QSTP sur l'évaluation à l'école

APPRENTISSAGE DU TRAVAIL PREPARATOIRE
ET DE LA QUESTION DE SYNTHESE

PARTIE I – TRAVAIL PREPARATOIRE

1 – En théorie , l’affectation dans un collège ou dans un lycée , les choix d’enseignement et les critères de notation sont-ils influencés par les familles ? ( doc 1 )
2 – Toutes les catégories ont-elles par rapport à l’inscription à un établissement la même attitude ? Que cela traduit-il ?
( doc 1)
3 – Expliquez la première phrase du texte ( doc 2 )
4 - Quelles étaient les modalités d’enseignement et d’évaluation avant 1968 ? durant les années 70 ? à la période actuelle ? Comment peut-on expliquer ces fortes évolutions ? Peut-on en conclure que les méthodes d’évaluation soient élaborés en fonction de critères objectifs et stables ? ( doc 2 )
5 – Quelles sont les critères de justice avancées pour contester les notes ? Pourquoi les émettent-ils ? Vont-ils dans l’intérêt des élèves ? ( doc 3 )
6 – Comment comprenez-vous le titre : « la demande d’un revenu minimum d’insertion scolaire » ? ( doc 3 )
7 – Expliquez la première phrase du texte en comparant le comportement des élèves , des professeurs , de l’administration , des parents dans un lycée d’excellence et dans un lycée de banlieue ou de petite ville .Comment pouvez-vous expliquer ces différences ?( docs 3/ 4

PARTIE II – QUESTION DE SYNTHESE

Après avoir présenté les pré-notions selon lesquelles tous les lycées sont équivalents , développent des critères d’évaluation objectifs , neutres et stables , mesurant les capacités des élèves à poursuivre des études , vous relativiserez en constatant que les familles , en fonction de leurs affinités différentielles avec le système scolaire , opèrent des stratégies remettant en cause les critères d’affectation officiels et influençant les méthodes d’enseignement et de notation .
Dans une seconde partie , vous en expliquerez les raisons en démontrant que les critères d’évaluation varient en fonction du contexte social et économique , et du type d’établissement fréquenté.


PARTIE III – DOSSIER DOCUMENTAIRE

DOCUMENT 1 : cf
* Bouche-à-oreille avec des parents ayant déjà des enfants dans l’établissement fournissant des informations sur l’évaluation et les méthodes d’enseignement

DOCUMENT 2 :
Pour les professeurs, le fait de noter est une de leurs activités les plus fréquentes et les plus fortes ; mais c'est aussi sur leurs
notes qu 'ils seront eux-mêmes jugés, par l'administration, par les élèves et par leurs collègues. (...) Au fur et à mesure
que la concurrence scolaire s'intensifie et que se renforce le besoin de preuves pour évaluer de façon uniforme dans
un système en expansion, les professeurs sont condamnés à noter de plus en plus souvent (le nombre de notes, par pro-
fesseur devient même un critère, parfois explicite, d'évaluation des professeurs pari 'administration et les parents) et à
voir simultanément leur propre système de notation contesté de toutes parts. Si l'on devait faire l'histoire sociale des
enseignants et de leurs pratiques, pédagogiques, il faudrait mettre l'accent sur la rupture de 1968 et sur la période
' libertaire " qui a suivi et qui, outre l'autodiscipline, la disparition des « surgés » et leur transformation en " CPE » ; le
contrôle continu, la remise en cause des cours magistraux et l'appel à la participation des élèves, a tenté une innovation dont il ne reste pratiquement rien : pour éviter l'arbitraire de la notation décimale et du classement, la notation par lettres (A, B, C, D, E). En fort contraste avec cette période marquée par la culpabilité ambiante à noter, c'est-à-dire à hiérarchiser, à sélectionner et à exclure, la période actuelle se caractérise par une dépossession relative des professeurs en ce domaine alors même que les notes semblent représenter aujourd'hui la dernière dimension du " sacré » attaché à l'école, comme si,
au fur et à mesure que le savoir et sa transmission perdaient de leur caractère sacré, la note en acquérait davantage. Dans les lycées de masse, la notation est le lieu d'une contradiction aussi insurmontable pour les élèves que pour les professeurs : les mauvaises notes viennent confirmer que les élèves ne sont pas à leur place tandis que les bonnes notes autorisent bien souvent des espoirs irréalistes. Les élèves voient leurs notes et ne les supportent pas, ou plutôt ne se supportent pas à travers elles, car elles leur renvoient une image d'eux-mêmes trop habituelle ; déjà stigmatisés., socialement, ils ont toujours l'espoir que l'École devienne magiquement un lieu neutre et souffrent terriblement de voir leurs stigmates redoublés par un stigmate scolaire dont la trace les suivra et dont l'objectivité ineffaçable obère leur avenir.
SOURCE / Stéphane Beaud, Florence Weber, ' Des professeurs et leurs métiers ',Critiques sociales, n°3-4, novembre 1992.

DOCUMENT 3 : Maintenir la pression par les notes
Le jugement professoral est dépendant, constitutif en fait, d'un contexte scolaire et social toujours spécifique : le face-à-face maître-élève n 'est pas le même dans un anonyme grand lycée polyvalent de la banlieue parisienne et au renommé lycée Louis-le-Grand. Dans les lycées à prédominance bourgeoise des centres-villes, dans les grands lycées d'excellence, à la clientèle richement dotée en capital financier et/ou culturel, le corps professoral entretiendra quelques affinités avec cette
clientèle lycéenne dont il aura la charge, en appartenant généralement à la fraction la plus riche en capital culturel du corps professoral (classes préparatoires, École normale supérieure, agrégation).( …)La recherche toujours à renouveler et à démontrer de l'excellence scolaire justifie des notes plutôt basses qui indiquent l'effort qui reste, de toute façon, continuellement à produire. La note basse entretient l'incomplétude scolaire de l'élève qui pressent appartenir à l'élite scolaire.Ce sentiment, tant qu'il demeure, permet d'accepter ce type de notation : l'essentiel pour l'élève est généralement
de ne pas courir le risque d'une relégation dans un lycée ordinaire.
Dans les lycées d'excellence, cet arrangement évaluatif est en accord avec la norme de l'établissement et reçoit généralement, outre l'adhésion tacite du personnel de direction, l'adhésion du corps professoral qui le met m œuvre, dans la mesure où est ainsi réactivée l'histoire scolaire de ces professeurs souvent issus de classes préparatoires aux notations également très basses. Ces notes particulièrement basses attribuées aux meilleurs sont indissociables de la constitution d'une élite scolaire dans la mesure où elles permettent d'assurer efficacement la fonction sélective nécessaire à l'émer-
gence des - meilleurs -parmi les meilleurs : les notes très moyennes attribuées à des élèves excellents ont l'avantage
insigne, tout particulièrement en classe de première, d'autoriser ou non la poursuite de la scolarité dans le même établissement et donc de s'assurer d'une probabilité de réussite au baccalauréat proche ou égale à 100%. Les palmarès prestigieux des grands lycées parisiens témoignent chaque année de la constance des modalités d'arrangements évaluatifs qui ressortissent à une sorte de tradition professorale de ces établissements.
SOURCE : Pierre Merle, L'Évaluation des élèves – Enquête sur le jugement professoral, PUF, 1996.

DOCUMENT 4 :La demande d'un « revenu minimum d'insertion scolaire » , une négociation explicite
Suite à des notes très basses, obtenues à des épreuves écrites organisées dans le cadre d'un baccalauréat blanc, le
comportement de certains élèves peut être particulièrement significatif du minimum de reconnaissance scolaire demandé
par les élèves : « Certains sont venus me dire qu 'ils ne voyaient pas la raison pour laquelle il faudrait qu 'ils envisagent de
continuer à travailler dans ces condtions-là " (professeur de français). Le propos n'est pas sans évoquer des revendications salariales sur les conditions de travail. Pour les élèves, le temps travail n 'est pas seulement le temps passé à la maison à revoir ses leçons mais aussi le temps passé en classe à écouter les professeurs.
Sans pour autant que la légitimité de la note soit contestée (la note peut éventuellement demeurer juste du point de vue de
l'élève), certains élèves mettent donc explicitement en feu l'évaluation scolaire à laquelle ils sont soumis. Pour quelles rai-
sons l'élève accepterait-il, en l'absence de tout mérite scolaire reconnu, la contrainte institutionnelle de l'école ? L’ élève demande, en fait, en échange d'une acceptation des contraintes pédagogiques, une notation minimum garantie, à l'instar du SMIC. Il s'agit d'une reconnaissance institutionnelle minimum, sans laquelle l'acceptation de l'autorité pédagogique est perçue comme un marché de dupes. Les élèves souhaitent en quelque sorte la mise en place d'un revenu minimum d'insertion scolaire qui se présenterait sous la forme d'une moyenne minimum permettant de survivre sans trop de bonté dans l'institution éducative. Le respect des horaires, la présence en cours, une attention minimum à la parole du maître, la bienveillance à l'égard des conseils professoraux (même si ceux-ci se contredisent parfois...) ne peuvent légitimement produire un résultat scolaire nul (égal ou très proche de zéro). La note juste pour l'élève n 'est pas celle qui résulte
de l'application mécanique du barème du professeur: faire son métier d'élève est déjà une source de mérite scolaire et devrait être associé à une note minimum.
SOURCE : Pierre Merle, L'Évaluation des élèves -Enquête sur le jugement professoral, PUF, 1996.

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