Correctionde la dissertation les classes sociales sont-elles de retour

CORRECTION DE LA DISSERTATION : Sciences humaines titre « Les classes sociales sont-elles de retour ? » Vous répondrez à cette question

Dans le hors-série d’Alternatives économiques du 2° trimestre 2003 , L.Maurin écrit : « Les classes sociales redeviennent la mode . Ce retour n’est pas le fruit du hasard : le ralentissement de la croissance depuis le milieu des années 70 , la montée du chômage assortie à de faibles hausses de pouvoir d’achat ont donné des ailes aux inégalités sociales , accentuant les écarts entre les couches de la population . D’où la réapparition dans le débat public de la division de la société : J.Chirac , lors de sa campagne présidentielle de 95 parlait de « fracture sociale » . Et L.Jospin , comme Premier ministre , entendait rassembler les exclus et les catégories populaires et moyennes » ( doc 1 )
Avec la période de forte croissance des 30 Glorieuses , le terme de classes sociales avait quasiment disparu , tant du débat public que des recherches des scientifiques . Or , il réapparaît aujourd’hui aussi bien dans les discussions politiques que dans les thèmes de recherche : ces derniers mois sont parus plusieurs articles traitant de l’ actualité nouvelle des classes sociales .
Or , le terme classes sociales est un terme difficile à cerner car il est défini de manières différentes selon les auteurs . Il y a certes un point commun : l’organisation de la société en groupes hiérarchisés . Certains comme Warner refuseront de l’employer et préféreront parler en termes de strates car ils refusent cette idée de lutte connotée implicitement dans le mot . D’autres , comme Marx et Weber raisonneront en termes de classes , mais en les caractérisant de manière différente : selon Marx , c’est la lutte des classes qui définit la classe , alors que pour Weber , c’est la prise de conscience commune qu crée la classe .
Ainsi , les années 50-70 caractérisées par une baisse des inégalités et la moyennisation de la société ont montré les faiblesses de la vision en terme de classes ( elles tendaient à disparaître ) et validé la vision des strates développée par Warner . Mais la crise en accentuant les écarts a montré que la vision de Warner était critiquable ; les classes sociales existent encore .


I – UNE DISPARITION PROGRESSIVE DES CLASSES SOCIALES LORS DES 30 GLORIEUSES

A – LA CONCEPTION DES CLASSES N’EST PLUS ADAPTEE A LA SITUATION DES ANNEES 50- 70

L’évolution économique et sociale que connaissent les PDEM , à partir des années 50 , rend caduque les analyses en terme de classes sociales , qu’elles soient de Marx ou de Weber .

1- LA REMISE EN CAUSE DE L’ANALYSE DE MARX DES CLASSES SOCIALES

D’après Marx , le fondement de la classe sociale est la lutte des classes . En effet , c’est celle-ci qui fait prendre conscience aux individus des intérêts qu’ils ont en commun . La lutte des classes va permettre aux individus de se constituer d’abord en classe en soi , c’est-à-dire que les ouvriers se mobilisent face au capital mais n’existent pas en dehors de cette lutte ; puis , en classe pour soi : les ouvriers luttent alors pour instaurer une nouvelle forme de société : la société communiste . Le mouvement ouvrier va alors s’organiser pour défendre ses intérêts .
La lutte des classes est une caractéristique structurelle de toutes les sociétés , car elle provient des fondements mêmes de la société . Dans les sociétés capitalistes , cette lutte oppose bourgeois et prolétaires . , car les forces productives ( la machine à vapeur ) déterminent des rapports de production spécifiques . Comme les machines sont coûteuses , seule une partie de la population peut posséder ces moyens de production . Il y a donc deux classes sociales : la bourgeoisie , propriétaire des moyens de production , le prolétariat qui ne dispose que de sa force de travail .
Or , le processus de croissance entamée au début des années 50 va être à l’origine d’une transformation des emplois qui rend cette distinction peu pertinente . En effet, les parts respectives des indépendants ( ceux qui possèdent les moyens de production ) et des ouvriers diminuent : « de 1970 à 2000 , les ouvriers et contremaîtres sont passés de 40 % à 30 % de la population active » ( doc 1 ) .
Il n’ y a donc plus de classes au sens marxistes du terme , car il n’ y a plus deux groupes économiquement opposés . En effet , il n’ y a plus ni propriétaires , ni exploités puisque la part des emplois salariés a augmenté et représente près des 80 % des emplois aujourd’hui .
Comme les différences objectives entre les individus tendent à disparaître , « la conscience qu’ont ses membres de partager la même condition , et de devoir s’organiser en conséquence pour lutter contre l’exploitation » s’atténue ( doc 6 ) : un des signes est le « recul du mouvement syndical » depuis la fin des années 60 ( doc 6 ) .

Cette création d’emplois salariés a surtout porté sur des postes qualifiés de service comme l’écrit L.Maurin ( doc 1 ) : « les employés sont passés , au cours de la même période , de 23 % à 30 % de la population active , tandis que le poids des professions intermédiaires et des cadres s’accroissait rapidement » .


2- LA REMISE EN CAUSE DE L’ANALYSE DE WEBER

Les caractéristiques des emplois se rapprochent donc : des emplois tertiaires qualifiés crée donc une homogénéité des modes de vie et de pensée . Cela empêche donc la constitution d’une classe au sens de Weber . En effet , le fondement est une situation commune qui peur permettre la prise de conscience des intérêts communs . Le mécanisme chez Weber est donc le suivant : une situation et des objectifs communs déterminent la classe et la lutte .
Or , la croissance économique des années 50-70 a généré une moyennisatin de la société : il n’ y a plus de différences importantes entre les individus tant quantitatives que qualitatives


a- UNE REDUCTION DES INEGALITES QUANTITATIVES

L’augmentation des revenus permise par la croissance a d’abord profité aux plus pauvres puisque leur revenu augmente plus rapidement que celui des autres catégories ainsi , entre 1955 et 1960 , le pouvoir d’achat du salaire ouvrier a augmente de 4,8 % par an en moyenne . Cette croissance rapide permettait alors à « un jeune ouvrier d’espérer en fin de carrière un revenu proche de celui des cadres qu’il voit , et à un ouvrier plus âgé d’attendre pour ses enfants un sort nettement plus ascendant au regard du sien propre » puisque le temps de rattrapage du salaire ouvrier vers celui des cadre était d’environ 30 ans ( doc 4 ) .
Cette réduction des inégalités de ressources se traduit alors par la constitution d’une vaste classe moyenne et la disparition des extrêmes :quand on regarde la répartition des revenus ( doc 6 ) , on se rend compte que la plus grande partie de la population a un revenu proche de la médiane , c’est-à-dire le revenu tel que 50 % de la population dispose d’un revenu supérieur ou inférieur . En revanche , au-dessus de 3 fois le revenu médian , il n’ y a quasiment personne , ainsi qu’au-dessous d’un quart du revenu médian .
Comme toute la population dispose alors du même revenu , les modes de consommation se rapprochent . Ainsi , d’après R.Nisbet : « l’élévation du niveau de vie et de consommation conduit à la disparition de strates de consommation nettement repérables »( doc 5 ).En effet , « l’enrichissement global de nos sociétés a permis à la grande majorité de la population d’accéder aux biens de consommation que sont l’automobile , le réfrigérateur ou la télévision » ( doc 1 ).


b- UNE REDUCTION DES INEGALITES QUALITATIVES

Cette homogénéisation des niveaux de vie se traduit aussi par une homogénéisation culturelle : « il y a une généralisation de la culture moyenne « . Il n ‘ y a plus de culture propre à un groupe ; tous les individus partagent les mêmes valeurs et normes : une plus grande tolérance aux différences résultant d’un individualisme important car il y a « revendication de la reconnaissance des différences religieuses , de genre , d’ordre culturel , régionalistes , ethniques ou d’orientation sexuelle » ( doc 5 ) .
Outre la réduction des inégalités économiques , la constitution de cette culture commune s’explique par la démocratisation scolaire : « l’entrée des classes populaires au lycée puis à l’université »(doc 5 ) leur a permis d’acquérir la culture des classes moyennes , puisque la socialisation , tant dans ses méthodes que dans ses composants est maintenant effectuée pour tous les individus par le même agent : l’école .

Ainsi , la disparition progressive des classes lors des 30 Glorieuses s’explique par deux raisons . « L’idée souvent implicite est celle d’une relation à double sens : les inégalités baissent car l’intensité des rapports d’exploitation décline ( Marx ) ; les inégalités baissent , et donc les moyens dont disposent les mieux situés dans les rapports sous-jacents sont appelés à décliner ( Weber) » ( doc 5 ) .
Parler en termes de classes n’est- donc plus pertinent ; il faut plutôt utiliser le concept de strates .


B- IL FAUT DONC PARLER EN TERMES DE STRATES

En effet , le terme classes implique l’idée de conflits , qui n ‘est pas dans celui de strates : même s’il y a des inégalités , elles sont faibles et ne remettent pas en cause la cohésion sociale .
Ainsi , à partir des années 60 , l’organisation sociale tend à se rapprocher du modèle américain développé par Warner dans les années 30 à partir des petites villes . L’appartenance à une strate , selon l’auteur de Yankee City dépend certes de critères quantitatifs ( revenu , type d’habitation , emploi , …) , mais le critère essentiel reste subjectif : le degré de prestige . Warner distingue alors 3 grandes strates , chacune décomposée en fractions hautes et basses . La caractéristique de la société américaine est la part très faible de la population aux deux extrêmes de la hiérarchie sociale : 1,4 % appartient à la classe supérieure-supérieure . En revanche les classes moyennes sont fortement développées : 28 % de la population appartient à la classe moyenne-inférieure , 32 % à la classe inférieure-supérieure ( doc 3)

La situation américaine des années 30 présageait donc l’organisation sociale de la France à partir des années 50 : la croissance économique a permis une augmentation générale des revenus et engendré une baisse des inégalités tant quantitatives que qualitatives .

.Ainsi , de nombreux sociologues , depuis R.Nisbet ( 1959 ) ont pu parler de la « mort des classes » ( doc 5 ) . En effet , selon N.Journet , 3 critères définissent une classe ; or ceux-ci ne sont plus remplis par l’évolution économique et sociale ( doc 6 ) . Le premier est « l’identité temporelle , qui implique la durabilité du groupe , et notamment sa fermeture à l’égard de la mobilité sociale » : on a vu que la création d’ emplois qualifiés et la démocratisation du système scolaire ont favorisé la fluidité du système social . Le second est « l’identité culturelle , le fait de partager des modes de vie et des façons de faire » : or , il n’ y a plus de culture spécifique , mais une culture « moyenne » « dont le blue jeans ou le barbecue sont des figures exemplaires » ( doc 5 ) . Le troisième est « l’identité collective , c’est-à-dire la capacité à agir de concert , dans un même but » : la crise du syndicalisme est une preuve que « cette identité-là semble avoir considérablement reflué »(doc6)



II – MAIS QUI REAPPARAISSENT A PARTIR DES ANNEES 80

Toutes ces analyses concluant à la fin des classes datent ainsi des années 50 – 60 , à une époque où la croissance forte laissait présager une réduction inéluctable des inégalités . Or , depuis la fin des années 70 ,le contexte économique et social a changé : « le ralentissement de la croissance depuis le milieu des années 70 , la montée du chômage assortie à de faibles hausses de pouvoir d’achat ont donné des ailes aux inégalités sociales , accentuant les écarts entre les couches de la population » ( doc 1 ) . Ainsi , la conception de la moyennisation développée par Warner n’est plus adaptée aujourd’hui .


A – L’ANALYSE DE WARNER N’EST PLUS AUJOURD’HUI PERTINENTE

Elle ne correspondrait même plus à la société américaine ( doc 3 ) . « Dans un ouvrage publié en 1999 , The New Class Society , E.Wysong , R.Perrucci et D.W.Wright dessinent les nouveaux contours de la société américaine » . Selon , eux , l’organisation sociale actuelle est aux antipodes de celle de Warner . En effet , « elle est formée sur la mode d’un « double diamant » » . Le premier diamant est composé de 20 % de privilégiés , « ceux qui encadrent une équipe ou dispose d’une expertise reconnue » ; le seconde est formée « de la nouvelle classe laborieuse qui représente 80 % de la population : salariés et travailleurs indépendants d’exécution » . Ainsi , d’après cette étude , la classe moyenne , symbole de l’Amérique , a quasiment disparu , laissant place à deux groupes dont les intérêts peuvent être opposés .

Ce phénomène se retrouve en France où la crise a crée une coupure entre les groupes , ce qu’E .Todd , puis J .Chirac ont appelé « la fracture sociale » ( doc 1 ) . L‘augmentation des inégalités économiques rend donc caduque l’ analyse de Warner en terme de strates .
De nombreux sociologues , comme L.Chauvel , vont alors considérer qu’il faut parler en termes de classes . Le problème sera alors « la manière dont on définit la classe sociale » ( doc 6 ) . Mais , qu’ils partent d’une définition subjectiviste basée sur l’analyse de Weber ou objectiviste , fondée sur celle de Marx , ils en arrivent à une conclusion relativement proche : les classes sociales réapparaissent ou même n’ont jamais disparu .


B – IL FAUT DONC PARLER EN TERMES DE CLASSES SOCIALES

1 – LES CLASSES SOCIALES REAPPARAISSENT

En effet , d’après M.Weber : « les classes sociales sont des groupes d’individus spécifiés par des situations de classes et par des « chances de vie » ou « potentialités d’évolution » différentes , qui dépendent de leurs ressources , notamment en termes de qualifications . Si l’on constate que ces « destins » ou ces probabilités correspondent à de grandes fractions de la population , alors on peut commencer à parler de classes sociales » ( doc 6 ) . Pour qu’il y ait création d’une classe , il n’ y a pas obligatoirement besoin d’une prise de conscience des intérêts communs et une lutte entre les groupes .
Or , depuis le début des années 80 , il y a bien des possibilités d’évolution différentes selon les groupes . Ainsi , depuis le début des années 80 , le pouvoir d’achat du salaire ouvrier augmente très faiblement : il augmente de 0,3 % par an en moyenne entre 1985 et 199( doc 4 ) . Même si les écarts de salaires entre cadres et ouvriers diminue ( un cadre gagnait 4 fois plus qu’un ouvrier en 1965 ; en 98 , le rapport n’est plus que de 2,5 ) , cette quasi stagnation du pouvoir d’achat du salaire ouvrier signifie qu’un ouvrier mettra énormément de temps à rattraper le niveau d’un salaire d’un cadre . Ainsi , en 1985 , il faut 372 ans pour que le salaire moyen d’un ouvrier soit équivalent à celui d’un cadre ; en 1998 , le temps de rattrapage a diminué mais reste de 150 ans . Comme l’écrit L.Chauvel ( doc 4 ) : « si ce temps de rattrapage avoisine le siècle ou plus , les écarts que le jeune ouvrier observe aujourd’hui sont appelés à persister aussi loin que ce que l’horizon théorique de sa vie et de celle de ses enfants lui permet d’entrevoir » . Les ouvriers et tous ceux qui sont en bas de la hiérarchie salariale et sociale se rendent compte qu’ils n’atteindront jamais le niveau de vie des cadres et qu’ils ne pourront donc jamais obtenir les mêmes types de consommation .
Ces évolutions divergentes s’expliquent , en grande partie , par le fait que « des groupes socio-économiques soient inégalement dotés en matière de ressources scolaires , patrimoniales et autres » ( doc 6 ) . Ainsi , au niveau des diplômes , on constate de fortes différences selon les groupes sociaux ( doc 3 ) : alors que plus de 90 % des professeurs ou des ingénieurs ont au moins le BEPC , ce n’est le cas que de 10 % des ouvriers ou des salariés agricoles . Les inégalités de revenu sont aussi importantes : ainsi , les professions libérales ou les industriels ont un revenu plus de 7 fois supérieur à celui des manœuvres . A cette coupure par le revenu s’ajoute une fracture encore plus importante , basée sur le patrimoine ( doc 6 ) . En effet , quand on regarde la répartition du patrimoine des français en 2000 , on remarque une très forte inégalité dans la répartition de celui-ci : la part des français détenant un patrimoine correspondant au patrimoine médian est relativement faible ; en revanche , aux extrêmes , les parts sont fortes : 10% des ménages ont un patrimoine supérieur à 4 fois le patrimoine médian , et 25 % ont moins de 0,15 fois le patrimoine médian .

Ainsi , après avoir disparu lors des 30 Glorieuses , « les classes sociales sont de retour « ( doc 6 ) du fait de la crise économique qui crée une coupure forte entre les plus qualifiés dont les compétences sont rares , qui trouvent facilement des emplois bien rémunérés avec une progression des revenus qui leur permettent de constituer des patrimoines générant de nouvelles sources de revenu , et ceux qui n’ont aucune qualification ou un diplôme dévalorisé . Ceux-ci ont du mal à trouver un emploi , leur salaire est faible du fait du grand nombre de chômeurs . La disparition des classes n’aurait donc été qu’une période exceptionnelle dans l’histoire des sociétés .
Certains auteurs considèrent , quant à eux , que les classes , même lors des 30 Glorieuses n’ont jamais disparu , car la séparation que faisait Marx entre le prolétariat et la bourgeoisie reste toujours pertinente .


2- OU N’ONT PAS DISPARU

a –UNE MAUVAISE LECTURE DE L’ANALYSE DE MARX

En effet , d’après M.Cohen ( doc 2 ) , si certains , en constatant la réduction du nombre d’ouvriers et l’augmentation du nombre de postes qualifiés ,ont réfuté l’analyse marxiste des classes , c’est parce qu’ils n’ont pas compris cette théorie . En effet , Marx oppose le bourgeois au prolétaire « qui est souvent pauvre , cependant , il n’est pas le seul dans ce cas . Parfois il gagne dignement sa vie . Mais , il est celui qui , fondamentalement ,vit de la vente de sa force de travail » ( doc 2 ) . Le prolétaire n’est donc pas obligatoirement un ouvrier . L’erreur que font les détracteurs de l’analyse de Marx est de généraliser l’étude de l’auteur du « Capital » du XIX° à toutes les époques . En effet , Marx écrit à l’époque de la première Révolution industrielle qui est celle du charbon , de l’acier et du textile . A cette époque , il est vrai que le prolétariat est principalement composé d’ouvriers .
Mais « c’est oublier que le vocable « classe ouvrière » est , conceptuellement , tout à fait impropre à désigner ce qu’il représente . Le prolétariat ouvrier n’est pas une classe sociale , il est l’un des milieux sociaux de la classe prolétarienne , aux côtés d’autres milieux sociaux prolétariens comme les employés , les infirmières , les instituteurs » ( doc 2 )


b – L’ANALYSE DE MARX EST TOUJOURS PERTINENTE

Même si les différentes Révolutions industrielles ont transformé la nature des emplois , fondamentalement rien n’a changé : ces emplois sont des emplois de prolétaires . « La seconde Révolution industrielle ( électricité , fordisme) a provoqué le phénomène des cols blancs » : certes , ce ne sont plus des emplois liés à la matière, non qualifiés ; ce sont des emplois de service , plus qualifiés . Mais , les cols blancs restent des prolétaires , car ils n’ont pas les moyens de production et sont exploités : seuls les travailleurs créent de la richesse , mais seule une partie leur revient sous forme de salaire , l’autre étant accaparée par la bourgeoisie .Celle exploitation se traduit aussi par une dépendance très forte des salariés vis-à-vis des patrons .En prenant en compte ces critères , on se rend compte « qu’entre la jeune femme rivée chez elle à son écran d’ordinateur , « annualisée » dans la durée et la productivité de son travail par une direction qui la contrôlera dans tous ses mouvements quotidiens » , il y a peu de différence de classe avec l’ouvrière d’usine ( doc 2 ) .
Cette transformation au sein du prolétariat explique ainsi l’apparente disparition des conflits de classe . En effet , les ouvriers avaient des traditions syndicales très fortes , que n’ont pas d’autres catégories de salariés . Ainsi , « cela entraîna l’affaiblissement de certaines composantes plus anciennes , et de ce fait l’affaiblissement temporaire du syndicalisme qui eut besoin de temps pour pénétrer les nouveaux milieux prolétariens qui acquirent l’essentiel des traditions siciales et de luttes de plus anciens , y adjoignant leur propre génie social créateur ( par exemple , la pratique des coordinations élues) ».
Les luttes entre classes s’atténuent donc le temps que les nouvelles couches prolétariennes prennent conscience de leur unité et apprennent à se mobiliser .


La forte croissance des années 50-70 avait généré de nombreux espoirs : elle a permis une augmentation généralisée des revenus qui a favorisé la baisse des inégalités tant quantitatives ( financières ) que qualitatives ( éducation , loisirs , … ) . Les différences entre les individus sont donc devenues faibles : toute la population disposait du même niveau et mode de vie . De nombreux sociologues comme H.Mendras en ont déduit que les classes sociales allaient disparaître . Or , ce mouvement de brouillage de frontières des classes a été stoppé par la crise de la fin des années 70 : les inégalités augmentent à nouveau créant une fracture entre les différents groupes , ce qui remet le concept de classe d’actualité . Un des signes de ce regain d’intérêt est le nombre d’articles récents portant sur ce thème : un article de la Revue de l’OFCE en octobre 2001 , un dans Sciences humaines en février 2003 , deux dans Alternatives économiques en mars 2003 .
Cela peut s’expliquer par la volonté des sociologues et journalistes d’expliquer l’importance du vote Front National lors des dernières élections présidentielles . Si une part aussi forte des électeurs français ont voté pour J.M.LePen , ce n’est par pour des raisons racistes : l’intégration des immigrés en France depuis un siècle le prouve bien , mais parce que le parti de l’extrême-droite répondait à leurs peurs : d’un côté des gouvernements de gauche ou de droite demandant à la population de faire des sacrifices , de l’autre , une population qui a peur de tomber dans l’exclusion .



Plan et problématique plus complexes , mais plus atténués

I – Les classes sociales n’ont jamais disparu , d’après l’analyse de Marx ( c’est le II B2de la correction ) : thèse
II – Or , le mouvement de croissance des 30 Glorieuses montre l’atténuation des frontières de classes ( I de la correction ) : antithèse
III – Mais la crise , à la fin des années 70 , crée de nouvelles inégalités : les classes réapparaissent , mais selon la définition de Weber ( c’est le II A et B 1 de la correction ) : synthèse

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