correction de la dissertation : les spécificités de la régulation fordiste

SUJET : LES TRENTES GLORIEUSES, LE NOUVEL AGE D’OR INDUSTRIEL .... AUTANT DE CARACTERISATIONS INSISTANT SUR LES SPECIFICITES DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE DES ANNEES 1945-1974. VOUS TENTEREZ DE MONTRER EN QUOI CETTE PERIODE PEUT S’OPPOSER AUX PHASES ANTERIEURES DU DEVELOPPEMENT DU CAPITALISME.


PARTIE I : UNE CROISSANCE EXTENSIVE CARACTERISEE PAR UNE REGULATION CONCURRENTIELLE ET DES CRISES DE TYPE CLASSIQUE.

I - UNE CROISSANCE EXTENSIVE

A - UNE CROISSANCE RAPIDE DES INDUSTRIES DE BASE.

Excepté les cas britanniques et japonais, tous les pays ayant connu un développement économique au SIX siècle ont basé leur croissance économique sur les industries de base : biens d’équipements, infrastructures (chemins de fer)) . Ces industries ont joué le rôle de branche motrice tirant par leur dynamisme l’ensemble de l’économie: le taux de croissance annuel moyen des biens d’équipement entre 1900 et 1913 : 2,9 %, sur la même période pour les biens de consommation la VA ne progresse qu’au rythme annuel de 1,9 %.

B - DETERMINE UNE CROISSANCE CAPITALISTIQUE.

Tout au long du XIX siècle les entreprises ont recouru à un accroissement du ratio capital par tête, ce qui se traduit par une chute du ratio : production de biens de consommation/ production de biens d’équipement, qui passe selon HOFFMAN de 5 au début du XIX ème à 2,5 durant la seconde moitié du XIX siècle. Ceci est caractéristique d’une croissance fortement capitalistique. Mais elle demeure beaucoup plus quantitative que qualitative, ce qui ne peut générer que de faibles accroissements de la productivité.

C - UNE CROISSANCE INTENSIVE.

Ainsi que l’indique les auteurs de l’école de la régulation l’accumulation au XIX est à dominante extensive c’est à dire qu’elle est basée sur le rôle moteur de la formation du capital, mais qu’elle ne se révèle pas capable de dégager des gains de productivité suffisants : le taux de croissance annuel moyen de la productivité du travail par tête est de 1,8 % entre 1896 et 1913, de 5,4 % entre 1959 et 1973. La productivité du secteur des biens d’équipement connaît un taux de croissance annuel moyen de 1,7 % entre 1900 et 1913 mais de 5,2 % entre 1959 et 1974. Ceci va poser un problème pour le financement de la croissance capitalistique. Selon MARX ce problème résulte de la loi tendancielle à la baisse du taux de profit que les capitalistes compensent en faisant pression à la baisse sur salaires du prolétariat. On constate en effet au XIX ème que la répartition de la VA se fait au bénéfice des entrepreneurs et des épargnants et non en faveur des salariés . C’est la caractéristique de la régulation concurrentielle

II -UNE REGULATION CONCURRENTIELLE

A -UNE REPARTITION INEGALE DE LA VALEUR AJOUTEE.

Entre 1900 et 1913 le taux de croissance annuel moyen de la VA progresse de 2,9 % pour le secteur 1. Dans le même temps le taux de croissance annuel moyen des salaires ne progresse que de 0,4 % .

B - QUI REPOND A UNE LOGIQUE CONFERANT LE ROLE DETERMINANT A L’OFFRE.

La croissance confère un rôle déterminant à l’accumulation du capital donc à l’investissement et à l’épargne. Il faut que les agents éco mobilisent une épargne suffisante pour financer l’investissement qui est à la base de la croissance extensive. On postule donc que la loi de SAY est vérifiée: c’est l’offre qui détermine la demande et qui l’amène à son niveau. Accroitre la part des salaires ne feraient que freiner les capacités d’épargne de l’économie, élèveraient les taux d’intérèt,donc réduirait l’incitation à investir des agents économiques et freinerait l’accumulation du capital.

C - ET QUI EST A L’ORIGINE DE LA CRISE DU MODE D’ACCUMULATION EXTENSIVE QUE L’ON OBSERVE A LA FIN DU XIX SIECLE.

Caractérisons la crise de 1873-1895: les petites unités de production s’avèrent incapables de réduire leurs coûts de production alors qu’elles mènent une guerre des prix pour gagner des parts de marché conformément à la régulation concurrentielle ( Loi de l’offres et de la demande , flexibilité des prix). Ces entreprises pour éviter la faillite font pression à la baisse sur la part des salaires (cf flexibilité des salaires dans la régulation concurrentielle). Mais cela détermine une paupérisation de la population et plonge l’économie dans une crise de sous -consommation ( cf MARX) , sans pour autant sortir l’économie de la crise car la croissance extensive bute sur la loi des rendements décroissants et ce mode d’accumulation s’avère contraproductif .

III - DE LA REGULATION CONCURRENTIELLE AVEC ACCUMULATION INTENSIVE A LA CRISE DE 1929.

A - VERS LA CROISSANCE INTENSIVE .

Depuis la fin du XIX ème sont introduites des méthodes de production plus efficaces(taylorisme et fordisme) , de nouveaux produits (automobile) de nouveaux processus de production qui permettent d’élever la productivité : entre 1921 et 1929, le taux de croissance annuel moyen de la productivité du travail est égal à 6 %, il n’était que de 1,7 % entre 1900 et 1913.

B - PERMISE PAR l’INNOVATION.

Selon SCHUMPETER c’est l’innovation qui explique le dynamisme de l’économie capitaliste: pendant les périodes de récession les profits diminuent , le chômage augmente , les occasions d’investissement sont réduites . Mais alors les capitaux sont abondants , et des procédés technologiques nouveaux qui n’intéressaient pas les prêteurs attirent désormais l’attention. Des innovations fondamentales vont alors pouvoir être réalisées qui vont déterminer la phase de croissance :
- Ces innovation impulsent le processus de la destruction créatrice qui révolutionne en permanence de l’intérieur la structure de l’économie:les nouveaux procédés, produits conduisant à la disparition des industries qui avaient base leur croissance sur l’innovation fondamentale du cycle précédent.
- Cette innovation est discontinue dans le temps et fait l’objet d’explosions par grappes quand les entrepreneurs tirent partie des possibilités nouvelles de profit exceptionnels , elle provoque une augmentation générale de la demande d’inputs, contribue à exercer une pression haussière sur les prix. Ce mouvement est accentué par les anticipations optimistes de profits et de poursuite du processus d’expansion et alimenté par la création de crédit.

C - QUI DEMONTRE LE ROLE ESSENTIEL DE L’ENTREPRENEUR DANS L’ECONOMIE CAPITALISTE .

SCHUMPETER attribue le rôle le plus glorieux à l’entrepreneur /L’entrepreneur : « a une fonction propre dans le processus social » , c’est lui qui va impulser l’innovation, c’est donc lui qui va remettre en cause la routine issue de la phase d’expansion précédente et générer la croissance économique de la phase de croissance qui va s’ouvrir. Or selon SCHUMPETER, la motivation essentielle de l’entrepreneur c’est le profit : qui est à la fois le but et l’instrument du capitalisme .

D - ET EXPLIQUE QUE L’ON RESTE DANS UNE LOGIQUE DE REGULATION CONCURRENTIELLE.

Les économistes avec SCHUMPETER confèrent toujours un rôle essentiel à l’offre, ce qui explique que l’on préfère accroître les profits ( accroissement annuel moyen de 5% entre 1921 et 1929) en freinant l’accroissement des salaires qui sur la même période augmente beaucoup moins vite que la productivité .

E - ALORS QUE L’ON EST ENTRE DANS UNE LOGIQUE DE REGULATION MONOPOLISTE

Comme l’a expliqué SCHUMPETER l’on observe une concentration des entreprise , dont les méthodes de production sont radicalement différents de celles de la régulation précédente ( division du travail, standardisation des produits).Les entreprise vont alors inonder le marché de produits de consommation de masse qui seront lancés par la publicité. Les salariés deviennent alors de agents de croissance par leur consommation.

F - CE QUI DETERMINE UNE CRISE DE LA REGULATION.

La dissociation entre l’efficacité et la vigueur du mode de production fordistes et la médiocrité relative de la demande populaire, vont plonger l’économie dans une crise de surproduction qui remet en cause les fondements de la régulation concurrentielle.

G - AGGRAVEE PAR L’INEFFICACITE DES POLITIQUES ECONOMIQUES DE SORTIE DE CRISE.

Les remèdes appliqués dans un premier temps : politiques de type déflationniste:( flexibilité à la baisse des prix et des salaires, chute de la production industrielle) sont les remèdes caractéristiques de la régulation concurrentielle et des crises JUGLAR. Mais ils vont échouer et mettre un terme à la régulation concurrentielle. Apparaît alors un nouveau mode de régulation : la croissance intensive avec consommation de masse et régulation monopoliste.


PARTIE II - L’ACCUMULATION INTENSIVE AVEC CONSOMMATION DE MASSE.

I - UNE CROISSANCE INTENSIVE.

A - UNE ACCELERATION DE L’INNOVATION

Les méthodes tayloriennes et fordiennes appliquées dans l’entre deux guerres dans les entreprises se généralisent à l’ensemble du tissu productif et permettent : « une intensification du travail ouvrier ». Elles sont renforcés par l’accroissement du progrès technique ( process ou produit) et génèrent des gains de productivité très élevés : le taux de croissance annuel moyen de la productivité du travail est supérieur à 5 % entre 1959 et 1974, il n’était que de 2% entre 1900 et 1913. Le PIB par tête quant à lui progresse de 5,1 % par an entre 1950 et 1973, de 1,9 % par an entre 1870 et 1950.

B - QUI DEMONTRE QUE L’INNOVATION N’EST PAS ENTRAVEE PAR LA CONCENTRATION DES ENTREPRISE.

Comme l’écrit SCHUMPETER : « l’entreprise géante est finalement devenue le moteur le plus puissant à long terme de la production totale ». En effet contrairement à ce que l’on aurait pu s’attendre la concentration, la création d’oligopoles ou de situations de monopoles n’a pas freine le rythme d’introduction des innovations car : « l’homme d’affaire se sent placé dans une situation concurrentielle même s’il n’a pas de rival dans sa branche, en fait , dans de nombreux cas sinon dans tous, une telle pression virtuelle impose un comportement très analogue à celui que déterminerait un système de concurrence parfaite ». Or la grande entreprise présente un avantage supplémentaire par rapport à la petite, elle peut mobiliser des capitaux beaucoup plus importants.

C - ET QUI EST RENFORCEE PAR L’ACCUMULATION DU CAPITAL.

La FBCF croît à un rythme de 9,5 % par an entre 1950 et 1959, alors qu’elle ne progressait qu’au rythme de 4,7 % par an entre 1900 et 1913. Cela se traduit par une croissance capitalistique : le capital par tête progresse au rythme de 5,6 % par an entre 1950 et 1973, alors que le rythme n’était que de 1,5 % par an entre 1900 et 1913 dans le secteur I.

D - QUI ENGENDRE UNE PRODUCTION DE MASSE

Le taux de croissance de la VA progresse à un rythme jamais observé antérieurement : 5 % par an entre 1959 et 1974, seulement 3 % par an entre 1900 et 1913. Le taux de croissance du PIB progresse 3 fois plus vite entre 1950 et 1973 qu’entre 1870 et 1950. Cette production de masse est caractérisée par de nouvelles branches motrices se situant dans le secteur des biens de consommation qui tirent le secteur des biens d’équipements qui à son tour engendre des gains de productivité. La croissance de 1945-1974 est donc bien radicalement différente de celle que l’on avait pu observer dans les phases antérieurs du développement du capitalisme. Toute la question est de savoir si ce mode de croissance n’allait pas buter sur la contrainte de la demande.

II - LA CONSOMMATION DE MASSE.

A - L’INSTITUTIONNALISATION DES SYNDICATS.

A partir de 1945 les organisations syndicales ouvrieres sont devenues d’indispensables partenaires sociaux , les syndicats obtiennent alors des augmentations de salaires indexés sur l’inflation et sur les gains de productivité ex-ante, en contrepartie le salariat est intériorisé comme forme normale d’organisation du travail, . Ce qui va à l’encontre de la conception marxiste , pour qui l’opposition entre la classe capitaliste et la classe ouvrière ne pouvait que s’exacerber à mesure que les contradictions du capitalisme se développaient.
De nouveaux processus régulateurs sont alors à l’oeuvre que certains d désignent sous l’appellation de régulation monopoliste . La vision classique d’un marché concurrentiel devient obsolète et l’Etat est conduit à intervenir pour réguler un marché qui n’est pas capable de s’autoréguler.

B - UNE INTERVENTION ACCRUE DE L’ETAT QUI DEVIENT L’AGENT REGULATEUR DE L’ECONOMIE.

Tous les agents ont compris qu’il fallait tirer les leçons de la crise de 1929, et qu’il était nécessaire d’introduire dans la sphère économique et sociale un agent pour assurer une croissance cohérente ne butant pas sur les imperfections des modes de croissance précédents. L’Etat intervient donc directement dans la sphère économique (nationalisations, planification, accroissement des dépenses publiques) et dans la sphère sociale (création d’un Etat Providence) afin d’assurer l’équilibre entre une consommation de masse et une production de masse.

C - UNE NOUVELLE NORME DE CONSOMMATION: L’APPARITION DU CONSOMMATEUR ET DE LA CONSOMMATIVITE.

La croissance au XIX ème conférait un rôle fondamental à lépargnant et considérait que la consommation était un reliquat déterminé par le taux d’intérèt. Avec la crise de 29, on se rend compte qu’il faut absolument trouver des débouchés à la production de masse. La demande va dés lors jouer un rôle fondamental et les entreprises comprennent qu’elles doivent accorder des augmentations de salaire conséquentes: taux de croissance du salaire entre 1960 et 1973 : 4,5 % par an, il était seulement de 1 % par an avant 1913. Elles sont en cela relayées par l’Etat: la part du salaire indirect dans le salaire total passe de 1,2 % à 32 %. « Cela produit non pas la croissance mais un certain type de croissance donc certains modes de vie: apparaît alors une norme de consommation dominante (l’american way of life) qui conduit à la généralisation du salariat: les femmes étant obligés de travailler pour augmenter le niveau de vie du ménage et acquérir des biens de consommation durables ». « Le capitalisme a transmis a toute la société le secret de son dynamisme : faire de la consommation une économie de temps et non pas un usage du temps:les salariés exploités quand le capitalisme avait besoin d’accumuler du capital ont été intégrés et ont perçu des salaires élevés quand les entreprises avaien t besoin d’écouler leur production de masse ».
La régulation monopoliste apparaît donc comme un stade supérieur du capitalisme dont les processus ont été assez puissants pour régulariser la courbe de l’expansion.

D - LA DISPARITION DES CRISES CLASSIQUES.

La régulatioin fordiste a permis pour un temps d’entraver les mécanismes du cyle classique au prix d’une inflation rampante. La régulation monopoliste a permis de réduire la flexibilité des salaires autour de la moyenne (écart de 35 points entre 1870 et 1895, l’écart entre 1960 et 1973 n’est plus que de 8 points ).Et ainsi d’assurer une consommation de masse capable d’absorber la production de masse .

E - LES LIMITES DE LA THEORIE SCHUMPETERIENNE.
SCHUMPETERconsidérait que l’innovation était l’élément central avec l’entrepreneur qui l’impulsait de la dynamique du capitalisme. Avec la montée de la buraeucratisation, la disparition ou du moins l’effacement de l’entrepreneur qui remet en cause le leader ship de la classe bourgeoise, SCHUMPETER est particulièrement pessimiste quant à l’avenir du capitalime : « MARX s’est trompé dans son pronostic des modalitrés d’effondrement de la société capitaliste, mais il na pas eu tort de prédire qu’elle s’effondrerait finalement »
Lafaiblesse des conceptions marxistes et schumpetériennes est d’avoir sous estimées les capacités d’adaptation du capitalisme. MARX n’a pas vu le passage de la croissance extensive à la croissance intensive qui remet en cause la loi tendancielle à la chute du taux de profit. SCHUMPETER quant à lui s’est focalisé sur un monde de petits entrepeneurs innovateurs et solitaires qui impulsent par l’offre une croissance. Or cela n’a plus rien à voir avec la réalité, l’Etat occupe aujourd’hui une place déterminante dans l’économie contibuant à l’effort de recherche. La demande est au moins aussi importante que l’offre pour assurer la croissance économique.

Mais cette croissance a des effets contraproductifs : elle sécrète des blocages et donc une crise de la régulation mais qui a des carctéristiques très différents de celle de 1929 .

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