· L’offre de capital correspond à l’épargne : à revenu constant , une augmentation de l’effort d’épargne de la part des ménages nécessaire pour assurer l’accroissement des capacités de production requiert une réduction des dépenses de consommation .

· Or selon , les néo-classiques , les ménages sont caractérisés par la préférence pour le présent ( time preference ) qui les conduit à déprécier le futur : un ménage préférera toujours consommer aujourd’hui plutôt que de reporter sa consommation dans le futur .

· Pour que le ménage épargne , il faut qu’en contrepartie du coût psychologique que génère la renonciation à consommer aujourd’hui , ils reçoivent une rémunération qui leur permettra de consommer davantage demain .

· Cette rémunération est le taux d’intérêt réel ( les ménages n’étant pas victimes d’illusion monétaire ) .


Conclusion : Ainsi , l’épargne est une fonction croissante du taux d’intérêt réel car pour que le ménage accepte de sacrifier une partie croissante de sa consommation d’aujourd’hui , il faut qu’il reçoive en dédommagement une rémunération croissante qui compense le coût psychologique de l’effort d’abstinence qu’il réalise .

B - LES DETERMINANTS DE LA DEMANDE DE CAPITAL .

Postulat de base : Les entreprises fixent la demande de capital en fonction d’une analyse coût-bénéfice ( elles sont rationnelles ) .Elles comparent donc:

· ce que leur coûte une unité supplémentaire de capital , c’est-à-dire le taux d’intérêt réel , qu’elles doivent rembourser si elles empruntent , qu’elles perdent ( coût d’opportunité ) si elles ne placent pas leur capital sur le marché financier .

· à ce que leur rapporte une unité supplémentaire de capital , c’est-à-dire la productivité marginale du capital . Sachant que les néo-classiques postulent l’existence de la loi des rendements décroissants , les entreprises ont une productivité marginale du capital décroissante quand le capital augmente .

Conclusion : P.Delfaud peut en conclure : les entrepreneurs ne vont accroître leur investissement que si la rémunération du capital s’abaisse , la demande de biens capitaux est donc une fonction décroissante du taux d’intérêt réel .

C - L’EQUILIBRE .

Détermination de l’équilibre :

· L’offre et la demande de capital sont déterminés par le taux d’intérêt réel .

· Offreurs et demandeurs de capitaux vont donc se rencontrer sur le marché des capitaux ; il en résultera un équilibre du marché du capital qui égalise l’offre et la demande de capital pour un taux d’intérêt réel d’équilibre .

· Ce taux d’intérêt réel d’équilibre présente la caractéristique d’égaliser le taux de préférence pour le présent des ménages et la productivité marginale du capital des entreprises . :

Remarque :

· Une fois que les ménages ont déterminé en fonction du taux d’intérêt réel leur niveau d’épargne , ils fixeront le niveau de consommation qui est un reliquat : la consommation = Revenu - Epargne .

· les entreprises prennent leurs décisions d’investissement en fonction du seul taux d’intérêt réel car les néo-classiques postulent qu’elles n’éprouvent aucune difficulté à écouler leur production . Ceci résulte de la loi de Say..

II - LA LOI DE SAY

Présentation de la loi de Say ou loi des débouchés : La loi de Say indique que l’offre crée sa propre demande et l’amène à son niveau . En effet , le niveau de production des entreprises est fixé sur le marché du travail en fonction du taux de salaire réel d’équilibre . Les entreprises vont donc réaliser une production qu’elles n’auront aucune difficulté à écouler puisque les revenus qu’elles auront distribués serviront à acquérir les biens qu’elles auront produits :

· la partie du revenu qui sera consommée fournit directement des débouchés aux entreprises

· la partie du revenu qui est épargnée fournit quant à elle des débouchés indirects

Conséquences de la loi de Say : l’épargne est automatiquement investie :

· On ne voit pas en effet pourquoi un ménage épargnerait s’il ne reçoit pas une rémunération sous forme d’intérêt , *

· on ne comprend pas pourquoi quelqu’un distribuerait une rémunération à l’épargnant s’il ne faisait pas une utilisation productive de l’épargne sous forme d’investissement .

Say explique cela en disant : « Il est bon de remarquer qu’un produit terminé offre dès cet instant un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur . En effet , lorsque le dernier producteur a terminé un produit , son plus grand désir est de le vendre , pour que la valeur de ce produit ne chôme pas entre ces mains . Mais il n’est pas moins empressé de se défaire de cet argent que lui procure sa vente pour que la valeur de l’argent ne chôma pas non plus . » Dès lors , « l’argent ne remplit qu’un office passager dans ce double échange et , les échanges terminés , il se trouve qu’on a toujours payé des produits avec des produits » .

Conclusion : La monnaie n’est donc qu’un voile , qui n’influence pas l’activité économique .

III - LA THEORIE QUANTITATIVE DE LA MONNAIE .

Postulat de base : La théorie quantitative de la monnaie considère que la monnaie est un voile qui n’a aucune influence sur le volume de la production , ni sur les taux d’intérêt réels qui sont déterminés par les facteurs réels de l’économie . En effet , si l’on pose :

M V = P T

sachant que :

· M représente la masse monétaire en circulation ,

· V la vitesse de circulation de la monnaie , c’est-à-dire le nombre de fois où M est utilisé dans les échanges ( V supposé constante à court terme ) ,

· P le niveau général des prix

· T le niveau des transactions ( qui dépend du niveau de production ) .

Que se passe-t-il si l’on augmente la masse monétaire en circulation ?:

- D’après les auteurs néo-classiques , ceci n ’aura aucun effet sur le niveau des transactions , cela se répercutera complètement dans une augmentation proportionnelle des prix .

- Dès lors une politique d’expansion de la masse monétaire visant à augmenter la demande des ménages par distribution de revenus n’aura aucun effet sur la production .

- Elle engendrera certes une augmentation du salaire nominal , mais celle-ci étant compensée par l’augmentation des prix , le salaire réel demeure constant .

- Cela n’aura pas non plus d’effet dans la répartition entre épargne et consommation . En effet , l’augmentation de la masse monétaire va engendrer une augmentation de l’inflation que les prêteurs de capitaux ont anticipé , s’ils ne sont pas victimes d’illusion monétaire . Ils vont réagir par une augmentation du taux d’intérêt nominal compensant l’augmentation des prix , le taux d’intérêt réel demeurant alors constant , ainsi que le niveau d’épargne souhaité par les agents .

CONCLUSION

Dans une perspective néo-classique , la seule chose que les autorités publiques ont à faire afin de favoriser l’accumulation du capital est d’intervenir le moins possible . En effet , le système s’autorégule : les entreprises n’ont aucune difficulté à trouver des débouchés ( loi de Say ) . Si elles veulent accroître le niveau de leur investissement , il leur suffit d’accepter une augmentation du taux d’intérêt réel qui engendrera une augmentation du niveau d’épargne qui assurera l’équilibre du marché du capital. Mais on peut constater que La vérification empirique est assez décevante : le lien entre taux d’intérêt et investissement n’est pas très solide

(JPG)

SECTION II - L’ANALYSE KEYNESIENNE DE L’INVESTISSEMENT

I - UNE CRITIQUE DES CONCEPTIONS NEO- CLASSIQUES

L’analyse keynésienne de la monnaie, donc du taux d’intérêt, propose une démarche très différente de celle des néo-classiques .


Néo-Classiques

Keynésiens

conception de l’avenir

l’avenir est connu avec certitude car les individus rationnels (HO) disposent de toutes les informations possibles leur permettant d’agir sur le marché

le monde est dominé par l’incertitude face à l’avenir (8 p 60)

conséquences sur l’action des individus

les individus qui sont des homo oeconomicus rationnels et égoïstes n’ont alors qu’à optimiser leurs actions en fonction du cadre dans lequel il se situe

les individus vont alors essayer de recourir à diverses techniques de réduction de l’incertain qui doivent leur permettre de réduire les risques d’erreurs quant aux décisions telles l’investissement qui engage l’avenir .Mais la rationalité des individus est limitée ; ils vont alors adopter des comportements moutonniers qui les conduisent à se conformer à l’opinion dominante ou à supposer que l’avenir est une simple répétition du présent . Il n’en demeure pas moins que le risque d’erreur est important .

raisons de la détention de monnaie

Dès lors , la monnaie ne se présente que comme une technique qui permet de faciliter les échanges par rapport au troc ( motif d’encaisses- transactions ) .La monnaie n’est donc qu’un voile .

la détention de la monnaie va être déterminée par cette incertitude vis-à-vis de la monnaie . En effet , la monnaie présentant l’intérêt , par définition , d’être totalement liquide , l’individu va la détenir pour des raisons psychologiques :elle lui permet de se rassurer . Plus le risque d’erreur dans les calculs de l’individu sera fort , plus la détention de monnaie sera importante

Définition et rôle du taux d’intérêt

le taux d’intérêt dépend de la sphère réelle ; il a pour rôle d’inciter à la renonciation à la consommation en rémunérant l’épargne . Dans la logique néo-classique , il n’y a pas de thésaurisation car les individus n’y auraient aucun intérêt , étant donné que la monnaie n’est qu’un intermédiaire des échanges et n’est pas recherchée pour elle-même

contrairement aux néo-classiques , la monnaie n’est pas seulement un voile, du fait de la préférence pour la liquidité les individus vont détenir de la monnaie pour elle-même, le rôle du taux d’intérêt est alors de compenser le coût psychologique que l’individu subit quand il renonce à la liquidité en opérant un placement . Keynes considère donc que , contrairement aux classiques , le taux d’intérêt n’agit pas dans la sphère réelle ( il n’opère pas la répartition du revenu entre consommation et épargne ) mais dans la sphère monétaire ( il répartit ce qui est détenu sous forme liquide et sous forme de placement )

II – LE ROLE DE LA MONNAIE DANS L’ANALYSE KEYNESIENNE (cf. complément de cours n°1 et cours de première)

III - LA DECISION D’INVESTISSEMENT DE L’ENTREPRISE .

L’apport de Keynes dans ce domaine est plus réduit .

Postulat de base :

- selon Keynes la décision d’investissement des entreprises dépend de la comparaison entre l’efficacité marginale du capital ( en terme moderne , on parlerait de productivité marginale du capital ) et du taux d’intérêt du marché qui dépend lui-même de la préférence pour la liquidité des ménages et du niveau de l’offre de monnaie fixée par l’Etat .

- L’entreprise investira si l’efficacité marginale du capital est supérieure au taux d’intérêt du marché .

Répercussion des politiques monétaires :

- On voit bien ici l’influence des autorités monétaires sur la décision des entreprises . Si l’efficacité marginale du capital est réduite , les entreprises n’investiront que si le taux d’intérêt est faible ,

- les autorités monétaires doivent donc intervenir pour diminuer le taux d’intérêt en appliquant une politique monétaire expansive .

Conclusion :L’apport fondamental de Keynes ici est de montrer que :

· l’investissement ne résulte pas d’une offre de capital préexistante , accumulée sous forme d’épargne ,

· mais qu’au contraire c’est l’investissement qui engendre en tant que composante de la demande , l’épargne .

IV - LA DEMANDE EFFECTIVE , CAUSE ET CONSEQUENCE DE L’INVESTISSEMENT

A - LA DEMANDE EFFECTIVE DETERMINE L’INVESTISSEMENT : LE MODELE DE L’ACCELERATEUR (11 P 61)

Keynes, dans la théorie générale fait dépendre la décision d’investissement du rendement futur du capital investi , c’est-à-dire de son efficacité marginale . Harrod , qui est un de ses proches collaborateurs va s’efforcer de montrer dans une perspective keynésienne que la demande solvable anticipée par les entreprises ( la demande effective ) va , à court terme , déterminer la mise en oeuvre d’un volume de production et d’emploi , à capital constant . Dans le long terme la demande effective va influencer l’efficacité marginale du capital ( elle sera d’autant plus importante que la demande anticipée sera forte car les machines ne demeureront pas inutilisées ) . Dès lors , la décision d’investissement de l’entreprise résulte à la fois :

· de la comparaison entre l’efficacité marginale et le taux d’intérêt

· des prévisions des entreprises sur l’évolution de la demande effective

Présentation du modèle de l’accélérateur (cf. complément de cours n°2)

Conclusion :

- le modèle de l’accélérateur démontre donc que le niveau d’investissement des entreprises dépend , non pas du montant anticipé de la demande mais du montant des variations de la demande anticipée.

- L’investissement s’élèvera donc tant que la demande augmentera : c’est à dire que la variation de la demande anticipée sera positive. .

- A partir du moment où l’accroissement de la demande diminue ( c’est-à-dire que la demande augmente moins vite , non pas qu’elle baisse ) alors l’investissement chutera .

- Ce modèle montre aussi que le coefficient de capital étant supérieur à 1 , les fluctuations de l’investissement sont supérieures aux fluctuations de la demande


(GIF)

Répercussions du modèle de l’accélérateur : Dans ce contexte, les variations de la demande exercent un rôle essentiel :

- une augmentation suffisante des salaires est essentielle pour que la demande solvable des ménages s’accroisse suffisamment pour maintenir l’incitation à investir des ménages : le partage de la valeur ajoutée ne doit pas être trop défavorable au travail :

(GIF)

- Une des raisons pouvant ainsi expliquer la forte chute du taux de croissance de la FBCF au début des années 90 est la forte chute de la part de la rémunération du travail dans la valeur ajoutée.

- Mais, la demande est aussi influencée par la répartition du revenu des ménages entre consommation et épargne des ménages . Dans une perspective néo-classique :

· la consommation est vue comme une destruction de richesses qui n’exerce aucune influence sur la production et sur l’investissement , puisque c’est l’offre qui crée la demande ( loi de Say ) .

· Au contraire , il faut favoriser l’épargne ; en effet , plus le niveau d’épargne des ménages sera important , plus l’offre de capital sera forte , moins le taux d’intérêt sera élevé , ce qui favorisera l’investissement .

- Keynes va prendre le contre-pied de l’analyse néo-classique :

· En effet , pour Keynes , « l’épargne est le vilain de la pièce »( Schumpeter ) . Keynes écrit ainsi : « un acte d’épargne individuel signifie , pour ainsi dire , une décision de ne pas dîner aujourd’hui . Mais il n’implique pas nécessairement une décision de commander un dîner ou une paire de chaussures dans une semaine ou une année plus tard ou de consommer un article déterminé »

· Dès lors , toute décision des ménages qui contribue à une augmentation de l’épargne risque d’avoir des effets très négatifs : elle introduit une rupture durable dans le circuit dépenses-revenu . En effet , le ménage ne consomme pas aujourd’hui ; rien ne garantit à l’entreprise qu’il consommera demain , ce qui ne peut inciter l’entrepreneur à investir et augmenter sa production .En effet , plus l’épargne est élevée , moins la consommation sera forte , plus la demande anticipée sera faible , moins les entreprises seront incitées à investir dans le cadre du modèle de l’accélérateur .

Rappel : Il nous faut alors nous interroger sur les variables qui déterminent la répartition entre consommation et épargne :

- dans une perspective néo-classique , à revenu donné , les ménages vont déterminer le niveau d’épargne en fonction du taux d’intérêt réel , ce qui n’est pas épargné est consommé ; la consommation est donc un reliquat .

- au contraire , dans une perspective keynésienne , l’épargne n’est pas déterminée par le taux d’intérêt réel . En effet , le taux d’intérêt permet seulement d’assurer la répartition d’un niveau d’épargne donné entre les placements et la détention de monnaie . Keynes considère donc que la consommation et l’épargne sont fonction du revenu . En effet , selon Keynes , le niveau de consommation est une fonction croissante du niveau de revenu ; le ménage déterminant sa consommation en fonction de sa propension moyenne à consommer , qui est constante à court terme :

C= c.R donc c = C/R.

Où :

C= niveau de consommation ,

R = niveau de revenu ,

c=propension moyenne à consommer :

Une fois que le ménage a déterminé son niveau de consommation , par soustraction il fixera son niveau d’épargne :

R-C =R –c.R = R.( 1-c ) = R.s = E où s= propension moyenne à épargner

s = E/R . On a donc : c+s = 1 .

Conclusion : Dans la perspective keynésienne , ce n’est plus la consommation qui est un reliquat , c’est l’épargne .

Politiques économiques préconisées par Keynes : Keynes souhaite donc , pour favoriser l’investissement , que la demande anticipée croisse à un rythme élevé , ce qui nécessite une augmentation de plus en plus rapide de la consommation .

- Or Keynes établit une seconde loi de consommation : quand le revenu augmente , les dépenses de consommation augmentent mais à un rythme moins rapide que le revenu : la propension marginale à consommer :

DC/DR <>

Conclusion : la propension moyenne à consommer c diminue donc quand le revenu augmente.

Conséquences :.Dans la logique keynésienne , ceci est inquiétant ; car plus le pays est aisé , plus le taux d’épargne des ménages va augmenter , ce qui va peser sur les perspectives de demande des entreprises et risque de réduire leur incitation à investir . Il apparaît alors souhaitable que les autorités publiques interviennent afin de soutenir la demande rendue défaillante par l’évolution de la consommation .Cette intervention est d’autant plus souhaitable qu’une augmentation de l’investissement va générer , pas le biais du multiplicateur une augmentation de la demande finale .

B - LA DEMANDE FINALE CONSEQUENCE DE L’INVESTISSEMENT : LE MULTIPLICATEUR (14 p 64)

L’opposition des deux logiques : Dans l’analyse keynésienne , la relation existant entre l’épargne et l’investissement est inversée par rapport à celle des néo-classiques :

- dans l’analyse néo-classique , l’épargne est un préalable qui détermine l’investissement . Ceci permet , en particulier , de justifier une répartition inégale des revenus . Les ménages aisés , pour pouvoir épargner , doivent disposer d’un revenu suffisant . Une redistribution en faveur des plus pauvres aurait pour effet de réduire l’incitation et la capacité d’épargne des ménages et donc les capacités de financement des investissements .

- au contraire , dans l’analyse keynésienne , c’est l’investissement qui engendre l’épargne en accroissant le revenu par le phénomène du multiplicateur . En effet , comme l’écrit D.Clerc : « si ,d’une période à l’autre , le montant de l’investissement augmente , les revenus supplémentaires sont distribués , lesquels engendrent une demande nouvelle , laquelle ,à son tour , engendre des revenus aux bénéfices du producteur qui satisfont cette demande nouvelle , etc. . En d’autres termes , la circulation du revenu supplémentaire fait que la somme initialement mise dans le circuit au titre de l’investissement provoque une augmentation totale de la demande nettement plus élevée : c’est le mécanisme du multiplicateur d’investissement »

Présentation du modèle du multiplicateur : quand l’investissement augmente de :

DpI = pI1 -pI0

Remarque : ( on peut poser comme dans le livre que p=1)

alors la production

DpY = pY1 - pY0 = DpI . ( 1 )

1-c

est appelé le multiplicateur Keynésien

1

1-c

Comme : c (la propension marginale à consommer ) est comprise entre 0 et 1,

1 >1

1- c

donc :

DpY>DpI

Néanmoins si l’investissement supplémentaire est unique alors DpY diminue de période en période . En effet comme l’écrit D Clerc : « chaque fois qu’une dépense se transforme en revenu, une partie de ce revenu est épargnée (sDpY) ce qui réduit d’autant la dépense suivante. Jusqu’à ce que finalement le montant cumulé de l’épargne issu de ces flux successifs de revenu soit égal au montant de l’investissement initial : alors les fuites successives d’épargne compensent l’injection initiale et le circuit économique revient à l’équilibre »

Ceci montre bien que dans une perspective keynésienne c’est l’investissement qui crée l’épargne et l’amène à son niveau (pour paraphraser JB Say).

Répercussions du modèle du multiplicateur sur les politiques économiques :

- Toute la question est alors de savoir si dans une économie de marché , dans laquelle les décisions d’investissement relèvent des entreprises , il se trouvera toujours suffisamment d’entreprises pour renouveler l’apport initial d’investissement de période en période.

- On peut en douter , même dans le cas où l’es autorités monétaires mèneraient une politique monétaire expansive visant à diminuer le taux d’intérêt réel. Ceci conduit « Keynes , ce libéral éclairé , à aboutir à l’idée que , à l’avenir une assez large socialisation de l’investissement s’avérera le seul moyen d’assurer approximativement le plein emploi ». Keynes ,,justifie ainsi le développement de l’intervention étatique , en démontrant que les capacités d’autorégulation du marché sont illusoires , et donc que seul l’Etat est capable d’assurer un équilibre de plein-emploi .

Relativisation de l’intérêt du modèle : Néanmoins le modèle du multiplicateur n’est pas , comme Keynes le reconnaissait lui-même , adopté à toutes les situations . Deux exemples vont nous le montrer :

- le modèle du multiplicateur ne semble pas adapter à la situation des PVD , son application générerait de nombreux effets pervers . En effet dans les PVD les capacités de production du pays sont réduites et s’avèrent incapables de répondre à une forte augmentation de la demande . Toute politique de relance générerait des fuites . En particulier les ménages (surtout les plus aisés ) se tourneraient vers les pays étrangers (les PDEM) ce qui entraînerait un accroissement du déficit extérieur. A cela , on peut rétorquer que Keynes ne s’était pas intéressé à la situation des PVD .

- Mais même dans les PDEM le modèle du multiplicateur semble provoquer des effets pervers . En effet, à l’époque à laquelle Keynes écrit son célèbre ouvrage : la théorie générale,

· le taux d’ouverture des économies est réduit, généralement inférieur à 10 % . Les pays ne subissent donc pas de contraintes extérieures.

Rappel : taux d’ouverture d’une économie =(exportation + importations) x100

2 PIB

· Au contraire depuis le début des années 50 mais surtout depuis le début des années 80, avec la libéralisation des échanges internationaux les taux d’ouverture progressent rapidement et la contrainte extérieure « finit par jouer pleinement à partir des années 70 au moment précis où les pouvoirs publics auraient souhaité disposer de marges de manœuvre étendues pour faire face à l’augmentation simultanée de l’inflation et du chômage . (..)

· A cet égard l’exemple français de 1981-82 reste exemplaire : un gouvernement élu sur un programme de relance et donnant la priorité à la lutte contre le chômage, s’est trouvé dans l’impossibilité de poursuivre une politique expansionniste plus d’un an , en raison du déficit extérieur massif qu’elle engendrait » (J Genereux) .

· Keynes ne niait pas ce fait puisqu’il écrivait dés l’entre deux guerres : « dans un système ouvert en relations commerciales avec l’étranger, le multiplicateur de l’investissement supplémentaire contribuera en partie à relever l’emploi dans les pays étrangers, puisqu’une partie de la consommation additionnelle réduira l’excédent de notre balance extérieure; aussi bien lorsqu’on considère l’effet d’un accroissement de l’investissement sur le seul emploi intérieur, en tant que distinct de l’emploi mondial, il faut réduire la pleine valeur du multiplicateur ».

· Il n’en reste pas moins que nombre d’économistes et de gouvernements considèrent aujourd’hui que le multiplicateur n’est plus d’actualité . Ceci traduit le retour d’une logique de l’offre qui se substituerait à la logique de la demande qui avait été dominante durant les trente glorieuses . Le succès des modèles de la rentabilité économique, financière et de l’effet de levier en sont le meilleur signe .

III - LA NECESSAIRE PRISE EN COMPTE DES DETERMINANTS FINANCIERS DE L’INVESTISSEMENT (9 p 60)

INTRODUCTION

Malinvaud écrit : « Toutes les études économétriques sur l’investissement ont montré que le facteur le plus manifeste était celui connu sous le nom d’accélérateur : quand la production a eu tendance à augmenter rapidement , les investissements se sont élevés . Cette influence est si bien établie aujourd’hui que l’identifier dans chaque étude économétrique nouvelle apparaît comme une indispensable première étape nécessaire à déblayer le terrain en vue de dégager le rôle des autres facteurs qui sont moins aisément apparents (...) Cependant les non-économistes , qu’ils s’agissent d’hommes d’affaires ou de spécialistes de la gestion financière ont tendance , au contraire , à attribuer spontanément un grand rôle à la profitabilité. »

A - LA RENTABILITE ECONOMIQUE ( RE )

L’ entreprise , dont la motivation essentielle est l’appât du gain et qui est rationnelle , va prendre en compte la rentabilité de l’investissement avant de le réaliser . Elle va pour cela étudier la RE qui s’obtient de la façon suivante :

VAB = EBE + MS +T

où :

· EBE = Excédent Brut d’Exploitation

· MS : Masse Salariale ( salaire et cotisations )

· T : Taxes indirectes prélevées par l’Etat sur les entreprises

Donc : EBE = VAB - MS - T

La rentabilité économique brute va rapporter le EBE au stock de capital fixe détenu par l’entreprise ( K ) :

REB = EBE

K

La REB sera donc d’autant plus importante que la productivité du capital ( VAB / K ) sera forte , et que la répartition de la VA sera favorable à l’entreprise , c’est-à-dire que le taux de marge sera élevé :

Taux de marge = EBE x 100

VAB



Constat :

  • Le taux de marge qui se maintient à un niveau élevé jusqu’en 1975 au dessus de 27%,se traduit par un taux d’autofinancement élevé (supérieur à 60%) et un taux d’investissement élevé (supérieur à 23%)
  • Mais le taux de marge connaît une forte chute entre 1975 et 1982 (- 5 points) , qui se traduit par une forte chute du taux d’autofinancement ( de 60 à 35 %), donc du taux d’investissement(de 23 à 18 %)
  • A partir de 83 le taux de marge augmente de 25 à 33 % entre 1983 et 1988 , le taux d’autofinancement passe de 35 à 90 % et le taux d’autofinancement connaît une petite hausse.
  • Entre 1987 et 2006 le taux de marge reste à un niveau élevé (supérieur à 30 %), le taux d’autofinancement se stabilise jusqu’en 1983 à un taux supérieur à 85%, par contre le taux d’investissement par contre ne repart pas à la hausse, passant même entre 1992 et 1997 à un taux inférieur à celui de 1983.



On peut aussi calculer une Rentabilité Economique Nette :

REN = ENE

K

Où : ENE =EBE - amortissement

Celle-ci est l’indicateur le plus approprié , puisqu’elle calcule ce qu’on peut appeler le taux de profit net , c’est-à-dire la part de la VA qui reste à l’entreprise une fois qu’elle a payé les salaires , les taxes et l’amortissement du capital .

Néanmoins la RE brute ou nette se révèle un indicateur insuffisant pour expliciter la prise de décision de l’entreprise . En effet , l’entreprise rapporte toujours le rendement de l’investissement ( RE ) à son coût ( le taux d’intérêt ) .

La RE intéresse l’entrepreneur , par contre ce qui motive l’actionnaire est la rentabilité de son apport mesuré par la Rentabilité Financière .

B - LA RENTABILITE FINANCIERE ( RF )


En effet , l’entreprise, afin de déterminer son niveau d’investissement , va prendre en compte le taux d’intérêt . On peut distinguer plusieurs cas :

- si l’entreprise ne fait pas de profit ou a accumulé des profits insuffisants pour autofinancer ses investissements , elle va être obligée d’emprunter auprès des banques ou sur le marché obligataire ( sachant qu’une entreprise dont la rentabilité est faible aura du mal à augmenter son capital social par émission d’actions sur le marché financier afin d’obtenir des fonds supplémentaires ) . Le taux d’intérêt réel ( taux d’intérêt nominal - taux d’inflation ) représente le coût de cet investissement que l’entreprise va comparer à ce que lui rapporte cet investissement ( la RE )

- si l’entreprise réalise des profits suffisants pour autofinancer ses investissements , encore faut-il que ce projet dégage le rendement le plus élevé , puisque l’entreprise peut soit investir en capital fixe , soit placer ses réserves sur le marché financier . Dès lors , l’entreprise va prendre en compte le taux d’intérêt réel qui représente le coût d’opportunité de l’investissement en capital fixe , c’est-à-dire ce que l’entreprise aurait gagné si elle avait placé ses capitaux sur le marché financier .

L’entreprise calcule alors une rentabilité financière qui prend en compte les facteurs financiers .

RFB = EBE - iD

K-D

RFN = ENE - iD

K-D

:

· i : taux d’intérêt réel

· D : dettes accumulées par l’entreprise,

· K-D : fonds propres ( FP ) , c’est-à-dire le capital détenu en propriété par l’entreprise , résultant des apports successifs des actionnaires .

On peut transformer la RF pour faire apparaître la RE :

RFN = RE + D ( RE - i )

FP

La RF sera fonction du signe de l’effet de levier : RE- i

2 cas peuvent alors être distingués :

· si RE > i , alors on dit que l’effet de levier est positif , plus le levier ( D/FP) est élevé ( c’est-à-dire plus le degré d’endettement est fort ) , plus la RF sera importante . Dans ce cas-là , l’entreprise a intérêt à investir , à s’endetter si elle ne peut autofinancer la totalité de ses investissements .

·

·si RE · alors l’effet de levier est négatif , plus le levier est fort , plus la RF sera faible , l’entreprise n’a donc pas intérêt à investir en capital fixe , ni à s’endetter ; elle doit au contraire chercher à réduire son investissement en remboursant une partie de ses dettes par anticipation . L’entreprise préfère alors placer ses réserves sur le marché financier .

Remarque : Une période d’effet de levier élevé résultant de taux d’intérêt faible conduit les entreprises à accroître leur degré d’endettement . Ceci peut s’avérer , à terme , fort dangereux et se transformer en effet boomerang si les taux d’intérêt réels augmentent fortement , entraînant un effet de levier négatif .

C - LA PROFITABILITE .

Les entreprises s’intéressent , de plus en plus , à un indicateur qui leur permet de prendre en compte la dimension financière de leur investissement . C’est la profitabilité :

RF – i

La profitabilité correspond à l’écart existant entre le rendement du capital dans l’entreprise et le rendement moyen d’un placement financier .

- si la profitabilité est négative , il est plus intéressant d’opérer des placements sur le marché financier que d’investir en capital fixe dans l’entreprise .

Comme l’indique J.P.Piriou , « compte tenu des incertitudes inhérentes à tout projet d’investissement et à l’évolution du taux d’intérêt réel ( celui-ci n’est connu qu’après coup lorsque l’inflation est constatée ) , les investisseurs exigeront des primes de risque. »

COMPLEMENTS DE COURS

COMPLEMENT DE COURS N°1

LE ROLE DE LA MONNAIE CHEZ KEYNES

Keynes va distinguer 3 motifs quant à la détention de monnaie par un individu :

· le motif de transaction : le besoin de monnaie pour la réalisation des échanges personnels et professionnels .L’individu est obligé de conserver une partie de son revenu sous forme monétaire entre le moment où il l’encaisse et celui où il le décaisse ( en réalisant un achat )

· le motif de précaution qui résulte d’un besoin de sécurité : l’individu va conserver une partie de ses ressources sous forme liquide , par exemple pour parer aux éventualités qui exigeraient une dépense imprévue .

Selon Keynes , ces deux premiers motifs sont peu sensibles au taux d’intérêt . Par contre , leur montant varie en fonction du revenu des ménages .Keynes établit donc une première fonction de liquidité :

M1= L1 ( Y )

où :

M1: sommes détenues pour les motifs de transaction et de précaution

Y = revenu national

· le motif de spéculation qui résulte directement de l’incertitude quant à l’avenir : selon Keynes , l’évolution future de la gamme des taux d’intérêt n’est pas connue aujourd’hui , elle n’est pas probabilisable . Chaque individu va alors essayer de profiter de ce qu’il considère être comme une meilleure connaissance du marché que celle dont fait preuve l’opinion générale .L’individu spécule .Le motif de spéculation , contrairement aux deux précédents va , lui être directement déterminé par le taux d’intérêt . Keynes établit dons une seconde fonction de liquidité :

M2 = L( i )

où :

M2 = sommes détenues pour un motif de spéculation ,

i = taux d’intérêt nominal .

Remarque : La détention de monnaie en raison du motif de spéculation sera d’autant plus forte que le taux d’intérêt sera faible .

Conclusion : Dès lors , le taux d’intérêt n’est plus une récompense de l’abstention de consommation opérant le partage du revenu entre consommation et épargne ; il sert à récompenser la non-thésaurisation , c’est-à-dire qu’à partir d’un niveau d’épargne déterminé par le niveau de revenu , le taux d’intérêt assure la répartition de l’épargne entre

* les placements en titres ( faible liquidité compensée par une rémunération : le taux d’intérêt )

et la conservation d’encaisses monétaires oisives ( forte liquidité , pas de rémunération )

Répercussions sur la politique monétaire :

- Ceci va avoir des répercussions sur la possibilité pour l’Etat d’agir sur le taux d’intérêt par une politique monétaire .

- En effet , puisque le taux d’intérêt assure la répartition entre épargne détenue sous forme monétaire et épargne détenue sous forme non monétaire , c’est une variable monétaire .

- Une politique monétaire expansive par l’augmentation d’offre de monnaie par les autorités monétaires déterminera une chute du taux d’intérêt qui rendra les placements financiers moins attractifs et augmentera la détention de monnaie pour le motif de spéculation .

La politique monétaire est alors une arme dont disposent les autorités pour sortir une économie de la crise dans laquelle elle peut se trouver , car même si elle n’influence pas le montant de l’épargne , elle va déterminer , en partie , la décision d’investissement des entreprises.

COMPLEMENT DE COURS N° 2

PRESENTATION DU MODELE DE L’ACCELERATEUR

hypothèse :Ce second déterminant s’inscrit dans le cadre du modèle de l’accélérateur . Ce modèle repose sur les hypothèses suivantes :

- plein emploi du capital installé , c’est-à-dire que le taux d’utilisation des capacités de production ( capital utilisé / capital total x 100 ) est très élevé . Pour augmenter la production , les entreprises doivent donc investir .

- quand la demande augmente , les entreprises préfèrent produire plus plutôt que d’augmenter leur prix , en particulier pour ne pas perdre des parts de marché .

- on suppose que la productivité du capital Capital/Production est constante à court terme , ce qui exclue le progrès technique et la substitution du capital au travail ( hypothèse justifiée dans le court terme )

- les prévisions de l’entreprise quant à l’évolution de la demande sont toujours vérifiées : la demande anticipée = la demande effectivement observée .

Critique des hypothèses : les hypothèses sur lesquelles est basé le modèle de l’accélérateur sont très ,fortes et remettent en partie son intérêt , comme le montrent les deux analyses suivantes :

- « une entreprise ne cherche pas à accroître ses capacités de production , si celles dont elle dispose déjà suffisent à satisfaire les commandes qu’elle reçoit » . Or , entre 90 et 97 , l’atonie de la croissance française a fait chuter :

le taux d’utilisation des capacités de production = capacités de production utilisées x 100

stock de capital

qui a atteint un niveau moyen de 84 % . On peut donc penser que même si la demande anticipée des entreprises augmente , celles-ci ne lanceraient pas immédiatement des projets d’investissement , puisqu’elles disposent d’un volant de stock de capital inutilisé . Seule une reprise forte et durable de la demande serait donc capable de relancer le modèle de l’accélérateur .

- contrairement aux hypothèses du modèle de l’accélérateur et conformément aux affirmations de Keynes , les incertitudes sont nombreuses , d’autant plus que l’on se situe dans une période de crise . Or , tout investissement comporte une grande part d’irrerversibilté : une fois que l’investissement est effectué , il sera très difficile de revenir en arrière. Dès lors , dans le contexte économique actuel , une augmentation de la demande anticipée ne se traduira par une augmentation de l’investissement que si elle est considérée par les entreprises comme étant réellement durable . En cas d’augmentation de la demande provisoire les entreprises préfèrent accroitre leurs prix plutôt que d’investir.

- dans le long terme le progrès technique génère une forte croissance de la productivité du capital (les nouvelles machines sont plus performantes), l’hypothèse de la constance de la productivité du capital valables dans le court terme n’est donc pas réaliste (Keynes ne s’intéresse qu’au court terme)

Ces remarques faites, nous allons considérer que les hypothèses sont vérifiées.

Présentation du modèle : Sur la base de ces hypothèses , on peut alors poser le modèle suivant :

K* t-1 = v . Y anticipé t-1

v : coefficient de capital , l’inverse de la productivité marginale du capital

K*t-1 : stock de capital nécessaire en t-1 afin de répondre à la demande anticipée par les entreprises en t-1.

Y anticipée t-1 : demande solvable anticipée par les entreprises en fonction des prévisions qu’elles ont établi

De même :

K*t = v . Y anticipée t

Donc :

It* = Kt -Kt-1 = v.Y ant t – v.Yant t-1

Ainsi :

It*= v .( Yant t - Y ant t-1 )

Les entreprises ne se trompant jamais :

K*t = Kt , K*t-1 = Kt-1 , d’où It* =It

Yant t = Yt Yant t-1 = Yt

Finalement :

It = v.( Yt - Yt-1 )

It = v DYt

COMPLEMENT DE COURS N°3 : DECOMPOSITION DE LA RENTABILITE ECONOMIQUE

le taux de marge : EBE x 100

VAB

on peut décomposer : RE = EBE x VA

VA K

On sait de plus que le taux de marge = 1 - wN

VA

w est le salaire moyen

N : est le nombre de salariés.

Wn correspond donc à la masse salariale

La VA peut-elle-même se décomposer entre le volume de la VA ( VVA) et le prix de la VA ( PVA)

VA = VVA x PVA

Donc EBE = 1 - wN = 1 - ( w x N )

VA VVAx PVA PVA VVA

w correspond au salaire réel

PVA

Et N à l’inverse de la productivité du travail

vva

donc on peut en conclure que l’amélioration du taux de marge peut résulter de :

- la baisse du coût salarial réel unitaire

- d’une hausse de la productivité du travail

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