J.A.Schumpeter progrès technique et croissance

J.A. SCHUMPETER : LA THEORIE DE L’INNOVATION ET DU CYCLE LONG.

INTRODUCTION : SCHUMPETER ET SON TEMPS.

DOCUMENT 1 :

1883 est l'année qui voit naître J. Schumpeter et mourir Marx. C'est aussi l'année de naissance de Keynes dont le talent éclipsera celui de Schumpeter de son vivant Schumpeter voit le jour en Moravie,dans la petite ville de Triesch. Fils d'un industriel du textile, sa jeunesse se déroule parmi les élites d'une société ou se concurrencent deux mondes : au sommet de la société officielle, une noblesse de cour qui détient les rênes politiques; tandis que de rands banquiers et des hauts fonctionnaires dominent la société civile...
Schumpeter étudie le droit et l'économie à l'Université de Vienne de 1901 à 1906. Il suit les cours de Von Wieser et de Bôhm-Bawerk. Dès 1908, Schumpeter publie Nature et contenu principal de la vie économique (Das Wesen und der Hauptnhalt der theoretischen Nationalôkonomie); il obtient en 1909 une chaire à l'université de Czemowitz, ville actuellement située en U.R.S.S. Puis, en 1911, il va à Graz où il est nommé professeur, il y enseigne jusqu'en 1919. Dès cette époque, l'université de Columbia l'invite aux Etats-Unis (durant l'année 1913).
Il noue des liens avec l'austro-marxiste Otto Bauer qu'il rencontre dans un séminaire aussi fréquenté par Hilferding. Mais ses principales influences sont alors celles des professeurs Wieser et Bôhm-Bawerk ainsi que la lecture des œuvres de Walras.
- Par amitié pour Otto Bauer et contre toute attente, il accepte en 1919 le poste de ministre des finances d'un gouvernement socialiste. Le contexte est difficile, l'empire vient d'éclater et la République est proclamée. Il ne restera guère à ce poste tant les contradictions financières et politiques sont, à l'époque, insurmontables.
- Puis il devient président de la Biedermannbank à Vienne jusqu'à la faillite de celle-ci; cela met un terme à son expérience de praticien de l'économie.
- Il retourne alors à sa carrière d'universitaire et de théoricien en devenant professeur à l'Université de Bonn. Mais après quelques voyages aux États-Unis et au Japon (qui lui fait très bon accueil), il abandonne « le bateau qui sombre » de l'Europe et s'installe définitivement à Harvard après 1932. Bourreau de travail et généralement pessimiste, son image est celle d'un aristocrate raffiné. Mais il sait être proche de ses étudiants et déceler en eux le ferment du talent; il est d'ailleurs payé en retour car E. Schneidcr, Stackelberg, Stolper, Sweezy et Samuelson notamment vont apprécier son enseignement sans pour autant copier le grand maître.
- Théoricien novateur, il a marqué l'analyse économique par l'importance donnée à la dynamique, à l'histoire et bien entendu par sa réinterprétation des cycles économiques en tenant compte du progrès technique et des entrepreneurs. Son ouvrage classique a le titre évocateur de Théorie de l'évolution économique , 1912, (Théorie der wirtschfatchilen Entwicklung). Il poursuit son œuvre en Amérique avec une étude des cycles économiques ( Business Cycles 1939), puis il s’interroge sur les chances de survie d’un capitalisme marqué par la diminution de l’esprit d’entreprise et d’innovation ( capitalisme socialisme et démocratie, 1942)
- Historien de la pensée économique, il a rédigé une somme des connaissances économiques de son époque encore inégalée par son érudition et ses commentaires éclairants : Histoire de l'analyse économique qu'il laisse inachevée en 1954 date de sa mort (History of Economie analysis). De 1914 à sa mort il vit en familier des plus grands économistes. Éclectique et homme de goût, il réunit : Marx, Walras, Mcnger, Marshall, Pareto, Bôhm-Bawcrk, Fisher, Mitchcll et Keyncs dans The great Economies from Marx to Keynes ( Allcn & Unwin, 1952). Ses travaux d'Histoire seront réunis après sa mort grâce à la diligence de sa troisième épouse qui les public en 1954. Il faut attendre 1983 pour que les éditions Gallimard en réalisent une traduction en français (trois volumes).
- Sociologue, il n'a pas hésité à s'aventurer en dehors de son domaine de connaissance reconnu en réfléchissant sur l'impérialisme (Zur Socziologie der Imperialism); les classes sociales (Die socialen Klassen im ethnisch honwgenen Milieu), et enfin sur les crises de l'Étal (Die Krise des Steuerstaates). Ces œuvres sont rassemblées en français par J. C. Passeron.
Schumpeter va s'éteindre dans le Connecticut en 1950. La popularité de J. Schumpeter remonte surtout à l'après 1975 lorsqu'une certaine déception s'instaure en Europe et aux Etats-Unis face à la stagnation et à la crise économique. Il devient alors habituel de renvoyer à la dynamique schumpéterienne de l'évolution du capitalisme, même si celle-ci renvoie à son tour nécessairement au caractère incontournable des fluctuations cycliques et même si J. Schumpeter avait souligné — non sans tristesse — dans Capitalisme, socialisme et démocratie qu'au bout du compte l'innovation devait s'essouffler, la bureaucratie l'emporter et le capitalisme céder la place au planisme...
Source . Histoire des pensées économiques les contemporains. M Basle, Sirey.
Questions :
- Caractérisez la société dans laquelle Schumpeter a passé son enfance
- Schumpeter peut-il être seulement étudié comme un théoricien ?
- Quelles sont les différents influences qui ont marqué Scumpeter ?
- Caractérisez l’œuvre de Schumpeter, quels sont ses principaux centres d’intérêt ?



SECTION I - SCHUMPETER : UN THEORICIEN DE LA DYNAMIQUE ECONOMIQUE RESULTANT DE L’INNOVATION INTRODUITE PAR L’ENTREPRENEUR. .

I - UN THEORICIEN DE LA DYNAMIQUE ECONOMIQUE.


Document 2 : Livre 1 p 428 du hachette jusqu’à initiative capitaliste.
Questions :
- Quel est selon Schumpeter l’élément fondamental caractérisant le capitalisme
- Expliquez ce qu Schumpeter refuse de caractériser comme déterminant l’évolution.
- Quel est l’élément fondamental qui détermine les transformations du système capitaliste ?

Document 3 :
Puisque nous avons affaire à un processus dont chaque élément ne révèle ses véritables caractéristiques et ses effets déterminants qu’à long terme, il est vain d’essayer d’apprécier le rendement de ce système à un moment donné, mais on doit juger son rendement à travers le temps, tel qu’il se déroule sur des dizaines ou des centaines d’années. (..)
Cependant, une telle hypothèse est précisément adoptée par les économistes qui (..) acceptent les données d'une situation temporaire comme si elle n'était reliée ni à un passé, ni à un avenir et ils s'imaginent avoir été au fond des choses dès lors qu'ils ont interprété le comportement des firmes en appliquant, sur la base des données observées, le principe de la maximisation du profit.
En d'autres termes, le problème généralement pris en considération est celui d'établir comment le capitalisme gère les structures existantes, alors que le problème qui importe est celui de découvrir comment il crée, puis détruit ces structures.
Source : Schumpeter op cité.
Questions :
- Quelle horizon les économistes néo-classiques prennent-ils en compte, quelles conséquences cela a t’il sur la détermination des variables et sur la gestion de l’entreprise ?
- Quel doit-être en réalité l’horizon à prendre en compte selon Schumpeter, pour quelles raisons ?


II - UNE THEORIE DE L’INNOVATION.

A -LES DIFFERENTS TYPES D’INNOVATION.

Document 4 : 2 p 428 hachette
Questions :
- Quel est selon Schumpeter l’élément qui caractérise le capitalisme ?
- Définissez et donnez un exemple pour chaque type d’innovation ?

B - UNE THEORIE CYCLIQUE DE L’INNOVATION : LE CONCEPT DE REVOLUTIONS INDUSTRIELLES

Document 5 : lire le doc 3 p 429 jusqu’à reflux
Questions :
- Quelle est la caractéristique de l’histoire de l’économie capitaliste ?
- Quelle périodisation propose Schumpeter ?

Document 6 :
A :
De telles révolutions remodèlent périodiquement la structure existante de /'industrie, en introduisant de nouvelles méthodes de production -l'usine mécanisée, l'usine électrifiée, la synthèse chimique, et ainsi de suite ; de nouveaux biens – tels que les services ferroviaires, les automobiles, les appareils électriques ; de nouvelles formes d'organisation - telles que les fusions de sociétés ; de nouvelles sources d'approvisionnement - laine de la Plata, coton d'Amérique, cuivre du Katanga ; de nouvelles roules commerciales et de nouveaux marchés pour les achats et les ventes. Ce processus de mutation industrielle imprime l'élan fondamental qui donne leur ton général aux affaires : pendant que ces nouveautés sont mises en train, la dépense est facile et la prospérité est prédominante - nonobstant, bien entendu, les phases négatives des cycles plus courts superposés à la tendance fondamentale en hausse - mais, en même temps que ces réalisations s'achèvent et que leurs fruits se mettent à affluer, on assiste à l'élimination des éléments périmés de la structure économique et la « dépression » est prédominante. Ainsi se succèdent des périodes prolongées de gonflement et de dégonflement des prix, des taux d'intérêt, de l'emploi et ainsi de suite, ces phénomènes constituant autant de pièces du mécanisme de rajeunissement récurrent de l'appareil de production.
Source :J A. Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie (1947), Payot, 1990

B :
Le mouvement cyclique fondamental comprend deux phases : la prospérité et la récession.
· Pendant la première phase, l'économie s'écarte progressivement d'une position d'équilibre initial qui correspond à l'équilibre stationnaire walrasien. Cette situation d'équilibre est favorable aux innovations. En effet, alors que les inventions tiennent au progrès général des connaissances et peuvent donc se développer de façon continue, les innovations ont tendance à naître surtout. dans des conjonctures stables qui limitent "les risques d'échec. Au fur et à mesure qu'elles se diffusent, par contre, il devient de plus en plus difficile de prévoir l'évolution des coûts car les firmes se font concurrence pour acquérir les facteurs de production ainsi que l'évolution des recettes (car l'augmentation de l'offre rend plus difficile l'écoulement des produits). L'introduction des innovations devient donc de plus en plus risquée et leur rythme se ralentira naturellement. Il en, résulte donc que les innovations ont tendance à apparaître de façon cyclique, à se concentrer au voisinage de l'équilibre économique, et ainsi à se constituer, comme dit Schumpeter. « en grappes ». Lorsqu'elles aboutissent à des succès, les innovations suscitent des imitations. Les méthodes nouvelles sont plagiées, éventuellement améliorées, et ce processus est d’autant plus rapide qu'il est relativement aisé. Le marché du produit nouveau a été créé par l'entrepreneur innovateur; les techniques nouvelles de production ou de gestion ont fait leur preuve. En somme, les principales difficultés ont déjà été surmontées. Durant cette période de diffusion des innovations se déroule la phase de prospérité du cycle. Celle-ci s'accompagne du bouleversement des structures économiques. L'entrepreneur innovateur conquiert d'abord des nouveaux marchés et encaisse des profits de monopole. Ces avantages initiaux risquent d’être rapidement laminés par la concurrence des imitateurs. Par ailleurs les entreprises innovantes se procurent les ressources nouvelles dont elles ont besoin en faisant monter leur prix. Les firmes qui ne participent pas a ce mouvement général subiront à la fois cette hausse des coûts et la chute de la demande induite par la nouvelle repartition des marchés. Des gains apparaîtront donc ici ; des pertes se produiront ailleurs. Toute l'économie sera soumise à un processus de « destruction créatrice » constitutif de cette phase d'expansion.
· Cependant. insensiblement. l'économie passera dans la phase de récession. Les innovations se sont maintenant généralisées e! la concurrence exerce pleinement ses effets. Les avantages relatifs des entrepreneurs innovateurs complètement Disparu. Les techniques nouvelles totalement maîtrisées, les équipements installés et rodés permettent d'alimenter abondamment les nouveaux marchés, sur lesquels les prix auront tendance à baisser. Par ailleurs.. les profits permettent de rembourser les crédits anciens tandis que la rareté des innovations nouvelles limite la demande de crédits nouveaux. La masse monétaire a donc tendance à se contracter, ce qui accentue la baisse des prix. Les faillites d'entreprises marginales se multiplient : elles subissent à la fois la diminution de leur part de marché et la déflation.
· Quand ce processus aura atteint son terme, un nouvel équilibre macro-économique aura été trouvé. Il diffère sans doute Quantitativement du précédent : le produit par tête a augmenté. Mais surtout, que de changements structurels ! Les produits ne sont plus les mêmes, la structure des prix relatifs a été bouleversée, des entreprises nouvelles ont prospéré, d'autres ont disparu, les capitaux ont changé d'affectation. les hommes ont changé d'emploi. Nu! doute que. pour Schumpeter. ce sont l'ensemble de ces phénomènes qualitatifs qui constitue l'essentiel
Source : D Martina, op. cité.
Questions :
- De quelle situation part Schumpeter ?
- Caractérisez chacune des deux phases du cycle.
- Pourquoi doit-on selon Schumpeter différencier l’invention de l’innovation, explicitez le terme grappe d’innovations.
- Explicitez le dernier paragraphe du texte B.


III - LE ROLE DE L’ENTREPRENEUR ET DU PROFIT DANS L’ANALYSE SCHUMPETERIENNE.

A - L’ENTREPRENEUR : UN AGENT ECONOMIQUE ATYPIQUE.

1 - CE QUE N’EST PAS L’ENTREPRENEUR.

Document 7 :
La firme est un point dans un espace économique sur lequel elle n'exerce qu'une influence infinitésimale donc imperceptible pour le producteur. Elle est un point, du fait de l'hypothèse d'atomicité, mais aussi parce quelle est une entité abstraite qui se ramène à un stock de facteurs de production et à un producteur qui ressemble davantage a un robot ou à un ordinateur qu'à un être humain. En effet, le producteur se contente de percevoir correctement (il ne fait aucun effort pour cela) les signaux que son environnement lui envoie à travers le système de prix. Face à ces informations l'entrepreneur (le producteur) ne prend pas de décision; il calcule. La décision, en effet, implique "la volonté le pouvoir et finalement, la liberté du sujet agissant", alors que le calcul n'implique qu'un déterminisme. C'est pour cela qu’il paraît raisonnable d'appeler "producteur" le pilote de la firme du modèle de concurrence pure et parfaite et de conserver le terme d'entrepreneur pour une conception plus spécifique. i
Source : P Moatti, hétérogénéité des entreprises et échange international.
Questions :
- Pourquoi Moatti donne t’il au dirigeant de l’entreprise du modèle de CPP, le nom de producteur et non celui d’entrepreneur ?

2 - CE QU’EST L’ENTREPRENEUR SCHUMPETERIEN.

Document 8 :
La transformation de l'outillage, la mise en place de nouvelles méthodes de production, la conquête de nouveaux marchés et, plus généralement, le recours à de nouveaux procédés dans les affaires introduisent, avec la dimension du pari, le risque de l'erreur et se heurtent à des obstacles que l'on ne rencontre pas lorsque l'on s'en tient à une gestion routinière. Voilà qui paralyse la majorité des entrepreneurs, si bien qu'ils ne peuvent changer leurs méthodes que lorsqu'ils perçoivent clairement le succès des autres. La stratégie de l'innovation réclame de l'énergie, de la décision et l'aptitude à reconnaître dans une situation donnée, les facteurs qui déterminent le succès. On rencontre rarement toutes ces qualités réunies et c'est ce qui explique pourquoi, même en l'absence d'entraves réelles à la concurrence comme les cartels par exemple, le réflexe concurrentiel ne fonctionne pas automatiquement; et cette circonstance, en retour, explique l'importance des bénéfices qui peuvent accompagner certaines réussites de ce type. C'est ainsi qu'au XIXème siècle se sont constituées les fortunes dans l'industrie et qu'elles se constituent encore de nos jours. C'est ainsi que la position de certaines familles bourgeoises s'élève absolument et relativement. Ce n'est ni l'épargne ni la gestion efficace en tant que telles, mais l'aptitude à remplir cette tâche novatrice qui est décisive. Et dans le passé des dynasties industrielles les plus importantes, on trouve en général une ou plusieurs décisions stratégiques, qui ont été pour beaucoup dans l'établissement de leur position, alors que la simple gestion du patrimoine, quelle qu'en soit par ailleurs ia qualité, a toujours été un signe de déclin.
Source : JA Schumpeter, op. cité.
Questions :
- Montrez que selon Schumpeter la plupart des dirigeants d’entreprise ne sont pas des entrepreneurs.
- Caractérisez l’entrepreneur traditionnel, explicitez la phrase en traits gras.

Document 9 :
A :
Les caractéristiques de la fonction de chef sont : une manière spéciale de voir les choses, et ce, non-pas tant grâce à l'intellect [...] que grâce à une volonté, à la capacité de saisir les choses tout à fait précise et de les voir dans leur réalité, la capacité d'aller seul et de l'avant, de ne pas sentir l'insécurité et la résistance comme des arguments contraires, enfin la faculté d'agir sur autrui ...].
l.a fonction d'inventeur ou de technicien en général, et celle de l'entrepreneur ne coïncident pas 1...1. La tâche de chef est très spéciale : celui qui peut la résoudre n'a pas besoin d'être sous d'autres rapports ni intelligent, ni intéressant, ni cultivé, ni d'occuper en aucun sens une situation élevée » ; il peut même sembler ridicule dans les positions sociales où son succès l'amène par la suite. Par son essence, mais aussi par son histoire 1...1, il est hors de son bureau typiquement un parvenu, il est sans tradition, aussi est-il souvent incertain, il s'adapte, anxieux, bref, il est tout sauf un chef. 11 est le révolutionnaire de l'économie.
Source : JA Schumpeter, op. cité.
B :
Quelqu'un n'est, en principe, entrepreneur que s'il exécute de nouvelles combinaisons - aussi perd-il ce caractère s'il continue ensuite d'exploiter selon un circuit l'entreprise créée - par conséquent, il sera aussi rare de voir rester quelqu'un toujours un entrepreneur pendant des dizaines d'années où il est dans sa pleine force que de trouver un homme d'affaires qui n'aura jamais été un entrepreneur, ne serait-ce que très modestement : de même il arrive rarement qu'un chercheur aille seulement d'exploit intellectuel en exploit intellectuel. ( … )
Être entrepreneur n'est pas une profession ni surtout, en règle générale, un état durable : aussi les entrepreneurs sont-ils bien une classe au sens d'un groupe que le chercheur constitue dans ses classifications, ils sont des agents économiques d'une espèce particulière quoiqu'elle n'appartienne pas toujours aux mêmes individus, mais ils ne sont pas une classe au sens du phénomène social que l'on a en vue quand on se reporte aux expressions « formation des classes », « lutte des classes », etc. L'accomplissement de la fonction de l'entrepreneur ne crée pas les éléments d'une classe pour l'entrepreneur heureux et les siens, elle peut marquer une époque de son existence, former un style de vie, un système moral et esthétique de valeurs.
Source : J.A.Schumpeter , La théorie de l’évolution économique ( 1912) , Dalloz , 1999
Questions :
- Présentez les caractéristiques de l’entrepreneur.
- Explicitez la dernière phrase du texte A
- Les entrepreneurs constituent-ils une classe ?

B - LA MOTIVATION DE L’ENTREPRENEUR LE PROFIT.

Document 10:
La société bourgeoise a été coulée dans un moule purement économique : ses fondations, ses poutres, ses lanternes sont toutes composées de matériaux économiques ]...]. Chaque fois que le mode d'existence bourgeois s'affirme suffisamment pour affaiblir les prestiges des autres hiérarchies sociales, ces promesses sont assez fortes pour attirer la grande majorité des intelligences exceptionnelles et pour identifier le succès avec la réussite dans les affaires.
Bien que les récompenses ne soient pas distribuées à l'aveuglette, cette réussite suppose néanmoins une part de chance qui ajoute à son attrait, le jeu des affaires ne ressemble pas à la roulette, mais plutôt au poker [...]. Des gains impressionnants, beaucoup plus élevés qu'il n'aurait été nécessaire pour provoquer tel ou tel effort spécifique, sont jetés en pâture à une faible minorité de gagnants, et, du même coup, impriment une impulsion beaucoup plus puissante que ne l'aurait fait une répartition plus égalitaire et plus « juste » à l'activité de la grande majorité des hommes d'affaire qui, en retour de leurs initiatives, ne reçoivent qu'une rémunération très modeste, sinon rien ou moins que rien, mais qui , néanmoins, s’évertuent au maximum parce qu’ils ont les yeux constamment fixés sur les gros lots et surestiment leur chance de réussir aussi bien que les gros gagnants. De même que les sanctions du système sont dirigées contre l’incompétence. Mais, bien que les hommes non qualifiés et les méthodes désuètes soient effectivement éliminées, parfois très rapidement, parfois après un sursis , la faillite menace également ou même engloutit plus d'un homme capable et, par suite, ce risque immanent tient en haleine tous les entrepreneurs et agit, à son tour, beaucoup plus efficacement que ne le ferait un système de pénalités plus égalitaire et plus juste. Enfin le succès et l'échec en affaires sont tous les deux idéalement objectifs. Ni l'un ni l'autre ne peuvent être contestés
Source : JA Schumpeter, op. cité.
Questions :
- Quelles sont les règles du jeu du capitalisme ?
- Montrez que ces règles sont les plus favorables à l’apparitions d’entrepreneurs dynamiques ?
- Comment pourriez vous caractérisez la conception de la réussite de Schumpeter ?
- Quels effets auraient pour lui l’introduction d’une politique plus égalitariste ?

Document 11 :
Certes, l'ouvrier moderne peut acquérir certains biens que Louis XTV aurait été enchanté d'obtenir, pouvoir le faire - par exemple, des appareils modernes de prothèse dentaire. Dans l'ensemble néanmoins, les achèvements capitalistes n'auraient guère pu procurer de satisfactions supplémentaires important réellement à une personne disposant d'un budget aussi considérable que celui du Roi Soleil .On peut admettre qu'un gentilhomme aussi solennel n'aurait pas attaché grand prix à la faculté même de se déplacer plus rapidement. L'éclairage électrique n'améliore pas grandement le confort de quiconque est assez riche pour acheter un nombre suffisant de chandelles et pour rémunérer des domestiques pour les moucher. Les tissus bon marché de laine, de coton et de rayonne, les chaussures et automobile de série représentent des fruits caractéristiques de la production capitaliste: or, en règle générale, de tels progrès techniques n'ont guère amélioré le sort des riches. La reine Elisabeth possédait des bas de soie. L'achèvement capitaliste n'a pas consisté spécifiquement à accorder aux reines davantage de ces bas, mais à les mettre à la portée des ouvrières d'usine, en échange de quantités de travail constamment décroissantes.
Or ces évolutions se traduisent chaque fois par une avalanche de biens de consommation qui approfondit et élargit définitivement le courant du revenu réel, même si, initialement, elle provoque des troubles, des pertes et du chômage. Et si nous observons ces avalanches de biens de consommation, nous constatons de nouveau que chacune d'entre elles consiste en articles servant à la consommation des masses et accroît le pouvoir d'achat du dollar-salaire plus que celui de n'importe quel autre dollar - en d'autres termes, nous constatons que l'évolution capitaliste améliore progressivement le niveau d'existence des masses, non pas en vertu d'une coïncidence, mais de par le fonctionnement même de son mécanisme.
Source : J.A. Schumpeter, op. cité.
questions :
- A qui profitent surtout les innovations selon Schumpeter ?
- Construisez un schéma fléché explicitant la pensée de Schumpeter à partir du dernier paragraphe.



IV : LES REPERCUSSIONS DU MOUVEMENT DE CONCENTRATION.

A - LA CONCENTRATION N’EST PAS NEFASTE A L’INNOVATION.

1 - LA CONCURRENCE PEUT- ETRE UN FREIN A L’INNOVATION.

Document 12 : 6 p 431 du hachette
Questions :
- En quoi selon Schumpeter la CPP est-ellle incompatible avec l’innovation ?
- Pour Schumpeter quel est le type d’entreprise qui a la propension à innover la plus forte ?


2 - VERS UN CREPUSCULE DE LA FONCTION D’ENTREPRENEUR.

Document 13 :
A : 10 p 433
B :
Marx s’est trompé dans son pronostic des modalités d’effondrement de la société capitaliste, mais il n’a pas eu tort de prédire qu’elle s’effondrerait finalement.
Source : Schumpeter, op cité.
C :
La fin du capitalisme n'et pas liée à son échec économique mais au contraire à son succès. Schumpeter insiste longuement sur ce dernier (taux de croissance de la production incomparablement plus élevé que dans les autres sociétés) et l'explique par les Structures mêmes du
capitalisme. Elles créent les habitudes d'esprit et les institutions qui donnent naissance aux inventions et qui. En suscitant l'initiative des entrepreneurs, permettent la mise en application des innovations. Le profit récompense le travail, la prise de risque et stimule le progrès
économique ; il sélectionne ceux qui accèdent à la classe dominante et en exclut les incapables. Il permet la «performance maximum d'un groupe sélectionné dans les conditions optima ». Le capitalisme de monopoles n'est en rien, pour ses performances, inférieur au capitalisme de concurrence parfaite, selon Schumpeter. L'entreprise géante a toute une série, d'avantages et, en particulier, est capable de bâtir une stratégie d'innovation, donc accélère le progrès économique
Trois effets de l'évolution expliquent, alors, la mort prochaine du capitalisme.
· L'évolution attaque tout d'abord — et c'est là l'effet le plus important — la base économique de la domination bourgeoise. C'est le « crépuscule de la fonction d'entrepreneurs- Le progrès technique devient affaire d'équipe, d'organisation systématique- L'intuition, l’action individuelle perdent de leur importance. L'innovation avec l’habitude même du changement, devient routine. Le profit se rapproche d'un salaire de direction.
· L'évolution met également en cause le cadre institutionnel qui protégeait la domination des entrepreneurs, et plus largement, de la bourgeoisie. Le prestige des entrepreneurs se réduit avec le rétrécissement de leur rôle. Les entreprises géantes se multiplient, transforment la propriété individuelle et productive en détention d'actions, sont gérées par des managers salariés. Les fondements de la -propriété privée et de la liberté de contracter se dérobent-La bureaucratie, les réglementations fleurissent.
· Enfin, l'évolution joue sur «l'atmosphère sociale:» -du capitalisme. Au nom –de la raison, est contestée la propriété privée. On surestime les tares du capitalisme par une lecture myope de ses résultats, on oublie son extraordinaire efficacité à long terme.
Le capitalisme se décompose. L'esprit d'entreprise et la soif de réussite personnelle disparaissent, la famille bourgeoise se désintègre, la société bureaucratique se profile à l'horizon.
Source : C Barrere et alii, lire la crise.
Questions :
- Explicitez les raisons qui conduisent Schumpeter a être très pessimiste sur l’avenir du capitalisme.
- Montrez que Marx et Schumpeter sont d’accord sur l’avenir du capitalisme, mais qu’ils sont en désaccord sur les déterminants qui y conduisent.


SECTION II - ACTUALITE ET LIMITES DE L’ANALYSE DE SCHUMPETER.

I - L’ACTUALITE DE L’ANALYSE SCHUMPETERIENNE : UN RENOUVEAU DU A LA CRISE.

Document 14 : 12 P 433
Questions :
- Pourquoi, contrairement aux théories keynésiennes et néo-classiques, la théorie schumpeterienne paraît-elle particulièrement adapté pour expliquer la crise actuelle ?


II - LES LIMITES DE L’ANALYSE SCHUMPETERIENNE.

A - UN DOUTE SUR L’EXISTENCE MEME DES CYCLES.

Document 15 :
le terme de cycle long est profondément ambigu. Les fluctuations construites par les différents auteurs sont en effet rarement régulières et présentent des amplitudes et périodicités variables d'un « cycle » à l'autre, voire même aléatoires pour l'amplitude : il ne s'agirait donc même pas d'ondes au sens donné à ce terme en physique (périodicité et amplitude variables de façon non aléatoire). Il s'agirait plus vaguement de « mouvements longs ». Comme il est dit aujourd'hui, ce qui vient discréditer complètement la notion de cycle. Un cycle en effet exprime une idée de stricte régularité, de répétition, voire de réversibilité du temps (on pense aussi à la roue de bicyclette...). Derrière cette notion se dissimule l'idée que des causes en grande partie identiques président à chaque mouvement d'expansion-dépression. En clair, l'usage du terme de cycle induit nécessairement une idée de déterminisme.
Questions :
- Définissez précisément ce que l’auteur entend par cycle.
- Ces caractéristiques sont-elles vérifiées ?


B - LA SOUS ESTIMATION DES DETERMINANTS SOCIAUX.

Document 16 :
J.A. Schumpeter intègre les conditions d'apparition et de diffusion du progrès technique ; toutefois, son orientation et sa nature sont déterminées de manière autonome. Il reste que le caractère autonome du progrès technique peut être contesté. L'économiste suédois ]. Akerman1 a été un des premiers à le contester. Pour lui, le progrès technique est bien une des forces motrices de l'évolution économique et sociale, mais "les inventions ne jaillissent pas spontanément... Elles sont soumises à maintes conditions, dont les plus générales sont les mobiles Humains, l'ordre institutionnel régnant et l'état d'avancement des sciences de la nature..." (...)
Le conflit social peut amener à une substitution massive du capital au travail, quels que soient, par ailleurs, le prix du travail et le prix du capital. L'évolution des techniques et des sciences n'est ainsi jamais parfaitement autonome ou parfaitement déterminée par, des choix économiques rationnels. À chaque moment, les pistes que la science peut explorer, les solutions techniques potentielles sont multiples et variées. Ce sont les rapports de force, les emprises idéologiques, les conflits sociaux, les évolutions culturelles et idéologiques, qui amènent un tri dans tous les possibles.
Source : Jm Albertini Et A Silem, comprendre les théories économiques, le seuil, 1991.
Questions :
- Quelles sont les conditions d’apparition du progrès technique, comment peut-on caractériser l’analyse schumpeterienne?
- Quelle critique J Akerman émet-il à l’encontre de Schumpeter, cette critique vous parait-elle justifiée ?

D - LA PLACE DE L’ETAT DANS L’INNOVATION.

Document 17 :
Si l'on arrêtait l'analyse à ce stade on pourrait conclure que la course aux brevets, en multipliant les dépenses de R&D peut pousser les firmes à surinvestir dans la recherche par rapport à optimum social. Cependant, le passage de l'innovation aux performances économiques fait aussi apparaître des externalités positives. D'une part, le dépôt d'un brevet dévoile aux concurrents la découverte de la firme et leur permet donc d'utiliser les acquis correspondants pour développer leur propre politique d'innovation. L'externalité est donc positive et c'est celle que privilégient, dans leur majorité, les spécialistes du changement technique. D'autre part, lorsqu'une firme met sur le marché une innovation radicale (lorsque Sony par exemple invente le walkman), cette percée ouvre un marché à toutes les firmes imitatrices qui vont décliner cette innovation dans autant de produits. L'externalité est alors clairement positive. Baisse des prix, croissance du marché de la productivité et de l’emploi s’enchaînent pour définir un cercle vertueux de l’innovation. Pourquoi les gouvernements interviennent-ils en règle générale pour peser sur les décisions de recherche et développement et d'innovation des firmes? Précisément parce que le rendement social est très généralement supérieur au rendement privé. (... ] II est clair que toutes les firmes n'ont pas un égal accès au financement de l'innovation, les grandes étant privilégiées par rapport aux PMI. [...] L'aversion au risque des agents privés, préjudiciable au dynamisme de l'innovation, doit être compensée par la collectivité publique afin d'assurer une meilleure décision pour l'ensemble de l'économie. De fait, dans la quasi-totalité des pays, les pouvoirs publics ont des politiques d'encouragement à la recherche et à l'innovation.
Source :Robert BOYER et Michel Didier, Innovation et croissance,Conseil d'analyse économique,La Documentation française, 1998.
Questions :
- Quel acteur de l’évolution économique Schumpeter a t’il sous-estimé ?


II - LES THEORIES DE LA CROISSANCE ENDOGENE : L’ANALYSE DE P ROMER

Document 18 :
Le progrès technique apparaît comme un bien public cumulatif. C’est un bien cumulatif dans la mesure où chaque découverte s'appuie sur d'autres découvertes faites dans le passé. Selon les mots de Newton : « Nous sommes des nains montés sur les épaules de géants » ; autrement dit, il suffit d'apporter une amélioration même très mineure à un résultat important pour obtenir un résultat plus fort encore. Les inventions les plus « simples » a priori, semblant se résumer à une idée, certes géniale, nécessitent la mobilisation de connaissances étendues et diversifiées. Ainsi Gutenberg, pour réaliser le premier système d'imprimerie avec des caractères mobiles, a utilisé sa maîtrise de la métallurgie (la réalisation des fontes est difficile), de la mécanique (construction de la presse). Aucune invention ne sort du vide... La réalisation des grandes innovations modernes, tels l'automobile ou l'avion, a nécessité le rassemblement de connaissances de la plus grande diversité. Cela est tout aussi évident dans la science, par exemple en mathématique, où chaque chercheur est amené à utiliser les théorèmes établis par ses collègues pour en établir de nouveaux. Et il contribue par là même à augmenter le stock des connaissances disponibles pour les générations suivantes de chercheurs.
La technologie est non seulement un bien cumulatif, mais elle présente aussi nombre de traits de ce que les économistes appellent des «biens publics» [Arrow, 1962]. Le plan d’un bien la formule d'un produit chimique ou la description d un procédé nouveau sont de l'information. A ce titre, ils sont communicables à un coût qui est largement inférieur a leur coût de production (à la limite, le coût sera celui d'une simple photocopie !), et ils peuvent être utilisés simultanément par un nombre quelconque d'agents. En ce sens, la connaissance est dite « non rivale » (il n'y a pas de rivalité physique entre les usagers : voir Cornes et Sandier [1986] pour une analyse générale des biens publics). De la même façon, on peut remarquer que la connaissance ne s'use pas, physiquement, à l'usage : on utilise aujourd'hui encore le théorème de Thalès. Bien au contraire, c'est le non-usage d'une connaissance qui menace son existence, la faisant sombrer dans l'oubli.
Cumulativité et rivalité font de la connaissance un bien particulier. En effet, non seulement un innovateur peut utiliser les découvertes passées, mais il peut (a priori) les utiliser en totalité et cela simultanément à tous les autres chercheurs. Chacun peut mobiliser l'ensemble du stock, ce qui n'est bien sûr pas le cas pour le stock de capital physique dont l'usage est rival (une même machine ne peut servir simultanément à un nombre quelconque d'utilisateurs). Si chaque chercheur peut utiliser les résultats de tous ses collègues et prédécesseurs, la réciproque est également vraie : les découvertes de chacun sont disponibles pour ses collègues et successeurs, car elles vont à leur tour s'ajouter au stock des connaissances. Cela traduit une externalité, qui est au cœur du processus de croissance. Chaque chercheur contribue à accroître la productivité de ses collègues, et l'externalité est même intertemporelle puisque parmi les collègues figurent ceux des générations suivantes.
La non-rivalité permet la diffusion large et à bas coût de la connaissance, contribuant ainsi à la croissance. La contre-partie de cette facilité de circulation est la difficulté d'assurer la rémunération de l'inventeur. En effet, un concurrent peut mettre sur le marché un produit identique, imité de l'invention initiale, et il peut même le vendre à un prix inférieur puisqu'il n'a pas à amortir les frais de recherche. L'innovateur peut ainsi se faire expulser du marché qu'il a créé. Si les choses suivent régulièrement ce cours, les innovateurs potentiels hésiteront à se lancer, et le rythme de l'innovation en sera réduit d'autant. Cependant, les choses ne suivent pas systématiquement ce cours.
La connaissance n'est pas seulement non rivale, elle est aussi partiellement exclusive. Un bien est dit exclusif lorsqu'un agent, le propriétaire, peut en contrôler l'usage. Elle va de soi pour la plupart des biens courants sur lesquels des droits de propriété clairs sont établis, et leur respect est contrôlable dans le cadre de la loi. Cela est beaucoup plus difficile pour la connaissance du fait de son caractère non rival. En effet, l'usage de l'innovation par l'inventeur n'exclut pas physiquement son usage par un autre agent (ce qui serait le cas pour un bien matériel : en règle générale, deux agents ne peuvent utiliser simultanément un même objet, ou au moins l'accès au bien peut être contrôle et donc tarifé). Le droit de propriété sur une invention est donc beaucoup moins évident à mettre en place que sur les biens matériels. Le système des brevets d'invention en est la forme généralement adoptée. Il assure à son propriétaire un monopole temporaire d'exploitation de son invention, qu'il peut mettre lui-même en fabrication ou dont il peut vendre des licences.
Le droit de propriété ne s'étend pas jusque-là, on ne peut interdire l'usage d'une idée, d'une invention, pour produire une autre invention. On peut donner deux raisons à cela. D'une part, le coût de mise en œuvre d'une telle interdiction serait rédhibitoire (il faudrait un policier derrière chaque chercheur !). D'autre part,cela n'est pas souhaitable socialement puisque des droits de propriété très stricts ralentiraient la circulation de l'information. accroissant ainsi le coût du progrès technique.
Cette limite au droit de propriété engendre des externalités qui sont inhérentes à l'innovation. Une innovation aboutit,d'une part, à un bien, qui est vendu sur le marché et rémunère son inventeur ; et, d'autre part, à un accroissement du stock des connaissances, qui lui n'est pas rémunéré. Ainsi chaque innovateur non seulement accroît son propre revenu, mais en plus permet une augmentation des connaissances et donc de la productivité de ses collègues et successeurs. Et pour cela il n'est pas rémunéré. Le rendement social de l'innovation est supérieur à son rendement privé.
Source : D Guellec et P Ralle, les nouvelles théories de la croissance, la découverte, 1995.
Questions :
- En quoi peut-on dire que la technologie est un bien cumulatif, un bien non rival ?
- En quoi les deux caractéristiques précédentes conduisent-elles à dire que la technologie est un bien public ?
- Pourquoi est-il nécessaire qu’il existe de limites à la libre circulation de l’information, quelles formes prennent-elles ?
- Expliquez la dernière phrase du texte .


Document 19 :
Il est possible de relier ici l'approche de P. Romer à celle de J. Schumpeter. Dans les deux analyses, la technique n'est plus définie comme un état mais comme un processus, c'est-à-dire quelque chose de dynamique et non de statique. Avec l'apprentissage et l'expérience, il y a une trajectoire technologique, donc on raisonne en terme d'évolution (principe de base de J. Schumpeter).
Comme chaque entreprise a intérêt à investir afin d'améliorer ses performances, maximiser l'investissement devient donc l'objectif prioritaire.
Il faut noter ici que P. Romer réagit à l'inverse de R. Solow pour qui au contraire trop investir ne servait à rien (puisque la baisse de la productivité marginale du capital investi rendrait l'investissement supplémentaire de moins en moins intéressant). Ici, P. Romer se rapproche au contraire de J. Schumpeter qui, lui aussi, avait vu le rôle essentiel de l'investissement pour l'évolution économique et les possibilités d'innovation.
D'autre part, pour P. Romer, investir nécessite une épargne préalable en surplus. L'épargne doit précéder l'investissement sinon le financement de ce dernier est impossible. P. Romer rejoint sur ce point les économistes classiques en pensant qu'il est nécessaire de stimuler l'épargne afin d'accélérer la croissance. Il faut noter que cette conception est l'inverse de celle des keynésiens pour qui l'épargne n'est pas le point de départ de l'investissement mais au contraire la conséquence de l'activité économique. Contrairement à P. Romer, l'augmentation de l'épargne était pour Keynes un frein à l'activité.
Source : A Bruno, sciences économiques et sociales, ellipses ;
Questions :
- En quoi Romer se rapproche t’il de Schumpeter ?
- Pourquoi peut-on dire que l’analyse de Romer n’est ni néo-classique ni keynésienne au sens traditionnel ?

B – LE MODELE DE ROBERT LUCAS

DOCUMENT 23 :
Robert E. Lucas (économiste américain né en 1937, prix Nobel d'économie en 1995), pour expliquer la croissance, a insisté sur l'importance du rôle du « capital humain ».
Ce concept fondé par T.W. Schuitz2 et développé par G. Becker peut se définir comme le savoir accumulé par un individu depuis la naissance, autrement dit comme le stock des capacités humaines et des connaissances pouvant être valorisées au niveau économique pour bénéficier à la production.
Le capital humain englobe le niveau d'éducation, les qualifications, l'intelligence, la mise en valeur de ses dons, l'expérience professionnelle et personnelle, les capacités physiques, l'état de santé et, facteurs à ne pas négliger dans les pays pauvres, la nutrition et l'hygiène (qui sont nécessaires à un bon développement des capacités humaines).
Pour R. Lucas, le capital humain est donc un facteur de croissance. Pour augmenter 'eurs connaissances, les individus doivent augmenter leur temps d'étude et de formation. La croissance résulte alors d'un comportement volontaire des agents. Cette idée est nou-
ille car, avant R. Lucas, l'accumulation des connaissances n'était qu'un sous-produit automatique de la production.
R. Lucas (dans la tradition néoclassique) pense que l'individu est un être rationnel qui agit par calcul et par anticipation.
Le coût de sa formation est alors un « coût d'opportunité » (assimilable à un investissement), celui des salaires auquel l'individu doit renoncer pendant le temps où il s'instruit, se forme ou se perfectionne. Comme il veut maximiser son intérêt, il va calculer le coût de sa formation (en termes de sacrifice puisque ne touchant pas de. salaire) et va le comparer à la valeur actualisée de la rémunération supplémentaire que ses compétences plus étendues lui permettront de gagner. L'agent économique accepte de se former car le capital humain est « appropriable » c'est-à-dire que le rendement de son accumulation est privé. L'individu se forme d'abord pour lui-même car il en est le principal bénéficiaire
Cependant, il existe des extemalités positives. D'une part les personnes formées sont plus efficaces, elles font bénéficier d'autres de leur savoir, et dans leur travail permettent une augmentation de la productivité.
D'autre part, comme dans le modèle de P. Romer, il existe un processus cumulant. Chacun est d'autant plus efficace, a une productivité d'autant plus élevée et des connaissances plus développées que le milieu dans lequel il évolue est lui-même d'un haut niveau en capital humain et avec des personnes très exigeantes.
Les investissements en capital humain permettent de ce fait des rendements croissants et contribuent à améliorer la croissance.
L'État, comme dans les autres modèles de croissance endogène doit intervenir pour encourager un effort de formation et d'éducation que l'intérêt individuel pourrait limiter (vu le coût de certaines formations pour les familles).
Dans la mesure où le supplément de capital humain bénéficie aussi à tout l'ensemble productif et dépasse grandement le surplus de rémunération de l'individu qui s'est formé, l'Etat a intérêt à intervenir de diverses manières : offrir des bourses aux jeunes favoriser le prolongement des études, offrir des aides diverses au niveau financier ainsi qu'un soutien scolaire, financer la formation pemanente des actifs.
Il complète donc l'action du marché.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

en plus de ce pavé "uuuulllttrra" interessant sur ce cher shumpi, je vous conseillerai ( un conseil d 'ailleurs plus que capital) d'illustrai ces cours d'option palpitants ( le mot est faible), d'un petit portrait de ces economistes ( ou sociologues) de mon coeur!
en particulier shumpi qui a un physique plutot extraordinaire!

et bonne année 2007 à tous les economistes!