QSTP en terminale croissance et développement

travail préparatoire

1. Après avoir rappelé de quoi se compose l’IDH, vous vous demanderez si l’on peut établir une relation entre la variation du niveau de vie et celle de l’IDH ? (doc. 1) (2 points)

2. Justifiez la phrase soulignée du texte en vous appuyant sur des chiffres tirés du document 2, quelle relation l’auteur établit-il? (2 points)

3. Pourquoi le PIB n’est-il pas un bon indicateur pour mesurer le développement selon les auteurs du document 3, quelle conception les auteurs remettent-ils en cause ? (2 points)

4. Donnez le mode de lecture et de calcul du chiffre pointé sur la courbe du document 4 (1point)

5. Quelles conclusions pouvez vous tirez de l’analyse du graphique du document 4 (2points)

question de synthèse

Après avoir montré que la croissance économique favorise le développement qui en retour la renforce, vous montrerez que cette liaison n’est pas nécessairement systématique. (10 points)

Documents

Document 1

Comparaisons internationales


PIB réel en $

par hab.

PPA - 2004

TCAM*

PIB par hab.

1975-2004

TCAMa

Population

1975-2004

IDH

1975

IDH

2004

Indice du niveau

d’ instruction

2004

Norvège

38 454

2,6

0,5

0,868

0,965

0,99

Koweit

19 384

-0,8

3,3

0,763

0,871

0,87

Corée du Sud

20 499

6,0

1,0

0,707

0,912

0,98

Afrique du Sud

11 192

-0,5

2,1

0,655

0,653

0,80

Chine

5 896

8,4

1,2

0,525

0,768

0,84

Mozambique

1 237

2,6

2,1

0,299b

0,390

0,47

a. TCAM = taux de croissance annuel moyen ; b. 1980

Source : PNUD, Rapport sur le développement mondial, 2006

Document 2

La clé du progrès social

Chaque fois que, dans le couple machine-homme, l’accroissement de la productivité globale du système permet de diminuer le temps de travail des hommes, lorsqu’ils sont occupés à des tâches ingrates, on réalise un progrès pour l’espèce humaine. Améliorer la productivité des corvées, c’est améliorer proportionnellement la qualité de la vie. […]

Il faut tout de même avoir en tête que, si la durée du travail a été divisée par deux en un siècle, en même temps que le revenu moyen augmentait de façon considérable, ce n’est pas sans rapport avec le fait que la production effectuée par une personne qui travaille aujourd’hui vaut treize fois ce qu’elle était au début du décollage industriel, vers le milieu du xixe siècle. La production par heure travaillée vaut vingt-cinq fois celle des années 1830, c’est-à-dire que, en cent cinquante ans, chaque homme a multiplié sa productivité par vingt-cinq, il a multiplié par vingt-cinq la quantité de biens produits, à durée égale de travail. Une proportion hallucinante… Plus près de nous, de 1949 à 1973 (les « trente glorieuses », le plein-emploi, la richesse des Français multipliée par quatre…), la productivité du travail a augmenté de 4,5 % à 5 % par an ; de 1973 à aujourd’hui, elle a augmenté de 2,2 % par actif occupé, de 3,1 % par heure travaillée.

Ce sont ces gains de productivité qui, en un siècle, ont été la clé du progrès social, de l’accroissement du niveau de vie et du formidable développement économique, culturel et social des pays tels que les nôtres. Gardons assez de lucidité pour le reconnaître.

G. Aznar, Travailler moins pour travailler tous, Syros, 1993

Document 3 :


PIB, croissance et bien-être

Une société où il y a beaucoup d’accidents de la route, qui vont exiger des soins médicaux, des réparations de véhicules, des services d’urgence, etc., aura tendance, toutes choses égales par ailleurs, à avoir un PIB plus gros qu’une société où les gens conduisent prudemment. Plus précisément, elle aura tendance à orienter une plus grande partie de ses ressources économiques et de ses activités vers la réparation des dégâts, sans progression globale du bien-être, plutôt que vers la production de bien-être supplémentaire. […]

Si les ménages achètent de plus en plus d’équipements et de services de protection contre le vol ou de dispositifs antipollution, et si les États dépensent des milliards pour prévenir des risques terroristes croissants, leurs dépenses correspondantes doivent être soustraites du PIB (ou du niveau de vie) si l’on souhaite mieux évaluer les variations du bien-être. […] De même, une entreprise qui pollue une rivière pour assurer sa propre croissance économique et contribuer ainsi au PIB occasionne des dégâts qui réduisent le bien-être de certaines personnes. Or ces dégâts ne sont pas considérés en tant que tels dans les comptes de la richesse économique.

J. Gadrey et F. Jany-Catrice, Les Nouveaux Indicateurs de richesse, La Découverte, « Repères »,2005

Document 4

Indice de santé sociale et PIB aux États-Unis

Indice de santé sociale à neuf variables et le PIB aux prix de 1996

(base 50 en 1959), États-Unis, 1959-1996


Note : L’indice de santé sociale valeur peut varier de 0 à 100.

Source : ibid.


Correction de la question de synthèse n°1 2007-2007

I – Travail préparatoire

  1. Définition de l’IDH : cf cours

Il apparaît une relation de corrélation entre croissance ( dont l’indicateur est le PIB/hab) et le développement ( mesuré par l’IDH et l’indice du niveau d’instruction ):

- en l’absence de croissance il n’ y a pas de développement :

  • analyse transversale : le Mozambique a , en 2004 , d’un côté le PIB/hab le plus faible du groupe ( 1237$ en PPA) et de l’autre l’IDH et l’indice du niveau d’instruction aussi les plus bas ( 0.39 et 0.47 )
  • analyse longitudinale : l’Afrique du Sud a vu son PIB par hab diminuer de 0.5% par an en moyenne entre 75 et 2004 et son IDH est passé de 0.655 à 0.653

- croissance et développement vont de pair :

  • analyse transversale :la Norvège a en 2004 un PIB/hab très élevé : 38 454 $ en PPAet un IDH très élevé : 0.99
  • analyse longitudinale :la Chine ou la Corée du Sud qui ont connu des TCAM du PIB/hab très élevés entre 75 et 2004 ( 8.4% et 6% ) ont vu aussi leur IDH fortement s’élever ( de 0.525 à 0.768 pour la Chine , 0.707 à 0.912 pour la Corée

Mais cette corrélation n’est absolument pas automatique ; de nombreux contre-exemples apparaissent :

- il peut y avoir croissance sans développement :

  • analyse transversale : en 2004 , l’Afrique du Sud a un PIB/hab plus de 2 fois supérieur à celui de la Chine , mais son IDH est inférieur (0.653 contre 0.768 )

- ou même développement sans croissance :

  • analyse transversale : Koweit et Corée du Sud ont en 2004 le même PIB/hab ( 20000 $ ) mais l’IDH de la Corée est supérieur (0.912 contre 0.871)
  • analyse longitudinale : le Koweit a vu son PIB/hab diminuer de 0.8% par an en moyenne entre 75 et 2004 , pourtant son IDH a augmenté : de 0.763 à 0.871

Ainsi , la corrélation entre croissance et développement si elle existe , n’est pas systématique

  1. Selon G.Aznar , c’est le passage d’une croissance extensive ( basée uniquement sur l’augmentation de la quantité de facteurs de production ) à une croissance intensive ( fondée sur une augmentation de la productivité qui permet d’accroître l’efficacité des facteurs de production ) qui a permis d’entrer à la fois dans une phase de croissance durable et continue et de développement .On observe une formidable augmentation des gains de productivité : en un siècle , la production par heure travaillée a été multipliée par 25 , celle par homme par 13 : cela traduit une augmentation considérable de la productivité du travail qui a permis :

· D’augmenter considérablement le niveau de vie de la population

· Tout en réduisant la durée du travail ( divisée par 2 en un siècle )

· Donc d ‘améliorer proportionnellement la qualité de vie , donc le développement économique , culturel et social

L’auteur établit donc une relation de causalité : la croissance est une condition nécessaire et suffisante pour générer le développement : Les capacités d’innovation et le progrès technique qui en ont résulté se sont traduites par une augmentation de la productivité qui assure une augmentation du niveau de vie et aussi une amélioration du mode de vie : la population consomme de plus en plus de biens et services différents qui lui permet de satisfaire des besoins essentiels et superflus ( cf lois d’Engel ) tout en travaillant moins et dans des activités moins pénibles et plus intéressantes . G.Aznar reconnaît donc ici l’intérêt des théories libérales

  1. Selon les auteurs , le PIB n’est pas un bon indicateur pour mesurer le développement , car le PIB est un indicateur quantitatif et le développement une notion qualitative, basée sur l’amélioration du sort de la population . Car comme l’écrit J.P.Delas « on compte comme richesse ce qui est nuisance ou réparation des dégâts de l’économie monétaire » . On peut opérer une double analyse :

- transversale : un niveau élevé de PIB peut être le signe d’un mal-être de la société : acheter de nombreux équipements de sécurité pour des personnes privées , dépenser des sommes importantes dans l’armée ou la police pour un Etat est un signe de mauvaise santé sociale , puisque cela montre la peur et l’inquiétude de la population

- longitudinale :

    • toute augmentation du PIB ne se traduit pas par une amélioration de la situation de la population : une augmentation du nombre d’accidents se traduit par une augmentation du PIB car des activités marchandes de réparations de voitures ou de soin médicaux sont créés .Mais ces activités ne génèrent pas d’amélioration du bien-être ; elles permettent juste de revenir au niveau initial de développement
    • elle peut même générer une détérioration du sort de celle-ci : l’augmentation du PIB peut se traduire par des effets externes comme la pollution qui entraîne une détérioration du développement actuel ( qualité de l’air et de l’eau moindre ) , mais aussi dans le futur : c’est la notion de développement durable

Les auteurs remettent donc en cause la conception libérale en particulier prônée par Kuznets qui considère que le développement peut se réduire à l’examen du PIB/hab ,J.Bruton ajoutant : « dans presque tous les cas , le produit par tête est un substitut efficace du développement »

  1. En 1991 , aux Etats Unis , l’indice du PIB aux prix de 96 est de 160 en 1992 , base 50 en 1959 :

( PIB en 92 aux EU aux prix de 96 / PIB en 59 aux EU au prix de 96 ) x 50

  1. En opérant une périodisation de ce graphique , on peut mettre en évidence 2 grandes périodes :

- entre 1959 et 1970 , le PIB en $ constants augmente au même rythme que l’indice de santé sociale . Cette période va dans le sens de l’analyse libérale qui postule que la croissance est une condition nécessaire et suffisante pour assurer le développement

- depuis le début des années 70 , les 2 indicateurs ont des évolutions divergentes : le PIB en $ constants a été multiplié par 1.6 , alors que l’indice de santé sociale a été divisé par un peu plus de 2 . Cette analyse montre donc les limites de l’analyse libérale : la croissance ne suffit pas pour assurer l’amélioration du sort de la population .

La croissance est donc une condition nécessaire mais non suffisante pour assurer le développement .

II – Questions de synthèse

I. Selon les libéraux , il y a un cercle vertueux croissance-développement

D’après les auteurs libéraux , la relation de corrélation automatique entre croissance et développement se double d’une relation de circularité vertueuse : la croissance est un préalable au développement ; en retour , le développement assure une croissance encore plus rapide .

A. Constat : croissance et développement sont corrélés

1. Ni croissance , ni développement ( q1 , doc 1 )

- analyse transversale : Mozambique

- analyse longitudinale : Afrique du Sud

2. Croissance et développement

- analyse transversale : Norvège ( q1 , doc 1 )

- analyse longitudinale : Chine et Corée ( q1 , doc 1) ; Etats-Unis entre 1959 et 1970 ( doc 4 , q5 ) ; enfin les chiffres de la hausse de la productivité assurant une baisse de la durée du travail et une amélioration de la qualité de vie ( q2, doc 2 )

B. Explications : la relation de circularité

1. La croissance est une condition nécessaire et suffisante au développement

a) Sans croissance , il n’ y a pas de développement : le cercle vicieux de la pauvreté de Nurske

b) Une série de ruptures et/ou un apport de capitaux extérieurs sont donc nécessaires

- pour les libéraux , des conditions préalables au décollage sont nécessaires

- pour les anciens pays industrialisés , selon Rostow , c’est une série de révolutions qui vont permettre de faire disparaître les sociétés traditionnelles qui bloquent le dynamisme économique

- en revanche , pour les PED actuels , selon Rosenstein-Rodan , il faut une aide des PDEM sous forme de capitaux extérieurs ( aide publique au développement)

- dans les deux cas , c’est l’adoption d’une économie de marché qui permettra , selon Fukuyama , d’instaurer un régime de croissance

c) Apparaît alors une forte croissance qui se généralise et assure le développement

- selon Rostow , tous les pays vont connaître le même schéma de croissance et arriver aux 4° et 5° stades du développement :la maturité et la phase de consommation de masse qui assure le bien-être et la satisfaction de toute la population

- la croissance intensive assure hausse du niveau de vie et amélioration du mode de vie ( q 2 , doc 2 )

- l’augmentation des richesses créées permet le financement des infrastructures de santé et d’éducation , ce qui assure le développement

- comme la population satisfait ses besoins essentiels , elle passe à des demandes post-matérialistes :

  • Demande de démocratie : théorie de Fukuyama
  • Demande de réduction des inégalités : théorie de Kuznets

2. Le développement renforce la croissance

La croissance entraîne donc le développement qui accélère en retour la croissance

- développement = population plus qualifiée , en meilleure santé : elle est donc plus productive et plus innovante , ce qui permet de renforcer la croissance intensive qui est la forme de croissance la plus pérenne

- réduction des inégalités permet d’atteindre un système méritocratique où les places sont accordés non en fonction de la naissance mais en raison des qualités de chacun , ce qui assure un système économique plus efficace

- selon Fukuyama , la démocratie entraîne une augmentation des libertés et donc de la liberté d’entreprendre , qui renforce encore l’économie de marché et donc la croissance

Ainsi , d’après les libéraux , pour améliorer le sort des populations , il faut de la croissance . Celle-ci est une condition nécessaire et suffisante pour favoriser le développement . Ce déterminant essentiel crée alors un cercle vertueux croissance et développement que connaissent aujourd’hui , selon Fukuyama , les pays occidentaux ( fin de l’histoire) , que pourront connaître demain les PVD , s’ils suivent the one best way (Rostow et consensus de Washington)

II. Mais cette relation n’est pas automatique

Mais la vision des libéraux est beaucoup trop optimiste . En effet , la relation de corrélation entre croissance et développement ne paraît pas systématiquement vérifiée , car la relation de causalité s’avère discutable .

A. Constat : la croissance n’est pas systématiquement corrélée au développement

1. Croissance sans développement

- analyse transversale : Afrique du Sud ( q1 , doc 1) , exemple du Brésil vu en cours ( mal développement )

- analyse longitudinale : Etats-Unis depuis 1970 ( q 5 , doc 4 )

2. Développement sans croissance ( q1 , doc 1 )

- analyse transversale : Corée du Sud et Koweit

- analyse longitudinale : Koweit

B. Car la croissance peut être une condition nécessaire et non suffisante au développement

L’augmentation des richesses peut assurer une amélioration du sort de la population , mais ce n’est pas automatique . Cela dépend de nombreuses conditions :

- tout dépend la façon dont est obtenue la croissance : exemple du Brésil qui est une économie duale où un secteur moderne et dynamique coexiste avec un secteur vivrier et traditionnel

- surtout de la manière dont sont répartis les fruits de la croissance :

· L’utilisation des richesses peut servir à des dépenses militaires ou de prestige qui n’améliore pas le sort de la population

· Cela dépend donc des choix de l’Etat : celui-ci a un rôle essentiel à jouer pour que la croissance se traduise par du développement : pour diminuer les inégalités , assurer un système de santé et d’éducation généralisé à l’ensemble de la population

· D’autant plus que l’Etat est obligé de financer les maux de la croissance : stress et maladies professionnelles , les accidents , … Il ne fait que restaurer ce qui a été détérioré par la croissance .Le PIB augmente sans accroître le bien-être de la population ( question 3 , doc 3 )

· Se pose en plus le problème du développement durable : l’épuisement des ressources naturelles , la pollution et une répartition très inégale des richesses au niveau mondial ( divergence des PIB ) montre que la croissance peut générer des effets pervers

La corrélation mise en évidence par les libéraux entre croissance et développement est donc contestable. Certains auteurs préconisent même de rechercher le développement comme condition préalable à la

C. La démocratie et le développement peuvent être un préalable à la croissance

C’est la théorie de Sen : pays pauvres peuvent sans problème financer l’éducation et la santé de la population car ce sont des activités demandant peu de moyens ( amélioration de l’hygiène , éducation primaire ). Comme les pays sont pauvres , les salaires sont faibles ; il est alors peu coûteux d’accroître les conditions de santé et d’éducation de la population . Plus instruites et en meilleure santé , elles sont alors plus productives . Mais pour cela , il paraît important que des règles de bonne gouvernance soient mises en place par un Etat démocratique : les EU sont la première démocratie moderne , la croissance a suivi ; n’en est-elle pas un résultat ?

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