Sujet et correction de la dissertation en terminale : la faiblesse de l'investissement en Europe s'explique t'elle par l' insuffisance de la demande?










Le 22-12-2006

DISSERTATION EN CLASSE

Sujet : la faiblesse de l’investissement en Europe s’explique t’elle essentiellement par une insuffisance de la demande ?


Document 1 :

A:


Source : INSEE

B:
Source : INSEE

Document 3 :
Perdu dans cette quête, on oublie que l'offre a besoin d'une demande pour exister. L'accélérateur, qui n'a plus la faveur des manuels d'économie, continue pourtant de fonctionner sans faille et reste l'élément explicatif principal de l'investissement. L'examen du taux d'investissement ne laisse aucun doute. Pas plus loin que 1997, le retard d'investissement de la Vieille Europe, dans des circonstances macroéconomiques brusquement très favorables, avait enclenché une vague d'investissements et propulsé, en 2000, la croissance au-delà de 4 % par an en France. Le creux de l'après-2000 se résorbe depuis la fin 2003. Le redressement est lent, en particulier comparé aux Etats-Unis, mais l'investissement augmente plus vite que la valeur ajoutée. En fait, l'investissement des entreprises est adapté à la conjoncture actuelle.
Taux d'investissement et profitabilité nous indiquent que les entreprises, sans être le moteur de la croissance, ont largement joué leur rôle et qu'elles ne connaissent pas de crise structurelle majeure. Le seul problème est la faiblesse de la demande adressée aux entreprises. La zone euro n'a aujourd'hui comme projet que d'être plus compétitive. Or, la zone euro est une grande économie faiblement ouverte; le coût en demande de cette recherche de la compétitivité n'est pas compensé par les gains en part de marché. Sans client, le capitalisme européen patine.
Source : X Timbeau, un capitalisme sans projet ? non un capitalisme sans client, 2006.

Document 4 :
Document 5 :
La raison principale évoquée pour expliquer la faible croissance de l'Europe est l'inadéquation des institutions aux besoins d'une économie de la connaissance, où la croissance serait davantage fondée sur l'innovation que sur l'accumulation de capital. L'Europe aurait réalisé une croissance forte dans les années 50 et 60 et rattrapé les Etats-Unis en accumulant du capital, en faisant appel à une main-d'oeuvre peu qualifiée et en imitant leurs technologies. Les institutions de référence de cette période seraient incarnées dans la grande entreprise industrielle oligopolistique, disposant d'un pouvoir de marché substantiel et établissant des relations de long terme avec ses fournisseurs, ses financiers et ses employés. Les politiques macroéconomiques auraient consisté à moduler la demande agrégée pour la maintenir au voisinage de la croissance potentielle.
Ce régime de croissance aurait été remis en cause du fait d'un changement des modèles de consommation et de production. Les consommateurs demanderaient des produits plus variés. Les producteurs auraient accès à des technologies plus flexibles, favorisant l'obtention d'économies de variété. Ce nouveau régime de croissance exigerait une plus forte concurrence sur les marchés de produit, avec un rythme soutenu d'entrées et de sorties. Ce qui nécessiterait un accès facilité des entreprises naissantes au capital-risque+, des marchés du travail flexibles rendant plus aisés les restructurations et les mouvements de main-d'oeuvre qui leur sont associés.
Dans ce contexte, les politiques macroéconomiques d'assainissement et de convergence nominale (en particulier convergence des taux d'inflation) menées depuis le début des années 90 n'auraient fait que répondre aux errements du passé. Elles ne limiteraient pas le niveau de la croissance potentielle et seraient, au contraire, un facteur décisif pour l'atteindre. A moyen terme, le maintien de la stabilité des prix aiderait en effet à obtenir des taux de croissance plus élevés. La consolidation budgétaire diminuerait le service de la dette publique et le niveau des taux d'intérêt, facilitant ainsi l'investissement privé, qui sera d’autant plus élevé que les politiques de rigueur visent à restaurer les conditions de rentabilité des entreprises (traux de marge et taux de rentabilité économique) Les marchés plus flexibles garantiraient, quant à eux, un ajustement plus rapide des prix relatifs et amélioreraient la capacité de l'économie à absorber les chocs.
JL Gaffard , comment promouvoir la croissance en Europe ? alter éco n°64 , 2005.

Document 6 :

Le niveau des profits est essentiel pour une entreprise au moment de se lancer dans des dépenses de long terme. Les profits permettent en effet de dégager des moyens financiers et poussent à l'optimisme sur la réussite future. En la matière, la situation des entreprises françaises est plus que favorable. Entre le début et la fin des années 80, " la décennie des entreprises ", celles-ci n'ont cessé d'accroître leur part du gâteau. Leur taux de marge (les profits rapportés à la valeur ajoutée), qui avait diminué de 30 % à 25 % entre 1970 et 1980, est remonté à plus de 33 % en 1989. Depuis, il s'est stabilisé autour de 32 %.
Cette amélioration des marges n'a pas débouché sur une reprise de l'investissement. Du coup, le taux d'autofinancement des entreprises (l'épargne rapportée à l'investissement) n'a cessé de croître depuis le début des années 80. Il se trouve actuellement à un niveau historiquement haut, beaucoup plus que dans les années 60 (110 %, contre moins de 70 % à l'époque). Il est vrai que les modes de financement de l'économie se sont modifiés. Dans les années 60, les entreprises se finançaient auprès des banques et attendaient de l'inflation qu'elle dévalorise leurs dettes. Cette économie d'endettement a cédé la place à une logique de finance directe où les entreprises s'autofinancent ou font appel aux marchés financiers : il faut donc pouvoir offrir aux actionnaires des niveaux de rentabilité plus élevés que par le passé . Mais ce niveau est aujourd'hui considéré comme largement suffisant. " L'insuffisance de la profitabilité n'est absolument pas une des causes du faible investissement ", tranche Patrick Artus, économiste de la Caisse des dépôts.
La panne de l'investissement serait-elle la faute des patrons qui cherchent à gagner toujours plus aujourd'hui sans penser au lendemain ? Certes, mais d'autres éléments interviennent. Et d'abord les taux d'intérêt, qui ont un double effet. Au fond, la décision d'investir résulte toujours de la comparaison entre la rémunération attendue du capital (les taux de profits futurs) et le coût de ce capital, le taux d'intérêt (ce que Keynes a appelé " l'efficacité marginale du capital "). En bonne théorie, l'entrepreneur n'a aucune raison d'acheter des machines si le capital engagé lui rapporte moins que le coût de l'emprunt nécessaire à cet achat. Ou, s'il n'a pas besoin de s'endetter, si les profits attendus sont inférieurs à ce qu'il gagnerait en revenus financiers s'il plaçait son argent.
Plus que le taux de rentabilité présent, ce sont les mauvaises perspectives d'évolution de la demande qui pèsent actuellement sur l'investissement. " Les entreprises escomptent de leurs dépenses des profits futurs, soit parce qu'elles auront accru le volume de leurs ventes, soit parce qu'elles auront abaissé leurs coûts de production unitaires ", explique Françoise Milewski, économiste à l'Observatoire français des conjonctures internationales (OFCE). Faute d'un horizon clair, les entreprises se contentent souvent de rationaliser toujours plus la production en diminuant le nombre d'emplois et en ne réalisant que les investissements rendus indispensables du fait de l'usure ou de l'obsolescence+ des équipements. Tant que les carnets de commande ne se regarniront pas, l'investissement ne repartira pas réellement.
Source : L Maurin , pourquoi l’investissement est il en panne, le cédérom d’alter éco , 10 ème édition.


Dissertation : La faiblesse de l’investissement en Europe s’explique t-elle essentiellement par une insuffisance de la demande ?

Introduction générale :


A la question posée par le mensuel Alter éco : « Pourquoi l’investissement est-il en panne ? » , L.Maurin répond de manière a priori contradictoire :dans un premier temps , il écrit : « le niveau des profits est essentiel pour une entreprise au moment de se lancer dans des dépenses de long terme » ; puis dans un second temps « tant que les carnets de commande ne se regarniront pas , l’investissement ne repartira pas réellement » ( doc7) .
L.Maurin met bien en évidence les difficultés pour expliquer les déterminants de l’investissement qui est défini (cf. définition du cours) .Ainsi , dans les années 80 , les entreprises n’investissaient pas , car elles avaient des débouchés importants mais ne voyaient pas l’intérêt d’acheter de nouvelles machines puisqu’elles estimaient leur niveau de profit insuffisant . La stratégie économique changea alors et le partage de la VA devint favorable aux entreprises . Dans un premier temps , comme les conditions financières des entreprises s’améliorent , elles vont investir .Mais ,dans un second temps , elles ne vont réaliser que « les investissements rendus indispensables du fait de l’usure ou de l’obsolescence des équipements »( doc 7), car elles n’ont plus assez de débouchés . Ainsi , l’investissement dépend à la fois des conditions de l’offre et de la demande . Pour relancer l’investissement , il faut trouver un modèle assurant la croissance conjointe des salaires et des profits .


I – Pour les libéraux , la faiblesse de l’investissement ne s’explique par la faiblesse de la demande de biens et services mais par les effets pervers générés par les politiques keynésiennes


Introduction du I :


Pendant toute la période des 30 Glorieuses, des politiques de relance de la demande de biens et services ont été mises en place. Jusqu’au début des années 70, elles ont certes assuré un investissement élevé ; mais à partir de la crise des années 70, leur échec est patent. Les auteurs libéraux expliquent cet échec par l’oubli des conditions financières de l’investissement.

A - L’échec des politiques keynésiennes de relance

1 – Constat

- Jusqu’au début des années 80, la politique keynésienne politique favorise la demande ( doc 4 ) :
Les gains de productivité sont versés prioritairement aux salariés : en 80 , le salaire réel est supérieur de 8% à la productivité marginale donc la part de la création de richesses qui revient aux salariés augmente : de 64%en 75 à 70% en 83
- mais cela ne se traduit pas par une augmentation de l’investissement ( doc 6) :en 1983 , les dépenses de consommation des ménages augmentent de 4% , mais l’investissement diminue de 0,5%
Conclusion du 1 :la consommation des ménages et donc la demande de biens et services ne semblent pas influencer l’investissement

2 – Explications : la loi de Say
Ce constat correspond à la logique de la loi de Say reformulée par Keynes : « l’offre crée sa propre demande » :
La Production est à l'origine des ventes donc des revenus versés (d’un montant équivalent) dont une partie est consommée l'autre partie est épargnée . Toute l’épargne est placée , car il n’y a pas de thésaurisation : cela correspond à la conception néo-classique de la monnaie : celle-ci est un voile et les individus ne conservent pas des capitaux sous forme liquide . L' épargne est intégralement investie
la somme de la consommation et de l’investissement est donc égale à la valeur de la production
Selon les libéraux , il n’y a donc jamais de problèmes de débouchés : dans la mesure où le produit est vendu au prix du marché , il trouvera un acheteur

Conclusion du A : La demande n’influence donc pas , d’après les néo-classiques , l’investissement . Il faut donc chercher d’autres déterminants de l’investissement

B- Pour les libéraux , il faut s’intéresser aux conditions de l’offre
Introduction du B : Comme il n’ y a pas de problèmes de débouchés , les libéraux expliquent l’investissement par les conditions de l’offre : le financement et la rentabilité de l’investissement

1 – Le financement de l’investissement
Introduction du 1 : Les entreprises peuvent financer leur investissement de 2 manières : par emprunt ce qui donne un rôle essentiel au taux d’intérêt ou par autofinancement
a - le rôle du taux d’intérêt réel




l’explication néo-classique :

l’analyse néo-classique met en évidence le rôle déterminant du taux d’intérêt réel ( taux d’intérêt nominal – taux d’inflation) sur l’investissement
l’objectif de l’entreprise est de faire un profit maximum : elle adopte un calcul à la marge en comparant ce que lui rapporte une unité supplémentaire de capital investi ( la productivité marginale ) avec ce que lui coûte cette unité supplémentaire ( le taux d’intérêt réel ) . Tant que la productivité marginale est supérieure au taux d’intérêt réel , elle investit : l’investissement qui assure le maximum de profit est celui qui égalise productivité marginale et taux d’intérêt réel
Or , d’après la loi des rendements décroissants , plus le stock de capital augmente plus la productivité marginale du capitaldiminue pour investir davantage le taux d’intérêt réel doit chuter l’investissement est donc une fonction décroissante du taux d’intérêt réel
Si les ménages n’épargnent pas suffisamment ( en particulier à cause d’une politique monétaire trop expansive ) l’économie connaît une pénurie d’épargne qui va entraîner une forte hausse du taux d’intérêt réel dissuadant les entreprises d’investir
Vérification empirique :
Cette relation de causalité apparaît vérifiée dans les faits ( doc 2) :
Entre 1993 et 1997 , les taux d’intérêt sont élevés en raison de la pénurie d’épargne selon les néo-classiques, le taux d’investissement diminue alors passant de 21%du PIB en 93 à 18,5 %
En revanche , entre 1997 et 2001 , grace à l’augmentation de l’effort d’épargne des ménages, la pénurie disparaît, les taux d’intérêt sont beaucoup plus bas , ce qui génère une relance du taux d’investissement : il est supérieur à 21% en 2001
Comment faire diminuer les taux d’intérêt selon les néo-classiques ?
Les néo-classiques considèrent que :
La meilleure situation est le marché de cpp : l’Etat ne doit pas intervenir et laisser le marché s’autoréguler grâce à la flexibilité des prix
Le taux d’intérêt réel est le prix du capital résultant de la confrontation de l’offre de capital ( l’épargne ) et la demande de capital ( l’investissement )
si l'offre de capital est supérieure à la demande de capital le taux d’intérêt réel va chuter donc Investissement augmentera
Conclusion du a : pour les néo-classiques , l’épargne est donc un préalable à l’investissement . Plus il y a d’épargne , plus l’investissement sera élevé . cela signifie donc que la consommation est une entrave à l’investissement , elle doit donc être minimisée puisqu’elle est assimilée à une destruction de richesses.
b - le rôle du profit
Introduction du b: Aujourd’hui , le rôle du profit est devenu essentiel dans le financement de l’investissement .
car le contexte économique et financier a changé : « dans les années 60 , les entreprises se finançaient auprès des banques ( … ) . Cette économe d’endettement a cédé la place à une logique de finance directe où les entreprises s’autofinancent ou font appel aux marché financiers : il faut donc pouvoir offrir aux actionnaires des niveaux de rentabilité plus élevé que par le passé » ( doc 7 ) . Le profit est donc aujourd’hui un facteur déterminant de l’investissement
cela correspond à la logique du théorème de Schmidt : « les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain » . Car « le niveau des profits est essentiel pour une entreprise au moment de se lancer dans des dépenses de long terme . Les profits permettent en effet de dégager des moyens financiers et poussent à l’optimisme sur la réussite future . »( doc 7 ) .
Le profit de l’entreprise a un effet double sur l’investissement
le premier est d’assurer un financement facile et sans coût : c’est l’autofinancement . Pour assurer des profits élevés , il faut donc opérer un partage favorable aux entreprises et donc défavorable aux salariés Cette relation se vérifie empiriquement ( doc 4et 7 ):depuis 1980 , la part des richesses crées revenant aux entreprises ( le taux de marge ) augmente : elle passe de 25 % en 70 à plus de 30% depuis 89 donc le taux de marge étant plus fort le taux d’autofinancement s'accroît et le taux d’investissement augmente : de 18 % en 97 à 21,5% en 2001 .


2 – Le rôle de la rentabilité économique
Un taux de marge élevé est intéressant pour l’entreprise , mais ce qui est plus important pour elle c’est la rentabilité du capital . C’est le second rôle du profit : il motive l’investissement . Comme l’investissement est source de profit , investir davantage accroît le profit .
L’entreprise regarde alors ce que rapporte l’investissement : la rentabilité du capital : Profit / stock de capital , qui mesure le profit créé par une unité de capital
On note ainsi une forte corrélation entre rentabilité du capital et taux d’investissement ( docs 1 et 2 ) :entre 1997 et 2001 , la rentabilité du capital est très élevée : elle est supérieure à 8% et parallèlement le taux d’investissement  : il passe de 18 % en 1997 à 21,5% en 2001
Conclusion du I : Ainsi , pour les libéraux depuis la fin des 30 Glorieuses , la demande de biens et services n’a plus d’influence sur l’investissement ; au contraire , ce sont les conditions de l’offre liées au financement et à la rentabilité de l’investissement qui déterminent l’investissement . Pour eux , favoriser la demande et les débouchés conduit à des effets pervers : augmenter la part de la VA revenant aux salariés conduit à diminuer le taux de marge des entreprises , ce qui rend difficile l’autofinancement de l’investissement et limite la rentabilité de l’investissement . Pour eux , il faut favoriser le ménages aisés qui épargnent ce qui détermine une baisse du taux d’intérêt , et un partage favorable aux entreprises

II – Mais , l’absence de reprise durable de l’investissement depuis le début des années 80 remet d’actualité l’analyse keynésienne : la demande de biens et services est le facteur essentiel de l’investissement

Introduction du II

Or , malgré l’amélioration de la situation des entreprises , l’investissement n’a pas repris . C’est ce qu’écrit X.Imbeau ( ( doc 3 ) : « Taux d’investissement et profitabilité nous indiquent que les entreprises , sans être le moteur de la croissance , ont largement joué leur rôle et qu’elles ne connaissent pas de crise structurelle majeure . Le seul problème est la faiblesse de la demande adressée aux entreprise » ( doc 3 ) . Ainsi , les politiques de restauration des profits ont engendré des effets pervers qui empêchent la reprise de l’investissement et quoi montrent le rôle essentiel de la demande sur l’investissement .

A- Les effets pervers des politiques visant à restaurer les profits des entreprises

1 – Constat

Un partage favorable de la VA aux entreprises , une rentabilité élevée ne signifient pas obligatoirement un taux d’investissement élevé
Entre 2000 et 2005 , taux de marge fort aux environs de 38 % ( doc4 ) donc la rentabilité est élevée : 8 % ( doc 1 ) , mais le taux d’investissement diminue : il passe de 21,5% en 2001 à 19,5 % en 2003 ( doc 2 )
Conclusion du 1 : « Cette amélioration des marges n’a pas débouché sur une reprise de l’investissement » ( doc 7 )

2 – Explications

Ainsi , la période 2000-2005 est paradoxale pour la logique du théorème de Schmidt : comment expliquer que les entreprises fassent des profits mais n’investissent pas ?
L’objectif des entreprises est de réaliser le profit maximum . Elles ont 2 possibilités d’utilisation des profits : soit investir dans des biens d’équipement dont la rémunération est la rentabilité du capital , soit opérer des placements financiers valorisés par le taux d’intérêt réel .
Le choix des entreprises s’effectue alors en comparant rentabilité et taux d’intérêt réel :
Si taux de rentabilité ≥ taux d’intérêt réel l’effet de levier est positif  les entreprises ont intérêt à investir et même à emprunter si elles ne disposent pas d’un autofinancement suffisant
En revanche , si taux de rentabilité ≤ taux d’intérêt réel  l’effet de levier est négatif (on parle d’effet boomerang pour les entreprises qui sont endettées)  les entreprises dégageant des profits ont alors intérêt d’opérer des placements financiers ( doc 7 ), celles qui le peuvent doivent réduire leur niveau d’endettement .
Depuis le début des années 2000 , on se retrouve dans cette situation créée notamment par la politique monétaire et budgétaire libérale :
- Politique d’euro fort : Politique monétaire restrictive ( basée sur la théorie de Friedman et la TQM ) hausse du taux d’intérêt réel
- Politique visant à limiter la part des salaires dans la VA : les salaires augmentent moins vite que la productivité : le Rapport entre salaire et productivité baisse de 1,08 en 85 à 0,93 en 95 donc les coûts salariaux diminuent et l'on obtient une meilleure compétitivité-prix
On devrait s’attendre à une augmentation des parts de marché et à une relance de la croissance et de l’investissement . Mais , ce mécanisme ne s’est pas mis en place , car « la zone euro est une grande économie faiblement ouverte ; le coût en demande de cette recherche de compétitivité n’est pas compensé par les gains en parts de marché . Sans clients , le capitalisme européen patine » ( doc 3 )
On assiste ainsi à un effet pervers d’agrégation des comportements individuels mis en évidence par Keynes lors de la crise de 29, chaque pays européen essayant de conquérir des parts de marché en réduisant ses coûts( stratégie du passager clandestin), personne ne voit sa compétitivité augmenter, tout le monde y perd (jeu à somme négative) puisue la demande européenne stagne.
Conclusion du A : ainsi , malgré l’amélioration de la situation financière des entreprises , l’investissement des entreprises n’a pas augmenté durablement : c’est l’effet pervers au niveau macro-économique de l’agrégation des comportements individuels

B – La demande reste essentielle pour inciter à l’investissement d’après l’analyse keynésienne

Introduction du B : En effet , le salaire est certes un coût de production qu’il faut limiter pour accroître la compétitivité-prix , mais c’est aussi un revenu qui permet d’alimenter la demande de biens et services qui est un facteur déterminant de l’investissement d’après Keynes .

1 – Présentation de l’analyse keynésienne de l’investissement

« Perdu dans cette quête , on oublie que l’offre a besoin d’une demande pour exister » ( doc 3 ) .Keynes n’oublie certes pas les conditions financières de l’investissement : une entreprise n’investit que si l’efficacité marginale ≥ taux d’intérêt nominal ( et non réel , car selon Keynes les individus sont victimes d’illusion monétaire) . Mais l’efficacité marginale du capital dépend de l’importance des débouchés , ce que Keynes appelle la demande effective : la demande solvable , c’est-à-dire la production que l’entreprise pense écouler .
Cette influence de la demande sur l’investissement a été développé par un disciple de Keynes : Harrod et son modèle de l’accélérateur . Harrod pose plusieurs hypothèses (contraignantes) : le stock de capital dépend de la production , la relation entre stock de capital et production est stable : il n’y a pas de progrès technique ; en cas d’augmentation de la demande , les entreprises préfèrent augmenter leur production plutôt que les prix pour avoir davantage de profit . Sous ces hypothèses , Harrod démontre qu’une augmentation de la demande effective se traduit par une augmentation de l’investissement . Les variations de l’investissement surréagissent aux variations de la demande : il suffit que la croissance de la demande ralentisse pour que l’investissement diminue .
2 – Vérification empirique

Cette relation entre demande et investissement est vérifiée empiriquement ( doc 6)
Plus le demande augmente rapidement , plus l’investissement augmente fortement ainsi en en 89 , les dépenses de consommation croissent de 3% donc l’investissement progresse de 9 % , en 2001 , la demande augmente de 2,5 %et de l’investissement de 2,5%
Quand la demande augmente plus lentement , l’investissement diminue : en 92 , la demande croit seulement de 1% ,l’investissement chute de 2%

3 – Un cercle vertueux demande- investissement

Se crée alors un cercle vertueux demande investissement
C’est le mécanisme du multiplicateur de Keynes : l’augmentation de l’investissement se traduit par une augmentation plus rapide de la production : hausse de l’investissement détermine une augmentation de la demandequi contribue à celle de la production donc des revenus
l'augmentation de la demandedétermine celle de la productiondonc des revenus …

Conclusion du II : aujourd’hui , la faiblesse de la demande en Europe est la cause essentielle de la faiblesse de l’investissement


III- Comment assurer une reprise durable de l’investissement ?

Introduction du III : mais dans les années 80 c’était l’absence de profit et de rentabilité qui expliquait la faiblesse de l’investissement . La question qui se pose est alors de savoir comment concilier ces deux facteurs en apparence contradictoires pour favoriser la relance de l’investissement

A – Un problème insoluble ?

L’étude des 40 dernières années montre que l’investissement dépend de 2 éléments : le profit et la demande effective
Dans les années 70-80 , les entreprises ont des débouchés mais pas de profit donc l’investissement est faible
Dans les années 90-2000 , les entreprises ont des profits , mais pas de débouchés insuffisant elles n’investissent pas assez.

Conclusion du A : la relance de l’investissement paraît difficile puisqu’elle repose sur des déterminants contradictoires : si la part de la VA revenant aux entreprises croit alors la part de la VA revenant aux salariés chute et l'investissement devient insuffisant

B- en apparence seulement

Introduction du B : Comment arriver à assurer à la fois des profits et des débouchés aux entreprises ? Lors des 30 Glorieuses , le mode de régulation fordiste a permis de concilier hausse des profits et hausse de la demande . Aujourd’hui , ce modèle qui n’est plus adapté au contexte économique et social est entré en crise; il faut donc en réinventer un autre .

1 – La régulation fordiste

Dans les années 50-70 , ce modèle assure une augmentation rapide de la VA et un partage équilibré des gains de productivité
Mode de production fordiste : travail à la chaîne assure une haussede la productivité , un partage équilibré des gains de Productivité : en 60 , le salaire réel est égal à la productivité ( doc 4 ) donc les salaires et les profits augmentent et les entreprises peuvent écouler leur production qui est une production standardisée et investir
2- N’est plus adapté au contexte économique et social actuel

Introduction du 2 : or , le contexte économique et social actuel n’est plus le même aujourd’hui : « Ce régime de croissance aurait été remis en cause du fait d’un changement des modèles de consommation et de production » ( doc 5 )

a - les changements dans la consommation

Au niveau de la consommation , « les consommateurs demanderaient des produits plus variés » ( doc 5) : les ménages souhaitent des produits de bonne qualité et veulent se différencier des autres : il y a donc un refus des produits standardisés
b - les changements dans le mode de production

Cette demande variable en quantité et qualité entraîne ainsi une remise en cause du mode de production fordiste : la chaîne de montage est rigide et ne permet pas de produire des petits lots de biens différenciés donc il faut que « les producteurs aient accès à des technologies plus flexibles , favorisant l’obtention d’économies de variété » ( doc 5 )
Les entreprises européennes sont aussi soumises à une autre contrainte : la mondialisation qui engendre une concurrence exacerbée

3 – Il faut donc passer à une économie de la connaissance


Introduction du 3 : Il faut donc trouver un nouveau modèle permettant d’assurer une augmentation simultanée des salaires et des profits tout en assurant une compétitivité élevée aux entreprises françaises .
La solution paraît être « l’économie de la connaissance , où la croissance serait davantage fondée sur l’innovation que sur l’accumulation de capital » ( doc 5 )
car l’innovation permet d’atteindre la compétitivité :

- innovations de procédés assurent une hausse de la productivité donc une baisse des coûts de production et une meilleure compétitivité-prix
- développement des innovations de produits entraine lancement de nouveaux produits dont l’entreprise est en quasi-monopole elle bénéficie d'une meilleure Compétitivité-qualité : l’entreprise augmente ses parts de marché donc accroit sa VA ce qui lui permet d'assurer une hausse simultanée des salaires et des profits, donc l’entreprise peut investir car elle les moyens financiers de le faire et dispose de débouchés intérieurs et extérieurs
se crée alors un cercle vertueux assurant une croissance durable de l’investissement . C’est la théorie de la croissance endogène : innovations développent le stock de connaissances donc la capacité à réaliser des innovations

Conclusion générale :
Aujourd’hui , comme l’écrit L.Maurin : « plus que le taux de rentabilité présente , ce sont les mauvaises perspectives d’évolution de la demande qui pèsent actuellement sur l’investissement » . C’est donc la faiblesse de la demande qui explique la faiblesse de l’investissement . Cela résulte du changement de politique économique dans les années 80 : à cette époque , si les entreprises n’investissaient , c’était à cause d’un taux de marge et d’une rentabilité limités . Le partage de la valeur ajoutée s’est donc modifié , favorisant alors les entreprises , leur donnant du profit , mais créant des effets pervers : les entreprises ne voient plus l’intérêt d’investir puisqu’il n’ y a plus de débouchés .Ainsi , pour avoir une reprise durable de l’investissement , il ne faut pas seulement des débouchés ou du profit , il faut ces deux conditions simultanément . Aujourd’hui , le seul moyen pour l’Europe de concilier ces deux objectifs est d’innover . L’amélioration de la compétitivité permettra de verser des salaires et des profits élevés .
L’Europe a bien réalisé que l’innovation était essentielle pou relancer la croissance et l’investissement . Le thème essentiel lors de la conférence de Lisbonne en 2000 était justement comment rattraper le retard technologique par rapport au Japon et aux EU . La solution pour favoriser l’innovation serait alors d’adopter le modèle américain : une intervention de l’Etat mais ciblée . L’Etat crée des conditions favorables à l’innovation : une concentration géographique de laboratoires et de chercheurs , des aides financières mais aussi logistiques pour aider les plus petites entreprises et réduire la prise de risques . Mais il est difficile pour l’Europe d’adopter tel quel un modèle qui marche aux EU . En effet , il faut tenir compte du contexte culturel et social : en Europe , deux positions antinomiques existent : ceux qui sont pour une intervention forte de l’Etat , ceux qui la refusent . Une position mitigée ne recevrait alors aucune adhésion .



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